21 décembre

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21 décembre
21 décembre
Malaisie : l’Armée Impériale a besoin d’un coup de main !
Tokyo – Une conférence extraordinaire présidée par le général Tojo, Premier ministre, réunit
l’amiral Yamamoto et le général Terauchi pour évaluer la situation en Mer de Chine
Méridionale, Indochine et Malaisie. Terauchi se voit obligé de demander une aide
supplémentaire de la Marine pour faire sauter le verrou britannique au nord de la Malaisie. Le
général Tojo soutient la requête de Terauchi et Yamamoto, non sans appréhension, accepte
d’écourter la période de repos prévue pour la force d’attaque de Hawaï, mais prévient que les
porte-avions seront nécessaires au début de 1942 pour l’attaque projetée contre la NouvelleBretagne.
Campagne de Malaisie
Front du Kedah – Après les durs combats des jours précédents, la ligne de front est
étrangement calme. Les troupes britanniques et indiennes achèvent d’éliminer les restes des
unités débarquées sur la côte.
………
La bataille aérienne – Alors que la météo s’améliore un peu dans la journée, les avions de
l’Armée et de la Marine japonaises reprennent leurs opérations. Les D3A1 de l’IJN se
concentrent sur Penang (où ils détruisent le système d’adduction d’eau à peine réparé) et les
terrains de Butterworth et Sebang sont attaqués chacun par 15 bombardiers Ki-21 fortement
escortés. En fin de journée, d’autres Ki-21 prennent pour cible l’aérodrome de Medan, suivis
de près par 18 D3A1 escortés par 15 A6M2. Cette dernière attaque tombe au moment de
l’arrivée d’avions en transit pour Singapour. Neuf Hurricane, sept Hawk-81, cinq Blenheim,
deux Wellington et trois Martin 167 sont détruits par des bombes ou par les chasseurs
japonais. Le commandant de l’aérodrome hollandais demande aux Anglais et aux Français
d’interrompre quelque temps leurs convoyages, car Medan est visiblement peu sûr et ne peut
être protégé. C’est un coup sérieux. Jusqu’à présent, seuls 11 Hurricane, 5 Hawk-81, 4
Blenheim et 4 Maryland sont arrivés sains et saufs à Singapour.
………
Singapour – La Force Z rentre à Singapour en fin de journée, suivie de peu par le croiseur
français endommagé Duquesne. Peu de temps avant, le cuirassé Ramillies, provisoirement
rafistolé, et le croiseur léger français Primauguet, gravement endommagé, escortés par les
destroyers anglais Active et Amazon, ont quitté le port pour Colombo, via le détroit de la
Sonde. Le Ramillies doit rejoindre la Grande-Bretagne pour de copieux travaux et le
Primauguet un chantier naval de la côte est des Etats-Unis, pour des réparations qui
aboutiront à une quasi reconstruction de ses superstructures.
Campagne d’Indochine
Cambodge – Les forces françaises et locales préparent la défense de Kompong Chnang. Les
troupes japonaises pénètrent le matin dans Kompong Thom, sur la rive nord du Tonlé Sap,
mais en sont rejetées dans l’après-midi. Pendant ce temps, Phnom Penh est par deux fois
bombardée par des avions japonais et thaïs.
………
Tonkin – Une première attaque japonaise contre Thai Nguyen échoue rapidement, faute d’un
soutien d’artillerie adéquat.
………
Annam – Conduits par John “Scarsdale Jack” Newkirk, des P-40 du 2e squadron de l’AVG
(Panda Bear) armés de bombes françaises attaquent l’aérodrome de Tourane. Onze
bombardiers légers Ki-30 sont détruits, mais le Flight Leader Charles D. Mott est contraint de
se poser en catastrophe tout près de là, devenant ainsi le premier prisonnier de guerre de
l’AVG.
………
Cochinchine – Sur la route côtière, en dehors d’attaques sporadiques menées par des Ki-51,
la situation est calme.
Campagne des Philippines
Un convoi de 76 cargos, escorté par la Force d’Attaque de l’amiral Takahashi et la 2e Flotte
de l’amiral Kondo, arrive en fin d’après-midi dans le Golfe de Lingayen.
L’amiral Rockwell établit son quartier général dans les souterrains de l’île de Corregidor.
Pacifique Central
Ile de Wake – L’île, qui a été prise pour cible par des bombardiers venus de Kwajalein
presque tous les jours depuis l’échec du premier débarquement japonais, est attaquée par 29
D3A1 escortés par 18 A6M2 lancés par les porte-avions Hiryu et Soryu, ainsi que par les
hydravions du Kiyokawa Maru. Cette attaque est nettement plus efficace que les précédentes.
Les deux derniers Wildcat des Marines sont détruits, laissant Wake sans couverture aérienne.
