(Construire une histoire commune journée du 11 mars)

Transcription

(Construire une histoire commune journée du 11 mars)
Construire une histoire commune : la démarche du manuel d'histoire
franco- allemand
11 mars 2013 -Université d’Etat d’Erevan
Hall Académique-3ème étage.
Résumé
La table-ronde vise à faire connaitre en Arménie un modèle de dialogue qui a permis la
construction d'une vision commune sur l'histoire de deux pays, la France et l’Allemagne qui
se sont longtemps opposés, avec une méfiance et un ressentiment ancrés entre les peuples.
Le manuel d'histoire franco-allemand destiné aux classes de terminale traite de la relation
entre les deux pays de 1945 à nos jours. Sa mise en oeuvre a été l'occasion d'un dialogue
entre intellectuels des sociétés civiles sur l'histoire commune, le passé douloureux (conflits
mondiaux) mais aussi les enjeux présents pour les deux pays. La démarche de consensus
associant des scientifiques et des pédagogues français et allemands pour produire un
ouvrage d'enseignement, binational et bilingue apparait comme un modèle pertinent pour le
dialogue arméno-turc sur l'histoire commune.
Il s’agira aussi, dans ce débat d’idées, de s’interroger sur la pertinence de ce modèle de
partage de l’histoire pour le dialogue arméno-turc.
10h-10h30 :
• Mot d’accueil du Recteur
• Ouverture de la table-ronde par les Ambassadeurs de France et d’Allemagne
10h30-12h30 : table-Ronde
1. Pierre Monnet : le cadre historique et intellectuel de la production du manuel
d’histoire franco-allemand
2. Ulrich Pfeil : signification et place du manuel dans la longue durée des relations
franco-allemandes.
3. Rainer Bendick : la pratique du manuel dans les classes de Lycée. Enseigner
l’histoire commune à des jeunes français et allemands
4. Michel Marian : couple franco-allemand et relations turco-arménienne. Quelles
différences ? Les évolutions récentes de la relation turco-arménienne.
12h30-13h : conférence de presse
15h-17h : ateliers
Trois thématiques permettront aux participants de débattre.
1/ Les contenus d’enseignement du manuel franco-allemand, à partir de la table des
matières du manuel ainsi que de celle du livre d'histoire européenne publié en 1992.
2/ D’autres démarches d’histoire commune : le manuel d'histoire germano-polonais d'une
part et le projet de manuel commun entre la Chine, la Corée et le Japon.
3/ Le dialogue sur le tabou du génocide arménien. Comment il est devenu possible, ce que
sa rédaction a mis à jour, son audience et ses effets.
Présentation du Manuel d’histoire franco-allemand
Le projet d’un manuel commun destiné aux trois classes de l’enseignement
secondaire de part et d’autre du Rhin, remonte au Parlement franco-allemand des
jeunes qui s’est tenu le 23 janvier 2003 à Berlin en marge d’un sommet réunissant les
deux pays pour célébrer l’anniversaire du traité de l’Élysée signé en 1963. Le souhait d’un
livre commun pour l’enseignement de l’histoire y fut alors émis, puis soumis aux deux
gouvernements et approuvé en octobre 2003.
Une commission scientifique franco-allemande composée d’historiens, de représentants du
ministère de l’Éducation nationale français et des Länder allemands, des commissions de
programmes, des instituts pédagogiques... a été rassemblée. Au bout d’un an de travail
collectif, la commission a rendu la table des matières et les grandes lignes problématisées
de trois volumes.
En suggérant l’idée d’un manuel commun d’histoire, les jeunes Français et Allemands
réunis en janvier 2003 ont songé à cette oeuvre de compréhension et d’éclairage du
passé récent, dont ils sont le produit à la troisième génération.
Le chapitre d’ouverture du volume de terminale est intitulé « Les Mémoires de la
Seconde Guerre mondiale ». Il est le résultat du travail accompli par les historiens sur
la Shoah mais aussi sur la catastrophe humaine et culturelle de la barbarie, sur la démission
démocratique sur le courage des résistants, sur le réveil de la mémoire juive.
Compréhension lucide mais forcément incomplète : le manuel proposé pour répondre
à leur voeu ne pourra pas aller plus loin sur le nazisme, l’antisémitisme, le génocide et
les chambres à gaz que les historiens eux-mêmes ne le peuvent. Mais il prétend au
moins contribuer à mieux penser cet impensable-là, qui résiste.
Le manuel franco-allemand se veut aussi le témoin d’une Europe qui, en cherchant une
forme nouvelle de construction commune, parfois dans la crise, s’interroge autant sur son
avenir que sur son passé.
Un tel manuel peut enfin se révéler le signe d’une prise de conscience que le couple
franco-allemand dépasse en Europe l’influence respective de chaque pays, tout
comme l’Union européenne elle-même dépasse dans le monde l’influence de chacun
de ses membres.
Pierre Monnet, « Un manuel d’histoire franco-allemand », Revue historique, PUF, 2006.