Ramin

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Ramin
Ramin
Gonystylus spp.
CdP13 Prop. 50 (Indonésie) Inscription de Gonystylus spp. à l’Annexe II avec l’annotation # 1: Sert à
designer toutes les parties et tous les produits, sauf: a) les graines, les spores et le pollen (y compris les
pollinies); et b) les cultures de plantules ou de tissus obtenues in vitro en milieu solide ou liquide et
transportées en conteneurs stériles
OPINION DU SSN: SOUTENIR L’ADOPTION DE LA PROPOSITION, Y COMPRIS L’ANNOTATION #1
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Le ramin, un bois de feuillu tropical qui se trouve en Asie du sud-est, a décliné dramatiquement et se trouve
commercialement éteint dans une grande partie de son aire de répartition initiale, surtout à cause de la
surexploitation pour le commerce international.
Les prix élevés du ramin dans les marchés internationaux entretiennent l’exploitation du bois et le commerce illicites
qui menacent la survie du ramin à long terme et détruisent l’habitat vital d’autres espèces menacées, y compris les
orangs-outans en danger critique d’extinction (inscrits à l’Annexe I).
L’inscription actuelle de l’espèce à l’Annexe III a présenté d’importants avantages de mise en application dans
plusieurs régions mais ces bénéfices sont amoindris par l’exploitation illicite du bois et par les activités de
blanchissage et ne permettent donc pas une protection appropriée de l’espèce.
Le ramin remplit les critères biologiques et commerciaux d’une inscription à l’Annexe II de la CITES et bénéficierait
considérablement de la protection juridique plus poussée de l’Annexe II, y compris la possibilité d’une étude du
Commerce Important.
Comme le ramin est commercialisé principalement sous forme de bois travaillé, l’annotation proposée – qui
comprend les parties et les produits – est quasi-indispensable au succès de l’inscription à l’Annexe II. La présente
inscription à l’Annexe III a montré que l’inclusion des parties et des produits peut être appliquée et mise en œuvre
dans la pratique.
STATUT BIOLOGIQUE
Le ramin (Gonystylus spp.) est un bois de feuillu tropical qui se trouve principalement dans les forêts marécageuses de
tourbe d’Indonésie et de Malaisie. Le genre Gonystylus, qui se compose d’environ 30 espèces, est distribué le long de
la région malaise (Indonésie, Malaisie, Philippines, Papouasie Nouvelle Guinée, Singapour et Brunéi Darussalam), la
majorité des espèces se trouvant à Bornéo. Le ramin a été fortement décimé le long de son aire de répartition pour
fournir les marchés internationaux de bois de ramin brut et de produits de bois travaillé. Six espèces (G. affinis, G.
bancanus, G. forbesii, G. macrophyllus, G. maingayi et G. velutinus) ont de la valeur commerciale, parmi celles-ci, G.
bancanus fait l’objet du commerce le plus féroce. Quinze espèces du genre, y compris G. bancanus, sont classées de
« vulnérables » dans la Liste Rouge des Espèces menacées de l’UICN en raison de la perte d’habitat et de la
surexploitation qui ont été observées, déduites ou prévues. L’exploitation du bois – sélective ou aveugle – est reconnue
comme la menace la plus importante à ces espèces (UICN 2004).
En raison de la surexploitation, le ramin est devenu parsemé le long de la plupart de son aire de répartition initiale.
L’exploitation excessive du bois et la destruction des marécages de tourbe ont mené à l’extinction commerciale du
ramin dans une grande partie de la Malaisie péninsulaire. Les populations ont également été réduites dans la région de
Sarawak à Bornéo en Malaisie comme le prouvent les niveaux décroissants de production du bois. La production de
ramin dans la région de Sarawak a chuté de 521 000 m3 en 1990 à 67 000 m3 en 2000. Vers la fin des années 1990, la
plupart des forêts de tourbe de Malaisie avaient été exploitées pour leur bois au moins une fois. Comme le ramin est
naturellement lent à se régénérer, les populations de Malaisie n’ont pas encore récupéré. Les populations à travers
l’Indonésie ont également décliné à cause de la surexploitation (Soehartono et Mardiastuti 2002). Ce déclin est évident
dans l’évolution de la production annuelle de ramin en Indonésie qui a chuté de plus de 665 000 m3 en 1994 à
seulement 131 000 m3 en 2000 - un déclin de plus de 80% en 6 ans. Même à ces niveaux, en 2000 la récolte de ramin
en Indonésie excédait de loin le volume de coupe de 24 000 m3 autorisé annuellement par le Ministère des Forêts.
