Cancer chez le chat

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Cancer chez le chat
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Le cancer du chat par Sandrine Cayet, docteur-vétérinaire
Le cancer chez le chat n’est pas une fatalité. Un cancer chez le chat, c’est
comme chez l’homme, ça se diagnostique, ça s’explore et ça se traite.
Parfois même ça se guérit !
La difficulté : avoir toutes les cartes en main pour savoir quoi faire.
» Les suspicions
» Le diagnostic
» Les traitements possibles
» Les particularités des cancers des chats
» Les traitements de soutien
La prévention :
Certains cancers sont prévisibles, comme les tumeurs mammaires chez la chatte non
stérilisée : il est évident qu’il ne faut JAMAIS attendre de voir si ça grossit sur une
tumeur mammaire… une tumeur de la taille d’un petit pois peut avoir déjà métastasé
aux poumons.
Les tumeurs des oreilles des chats blancs : comme l’homme, les chats blancs ne sont
pas protégés des UV par les poils, donc ils font facilement des cancers des parties à
peau fine comme les oreilles ou la truffe : il faut tout de suite penser cancer sur des
oreilles au bout qui se racornit ou devient noir ou sur une truffe qui s’ulcère. Ces
cancers là ne forment pas de boule mais au contraire, ils grignotent les tissus.
Les fibrosarcomes sont des tumeurs sous cutanées souvent localisées entre les
épaules, provoquées par des piqûres chez des individus prédisposés : très souvent ce
sont des chats qui ont fait des réactions inflammatoires lors d’injection ou de vaccin. A
ces chats qui ont déjà fait une réaction à une piqûre, il est conseillé de ne plus faire
d’injection par voie sous-cutanée mais exclusivement en intraveineuse ou
intramusculaire afin d’éviter l’apparition d’un fibrosarcome.
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Les suspicions :
Quand penser cancer ?
Toute apparition d’une masse , où qu’elle soit, aussi petite qu’elle soit doit faire penser
à un cancer, et ce d’autant plus que le chat est âgé.
Tout amaigrissement important et sur une courte période, hors régime, doit faire
penser à un cancer.
En pratique, chez le chat de plus de 10 ans, le vétérinaire aura toujours le réflexe de «
chercher le cancer ». D’où l’importance de la consultation annuelle vaccinale chez le
chat âgé : elle permet de faire une visite complète et parfois de détecter un cancer
avant qu’il ne soit trop tard.
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Le diagnostic :
Un cancer se diagnostique par analyse anatomopathologique (histo ou anapath pour les
intimes…) : Ce qui suppose à minima de faire une biopsie de la tumeur.
Dans certains cas, la cytologie peut suffire mais elle ne permettra jamais de faire un
grading de la tumeur. L’analyse histologique est toujours à privilégier.
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Les syndromes paranéoplasiques :
Certains cancers s’accompagnent de symptômes provoqués par le cancer mais qui
s’expriment « à distance » de la tumeur et peuvent ne pas faire penser à un cancer de
prime abord : on les appelle des syndromes paranéoplasiques.
Exemples :
Des ulcères à l’estomac peuvent être provoqués par des mastocytomes
(tumeurs de la peau !).
Le syndrome hépato-cutané qui se manifeste par des plaies surinfectées sur le
corps, ne peau qui se déchire facilement à cause d’un cancer du foie.
Une augmentation de la soif suite à une hypercalcémie provoquée par un cancer
des glandes anales…
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des glandes anales…
Le vétérinaire connaît ces syndromes et ceux-ci peuvent lui permettre de diagnostiquer
un cancer alors qu’aucune tumeur n’est visible…
Le bilan d’extension :
Suite à un diagnostic de cancer ou de suspicion de cancer, le vétérinaire proposera un
bilan d’extension. Il s’agit de rechercher les traces d’éventuelles métastases. Selon la
localisation du cancer, on va rechercher une augmentation de taille des ganglions
satellites de la région concernée, on peut faire une radio des poumons, une
échographie abdominale, un scanner, une scintigraphie, etc.
Cette étape est très importante pour les futurs choix thérapeutiques. Est-il judicieux de
faire une mammectomie complète à une chatte qui a les poumons envahis ???
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Les traitements possibles
Le couperet est tombé ! Notre chat a un cancer !
