Géographie humaine Introduction De fausses représentations La

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Géographie humaine Introduction De fausses représentations La
Géographie humaine
Introduction
De fausses représentations
La géographie est une discipline familière mais qui reste néanmoins difficile à définir. Cette
difficulté vient principalement de trois fausses représentations de la discipline :
1) La géographie est vue comme une catégorie informelle d’érudition. On associe la
géographie à la simple connaissance des noms, des localisations et des caractéristiques des
grandes villes (aéroport, musées, population,…), des curiosités (ethnies oubliées, espèces
animales en voie de disparition,…) et des records (plus hauts sommets, plus grands lacs,
plus longs fleuves,…). La géographie est dès lors vue comme un cocktail d’exotisme, de
voyages et de beaux paysages. C’est de la géographie populaire comme on peut en retrouver
dans les jeux télévisés, le trivial poursuit, les documentaires,…
2) La géographie est vue comme un savoir encyclopédique sur les localisations. On associe la
géographie à la simple connaissance des noms, des localisations et des caractéristiques des
Etats (capitales, provinces, chefs-lieux, hydrographie, reliefs, importations, exportations,…).
C’est de la géographie scolaire dont les deux caractéristiques principales sont : un savoir
descriptif (rien à comprendre, tout est appris par cœur) et un savoir académique (sans
application pratique en-dehors de l’enseignement).
3) La géographie est vue comme l’ensemble des caractéristiques du milieu physique qui
infléchissent la vie des sociétés. Cette vision de la géographie est souvent invoquée par les
politiciens (« Notre région est défavorisée par sa géographie ! », « La contrée est victime de
la fatalité naturelle »,…) et par le milieu académique : David Landes, dans Richesse et
pauvreté des nations. Pourquoi des riches? Pourquoi des pauvres? (2000), construit un
argumentaire basé sur la géographie pour expliquer pourquoi les pays riches se trouvent en
zones tempérées et les pays pauvres dans les zones tropicales ou semi-tropicales >
CHALEUR : (1) moins supportable que le froid (2) capacité pas au maximum quand chaud
et humide (3) favorise des formes de vie hostiles à l'homme
Aux sources du flou qui entoure la géographie
Ces trois fausses représentations montrent combien l’image de la géographie est floue aux yeux du
public. Deux facteurs permettent d’expliquer ce flou :
(1) Un flou délibérément entretenu pour masquer la fonction essentielle de la géographie : faire la
guerre (au sens large : militaire, civile, marketing,…). Historiquement, le géographie était l'étude
des localisations par l'intermédiaire de la cartographie (= instrument de puissance aux mains de
ceux qui détiennent le pouvoir > « la géographie sert d'abord à faire la guerre » - 1975)
− La géographie permet de mener des opérations militaires sur le terrain. Par exemple,
Nixon ordonna en 1972 la reprise des bombardements sur le nord du Vietnam. Face à la
pression de l’opinion publique et au fait que la plupart des forces aériennes sont
monopolisées par la bataille de Quang Tri, le Pentagone opte pour des bombardements
ponctuels sur les digues du delta. Le gouvernement de Hanoï lance une commission
d’enquête internationale à laquelle participeront des géographes. Ceux-ci remarquent une
forte concentration des bombardements sur la partie orientale du delta. En étudiant la
topographie et en se référant à une thèse de P. Gourou sur le Tonkin, les géographes mettent
à jour le véritable but de ces bombardements : inonder la région pour affaiblir l’ennemi
grâce à des bombardements ciblés. Les bombes étaient larguées sur la partie orientale qui est
moins vallonnée que la partie occidentale.
− La géographie permet de gérer et organiser un Etat pour accroitre son pouvoir sur les
populations. Par exemple, le train sur le toit du monde (ligne reliant Pékin à Lhassa, dont
1150km se trouvent à plus de 5000m d’altitude) permit à la Chine d’accroitre son influence
sur le Tibet, de transporter facilement des troupes et de convoyer les minerais extraits sur
place.
− La géographie permet de localiser, gérer et promotionner les firmes industrielles et
commerciales. Par exemple, la campagne de promotion de l'agence de voyages de la SNCF
se basait sur le détournement du nom de lieux connus. Le message est simple: les plus
grandes métropoles mondiales sont à notre porte, comme l’étaient les villages voisins
auparavant (Losse-en-Gelaisse / Nouillorc / Quancoune / St Gapour). Aujourd’hui, se rendre
dans une métropole de l’autre bout du monde n’est pas plus éloigné, pas plus cher, pas plus
compliqué et surtout pas plus dépaysant que de se rendre dans un petit coin de France. Une
autre application est l’établissement de profils pour un but marketing. On étudie par exemple
la répartition géographique des étudiants de l’ULB pour savoir où faire de la pub pour celleci.
(2) Contrairement aux autres disciplines, la géographie a plusieurs objets distincts.
