Dossier de presse Bartholdi - Musées en Franche
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Dossier de presse Bartholdi - Musées en Franche
Dossier de presse Un piédestal est un espace étroit avec quatre précipices autour. Victor Hugo 2 Sommaire Communiqué de presse p. 4 Programme muséographique p. 5-6 Extraits de textes p. 7-14 Sélection d’œuvres exposées p. 15-16 Chronologie p. 17-18 Publication p.19 Programmation autour des expositions p. 20 Visuels disponibles pour la presse p. 21-22 Les musée(s) et le Lion de Belfort p. 24-27 Équipe des musées de Belfort p. 28 Informations pratiques p. 29 3 Communiqué de presse Réparti en plusieurs phases, le nouvel accrochage du musée d’Histoire entend redonner sa place à Frédéric-Auguste Bartholdi (Colmar, 1834 – Paris, 1904) en aménageant d’une manière permanente 6 salles consacrées au statuaire, en présentant un fonds de sculptures, de gravures et de photographies anciennes. Ces œuvres sont conservées, pour partie, dans les collections des musées de Belfort. Elles seront complétées par des dépôts des archives municipales de la Ville, du fonds patrimonial de la Bibliothèque municipale de Belfort, du Musée Bartholdi de Colmar, du Musée Roger Quillot de Clermont-Ferrand, du musée d’Orsay, du Conservatoire national des arts et métiers, du musée Ary Scheffer. Cette présentation servira de préfiguration à l’accrochage des salles du musée au premier étage. Ces institutions seront sollicitées selon les rotations d’accrochage et les thèmes traités. Le contexte - 6 salles consacrées à Frédéric-Auguste Bartholdi (Colmar 1834 - Paris 1904), soit 240m². - Présentation d’une cinquantaine de sculptures, de dessins, de gravures et de photographies anciennes, et animations à l’aide de supports numériques (bornes interactives, projections). - Provenance des œuvres : une politique de dépôt négociée pour une durée de 1 à 5 ans. Principaux déposants : les musées de Strasbourg, le musée Bartholdi de Colmar, le musée des beaux-arts de Clermont-Ferrand, le musée d’Orsay, le Conservatoire national des arts et métiers, le musée Ary Scheffer … - Valorisation des œuvres des musées de Belfort : les différents modèles du Lion en plâtre et en terre cuite, restauration de sculptures (Monument à Thiers et à Denfert et le Monument des Trois Sièges, le double buste d’Erckmann-Chatrian…). Un pari historique, scientifique et éducatif - Rendre hommage au symbole de la Ville de Belfort et à Bartholdi, artiste défenseur des « valeurs républicaines ». - Réunir dans un Comité de Pilotage restreint, les Archives Municipales de Belfort, des membres de la Société Belfortaine d’Émulation, la Bibliothèque Municipale de Belfort. - Création d’un tiré à part de la revue Les Dossiers de l’art, 15 000 exemplaires, diffusion France et Europe francophone, 74 pages environs, 70 illustrations couleur. - Création d’une fiche pédagogique « Bartholdi » à destination de tous les scolaires. - Élaboration d’un projet éducatif avec le lycée Courbet : restitution sous la forme d’un petit journal du montage des salles Bartholdi écrit par les élèves et les enseignants. - Offres diversifiées de visites sur mesure avec les enseignants, mais également pour tous les publics. 4 Programme muséographique Salles 1 et 2 L’atelier du statuaire L’atelier du statuaire évoque les différentes sources d’inspiration qui ont marqué l’imaginaire de Frédéric-Auguste Bartholdi. Cet artiste qui a participé à l’historicisme en sculpture ne se limite pas à glorifier un héros mais à l’inscrire dans un récit. Bartholdi, alors fort jeune, est dans un premier temps formé par l’artiste peintre Ary Scheffer qui le sensibilise aux thèmes romantiques, aux figures héroïques, aux positions expressives qui cohabitent avec des visages qu’aucun trouble psychologique ne doit perturber. Parmi les différents maîtres, celui qui l’initie à la sculpture est Antoine Etex qui partage la prévention d’Ary Scheffer à l’encontre des représentations par trop psychologiques qui risquent de rompre l’harmonie de la composition. Celui-ci préfère initier son élève à l’imperturbabilité et la stabilité des canons classiques. Au poncif de l’artiste incompris dont Bartholdi se moque dans le Génie dans les griffes de la Misère, répond Christophe Colomb le découvreur ou un thème apprécié de la sculpture de la fin du XIXè : le chef gaulois. Loin de représenter un Vercingétorix, pieds et poings liés, livré à César, il le décrit tel un cavalier adroit, preux et libre. Tout dans la sculpture doit servir le culte du héros hérité en grande partie du romantisme. Le pays natal L’attachement de Bartholdi à l’Alsace, à son folklore et à ses récits populaires est perceptible dans trois œuvres qui dialoguent dans cet espace. L’imposant double buste d’Erckmann-Chatrian est un hommage à deux écrivains, Émile Erckmann (Phalsbourg, 1822 – Lunéville, 1899) et Alexandre Chatrian (Abreschviller, 1826 – Villemomble, 1890), qui ont transmis une certaine idée de la région faite selon Emile Zola « de candeur » et « de mœurs d’une autre époque », d’aventures et de récits complètement dépourvus d’élément romanesque, et, pourtant, pleins de charme. Le Petit vigneron buvant dit l’Assoiffé est davantage emprunt des hésitations du jeune Bartholdi. Sujet connu de l’imagerie populaire, il témoigne encore de l’influence du style troubadour qui tente de faire perdurer l’imaginaire médiéval courtois et la représentation classique. Cette sculpture est devenue un emblème affectif dans la ville natale du sculpteur au même titre que le monument sévère à la mémoire de Martin Schongauer. Une autre des manifestations de son attachement à l’Alsace est la fréquentation des artistes, dit les Alsaciens de Paris. Parmi eux, Jean-Jacques Henner est sans doute celui qui a le plus compté. Bartholdi retrouve le mysticisme de son premier maître et la dramatisation. Cependant, malgré un recours sans relâche à l’allégorie, il préférait les compositions claires, aux lignes efficaces et, aux symboles, les attributs. Cet attachement à l’Alsace devient, après la défaite de 1870, viscéral et oriente nombre de ses choix. Salle 3 Le Lion de Bartholdi ou de Belfort ? Les deux salles suivantes présenteront la relation de Bartholdi à Belfort à travers le Lion, commande de la ville pour honorer la mémoire de ses défenseurs pendant le Siège de novembre 1870 à février 1871. Grâce à un choix d’études sculptées, de dessins et des documents d’archives (photographies, cartes postales, revues précieuses), l’accrochage éclairera la relation faussement simple de Bartholdi aux choix plastiques. Le monument n’est pas du tout ce à quoi on aurait pu s’attendre. Comme La liberté éclairant le monde, la sculpture se caractérise par un mélange de sévérité et de sérénité. Pourquoi n’est-elle pas simplement monumentale par ses dimensions ? Sans doute parce que Bartholdi a inventé un site, au pied de la citadelle, dépassant la seule tradition de la sculpture commémorative ou funéraire et refusant de se voir assigner une fonction décorative malgré le devoir civique. La Statue de la Liberté est, en quelque sorte, le pendant du Lion. Un éclairage sur cette sculpture devenue mythique sera également envisagé notamment grâce à une politique de dépôts. 