Que faire ?
Rien ?
Attendre de voir comment ça évolue?
Agir de suite ? Comment ?
Le diagnostic de cancer ne suffit pas pour savoir où l’on va…et ce qu’on peut faire.
Il faut savoir contre quoi on se bat, quelles armes on a, à notre disposition, et surtout ,
si le combat est équitable ou pas.
Les bases d’un traitement contre le cancer :
1. Quel cancer ?
Un cancer de la cavité buccale métastase très rarement mais a une agressivité
locale et une rapidité d’évolution telle qu’il est rarement possible de faire quoique
ce soit.
Un cancer des mamelles peut métastaser facilement mais un diagnostic précoce
permet souvent la guérison complète.
2. Quel stade ?
L’espérance de vie d’un carcinome mammaire (tumeur mammaire cancéreuse)
au grade 1 n’est pas le même que celle d’un carcinome mammaire de grade 3
avec emboles (cellules cancéreuses qui se sont détachées et se promènent
dans la circulation sanguine) ou métastases.
3. Quel bilan d’extension ?
Et donc quelles sont les chances du traitement ? Quelle est l’espérance de vie
avec et sans traitement ?
La première étape du traitement est la chirurgie quand elle est possible. La chirurgie
permet en outre de prélever un morceau de tumeur en vue de son analyse histologique
pour avoir un diagnostic de certitude sur le type de cancer et son grade d’évolution.
Les résultats sont connus en général 10 à 15 jours après.
En fonction du résultat d’analyse, l’exérèse de la tumeur, qu’elle soit totale ou pas
pourra être complétée par un traitement anticancéreux.
Nous disposons actuellement de nombreuses molécules de chimiothérapie ainsi que de
la radiothérapie.
Au vétérinaire de proposer les traitements les mieux adaptés à l’animal selon le type de
tumeur, son exérèse complète ou pas, sa localisation, et surtout l’état de santé de
l’animal.
Au propriétaire de décider, en connaissance de cause de la balance bénéfice/risque,
selon ses convictions, ses moyens techniques et financiers, s’il souhaite aller plus avant
dans le traitement.
On ne soigne pas un cancer mais un chat atteint de cancer. Et c’est ce qui fait
toute la base de la relation entre le propriétaire et le vétérinaire.
Dans les cas de cancer, il est extrêmement important de discuter longuement avec son
vétérinaire des tenants et aboutissants de tel ou tel protocole.
D’ailleurs, il existe des consultations spécialisées en cancérologie. Ces consultations
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D’ailleurs, il existe des consultations spécialisées en cancérologie. Ces consultations
durent au moins ½ heure pour prendre le temps de tout expliquer dans le détail, quels
sont les risques, les contraintes, l’espérance de vie avec telle ou telle option, le coût,
les surveillances, la législation sur la gestion des excrétas et des produits utilisés…
Car quel que soit le traitement proposé, les contraintes sont nombreuses : prises de
sang régulières, anesthésie obligatoire pour certains protocoles, déplacement sur Paris
pour la radiothérapie, hospitalisation, ramassage des urines et des selles « toxiques »
pendant les jours qui suivent, prévention des effets secondaires…
Certaines personnes ne veulent pas entrer dans ce processus de soin, préfèrent
laisser leur chat tranquille, l’embêter et le stresser le moins possible et c’est une
réaction tout à fait respectable.
En cancérologie, LA solution n’existe pas, il n’y a que DES solutions... Le vétérinaire
travaille avec des statistiques, il ne peut pas prévoir l’avenir.
Il se doit de proposer toutes les options possibles en expliquant ce que chaque option
implique pour le chat et pour ses propriétaires.
A partir de là seulement, le propriétaire pourra faire son choix et rester serein face à
sa décision. Le meilleur traitement est celui qui est bien maîtrisé par le vétérinaire et
choisi par le propriétaire.
La chirurgie :
La chirurgie, dans tous les cas de tumeurs solides, est la première chose à faire, elle
est même souvent la première étape vers un diagnostic de cancer.
Il faut veiller à être d’emblée très radical.
Par exemple, sur une tumeur mammaire, même de la taille d’un petit pois, il ne faut
surtout pas se contenter de n’enlever que la tumeur mais d’emblée il faut ôter toute la
chaîne mammaire, ganglions axillaire et inguinal compris.