– La connaissance des localisations à la surface de la terre
– L’étude des sociétés humaines dans leur relation avec l’environnement physique
– L’analyse des localisations et des répartitions spatiales
– L’analyse du territoire.
Cette multiplicité des centres d’intérêt de la géographie s’explique par l’histoire mouvementée de la
discipline : bases fragiles au XIXe siècle MS évolution sous le double jeu > transformations des
demandes sociales + apparition des courants de pensée + modèle explicatif
➔ objectifs du cour
• connaissance : élargir et approfondir
= raconter la géographie en en faisant
= connaître les fondements (en perpétuelle mutation) : (1) concepts (2) outils (3) connaissances
= objet : le système monde (concept/outil/connaissance) > pour analyser ses grands traits, ses étapes
principales ds sa formation, les enjeux de son fonctionnement
•
instruments : processus de construction de la connaissance
➔ plusieurs étapes : définition de l'objet, question, état, corpus de données, analyse des
données, interprétation
➢ volonté d'éveiller la capacité :
(1) critique des données et mesures
(2) lire et comprendre les représentations
(3) synthétiser l'info sous forme géographique et mise en évidence des relations de
cause à effet
(4) établir liens /e/ =/= parties d'un même enseignement
➢ matière = fruit d'une démarche scientifique
Chapitre I : Un monde d’interactions : une entrée par les réseaux sociaux
1.1.
Introduction
On constate deux types d’interconnexions (ou d’interdépendance) :
• Entre les territoires diversifiés qui constituent la planète (interactions "horizontales" entre
•
territoires plus ou moins éloignés).
Entre des phénomènes qui se déploient à l'échelle mondiale et des phénomènes locaux
(interactions "verticales" entre échelles spatiales distinctes).
On peut observer une interdépendance entre territoires dans le cas des transferts financiers des
travailleurs migrants : il y a d’importants transferts monétaires des migrants vers leur État d’origine
(+/- 230 milliards US $ en 2005), la majeure partie de ceux-ci bénéficie aux pays en
développement. Au cours des trois dernières décennies, on remarque en outre une forte croissance.
Ces transferts de fonds sont la deuxième source de financement externe dans les pays en voie de
développement (150 milliards $ comptabilisés en 2003), vient ensuite l’aide publique au
développement (70 milliards $ en 2003).
➔ Les migrants internationaux sont donc des acteurs majeurs de la lutte contre la pauvreté au
niveau planétaire.
On peut observer une interdépendance entre phénomènes globaux et locaux dans le cas de la crise
alimentaire et des émeutes de la faim en 2008 (dû à une forte augmentation des prix alimentaires)
• causes structurelles :
– demande croissante des classes moyennes des pays émergents pour les produits carnés et
laitiers
– diminution de la production céréalière liée aux changements climatiques (sécheresses
répétitives en Australie et en Afrique sahélienne
– inondations récurrentes en Asie, cyclones en Amérique latine et dans les Caraïbes)
– croissance de la production d'agrocarburant (la substitution de cultures alimentaires par
des cultures destinées à la filière éthanol biodiesel est notamment responsable de 70 à
75% de la hausse des prix alimentaires entre 2002 et 2008),…
• causes conjoncturelles ont-elles-aussi précipitées cette crise
– l’augmentation du prix du pétrole se répercute sur les coûts de production et de transport
des aliments
– la spéculation sur le prix des denrées alimentaires,…
Cette crise provoqua une hausse de la facture alimentaire, c’est-à-dire une hausse du coût des
importations alimentaires, en particulier dans les Etats en situation de dépendance alimentaire. Au
sein de ceux-ci, les ménages les plus pauvres voient se réduire fortement leur capacité à s'alimenter,
ce qui provoqua à terme des émeutes de la faim dans certains Etats.
1.2.
Les espaces de Facebook
Le réseau social le plus important au monde
Le nombre d’utilisateurs en janvier 2011 : – Monde : 518 millions d’utilisateurs (7% de la
population, 26% des utilisateurs d'internet) – Belgique : 4 millions d’utilisateurs (40 % de la
population, 50% des utilisateurs d'internet) = croissance exponentielle auprès d'un public
majoritairement jeune
La géographie de Facebook
Cette carte montre le nombre de paires d’amis Facebook entre villes (= défi technique : 518.106 x
130 amis / 2 = 34.109 paires d'amis). Elle fut réalisée en décembre 2010 par un ingénieur de
Facebook en suivant 5 étapes :
• Constitution d’un échantillon aléatoire de 10 millions de paires d’amis sans quoi les données
seraient trop lourdes pour être traitées (+/- 34 milliards de paires d’amis).
• Affectation de chaque utilisateur de l'échantillon à la ville qu'il déclare habiter.
•
•
•
Mesure du nombre de paires d’amis entre chaque ville (les amitiés intra-urbaines ne sont pas
prises en compte) et de la distance entre les deux villes.
Calcul d’un « indicateur de relations entre villes » (IRV) qui prend une valeur élevée lorsque
le nombre d’amis entre ville est important ou quand la distance entre les villes est grande.