5 Salle 4 Une place d’honneur Du monument La Suisse secourant les douleurs de la Ville de Strasbourg sont réunis deux bas reliefs ainsi que le groupe en bronze qui a servi de modèle pour la figure définitive placée sur le socle du monument. Ce groupe est une autre forme de réponse à la défaite de 1870 que Bartholdi fait dix ans après la livraison du Lion de Belfort à la Ville, proposition complètement nouvelle, une autre approche de Bartholdi statuaire et urbaniste. L’attachement à l’Alsace n’est pas un opportunisme, ce sentiment profond de déchirure n’est pas du tout figé d’une seule manière, il s’exprime de différentes façons. La Suisse secourant les douleurs de la Ville de Strasbourg témoigne de l’évolution dans l’esprit de revanche ou de deuil du pays perdu. Loin de se satisfaire de l’assaut de cavaliers ou de fantassins d’autant plus héroïques qu’ils étaient promis à une mort certaine, Bartholdi synthétise dans un seul monument les trois principales caractéristiques qui ont fait sa singularité : le récit historique (L’arrivée des Zurichois et du Hirsbrey), l’allégorie comme forme par excellence de la représentation politique (La Suisse au bouclier et la Ville de Strasbourg) et enfin le naturalisme (les jeunes filles et enfants qu’elles protègent ou encore le bas-relief relatant l’arrivée des émissaires suisses à Strasbourg le 20 septembre 1870). L’ange, reprise assez fidèle d’un des deux anges du maître autel de la Chapelle Royale de Versailles, confirme la déférence de Bartholdi pour la sculpture classique héritée du grand Siècle. Salles 5 et 6 Bartholdi monumental Malgré le détournement d’une partie des fonds recueillis pour la fin de l’aménagement des monuments au profit du Quand même d’Antonin Mercié (Toulouse, 1845 – Paris, 1916), Bartholdi persévère lorsque la ville de Belfort décide de célébrer ce qui fait sa singularité : la résistance sans être prise militairement trois fois au cours du XIXe siècle. Bartholdi imagine alors le Monument des Trois sièges. Son économie s’éclaire au regard de la maquette du Monument à Thiers et à Denfert qui n’a pas été retenue mais dont Bartholdi a su réinvestir la figure principale, In clade decus. Il réalise un monument plus classique au pied duquel se répartissent trois figures en pieds : Lecourbe, Legrand, Denfert-Rochereau. Leur position débout renforce la posture et la noblesse de leur port, contrairement à Thiers et à Denfert qui dans le projet éponyme étaient en position assise plongés respectivement dans la lecture d’un traité ou l’étude stratégique d’une carte. Dans le Monuments des trois sièges, Bartholdi décrit des héros avec leur attribut cherchant moins le naturalisme que l’idéalisation et le culte. Il renoue ainsi avec la grande tradition de la statuomanie au service des grands hommes, celle qui animait ses principales commandes : Arrighi (Corte), Bruat (Colmar), Diderot (Langres), Rapp (Colmar), Vauban (Avallon). Au faîte du monument un groupe sculpté complexe est constituée de deux allégories : la France soutenant la ville de Belfort meurtrie dans un geste simple du bras et protégeant de leur massivité symbolique le jeune soldat et l’enfant. Les deux allégories reprennent en réalité les positions d’In clade decus (L’orgueil dans la défaite) qui couronnent le monument bâlois. Ce réemploi fréquent dans la statuaire du XIXe siècle (Dalou, Rodin, Falguière, Carpeaux y avaient fréquemment recours) montre la nécessité pour mieux appréhender cette période de comparer les monuments entre eux. Les cabinets de Curiosité La fortune critique d’un monument ne se limite pas à la sculpture ou au site en question. Tout chef d’œuvre exerce une fascination sur les imaginaires, à l’aune de réappropriations. Parmi les plus singuliers détournements figure celui de Max Ernst et de sa Semaine de bonté (1934) qui consacre le dimanche premier jour de la Semaine de son roman-collage au Lion de Belfort. Quoi de plus éloigné de l’esprit des surréalistes que la sculpture patriotique ? Tout semble l’en éloigner excepté l’intérêt des surréalistes pour les curiosités, la naissance de la ville moderne au XIXe siècle faites d’ambiguïtés et de subtilités, déplaçant le message politique et urbanistique sur le plan onirique. Le Lion de Bartholdi parce qu’il est un motif répandu dans les arts appliqués et dont la symbolique semble de prime abord directe se retrouve plus rapidement encore que sa construction sur les édifices ou les bulletins de souscriptions, les diplômes, les publications des commerçants, les revues locales, la revue municipale, prêtant le flanc à la caricature, il devient le deuxième emblème de la ville. Sa plasticité et sa docilité ne se sont pas démenties depuis sa livraison, ces alvéoles sont consacrées par rotations à son exploitation dans l’imaginaire. 6 Extraits de textes Frédéric-Auguste Bartholdi Colmar, 2 avril 1834 – Paris, 4 octobre 1904 Par Maurice AGULHON Professeur honoraire au Collège de France Membre du Haut comité des célébrations nationales. José Frappa, Portrait d’Auguste Bartholdi, 1900, huile sur toile, 133 x 100 cm, Coll. Musée Bartholdi, Colmar, © Christian Kempf Pierre Petit, Le Lion de Belfort, modèle définitif, en plâtre, 1875. Photographie sur papier albuminé contrecollée sur carton, 26,4 x 38,2 cm. Musées de Belfort © Cl.