Abraham - IReMus

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Abraham - IReMus
Dictionnaire encyclopédique de l’Opéra de Paris sous l’Ancien Régime
Sous la direction de Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et France Marchal-Ninosque, janvier 2016
ABRAHAM, François
Var. : Habraham.
Av. 1755 – apr. 1800. Maître à danser, aide de l’École de danse et acteur dansant (fl. 1769 –
apr. 1791).
Il est sans doute de la famille de la danseuse des ballets du roi et de l’ARM Jeanne-Charlotte
Abraham, dite Mlle Miré, qui exerce entre 1755 et 1772, comme de celle du danseur Abraham qui
est en activité quelque temps avec la troupe de l’institution au milieu du siècle. Il a peut-être aussi
un lien de parenté avec la basse-contre Abraham qui chante à la Chambre du roi entre 1752 et
1783. François Abraham commence à l’ARM comme danseur surnuméraire pour la saison 17691770, participant dès le mois de mai à la création d’Omphale (Cardonne), aux côtés précisément de
Mlle Miré. Ses appointements sont alors ceux d’une demi-saison, soit 300 livres. Il intègre la
troupe officiellement en 1771. Danseur en vue, capable de tenir des rôles aussi divers que ceux de
Démon, de Guerrier, de Plaisir ou de Vieillard, il est sollicité pour des danses en solo de 1777 à
1778 et a le statut de coryphée en 1779 et 1780. Un des moments forts de sa carrière le conduit à
tenir un rôle de soliste dans le ballet-pantomime de Noverre, Les Horaces, en 1777. Par ailleurs, il
assiste Maximilien Gardel en tant qu’adjoint au maître des ballets de l’École de danse de 1775 à
1778 ; le danseur Guillet le remplace dans cette tâche en 1779. Cette année-là, il se consacre à
l’ouverture d’un théâtre indépendant fondant, avec l’acteur Tessier, le Théâtre des Élèves pour la
danse de l’Opéra, sorte de conservatoire situé à l’extrémité du boulevard du Temple et qui donne
ses premières représentations en 1779. Le parodiste et dramaturge Parisau, qui en assume la
direction jusqu’en 1780 après avoir racheté le privilège d’Abraham, y dirige quatre-vingts élèves,
vivier de l’Opéra. Sans oublier jamais la formation des danseurs, Abraham poursuit sa carrière à
l’ARM en tant que titulaire de la troupe jusqu’au moins en 1793. Pendant plusieurs années, il
mène le chœur des danseurs, ce qui lui vaut des appointements de 1200 livres (le maximum qu’un
danseur du chœur puisse percevoir) et, en 1792, il est rappelé à l’emploi de coryphée. En 1789, à
une époque où l’Opéra est accusé d’être un gouffre financier laissant dépérir les arts, il devient
l’un des commissaires de la danse, chargés de défendre les sujets de l’institution et l’institution
elle-même. Comme beaucoup d’autres artistes, il se trouve sans pension en 1795-1796 en raison
des dettes immenses de l’Opéra et de sa restructuration, mais parvient à faire fortune malgré tout
en enseignant la danse dans la capitale, spécialement la gavotte, dans l’une des deux pensions à la
mode que dirige Lemoyne, rue des Champs-Élysées. Il pratiquait déjà cette activité de professeur
de danse durant ses années d’activité à l’Opéra si on en croit une allusion faite par Diderot dans
Le Neveu de Rameau ; il aurait même été professeur de danse attitré de familles prestigieuses,
comme celle de la duchesse de Berry.