Cartographie de l'IRV par variation de la couleur du lien entre ces villes :
– Noir : IRV faible ou nul
– Bleu : IRV moyen (nombre élevé de paires d'amis mais distance faible ; nombre peu
élevé de paires d'amis mais distance importante)
– Blanc : IRV élevé (nombre très élevé de paires d'amis mais distance faible ; nombre
moyen de paires d'amis mais distance importante)
Au total, chaque ligne ne matérialise pas une relation entre deux amis mais regroupe tous les amis
d’une ville qui ont des amis dans une autre ville. On remarque d’emblée un phénomène de tyrannie
de la distance : plus les villes sont proches, plus les liens sont forts (= paire d'amis plus nbrx
proches que éloignés). À l’inverse, plus les villes sont éloignées, moins il y a de liens (ce qui
explique le petit nombre de relations transocéaniques). La notion de « village global » est donc
fausse, le monde n’est pas globalement interconnecté.
On observe aussi un phénomène de rupture frontalière : le nombre de paires d’amis de part et
d’autre d’une frontière est relativement bas. Les relations sont en effet plus fortes au sein d’un Etat
qu’entre deux Etats.
En analysant la carte plus en détail, on observe clairement que la Triade ressort (USA, UE, Japon).
On observe aussi des foyers secondaires présentant des relations relativement denses :
Au milieu de ces « pleins », on observe aussi quelques « vides », quelques espaces restés à l’écart
de Facebook (nord du Canada, centre de l’Amérique latine et de l’Afrique, Sahara, Russie, Chine).
1.3.
Les logiques constitutives de la géographie de Facebook
Introduction
Pour observer le nombre de paires d’amis entre deux villes, on se base sur deux facteurs :
– Le nombre d’utilisateurs
– La probabilité d’interactions entre utilisateurs
Le nombre d’utilisateurs
Le nombre d’utilisateurs dépend quant à lui de trois facteurs différents :
FACTEUR 1 : Le nombre d’habitants
La population mondiale est fort mal répartie et se concentre majoritairement dans trois foyers :
l’Asie de l’est (20% de la pop. mondiale), l’Inde- Pakistan-Bengladesh (20% de la pop. mondiale)
et l’UE (10% de la pop. mondiale).
On remarque quelques foyers secondaires, notamment dans l’est des USA, au Mexique, au Nigeria,
au Japon,… Cette population se concentre majoritairement dans les villes. En superposant la carte
de Facebook et celle de la répartition de la population, on constate que les zones les plus peuplées
(en rouge) ont peu d’interactions sur Facebook (Chine, Russie, Pakistan, Nigéria,…).
Le nombre d’habitant d’un État ne suffit donc pas pour rendre compte du nombre d’utilisateur de
Facebook par ville.
FACTEUR 2 : Le pourcentage de population connectée à Internet
Sans grande surprise, on constate que la Triade possède un pourcentage élevé de sa population
connectée à Internet alors que les PVD ont un pourcentage très faible.
Toutefois, Internet est une technologie encore relativement jeune et dont la diffusion est
exponentielle. En 15 ans (1995- 2010), le nombre d’utilisateurs d’Internet est passé de 16 millions à
1,6 milliards.
Remarque : on parle ici de pourcentage de population, il s’agit donc de chiffres relatifs et non
absolus. Ainsi, l’Inde n’a que 10% de sa population connectée à Internet (ce qui est peu en matière
de pourcentage) mais le pays comptant 1 milliard d’habitants, ces 10% représentent quand même
100 millions d’utilisateurs (ce qui est plus que n’importe quel autre pays européen).
Pour éviter cette confusion, on peut avoir recourt à une anamorphose, une déformation de la surface
des Etats pour mieux rendre compte de l’importance d’un Etat dans le domaine étudié.
Dans ce cas-ci, on remarquera la petitesse de l’Afrique et de la Russie ainsi que l’importance de la
Chine, du Japon, des USA et de la Grande-Bretagne.
Les facteurs socio-économiques
Bien évidemment, le pourcentage de population connectée à Internet dépend de facteurs socioéconomiques. Pour se rendre compte de ces facteurs, on étudie le PPP (Purchasing Power Parity =
PIB/habitant) qui est mieux représentatif que le PIB. En effet, le PIB est la somme des valeurs
ajoutées (chiffre d’affaire – inputs) réalisées à l'intérieur d'un Etat pour une période donnée par les
agents résidant au sein de cet Etat. Le PIB est aussi la somme des différents usages de la richesse
produite : salaires versés aux travailleurs, revenus des indépendants, excédents d'exploitation des
entreprises,…
Le PIB est une notion aujourd’hui critiquée pour ses nombreuses lacunes, notamment le fait qu’il
s’agisse d’un calcul fondé sur la comptabilité nationale (donc sur ce qui est déclaré à l’Etat), qu’il
prend en compte le gaspillage (services facturés inutiles ou inutilisés) MS qu’il n’intègre pas les
dégâts causés à l'environnement, les richesses naturelles ou leur épuisement, l'impact d'une
catastrophe naturelle ou d'une guerre, le travail domestique, le bénévolat, ce que l'on produit pour
soi-même, le travail au noir, les activités illégales, ...
