Sur la télévision
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Sur la télévision
Sur la télévision Pierre Bordieu Synthèse : - Avant propos : La télévision fait courir un danger très grand aux différentes sphères de la production culturelle, art, littérature, science, philosophie, droit, ainsi qu’à la vie politique et à la démocratie. En effet, poussée par la recherche de l’audience la plus large, par la concurrence sans limites pour l’audimat, la télévision suivie par une partie de la presse, peut, à travers la nature des informations qu’elle diffuse, exacerber les passions primaires des populations. Bourdieu explique ensuite la manière dont il va procéder pour son analyse. Cette analyse n’est pas une attaque contre les journalistes et contre la télévision. Elle doit contribuer à donner des outils ou des armes à ceux qui combattent pour que journalisme et télévision qui auraient pu être un extraordinaire instrument de démocratie directe ne deviennent pas un instrument d’oppression symbolique. 1- Le plateau et ses coulisses : Pierre Bordieu pense qu’il est important d’aller parler a la télévision mais sous certains conditions : le temps de paroles n’est pas limité, pas de sujet imposé, décide librement leur sujet, le droit de le change, pas d’animateur pour canaliser le discours … Avant d’accepter de participer a des émissions de télévision, il faut prennent ces conditions pour aboutir a une sorte de contrat. Bordieu a posé une question très importante : pourquoi dans les conditions ordinaire accepte-t-on malgré tout de participer a des émissions de télévision ? Donc il a explique que l’acceptation de participer sans inquiété sur certains conditions c’est que l’on n’est pas là pour dire quelque chose, mais de faire voir être un bien vu des journalistes. Une censure invisible : L’accès a la télévision a pour contrepartie une formidable censure exercés sur les invités et les journalistes tel que, la perte d’autonomie liées aux conditions de la communication imposée. Cette censure a plusieurs origines, une origine politique par la nomination des dirigeants, l’autocensure et le conformisme du a la précarité de l’emploi dans les professions de la télévision et de la radio, les contraintes économiques (l’Etat, les propriétaires des chaînes de télévision …), des mécanismes anonymes, invisibles. La télévision exerce une forme de violence symbolique qui s’exerce avec la complicité tacite de ceux qui la subissent et de ceux qui l’exerce. 1.1- La télévision attire l’attention sur des faits omnibus qui intéressent tout le monde mais sur un monde qu’il ne touche à rien d’important, ce type d’information prend du temps qui pourrait être employé pour dire une autre chose. Ainsi il y a des gens qui ne lisent aucun quotidien, ils sont voués à la télévision comme source d’information, alors que la télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population, en mettant l’accent sur les faits divers, en remplissant ce temps rare avec du vide, écarte les informations pertinentes que devrait posséder le citoyen pour exercer ses droits démocratiques. Cacher en montrant : La télévision peut paradoxalement cacher en montrant autre chose ce qu’il faudrait montrer pour informer ou en construisant de tel manière qu’il prend un sens qui ne correspond pas du tout à la réalité. Le principe de sélection dans l’information pour les journalistes étant la recherche de sensationnel. Les journalistes sont en permanence à la recherche du scoop. Comme ils se copient mutuellement en vue de devancer les autres, la recherche de l’exclusivité abouti à l’uniformisation et à la banalisation. 1.2- La circulation circulaire de l’information : Bordieu a dénoncer l’homogénéisation des informations que provoque la concurrence entre les journalistes, les produits journalistiques cachent en effets des ressemblances profondes liées aux contraintes imposées par une série de mécanismes dont le plus important est la logique de la concurrence. Pour savoir ce qu’ils vont dire, les journalistes doivent savoir ce que les autres ont dit et claquent les sujets qu’ils vont traiter sur les choix journalistiques de leurs confrères. Les informations qui nous informent sont eux même fournies en information par d’autres informateurs qui décident ce qu’il est important de transmettre. Il qualifie ce mécanisme de circulation circulaire de l’information ayant pour effet une homogénéisation des hiérarchies d’importance, néanmoins les journalistes sont tous soumis à les contraintes de l’audimat, l’audimat qui est la mesure du taux d’audience dont bénéficient les chaines de télévision. A travers l’audimat, la logique commerciale s’impose aux productions culturelles. 