Habitat : quand l`éclairage fait sa révolution
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Habitat : quand l`éclairage fait sa révolution
Dossier Technique Au travers des décrets et arrêtés qui découlent du Grenelle de l’Environnement, les pouvoirs publics se sont donné l’objectif de réduire la consommation énergétique des bâtiments. La RT 2012 entraîne ainsi une véritable révolution de l’éclairage dans les bâtiments résidentiels neufs : disparition des lampes les plus consommatrices en énergie, recherche de performance dans l’habitat et d’efficacité énergétique. L’éclairage prend une part importante pour satisfaire au confort et au maintien à domicile des personnes âgées… Autant d’évolutions technologiques et d’enjeux de société qui imposent de nouvelles habitudes aux professionnels. Habitat : quand l’éclairage fait sa révolution n France, tous secteurs confondus, l’éclairage pèse un peu moins de 10 % de l’électricité produite dans l’Hexagone. Dans l’habitat, selon l’Ademe, chaque ménage français possède en moyenne 22 lampes, en achète trois par an et consomme entre 325 et 450 kWh/an pour son éclairage. L’éclairage représente 11 % de la facture globale en électricité des ménages. Un poids énergétique non négligeable, que les pouvoirs publics ont voulu considérer dans la nouvelle réglementation thermique. Éclairage et RT 2012 : un lien étroit La prise en compte de l’éclairage dans la réglementation thermique remonte à la RT 2000. Depuis, l’importance relative de ce poste n’a fait que croître face à Lors de la conception de l’enveloppe du bâtiment, la RT 2012 valorise la notion d’éclairage naturel, dans le but de limiter le plus possible le recours à l’éclairage artificiel. l’abaissement du seuil énergétique total traduit dans chaque nouvelle version de la réglementation thermique. Avec la RT 2012, les exigences de consommation maximale d’énergie pri- © Legrand E maire (Cep max) englobent désormais cinq usages : l’éclairage, le chauffage, le refroidissement, la production d’eau chaude sanitaire et le réseau de prises de courant (art. 23). La RT 2012 impose FilPilote > 5 Dossier Technique Quelques règles fondamentales… En matière d’éclairage, la norme d’installation électrique NF C15-100 fixe les règles à appliquer dans les logements. Elle précise dans quelles pièces et comment les points d’éclairage doivent être réalisés. Selon la nature du plafond, ils doivent être constitués par un point de centre, par une ou plusieurs appliques et/ou par une ou plusieurs prises de courant commandées. En présence d’une boîte de connexion pour luminaire, celle-ci doit être équipée d’un socle de dispositif de connexion de luminaires (DCL) permettant le raccordement du luminaire. En effet, l’installation d’un socle DCL évite les dommages causés aux conducteurs à l’occasion des différents changements de luminaires, pouvant se traduire à terme par une impossibilité de raccordement. de l’éclairage naturel sont valorisées dans le calcul du Bbio et permettent ainsi de réduire la valeur conventionnelle d’électricité-éclairage exprimée dans le calcul du Cep. En caractérisant l’enveloppe du bâtiment par sa conception architecturale et son orientation, le Bbio valorise l’isolation thermique et la lumière naturelle à travers les apports solaires. La durée quotidienne pendant laquelle les locaux peuvent tirer bénéfice de la lumière du jour est accrue par une meilleure conception architecturale. À l’échelle de la durée de vie d’un bâtiment, ce paramètre est loin d’être négligeable ! Sur ce point la RT 2012 impose déjà très concrètement une surface de En matière d’éclairage domestique, fluocompacte et lampe à LED sont les deux technologies qui présentent la plus grande efficacité lumineuse (lm/W). 