Néanmoins, un des chasseurs américains a eu le temps d’endommager le sous-marin Ro-60
avec des bombes légères et un mitraillage acharné.
22 décembre
Campagne de Birmanie
Thaïlande (front ouest) – Le QG de la 55e Division japonaise (Lt-général Takeuchi)
s’installe à Rahaeng. Malgré les efforts accomplis par l’Armée impériale depuis six mois, les
cartes de la région sont encore très médiocres. Il est cependant évident que l’attaque de
Moulmein doit passer par la route Rahaeng-Menado. Celle-ci a été reconnue depuis plusieurs
années par le lieutenant Takahashi Hachiro, installé à Rahaeng comme acheteur de teck (sur le
conseil du colonel Suzuki, il a même pris une épouse locale pour parfaire sa couverture).
Campagne de Malaisie
Au sol, la situation est relativement calme, à part quelques échanges d’artillerie à Jitra et à
Kroh.
En début de journée, une formation de 27 bombardiers Ki-21 escortés par 17 Ki-27 et 18 Ki43 attaque Kuala Lumpur. Attaqué par 22 Hurricane (pour moitiés de la RAF et de l’Armée
de l’Air), le raid perd 7 bombardiers et 11 chasseurs (dont 5 Ki-43) contre 6 Hurricane. Cette
interception apparaît comme un succès tactique, car le rapport des pertes est bien meilleur que
lors des combats précédents. Toutefois, elle n’a eu lieu qu’après que les bombardiers aient
lâché leurs bombes sur la ville de Kuala Lumpur, déclenchant deux grands incendies et
détruisant le central téléphonique principal. Le bombardement cause une terrible panique dans
la population et, dans la soirée, des milliers de fuyards se bousculent sur la route qui se dirige
vers le sud.
Vers la même heure, des D3A1 et des A6M2 de la marine japonaise frappent à deux reprises
le terrain de Medan, à la recherche de nouveaux avions alliés. L’opération de convoyage étant
suspendue, ils ne trouvent aucune cible intéressante, mis à part le malheureux D.H. Dragon
Rapide de l’officier de la RAF en charge de la logistique à Singapour, qui voulait se rendre
compte personnellement de la situation sur place. « Il aura du mal à rentrer à son bureau,
mais au moins, à présent, il a compris la situation ! » grogne le commandant hollandais de
l’aérodrome, vexé qu’on semble le trouver timoré.
Côté allié, s’abritant en chemin dans les épais nuages, des bombardiers Blenheim et Battle de
la RAF et de la RAAF harcèlent les colonnes de transport japonaises qui convoient des
troupes et des équipements vers le front.
Le temps, qui permettait les vols pendant la matinée, se détériore fortement après 15h00 et les
activités aériennes des deux camps s’arrêtent.
………
Singapour – Le croiseur français Duquesne est mis en cale sèche pour quelques réparations
provisoires.
Campagne d’Indochine
Cambodge – Après une journée entière de combats, les forces françaises et locales évacuent
Kompong Chnang. Une nouvelle attaque japonaise sur Kompong Thom est repoussée, non
sans de lourdes pertes des deux côtés. La seule compagnie du GBMS laissée en soutien dans
le pays après le départ des autres pour la Cochinchine est réduite à cinq Sav-41.
………
Cochinchine – Saigon est bombardée deux fois par des D3A1 de la Marine.
………
Annam – Sur la route côtière, les forces japonaises et françaises qui se font face s’enterrent.
Pendant ce temps, de nouveaux avions japonais sont transférés à Tourane, dont 21 G4M1 et
12 Ki-48, ce qui fait plus que compenser la perte des Ki-30 détruits la veille par le raid de
l’AVG.
………
Tonkin – La situation est calme autour de Thai Nguyen, au nord-ouest d’Hanoi. Les forces
japonaises se regroupent et préparent une nouvelle poussée vers le sud, manifestement
destinée à couper la voie ferrée Hanoi-Kunming.
A Hanoi, après avoir reçu un câble d’Alger, le général Chennault envoie à Kunming 21
pilotes de l’AVG dans le dernier D-338 en état de vol. De là, ces pilotes seront transférés à
Myitkyina (Birmanie), où les pilotes de convoyage français doivent amener 25 Hawk-81 pour
combler les pertes de l’AVG. Lionel de Marmier estime que cette façon d’envoyer des
renforts en Indochine est nettement plus sûre que tenter de faire passer les avions par Medan
et Singapour.
Campagne des Philippines
Golfe de Lingayen – Les forces japonaises commencent à débarquer, bien que toute
l’opération semble un moment menacée par le mauvais temps. Des sous-marins américains
tentent de perturber le débarquement, mais à leur arrivée, les navires japonais sont déjà en
eaux peu profondes. Le S-38 (Lt W.G. Chapple) réussit néanmoins à couler le cargo de 5 500
tonnes Hayo Maru et à survivre « avec les tripes et l’aide de Dieu » au violent grenadage qui
suit. Les batteries côtières américaines endommagent quelques bateaux de débarquement,
mais, en fin de compte, c’est la météo qui est le principal ennemi des troupes japonaises.
