Les seigneurs de Montpellier A l`origine de la ville de Montpellier
Transcription
Les seigneurs de Montpellier A l`origine de la ville de Montpellier
Les seigneurs de Montpellier A l’origine de la ville de Montpellier Guillaume 1er de Montpellier a reçu des mains de Bernard II, comte de Montpellier un domaine considérable, décrit dans le chapitre précédent. Voici ce que porte l’acte de donation selon Charles d’Aigrefeuille qui a écrit l’histoire de la ville de Montpellier : « Moi Bernard, Comte, et Sénégonde, ma femme, pour récompense de vos bons services et de la bienveillance que vous nous témoignez, nous vous donnons, à vous Guillaume, dans le territoire de Montpellier, in territorio Montepettelario, la métairie, mansum, qui fut jadis à Amalbert, avec les acquisitions que nous avons faites...lesquelles consistent en maisons, jardins, champs, vignes, prés, bois, garrigues, arbres fruitiers, eaux, rivières qui appartiennent à ce fonds : pour le protéger dès à présent, vous et vos enfants mâles, comme la loi salique que je suis, l’ordonne : sicut lex mea falica commemorat : et si quelqu’un vous inquiète sur cela, qu’il soit condamné à vous payer le double. Fait le VIe des calendes de décembre, l’an 32 du règne de Lothaire, c’est—à-dire le 26 novembre 985 » Guillaume 1er n’est pas notre ancêtre, mais n’ayant pas eu d’enfant, il lègue son domaine à son neveu Guillaume II, fils de sa sœur Trutgarde, notre ancêtre, qui va poursuivre la lignée par Guillaume III qui n’a pas d’héritier lui non plus et laisse le pouvoir à son frère Bernard Guillaume IV, également notre ancêtre. Guillaume V, fils du précédent et d’Ermengarde de Melgueil, va poursuivre la construction du domaine reçu par Guillaume 1er, transformant leur fief en 128 Descendance des seigneurs de Montpellier Guy de Montpellier et Engéralda de Melgueil Mariés vers 955 Guillaume 1er de Montpellier 999-1025 Sans descendance Trutgarde de Montpellier 960-1022 Et Bernard Guillaume II de Montpellier et Béliarde Mariés en 1042 Bernard Guillaume IV de Montpellier Et Ermengarde de Melgueil Mariés vers 1070 Guillaume V de Montpellier Et Ermessinde de Melgueil Mariés vers 1100 Guillaume VI de Montpellier Et Sybille de Montaplana Mariés vers 1130 Guillhelme d’Aumelas Et Thiburge 1ère d’Orange Mariés vers 1130 Jusqu’à Jacques III de Majorque qui vend la seigneurie à Philippe VI, roi de France Thiburge II d’Orange et Bertrand I des Baux Mariés vers 1173 (Notre ligne généalogique) Voir tableaux page 12 et 115 129 un véritable bourg fortifié, avec un château et une chapelle dédiée à Marie, prémices de la ville de Montpellier. Cette chapelle est le cœur du développement de la ville car elle est une étape sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le passage des pèlerins va favoriser le commerce de la cité par l’implantation de marchands et d’échangeurs de monnaie qui dressent leurs étals tout autour de l’église et à qui les seigneurs offrent des conditions d’installation avantageuses. Les historiens présentent les seigneurs de Montpellier comme une nouvelle classe aristocratique voulant vivre comme des nobles. D’ailleurs la donation initiale faite par Bernard II à Guillaume 1er n’est-elle pas un signe qu’il voulait confirmer l’alliance de ses parents Guy et Engéralda et ainsi, bien marquer l’appartenance de Guillaume à la famille De Melgueil. (Ci-contre armes de Montpellier qui représentent la vierge devant la chapelle à l’origine de la prospérité de la cité). Cependant, Guilhem V va entrer en conflit avec Godefroy, évêque de Maguelone, principal seigneur de la région, refusant de reconnaître sa souveraineté. Il fallut l’acharnement de l’évêque à défendre les droits de son église et la pression conjuguée de quelques ecclésiastiques influents pour le faire fléchir. Le 20 décembre 1090, il restitue à Godefroy une bonne partie des biens qu’il avait usurpés, notamment l’église 130 Sainte-Marie avec son cimetière, son alleu, ses dépendances, la troisième partie de la dîme... Et il se reconnaît vassal de l’évêque, en échange de quoi Godefroy lui accorde, avec son pardon, le tiers du bourg de Montpeilleret où se développera la ville de Montpellier et le fief de Saint-Pierre avec tous les édifices qui étaient et seraient construits. Guilhem V est le premier seigneur à recevoir le pape Urbain II en 1095. Plus tard, il va répondre à son appel et s’engager dans la première croisade sous la bannière de Raymond IV de Toulouse avec qui il s’illustra lors de la prise d’Antioche en 1098. Après le siège de Jérusalem en 1099, il décide de rester en terre sainte près de Godefroy de Bouillon pour l’aider à organiser les Etats. Il ne revient à Montpellier qu’en 1103 et doit alors partager son autorité avec les viguiers qui ont administré la seigneurie pendant son absence. En 1114, il participe à la prise de Majorque sur les Maures, aux côtés de Raymond-Bérenger III de Barcelone qui n’est autre que le gendre du roi de Valence, Rodrigo Diaz de Vivar, plus connu sous le nom du Cid. Blason des seigneurs de Montpellier 131 Guilhem V est le dernier seigneur de Montpellier de notre lignée généalogique. Il