Où se baigner à poil à Paris - Le CRA-FFN

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Où se baigner à poil à Paris - Le CRA-FFN
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Où se baigner à poil à Paris ?
02/08/2015 | 11h28
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Une séance d'aquagym, au mois de février. Crédit photo : Association des naturistes de Paris
Non, le naturisme n’est pas réservé aux touristes du Cap d’Agde. En région
parisienne, de nombreux sites diversifient leurs activités et attirent un nouveau public.
Sélection des bons plans et reportage dans le XIIe, où les baigneurs s’en donnent à
cœur joie, sans maillot mais avec un bonnet de bain.
Autour du bassin à ciel ouvert, seule la jeune Laura a gardé ses vêtements. Maître­nageuse de la soirée
naturiste, elle est “trop timide pour oser. Mais travailler avec des gens nus ne me pose aucun problème.
On oublie la nudité. C’est juste moi. J’ai déjà du mal à porter un deux­pièces.” Habillé ou non, pas toujours
facile de se présenter à l’entrée de la piscine Roger­Le­Gall. “Non, madame, c’est fermé”, indique le vigile
à une baigneuse. “Je viens pour la séance naturiste.” Gêné, il la laisse passer.
Le public arrive petit à petit mais le staff sécurité, mis en place pour l’été, n’a pas l’air au courant de cette
histoire de plage horaire naturiste. Pourtant, depuis une quinzaine d’années, les associations Nautena et
Naturistes de Paris investissent les lieux trois fois par semaine, les lundis, mercredis et vendredis, de
21h à 23h, toute l’année sauf au mois d’août.
Une blonde, cheveux en brosse, se lève pour remettre les points sur les “i” avec les vigiles. Sophie, 43
ans, est présidente des Naturistes de Paris depuis deux ans. “Petite, je passais toutes mes vacances d’été
à Soulac­sur­mer (Gironde). Là­bas, naturistes et textiles se côtoient sans problème sur la plage. J’avais
fait les deux et l’idée du naturisme à Paris me faisait rire. Comme c’était l’occasion de reprendre le sport,
je suis venue une première fois et je suis restée.”
Nu avec son bonnet de bain Les adhérents se pressent devant le bureau de l’association. Tout le monde se bise, discute. Un passage
éclair par les vestiaires et direction le bassin. “C’est un peu mon village gaulois”, plaisante Sophie. Mais
attention, port du bonnet de bain obligatoire. “On est bien d’accord, c’est ridicule, on dirait une capote.
Mais c’est le règlement.” Ce qui n’empêche pas 146 personnes de répondre présent ce soir là. Un record
pour l’association. “Le nombre de visiteurs augmente et la moyenne d’âge baisse.”
Béatrice, la quarantaine, vient depuis de nombreuses années, “aussi bien pour la détente que pour le
sport”. Aquagym, sauvetage, bodypalm… deux à trois activités sont proposées à chaque séance,
encadrées par des Maîtres nageurs sauveteurs (MNS). Les membres de l’association Nautena, axés sur
la plongée, occupent une autre partie du bassin. Pour Alicia, 23 ans, l’initiation est concluante et “ne pas
être boudinée dans un maillot ou une combinaison me donne un corps plus harmonieux.”
“Encore trop assimilés à des libertins”
Et puis c’est Thierry, “50 ans et demi”, qui fait son entrée. Tee­shirt rouge, muscles saillants, il ne passe
pas inaperçu. “Et tu n’as pas tout vu”, lâche­t­il. Mais pas touche ! “Les naturistes sont encore trop
assimilés à des libertins. Si jamais je vois quoi que ce soit de sexuel, je vire la personne et j’aurais même
envie de lui claquer les rotules”, annonce Sophie.
Dans la piscine, seulement cinq ou six femmes. “On a toutes des complexes et on se dit que le premier
contact est forcément gênant, qu’on va nous regarder, mais ce n’est pas vrai, rassure Sophie. Chez les
naturistes, on s’en fout. On est là pour être bien dans sa tête et dans son corps.” Des principes qui remontent à loin. Les origines du naturisme remontent à 1893, lorsque naît, en
Allemagne, l’Association du bien­être naturel. En France, la première colonie naturiste apparaît en 1903 et
le premier club en 1920. Le mouvement fait son chemin et il faut attendre 1950, date de création de la
Fédération française de naturisme, pour que les concepts et objectifs du naturisme soient fixés en ces
termes : “Une manière de vivre en harmonie avec la nature, caractérisée par la pratique de la nudité en
commun, qui a pour but de favoriser le respect de soi­même, le respect des autres et de
l’environnement.”
“On ne saute sur personne”
A l’accueil, Bryton*, 26 ans, s’occupe encore des nouveaux venus. D’origine américaine, il vit en France
depuis cinq ans et compte sur son capital sympathie pour attirer les jeunes. “J’ai testé le naturisme aux
Etats­Unis, à l’adolescence, avec des copains. En France, j’ai eu envie de recommencer.” Membre de
l’AJNF (Association des jeunes naturistes de France), Bryton estime que “90% de ceux qui viennent faire
une séance d’essai reviennent. Je tâche de partager mon plaisir à pratiquer le naturisme et avec mon
accent, les gens engagent facilement la conversation. Ça les met à l’aise.”