En effet, une tumeur mammaire chez le chat a 96 % de chances d’être cancéreuse
(contre 60 % chez la chienne).
Sur une suspicion de fibrosarcome, il faut être chirurgicalement très agressif dès le
départ car ce sont des tumeurs qui ont de nombreuses ramifications très profondes et
qui récidivent très fréquemment.
On peut avant la chirurgie pratiquer des injections d’interféron localement qui vont
modifier la texture de la tumeur et la rendre plus facile à enlever dans sa totalité.
Certaines tumeurs ne sont pas opérables car génèreraient trop de souffrance (exemple
des tumeurs de la mandibule) ou impossibles à opérer car diffuses (exemple du
mastocytome multicentrique ou des leucémies) ou beaucoup trop avancées (avec des
métastases pulmonaires déjà présentes par exemple).
Dans ces cas là, on peut encore agir : il est parfois possible de faire une
chimiothérapie pour diminuer la taille de la tumeur afin de la rendre opérable ou de
diminuer les compressions provoquées par la taille de la tumeur.
Dans tous les cas on peut, au pire proposer un traitement palliatif qui vise à permettre
au chat de vivre le temps qui lui reste en souffrant le moins possible des effets
délétères du cancer.
La radiothérapie
La radiothérapie se pratique exclusivement sur Paris, au centre anti-cancer de
Maisons-Alfort.
Elle ne peut cibler que les tumeurs localisées.
Il existe 2 sortes de radiothérapie :
1. La pose d’un fil d’iridium radioactif qui restera en place plusieurs jours. Cela
suppose que le chat reste hospitalisé au centre tout le temps de la radiothérapie
(en général 3 semaines) : c’est le traitement de choix post chirurgical du
fibrosarcome, mais seulement après une première chirurgie car les résultats sur
une récidive sont décevants.
2. Le traitement par rayonnements ionisants comme chez l’homme sur certaines
tumeurs localisées ou chirurgicalement impossibles à enlever.
La chimiothérapie :
La chimiothérapie consiste en l’administration par voie locale ou générale d’une ou
plusieurs molécules cytotoxiques qui tuent toutes les cellules en multiplication rapide :
donc en priorité les cellules cancéreuses mais aussi les cellules digestives et sanguines
qui se renouvellent naturellement très rapidement... D’où les effets secondaires.
Après des années de pratique difficile voire illégale car de nombreuses molécules
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Après des années de pratique difficile voire illégale car de nombreuses molécules
étaient réservées à l’usage humain en France, la législation a évoluée et depuis octobre
2009, les vétérinaires ont à nouveau accès à toutes les molécules utilisées en
chimiothérapie chez l’animal.
De plus depuis 2009, des médicaments de chimiothérapie ciblée ont été développés
directement pour le secteur vétérinaire.
En contrepartie, les règles de prescription et d’utilisation ont été renforcées et
encadrées légalement.
Le vétérinaire qui souhaite traiter les animaux par chimiothérapie doit aujourd’hui,
déclarer cette activité à l’ordre des vétérinaires, hospitaliser systématiquement 24
heures tout animal venant de subir une séance de chimiothérapie et doit recueillir
intégralement les excrétas (vomissures, pipi, selles, etc.…) en vue de leur élimination. Il
s’engage à informer le propriétaire de toutes les contraintes liées au traitement de son
animal : hospitalisation, contact interdit des femmes enceintes pendant un nombre de
jours variables selon le protocole employé, élimination des déchets, etc. …
Cependant, la chimiothérapie ne doit pas faire peur : les effets secondaires sont
connus et peuvent être gérés correctement, tels que l’anorexie ou les vomissements.
Les pertes de poils sont très rares, et concernent plutôt les chiens.
Le risque principal est celui de la neutropénie (baisse des globules blancs) qui peut se
terminer en septicémie mortelle : C’est pour éviter cela que l’on pratique des prises de
sang de contrôle régulièrement : en général le jour de la chimiothérapie et au 7ème jour
après la chimiothérapie. Selon les résultats, la séance de chimio pourra être reportée
ou des antibiotiques administrés.
Les traitements palliatifs :
Dans certains cas, le cancer peut être déjà trop évolué, trop invasif, ou le traitement
mal toléré ou non envisagé par les propriétaires pour des raisons personnelles.