Ainsi, malgré l’absence de communication entre les éléments débarqués et ceux en mer, en
l’absence d’opposition aérienne américaine et grâce à l’arrivée rapide des forces japonaises
débarquées auparavant à Vigan, ce débarquement est un succès.
L’une des rares oppositions rencontrées est celle du 192e bataillon blindé provisoire, engagé
pour stopper l’avance japonaise près de Damortis. Une patrouille de reconnaissance de cinq
chars légers M3 de la compagnie C est envoyée le long d’une étroite route de jungle et tombe
dans une embuscade tendue par le 4e Sensha Rentai, dont les chars Type 95 HA-GO sont déjà
déployés. Le char de tête américain est détruit et les quatre autres, tous endommagés, se
replient. Ainsi s’achève, piteusement, le premier engagement blindé de l’armée des Etats-Unis
de la Seconde Guerre Mondiale…
Le général MacArthur, qui s’attendait à ce que les Japonais débarquent en force à Lingayen,
est tout de même surpris par le fait que ce débarquement se produise aussi rapidement. Après
quelques discussions avec son état-major, il décide d’évacuer Manille et Cavite le 25
décembre… mais il oublie de prévenir son homologue de l’US Navy, l’amiral Hart.
Pacifique Central
Ile de Wake – L’aviation embarquée japonaise pilonne les positions des Marines toute la
journée, aidée par les bombardiers bimoteurs venant de Kwajalein. Le groupe du contreamiral Kajioka, maintenant renforcé par quatre croiseurs lourds sous le commandement du
contre-amiral Goto (Aoba, Furutaka, Kako et Kinugasa), se prépare pour un débarquement le
jour suivant, avant l’aube.
A ce moment, la force de secours américaine commandée par le contre-amiral Fletcher (TF
11), avec le porte-avions Saratoga, le porte-hydravions Tangier, trois croiseurs lourds et dix
destroyers, est toujours à 600 nautiques à l’est de Wake, en train de ravitailler. Le convoi
transporte le 4th Marine Defense Battalion, une escadrille de chasse sur Brewster F2A-3
Buffalo et d’importantes quantités de munitions.
La TF 14 du contre-amiral Brown (porte-avions Lexington, trois croiseurs lourds, huit
destroyers) se dirige vers les îles Marshall pour lancer un raid de diversion.
23 décembre
Campagne de Birmanie
Rangoon – Les Japonais lancent un grand raid contre la capitale birmane et ses terrains
d’aviation. Les quais du port sont attaqués par 45 Ki-21 pendant que 15 Ki-21 et 27 Ki-30
bombardent les terrains et que 30 Ki-27 assurent la couverture. Les défenseurs ont été
prévenus par leur réseau d’alerte et douze P-40, quinze Hurricane et… quatre Fury se jettent
sur les formations japonaises, provoquant de furieuses batailles aériennes au-dessus de la
capitale birmane.
Malgré des revendications enthousiastes quatre ou cinq fois supérieures, seuls sept Ki-21 et
un Ki-27 sont abattus. Le Ki-27 est descendu par le FO Mohan Singh, du BVAS, sur un
Hawker Fury, au-dessus du terrain de Mingaladon. Le Ki-27 est plus rapide, mais le pilote
japonais, qui n’imagine pas qu’un avion puisse être plus manœuvrant que le sien, accepte le
combat tournoyant et se fait tuer au bout de huit minutes (!) d’acrobaties par une rafale de
l’élégant biplan britannique. Le Ki-27 s’écrase devant le mess des officiers, heureusement
sans exploser.
Les Alliés ont perdu trois P-40 et le FO Lambert a dû poser son Hurricane en vol plané, son
moteur ayant serré après que le radiateur eut été détruit. Un Gipsy Moth et un Tiger Moth sont
détruits au sol, mais le plus grave est la destruction de la salle d’opérations de Mingaladon, où
17 hommes sont tués, dont l’instructeur en chef du BVAS, Mr H. Ealey.
Les quais de Rangoon sont durement touchés et 35 000 tonnes de marchandises incendiées,
mais la population civile, avertie à temps, a pu s’abriter dans les tranchées creusées à la hâte
depuis trois semaines et il y a peu de morts. Dans le port, le cargo américain City of Tulsa est
coulé par un coup direct.
La nuit suivante, trois Overstrand et deux Heyford bombardent le terrain de Don Muang, sans
grand résultat autre que d’agacer les Japonais, qui décident un nouveau raid sur Rangoon.
Campagne de Malaisie (voir Appendice 10)
La situation au Kedah est toujours calme, mis à part quelques duels d’artillerie.