1.3- L’urgence et le fast thinking : L’audimat à la télévision et la concurrence entre les journaux se traduisent par une pression de l’urgence pour avoir le scoop. Il faut relever que cette situation d’urgence nécessite l’intervention de penseurs sensés s’exprimer, analyser et expliquer ces situations, favorise la diffusion de lieux communs, d’idées reçues qui sont en réalité les seules réponses par ces penseurs compte tenu du contexte. Bordieu les qualifie ainsi de Fast-thinkers propos du Fast-food culturel. 1.4- Des débats vraiment faux ou faussement vrais : Il y a des débats vraiment faux ou se confrontent des gens qui se connaissent, c’est monde clos de personnes qui s’opposent mais de manière convenues. Il y a des d ébats faussement vrais ou l’envoi une série d’opération de censure, tel que les présentateurs pratiquent des interventions contraignantes en imposant le sujet, en distribuant la parole… c’est un problème important du point de vu démocratique, des facteurs invisibles interviennent également. 1.5- Contradictions et tensions : La télévision est un instrument de communication très peu autonome sur lequel présent toute une série de contrainte, cet instrument apparemment débridé qui est la télévision est bridé, lors de sa création, des sociologues estimaient que la télévision allait niveler, homogénéiser tous les téléspectateurs. Aujourd’hui la télévision a une énorme emprise sur les activités de production culturelle, scientifique ou artistique .la télévision a porté a l’extrême la contradiction entre l’autonomie nécessaire à la production culturelle, et la condition sociale utile pour transmettre ces productions à tout le monde, conditions soumises à la pression du commerce par l’audimat. La télévision est un univers ou les agents sociaux en ayant l’apparence de l’importance et la liberté ne sont en réalité que des pions au sien d’une structure. 1.6- 2- La structure invisible et ses effets : Pour saisir les mécanismes explicatifs des pratiques des journalistes, il faut faire intervenir la notion de champ journalistique que Bordieu définit comme un microcosme autonome qui a ses propres lois, c'est-à-dire que ce qui s’y passe ne peut pas être compris de manière directe à partir de facteurs extérieurs. 2-1- Part de marché et concurrence : Pour comprendre ce qui se passe sur une chaîne de télévision, il faut prendre en compte les interactions visibles, les rapports de force objectifs qui constitue la structure de champ, les téléspectateurs et journalistes ne perçoivent pas cette structure mais ses efforts. La concurrence économique entre les chaînes et journaux s’exerce par la concurrence entre journaliste qui doivent prendre en compte ce qu’ils font en raison de leur position dans leur organe de presse et de sa propre positon dans son journal ou sa chaîne, et du pouvoir de celui-ci en fonction de son poids économique et symbolique. Une force de banalisation : Par sa puissance la télévision pose à l’univers du journalisme écrit et à l’univers culturel en général un problème terrible en produisant des effets qui sont tout à fait inédits, par exemple le journal de 20h peut rassembler plus de gens que tous les quotidiens français du matin et du soir réunis, Or pour atteindre un public étendu, 2.2- un quotidien de presse de sujet omnibus qui ne soulèvent pas de problème. Ainsi, le travail des journalistes qui consiste à homogénéiser, banalisé, dépolitiser, convient parfaitement. La télévision est parfaitement ajustée aux structures mentales du public, et ne saurait être l’instigatrice d’une quelconque révolution symbolique. Les gens de la télévision se font les portes d’une morale conformiste car les bons sentiments et les valeurs établies favorisent l’audimat. Dans les années 50 la télévision visait à former les gouts du public, la télévision des années 90 vise à exploiter et à flatter ces gouts pour toucher l’audience la plus large. 