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CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG
10 mai 2015
6 dimanche du temps pascal – année B
e
Homélie du frère Xavier LOPPINET, dominicain
LE PLUS BEAU CADEAU DE DIEU : SON AMOUR
« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. »
« Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »
Ces paroles, nous les connaissons, nous les avons souvent entendues. Elles font partie du
cœur du Christianisme.
L’amour est aussi une réalité universelle : il suffit d’entendre de quoi parlent nos chansons
les plus populaires, d’Edith Piaf à nos chanteurs contemporains. L’amour, éternel sujet, éternelle
réalité.
UN COMMANDEMENT QUI EST UN ENCOURAGEMENT
Nous semblons tous savoir ce qu’est l’amour et pourtant, Jésus nous dit : « Voici ce que je
vous commande : ‘Aimez-vous les uns les autres’ »
L’amour, une affaire de commandement ? Comment comprendre cela ? Jésus dit : « Ce que
je vous commande » : ce n’est pas une invitation, un conseil, ni même une demande, mais bien un
commandement. Je crois même que c’est salutaire – porteur de salut - que d’entendre ces mots
en effet, véritablement, comme un commandement. Comment comprendre ce commandement
de l’amour ?
Dieu parle naturellement à l’impératif, dès le début. Rappelons-nous la création : Dieu dit :
« Que la lumière soit », et « la lumière fut ». Quand Dieu parle, sa parole agit ; ses paroles sont
efficaces. S’il parle à l’impératif, naturellement, ce n’est pas qu’il soit autoritaire, non, c’est qu’il
est un poète. La parole de Dieu est créatrice. Entendre, recevoir les paroles du Christ a un effet sur
nous : les paroles de Jésus nous sculptent, nous façonnent, font de nous des œuvres d’art.
Ces paroles à l’impératif sont une véritable force.
Une image pour comprendre cela : un enfant qui fait ses tout premiers pas – moment
magique - et à qui le père ou la mère dit « Marche » ou – en lui tendant ses bras - « Viens »,
« Avance » : un commandement, un impératif qui est un encouragement à avancer. Parole qui
attire, parole qui soutient. Ainsi en va-t-il quand Dieu nous dit « Aimez-vous les uns les autres » :
c’est comme cet encouragement, un « marche », « viens », « avance ».
AIMER ET ETRE AIME
Nous devons reconnaître que l’amour, la capacité à aimer est un cadeau extraordinaire qui
nous est fait, une force extraordinaire pour avancer dans la vie. Imagine-t-on un seul instant
pouvoir vivre sans aimer ? Cette capacité est un cadeau du ciel comme le Saint-Esprit qui descend
du ciel, comme un coup de foudre, sur le centurion Corneille et toute sa maison. « L’amour vient
de Dieu. »
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Capacité à aimer mais aussi capacité à être aimé. Nous entendons « Aimez-vous les uns les
autres. » peut-être de façon trop volontariste en pensant :« Je dois aimer et faire un effort » et en
oubliant la réciproque nécessaire : « Est-ce que je me laisse aimer ? ». Etre aimé, se laisser aimer
est sans doute aussi difficile qu’aimer. Comment aimer si, soi-même, on est incapable d’être
aimé. ? « Dieu nous a aimés le premier » (1 Jean 4, 19) et « Aimez-vous les uns les autres comme
je vous ai aimés (ou, autre traduction : de l’amour dont je vous ai aimés) » (Jean 15, 12).
Nous avons en la Vierge Marie le modèle de la personne qui sait parfaitement être aimée :
Marie, que nous fêtons en ce mois de mai. Elle est la « Bien aimée » par excellence, la « Toute
aimée » de Dieu, celle dont l’amour a traversé toute son existence. Elle est la confidente naturelle
de ceux qui ne se sentent pas être aimés ou qui ne se savent pas être aimés. La Bien-aimée de
Dieu est la sainte patronne de tous les mal-aimés.
AU SOIR DE CETTE VIE
« Au soir de cette vie nous serons jugé sur l’amour » dit S. Jean de la Croix, religieux
espagnol du XVIe s. [Dichos 64, cité dans le Catéchisme, n° 1022]
Nous pouvons tous intuitivement comprendre qu’une vie où l’amour a été absent n’a pas
de sens. L’Evangéliste Jean dit « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu ».
Dans une formule similaire, le philosophe roumain Cioran dit : « Au jugement dernier, on
ne pèsera que les larmes » [E. M. CIORAN, Des larmes et des saints, traduction et préface de Sanda
Stologan, Méandres, L’Herne, 1986, p. 34.] : larmes de compassion, sur les autres, ou larmes de
ceux dont la capacité à être aimé aura souffert tout au long de cette vie. A quand remontent nos
dernières larmes ? Elles nous seront utiles au jour du jugement.
Le Christ nous dit que « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie
soit parfaite », si bien que j’ajouterais : « Au soir de cette vie, nous serons jugés sur la joie » ou
« Au jugement, on ne gardera que la joie ». Nous serons jugés non sur les joies passagères mais
sur cette joie qui envahit tout notre être à certains moments privilégiés de notre vie : naissance
d’un enfant, acquisition d’une maison, ... Cette joie est le signe de la présence de Dieu en nous.
Cette joie explosait dans le cœur du Centurion Corneille et de son entourage. A quand remonte
notre dernière joie profonde ? A quand remonte notre dernière allégresse ?
Mes frères et mes sœurs bien aimés.
Bien aimés de Dieu et bien aimés, plus pauvrement, de ceux qui vous annoncent la Parole ;
avançons ensemble sur le chemin de l’amour, soutenons-nous les uns les autres dans l’amour
mutuel, parce que l’amour est difficile
Avançons dans les larmes et la joie. Avançons sur le chemin de l’amour,
Quelqu’un nous y attend.
Textes du jour :
Jean 15, 9-17, Actes 10 et 1 Jean 4, 7-10
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