meurt en 1122. Son fils aîné, Guillaume VI, frère de notre ancêtre Guillhelme qui suit, poursuit cette branche jusqu’à Marie de Montpellier dernière descendante des Guilhem, seigneurs locaux de Montpellier, Elle épouse Pierre II d’Aragon qui ne consent à ce mariage que pour asseoir son pouvoir sur la seigneurie de Montpellier. Leur fils Jacques 1er d’Aragon dit le Conquérant, le fils de ce dernier Jacques II d’Aragon puis Sanche 1er de Majorque fils de Jacques II et enfin Jacques III de Majorque, neveu de Sanche 1er par son frère Ferdinand, portent encore le titre de seigneur de Montpellier. Mais Jacques III, pris à partie entre les couronnes d’Aragon et de France, voit son royaume de Majorque envahi et annexé par le royaume d’Aragon. Pour le sauver en voulant monter une armée, il n’a d’autre alternative que de vendre la seigneurie de Montpellier à Philippe VI, roi de France. Mais cette tentative échoue et à sa mort, le 25 octobre 1345, Montpellier entre dans la couronne de France. Si la seigneurie de Montpellier échoie à Guillaume VI, notre ancêtre Guillhelme d’Aumelas, second fils de Guilhem V, hérite du fief d’Aumelas et de son château, ainsi que d’importants domaines dans la région de Maguelone. Par son mariage avec Thiburge 1ère d’Orange, il devient prince d’Orange. En 1114, il avait participé avec son père, aux cô132 tés de Raymond-Bérenger III de Barcelone, à la prise de Majorque sur les Maures. Puis, comme ses prédécesseurs il va agrandir son domaine en achetant en 1114 les terres de Vendémian et du Pouget. Avoir des fiefs à distribuer était le meilleur moyen d’avoir des vassaux et d’assurer sa force. Le château d’Aumelas a été construit par les seigneurs de Montpellier en 1036. La seigneurie d’Aumelas est inféodée à Guilhem V, par sa mère, vers 1093. C’est une fortification imposante de la vallée de l’Hérault dont la silhouette domine aujourd’hui encore les plaines et les causses qui l’entourent. Ce château représente le symbole de la puissance seigneuriale, au moment où la jeune dynastie capétienne essaie d’asseoir son autorité sur tout le pays, en distribuant de nombreux domaines localement pour s’assurer de la fidélité de ses vassaux. Plus tard, la seigneurie sera érigée en vicomté, après avoir servi de résidence à Raimbaud d’Orange, le plus ancien troubadour de Provence qui composa plusieurs poésies lyriques entre 1160 et 1173. Ce château est aujourd’hui classé monument historique. Château d’Aumelas (photo Pointis 2012) 133 L’épouse de Guillhelme, Thiburge 1ère, est comtesse d’Orange, fille de Raimbaud II d’Orange (ou de Nice). A son retour de terre sainte où il prend part à la première croisade en 1096, son père s’installe à Nice où il exerce un rôle de vicomte, Son nom est cité dans un cartulaire de la cathédrale SainteRéparate en 1108. Il laisse alors à sa fille la charge du comté d’Orange. La ville d’orange est fondée par Auguste, empereur romain vers l’an 20 après JC. Le centre de la ville est bâtie sur la colline Saint-Europe. Subsistent encore les ruines du mur d’enceinte et de quelques monuments dont l’arc de triomphe à trois arcs et le théâtre antique. La ville serait devenue, au neuvième siècle, une seigneurie offerte à Guillaume de Gellone pour avoir libéré la cité de l’occupation sarrasine. Une légende raconte qu’il aurait perdu une partie de son nez dans un combat ce qui lui aurait valu le surnom de Guillaume au court nez, transformé en cornet. Cette légende justifie le blason de la ville où l’on peut voir un cor de chasse ou cornu. Thiburge 1ère va contribuer à à l’embellissement et à l’agrandissement de la ville, la transformant en un fief. Le comté d’Orange regroupe alors plusieurs seigneuries dont Jonquières et Courthézon. Lorsqu’elle meurt en 1150, sa fille Thiburge II apporte en 1173, en dot à son époux Bertrand 1er Des Baux, le titre de prince d’Orange. 134 (Se reporter page 54 chapitre Bertrand 1er des Baux). Les princes des Baux vont régner sur la principauté d’Orange jusqu’en 1393, par Guillaume le plus jeune fils du couple qui n’est pas notre ancêtre. Nous quittons nos deux Thiburge 1ère et II, qui ont donné la lignée des seigneurs d’Aumelas et des princes d’Orange, Nous allons voir que leur origine, en nous ramenant vers Guillaume le Libérateur que nous avons déjà rencontré, nous amène vers notre Provence, tout près de ces terres qui nous ont vu naître (Voir tableau page suivante). 135 Ascendance de Thiburge II d’Orange Vers les De Poitiers et De Nice Odile de Nice et Laugier d’Orange-Mévouillon Mariés vers 1006 Béatrice de Poitiers et Raymond 1er de Melgueil Mariés vers 1045 Raimbaud de Nice et Adélaïs de Reillanne Mariés vers 1045 Ermengarde de Melgueil et Bernard Guillaume IV de Montpellier Mariés vers 1070 Bertrand-Raimbaud de Nice et Gilberge Azalaïs de Provence Mariés vers 1065 Guilhem V de Montpellier et Ermessinde de Melgueil Mariés vers 1090 Raimbaud II de Nice ou d’Orange 1066-1115 Guillhelme d’Aumelas et Thiburge Ière d’Orange Mariés vers 1129 Thiburge Ière d’Orange et Guillhelme d’Aumelas Mariés vers 1129 Thiburge II d’Orange et Bertrand I des Baux Mariés vers 1173 136