6 Le règlement européen 244/2009, publié au J.O. du 23 mars 2009, définit un calendrier d’interdiction de mise sur le marché des lampes domestiques les plus énergivores (les lampes spots seront traitées dans un second règlement européen à paraître prochainement). Cette réglementation vise à développer l’utilisation des sources qui présentent une plus grande efficacité lumineuse, et des luminaires de performances photométriques plus élevées. Cette échéance européenne entre progressivement en application depuis le 1er septembre 2009. Paliers Lampes proscrites Actuellement • Lampes à incandescence et halogènes non claires (opales, blanches, dépolies…) • Lampes fluorescentes compactes de classe énergétique B • Lampes de classes F et G • Lampes halogènes ≥ 40 W et de classes D et E • Lampes à incandescence ≥ 60 W 1er septembre 2012 Lampes à incandescence de 25 et 40 W Lampes halogènes de 25 W et de classes D et E 1er septembre 2013 Lampes à incandescence à culots S14, S15 et S19 (dites “Linolites”) 1er septembre 2016 Lampes de classe C (à l’exception des lampes à culots G9 et R7s) Source : Syndicat de l’éclairage et AFE Rapportées en magasin ou en déchèterie participante, les lampes à LED et fluorescentes usagées sont prises en charge par Récylum, écoorganisme agréé pour organiser leur collecte et recyclage. Elles sont ainsi recyclées à plus de 90 % de leur poids. Ce dispositif est financé grâce à l’éco-contribution versée à l’achat. L’Europe interdit les lampes énergivores Source Récylum La source halogène haute efficacité se substitue parfaitement à la lampe à incandescence, en passe de disparaître totalement du commerce. que les occupants soient informés de la consommation d’énergie réelle qu’ils consomment. Connaître ses consommations, c’est déjà prendre conscience des enjeux et agir. L’éclairage représente donc un des leviers importants pour faire de substantielles économies d’énergie dans les bâtiments, au même titre que les autres usages. La nouvelle réglementation thermique franchit également une étape au travers du besoin bioclimatique “Bbio”. Pour rappel, le Bbio (exprimé selon un nombre de points) traduit le besoin en chauffage, en refroidissement et en éclairage du bâtiment. L’optimisation de l’orientation et la prise en compte baies supérieure ou égale à 1/6 de la surface habitable (art. 20 de l’arrêté du 26 octobre 2010). Surface des baies et orientations entrent dans les calculs effectués au sein du moteur de calcul RT 2012, au pas de temps horaire. Comparativement à la RT 2005, la RT 2012 induit une meilleure caractérisation des protections solaires et des parois vitrées, ainsi qu’une description des apports lumineux et du rayonnement solaire suivant les zones climatiques, la géométrie et l’orientation du bâtiment. La description de l’éclairement naturel intérieur y est plus précise. Le coefficient de réflexion des parois est pris en compte afin de valoriser les surfaces claires. Le facteur solaire des parois opaques est également demandé pour valoriser le choix de la couleur de celles-ci. La RT 2012 considère par ailleurs que les circulations et parties communes intérieures verticales et horizontales inoccupées dans les logements collectifs doivent faire l’objet d’un abaissement de l’éclairement au niveau minimal réglementaire ou bien d’une extinction si aucune réglementation n’impose de seuil minimal (art. 27). Même approche Dossier Technique Économies d’énergie / TempératureIndice de rendu Efficacité Durée de vie source à Sources de couleur des couleurs (IRC) lumineuse incandescence Gestion de l’intensité lumineuse classique 30 à 50 % Source : Syndicat de l’éclairage et AFE 2 à 3 ans 3 000 K 100 15 à 27 lm/W Jusqu’à 80 % 6 à 20 ans 2 700 K à 6 500 K 80 à 90 40 à 60 lm/W 10 à 30 ans 2 700 K à 5 000 K 80 à 90 20 à 70 lm/W concernant les parcs de stationnement couverts et semi-couverts (art. 28). Adopter de nouveaux réflexes La disparition de la lampe à incandescence classique, voulue par l’Europe (voir encadré en page 6), et la généralisation de nouvelles technologies ne sont pas sans modifier les habitudes des professionnels, qui doivent mettre à jour leurs connaissances (qualité de la lumière, intégration dans un système fonctionnel électrique). La technologie halogène (lampes halogènes dites de haute efficacité) reste fidèle aux caractéristiques de base de l’incandescence classique en termes de qualité de lumière. Il existe aussi d’autres sources alternatives, telles que les lampes halogènes haute efficacité ou à LED, équivalentes