Exprimer le PIB en PPP ou PPA (Parité du Pouvoir d'Achat) est donc plus représentatif puis qu’il
tient compte d’un taux de change corrigé, fondé sur les quantités de monnaie nationale nécessaires
dans deux Etats différents pour se procurer une quantité identique de biens et de services (en se
basant sur le prix du pain par exemple)
2 autres optique du PIB :
– des revenus : de la valeur ajoutée, les agents économiques peuvent tirer =/= revenus
• salaires versé aux travailleurs
• revenus des indépendants
• loyers + redevances
• dividendes des actionnaires
• intérêts payés aux prêteurs + bailleurs de fonds
• bénéfices non distribuées des entreprises
• impôts perçus / les pouvoirs publiques
– des dépenses : de ces revenus, les agents peuvent essentiellement faire 2 usages
• le consommer
• l'investir
➔ du niveau du PIB/habitant dépend :
(1) l'importance d'un revenu et de la consommation d'un ménage
(2) l'importance du budget d'un état
Toutefois, le PPP (PIB/habitant) est une moyenne, il ne permet donc pas d’appréhender les
inégalités sociales et leur évolution. En effet, le PPP peut augmenter alors que les revenus
diminuent pour une majorité de la population et augmentent fortement pour une minorité. On
retrouve ce phénomène aux USA (1% vs. 99%) :
Le graphique de gauche montre que le PPP a augmenté de manière constante pour les USA depuis
1945 (ce graphique a été réalisé en utilisant une monnaie constante, c’est-à-dire une monnaie dont
le pouvoir d’achat est constant dans le temps > calcul qui permet d'éliminer les variations des prix
au cours du temps). Le graphique de droite montre quant à lui que la croissance du PPP a bénéficié
aux revenus les plus élevés (le top 1% dont le revenu a augmenté de 281% depuis 1979) alors que
les plus pauvres n’ont pas bénéficié d’une telle croissance (le bottom fifth n’a vu son revenu
augmenter que de 16% depuis 1979).
En comparant la situation sur un siècle entre la France et les USA, on remarque que la France
(rouge) a eu une croissance constante alors que les USA (noir) ont eu une croissance contrastée
(relativement basse jusqu’en 1980 où Reagan et l’ultralibéralisme apparaissent).
Pour mesurer les inégalités sociales au sein d’un État, on utilise l’indice de Gini. Il s’agit d’un
rapport entre le pourcentage des ménages les plus modestes et le pourcentage du total cumulé des
revenus. En faisant un graphique de ces données, on obtient ceci :
La diagonale représente la droite d’équirépartition des revenus (situation idéale). Plus la courbe
s’éloigne de la diagonale, plus les inégalités de revenus sont fortes.
À l’échelle mondiale, on observe de fortes inégalités en Amérique (sauf au Canada). Il y a deux
grands foyers d’inégalité :
– Au Brésil, une petite élite soumet l’ensemble de la population.
– En Afrique du sud où l’élite blanche continue sa domination sur les autochtones malgré la
fin de l’apartheid.
Les pays scandinaves et l’Europe de l’ouest sont quant à eux fort égalitaire. Pour ce genre de
représentation, il ne faut pas tenir compte du Groenland qui est fort peu peuplé et présente donc
bien souvent des résultats trompeurs.
En 2009, R. Wilkinson et K. Pickett se lancent dans une étude dont il ressort qu’au sein des Etats
"développés", plus les inégalités sont fortes moins il fait bon vivre. Autrement dit, plus les écarts de
revenus sont élevés plus les indicateurs de santé et de qualité de vie son mauvais.
Les pays scandinaves et le Japon présentent peu d’inégalités et une espérance de vie élevée alors
que les USA présentent de fortes inégalités et une espérance de vie faible.
Les résultats sont toutefois contrastés. Par exemple, le taux de mortalité infantile dans la classe
sociale la plus défavorisée en Suède est inférieur à celui de la classe la plus favorisée en GrandeBretagne. Une observation qui souligne le lien entre bien-être, inégalités et niveau d'intervention de
l'Etat dans la vie sociale et économique.
➔ Etats providence
= large compétences socio-économique : redistribution des richesses par l'impôt + prise en charge
des risques sociaux (vieillesse, maladie, invalidité, chômage,...) !!! Formes variées de l'Etat
Proidence av une diminution progressive du degré de protection des individus / aux règles de
marché /e/ modèle socio-démocrate et modèle libéral DC les inégalités sont d'autant plus fortes que
l'intervention de l’État est faible
Enfin, il faut remarquer que le PPP n’est pas un indicateur de bonheur. L’augmentation du revenu ne
rend pas plus heureux. Mais ce n’est pas non plus parce qu’il y a peu d’inégalité qu’une population
est forcément heureuse. Par exemple, les USA sont fortement inégalitaires mais la population se
considère comme heureuse.