-H. Bernardot Frédéric-Auguste Bartholdi n’a pas la réputation de génie artistique qui reste attachée, légitimement, à Auguste Rodin, mais il l’égale au moins en célébrité par son goût particulier pour le gigantisme, en un temps où la grandeur du monument de place publique était censée s’harmoniser avec le triomphe idéologique du siècle des nations et de la liberté. Gigantisme et République française sont bien les deux marques originales qui ont valu une gloire durable au « lion de Belfort » (de Belfort à Paris) comme à la « Liberté éclairant le Monde » (de Paris à New York). L’Alsacien Bartholdi, fidèle à son pays d’origine, fut en 1870 un patriote capable de combattre les Prussiens dans une unité de francs tireurs, et il soutint tout aussi naturellement la République de Gambetta. Appelé à célébrer la défense par DenfertRochereau de Belfort assiégée, il reprit le parti déjà utilisé à Lucerne (Suisse) par le danois Thorwaldsen en l’honneur des victimes suisses et royalistes de notre 10 août : sculpter un lion mourant à même la paroi rocheuse d’une montagne. Le lion de Belfort, surplombant Belfort, mais en attitude de combat, est tout aussi géant. Sa reproduction à Paris sur la place Denfert Rochereau, quoique réduite au trois quart, est encore de belle taille, et elle constitue l’un des principaux repères de la Rive gauche. Spécialiste de la grandeur, Bartholdi devait être en charge d’une autre entreprise idéologique et sentimentale, la statue de la Liberté offerte à la République américaine par les libéraux français, bientôt devenus républicains : la France, enfin constituée en une démocratie de liberté, saluant la démocratie américaine qui avait maintenu son unité et aboli enfin l’esclavage. Cette amitié des deux républiques exemplaires, celle de l’ancien monde et celle du nouveau, devant inspirer l’univers entier en l’inondant de sa lumière « éclairant le monde ». 7 Par Régis HUEBER Conservateur du patrimoine, Directeur du Musée Bartholdi, Colmar Frédéric-Auguste Bartholdi, Green River, 1872. Aquarelle, lavis et gouache sur papier (21,5 x 34,5 cm), marouflé sur support cartonné (45,5 x 61,3 cm). Musée Bartholdi, Colmar. Frédéric-Auguste Bartholdi, Horse Guards. Crayon de graphite, encre, aquarelle et lavis sur papier, 22,5 x 14 cm. «Album de l’année 1851». Musée Bartholdi, Colmar. « Il n’y a d’homme plus complet que celui qui a beaucoup voyagé, qui a changé vingt fois la forme de sa pensée et de sa vie », écrit Alphonse de Lamartine dans son Voyage en Orient. Bartholdi compte sans doute aucun parmi ces hommes complets, lui qui se rendit en Italie, lui qui, comme nombre de ses contemporains, se prit de passion pour l’Égypte, lui enfin qui traversa maintes fois l’Atlantique pour y ériger à l’entrée de New York ce qui devint l’emblème des États-Unis, La Liberté éclairant le monde. La France du nord au sud À peine de retour à Colmar, l’on refait les malles – Charlotte se lamentera d’avoir emporté trop d’effets – et en route pour un quasi-tour de France. Du 11 août au 30 septembre 1851, Mme Bartholdi et ses fils visiteront les châteaux de la Loire – à Amboise, ils aperçoivent Abd El-Kader et son frère, dont la beauté trouble Charlotte –, Bordeaux, Bayonne, les Pyrénées. Excursions à cheval au cirque de Gavarni, au pic du Midi. L’imprécision et la discontinuité des notes consignées dans l’agenda de Charlotte, brouillent l’itinéraire. Auguste et son frère, semble-t-il, sont allés vagabonder en Espagne. Puis tous trois excursionnent au val d’Aran, en Catalogne. Plus tard, nous retrouvons les voyageurs à Bagnères-de-Luchon. En diligence, ils se voiturent à Montauban, Toulouse, Montpellier où s’amorce le retour. Haltes à Nîmes, Lyon, Besançon. Bientôt, ils seront rendus à Colmar. Fin de parcours. Auguste et Jean- Charles n’ont point chômé : quantité de dessins difficilement attribuables à l’un ou l’autre frère et précieusement conservés par Charlotte sont parvenus jusqu’à nous. 8 Un animal monumental Signification et perception Par Robert BELOT Professeur d’Université, Directeur du laboratoire Récits Frédéric-Auguste Bartholdi, Adieu au pays, 1900. Groupe en plâtre, 82 x 130 x 49,5 cm. Musée Bartholdi, Colmar © Chr. Kempf Jean-Léon Gérôme, Lion couché, 1878. Dessin au crayon de graphite, 12 x 18 cm. Musée Bartholdi, Colmar © Chr. Kempf De son inauguration, discrète pour des raisons diplomatiques, à nos jours, le Lion de Belfort s’est vu chargé de multiples significations, espoirs, revendications politiques ou patriotiques. Figuratif sans être trop explicite, l’animal a pu se faire, au gré des époques, le porteur de messages et d’aspirations variés. La force d’une œuvre d’art, et particulièrement d’une œuvre monumentale à haute teneur allégorique et symbolique, est d’échapper à son auteur et à sa signification première pour être appropriée par « l’imaginaire collectif ». Elle réside en sa capacité à être lue et perçue par d’autres générations en fonction d’événements postérieurs à ceux qui lui ont donné naissance. Le Lion de Belfort appartient à cette catégorie. Comme toute œuvre commémorative devenue symbole, sa nature est polysémique, et la perception qu’on en a évolue. On peut retracer l’histoire de cette mémoire. Simplicité esthétique, complexité politique Le succès d’un monument dépend d’une alchimie complexe entre l’œuvre, l’événement et un horizon d’attente sociale. La mission de Bartholdi n’était pas simple. Il devait traduire la souffrance que représente pour la France la défaite de 1871 : la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. Mais ce ne devait pas être un geste funéraire et doloriste puisque ce monument avait vocation à rendre hommage à la résistance de la place forte de Belfort face aux Prussiens. 9 Un artiste et son commanditaire Bartholdi et la Ville de Belfort Par Yves PAGNOT Conservateur en chef du patrimoine, Directeur des archives de Belfort Frédéric-Auguste Bartholdi, Maquette définitive du monument des Trois Sièges, 1880. Plâtre polychrome, 94 x 121,5 cm. Musées de Belfort © Cl.-H. Bernardot La ville de Belfort peut s’enorgueillir de posséder deux œuvres de Bartholdi : le célèbre Lion, et un second monument commémoratif, les 3 Sièges. De nombreuses difficultés s’élevèrent pourtant sur le chemin du sculpteur, qui ne parvint à honorer avant sa mort que la première de ces commandes, la seconde ayant vu le jour grâce à l’infaillible énergie de son épouse. La réalisation d’un monument public concerne principalement deux acteurs : la collectivité qui passe commande de l’œuvre et l’artiste qui la conçoit et l’exécute. Frédéric-Auguste Bartholdi a imaginé deux œuvres qui furent érigées à Belfort. La première est le Lion, sculpture monumentale, emblématique de la résistance héroïque de la garnison et de la population pendant le siège. La seconde est moins connue : le monument des Trois Sièges, réalisé après sa mort sur la place de la République. Chaque monument a connu une gestation compliquée. La mort de l’artiste peut expliquer en partie – mais en partie seulement – les difficultés du second projet qui faillit ne pas aboutir, mais le projet du Lion portait déjà la marque de problèmes semblables. Il nous a donc paru intéressant d’éclairer le déroulement des événements de la commande à la livraison de l’œuvre, afin d’essayer de comprendre les causes de ces difficultés. Est-ce l’artiste qui ne remplit pas son contrat ? Est-ce au contraire le commanditaire qui maîtrise mal la gestion du projet ? Nous allons tenter de le savoir en examinant précisément les faits, tels qu’ils ressortent de la correspondance échangée, et des décisions prises par les deux parties. 