2-3- des luttes arbitrées par l’audimat : Aujourd’hui, dans le milieu journalistique, la lutte autour de la télévision est centrale. En effet, devant le recul progressif du journalisme de presse écrite, un journaliste qui veut avoir du poids doit nécessairement passer par la presse télévisée. Ceci, associée à la facilité des journalistes TV à l’entrée dans les journaux écrits, interroge donc sur l’existence future de la presse écrite et les spécificités de la profession. Par ailleurs, la vision de l’information diffusée par la télévision (recherche du sensationnel) qui tend à s’imposer à l’ensemble du champ journalistique soulève des inquiétudes. D’autant que s’il s’agit d’un champ très fortement soumis aux contraintes commerciales :pression de l’audimat, poids de l’économie…, il exerce lui-même une contrainte sur tous les autres champs en tant que structure. Il exerce une telle pression sur le journalisme, qu’il a de fait une influence sur tous les autres journaux voire sur les journalistes. 2-4 L’emprise de la télévision : L’univers du journalisme est un champ qui est sous la contrainte du champ économique par l’intermédiaire de l’audimat, et ce champ très hétéronome exerce lui-même une contrainte sur tous les autres champs en tant que structure. Cet effet structural, objectif, anonyme, invisible n’a rien avoir avec ce qui se voit directement c'est-à-dire l’intervention de personnes, on ne doit se contenter de dénoncer des responsables. Les hommes et les femmes ont leur responsabilités, mais ils tirent gendarment leurs responsabilités et leur impossibilités par la structure dans laquelle ils sont placés et par la position qu’ils occupent. Avec l’autorité que leur confère la télévision, les journalistes jouent d’hétéronomie dans les différents champs sans que leur spécialisation professionnelle ne le justifie. Ces interventions extérieures sont menaçantes car elles peuvent tromper les profanes. Elles rendent aussi très difficiles l’émergence des jeunes auteurs dont les œuvres ne garantissent pas de succès commerciaux. 2-5- La collaboration : le pouvoir médiatique que représente la télévision est en mesure de leur apporter. Aussi Bourdieu explique-t-il combien certains d’entre eux ont tout à gagner à « collaborer » avec ces dits pouvoirs afin d’obtenir une consécration rapide. Et cela a pour conséquence d’abaisser le droit d’entrée dans un certain nombre de champs, en consacrant des individus qui n’ont pas payé ce droit du point de vue de la définition interne de la profession. Néanmoins, il souligne que l’autonomie du champ joue dans cette dynamique un rôle non négligeable, puisqu’il apparaît que « plus un producteur culturel est autonome, riche en capital spécifique et exclusivement tourné vers le marché restreint sur lequel on n’a pour clients que ses propres concurrents, et plus il sera enclin à la résistance. Plus, au contraire, il destine ses produits au marché de grande production (comme les essayistes, les écrivainsjournalistes, les romanciers conformes), plus il est enclin à collaborer avec les pouvoirs externes ». C’est ce qu’il définit comme la loi de Jdanov. 2-6- Droit d’entrée et devoir de sortie : La question des rapports entre ésotérisme et élitisme se pose avec les médias. Comment concilier l’exigence de « pureté » inhérente aux travaux intellectuels, qui conduit à l’ésotérisme, avec le souci démocratique de rendre ces acquis accessibles au plus grand nombre ? La télévision produit deux effets. D’une part, elle abaisse le droit d’entrée dans un certain nombre de champ et d’autre part elle peut atteindre le plus grand nombre. Pour échapper à l’alternative entre élitisme et démagogie, il faut maintenir voire élever le « droit d’entrée » dans les champs de production, et, renforcer le « devoir de sortie ». Il faut défendre les conditions de production pour faire progresser l’universel, et en même temps, il faut travailler à généraliser les conditions d’accès à l’universel afin d’élever le niveau culturel des citoyens. On peut et on doit lutter contre l’audimat au nom de la démocratie. La télévision régie par l’audimat contribue faire peser sur le consommateur supposé libre et éclairé les contraintes du marché, qui ne sont pas l’expression démocratique d’une opinion collective éclairée, rationnelle. Annexe : - L’emprise du journalisme : L’objet ici est l’emprise que les mécanismes d’un champ journalistique de plus en plus soumis aux exigences du marché exercent, d’abord sur les journalistes, et ensuite en partie à travers eux, sur les différents champs de production culturelle, champ juridique, littéraire, artistique, scientifique. Le champ journalistique fait peser sur les champs de production culturelle un ensemble d’effets liés à la distribution des journaux et des journalistes, selon leur autonomie par rapport au marché des lecteurs