Les facteurs socio-économiques ont donc une forte influence sur le pourcentage de population
connectée à Internet. Plus le PPP est élevé, plus il y a une part importante de la population
connectée sur internet. On peut aussi se demander si l’âge moyen de la population d’un Etat influe
sur le nombre d’utilisateurs. On remarque d’emblée que l’Afrique présente une population « jeune
» alors qu’elle est peu représentée sur Facebook. L’âge n’a donc pas beaucoup d’importance,
contrairement aux facteurs économiques.
FACTEUR 3 : Le taux de pénétration de Facebook
Le dernier facteur permettant d’expliquer le nombre d’utilisateur de Facebook par ville dépend
majoritairement de la présence (ou non) de réseaux sociaux concurrents dans la région.
Facebook est le leader sur une grande partie du monde, sauf dans quelques foyers (Russie, Chine,
Brésil, Iran,…). Dans ces pays, des réseaux concurrents (privés ou publics) dominent le marché.
Ces réseaux ont toutefois peu d’utilisateurs car leur langue ne permet pas une grande diffusion.
Cloob fut lancé par le gouvernement iranien pour stopper la progression de Facebook qui était vu
comme un outil de pénétration de l’occident.
La probabilité que des utilisateurs de Facebook de deux villes différentes deviennent amis.
--> dépend du nombre et de la nature des interactions entre les habitants de deux villes.
1) Distance et populations
Plus la distance augmente, moins il y a d’interactions sociales. Ce phénomène peut s’observer en
analysant la fréquence des communications téléphoniques par GSM depuis Arlon (A) et Ostende
(B). Alors que les tarifs pour les communications téléphoniques internes ne dépendent plus de la
distance, alors que de nombreuses activités économiques sont moins dépendantes des coûts de
transport,… les gens téléphonent toujours plus souvent aux personnes géographiquement proches et
que l’on voit sans doute régulièrement.
La taille et la distance séparant deux villes jouent un rôle dans les interactions à l’échelle nationale.
L’étude de la diffusion spatiale du sida aux USA (cas intéressant car le mode de transmission du
sida est lié aux interactions sociales) montre que la propagation démarre dans trois grandes
agglomérations (San Francisco, Los Angeles et New York) avant de s’étendre vers des
agglomérations plus petites (Miami, Chicago, Houston).
➔ Analogie avec la loi de la gravitation universelle de Newton : la répartition des interactions
dans un ensemble de lieux dépendrait à la fois :
➢ de la force d'attraction de chacun de ces lieux
➢ de la difficulté des communications entre eux
On peut donc passer de la loi de Newton … (2 corps s'attirent en raison directe de leur masse et en
raison inverse de la distance qui les sépare) … au modèle gravitaire : dans un espace de circulation
relativement homogène, les échanges entre 2 villes seront d'autant plus importants que le poids des
villes est grand et d'autant plus faibles qu'elles seront éloignées.
L'effet de taille :
– Emissivité et attractivité d'une ville dépendent entre autres du volume de sa population.
– Toutes choses égales par ailleurs, les probabilités d'interactions entre habitants de 2 villes
sont donc d'autant plus grandes que les populations de ces villes sont nombreuses.
L'effet de la distance:
– Franchir une distance impose une dépense d'énergie (pénibilité physique, consommation
d'énergie ou de temps, …)
– L'accroissement des distances a donc pour effet de réduire la fréquence des interactions – Le
coût de la distance est d'autant plus grand qu'on ne dispose pas de moyens de transports
rapides et puissants – Beaucoup de distributions qui représentent les effets cumulés
d'interactions spatiales passées ont des configurations concentriques, avec une intensité
décroissant très rapidement en fonction de la distance à un centre (courbe des densités de
population, courbe des prix du sol en zone urbaine)
Ce modèle peut toutefois être critiqué :
–
–
Un modèle très réducteur quant aux facteurs des interactions spatiales et sociales
L'espace géographique n'est pas isotrope : ses caractéristiques varient fortement en fonction
de facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels.
Un exemple éclairant : l'aire de recrutement de 6 écoles bruxelloises :
Le point marqueur indique la localisation de l’école. Le cercle extérieur renvoie à la population
résidant hors Bruxelles et à la direction privilégiée de celle-ci. N = le nombre d’étudiants et d = la
distance médiane domicile – école. Commente expliquer les aires de recrutement différentes des
écoles 1, 2 et 4, pourtant relativement proche ?