………
La bataille aérienne – Dans la nuit, six Wellington et cinq Manchester basés à Singapour
attaquent un grand aérodrome de la Marine japonaise près de Singora. En l’absence d’une
navigation précise, ce raid est largement inefficace du fait d’un ciel très nuageux, si ce n’est
qu’il prive de sommeil quelques équipages japonais.
Evitant de s’arrêter à Medan, dont l’aérodrome est toujours fermé, onze Manchester et sept
Wellington, en provenance de Rangoon, atterrissent à Singapour à l’aube. Un autre
Manchester a dû se poser à Kuala Lumpur (Sebang), moteur bâbord en panne.
Dans la journée, le temps s’améliore quelque peu. Les avions de la Marine japonaise frappent
durement Penang et 21 Ki-21 de l’Armée attaquent Taiping, provoquant une intense panique
et un grand désordre dans la ville, d’autant plus que la gare locale est touchée et endommagée.
Campagne des Philippines
Manille – L’amiral Hart apprend par hasard (!) la décision de MacArthur d’évacuer la baie de
Manille. Après une discussion tendue avec le général, lors de laquelle Hart explique que les
sous-marins américains ne pourront opérer très longtemps dans les eaux des Philippines sans
la base de Cavite, le commandant de l’Asiatic Fleet achève les derniers préparatifs d’une
évacuation hâtive.
Golfe de Lingayen, 21h30 – Le sous-marin français Le Centaure (CC Chevallier) parvient à
gagner une position de tir contre la 2e Flotte de l’amiral Kondo. Tirant une salve complète de
ses quatre tubes de proue de 550 mm, il manque le cuirassé Haruna (classe Kongo), mais
deux torpilles touchent le porte-hydravions Chiyoda. Peu après, ayant réussi à passer
inaperçu, Le Centaure se cherche une autre proie en surface, quand il aperçoit la silhouette
d’un grand bâtiment qui fonce sur lui ; il plonge tout en tirant les trois torpilles de son affût
orientable central et touche d’une torpille le croiseur lourd Maya, sous la tourelle 1. Le Maya
encaisse le coup sans trop de mal, alors que Le Centaure est brutalement secoué par
l’explosion de sa torpille à moins de 400 mètres, subissant quelques dommages qui ne
l’empêcheront pas d’échapper dans les minutes qui suivent à l’attaque d’un destroyer.
Pendant ce temps, le Chiyoda se retrouve la proie des flammes, les réservoirs de carburant
ayant cédé. L’incendie devient rapidement incontrôlable, et le navire est sabordé peu avant
minuit (Appendices 11 et 12).
De son côté, le sous-marin anglais Severn (Lt-Cdr A.N.G. Campbell) lance six torpilles de
loin sur la même 2e Flotte – de trop loin sans doute, car aucun coup au but n’est obtenu, deux
torpilles ne faisant que passer tout près du porte-avions Shoho.
Kure (Japon) – Une foule immense fête le retour de la Flotte Combinée (à l’exception des
porte-avions Hiryu et Soryu et de leur escorte), alors que les navires qui ont participé à
“l’Opération Hawaïenne” pénètrent dans le port. Cependant, toutes les permissions prévues
sont suspendues et les opérations de réapprovisionnement et réarmement des navires
commencent fébrilement dès qu’ils sont amarrés.
Pacifique Central
Île de Wake – A 02h35, les forces japonaises débarquent en six endroits sur Wake – 1 000 à
1 500 hommes en tout. Les PB-32 et PB-33, deux anciens destroyers japonais reconvertis en
patrouilleurs, ont été échoués pour mettre les troupes à terre. Cibles faciles pour les batteries
américaines, ils sont à présents en feu. Néanmoins, vers 05h00, l’officier commandant la
défense de Wake, le Commander Cunningham, signale à Pearl Harbor : « L’ennemi est sur
l’île, l’issue est incertaine. »
Ce message est immédiatement communiqué à l’amiral Pye (le nouveau commandant de la
Pacific Fleet américaine, qui a succédé le 17 décembre à l’amiral Kimmel, démis de ses
fonctions), au QG de Pearl Harbor. Les officiers de l’état-major s’interrogent sur la possibilité
d’attaquer les forces japonaises avec les porte-avions Saratoga, de Fletcher (venant du nordest), et Lexington, de Brown (qui arrive du sud). Mais tous deux sont encore loin. Une
troisième flottille, avec l’Enterprise et Halsey, actuellement près de Midway, pourrait être à
portée dans deux jours. La discussion est chaude et les propos acerbes, mais finalement, à
09h11 (le 22 décembre, heure de Pearl Harbor – soit 06h41 le 23, heure de Wake), l’amiral
Pye ordonne à Fletcher et à Brown de rentrer à Pearl.