et à celui des annonceurs. Les différents pouvoirs, en particulier les instances gouvernementales, agissent par les contraintes économiques mais aussi par toutes les pressions autorisées par le monopole de l’information légitime (notamment des sources officielles). - Quelques propriétés du champ journalistique : Le champ journalistique contribue à renforcer, au sein de tous les champs, le « commercial » au détriment du « pur », car il s’organise selon une structure homologue à celle des autres champs et le poids du « commercial » y est beaucoup plus grand. Le champ journalistique s’est constitué au XIXe siècle autour de l’opposition entre les journaux à sensation et les journaux à analyses et commentaires objectifs. Deux principes de légitimation du champ journalistique s’opposent : la reconnaissance par les pairs accordée aux journalistes respectueux des valeurs internes, et, la reconnaissance par le plus grand nombre matérialisé par le profit financier. Le champ journalistique est soumis en permanence aux verdicts du marché, à travers la sanction directe de la clientèle ou indirecte de l’audimat. Effet peu favorable à l’autonomie, la concurrence incite à surveiller en permanence les activités des concurrents afin de profiter de leurs échecs en évitant leurs erreurs, et de contrecarrer leurs succès en essayant d’emprunter les instruments supposés de leur réussite. Ainsi, la concurrence favorise souvent l’uniformité de l’offre. Les effets de l’intrusion : L’emprise du champ journalistique tend à renforcer en tout champ les agents et les institutions proches du pôle le plus soumis à l’effet du nombre et du marché. Les journalistes et les journaux « sérieux » sont eux-mêmes contraints de faire des concessions à la logique du marché introduite par la télévision commerciale. Certaines « analyses » de la télévision ont dû leur succès auprès des journalistes au fait qu’elles confèrent une légitimité démocratique à la logique commerciale en se contentant de poser en termes de plébiscite un problème de production et de diffusion culturelle. L’emprise du champ journalistique sur les champs de production culturelle s’exerce principalement à travers l’intervention de producteurs culturels situés entre le champ journalistique et les champs spécialisés. Le champ politique a en commun avec le champ journalistique d’être placé sous l’empire de la sanction du marché et du plébiscite. L’emprise du champ journalistique renforce les tendances du champ politique à se soumettre à la pression des attentes du plus grand nombre, parfois passionnelles et irréfléchies, et, souvent constituées en revendications par la presse. La presse surtout télévisée agit comme le sondage qui instaure une relation directe avec les électeurs sans médiation. Enfin, le champ juridique, loin d’obéir à des vérités et des valeurs universelles, est également traversé par des contraintes qui bouleversent les procédures ou les hiérarchies sous la pression des nécessités économiques ou la séduction des succès journalistiques. - Petit post-scriptum normatif : Pierre Bourdieu explique ici qu’il met seulement en lumière des mécanismes qui vont à l’encontre du droit et de la démocratie. Pour lui, son analyse peut permettre - aux gens de se rendre compte de tous ces mécanismes et de s’en libérer pour pouvoir penser par eux-mêmes. Pierre Bordieu pense que les véritables intellectuels devraient d’allier pour défendre les droits de leurs champs. Mon point de vue : Pierre Bordieu traite un sujet qui est tout à fait intéressant, après avoir lu ce livre et d’après les nombreuses critiques qui fait bordieu sur la télévision, je vois et surtout je regarde la télévision d’une autre façon, , on pensant que celle-ci supprime nos droit, et le principe même de la démocratie. Analyse de l’ouvrage : Pierre Bordieu met en avant la notion de l’espace social hiérarchisé par l’inégal répartition des capitaux, toute fois à la différence des théories marxistes, il ne limite pas les capitaux aux besoins économiques et propose autres 3 types : (la capital culturel, sociale, et symbolique). Bordieu met en avant aussi l’importance des biens culturels et symboliques dans la domination, la ou Marx ne prenait en compte que les biens économiques. Il s’inspire également des théories de Max Weber sur le concept de la légitimité pour toute de comprendre les mécanismes par lesquels les dominants à perpétuer l’ordre établi en faisant accepter aux dominés leur légitimité. LBADRI Soumiya