L’école 1 est une école laïque de bonne réputation, son aire de recrutement se porte donc vers le
quadrant sud de Bruxelles où la population est aisée, ne vote pas pour des partis chrétiens et où la
population turque et maghrébine est faible ou inexistante (cf. cartes ci- contre). L’école 2 est une
école catholique de bonne réputation, son aire de recrutement se porte donc vers le quadrant est où
la population est aisée, vote pour des partis chrétiens et où la population turque et maghrébines est
faible ou inexistante (cf. cartes ci-contre). L’école 4 est une école publique de mauvaise réputation,
son aire de recrutement se porte donc vers le quadrant nord où la population est pauvre, ne vote pas
pour des partis chrétiens et où la population turque et maghrébine est forte (cf. cartes ci-contre).
Cet exemple montre donc bien l’importance des facteurs sociaux, économiques, politiques et
culturels dans l’étude d’une population. L’analogie avec la loi de la gravitation universelle de
Newton doit donc être nuancée afin de ne pas réduire tous les habitants d’une même ville à un profil
type.
2) Facteurs politiques
Les facteurs politiques influent eux-aussi sur les interactions entre des habitants de deux villes.
Pour illustrer ce phénomène, il convient de s’intéresser au cas du trafic ferroviaire de part et d'autre
de la frontière franco-belge. De nombreux éléments freinent les contacts ferroviaires entre une ville
belge et une ville française :
➔ Les réseaux ferroviaires se développent pour couvrir l’ensemble du territoire national et ne
sont pas pensés d’un territoire national à un autre.
➔ Cette mauvaise connexion des réseaux ferroviaires entre eux est amplifiée par des choix
techniques différents (usage du courant alternatif en 25 000 Volt en France et du courant
continu en 3000 Volt en Belgique, signalisation et mesures de sécurité différentes,…).
➔ Traverser une frontière en transport ferroviaire se traduit par l’application d'un tarif
international fort dissuasif. Les réseaux ferroviaires facilitent donc les contacts au sein d’une
seule et même entité nationale mais ne facilitent pas les liens entre pays.
Plus largement, l’État apparaît comme un espace privilégié d'homogénéisation des comportements.
Prenons comme exemple le cas des comportements de fécondité en Europe (vers 1990). 2 UT (unité
territoriale) appartenant au même État se ressemblent-elles plus que 2 UT appartenant à des États
différents ?
En comparant des similarités entre UT contiguës au sein des États et UT contiguës séparées par une
frontière internationale, on constate que les similarités sont 2 fois plus importantes entre régions
contiguës d'un même État. Les États apparaissent donc comme des aires homogènes en matière de
fécondité (en raison de facteurs politiques, sociaux, religieux,…).
➔ 3 types d’hypothèses peuvent être avancés pour comprendre pourquoi les frontières
étatiques correspondent aux espaces d’interactions sociales :
• Hypothèse régalienne (le monopole de la violence légitime)
Les règles imposées par l’Etat (incitations/contraintes) exercent leurs effet exclusivement sur le
territoire national, une population ayant les mêmes droits et devoirs interagira plus facilement avec
elle-même plutôt qu’avec une population d’un autre Etat où les droits et devoirs sont différents.
• Hypothèse systémique (un champ d’auto-organisation)
L’Etat est une aire privilégiée d'organisation des activités et des représentations collectives
(constitution de marchés intérieurs unifiés, intervention de l'Etat dans gestion économique / sociale /
culturelle,…) ce qui aboutit à la formation de consciences nationales fortes (scolarisation, médias,
patrimoine, …). Les facteurs de la vie sociale, économique et culturelle présentent donc une
certaine homogénéité, que l’on ne partage pas spécialement avec le pays voisin. Par exemple, Lille
et Mouscron ne sont qu’à quelques kilomètres de distance mais présentent des identités forts
différentes.
• Hypothèse diffusioniste (enveloppe et réseau)
Un territoire national est un espace privilégié de circulation (contrôle des flux externes (hommes,
marchandises, capitaux) et encouragement des flux internes (réseaux de transport, réseau postal,
…)). La propagation d'une innovation est donc plus facile au sein d’un territoire national, d’autant
plus que des barrières spatiales plus ou moins perméables se forment le long des frontières.
Peu importe l’hypothèse retenue, les facteurs politiques influent bel et bien sur le nombre et la
fréquence d’interaction entre des habitants de deux villes différentes.
3) Facteurs socio-culturels
Les barrières culturelles viennent aussi influer sur le nombre et la fréquence d’interaction entre des
habitants de deux villes différentes. Pour illustrer ce phénomène, le cas de la frontière linguistique
en Belgique est fort parlant : bassins de téléphonie mobile définis sur la base de la fréquence des
communications entre communes.
Sur cette carte, on remarque que, hormis Bruxelles, aucun bassin ne franchit la frontière
linguistique. Les wallons communiquent presque exclusivement avec les wallons et les flamands
communiquent presque exclusivement avec les flamands. Une observation similaire peut être faite
si on s’intéresse aux flux migratoires entre arrondissements : rare sont les wallons allant s’installer
en Flandre et inversement. Cette carte montre l’aire d’influence des différents centres urbains
belges. Une fois de plus, on remarque que les villes flamandes, même celles proche de la frontière
linguistique, attirent des flamands et que les villes wallonnes, même celles proche de la frontière
linguistique, attirent des wallons. Seule Bruxelles sort du lot, son aire d’influence s’étend de part et
d’autre de la frontière linguistique.