À bord du Saratoga, cet ordre est reçu avec consternation et indignation. Déçus et vexés à la
fois, les aviateurs des Marines, tous prêts à voler au secours de leurs camarades, maudissent
leurs supérieurs ; certains pleurent de rage. Le contre-amiral Fitch, qui se trouve sur la
passerelle du porte-avions, racontera plus tard : « La discussion sur la passerelle menaçait à
tel point de tourner à la mutinerie que je décidai de me retirer dans ma cabine, pour ne pas
l’écouter ni y répondre, d’autant plus que j’étais dans le même état d’esprit. »
Vers 07h00, les avions du Hiryu et du Soryu commencent à pilonner les défenseurs de Wake.
Vers 07h30, le Commander Cunningham indique au Major Devereux qu’il faut se rendre. Les
deux officiers s’avancent alors à la rencontre de l’officier japonais le plus proche. Cependant,
ils sont obligés de passer le reste de la matinée et le début de l’après-midi à convaincre leurs
propres hommes de cesser le combat.
Johnston – L’atoll est à nouveau pris pour cible par l’I-73. Cette fois, la balise de
radionavigation est mise à terre. Le sous-marin japonais plonge lorsque les obus des Marines
commencent à se faire précis.
24 décembre
Dix sous-marins anglais pour le Pacifique
Londres – La Royal Navy décide l’envoi en Extrême-Orient, pour défendre Singapour et la
Malaisie, de dix des sous-marins déployés en Méditerranée.
Le gros de ce renfort doit être fourni par la 10e Flottille de sous-marins (Captain G.W.G.
Simpson), basée à Malte. Huit de ses bateaux sont du voyage : six anciens de la Flottille, les
Unbeaten (Lt-Cdr E.A. Woodward), Unique (Lt. A.F. Collett), Upholder (Lt-Cdr M.D.
Wanklyn), Upright (Lt J.F. Wraith), Urge (Lt E.P. Tomkinson) et Utmost (Lt-Cdr R.D.
Cayley) ; plus deux fraîchement arrivés en Méditerranée, les P-31 (Lt J.B. de B. Kershaw) et
P-34 (Lt P.R.H. Harrison). Ils sont remplacés à Malte par des sous-marins français de 600
tonnes. Ces huit sous-marins de classe “U” sont relativement petits, mais très maniables et
silencieux. Même s’ils n’ont pas l’autonomie des classes Thames (RN) ou Redoutable (MN),
ils peuvent effectuer des patrouilles de dix jours jusqu’aux îles Paracel, en partant de
Singapour.
Se rendent aussi en Extrême-Orient deux unités plus grosses, enlevées à la 1ère Flottille (qui
opère d’Alexandrie et d’autres ports de Méditerranée orientale) : les Truant (Lt-Cdr H.A.V.
Haggard) et Trusty (Lt-Cdr W.D.A. King). Les classes T se signalent par leur important
armement en torpilles (10 à 11 tubes, 16 à 17 torpilles).
Accompagnés par les avisos HMAS Parramatta et HMIS Indus (qui les attendent à Aden), les
dix submersibles doivent atteindre Singapour vers le 23 janvier.
Les quatre sous-marins de classe U qui restent en Méditerranée (HMS P-33, Union et Ursula ;
ORP Sokol) sont intégrés à la 8e Flottille, créée en mars 1941 à Gibraltar mais réduite à peu de
choses après le déplacement du gros des opérations navales vers les mers Ionienne, Adriatique
et Egée. Cette flottille devrait se répartir entre Gibraltar (le HMS Talisman, le néerlandais O24 pour quelques semaines encore et de futurs sous-marins de renfort, avec le ravitailleur
HMS Maidstone) et Malte (les quatre classe U, avec le ravitailleur HMS Talbot).
Campagne de Malaisie
Dans la nuit, les bombardiers moyens de la RAF répètent leurs attaques contre les aérodromes
japonais de Thaïlande.
Vers midi, un nouveau raid japonais contre Taiping est intercepté par des Hurricane français
et britanniques. Cinq Ki-21 et trois Ki-43 sont détruits au prix de trois Hurricanes abattus et
deux sérieusement endommagés.
Malgré les quelques renforts arrivés du Moyen-Orient, la situation des unités de chasse alliées
en Malaisie est critique : 14 Hurricane pour la RAF/RAAF (dont 10 en état de vol) et 10
Hurricane pour le GC IV/40 de l’Armée de l’Air (dont 7 en état de vol). On espère beaucoup
du convoi Pensacola, qui doit arriver à Darwin avant le 31 avec 240 chasseurs P-40.
Campagne d’Indochine
Cambodge – Les forces françaises et locales essayent d’établir une nouvelle ligne de défense
à 20 km au sud-est de Kompong Chnang. Les forces japonaises et thaïes attaquent à nouveau
Kompong Thom.