Rôles. Un Démon, un Magicien (Omphale, Cardonne, V.1769) ; un Démon, un Magicien (Omphale,
Cardonne, V.1769) ; un Berger (Zaïs, Rameau, VI.1769) ; une Divinité infernale (Persée, Lully,
V.1770) ; un Spartiate, un Guerrier (Castor et Pollux, Rameau, VI.1770) ; un Homme des Peuples
grecs, un Égyptien (Les Fêtes grecques et romaines, Colin de Blamont, VIII.1770) ; un Troyen, un
Grec (Ajax, Bertin de La Doué, X.1770) ; un Matelot provençal, un Asiatique, MERCURE (Les
Projets de l’Amour, Mondonville, V. 1771) un Lutteur, un Suivant d’Hébé, une Ombre heureuse
(Castor et Pollux, Rameau, I.1772) ; un Berger (Aline, reine de Golconde, Monsigny, V.1772) ; un
Berger (La Cinquantaine, La Borde, VIII.1772) ; un Salamandre (Zélindor des Mélanges lyriques, Rebel
et Francœur, V.1773) ; un Génie, un Plaisir, un Noble (Isménor, Rodolphe, XI.1773) ; un Français
(Sabinus, Gossec, 3.XII.1773) ; un Plaisir (Céphale et Procris, Grétry, 30.XII.1773) ; un SUIVANT de
Bacchus, un JEU ou un PLAISIR (Azolan, Floquet, XI.1774) ; un Scythe, un Suivant de Vénus et de
l’Amour (Cythère assiégée, Gluck/Berton, VIII.1775) ; un Amant ou un Plaisir (Alexis et Daphné,
Gossec, IX.1775) ; un Grec (Alceste, Gluck, IV.1776) ; un Coryphée (Les Romans, Cambini,
VII.1776) ; un Amant ou un Plaisir (Alexis et Daphné, Gossec, IX.1775) ; un Grec (Alceste, Gluck,
IV.1776) ; un CORYPHÉE (Apelle et Campaspe, Rodolphe, IX.1776) ; un CURIACE (Les Horaces,
Noverre, I.1777) ; un Zéphyr (Céphale et Procris, Grétry, IV.1777) ; un Gladiateur, une Ombre
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Sous la direction de Sylvie Bouissou, Pascal Denécheau et France Marchal-Ninosque, janvier 2016
heureuse (Castor et Pollux, Rameau, 5.V.1777) ; un Janissaire (Fatmé, Dezède, 15.V.1777) ; un
Seigneur de la cour (Ninette à la cour, Gardel, IX.1777) ; un Démon (L’Amour et Psyché des Fêtes de
Paphos, Mondonville, X.1777) ; un jeune Villageois (La Chercheuse d’esprit, Gardel, XI.1777) ; un
AMANT HEUREUX, un BERGER (Roland, Piccinni, I.1778) ; un Villageois (La Chercheuse d’esprit,
Gardel, III.1778) ; un BERGER (Les Trois Âges de l’opéra, Grétry, IV.1778) ; un Suivant de la
Fortune (La Bergerie, Cambini, VIII.1778) ; un Provençal (La Provençale, Mouret, VIII.1778) ; un
Gladiateur, une Ombre heureuse (Castor et Pollux, Rameau, X.1778) ; un TRITON (Hellé, Floquet,
I.1779) ; un FRANÇAIS (Mirza, Gardel, III.1779) ; un Sylvain (Écho et Narcisse, Gluck, IX.1779) ; un
Lutteur (Médée, Noverre, I.1780) ; un Dactite (Atys, Piccinni, II.1780) ; un Guerrier (Andromaque,
Grétry, VI.1780) ; un Éthiopien (Persée, Philidor, X.1780) ; un Chasseur, un Indien (La Fête de
Mirsa, Gossec, II.1781) ; un CHEVALIER (Adèle de Ponthieu, Piccinni, X.1781) ; un Chasseur (La
Double Épreuve, Grétry, I.1782) ; un Lutteur, une Furie (Thésée, Gossec, III.1782) ; un Golcondois
