La psychothérapie - PsY en mouvement

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La psychothérapie - PsY en mouvement
La psychothérapie
Intervention lors que salon Sésame samedi 3 mars 2012
Une petite introduction concernant la psychothérapie. Nous souhaitons plutôt un dialogue, autrement dit répondre aux questions et discuter ensemble, mais il nous paraît important d’énoncer quelques points de base Qu’est-ce que la psychothérapie.
Le terme apparaît à la fin du 19ème siècle. On l’attribue généralement au professeur Hyppolite Bernheim, de l’université de Nancy, mais le médecin Ambroise Auguste Liébault et le pharmacien psychologue Émile Coué, ont participé à cette naissance, ainsi que d’autres praticiens de l’époque. Elle consiste à soigner en utilisant la parole comme moyen d’action du soignant envers son soigné. Il n’y a donc pas d’intervention physique ni chimique. D’autres grands noms vont participer au développement de cette thérapeutique utilisant la parole. Nous citerons bien sûr Sigmund Freud et celui qui est peut‐être le père de la psychothérapie actuelle, le pédagogue et psychologue Carl Rogers. Un autre nom marque l’évolution actuelle, celui de Milton Erickson. De nos jours, il existe des psychothérapies corporelles, où le corps de thérapisé est aussi impliqué, mais elles sont toujours « psycho‐corporelle » autrement dit mettant le langage au centre du processus thérapeutique. La psychothérapie professionnelle.
A priori tout le monde peut pratiquer la psychothérapie. Lorsque l’on écoute attentivement quelqu’un dans le but de l’aider à résoudre un problème qui le fait souffrir, on fait de la psychothérapie. Ce qui nous intéresse ici, c’est lorsque cette écoute active et utile est effectuée par quelqu’un qui en fait sa profession. Lorsqu’il y a rapport professionnel, ce n’est pas seulement deux personnes qui sont impliquées mais toute une société, qui va jouer son rôle de cadrage, de sécurisation, et de normalisation. Le professionnel se doit de respecter certaines règles comme d’être inscrit à l’URSSAF, d’une manière ou d’une autre, de payer des cotisations sociales et des impôts, de respecter certaines règles et limitations. Le bénéficiaire doit aussi accepter des contraintes comme celle de payer (ou faire payer par un tiers) celui qui lui consacre son temps. Il y a un rapport de clientèle entre les deux. Que doit assurer un professionnel de la psychothérapie à son client et à la société ? 1. D’abord de la transparence. Il est indispensable que l’on puisse savoir qui il est, comment il est devenu « psy » ? à quelles méthodes il se réfère ? quelles sont les personnes auxquelles il se réfère ? etc… De ce point de vue, l’adhésion à une charte déontologique, et la référence à une association de professionnels sont une bonne garantie, sans être absolument sûre. 2. De la compétence. Cela suppose qu’il s’est formé. Comment ? bien sûr en apprenant des données théoriques et la pratique de méthodes, mais ce n’est pas Intervention Sésame 1 suffisant. Puisqu’il va utiliser surtout sa personne, dans le rapport avec son client, il est indispensable qu’il ait travaillé sur lui‐même, qu’il soit clair avec sa propre personne, autant que faire se peut. L’échange psychique humain peut être corrosif et il est indispensable que le professionnel soit capable de se protéger et surtout de protéger son client. 3. Une sécurité suffisante, garantissant qu’au minimum il ne va pas nuire (c’est le fameux primum non nocere) C’est pour cela que le « travail sur soi » est nécessaire. 4. Une obligation de moyens et non de résultat. Le « psy » pro se doit de mettre en œuvre toute sa compétence pour aider son client, il ne peut garantir que cela conduira au résultat escompté Qui sont ces professionnels de la psychothérapie ?
Il y a une grande variété de professionnels pratiquant la psychothérapie. Certains le font dans le cadre de professions réglementées comme les médecins psychiatres. D’autres le font dans un cadre professionnel libre. Nous les avons tous rassemblés sur le vocable de « psychopraticiens » désignant un métier, et non un titre ou une formation. Médecin, psychologue, psychothérapeute, sont des titres qui ont une grande et évidente valeur pour l’exercice de la psychothérapie, mais ils ne désignent pas un métier, et ne garantissent pas que celui qui les porte ait fait sur lui le travail personnel que nous jugeons indispensable. On peut être habilité à faire usage du titre de psychothérapeute sans exercer la psychothérapie. C’est la loi. Quel est l’intérêt de faire appel à un professionnel ?
D’abord les raisons de sérieux, de sécurité et d’efficacité exprimés précédemment. Mais aussi la distance personnelle entre lui et son client, la neutralité qu’il assure et doit assurer. En effet une personne que l’on connaît bien ou avec qui on est impliqué peut, en dépit d’une réelle compétence, ne pas être la bonne pour conduire un travail psychothérapeutique. Il vaut mieux réserver les amis pour vivre l’amitié et faire appel à un « pro » non impliqué, et payé pour le service qu’il vous rend. A qui s’adresse la psychothérapie ?
A tout le monde, vous et moi, et nos proches. On pense en premier lieu aux « malades mentaux ». Cette désignation est sujette à caution, mais on ne peut pas nier le fait que certaines personnes sont dans un état grave de souffrance mentale, liée à des troubles profonds de la personnalité. Ces personnes ne sont en général pas aptes à reconnaître leur trouble et c’est donc à la puissance publique ou au corps médical de prendre des décisions à leur place. Ils vont normalement en hôpital psychiatrique où ils seront pris en charge par des équipes, avec des thérapies diverses dont la psychothérapie. Il est clair que de telles personnes ne font pas appel à un psychopraticien en cabinet, qui serait incapable en outre de les prendre en charge. De même des troubles comme la dépression sévère, l’anorexie, nécessitent une intervention pharmacologique que ne peut assurer un psychopraticien pur. C’est le domaine des psychiatres, et des équipes de soin. La psychothérapie sera utile bien sûr, mais elle ne peut être utilisée seule. Intervention Sésame 2 Il reste donc toutes les souffrances, difficultés, problèmes et autres questions difficiles auxquelles une personne n’arrive pas à faire face seule ou avec l’aide de ses proches. Ce peut être des difficultés aigües, bien caractérisées, ou des états latents, récurrents, vagues, ressentis comme un mal être ou une diminution des capacités. Tout ceci déborde le cadre de la « maladie mentale » et nous affirmerons que la souffrance psychique n’est pas forcément pathologique, bien au contraire. Je citerai notamment la souffrance amoureuse : celui qui vient d’être abandonné par un être aimé souffre. Beaucoup. Pourtant, ce n’est pas le signe de la maladie, bien au contraire. Ainsi la psychothérapie professionnelle peut être utile à beaucoup, voire à tous, et de diverses manières. Comment ? Ce serait trop long de détailler et nous préférons répondre à vos questions et lancer le débat. Merci de votre attention. Bruno Décoret
Intervention Sésame 3 

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