La banque mobile
Transcription
La banque mobile
Sans contact NFC BYOC Mobilité 4G/LTE BYOD La banque mobile, bien plus que des services Pour certains, il s’agit d’accéder à des services financiers à partir d’un mobile, pour d’autres, c’est une approche totalement nouvelle de la banque qui implique le développement de services innovants. Quoi qu’il en soit, la banque mobile s’affirme comme un nouveau segment, renforcé encore par la multiplication des applications sur smartphone et le paiement sans contact. L’appellation de « banque mobile » désigne des choses très différentes selon les établissements financiers. Pour la plupart, il s’agit essentiellement de proposer des services bancaires classiques tels la consultation de comptes, des virements, la déclaration de vol d’une carte de crédit ou d’un chéquier, etc., sur un smartphone ou une tablette. Le plus souvent, les services accessibles de ces appareils sont une déclinaison des services de banque en ligne. D’ailleurs, les grandes banques traditionnelles considèrent le mobile comme un simple canal supplémentaire,qui vient s’ajouter aux guichets,dont le nombre ne cesse de diminuer, aux distributeurs, qui sont de plus en plus multi-services, et à Internet, que les clients sont toujours plus nombreux à adopter. Comme sur tous les nouveaux segments de marché, des pure players ont émergé. Ils sont au nombre de deux aujourd’hui : Hello bank! et Soon. Axa Banque a développé la première application de banque mobile, sur BlackBerry. Pascal Lozovoy, DSI d’Axa Banque. 66 L’Informaticien – n°135 – Mai 2015 Cette situation est celle de la France. Car dans le monde, La carte de paiement, l’état d’avancement élément essentiel de la nouvelle de la banque mobile banque multicanal. est très différent selon les pays. La situation est un peu la même que celle des télécoms. Lorsque la téléphonie mobile s’est développée, plutôt que de construire une coûteuse infrastructure filaire, de nombreux pays ont fait un « saut technologique » et ont adopté le mobile. Il était beaucoup plus facile, plus rapide et nettement moins cher d’installer un réseau d’antennes de téléphonie mobile que de creuser des tranchées dans tout le pays pour tirer du câble ! Il en va de même pour la banque mobile. Dans les pays émergents, là où les réseaux bancaires sont très peu développés, surtout dans les zones rurales les plus isolées, les échanges financiers sur téléphones mobiles connaissent une croissance fulgurante. Dans des pays comme le Kenya, le Bangladesh, l’Afrique du Sud ou le Ghana, entre autres, les services de transfert d’argent par SMS se développent très rapidement. En France, où la population est très bancarisée et même multi-bancarisée, les premières offres de banque mobile ont d’abord ciblé les jeunes. Historiquement, c’est BNP Paribas qui a ouvert le bal en lançant Hello bank! à la mi-2013. La banque s’est appuyée sur l’expérience commerciale et technologique acquise avec sa banque d’épargne et de courtage en ligne, Cortal Consors. D’emblée européenne, puisqu’implantée simultanément en Allemagne, en Belgique, en Italie et en France, Hello bank! s’était donné pour objectif de convaincre 1,4 million de clients à l’horizon 2017. Fin 2014, elle affirmait compter 800 000 clients sur les quatre pays. L’offre s’est enrichie. Outre les services bancaires, Hello bank! propose à présent des produits d’assurance-vie et d’épargne, de gestion de portefeuille boursier, de crédit conso, d’assurance et de prévoyance. Hello bank! a été suivie par Soon, la banque 100 % mobile créée par Axa Banque au début de 2014. BANQUE MOBILE « Nous étions convaincus que le smartphone n’était pas qu’un canal supplémentaire », relate Raphaël Krivine, directeur de Soon. « Le mobile révolutionne les usages. Nous avons donc réinventé la banque mobile et développé de nouveaux services qui intègrent la géolocalisation, la simplicité de l’interface, vu la petite taille de l’écran, l’ajout de photos, etc ». Pourquoi avoir créé une banque mobile alors qu’Axa Banque propose déjà des services en ligne ? « Soon s’adresse en priorité à la génération “ Y ” et aux geeks, cette dernière catégorie intégrant toutes les tranches d’âge ! », remarque Raphaël Krivine. La banque a été lancée sans aucune publicité, mais en misant sur les réseaux sociaux et sur le bouche à oreille. Résultat, 7 000 clients en un an, dont 30 % ont fait de Soon leur premier compte. Principale manifestation de la nouvelle approche voulue par Axa, le débit/crédit habituel est remplacé ici par une timeline qui affiche le « reste à dépenser », tenant compte des prélèvements prévus sur le compte et des paiements émis. Le client peut ajouter une photo à chacune de ses dépenses, qu’il peut aussi géolocaliser. Plutôt que d’épargner sur un compte, il épargne par « projet », budget vacances, achat d’ordinateur ou de voiture, et peut alimenter son compte d’épargne de façon régulière ou ponctuelle et choisir le projet sur lequel il veut virer de l’argent. Soon accepte le paiement entre amis, via PayPal. Le client ne peut échanger que par chat avec un conseiller. Pour bâtir cette solution, Soon s’est appuyé sur le « moteur de banque » d’Axa Banque, c’est-à-dire les principales applications du métier. Celles-ci sont interfacées avec les applications sur mobiles, iOS ou Android, par un middleware qui communique avec des web services. « Axa Banque avait proposé la première application sur BlackBerry et nous sommes nativement en Java. Nous avons donc une certaine maîtrise de tous ces développeSoon a remplacé le classique affichage ments », souligne Pascal débit/crédit par Lozovoy, directeur du une timeline et le système d’information « reste à dépenser ». (DSI) d’Axa Banque. Le smartphone n’est pas qu’un canal supplémentaire. Il révolutionne les usages Raphaël Krivine, directeur de Soon. L’équipe informatique s’est toutefois fait aider pour le design et l’ergonomie des applications iOS et Android ainsi que pour le développement du middleware,« car les délais étaient très courts et la charge de travail importante », ajoute Pascal Lozovoy. Pour s’affirmer vis-à-vis des banques traditionnelles, les pure players ajoutent des services : Hello bank! a lancé Hello watch!, première application bancaire via une montre connectée ;Hello you!, qui repère les bons plans pour les clients ; Hello play!, plate-forme de crowdsponsoring musical. Le développement des QR codes,la diversification des services proposés par les distributeurs de billets, la généralisation du paiement sans contact dans les smartphones et les cartes de crédit laissent augurer de la multiplication de nouveaux services dans les prochains mois. Mouvement auquel les banques classiques devront réagir avec créativité, faute de quoi, elles risquent de voir leurs jours comptés ! ✖ Sophy Caulier Qui dit nouveaux services, dit nouveaux prestataires ! Pour franchir le pas vers la banque mobile sans devoir réécrire toutes leurs applications métier, les établissements financiers sont épaulés par leurs prestataires habituels, mais aussi par de nouveaux venus. La société italienne Auriga est un bon exemple de ces nouveaux partenaires. Éditeur de logiciels spécialisé dans le monde bancaire, elle collectionne les « premières » ! Premier projet d’impression de certificats sur un Distributeur automatique de billets (DAB), premier Internet pour la banque, premiers « web DAB », etc. Aujourd’hui spécialiste de la gestion bancaire multi-canal, Auriga aide les grandes banques européennes à intégrer le smartphone et la tablette dans leurs applications. Son credo : le client doit être vu de façon unitaire par la banque, quel que soit le canal qu’il utilise. « Il n’y a pas de banque mobile, il n’y a que de la banque multi-canal », affirme avec conviction Vincenzo Fiore, président-directeur général et co-fondateur d’Auriga. « De même, il ne faut pas distinguer la banque mobile du paiement mobile. Les banques qui font la différence entre les deux risquent de se faire désintermédier comme c’est déjà le cas avec PayPal pour le paiement sur Internet ou avec Apple qui propose le paiement sans contact NFC sur ses smartphones », conclut Vincenzo Fiore. L’Informaticien – n°135 – Mai 2015 67