Le commerce international dirige largement l’exploitation du ramin. Le bois de ramin est apprécié pour sa
compatibilité avec beaucoup de produits, son apparence luxueuse et sa malléabilité. La versatilité et le
caractère peu abondant du ramin en font le bois ayant le plus de valeur dans la région – avec des prix du
marché atteignant jusqu’à US$1000 / m 3 .
Comme les populations malaises de ramin ont décliné
dramatiquement, l’industrie de l’exploitation du bois dans ce pays dépend désormais de la consommation de
larges quantités de ramin d’Indonésie passées en contrebande. Une grande partie du ramin d’Indonésie qui
reste se trouve dans les parcs nationaux et dans les zones protégées qui constituent un habitat vital pour
beaucoup d’autres espèces menacées, y compris l’orang-outan et le tigre de Sumatra (tous deux inscrits à
l’Annexe I). La demande pour ce bois de valeur a mené au commerce international du ramin qui est exploité
illicitement dans les zones protégées d’Indonésie. Actuellement, le bois illicite représente en fait près de 90%
de la production du bois d’Indonésie. L’habitat de forêt tropicale d’Indonésie est en conséquence détruit à un
taux jusqu’à présent inégalé ce qui intensifie substantiellement le risque d’extinction des orangs-outans et des
autres espèces qui dépendent de cet habitat.
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LE RAMIN REMPLIT LES CRITERES D’INSCRIPTION A L’ANNEXE II DE LA CITES
On reconnaît largement que le niveau actuel d’exploitation du ramin n’est pas durable et excède de loin le niveau qui pourrait être maintenu
indéfiniment (Annexe 2a (B) (i) de la Résolution Conf.9.24). On considère que la récolte des grumes d’Indonésie se monte à près de dix fois
plus que la récolte autorisée, et excède de loin le niveau durable. La régénération lente du ramin le rend très vulnérable à une telle
surexploitation (Annexe 1 (B) (iii)). La pratique, qui tend à extraire des petits arbres pour les utiliser dans le transport des grumes, élimine
beaucoup d’arbres qui ne sont pas encore mûrs avant qu’ils ne puissent se reproduire. De plus, le ramin pousse dans des marécages de
tourbe qui sont particulièrement sensibles au dérangement lié à l’exploitation du bois et au défrichement. La perte constante de l’habitat, due
à la disparition des marécages de tourbe causée par l’exploitation du bois, le défrichement et les changement dans l’utilisation des terres,
s’ajoute aux impacts de l’exploitation directe du ramin (Annexe 1 (B) (iv)). A la vitesse où vont les choses, le ramin risque de disparaître dans
la plupart du reste de son aire de répartition dans cinq ou dix ans. Si le commerce du ramin n’est pas strictement réglementé dans le cadre de
l’Annexe II, l’espèce remplira sûrement les critères d’une inscription à l’Annexe I dans un futur proche.
UNE INSCRIPTION A L’ANNEXE II OFFRIRAIT UNE PROTECTION SUPPLEMENTAIRE DU RAMIN
Le commerce illicite du ramin indonésien a continué malgré l’interdiction des exportations du ramin par l’Indonésie et l’inscription de l’espèce
à l’Annexe III. L’inscription du ramin à l’Annexe III a facilité les efforts de mise en application aux Etats-Unis et dans l’Union Européenne, et a
encouragé la mise en place de mesures de mise en application plus strictes dans les Etats importateurs les plus importants, résultant dans la
saisie de plusieurs cargaisons illicites. Cependant, de grandes quantités de ramin indonésien illicite continuent à passer la frontière en
contrebande vers les pays voisins.