Le but est de permettre au chat de vivre avec son cancer le plus loin possible dans les
meilleures conditions possibles jusqu’à ce que rien ne puisse le soulager.
En attendant, beaucoup de choses sont possibles.
Le traitement palliatif vise à soulager l’animal des douleurs ou désagréments provoqués
par le cancer : en général on administre des corticoïdes pour leur effet
anti-inflammatoire et anti-oedemateux ainsi que leur côté « augmentation de l’appétit »
et/ou des antalgiques pour la douleur.
On peut compléter au cas par cas avec des antibiotiques (pour les tumeurs de la
gueule notamment), des pansements gastriques et antiémétiques pour les
vomissements, des orexigènes (médicaments qui redonnent de l’appétit).
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Les particularités des cancers du chat :
...Un chat n’est pas un petit chien, et cela d’autant plus en cancérologie...
1. Relation entre lymphome malin et statut FeLv :
Les chats atteints de lymphome doivent systématiquement être testé FeLv car
ce virus est un déclencheur de lymphome : le traitement et le pronostic ne sera
pas le même en fonction de son statut viral bien sûr…
Pour info : un lymphome dû au FeLv est en général un lymphome à lymphocytes
B, la plupart du temps c’est un lymphome médiastinal (dans le thorax) tandis que
les lymphomes digestifs sont pour la plupart des lymphomes à lymphocytes T.
Donc il faut savoir qu’un lymphome ne se traite pas de la même manière ni avec
les mêmes chances selon qu’il est d’un type ou d’un autre…selon que le virus du
FeLv est présent ou pas.
2. Ostéosarcome :
A la différence du chien, l’ostéosarcome (tumeur des os) du chat se traite
uniquement chirurgicalement : la chimiothérapie n’a aucun effet sur l’espérance
de vie.
3. Certaines molécules de chimiothérapie sont utilisables chez le chien mais
mortelles chez le chat : il ne faut jamais utiliser de cisplatine ou de 5 fluorouracile chez le chat…
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Les traitements de soutien :
1. La prise en charge de la douleur :
C’est sans nul doute la chose la plus importante pour le propriétaire mais aussi
pour le vétérinaire (surtout pour le chat), lorsque l’on décide de traiter un cancer.
Le but du traitement est de permettre au chat de vivre plus longtemps DANS DE
BONNES CONDITIONS DE VIE.
Cela signifie qu’il ne doit pas souffrir…
Pour cela, nous disposons de tout un panel d’anti-douleurs, de l’antiinflammatoire à la morphine en passant par les corticoïdes.
Là est toute l’importance du dialogue entre le vétérinaire et le propriétaire. L’un
doit savoir écouter l’autre qui connaît parfaitement son chat et est mieux placé
pour savoir s’il va bien ou pas. Et l’autre doit faire confiance à l’un qui connaît les
substances les mieux adaptées au cas particulier de ce chat.
2. La prise en charge des troubles digestifs dus à la chimiothérapie :
Certaines molécules de chimiothérapie peuvent entraîner de l’anorexie, des
nausées voire des vomissements ou de la diarrhée.
En général, ces effets ne durent pas longtemps : 24 à 48 heures. Il est fréquent
de prescrire d’office des anti-émétiques à chaque séance de chimiothérapie. Ils
sont très efficaces.
Le cas du chat qui refuse de manger est beaucoup plus difficile à gérer…Il faut
arriver à déterminer si c’est à cause d’un mauvais état général, de la douleur, de
la tumeur ou du traitement.
Plusieurs options sont possibles face à un chat qui ne mange pas : on peut
proposer de la Miansérine : un médicament pour humain qui redonne de
l’appétit. On peut parfois être amené à faire ce choix très difficile de poser
chirurgicalement une sonde d’oesophagostomie pour nourrir l’animal sans le
forcer : elle permet souvent de faire face à des effets secondaires trop durables
d’une chimiothérapie, ou de faire « repartir » un chat qui se laissait mourir. Mais
la limite de l’acharnement thérapeutique n’est pas loin…
3. L’immunothérapie :
Le gui fermenté : Viscum Album Fermenté (VAF) est de plus en plus utilisé
comme complément au traitement des cancers. Plusieurs essais sont encore en
cours.
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