Messe de Bordeaux (XVIIIe siècle)

Transcription

Messe de Bordeaux (XVIIIe siècle)
Messe de Bordeaux
(XVIIIe siècle)
Fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie
Claude Balbastre - Pièces pour Orgue -
ENSEMBLE VOX CANTORIS, Hôtel de ville, F-33190 LA REOLE
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Présentation
La messe de Bordeaux appartient à la catégorie particulière des messes dites « en plain-chant musical ». C’est en effet
sous cette appellation ― qui semble avoir peu à peu primé sur d’autres ― qu’ont été désignées, durant la seconde moitié du XVIIe siècle, de nouvelles compositions de l’Ordinaire de la messe, dont la tradition antérieure en France reste
encore à étudier. Les plus marquantes furent les célèbres « messes royales » du compositeur et maître de la Chapelle
royale sous Louis XIV, Henry Du Mont, parues pour la première fois en 1669.
Le public auquel elles étaient destinées était les petites communautés religieuses, masculines ou féminines. Ces couvents, qui ne pouvaient s’offrir les services de musiciens, parvenaient à solenniser les cérémonies des grandes fêtes au
moyen de ces plains-chants qui par certaines caractéristiques rejoignaient la musique et contrastaient de ce fait avec le
plain-chant ordinaire. Parmi ces caractéristiques « musicales » aux oreilles des contemporains, il faut sans doute mentionner en premier lieu une « rythmique » fondée sur la prosodie latine, représentée généralement au moyen de deux ou
trois valeurs de notes (carrées avec ou sans hampe et losangées), là où le plain-chant se chantait alors en valeurs égales
ou quasi égales. On peut aussi mentionner l’adjonction, plus systématique que dans le plain-chant, de notes altérées
(notamment le haussement des « sensibles » au moyen de dièses ajoutés dans les cadences) et d’ornements à la ligne
mélodique, et, dans une moindre mesure, la reprise de certaines formules mélodiques d’un chant à l’autre d’une même
messe.
Connue également sous les appellations de « bordeloise », « messe trompette » ou « de Chartres » sans qu’on puisse
expliquer précisément l’origine de ces appellations diverses, elle appartient à ce petit corpus de messes largement et
longuement diffusé dans les paroisses et couvents français, dont on peut encore citer la « messe Agatange » et celle
« de M. Bonnaud », ou encore les messes contenues dans les recueils de François de La Feillée, maintes fois réédités.
Du moins trouve-t-on ces dernières plus souvent éditées dans les livres de plain-chant romain des XVIIIe et XIXe siècles que les messes « d’Avignon », « Célestine », « Thérique » ou « Italienne ». La messe de Bordeaux fut probablement composée dans le deuxième quart du XVIIIe siècle, la plus ancienne copie actuellement connue étant datée de
1748 dans un graduel utilisé au Québec ; et elle semble avoir été très répandue, au moins dans certains lieux, jusqu’au
début du XXe siècle.
Le succès remporté par la messe de Bordeaux se perçoit encore dans le fait qu’elle a été diffusée à travers plusieurs
versions ou arrangements. On la rencontre ainsi soit sous une forme monodique ― largement répandue dans de nombreuses éditions de graduels romains adaptés à divers diocèses, notamment du sud de la France ―, soit harmonisée à
plusieurs voix, ou encore, comme dans la version proposée ici, dans un système d’alternance d’écritures et d’effectifs
variés ― qu’on rencontre davantage dans des copies manuscrites. Outre que la présente version, réservée aux voix
d’hommes, présente des variantes mélodiques par rapport à la version monodique, les principes monodique et polyphonique utilisés en alternance présentent de surcroît différents styles d’écriture et divers effectifs. Les passages monodiques sont soit du plain-chant chanté par le chœur à l’unisson (désigné par « tous » dans le manuscrit), soit de courts
développements purement musicaux confiés à un soliste (nommé « solus ») ; tandis que les passages en polyphonie
adoptent globalement l’écriture verticale et harmoniquement simple du faux-bourdon, chanté ici à quatre voix
(« chœur »), deux voix (« duos ») ou trois voix (« trios »), moyennant toutefois quelques notes de passage, une métrique inscrite dans une mesure à deux ou trois temps avec emploi de rythmes relevant de la musique figurée (de la croche
à la ronde) et quelques effets de contrastes d’effectifs (par exemple une voix est ponctuellement isolée dans le duo
« Laudamus te » et dans le trio « Suscipe » du Gloria, ou encore dans le « Et expecto resurrectionem » du Credo).
Se pose alors à l’interprète la réestimation des conduites vocales à adapter à chacune de ces écritures dans sa recherche pour renouer avec la culture cantorale ecclésiastique du XVIIIe siècle. L’exploration des données historiques peut y
contribuer, telle la présence, devenue de plus en plus incontournable durant l’Ancien Régime, de cet instrument créé à
la toute fin du XVIe siècle et très vite utilisé pour le soutien du plain-chant qu’est le serpent d’église. Son rôle, qu’on a
tenté de restituer dans le présent enregistrement, est ainsi précisé dans le Cérémonial du diocèse de Bourges de 1838 :
« La fonction de ceux qui jouent du Serpent ou autres instrumens semblables est de diriger, de soutenir et orner le
chant. Pour cela, 1° toutes les fois que quelqu’un entonne quelque chose, le Serpent doit suggérer le ton, et c’est à lui
principalement de faire en sorte que la même dominante se conserve dans tout le cours de l’Office. 2° il accompagne le
chant du chœur à tout l’Office, ou au moins les parties principales, et même aux psaumes et cantiques, surtout lorsqu’ils se chantent en faux bourdon, et il a bien soin de marquer le mouvement et les repos. »
Cécile Davy-Rigaux (CNRS-IRPMF)
PROGRAMME
Orgue: Prélude extrait du concerto en ré Maj
Introït : Salve sancta Parens*
Kyrie : Messe de Bordeaux**
Orgue: Gavotte extraite du Concerto en ré Maj
Gloria : Messe de Bordeaux**
Orgue: Trio en la Maj
Alleluia : Felix es sacra Virgo Maria*
Orgue: Récit
Credo : Messe de Bordeaux**
Orgue: Allegro extrait du concerto en ré maj
Petit dialogue avant préface : Per omnia.. (faux bourdon à 4 voix)***
Clausule de la Préface : Et ideo..
Sanctus : Messe de Bordeaux**
Elévation : O salutaris pour les fêtes solennelles***
Orgue: Trio en mi min
Agnus Dei : Messe de Bordeaux**
Communion : Beata viscera*
Orgue: Trio de flûte et de Voix humaine
Prière au Roi : Domine salvum (faux bourdon à 4 voix)***
Ite missa est / Deo gratias : Plain chant
Orgue: Allegro final du concerto en ré Maj
Sources :
* Graduale 1750, Lugduni
** Messe de Bordeaux à trois voix avec une partie d’haute-contre à volonté ; Rés. ms. 1236, B.N. Paris
*** Faux-bourdons parisiens, Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras
Organiste : Jean-Patrice Brosse
Ensemble Vox Cantoris :
Antoine Sicot (Basse)
Jean-Marc Vié (Ténor)
Jean Etienne Langianni (Dessus)
Hervé Lamy (Dessus)
Jean-Christophe Candau
(direction et haute-contre)
Serpent : Michel Nègre