………
Cochinchine – Neuf Martin 167 du GB IV/62 venant de Singapour atterrissent à Saigon-Tan
Son Nhut en fin d’après-midi. Saigon-ville est à nouveau bombardée.
………
Tonkin – La situation au sol semble jusqu’à présent stabilisée. Hanoi est cependant
bombardée à plusieurs reprises par les avions japonais. Le mât de l’antenne Cassegrain du
l’émetteur-récepteur du bureau d’Havas Libre est arraché par une bombe. Il faudra ici aussi
recourir aux services de la poste centrale, avec leurs inconvénients de lenteur et de coût. Le
bureau lui-même a perdu la plupart des tuiles de son toit et toutes ses vitres du fait du souffle
et de l’onde de choc.
Campagne des Philippines
Des forces japonaises venant des Ryukyu, dont la 16e Division d’Infanterie, débarquent sur la
côte est de Luçon, en Baie de Lamon, donc “à la porte de service” de Manille. Les forces
terrestres américaines autour de Lingayen battent en retraite vers Manille.
A Manille, bombardée trois fois dans la journée, une dernière conférence d’état-major se tient
dans l’immeuble Marsman. L’amiral Hart, toujours mortifié par le manque de coordination et
de coopération du général MacArthur, annonce qu’à part quelques sous-marins, l’US Navy
aura quitté la baie de Manille le lendemain. Quelques unités légères, le ravitailleur de sousmarins Canopus et les deux vieux destroyers Peary et Pillsbury continueront à opérer de
Corregidor « aussi longtemps qu’ils le pourront. »
Pacifique Central
Atoll de Palmyre – L’île subit un bref bombardement par le sous-marin japonais I-175.
La guerre sino-japonaise
Troisième bataille de Changsha – Alors que les Etats-Unis entrent à peine (et bien tard, du
point de vue des Chinois, entre autres) dans la Seconde Guerre Mondiale, la Chine et l’Armée
Nationale Révolutionnaire du gouvernement de Tchang Kai-chek semblent épuisées par
presque cinq années de guerre contre le Japon. Après la bataille de Shanggao, la bataille du
Shanxi du Sud et les 1ère et 2e batailles de Changsha, les fronts sont à peu près stables. Les
forces de l’Armée Impériale japonaise sont très dispersées, ce qui ne va pas les empêcher de
lancer une nouvelle offensive d’envergure, au moment même où le Japon vient d’attaquer les
Etats-Unis ! Ce sera la Troisième bataille de Changsha, dans le Hunan, en Chine du Sud.
Cent-vingt mille hommes (les 3e, 6e, 34e et 40e Divisions d’Infanterie et 9e, 14e et 18e Brigades
Mixtes Indépendantes), sous le commandement du général Yuiki Anami, vont être lancés à
l’attaque pour prendre la ville clé de Changsha, puis descendre la vallée de la rivière Xiang et
enlever le nœud ferroviaire vital situé au nord-est de Lingling, perçant la ligne défensive
formée par la Xiang et les lacs Tung-Ting. Les forces japonaises disposent d’une artillerie
abondante, de blindés et d’une totale maîtrise de l’air. En face, la 9e Zone de Guerre de
l’armée de la République de Chine, commandée par le général Hsueh Yueh (Xue Yue), aligne
300 000 hommes mal armés… quoique pas aussi mal armés qu’à l’habitude 1 (voir annexe
B C1).
La veille de Noël (ce qui n’a guère de signification pour la plupart des protagonistes), les 3e,
6e et 40e DI japonaises, massées à Yueh-yang, se mettent en mouvement vers le sud en trois
colonnes et traversent la rivière Xin, défendue par le 28e Corps. Elles se fraient un chemin
malgré la résistance chinoise, puis poussent au sud vers la rivière Miluo (qui court d’est en
ouest vers les lacs Tung-Ting) en direction de Changsha.
25 décembre
Campagne de Birmanie
Rangoon – Nouveau raid massif des Japonais : d’une part 63 Ki-21 escortés par 25 Ki-43,
d’autre part 8 Ki-21 et 27 Ki-30 escortés par 32 Ki-27. La perte de la salle d’opérations de
Mingaladon handicape l’organisation de la défense, mais quatre P-40 de la ROCAF en
patrouille signalent le raid à 15 km du point de divergence des deux groupes. Ils se lancent à
l’attaque tandis que d’autres chasseurs s’envolent de tous les terrains et se joignent au fur et à
mesure à la bataille.
Les résultats de la mêlée confuse qui suit sont très surévalués. La ROCAF revendique 24
victoires, mais les Japonais ne perdent en réalité que trois Ki-21, deux Ki-43 et deux Ki-27.
