Havana - Carolina Tinoco

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Havana - Carolina Tinoco
C ity rep or t / Hava n a
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all images © Iian Segal
© Darko Zagar
Real Life
Havana
Cuba Libre
Real
Life
Reportage de / Report by Carolina Tinoco
1.
1 — Havana Vieja vue d'un toit / from a rooftop
Après le rétablissement des liens entre Cuba
et les États-Unis par le président américain
Barack Obama, Cuba semble sur le point de sortir
de la bulle dans laquelle l’île est demeurée depuis
les années 1950. Si ce pays et la complexité
de ses questions socio-économiques et politiques
inspirent souvent des sentiments partagés, il existe
un point sur lequel tous ne peuvent que s’accorder :
les Cubains sont des gens chaleureux, bien qu’ils
soient victimes d’une « promesse » de révolution.
Le processus de changement enclenché ne sera
pas des plus aisés, vu les défis, la confusion
et les transformations qui s’annoncent. Il s’agit
malgré tout d’une conjoncture historique sur
laquelle la planète tout entière a les yeux rivés.
TL # 23
Gin & Tonic at Bazaar, Los Angeles
Avantagée par sa baie naturelle, La Havane fut fondée
par l’Espagne en 1519 pour en faire le carrefour de son
empire colonial. Cette capitale est aujourd’hui connue
comme la « ville des charpentiers ». Les colonnes et
les arcades qui bordent cinq places de la ville – Plaza
de Armas, Plaza de San Francisco, Plaza Vieja, Plaza
de la Catedral et Plaza del Cristo – ont valu au centre
historique de La Havane le statut de patrimoine mondial de l’humanité, accordé par l’UNESCO. Bordés
par le Malecón, une promenade qui se déroule tout le
long de la baie, la zone qui s’étend entre le Paseo del
Prado et le parc Antonio Maceo abrite le quartier du
After United States President Obama recently
re-established ties, Cuba seems to be coming out
of its 1950s time capsule. Often people have mixed
feelings about this country and it’s complicated
socio-economical and political issues, but if there’s
something we can all agree on, Cubans are cheerful,
however, victims of a ‘promised’ revolution.
The process of change won’t be easy as distortion,
confusion and new challenges rise. All the while,
it’s a historical moment with the world watching.
Favoured for its natural bay, Havana was founded by
Spain in 1519 as its colonial hub. Today, this capital is
known as the ‘city of carpenters.’ Columns and arcades
that line five squares: Plaza de Armas, de San Francisco, Vieja, de la Catedral and del Cristo, have made
Havana’s historical centre a UNESCO world heritage
site. The blocks between Paseo del Prado and Antonio
Maceo Park, running along the city’s Malecón (bayflanked esplanade), encompass the Vedado neighbourhood and its Hotel National – a testament to Havana’s
unique architectural heritage. Though riddled by
decay, this cultural legacy building has been spared
the demolition typical of late modernity. Luckily, one
example of urban renewal stands-out. Led by city historian Eusebio Leal, much of the Malecón and it’s surroundings are undergoing restoration – combining
new commercial and social functions.
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les boîtes de nuit Sala Atril, Las Vegas et Los Compadres. À tous les coins de rue, on peut entendre et
danser de la salsa, du són ou des boleros. La riche tradition de l’art, du cinéma, de la littérature et du théâtre
cubains, internationalement reconnue, a ouvert les
portes de l’île à des festivals et même à une biennale.
Riche en contrastes et pourtant exposé à certaines
contraintes, le peuple cubain se caractérise par une
énergie, un charme, une chaleur et une joie de vivre
indiscutables ; espérons que cet esprit résiste aux
changements qui s’annoncent.
2.