10 La réception du Lion par l’opinion publique locale Par Jean MARTELET Membre de la Société Belfortaine d’Émulation Frédéric-Auguste Bartholdi, Maquette pour le monument à Thiers et Denfert. Plâtre et socle en bois, 100 x 178 x 71,5 cm. Musées de Belfort © Cl.-H. Bernardot Nombre de Belfortains n’eurent pas la prescience de la destinée du Lion monumental, un des chefs d’œuvre d’Auguste Bartholdi, lors de son édification ; même si, au cours de sa gestation, le sculpteur s’appuya sur des bienveillances locales. Bien avant même son achèvement, l’opinion publique nationale en faisait, en revanche, l’emblème par excellence de cette petite cité que les Prussiens ne parvinrent pas à réduire militairement. Cette identification résultait de l’écho de la souscription nationale et du Lion de Belfort, une réduction en bronze, finalement érigée sur la place Denfert-Rochereau à Paris et inaugurée en septembre 1880. Des sympathies originelles à l’indifférence de la ville La passion qui habitait Auguste Bartholdi gagna-t-elle la population, via ses notables ? La réponse repose sur des bribes d’informations. Le maire Louis Parisot, successeur d’Édouard Mény à partir de septembre 1872, accepta la présidence du comité du Lion. Mais c’est à Auguste Juster, une autre personnalité locale, qu’il revint d’être la cheville ouvrière du Lion. Conseiller municipal de Belfort, également à la tête du comice agricole et d’associations caritatives ou confessionnelles, il se dépensa sans compter pour le mandat qui lui avait été confié : « Veiller à toutes les opérations de la souscription du monument à élever aux défenseurs de Belfort suivant le projet de M. Bartholdi ». Bien que fervent catholique, il défendit la cause républicaine aux élections cantonales (1871) ; mais sans l’agrément de ses voix autorisées. Alors que le projet de Bartholdi prenait corps et que s’ouvrait, en vertu d’une délibération du conseil municipal de Belfort (décembre 1873), une souscription nationale pour en assurer le financement évalué à 50 000 francs, une véritable « union sacrée » se bâtissait à Belfort. La réalisation du Lion monumental était bien le seul et unique objectif à être porté par les deux journaux locaux : le très réactionnaire Journal de Belfort et le Libéral de l’Est, l’organe des républicains modérés. 11 Le Lion et son image Par André LARGER Membre de la Société Belfortaine d’Émulation L’Alsace et la Lorraine aux oiseaux de France. Tirage photographique avec rehauts d’aquarelle, 9 x 14 cm. Collection particulière Qui vive ? France ! Tirage photographique avec rehauts d’aquarelle, 9 x 14 cm. Collection particulière Sollicité en janvier 1872 par Édouard Mény, le maire de Belfort, afin « d’élever un monument à la mémoire et en témoignage de reconnaissance pour les victimes du mémorable siège de 1870-1871 », Auguste Bartholdi s’empare du projet, le fait sien et l’élargit bien au-delà de l’idée de départ. Son souci premier est de donner à son œuvre « un caractère original bien spécial et digne du patriotisme de la ville de Belfort », c’est-àdire de concevoir un monument qui ne soit pas applicable « à n’importe quelle ville », mais spécifique à la cité qui vient de « J’ai pensé que le sentiment exprimé dans l’œuvre doit surtout glorifier l’énergie de la défense. Ce n’est ni une victoire, ni une défaite qu’elle doit rappeler, c’est une lutte glorieuse dont il faut transmettre la tradition pour la perpétuer et dont le souvenir doit couronner la ville de Belfort ». C’est le lion « harcelé, acculé et terrible en sa fureur » de son premier projet. Le souvenir des défenseurs n’est rappelé que par l’inscription qui doit figurer sur le socle : « Aux défenseurs de Belfort 1870-1871 », et qui ne sera gravée qu’en 1890, dix ans après l’achèvement du monument. Une immédiate polysémie Quelques mois plus tard, à l’automne 1873, toute trace de violence a disparu. Le lion nouveau est l’image de la force tranquille, sereine, protectrice, capable, en cas de danger, d’opposer une résistance farouche afin de défendre son territoire. Il impressionne, ne menace plus directement : il n’y a rien de violent et je crois que les bavards qui veulent faire croire que cela pourrait offenser les Allemands en seront pour leurs frais », précise le sculpteur. En 1880, son œuvre achevée, Auguste Bartholdi va, à la demande des autorités françaises, jusqu’à renoncer à une inauguration officielle afin de ne pas troubler les relations franco- allemandes toujours délicates. Sentinelle vigilante, le lion de grès rose veille sur la cité qui, en 1870-1871, a su résister à l’ennemi et qui est donnée en exemple au pays tout entier. La souscription, lancée peu après le début du projet, popularise cette image, l’imprègne dans la conscience collective française et même étrangère. Belfort devient la « cité du Lion ». 12 Chasse gardée ou Bartholdi et la tradition de la sculpture animalière Par Nicolas SURLAPIERRE Conservateur du patrimoine, Directeur des musées de Belfort Antoine-Louis Barye, Lion marchant ou Lion qui marche, 1836, plâtre teinté, 23,5 x 39,5 x 10 cm. Musée Bartholdi, Colmar © Chr. Kempf La sculpture animalière a bénéficié corrélativement d’un énorme succès et d’une sorte de dédain qui n’était qu’une méprise sur ses possibilités formelles et la portée de ses significations. Pour ne parler que du XIXe siècle, ce domaine a eu bien du mal à être regardé d’une façon autonome et à dépasser l’histoire de goût (souvent qualifié de « mauvais ») et de mode. La littérature n’a pas non plus épargné à la sculpture animalière sa fausse parenté avec les bibelots, représentations toujours susceptibles de finir en pressepapiers, en garniture de bureau ou en parure de cheminée. Les moralisations de la figure des animaux chez les fabulistes qui ne prenaient la parole que pour stigmatiser les travers d’un régime, d’une société, les ridicules ou les abus de confiance ou de pouvoir n’avaient pas peu compté pour renforcer la bimbeloterie poétique, miniaturisante, qui nimbait cette partie de la sculpture. Tous ces facteurs n’avaient fait que renforcer des préjugés d’autant plus tenaces qu’une partie de la production leur donnait raison ; presque tous les sculpteurs du XIXe s’y étaient pourtant exercés, et pas seulement pour des raisons alimentaires ou d’apprentissage. Aimé-Jules Dalou (1838-1902) ou Auguste Rodin (18401917) n’avaient pas dédaigné ce sujet. La distance avec l’orientation de Bartholdi se mesurait à l’aune de l’expressivité d’un animal