ÉDITORIAL Desserte maritime de Groix Alors, Lorient
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ÉDITORIAL Desserte maritime de Groix Alors, Lorient
Desserte maritime de Groix Lettre à Monsieur Gwendal ROUILLARD Monsieur le Député, Il y a un peu plus d’un an, nous avons eu l’occasion de vous faire part de la dégradation continue de la qualité du service public de la desserte maritime de notre île. Celle-ci se traduit notamment par la suppression d’un navire en hiver. De ce fait, les actifs faisant chaque jour la navette entre Groix et Lorient, voient l’amplitude de leur journée de travail fortement élargie. Les conséquences sont multiples et impactent directement leur santé et désorganisent leur vie familiale. Outre qu’elles sont synonymes de réduction d’heures de travail pour les salariés d’Océane, ces nouvelles dispositions arrêtées par la Compagnie Océane, avec l’accord tacite du Département, menacent l’équilibre socio-économique de notre commune : transfert de pratiques d’achat, difficultés de livraisons pour les producteurs et les artisans, départs de jeunes couples avec enfants, baisse des effectifs scolaires, vieillissement de la structure démographique, isolement des personnes âgées, etc ... Au cours de notre entretien, nous avions suggéré la possibilité d’un transfert de compétence du département vers la communauté d’agglomération dont Groix fait partie. Alors que le projet de PDU de l’agglomération vient d’être soumis à enquête publique dans notre commune, nous souhaitons relancer cette réflexion, totalement absente de ce projet. Or, la liaison maritime est bien le support essentiel de notre appartenance à l’agglomération de Lorient et l’une des pièces maîtresses de tout projet de développement de l’île. Le fait que le Département du Morbihan en soit aujourd’hui l’autorité organisatrice, ne permet pas à Groix de tirer pleinement partie de cette appartenance et de la proximité du bassin de vie lorientais, de tisser des liens organiques indispensables à un développement économique équilibré, qui ne soit pas fondé sur le «tout tourisme». Nous avons noté qu’un transfert de compétence avait déjà eu lieu entre le Département et Lorient Agglomération en ce qui concerne les liaisons Transrade, permettant la desserte coordonnée de quatre communes de l’agglomération. Notre proposition n’est donc pas hors propos. Par ailleurs, la réforme de la décentralisation est actuellement en chantier et Mme LEBRANCHU, Ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction Publique, a d’ores et déjà annoncé qu’elle présenterait un projet de loi en cette fin d’année pour un examen par le Parlement au premier trimestre 2013. Dans ce contexte, l’extension aux liaisons maritimes des compétences «transports publics» des intercommunalités concernées permettrait de progresser vers une plus grande cohérence et efficience en ce domaine. Placer, sous une même autorité, l’ensemble des transports publics donnerait les moyens de se doter d’une intermodalité efficace et équitable pour l’ensemble des usagers. Nous espérons que cette question retiendra votre attention, et restons à votre disposition pour toute rencontre ou complément d’informations que vous jugeriez utile. Veuillez agréer, Monsieur le Député, l’expression de nos sentiments les meilleurs. Imprimerie spéciale - Ne pas jeter sur la voie publique Le Collectif a rendu compte de cette situation à Marilyse LEBRANCHU Ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction Publique Dans le courrier adressé à Madame la Ministre, le COCIG écrit notamment : «Dans toutes les îles, la liaison maritime constitue le cordon ombilical qui les relie au continent, tant en hiver qu’en été. Privilégier les liaisons estivales au détriment des liaisons hivernales revient à renforcer la fragilité socio-économiques des îles et à les condamner au tout tourisme». Pour souligner la pertinence d’un transfert de gestion de la liaison maritime vers Lorient Agglomération, l’accent est mis dans la lettre, sur la spécificité et l’atout que représentent pour l’île de Groix, l’arrivée du bateau aux abords immédiats du centre-ville de Lorient. C’est par rapport à cette réalité que prend tout son sens l’objectif de «permettre à Groix de tirer parti de cette appartenance à l’agglomération et de la proximité géographique du bassin de vie lorientais, de tisser les liens organiques indispensables au renforcement de son appareil économique et de son équilibre socio-démographique». Collectif citoyen de Groix, Boîte des associations, 56590 Groix Apportez votre soutien financier au JET D’ENCRE, Chèque à l’ordre du COCIG Pour recevoir «Jet d’Encre» par mail : [email protected], Blog : http://cocig.org N° 5 décembre 2012 ÉDITORIAL Alors, Lorient Agglo... on se bouge ? L’été fut riche en groisillonades : entre les pandores municipaux sévissant inconsidérément à Port-Tudy et les bornes rétractables du Bourg conduites à trépas, le «Alors...comment k’ sé ?» et le «T’as pas su ?» ont été copieusement alimentés. Ce Jet d’Encre, plutôt que de tirer sur l’ambulance, revient à nouveau sur la question des transports sur l’île et entre l’île et le continent. La mise à l’enquête publique du projet de Plan de Déplacements Urbains de Lorient Agglomération a en effet mobilisé les