Pour Télémaque, 24 ans, également membre de l’AJNF, “il ne faut pas négliger l’aspect hygiène”, dont on
parlait déjà au début du XXe siècle. A l’époque, les clubs naturistes pratiquaient des thérapies fondées sur
les vertus curatives du soleil, de la mer et du vent, insistant sur le fait que la nudité était le meilleur moyen
de rester en contact avec ces éléments. “Je me suis aussi rendu compte que le maillot de bain est assez
sale. Quand il fait chaud, que l’on transpire, ça devient un vrai bouillon de culture là­dedans !”
A l’AJNF, on n’oublie pas non plus l’attachement du naturisme à l’écologie, incitant tous les membres à
entrer dans une démarche de développement durable, dans laquelle Télémaque s’est reconnu. “Je suis
arrivé, en partie, au naturisme par philosophie. Manger local, bio, limiter les polluants et privilégie les
transports en commun, ça me parle.” Des idées aujourd’hui très répandues, qui contribuent à la
croissance du nombre de naturistes en France. On estime qu’1,5 million de Français pratiquent
régulièrement le naturisme et la fédération regroupe 154 associations. En 1950, moment de sa création,
elle n’en comptait que neuf.
A l’attention des novices ou de ceux qui hésitent encore, Sophie glisse : “On est juste à poil, on ne saute
sur personne. Ceux qui ont des problèmes, ce sont ceux qui nous regardent, qui appliquent leurs
fantasmes ou qui ne s’acceptent pas.”
Peu avant 22 h, tout le monde est à l’eau, l’ambiance au beau fixe. Les uns terminent le cours d’aquagym
ou de plongée, les autres barbotent. Plus tard, les derniers, motivés, se préparent pour le tournoi
international de natation naturiste, qui se tiendra en octobre, à Mulhouse (Alsace). Objectif : battre les
nudistes allemands, champions en titre.
*Bryton est un prénom d’emprunt.
Cinq autres lieux naturistes à découvrir:
Héliomonde : le plus prisé
C’est le principal lieu où se retrouvent les naturistes quand ils ne vont pas à Roger­Le­Gall. Créé en 1961,
Héliomonde est le plus grand terrain naturiste d’Île­de­France, étendu sur quarante­sept hectares, dans
l’ancienne carrière de grès d’où ont été extraits les pavés de Paris. La piscine est ouverte jusqu’au
dimanche 4 octobre et le complexe propose de nombreuses activités. Version aquatique, c’est initiation à
la plongée, sauna, hammam, aquagym… Plus une salle de sport, un parcours sportif et des activités
extérieures. Le tout au milieu d’une forêt en bordure de Beauce.
Où : Saint­Chéron (91).
Accès : RER C, direction Dourdan gare de Saint­Chéron, puis itinéraire piéton de deux kilomètres.
Le club du soleil de l’Essonne : la bonne réputation
Le club du soleil de l’Essonne, c’est un massif de la forêt de Fontainebleau, un espace sablonneux et une
piscine ouverte jusqu’à fin septembre. La clientèle regroupe autant d’adhérents que d’amateurs ou
d’étrangers qui en profitent pour visiter Paris. Le club propose aussi du badminton, du volley et une
initiation au golf, histoire de mériter sa baignade. Pour attirer plus de jeunes, les gérants du club
organisent aussi des journées avec l’AJNF.
Où : Huison­Longueville (91).
Accès : RER D, direction Malesherbes, jusqu’à La Ferté­Alais. Il n’y aura plus que six kilomètres. Reste à
ne pas oublier son vélo.
Air et soleil : le plus près de Paris
Un hectare boisé au cœur des buttes du Parisis, site classé zone verte protégée, c’est ce que propose le
club Air et soleil. La piscine est ouverte jusqu’à fin septembre. Fréquentation du lieu : de 30 à 90 ans. Bon
point, c’est le spot le plus près de Paris. Pas d’horaires fixes, des soirées régulièrement organisées et
prochainement, un espace sauna. Côté loisirs, terrains de volley et badminton.
Où : Franconville (95).
Accès : train depuis la gare Saint­Lazare, direction Ermont­Eaubonne, jusqu’à Sannois. Un bus assure
ensuite la liaison jusqu’au club.
Le club gymnique de France : le plus sportif
Créé en 1931, il s’agit du plus ancien club naturiste d’Île­de­France. Treize hectares pour se détendre,
avec une piscine chauffée ouverte jusqu’à fin septembre. Badminton, jogging, natation, pétanque, putting,
tennis et tennis de table pour le sport. Massage et sauna pour la relaxation.
Où : Villecresnes (94).
Accès : RER A, terminus Boissy­Saint­Léger, puis bus 23, arrêt Bois­d’Auteuil ou métro ligne 8, direction
Créteil, arrêt Pointe­du­Lac, puis bus 23, arrêt Bois­d’Auteuil.
Les Hespérides : le plus familial
Le complexe des Hespérides est cerné par les pins et vise un public avant tout familial. Jeunes couples
avec des enfants, grands­parents et petits enfants, le lieu est plus réputé pour le calme que les activités.
Mais les sportifs trouveront de nombreuses activités à proximité.
Où : Étréchy (91).
Accès : ligne C6 du RER C, direction Saint­Martin­d’Etampes, arrêt Étréchy. Il reste 1,6 kilomètre à pied.
Article réalisé en partenariat avec le CFPJ
par Camille Ferronnière
le 02 août 2015 à 11h28
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