doté pour le premier de la symbolique inspirée de la sculpture du XVIIe, réservant les effets de ses recherches à d’autres parties et, pour le second, à des muscles qui conféraient une psychologie presque humaine à l’animal et que la main du sculpteur caressait autant qu’elle les dotait d’une sensibilité particulière. Or, ni Dalou, ni Rodin, ni Bartholdi n’étaient des sculpteurs animaliers, ils étaient seulement des sculpteurs pour qui l’animal avait sa place, souvent en figure d’appoint, ce qui n’enlevait rien à sa portée. Il ne suffisait pas de faire un chef-d’œuvre de la sculpture animalière pour en obtenir le titre ou être reconnu pour cela. 13 Un lion superbe et généreux ou un détournement : Une Semaine de bonté par Max Ernst Par Nicolas SURLAPIERRE Conservateur du patrimoine, Directeur des musées de Belfort Max Ernst, Le Lion de Belfort 33, 1934. Lithographie, 15,6 x 12,7 cm. © ADAGP, Paris 2011 Max Ernst, Le lion de Belfort 18, lithographie, 15,70 x 12,40 cm, 1934, Paris, Éditions Jeanne Bucher « J’ai vu, de mes yeux, reculer les apparences des choses et j’en ai éprouvé une joie calme et féroce ». Max Ernst, 1936 Atypique, le Lion de Belfort qui ouvre Une Semaine de bonté est en regard du surréalisme une curiosité, car rien ne paraît plus éloigné de l’esprit libertaire du surréalisme que la statuomanie républicaine. Les positions poétiques, plastiques et politiques du surréalisme semblent peu compatibles avec le patriotisme et l’idéal héroïque de la fin du XIXe siècle en France. Les surréalistes n’aimaient pas particulièrement cette forme de sculpture, ils aimaient « follement» le XIXe siècle en tant que réhabilitation « d’un futur bon vieux temps » (Werner Spies). Le XIXe siècle des surréalistes (ayant pour principal modèle Paris) était urbain : villes des passages, des mélanges entre verre et acier, des dérives possibles d’un boulevard à l’autre, des poètes maudits, des boutiques obscures, des réunions occultes, de la lumière artificielle, des becs de gaz et de corbeaux, des rencontres de hasard au hasard des rencontres, l’imaginaire d’un siècle où l’imagerie était appréciée moins pour son inventivité graphique que pour des raisons plus étranges telle la qualité ou la richesse d’une iconographie même si celle-ci s’exprimait dans l’assemblage d’images qui, prises séparément, étaient très convenues bien que peu convenables. La société du XIXe, avec ses principes qui sacraient le réalisme, parfois pompeux ou pompier, cultivait des zones d’ombres où il était possible de croire aux contes de fées, aux poésies, aux anamorphoses, aux bribes de rêves, aux effusions d’hommes et de femmes enfermés dans des principes, aux duels, aux enfants maltraités ou aux récits d’enterrés vivants à faire frémir, et aux détectives, au préfet de police clairvoyant face à un tel inventaire de l’effroi dont la poéticité n’avait pas échappé à l’artiste. L’acuité visuelle de Max Ernst s’exprimait pleinement dans l’analogie qu’il avait repérée dans les figurines aux atours de griffons et de grisettes, entre les comportements normatifs de la bourgeoisie et les extravagances du monde des pulsions et des fantasmes que la contenance entretenait croyant les combattre. 14 Sélection d’œuvres exposées Frédéric - Auguste Bartholdi, La Statue de la liberté, modèle dit « Du comité », Terre cuite. Musée Bartholdi, Colmar en dépôt au Musée d’Histoire citadelle de Belfort © Christian Kempf. Statue de la Liberté Monument commémoratif du centenaire de l’Indépendance des États-Unis (1776-1876), La Liberté éclairant le monde, popularisée sous le nom de « Statue de la Liberté » demeure la plus célèbre des œuvres conçues par Bartholdi et compte au nombre des réalisations technologiques majeures du XIXe siècle. Lors du premier séjour que Bartholdi effectue aux États-Unis (juin-novembre 1871), le sculpteur repère le site idéal pour l’érection de sa « grande œuvre », Bedloe’s Island (aujourd’hui Liberty Island), dans la rade de New-York. Bartholdi choisit de lui donner les traits et la gravité de la déesse romaine de la Liberté. Frédéric-Auguste Bartholdi, Adieu au pays, 1900, groupe en plâtre, 82 x 130 x 49,50 cm, Musée Bartholdi, Colmar en dépôt au Musée d’Histoire citadelle de Belfort © Christian Kempf Adieu au pays Cette maquette préparatoire à la sculpture en marbre présentée par l’artiste lors de l’Exposition Universelle et Internationale de 1900 (Paris), aujourd’hui disparue, évoque l’exil des Alsaciens-Lorrains lors de la guerre de 1870-1871. Une jeune mère et ses deux enfants ou une jeune fille et ses frères et sœurs, orphelins fuient le théâtre de la guerre. Malgré l’intensité du moment et son jeune âge, le personnage principal garde une sorte de calme, toujours pour le sculpteur synonyme de courage. 15 Frédéric-Auguste Bartholdi, Christophe Colomb, plâtre, nd. Coll. Musée Bartholdi, Colmar en dépôt au Musée d’Histoire citadelle de Belfort. Christophe Colomb En 1893, à Chicago, dans l’un des pavillons de l’Exposition commémorative du quatrième centenaire de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492), les visiteurs découvraient une statue extraordinaire figurant Christophe Colomb, haute de 2 mètres et fondue en argent massif : « probably the largest statue ever fashioned in silver ». Le plâtre mis en dépôt par le Musée Barhtoldi de Colmar est l’étude qui servit à sa fonte. Elle évoque dans un geste épique le néoromantisme de Bartholdi, son goût pour les États-Unis synonyme de son appétence pour les découvertes. Le Génie dans les Griffes de la Misère, 1859, groupe en plâtre Musée Bartholdi, Colmar en dépôt au Musée d’Histoire – citadelle de Belfort Le Génie dans les Griffes de la Misère Le modèle en plâtre du Génie fut exposé à Paris, au Salon de 1859. Cette allégorie de la misère se joue du poncif de l’artiste incompris, solitaire et misérable, cher aux Romantiques et qui a donné lieu à quantité d’expressions littéraires et artistiques tout au long du siècle. Il n’y a rien d’autobiographique dans ce sujet, cependant Bartholdi alors très jeune dit son hésitation entre l’expressivité, le pathos et la ligne classique. La moquerie de Bartholdi trahit un réel sens de l’humour noir. 16 Chronologie 1870 : Bartholdi réalise un premier modèle de la statue de la "Liberté éclairant le monde". 1871 : Bartholdi effectue son premier voyage aux États-Unis, afin de choisir le site où doit être installée la statue, cadeau de la France pour le centenaire de l'Indépendance. 1870-1871 : le colonel DenfertRochereau défend victorieusement Belfort pendant 103 jours. 