(Aline, reine de Golconde, Monsigny, 23.V.1782) ; un Seigneur de la cour (Ninette à la cour, Gardel,
29.V.1782) ; un Lutteur (Castor et Pollux, Rameau, 14.VI.1782) ; un Turc (La Jeune Française au
sérail, Gardel, 16.VI.1782) ; un Grand de la cour de Mycènes (Électre, Lemoyne, VII.1782) ; un
Guerrier, un Espagnol (L’Embarras des richesses, Grétry, XI.1782) ; un Suivant du roi (Atys,
Piccinni, I.1783) ; un Génie (Renaud, Sacchini, II.1783) ; un Officier français (Péronne sauvée,
Dezède, V.1783) ; un Homme de la cour de Didon (Didon, Piccinni, X.1783) ; un Garde (La
Caravane du Caire, Grétry, 30.X.1783) ; un CHEVALIER ESPAGNOL (Chimène ou le Cid, Sacchini,
XI.1783) ; un Plaisir (L’Amour vengé, Gardel, XII.1783) ; un Garde du Pacha (La Caravane du Caire,
Grétry, I.1784) ; un Chevalier espagnol (Chimène ou le Cid, Sacchini, II.1784) ; un Chevalier romain
(Tibulle et Délie, Beaumesnil, III.1784) ; un Fils d’Égyptus (Les Danaïdes, Salieri, IV.1784) ; un
Amant fortuné (Armide, Gluck, VI.1784) ; un Jeu ou un Plaisir (Diane et Endymion, Piccinni,
IX.1784) ; un Guerrier, un Génie (Dardanus, Sacchini, IX.1784 et XI.1784) ; un Espagnol (Pizarre,
Candeille, V.1785) ; un Plaisir (Le Premier Navigateur, Gardel, VII.1785) ; un Guerrier (Thémistocle,
Philidor, X.1785) ; un Guerrier (Pénélope, Piccinni, XII.1785) ; un Suivant de Thésée (Œdipe à
Colone, Sacchini, I.1786) ; un Guerrier (Thémistocle, Philidor, IV.1786) ; un Homme du peuple (Le
Déserteur, Gardel, X.1786) ; un Chasseur (Phèdre, Lemoyne, X et XI.1786) ; un Guerrier, un
Romain (Les Horaces, Salieri, XI et XII.1786) ; un Polonais (Le Roi Théodore, Paisiello, IX.1787) ; un
Esclave (Amphitryon, Grétry, VII.1788) ; un Guerrier (Aspasie, Grétry, III.1789) ; un Esclave
(Antigone, Zingarelli, IV.1790) ; un Sarrasin, un Mamelouk (Louis IX en Égypte, Lemoyne,
VI.1790) ; un Vieillard (Cora, Méhul, II.1791) ; un Lutin, un Magicien (Corisandre, Langlé,
III.1791) ; un Spartiate, une Ombre heureuse, un Plaisir ou un Jeu (Castor et Pollux, Candeille,
VI.1791) ; un Faune (Bacchus et Ariane, Rochefort, 11.XII.1791) ; une des Euménides (Œdipe à
Thèbes, Méreaux, 29.XII.1791).
→Aide de l’École de danse ; Théâtre des Élèves pour la danse de l’Opéra.
► F Pan AJ13 17, Capitation, 1769-1790 ◊ LSdP, 1770-1793 ◊ Mémoire justificatif des sujets de
l’Académie royale de musique, s.l., 1789, p. 18 ◊ É. Campardon, L’Académie royale de musique au XVIIIe
siècle, Paris, Berger-Levrault, 1884, t. 1 ou t. 2, p. 183-189 ◊ Dictionnaire de la conversation et de la
lecture, Paris, Belin-Mandar, 1835, t. 24, p. 82-83 ◊ Fr.-H.-J. Castil-Blaze, L’Académie impériale de
musique, Paris, Castil-Blaze, 1855, t. 2, p. 62 ◊ S. Bouissou et D. Herlin, RCT, Paris, CNRS
éditions et BnF, 2003, t. 2, Livrets, p. 315.
Fr. Marchal-Ninosque