L’un des Ki-21 est éperonné par le FO Chin Yee ; deux autres P-40 et quatre Hurricane sont
abattus, mais leurs pilotes sont saufs, en dehors de l’un des Britanniques. L’un des Ki-27
abattus a été victime du FO Mohan Singh et de son Fury, illustrant la manœuvrabilité
extraordinaire du chef-d’œuvre de Sydney Camm – peut-être le meilleur chasseur biplan
jamais construit : « Je suis resté à ras du sol pendant que des chasseurs Type 96 [Ki-27]
mitraillaient le terrain. En s’éloignant après sa passe, l’un d’eux a cabré sèchement pour
passer au-dessus des arbres. J’ai grimpé sous son aile droite et je l’ai touché d’une rafale
avec une forte correction ; il a basculé et a plongé dans une rizière. Je ne crois pas que le
pilote [Lt Someya] m’ait vu. »
Mingaladon est très endommagé. Trois Hurricane sont détruits au sol ainsi que cinq autres en
cours d’assemblage. Les pistes sont semées de cratères et de nombreuses pièces de DCA de
l’Armée Indienne ont été détruites ou ont vu leurs servants tués par les mitraillages. L’Air
Marshal Brooke-Popham lui-même était sur place au moment de l’attaque, revenant de
Chungking avec le général George Brett (USAAF). Les deux hauts gradés ont trouvé un abri
inélégant mais sûr dans une tranchée.
A Rangoon, le bombardement a semé le chaos. La population, prévenue trop tard, n’ayant pu
s’abriter, près de 2 500 civils ont été tués par les bombes, les incendies qu’elles ont allumés
ou la panique qui a suivi. L’ordre n’est rétabli que grâce à l’intervention des troupes
chinoises.
Cependant, ce sera le dernier bombardement diurne de la campagne. Les Alliés pensent avoir
infligé des pertes sérieuses à l’aviation japonaise – en fait, ce n’est pas le cas, mais la situation
1
3e, 4e, 10e, 26e, 28e, 37e, 58e, 69e, 72e, 73e, 78e, 79e et 99e “Corps”, en comptant des réserves qui ne seront pas
engagées.
en Malaisie et sur le front cambodgien est telle que le 3e Hikoshidan est obligé de redéployer
une grande partie de ses forces loin de la Birmanie. Pour tenir ce front, les Japonais vont créer
la 5e Division Aérienne Mixte, dotée d’environ un tiers des avions japonais basés en
Thaïlande.
Campagne de Malaisie
À l’aube, huit Avro Manchester de la RAF effectuent un raid sur un terrain japonais près de
Singora. Vers midi, un Spitfire PR prend des photos montrant qu’au moins 15 avions ont été
détruits.
L’aviation japonaise réagit en lançant deux raids contre Butterworth et Kuala-Lumpur. Le
premier est intercepté par une formation combinée de 12 Hurricane de la RAF et de l’Armée
de l’Air, qui abat quatre bombardiers Ki-21 et deux des Ki-43 d’escorte, pour la perte de deux
des leurs.
Les avions de la marine japonaise sont nettement plus actifs. L’aérodrome hollandais de
Medan est à nouveau bombardé et le terrain de Penang est par deux fois la cible de
bombardiers en piqué. Un autre raid détruit le dragueur de mines auxiliaire Alfie Cam.
Campagne d’Indochine
Cambodge – La ville de Kompong Thom est à peu près encerclée par les forces japonaises et
thaïes. Les bombardiers légers Martin 167 récemment arrivés de Singapour attaquent
l’ennemi trois fois dans la journée, perdant deux appareils du fait de la DCA. Des
bombardiers japonais coulent la petite canonnière Argus et endommagent sérieusement le gros
Francis-Garnier, qui se trouve contraint de descendre le Mékong pour se faire réparer à
Saigon.
………
Tonkin – Les premiers P-40 de renfort se posent à Hanoi, venant de Birmanie via Kunming.
À la fin de la journée, 14 avions sont arrivés, relevant le total des avions de l’AVG au Tonkin
à 58, dont 44 en état de vol.
La situation aérienne en Indochine n’en reste pas moins critique. Seuls cinq Hawk-75A4 et
trois Hurricane (du Sqn 243 de la RAF) sont en état de vol en Cochinchine. Six Hawk-75A4
sont basés à Phnom-Penh. Enfin, les deux Patrouilles de Protection du Laos comptent en tout
six Morane MS-410 opérationnels (et autant en réparations, les pauvres Morane n’ont pas été
conçus pour le climat indochinois).
La force de bombardement aligne 24 Maryland en état de vol, dont 16 des GB I/62 et IV/62
en Cochinchine et les 8 autres dans la région d’Hanoi. Les groupes de Coopération et soutien
rapproché ont encore 8 Potez 63/11 et 5 Wirraway opérationnels (pour la plupart basés au
Laos) et 21 très vieux biplans Potez 25 figurent toujours sur l’ordre de bataille.