membres du COCIG en cette fin d’été et vous trouverez dans ce numéro le contenu des observations que nous avons consignées sur le cahier d’enquête. La proposition que nous formulons de transférer à la Communauté d’Agglomération de Lorient les liaisons maritimes entre notre île et Lorient est cohérente avec notre conviction que le développement de l’île de Groix s’inscrit dans une complémentarité active avec les autres communes de l’agglomération et en particulier avec la ville-centre. Interpellé sur cette proposition de transfert par notre président lors du dernier Café du PDU à Lorient, Norbert Métairie s’en est sorti par une pirouette, arguant que ce n’était pas de la compétence de la communauté d’agglomération. C’était oublier que pour mettre en place le Transrade, il s’était lui-même entendu avec le Département ; c’était feindre d’ignorer également que l’idée de revoir l’affectation des liaisons maritimes avec les îles avait été formulée par le Département lui-même. Faut-il rappeler aussi que le Conseiller Général de Belle-Ile, s’inquiétant du dernier bilan de la Délégation de Service Public confiée à Océane, formulait l’hypothèse de la mise en place d’une régie à Belle-Ile pour prendre en charge les liaisons maritimes. Enfin, Norbert Métairie peut-il ignorer que Madame Lebranchu, Ministre de la Réforme de l’Etat, de la Décentralisation et de la Fonction Publique doit présenter à la fin de l’année une nouvelle loi de décentralisation, à propos de laquelle elle a déjà annoncé qu’elle comporterait de nouveaux transferts de compétences et qu’elle ouvrirait la voie à des expérimentations entre collectivités territoriales. Lorient Agglomération a fait le Transrade, c’est bien ; maintenant passons au Transcourreaux ! Avis du Collectif Citoyen de Groix sur le Plan de Déplacements Urbains soumis à Enquête publique par Lorient agglomération De lourdes menaces planent sur l’avenir du service du transport maritime entre Groix et Lorient. Océane, la compagnie qui assure les traversées, délégataire du Département, est en déficit constant. Cette société est dans le giron du groupe Véolia qui a annoncé fin 2011 son intention de céder la branche transport qu’il avait créée avec Transdev. On assiste depuis deux ans à une dégradation régulière de la qualité du service assuré par la compagnie Océane, avec suppression de personnel et chaque année, au travers de la commission dite «des horaires», un combat constant doit être mené pour éviter de nouvelles réductions de service proposées au nom des «économies nécessaires» sans qu’on remette en cause les choix qui sont à l’origine des pertes financières constatées. C’est dans un contexte particulièrement sensible des transports à Groix qu’intervient cette consultation sur le projet de PDU : - le transport public par autobus assuré sur l’île sous l’autorité de la CTRL a montré un peu plus son inanité cet été, suite à la défection des deux sociétés de taxis de l’île. Il suffit de lire, à l’Office du Tourisme, les avis des visiteurs de l’île pour se convaincre de la véritable situation de perdition dans laquelle s’est trouvée notre île en pleine période touristique. - l’absence d’offre de transport par taxi a conduit la municipalité à mettre en place, dans la précipitation et l’improvisation, une solution de transport à la demande, dite «sociale», visant prioritairement à apporter une solution au transport des personnes âgées et à un coût prohibitif. A court terme, cette initiative était louable, mais il est inconcevable que la CTRL n’ait rien engagé pour réviser le dispositif qu’elle a mis en place et dont on ne peut que constater l’inefficacité. Faut-il rappeler que sur les deux premiers points - la liaison maritime et le transport par autobus - le COCIG avait clairement alerté Madame la Vice-Présidente en charge du dossier PDU, lors d’un «café du PDU» organisé à Groix l’an dernier. D’où ce sentiment étrange que nous éprouvons aujourd’hui à la lecture de ce volumineux document soumis à enquête publique et que résume bien la question posée par une Groisillonne sur un blog fort consulté ici : «Sommes-nous les «renavis» («laissés pour compte» en langage local) de la communauté d’agglo?». Aucune des questions que nous avons posées et qui inquiètent la population locale n’est sérieusement abordée dans ce document ; par contre, comme une compensation ou un supplément d’âme pour les rédacteurs du document, on nous propose d’étudier la mise en oeuvre d’un laboratoire des mobilités douces sur l’île de Groix» (p.27). Pourra-t-on même y inclure une réflexion sur la diminution du tonnage des camions qui détruisent les routes ... ? Aussi rappellerons-nous les propositions qui fondent nos interventions dans le domaine des transports à Groix. 