4) Mobilité (migration, tourisme) et réseaux spécialisés (réseaux scientifiques,…)
Les mobilités définitives (migrations, exils) ou temporaires (tourisme, voyages professionnels)
tissent des liens par-delà les barrières mentionnées plus haut. Les USA sont l’un des pays attirant le
plus de migrant. Ces migrants restent néanmoins en contact avec leur pays d’origine, ce qui tisse
des liens important entre les pays. Voir carte : Les flux téléphoniques entre les Etats-Unis et le reste
du Monde (sauf Mexique et Canada) (2005)
Une carte similaire peut être réalisée pour l’Europe :
➔ Pour l’Allemagne par exemple, on remarque des liens importants avec la Pologne, la
Grande-Bretagne, la Turquie,…
Il y a donc d’importantes communautés polonaise, anglaise et turque en Allemagne ; ces
communautés communiquent avec leur terre natale et créées donc des interactions de longues
distances entre ces deux pays. La mobilité influe donc de manière importante sur le nombre et la
fréquence d’interaction entre des habitants de deux villes différentes. Les réseaux spécialisés
(scientifiques, commerciaux, amicaux,…) tissent eux-aussi des liens par-delà les barrières
mentionnées plus haut.
Par exemple, cette carte montre les réseaux de collaboration scientifique à travers le monde : en se
focalisant sur l’Europe occidentale, on remarque que de nombreux liens existent entre les
scientifiques des différents États.
Les réseaux spécialisés entretiennent donc eux-aussi de nombreuses relations longues distances et
influent donc de manière importante sur le nombre et la fréquence d’interaction entre des habitants
de deux villes différentes.
Chapitre II : Géographie du système Monde contemporain
2.0 Introduction
Le monde peut être considéré comme un objet géographique > le concevoir comme un tout = idée
qui à émergée il y a un demi siècle.
➔ représentation de l'espace de l'humanité = conditions
(1) mise en relation progressive des sociétés le constituant
Pendant la plus grande partie de l'humanité > mondes distincts. Apd la révolution néolithique et
surtt les grdes découvertes --> mondes rentrent en relation via des échanges assymétriques.
1er ASPECT : processus de particularisation des sociétés humaines = s'étale sur +sieurs milliers
d'années (18 000 ACN --> 10 000 ACN) > processus de fonctionnement de l'humanité : société
éloignées les unes des autres, qui s'ignorent presque, et dont la langue est différente, ainsi que les
techniques -> Anti-Mondialisation
➔ en résulte 2 types de rapport des sociétés humaines avec l'espace = la mobilité et la
necéssaire proximité pour que les sociétés se reproduisent
A. La mobilité : conduit à la diffusion de l'homo sapiens > espèce vivante la + uniquiste !
➢ Pourquoi cette expansion ?
– Mobilité humaine assez forte, même à pied. Ex : 20 km/jour = surface terrestre
parcourue en 5 ans
– Capacité d'adaptation = kk's importantes de la société humaine > certains nbre de
moyens techniques pour agir sur l'environnement
➢ micro-milieux > ex : vêtements, habitats
➢ outils, instruments = tirer le moyen de subsistance > ex : chasse, cueillette, pêche
➢ Ms pourquoi ont elles bougée ? Grand point d'interrogation, si ce n'est la relation de la
survie avec l'amélioration de leur condition.
B. La nécessaire proximité:pour se reproduire bilogiquement + se reproduire d'un point de vue
intellectuel, des liens sociaux (de proximité) sont indispensables.
• fondements biologiques : prématurité du bébé humain = incapable de se nourir, de se
déplacer, de se défendre > grande fragilité : très démunis (/ aux autres espèces vivantes)
➔ longue période pour s'en occuper (au moins +sieurs mois, même quelques années)
Cette particularité est un facteur de socialisation (conditionne les relations entre être humains) :
(1) longueur de la période d'apprentissage
(2) la survie ne peut se réaliser avec des individus solitaires > repose sur un groupe !
•
fondements sociaux : assurer la reproduction des humains, les groupes doivent avoir un
certain nbre d'acquis complexe = langue, organisation sociale, ...