en termes de confort visuel mais moins énergivores. En effet, ces lampes s’adaptent pour certaines d’entre elles à des utilisations spécifiques comme les cycles d’allumage et d’extinction fréquents, les circuits pilotés par une minuterie, un capteur de présence ou une variation d’intensité lumineuse. Pour un rendu de l’éclairage plus satisfaisant et avant d’utiliser une lampe à LED en gradation, il est préférable de penser à vérifier sa compatibilité avec un tel usage. Parmi les nouveaux réflexes s’impose celui de considérer non seulement la puissance électrique en watts (W), mais aussi le flux lumineux exprimé en lumens (lm). Le lumen est une unité traduisant la quantité de lumière émise par une source Oui lumineuse. Si une lampe à incandescence classique de 40 W libère environ 420 lm, il ne faudra qu’une trentaine de watts pour produire la même quantité de lumière à l’aide d’une source halogène et 7 à 8 W avec une source fluocompacte ou LED. Domotique : un triptyque de fonctionnalités L’éclairage compte parmi les applications de base gérées par les automatismes du bâtiment résidentiel. La gestion de l’éclairage contribue simultanément à la performance énergétique, à la sécurité et au confort. Dans ce but, cette gestion est réalisée en associant des capteurs de luminosité, des détecteurs de présence, des variateurs d’intensité, des horloges. Cette Selon modèles Jusqu’à 90 % À retenir : l’utilisation de sources de classe A (au sens de l’annexe IV de la directive 98/11/CE) dans les bâtiments résidentiels neufs ou existants en métropole ouvre droit à un certificat d’économie d’énergie. Ce dernier représente une économie de 190 kWh cumac (cumulés / actualisés) par lampe installée. Selon modèles gestion de l’éclairage peut faire partie de scenarii plus globaux. Les solutions domotiques en matière d’éclairage constituent un outil de réponse au service de multiples besoins perçus par les occupants. l La performance énergétique – Très simplement, en première approche, un détecteur de présence ou de mouvement gère l’allumage automatique d’une circulation, d’un escalier ou d’un local spécifique uniquement lorsque cela est nécessaire, et sans avoir à appuyer sur une commande. La mise en place de tels détecteurs induit à elle seule des économies significatives sur le poste “éclairage” de 10 à 20 % suivant les usages. Pour utiliser autant que possible la lumière du jour, de sorte que l’éclairage artificiel ne soit plus qu’un complément, il est Un classement énergétique européen Classement énergétique des lampes Seules les lampes domestiques à incandescence, halogènes et fluorescentes d’une puissance supérieure à 4 W, et de moins de 6 500 lumens, portent à ce jour un marquage énergétique. Un règlement européen, en cours de finalisation, imposera fin 2013 un marquage énergétique à toutes les lampes professionnelles et domestiques. Les termes “lampes à économie d’énergie” (ou similaires) ne peuvent être appliqués qu’aux lampes de classe énergétique A. > FilPilote 7 © Legrand Dossier Technique éclairages de la maison depuis sa chambre à l’aide d’un bouton unique, incite les intrus à quitter les lieux sans plus attendre… Le confort – Une gestion fine et adaptée de l’éclairage dans l’habitat facilite la vie des occupants et améliore le confort visuel. La gestion automatique de l’éclairage au moyen de détecteurs de présence s’avère pratique dans des endroits à utilisation intermittente tels que : cuisine, cave, parking, extérieurs… à l’approche desquels il n’est pas rare d’avoir les bras chargés et d’être dans l’incapacité de pouvoir actionner quelque interrupteur que ce soit. Enfin, typiquement destinés au confort des occupants, des scenarii gérés à l’aide de contrôleurs d’ambiance permettent de choisir un éclairage préconfiguré, adapté à l’occupation du moment : home cinéma, lecture, dîner… l La gradation de l’éclairage permet d’allier confort et performance énergétique. possible de recourir à des systèmes de variation en continu de l’éclairage, couplés à une cellule photoélectrique, plutôt que de laisser l’éclairage artificiel allumé en permanence à son niveau maximal. Un