La Malaisie, seul autre exportateur majeur de ramin, a posé une réserve partielle à l’inscription du ramin à l’Annexe III. Elle n’émet par
conséquent que des Certificats d’Origine pour les grumes et le bois scié. L’exportation à grande échelle de produits et de dérivés du ramin en
provenance de Malaisie n’est couverte par aucune documentation CITES à moins que celle-ci ne soit spécifiquement requise par les
exportateurs ou les acheteurs étrangers. Cette réserve réduit l’efficacité de l’inscription à l’Annexe III en semant la confusion parmi les
négociants et en facilitant le blanchissage du bois indonésien dans les marchés internationaux. Les organisations internationales Telepak et
l’Agence d’Enquête sur l’Environnement (Environmental Investigation Agency) ont documenté le blanchissage du ramin indonésien de
contrebande à grande échelle à travers la Malaisie, accompagné par l’émission de documents d’exportation malais. De grandes quantités de
ramin sont de plus envoyés aux Etats-Unis et dans d’autres marchés sans aucun permis CITES. Cette situation est compliquée puisque
beaucoup des Etats importateurs de ramin les plus importants n’appliquent pas complètement les contrôles de l’Annexe III ou s’intéressent
peu à la mise en application de l’Annexe III.
Les efforts visant à contrôler le commerce illicite et non-durable du ramin bénéficieraient considérablement d’une inscription à l’Annexe II. Le
ramin est déjà commercialement éteint dans plusieurs régions et la meilleure information scientifique disponible démontre que des mesures
de réglementation supplémentaires sont nécessaires pour mieux contrôler l’exploitation actuelle qui n’est pas durable. Les contrôles de
l’Annexe II sont mieux connus que l’Annexe III et seront vraisemblablement appliqués plus efficacement. Plus important, une inscription à
l’Annexe II exigera que les Parties évaluent non seulement la légalité de leur exportation de ramin, mais en plus le caractère durable des
récoltes. D’après l’Annexe II, les Parties ne seront autorisées à émettre des permis d’exportation que si l’exportation n’est pas préjudiciable à
la survie de l’espèce. Les Parties importatrices n’ayant pas déposé de réserve devront rejeter les cargaisons qui ne sont pas accompagnées
de permis d’exportation. L’inscription à l’Annexe II sera donc efficace même si une Partie exportatrice dépose une réserve.
INCLUSION DES GRUMES ET DES PRODUITS TRAVAILLES ET DES DERIVES
A la différence de beaucoup d’autres d’espèces exploitées pour leur bois, la grande majorité des exportations de ramin se fait sous la forme
de bois travaillé. Le bois de ramin s’abîme rapidement dans sa forme brute, il n’y a par conséquent que très peu de commerce de grumes de
ramin. Quatre-vingt quinze pour-cent du ramin envoyé vers les Etats-Unis ou en Europe est sous la forme de produits finis ou semi-finis. Les
exportations de bois brut représentent par contraste moins de 1% de toutes les exportations de ramin vers les Etats-Unis. L’Annotation #1
proposée - qui inclut les produits et les dérivés de ramin – est pour cette raison indispensable au succès et à l’efficacité de l’application de
l’inscription à l’Annexe II. Sans l’Annotation, une inscription à l’Annexe II empirera la gestion du ramin plutôt que de l’améliorer. Les saisies
récentes de produits de ramin travaillé aux Etats-Unis et au Royaume-Uni démontrent que les contrôles de la CITES peuvent être
efficacement mis en application pour de tels produits. Des guides d’identification sont maintenant disponibles pour faciliter les efforts de mise
en application dans les Etats membres de la CITES.
Le ramin remplit les critères biologiques et commerciaux d’une inscription à l’Annexe II de la CITES. Le renforcement de la
protection que fournit l’Annexe II est nécessaire pour contrôler le commerce international de cette espèce et pour assurer la
survie à long terme du ramin et des nombreuses autres espèces mises en danger par l’exploitation et le commerce illicites du
ramin. Le SSN prie instamment les Parties de soutenir la proposition indonésienne, y compris l’Annotation #1 qui couvre les
produits et les dérivés du ramin.