5 décembre 1871 : la Ville de Belfort prend la décision de faire élever un monument commémoratif des victimes du siège de la place forte. construction du Lion de Bartholdi sur l’ouvrage 106 de la citadelle de Belfort. septembre 1873 : Bartholdi tente de placer sur le rocher de la citadelle la représentation sur toile du Lion de Belfort qu’il a exécutée pour juger de l’effet que produirait son œuvre. Le vent contrarie son expérience. 12 mai 1874 : 55 000 francs sont déjà réunis par le comité de souscription au Lion de Belfort ; 10 000 francs sont réunis par le comité de souscription de Paris. 20 août 1874 : Bartholdi trace en blanc sur le rocher, sous la citadelle, afin d’apprécier le futur contour du Lion de Belfort sur son emplacement définitif. 1872 : projet initial du Lion. 24 janvier 1872 : Bartholdi répond favorablement à la demande du maire de Belfort de participer au concours pour l’élévation du monument. 16 mars 1872 : « Ce monument doit vivre avec la vie publique, devenir un besoin dans l’aspect de la ville et s’identifier à elle. » (lettre de Bartholdi au Maire de Belfort). août 1872 : « Le monument représente, sous forme colossale, un lion harcelé, acculé et terrible encore en sa fureur. » […] « Le sentiment exprimé dans l’œuvre doit surtout glorifier l’énergie de la défense. Ce n’est ni une victoire ni une défaite qu’elle doit rappeler. » (lettres de Bartholdi au Maire de Belfort). octobre 1874 : Bartholdi étudie les lions du jardin des plantes à Paris. 1875 : Bartholdi entreprend la réalisation de la statue de la "Liberté éclairant le monde", haute de 46 mètres dans son atelier de la rue Vavin à Paris. Juin 1875 : Les travaux de terrassement nécessaires pour l’installation du Lion sur son emplacement définitif sont en cours d’exécution. Bartholdi, chargé du travail, va souvent à Belfort visiter les travaux pour s’assurer de l’exécution de ses ordres. Septembre 1875: Bartholdi arrête le projet définitif du Lion de Belfort. 2 août 1873 : les troupes d’occupation prussiennes quittent la ville. 14 juin 1873 : le général Du Barail accorde une concession annuelle pour la 17 Mai 1876 : Pose des premiers échafaudages de la construction du lion monumental après l’achèvement des travaux de terrassement réalisés en 1875. 14 janvier 1880 : Le Lion de Belfort est définitivement débarrassé des échafaudages. Août 1880 : Bartholdi achève son œuvre. Mi-septembre 1877 : début du travail de pose des pierres composant le Lion monumental érigé sur le devant de la citadelle de Belfort. Les alentours de la queue de l’animal, longue de plusieurs mètres, sont déjà visibles à la fin du même mois. Une machine à vapeur, faisant mouvoir le treuil destiné à monter les matériaux, est sensée soulager la manœuvre du chantier. 7 juin 1878 : la Ville de Belfort prend la décision de faire élever « un monument destiné à perpétuer le souvenir de la conservation de Belfort à la France et la mémoire des deux grands citoyens Thiers et Denfert auxquels elle est due.» Le projet de monument proposé par Bartholdi est jugé trop onéreux par le conseil municipal. Le concours est finalement attribué à Antonin Mercié. Eté 1878 : Le Lion n’est encore qu’à moitié établi de sa base. Début septembre 1879 : Pose de la dernière pierre du Lion. L’œuvre est terminée dans le gros œuvre, sauf les détails de sculpture. Mi-septembre 1879 : exécution au ciseau des détails de la sculpture et principalement de la tête du Lion par Bartholdi et ses ouvriers à partir d’un modèle réduit au 1/16ème. 24 septembre 1879 : première visite officielle du Lion par Monsieur Lepère, Ministre de l’Intérieur ; le monument est éclairé à la lampe électrique pour l’occasion. 1er septembre 1880 : Livraison du Lion et mise en lumière du monument par un feu de Bengale. 31 août monument Mercié. 1885 : Quand inauguration du même d’Antonin 28 octobre 1886 : La Statue de la Liberté est inaugurée dans la rade de New York sur l’île de Bedloe. 1889 : La Ville de Belfort prend la décision de faire élever un monument dédié au général Lecourbe. 1893 : Le Club Alpin Français (section de Belfort) fait graver la dédicace « aux défenseurs de Belfort 1870 – 1871 » sur le socle du Lion grâce aux fonds récoltés par le droit d’accès payant mis en place en 1890. 13 avril 1901 : La Ville de Belfort prend la décision de faire élever un monument dédié au colonel Denfert-Rochereau. 1904 : décès de Bartholdi 1910 : frappe de la médaille commémorative destinée aux défenseurs du siège de 1870 – 1871 et livraison du brevet, dessinés par Bartholdi. 15 août 1913 : inauguration du Monument des Trois sièges conçu par Bartholdi et réalisé par Hubert-Louis Noël, ancien élève de l’artiste. 20 avril 1931 : classement du Lion de Belfort parmi les monuments historiques de la France. 18 Publication Hors-série Bartholdi et le lion de Belfort, Dossier de l’art, éditions Faton 72 pages Tirage : 15 000 exemplaires Prix de vente : 8,5 € Hors-série du Dossier de l’Art édité par Éditions Faton, 25 rue Berbisey - 21000 DIJON www.dossier-art.com - Directeur de la publication Jeanne Faton - Coordination éditoriale Laurence Caillaud - Impression Loire Offset Titoulet, Saint-Étienne - Commission paritaire 0414 K 84745. ISSN 0998-8041 - Imprimé en France / Printed in France - © 2011, Éditions Faton SAS. Textes de : Maurice Agulhon, Robert Belot, Étienne Butzbach, Régis Hueber, André Larger, Jean Martelet, Jérôme Marche, Yves Pagnot Nicolas Surlapierre et Lauriane Vogel. 19 Programmation autour des expositions Un week-end d’ouverture et de découverte Pour marquer cet événement, le Musée d’Histoire de Belfort ouvre ses portes samedi 12 et dimanche 13 mars 2011 de 10h à 19h sans interruption et propose des visites guidées et des ateliers. Entrée libre et gratuite (sur inscription et dans la limite des places disponibles). À partir de 14 h, participez aux animations aux Batteries Hautes Haxo : visites commentées à 14 h et à 17 h. Samedi 12 mars 15 h 30 : un Concert le Lion embarroqué avec l’ensemble baroque Holone. Le Lion est courageux, protecteur ou féroce. Entre textes et musiques, l’ensemble Holone propose une échappée baroque évoquant le Lion et ses représentations à travers l’histoire de l’Europe. Dimanche 13 mars Un atelier modelage autour de Bartholdi sera proposé par Serge Neimer, sculpteur et chargé de cours à l’École d’art Gérard Jacot. Cet atelier aura lieu dans l’espace éducatif des Batteries Haxo Hautes. 