Vedado et son Hôtel National, dont la grandeur
témoigne du patrimoine architectural unique de La
Havane. Bien qu’elle porte des traces de délabrement,
cette pièce de l’héritage culturel cubain a été épargnée par les démolitions caractéristiques des temps
modernes. On peut toutefois citer un exemple de
rénovation urbaine réussie, menée par l’historien de
la ville, Eusebio Leal, dans la mesure où la plus grande
partie du Malecón et de ses environs font en effet
l’objet d’une restauration soucieuse de conjuguer des
fonctions commerciales et sociales.
Une capitale latino-américaine singulière
A SI N GU LA R LAT I N A MER I CA N CA P I TA L C I T Y
Within Havana’s 1950s neoclassical, art deco and
modern urbanisation, Calzada del Cerro that now shelters a number of families in precarious conditions, constructed under socialism, is open to architectural criticism. The area also features the unfinished, abandoned
but notable School of Arts – a milestone of Latin American modernism. The difficulty Cuban citizens face to
make ends meet are only exaggerated by an 80% black
market – with scarcity and discrimination in favour of
foreign currencies tourists bring. However, there’s a
brighter side where residence bloom their imaginations
by establishing luxury hotels such as Nacional, MeliaCohiba or Miramar. These casas particulares are joined
by gastronomic paladres gems La Guarida, El Cochinero
and O’Reilly’s but also vintage cars, cocos and bicycle
taxis, cigar lounges and traditional bars La Bodeguita
de Medio, El Floridita and Dos Hermanos Bar – perfect
for Daiquiris or Mojito. Not to miss are the famous Tropicana and Parisién cabarets; Sala Atril, Las Vegas and
Los Compadres night clubs. One can dance and listen to
Salsa, Son or Boleros on any corner. A rich tradition in
international recognised Cuban art, cinema, music, literature and theatre has opened the door for festivals and
even a biennale. With all of these contrasts and despite
certain constraints, a certain energy, charm, warmth,
and happiness can be found in Cuban people – a spirit
that will hopefully withstand change.
2 — Voitures des années 1950 au centre de La Havane
/ 1950s cars in La Havane's city center
3 — Les meilleures piña coladas dans le Parque
Almedares / The best piña coladas at Parque Almedares
4 — à l'entrée de la célèbre boîte de nuit Tropicana / Entering the famed Tropicana nightclub
5 — Taxi « bici » avec le bâtiment Solimar en arrière-plan / Bici taxi with the Solimar building in the background
6 — Danseurs et musiciens / Dancers and musicians
« rumbeando », El Callejon de Hamel
7 — La Havane, la nuit / at night
8 — El Capitolio en cours de restauration / under restoration
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6.
TL # 23
Au sein de l’urbanisme néoclassique, l’Art déco et le
modernisme de La Havane des années 1950, la Calzada del Cerro, qui fut construite sous l’ère socialiste
et abrite aujourd’hui de nombreuses familles vivant
dans des conditions précaires, est la cible de critiques architecturales. Cette zone abrite également
la remarquable école des Arts qui constitue, bien
qu’inachevée et abandonnée, l’un des chefs-d’œuvre
du modernisme latino-américain. La difficulté pour
les Cubains de joindre les deux bouts se trouve exacerbée par un marché à 80% informel, dominé par les
pénuries et la discrimination en faveur des devises
étrangères introduites par les touristes. Il existe toutefois un côté plus positif, dans la mesure où les résidences rivalisent de créativité en établissant des
hôtels de luxe tels que le Nacional, le Melia-Cohiba ou
le Miramar. À ces casas particulares s’ajoutent également des bijoux gastronomiques, les paladares, tels
que La Guarida, El Cochinero et O’Reilly, mais également de vieilles voitures, des « coco taxis » et des bicitaxis (taxis-vélos), des salons de cigares et des bars
traditionnels – La Bodeguita de Medio, El Floridita
et le bar Dos Hermanos –, parfaits pour siroter des
daiquiris ou des mojitos. À ne pas rater non plus : les
célèbres cabarets Tropicana et le Parisién, mais aussi
3.
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8.