Campagne des Philippines
Evacuation officielle de Manille. Cet ordre est exécuté dans la plus grande confusion, car les
bombardements répétés de la ville par les avions japonais et la nouvelle que des troupes
ennemies arrivent de la Baie de Lamon provoquent la panique dans la population.
Le sous-marin USS Perch (Lt-Cdr D.A. Hurt), parti en patrouille après réparation accélérée
des dégâts subis le 8 décembre, est porté manquant. On suppose qu’il a été coulé par un
chasseur de sous-marins japonais au large de Lingayen.
Escortés par l’escadre du contre-amiral Tanaka, des transports japonais débarquent 4 000
hommes sur l’île de Jolo, où la Marine Impériale commence à établir une base d’hydravions.
Kure (Japon) – La Flotte Combinée (Kido Butai), sans les porte-avions Hiryu et Soryu, qui
opèrent encore près de l’île de Wake, appareille et se dirige vers le sud-ouest.
Le même jour, la 2e Flotte de l’amiral Kondo quitte les Paracel avec la 2e Force d’Attaque
Surprise de Nishimura, escortant un convoi de 16 navires.
26 décembre
Campagne de Birmanie
Rangoon – Le 62e Sentai envoie 17 Ki-21 bombarder Mingaladon, les quais de Rangoon et la
ville elle-même. Dans l’autre sens, un Overstrand et deux Heyford bombardent Don Muang.
Ce genre d’échange (15 à 20 Ki-21 d’un côté, 3 à 5 bombardiers du BVAS de l’autre)
deviennent les nuits suivantes des épisodes routiniers.
Campagne de Malaisie
Arrivée à Singapour des mouilleurs de mines rapides HMS Abdiel et MN Emile-Bertin. Les
deux navires ravitaillent immédiatement et se préparent pour une course vers Saigon sous la
protection de la Force Z.
Le mauvais temps empêche toute la journée les opérations aériennes des deux camps, mais en
fin d’après-midi, cinq Manchester décollent pour un raid nocturne sur Bangkok.
Mer de Chine Méridionale – Le sous-marin anglais Clyde (Lt-Cdr D.C. Ingram) repère la
force de Nishimura et son convoi, que l’état-major de Singapour considère comme une
mission de ravitaillement des troupes japonaises débarquées à Miri (Bornéo). Le Clyde tire
une salve de proue complète, mais ne coule que le destroyer Yudachi.
Un autre sous-marin britannique, l’Oberon (Lt-Cdr P.J.H. Bartlett), est « en retard d’une
semaine, présumé perdu ». Les archives japonaises comportent deux revendications
concurrentes et contradictoires pour ce bâtiment : l’une d’un hydravion lourd, le 15 décembre,
et une seconde, plus probable, d’un hydravion léger basé à Miri, le 18 décembre. Il semble
que le navire, l’un des plus anciens sous-marins en opération de la Royal Navy, se soit fait
repérer à faible profondeur à cause de fuites de ses réservoirs de carburant rivetés, avant
d’être coulé par une bombe.
Campagne des Philippines – Les troupes japonaises venant de la Baie de Lamon sont
maintenant dans les faubourgs de Manille. Les forces américaines et philippines battent en
retraite en grand désordre vers la péninsule de Bataan.
Vers 20h00, l’amiral Hart embarque sur le sous-marin Shark (Lt-Cdr L. Shane, Jr) et quitte
Cavite pour Singapour. Les deux hydravions PBY Catalina initialement prévus pour son
voyage ont en effet été détruits au mouillage par des A6M2 en maraude.
Campagne d’Indochine
Cambodge – Les forces françaises et locales commencent à évacuer Kompong-Thom et se
préparent à se replier autour de Phnom-Penh. Des bombardiers légers Maryland attaquent les
positions japonaises et thaïes pour empêcher l’ennemi de progresser trop vite. Les deux
premiers raids ne rencontrent pas d’opposition. Le troisième, en milieu de l’après-midi, est
intercepté par 12 Ki-27 ; mais si les petits chasseurs japonais abattent un bombardier Martin et
en endommagent deux autres, ils perdent trois des leurs.
………
Annam – Sur la côte, les Japonais font une nouvelle tentative pour avancer vers Saigon, mais
sont bloqués par des éléments du GBMS à Ninh Hoa. Au nord de Tourane, les forces
japonaises se rapprochent de Hué.
………
Tonkin – Le front autour de Thai Nguyen semblant relativement calme, les avions de l’AVG
commencent dans l’après-midi à opérer en soutien des défenseurs de Hué.
La guerre sino-japonaise
Troisième bataille de Changsha – Le 58e Corps chinois attaque de l’est les colonnes
japonaises, pendant que le 28e monte une forte contre-attaque à Kuang Wan-Chao. Les
Chinois forment une nouvelle ligne de défense le long de la rivière Miluo avec les 37e et 99e
Corps.