1er atelier à 14 h (durée 1 h 30), 2e atelier de 15 h 45 (durée 1 h 30) Ouvert à tous sur inscription 17 h 30 : l’englouti d’Amérique, mise en scène par Anne Montfort Le spectacle raconte le voyage du sculpteur Bartholdi à New-York, ses lettres quotidiennes à sa mère au moment où il réalise la Statue de la Liberté et presque simultanément le Lion de Belfort. L’accès aux animations, au Musée et au Lion est gratuit durant le week-end (dans la limite des places disponibles pour les représentations et visites guidées). Contact : 03 84 54 25 51 Exposition l’audace monumentale 9 Juin –25 septembre 2011 L’exposition l’audace monumentale entend répondre à la question qu’est-ce que sculpter aujourd’hui ? L’exposition est conçue en deux parties en partenariat et en concertation avec des structures dynamiques en matière d’art contemporain ou à l’écoute de la création actuelle : FRAC Franche Comté – CCN FC – Théâtre Granit – Espace multimédia et de culture numérique Gantner et la Bibliothèque Universitaire de Belfort. La monumentalité n’est, selon les historiens de la sculpture, ni une question de taille, ni l’adaptation d’une maquette à une grande dimension, le monumental l’est dès son origine, sa conception. La notion de sculpture monumentale a considérablement évolué depuis les années 1960. Alors que tout se réduit, s’allège, ne serait-ce que dans le domaine des nanotechnologies, il est impossible d’ignorer sa persistance et la volonté des artistes contemporains d’embrasser des champs d’investigation et d’expériences de plus en plus larges. Davantage qu’une technique, celle-ci est devenue un mode de penser l’art, de le pratiquer et de s’y déplacer à la recherche d’informations. 20 Visuels disponibles pour la presse Frédéric-Auguste Bartholdi, La Statue de la liberté, modèle dit « Du comité », terre cuite, 1878. Coll. Musée Bartholdi, Colmar © Christian Kempf. Frédéric-Auguste Bartholdi, L’arrivée des émissaires suisses, siège de Strasbourg, 1895, relief en plâtre, 78 x 161 cm, Coll. Musées de Strasbourg. Frédéric-Auguste Bartholdi, In Clade Decus, n.d., groupe en terre cuite, 36 x 23,80 x 16,70 cm, Coll. Musée Bartholdi Colmar, © Christian Kempf. Aubert Louis-Noël, Portrait en plâtre d’Auguste Bartholdi, nd, 250 cm, plâtre, Coll. Musées de Belfort, © Claude-Henri Bernardot. Pierre Petit, Le Lion de Belfort, modèle définitif, en plâtre, au tiers d'exécution, 26.4 x 38.2 cm, photographie sur papier albuminé contrecollée sur carton, 1875, s.n., Coll. Musées de Belfort, © Claude-Henri Bernardot Jean-Léon Gérôme, Lion couché, 1878, dessin au crayon de graphite, 12 x 18 cm, Coll. Musée Bartholdi Colmar, © Christian Kempf 21 Frédéric-Auguste Bartholdi, Green River, 1872, aquarelle, lavis et gouache sur papier (21,5 x 34,5 cm), marouflé sur support cartonné (45,5 x 61,3 cm), Coll. Musée Bartholdi, Colmar. Frédéric-Auguste Bartholdi, Horse Guards, crayon de graphite, encre, aquarelle et lavis sur papier, 22,5 x 14 cm. «Album de l’année 1851», Coll. Musée Bartholdi, Colmar. Frédéric-Auguste Bartholdi, Adieu au pays, 1900, groupe en plâtre, 82 x 130 x 49,50 cm. Musée Bartholdi, Colmar © Christian Kempf Frédéric-Auguste Bartholdi, Le Lion et l’Alsacienne, terre cuite, 27,5 x 41 x 12,5 cm, Musée Bartholdi, Colmar © Christian Kempf Henri Zislin, Dur’s Elsass, fête de gymnastique du 14, 15 août à Belfort. Musées de Belfort © Claude-Henri Bernardot Léon Bombled, Panorama des provinces de l’Est. Sites et costumes, 1912-1914. Chromolithographie, 38,50 x 55 cm. Musées de Belfort © Claude-Henri Bernardot 22 Partenaires Les déposants et les prêteurs Les partenaires Archives départementales du Territoire de Belfort Jean-Christophe Tamborini, directeur adjoint Direction Générale des Patrimoines, Service des Musées de France, Paris Anne-Solène Rolland Conseillère « musée et patrimoine » au cabinet de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication Archives Municipales, Belfort Yves Pagnot Conservateur en chef du patrimoine, directeur Bibliothèque Municipale, Belfort Nicole Otto Directrice Philippe Bélaval Directeur général des patrimoines, ministère de la Culture et de la Communication Marie-Christine Labourdette Directrice adjointe chargée des musées Yvette Bülher Conservatrice du patrimoine Musée Bartholdi, Colmar Régis Hueber Conservateur en chef du patrimoine, directeur Musée Roger Quillot, Clermont-Ferrand Nathalie Roux Conservatrice en chef du patrimoine, directrice Musées de Strasbourg Joëlle Pijaudier-Cabot Conservatrice en chef du patrimoine, directrice des Musées Ludovic Chauwin Régisseur des collections Strasbourg Annie Cordelier Conseillère pour les musées Association des Franche-Comté Typhaine Lefoll Présidente Conservateurs de Les restaurateurs des musées de Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg Estelle Pietrzyk Conservatrice du patrimoine – directrice Héloïse Conesa Conservatrice du moderne Direction Générale des Affaires Culturelles de Franche-Comté, Besançon Lazare Paupert Directeur général patrimoine, section Société Belfortaine d’émulation Michel Rilliot Président art LP’3, Semur en Auxois Philippe Langot, Florence Benoit Jacob Harvengt, Restaurateur, Belfort Serge Neimer Centre Régional de Restauration et Conservation des Œuvres d’Art, Vesoul, Frédérique Orvas de Les photographes Régis Antoine, Christian Kempf et Philippe Bellossat 23 Le musée d’histoire – citadelle de Belfort Installé dans la Citadelle de Belfort, le Musée d'Histoire voit le jour en 1872 sous l'impulsion de Société Belfortaine d'Émulation. Il est le complément indispensable à la visite du Grand Souterrain et permet de retrouver et d’approfondir en images les épisodes qui ont marqué la vie de Belfort, de la Charte de Franchise à la Seconde Guerre mondiale. Détail d'un projet pour le monument Vue d'une salle du musée belfortain : au centre, le Lion écorché de Barye, au fond, son 1er projet du Lion de Belfort, et à droite, la version presque définitive des aéronautes (1902) Vues de l’espace Bartholdi – musée d’histoire – citadelle de Belfort. Ouverture tous les jours sauf le mardi De 10h à 18h (juillet, août, septembre) De 10h à 12h et de 14h à 17h (octobre, novembre) 24 Le Lion de Bartholdi - Citadelle de Belfort Au terme de 103 jours de siège (du 3 novembre 1870 au 13 février 1871), les troupes du colonel Denfert-Rochereau ne cèdent la ville que sur ordre du gouvernement français qui vient de capituler. Cette résistance valut au Territoire de Belfort de rester français alors qu’une partie de l’Alsace et de la Lorraine était annexée par l’Allemagne. En décembre 1871, quand l’occupant est toujours dans la place, la municipalité belfortaine décide d’élever un monument à la mémoire des victimes du siège. Frédéric-Auguste Bartholdi (1834-1904), sculpteur originaire de Colmar, soumet un projet dont les ambitions n’ont d’égale que la statue qu’il imaginera plus tard pour les Etats-Unis (La Liberté éclairant le peuple) : ériger en contrebas du rocher de la citadelle un lion monumental « terrible