variateur de lumière peut commander : soit directement des plafonniers ou des appliques murales, soit des prises commandées destinées à l’alimentation de luminaires d’appoint. Dans tous les cas, l’utilisateur conserve la possibilité de forcer l’allumage ou l’extinction lorsque cela s’avère nécessaire. Autre fonctionnalité visant à réduire la facture énergétique : la centralisation des commandes (bouton unique) qui, lorsqu’elle est actionnée en quittant le logement, permet d’éteindre l’ensemble des lampes restées allumées (et de lancer simultanément des actions telles que la fermeture des volets, ou encore la mise en service de l’alarme anti-intrusion…). l La sécurité – Elle doit être considérée à différents degrés. L’allumage automatique de l’éclairage, lors des déplacements d’une pièce à une autre ou dans un escalier la nuit, limite dans bien des cas les risques de chute ou de malaise. Les lumières extérieures peuvent aussi s’allumer pour permettre de rentrer dans son logement en toute sécurité. Les interrupteurs ont également beaucoup évolué ces dernières années et sont multifonctions : ergonomiques, rétro-éclairés, sensitifs avec manipulation facilitée, ils peuvent être aisément repérés dans le logement. Dans d’autres situations, en cas d’absence, l’allumage temporisé de certains éclairages permet d’améliorer la sécurité face au risque d’intrusion, en simulant la présence d’occupants. Autre scenario : lors d’une détection d’intrusion nocturne, allumer l’ensemble des L’éclairage et les règles d’accessibilité aux personnes handicapées L’arrêté du 1er août 2006 modifié (J.O. du 24 août 2006) fixe les dispositions relatives à l’accessibilité aux personnes handicapées des bâtiments d’habitation neufs lors de leur construction, tant pour les parties communes que pour les parties privatives. En particulier, il impose des valeurs minimales d’éclairement à respecter dans les différentes parties communes. En cohérence avec cet arrêté, l’amendement 3 à la norme NF C 15-100 précise les règles à respecter au plan électrique dans le cas des logements concernés par l’accessibilité aux personnes handicapées. Ainsi, tous les dispositifs manuels de commande d’éclairage doivent être situés à une hauteur comprise entre 0,90 m et 1,30 m du sol. Ils doivent être manœuvrables en position “debout” comme en position “assise”. Un dispositif de commande d’éclairage doit être situé en entrée à l’intérieur de chaque pièce. Dans le cas des locaux contenant une baignoire ou une douche et afin de respecter les règles de sécurité liées aux volumes, le dispositif de commande manuelle peut être disposé à l’extérieur. Dans les logements réalisés sur plusieurs niveaux, tout escalier doit comporter un dispositif d’éclairage artificiel commandé aux différents niveaux desservis et supprimant toute zone d’ombre. Enfin, les dispositifs de commande et de service situés sur les cheminements extérieurs accessibles doivent être repérables grâce notamment à un éclairage particulier ou à un contraste visuel. 8 L’éclairage de demain… Les lampes à LED actuellement disponibles sur le marché sont qualifiées de “sources de substitution”. Elles adoptent en effet un culot leur permettant de remplacer par simple échange une source à incandescence classique. Dans l’immédiat, aucun aménagement de l’installation, pour les standards de culots les plus courants, n’est donc à prévoir. En parallèle, la durée de vie élevée de ces sources induit sur le marché de nouveaux luminaires décoratifs, architecturaux et fonctionnels dont les LED (en tant que “composants” et non plus en tant que “lampes” dans ce cas précis) ne sont pas dissociables. Par ailleurs, certains fabricants commencent à mettre dans leurs catalogues des lampes OLED (LED organique). Le principe de fonctionnement de la OLED reste proche de celui de la LED. La lumière provient du rayonnement de matériaux semiconducteurs (cristaux dans le cas des LED, chaînes carbonées pour les OLED). Cette nouvelle technologie permet de créer des sources lumineuses très fines et très étendues, voire de produire des luminaires souples. La OLED n’a pas fini de faire parler d’elle ! n