Les sans domicile fixe à l`hôpital : leurs attentes, leur autonomie et la

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Les sans domicile fixe à l`hôpital : leurs attentes, leur autonomie et la
Les « sans domicile fixe » à l’hôpital : leurs attentes, leur autonomie et la
réponse des soignants
Hélène DE CHAMPS LEGER, Nicolas FOUREUR
PASS Hôtel Dieu. Paris
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Introduction
Le respect de l’autonomie est un des fondements de l’éthique médicale et la tendance récente est à une
meilleure prise en compte de la revendication autonomiste des patients. Qu’en est-il lorsqu’il s’agit de « sans
domicile fixe » ? Faut-il respecter comme ailleurs leur autonomie? Ou faut-il considérer que leur précarité justifie
une autre attitude ? L’étude a été conduite pour contribuer à repenser cette question.
Matériel et méthodes
Enquête prospective menée sur 3 sites (1 : service d’accueil des urgences, 2 : permanence d’accès aux soins de
santé, 3 : service santé mentale et exclusion) auprès de sans domicile fixe s’adressant à ces structures et des
soignants qui les reçoivent. Entretiens qualitatifs visant à mieux comprendre les attentes des patients et
l’importance que les soignants portent à respecter ces attentes. Analyse (i) quantitative des données sociodémographiques et médicales et (ii) qualitative du contenu des entretiens.
Résultats
54 patients inclus : 19 sur le site 1, 18 sur le site 2, 17 sur le site 3. Les populations sont nettement différentes en
ce qui concerne à la fois leur « profil » de précarité, les attentes exprimées et la réponse de la structure. Site 1 :
74% des patients vivent à la rue, 89% sont alcooliques, 60% ont des symptômes psychiques ; demande à l’hôpital
ponctuelle pour des soins somatiques urgents. L’« autonomie » s’exprime par la liberté de rester ou non,
d’accepter ou non les soins. Les soignants se sentent désarmés, ce n’est pas leur métier de les prendre en charge.
Site 2 : 11% vivent à la rue, 67% sont des migrants sans papiers, la demande médicale est moins ponctuelle, elle
ressemble à celle qu’ils feraient à un médecin traitant, ils expriment une préoccupation forte face à leur précarité
et disent qu’elle entrave leur autonomie. La réponse de la structure est avant tout médicale, pour les soignants,
leur métier est avant tout de soigner. Site 3 : les patients apparaissent moins « exclus » que les précédents, moins
de 1% vivent à la rue, 83% présentent des troubles psychiques sévères. La prise en charge est très complète et
étayante. Le pari de l’équipe est fondé sur la qualité du lien : c’est la condition pour améliorer « l’autonomie » des
patients. Ces derniers sont contents de la prise en charge et y adhèrent volontiers.
Discussion
L’étude est atypique dans sa méthode et porte sur de trop petits échantillons pour être représentative, mais elle
ne cherche pas à l’être. On est frappé par « l’effet-structure » qui se dégage des résultats : les patients semblent
aller là où ils savent trouver ce qui correspond à leurs attentes. Est-ce si vrai ? Et est-ce ce qui correspond le
mieux à leurs besoins ?
Conclusion
Cette enquête interroge la prise en charge par l’hôpital des sans domicile fixe à partir de ce que ces derniers
disent en attendre. Elle permet aux équipes de repenser leur pratique et alimente la réflexion sur comment et
jusqu’où respecter au mieux leur autonomie. Elle incite à penser que proposer du lien est une première étape
utile dans cette perspective.

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