1. Liaisons maritimes Groix-Lorient Depuis plus d’un an , le COCIG attire l’attention des Pouvoirs Publics sur la dégradation continuelle des conditions de transport de passagers entre l’île de Groix et Lorient pendant la période hivernale : la desserte étant désormais assurée par un seul bateau en basse saison, les salariés faisant chaque jour la navette voient fortement élargie l’amplitude de leur journée de travail, hors de leur île de résidence. Les conséquences sont multiples, notamment en termes de santé et de vie familiale. Elles menacent également l’équilibre fragile de notre commune : transfert de pratiques d’achat, craintes de voir certains jeunes couples quitter l’île, avec en perspective une baisse des effectifs scolaires déjà très sensible aux caractéristiques propres de la démographie insulaire... Au delà du strict problème technique d’organisation du transport, c’est la conception même de ce lien fondamental qui nous unit à l’agglomération de Lorient qui est en jeu. Aussi nous paraît-il indispensable que le PDU retienne comme enjeu majeur la refondation de la liaison maritime entre Groix et Lorient, pièce maîtresse de tout projet de développement de l’île et support essentiel de notre appartenance à l’agglomération de Lorient. Notre lien avec le continent est aujourd’hui assuré par la compagnie OCEANE pour le compte du Département du Morbihan qui est l’autorité compétente (AOT). Celui-ci a fait le choix, de longue date, de fondre dans une même délégation toutes les liaisons avec les îles morbihannaises (Houat, Hoëdic, Belle-Ile et Groix) : outre le fait qu’un service conditionnant largement le devenir de l’île relève d’une administration située à Vannes, laissant localement les îliens dans un face à face le plus souvent stérile avec le délégataire, ce sont les liens organiques entre Groix et l’agglomération lorientaise qui ne sont pas pris en compte dans leur réelle dimension. Cette situation est d’autant plus incompréhensible que notre commune appartient à la communauté d’agglomération de Lorient et que l’organisation des transports publics est une des compétences qu’exerce la communauté d’agglomération en lieu et place des communes membres (Article L 5216,5,1 du Code des Collectivités Territoriales). Le projet de PDU évoque «la maritimité comme spécificité du territoire appelant des solutions innovantes et adaptées» (p.26) ; l’occasion nous semble se présenter, deux ans avant l’échéance de la DSP en cours entre le Département et Océane, de traduire en projets concrets ces «solutions innovantes et adaptées». Au nom de la cohérence et de la solidarité intercommunales, nous proposons le transfert de la compétence transport maritime entre Groix et Lorient à la communauté d’agglomération. On nous objectera que la LOTI du 30/12/82 et la loi relative à la démocratie de proximité du 27/2/2002 garantissent la compétence du département en ce qui concerne la desserte maritime des îles. On peut également faire valoir que les modifications institutionnelles intervenues depuis lors et notamment la création et le renforcement des communautés d’agglomération, ont radicalement transformé l’exercice de la démocratie locale et qu’une loi est actuellement en préparation sur la réforme territoriale qui prendra en compte ces modifications. Retenir cet enjeu, c’est renforcer l’appartenance de Groix au bassin de vie lorientais et, en plaçant sous une même autorité l’ensemble des transports publics, se donner les moyens d’une intermodalité efficace. De notre point de vue, ce transfert de compétence offrirait l’opportunité d’une approche nouvelle de la liaison maritime entre Groix et Lorient, incluant le transport passagers et le transport marchandises et s’affranchissant de solutions techniques jusqu’alors apportées par le Département (priorité accordée au mode roulier et capacité des navires adaptée prioritairement à la fréquentation estivale) qui ne satisfont pas les usagers vivant sur l’île à l’année. 2. La desserte par autobus La question ne se limite pas, comme pourrait le suggérer le projet de PDU (p.27) à la mise en oeuvre de dispositions de nature à «améliorer l’intermodalité aux gares maritimes de la liaison avec l’île de Groix». Certes, la logique voudrait, par exemple, qu’il y ait à chaque arrivée de bateau, un autobus qui permette aux visiteurs d’embarquer leurs valises pour se rendre à leur lieu de séjour. Plus fondamentalement, n’y a t-il pas lieu de remettre en cause le dispositif qui a été mis en place, sans plus de réflexion par la CTRL, en important sur l’île un modèle de transport public de type urbain, en l’occurrence deux lignes de transport classiques, des points d’arrêt et des horaires réguliers. Ni la trame en villages et hameaux de la commune, ni les pratiques concrètes de déplacement de la population et la structure par âges de cette dernière ne s’accommodent de ce dispositif. Résultat : le plus souvent, on regarde passer des bus vides et les récriminations sont nombreuses. Formuler ces remarques , c’est appeler à une révision des solutions jusqu’alors apportées aux besoins de transport sur l’île, en prenant soin d’identifier au plus fin les usagers potentiels et leur desiderata. Dans ce contexte, un plus large recours au transport à la demande apparaît comme une composante nécessaire d’un service public à l’écoute des usagers. EN CONCLUSION Les spécificités insulaires appellent des réponses spécifiques, dans le domaine des transports comme dans d’autres. Groix ne trouve pas sa place dans le PDU qui nous est proposé et , plus grave, alors que l’occasion s’ offre à nous de renforcer nos liens avec le continent, les «enjeux» qu’on nous propose apparaissent comme une marque de mépris : dans l’agglomération, nous sommes un espace à étudier dédié à la marche à pied et au vélo.