encore en sa fureur ». L’artiste propose un symbole animal intemporel pour « glorifier l’énergie de la défense » plutôt que le rappel d’une victoire ou d’une défaite. Véhiculée par les cartes postales et la publicité, l’image du Lion ne tarde pas à être indissociable de celle de la ville. En 1931, le Lion est classé monument historique. Lion de Belfort, vue actuelle. Ouverture tous les jours De 10h à 18h (juillet, août, septembre) De 10h à 12h et de 14h à 17h (octobre, novembre) 25 Le Grand souterrain Dans ce bâtiment voûté, « à l’épreuve de la bombe » selon le mot de Vauban, qui servit de casernement lors du siège de 1870-71, découvrez l’histoire d’une cité qui incarne une certaine conception de la citoyenneté française. Le Grand Souterrain mêle lumières, projections vidéo, musiques et commentaires audio pour mieux vous emmener à la rencontre de quelques grands défenseurs de la patrie et de la liberté dont les noms sonnent si familièrement aux oreilles des Belfortains : Vauban, Kléber, Denfert-Rochereau, Bartholdi… En route vers le Grand Souterrain, muni de votre audioguide, vous apprécierez également les histoires racontées par des personnages ayant vécu à Belfort, anonymes ou célèbres, réels ou fictifs, au cours de la promenade dans le grand couronné (fossé) du Comte de la Suze. Pour les plus jeunes, une version quiz dans le fossé et dans le Grand Souterrain, une évocation amusante de l’histoire par le faucon pèlerin qui nichait dans la citadelle. © Véronique Hubert Renseignements : 03 84 54 25 51 26 Les autres musées de Belfort Musée des Beaux-arts-Tour 41 rue Georges Pompidou-Belfort Le Musée des Beaux-arts présente des collections de peinture, sculpture, dessin et arts décoratifs de la fin du Moyen-âge à nos jours. Très marquées par les écoles du Nord pour les époques anciennes, les collections se diversifient au XIXe siècle avec l'apparition de l'école orientaliste, de l'école de Barbizon, de l'impressionnisme et au XXe siècle avec le postimpressionnisme et l'École de Paris. Aménagé en 2008 au sein de la ville historique dans une tour bastionnée spécialement conçue par Vauban pour la défense de Belfort, ce nouveau musée offre un regard croisé sur les collections, dans un cadre architectural soigneusement préservé et mis en valeur. Les espaces disposés autour d'un pilier central pentagonal se succèdent au rythme des salles d'exposition, des lieux de repos, des points de vue sur l'enceinte fortifiée et sur l'architecture. Dans cette nouvelle scénographie, c'est un parcours thématique qui a été privilégié. Il s'organise autour de cinq thèmes : l'allégorie, l'inspiration religieuse, le paysage, le portrait et rend hommage à l'œuvre de Camille Lefèvre, sculpteur et collectionneur dont la donation en 1933 offre l'occasion aux musées de Belfort de s'ouvrir sur l'art moderne. Gustave Doré, Entre ciel et terre, 1817. © Musée des Beaux-arts de Belfort. François-Joseph Heim, La vigilance, huile sur toile, huile sur toile, 1862. © Musée des Beaux-arts de Belfort. Ouverture tous les jours sauf le mardi De 10h à 18h (juillet, août, septembre) De 10h à 12h et de 14h à 17h (octobre, novembre) 27 Musée d’art moderne-Donation Maurice Jardot 8, rue de Mulhouse-Belfort André Beaudin, Georges Braque, Marc Chagall, Juan Gris, Otto Guttfreund, Eugène de Kermadec, Elie Lascaux, Henri Laurens, Fernand Léger, Le Corbusier, André Masson, Pablo Picasso constituent les noms des plus prestigieux artistes de la première moitié du XXe siècle collectionnés pendant 40 ans par Maurice Jardot. Historien de l’art, conservateur général du patrimoine, puis directeur artistique d’une des plus prestigieuses galeries d’art moderne de Paris, la Galerie Louise Leiris anciennement Daniel-Henry Kanhnweiler, Maurice Jardot donne le 13 septembre 1997 à la ville de Belfort 112 œuvres comprenant des peintures, des sculptures, des aquarelles, des gouaches des gravures de sa collection. Celle-ci est désormais visible et accessible à tous dans l’ancienne maison bourgeoise du poète belfortain Léon Deubel. Cette belle demeure acquise en 1929 par la Ville de Belfort a fait l’objet de travaux de réaménagement qui ont été réalisés par l’architecte Robert Rebutato, fidèle à l’esprit de la galerie Louise Leiris dont l’atmosphère est perceptible rue de Mulhouse. Les réaménagements intérieurs ainsi que la muséographie sont l’œuvre de Pernette Perriand, la fille de Charlotte Perriand, formée auprès de Le Corbusier, assurant ainsi un lien supplémentaire et fort avec l’une des donations d’art moderne les plus remarquables de ces dix dernières années. Georges Braque, étude pour le plafond du Louvre, gouache sur papier, 1953. © ADAGP Henri Laurens, La petite musicienne, bronze, 1937. © ADAGP Ouverture tous les jours sauf le mardi De 10h à 18h (juillet, août, septembre) De 10h à 12h et de 14h à 17h (octobre, novembre) 28 Équipe des musées de Belfort Nicolas Surlapierre Directeur, conservateur du patrimoine [email protected] 03 84 54 25 50 Anne-Marie Gonitzke-Doledec Chargée des collections et des expositions [email protected] 03 84 54 25 64 Jérôme Marche Chargé de la médiation et des expositions [email protected] 03 84 54 26 42 Catherine Croissant Chargée de la comptabilité [email protected] 03 84 54 25 52 Lydie Thiébaut Secrétaire [email protected] 03 84 54 25 51 Contact presse musée : Tél. 03 84 54 25 51 [email protected] Contact communication : Loredana Romano Tél. 03 84 54 27 48 29 Pour visiter les musées de Belfort Lion de Bartholdi – Citadelle Tél. 03 84 28 15 78 Musée d’Histoire et parcours découverte de la Citadelle - Citadelle Tél. 03 84 54 25 51 - Fax 03 84 28 52 96 Musée d’Art moderne – donation Maurice Jardot 8 rue de Mulhouse Tél. 03 84 90 40 70 - Fax 03 84 90 40 71 Musée des Beaux-Arts – Tour 41 Rue Georges Pompidou - Tél. 03 84 22 16 73 Salle d’exposition temporaire – Tour 46 Tél. 03 84 54 25 51 Horaires Ouverts tous les jours sauf le mardi Du 1er octobre au 31 mars de 10 h à 12 h et de 14 h à 17 h Du 1er avril au 31 mai de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h Du 1er juin au 30 septembre de 10 h à 18 h Fermeture les 1er janvier, 1er novembre et 25 décembre (Ces horaires sont donnés à titre indicatif. Ils sont susceptibles d’être modifiés en cours d’année) Renseignements, tarifs, inscriptions Musée(s) de Belfort BP 20223 - 90004 BELFORT CEDEX Tél. 03 84 54 25 51 [email protected] www.musees-franchecomte.com Visites commentées des musée(s) toute l’année sur réservation pour les groupes exclusivement (à partir de 15 personnes) Pierre-Léonce Furt, La Fête du Lion de Belfort à Paris, 1905. Huile sur toile, 125,5 x 201 cm. Musée de Belfort © Cl.-H. Bernardot 30