Sante´ au travail et management : vers une - perssane

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Sante´ au travail et management : vers une - perssane
Occupational
W. Dab
Évaluation et gestion des risques industriels
Santé au travail et management : vers une
convergence
Disponible en ligne sur
www.sciencedirect.com
Cnam, 292, rue Saint-Martin, 75003 Paris, France
D
ans l’actualité riche sur les questions de santé au
travail, deux évènements récents témoignent d’une
évolution importante des esprits concernant la vision
des risques psychosociaux dans l’entreprise et les relations
entre la santé et le travail dans les entreprises. Il s’agit en
outre, du rapport « Bien-être et efficacité au travail » remis au
Premier ministre par Muriel Pénicaud, directrice générale en
charge des ressources humaines de Danone, Henri Lachmann,
président du Conseil de surveillance de Schneider Electric et
Christian Larose (CGT), vice-président du Conseil économique,
social et environnemental1. Par ailleurs, de l’accord conclu par
les partenaires sociaux le 26 mars 2010 sur le harcèlement et
la violence au travail2.
Ces deux textes comportent des développements divers, mais
nous insisterons ici sur ce qui concerne l’implication des
managers, le rôle spécifique des services de santé au travail
et la nécessité de développer l’observation de la santé au
travail.
Managers et médecins : une
complémentarité nécessaire
Le rapport de Pénicaud et al. débute par une affirmation forte :
la santé des salariés est d’abord l’affaire des managers, elle ne
peut pas s’externaliser. Au quotidien, c’est le manager de
proximité qui est l’acteur principal parce que c’est lui qui
e-mail : [email protected].
1
health and management: Towards convergence
Rapport accessible sur le site : http://www.travail-solidarite.gouv.fr/
documentation-publications,49/rapports-et-autres-publications,51/
rapports-concernant-le-champ-du,900/rapports-sur-la-sante-au-travail,1803/rapport-sur-le-bien-etre-et-l,11292.html.
2
Accord national interprofessionnel du 26 mars 2010 relatif au
harcèlement et à la violence au travail (signé par la totalité des
partenaires sociaux), transposant l’accord européen du 15 décembre
2006 et complétant l’accord du 2 juillet 2008 relatif au stress.
organise le collectif de travail et qui prend les décisions au
plus près des salariés. Il est aussi un relais essentiel avec la
hiérarchie de l’entreprise qu’il peut alerter sur les difficultés
rencontrées par les salariés et qui en sens inverse, informe ces
derniers sur les orientations et projets de l’entreprise. Son rôle
d’écoute, de médiation, de fabricant de sens est donc fondamental.
Est-ce à dire que les médecins du travail et les services de
santé au travail sont marginalisés, que leur rôle est accessoire
dans l’esprit des rapporteurs ? Heureusement non, car ce
serait passer d’un extrême à l’autre. Mais ce que ce rapport
énonce, c’est que seuls, les professionnels de santé au travail
ont une efficacité limitée.
Le rapport recommande explicitement aux entreprises de
s’appuyer sur les services de santé au travail. « Dans les
entreprises qui disposent d’un service de santé au travail en
propre (médecins, infirmiers, ergonomes, psychologues. . .), ce
service doit permettre de repérer les difficultés le plus en amont
possible. L’utilisation, dans le cadre de la visite médicale, d’un
questionnaire individuel sur le stress ressenti par les salariés
peut également permettre d’accompagner le salarié en difficulté le plus précocement possible, tout en repérant des zones
de risque collectives. »
On trouve une vision analogue du rôle des différents acteurs
de la santé au travail dans les entreprises dans l’accord sur la
violence et le harcèlement. Celui-ci rappelle que les services de
santé au travail qui associent des compétences médicales et
pluridisciplinaires sont les acteurs privilégiés de la prévention
du harcèlement et de la violence au travail, mais que les
comportements managériaux ont un rôle déterminant. Il y a
dans ces deux textes une vision plus globale et intégrée du
rôle des acteurs, alors que jusqu’à présent les cloisonnements
étaient la règle.
C’est particulièrement net dans le rapport Pénicaud et al. qui
propose une vision complète de la santé au travail qui ne la
démédicalise pas et qui tente de prendre en compte
1775-8785X/$ - see front matter ß 2010 Publié par Elsevier Masson SAS.
10.1016/j.admp.2010.06.012 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2010;71:668-670
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