➔ grand nombre de sociétés (// mobilité), et celles-ci sont fortement différenciées : CAR
grandes distances /e/ elles ET CAR survie organisée (// nécessaire proximité)
➢ mise en relation progressive des sociétés
BALISES :
i. des sociétés d'éleveurs et d'agriculteurs> dvlpmt de l'échange, d'abord entre campagne et
ville, puis à + longue distance
➔ système d'échanges terrestres et maritimes. Ex : route de la soie
ii. les grandes découvertes > accélération = généralisation + amplification des interractions
entre les sociétés
= mise en relation effective par le commerce, les techniques, les infos ajd, ... > c'est ce qu'on
appel la mondialisation --> ne date pas de la deuxième moitié du Xxe siècle !! Beaucoup
plus ancien... Échange de + en + importants, à caractère inégalitaire, et qui concerne une
partie de + en + grande de la population
iii. la colonisation européenne de l'Amérique
iv. voyage autour du monde (1519 : Magellan, 1522 : El Cano,...)
v. colonisation européenne du Monde indien, des côtes de la Chine et de l'Afrique
Subsaharienne
vi. dvlpmt des firmes internationales au début du XXe siècle
FACTEURS :
➢ diversité initiale des sociétés (si les mêmes, pas besoin d'échanges)
➢ croissance de la population mondiale :
(1) 250.106 habitants
(2) 7.109
➔ population x 28 sur 2 millénaires ! > si hypothèse que ces hommes sont répartis sur
les terres émergées en l'an 0, distance = 1 km, en 2010 = 150 m ! --> possibilité
d’interaction /e/ individus et société qui augmente (car + nbrx dc + proche)
➢ le dvlpmt des réseaux de transports et de communication
DC, tous ces éléments contribuent à une mise en relation des sociétés du Monde
(2) la finitude du monde
Quand à t'on pris conscience des limites spatiales du monde ? Avec le tour du monde de Magellan,
avec découverte des terra incognita, quand l'Antiquité à été exploré ou quand en 1911, avec la
mission Apollon 11, on a pris une photo de la terre ?
➔ idée d'un îlot bleu finit
(3) connaissance du monde et de sa diversité
= « bouclage coginitif du Monde ». Idée que dps les grdes découvertes, il est devenu
progressivement de + en + facile de prendre connaissance d’événements : information quasi
instantanée !
➔ planète quadrillée par des autoroutes de l'information, n'existe aucune terra nulla
DONC, envisagé le monde comme un système...
2.1.
Le Monde comme système (perspective adoptée dans le cours)
Un système est un ensemble d'éléments en interaction dynamique.
Dollfus définit le système Monde comme un ensemble (l'humanité) d'ensembles en interactions
dynamiques. Ces ensembles en interactions sont les Etats territoriaux, les sociétés humaines avec
leurs institutions, leurs cultures, leurs entreprises, leurs marchés, ... (= les agents économiques)
➔ éléments humains, ms aussi non-humains (substrat environnemental, réseau du transport,...)
Le Monde, vu en tant que système, possède tous les attributs des systèmes en géographie :
• Une aire d'extension (la planète Terre)
• Des relations dynamiques entre les lieux qui s'y trouvent
• Le dessin des maillages qui délimitent les unités (les Etats, les peuples, les aires de marché,
… mais aussi les limites continentales et les grandes limites naturelles)
• Les treillages des réseaux qui irriguent et relient les maillages entre eux (des réseaux
matériels : réseaux aériens terrestres, maritimes, routes électroniques et des réseaux idéels :
solidarités, connivences, institutions)
• Un dispositif de centres et de périphéries assez généralisé, intervenant à pratiquement tous
les niveaux
Produire une vue d'ensemble sur le système Monde contemporain est un exercice ardu à cause du
nombre de variables retenues et de l’échelle d'analyse (le Monde entier). Pour faciliter cette tâche,
on se focalise sur 3 dimensions principales :
• Les espaces des hommes
• Les espaces économiques
• Les espaces de l'identité collective
!!! Existence d'un espace-monde, MS PAS d'une société-monde, ni d'un gvnmt-monde -->
phénomènes qui se dvlpe à l'échelle mondiale ms qui sont gérés à l'échelle sociale
2.2.
Les espaces des hommes (méthode d'analyse du peuplement)
Pour étudier les espaces des hommes, il faut d’abord s’intéresser à la notion de décompte de la
population. Le décompte de la population au lieu de résidence (habitat) ne tient pas compte des
populations qui se déplacent de manière régulière ou des dissociations entre le lieu d’habitat et les
lieux d’activité, d’échange, de loisirs,… Il peut donc y avoir un fort écart entre la population
présente dans un lieu et la population résidente de celui-ci. Par exemple, Benidorm (Espagne, Costa
Blanca) compte une population résidente de 56.000 habitants mais accueille 300.000 habitants en
été. Cet écart entre population présente et population résidente peut être problématique. Ainsi,
Benidorm doit développer des infrastructures pour 300.000 habitants alors que seul 1/6 de ceux-ci
utiliseront ces infrastructures toute l’année.
Pour mieux rendre compte des espaces des hommes, la notion d’espace de vie a été créée. Cette
dernière est moins caricaturale que la notion de lieu de vie. L’espace de vie est l’ensemble des lieux
fréquentés par un individu, le champ d’action de l’individu. Dans cette optique, la migration est le
déplacement du domicile /e/ 2 espaces de vie.
Méthodologie
Analyser les espaces des hommes nécessite le choix d’une échelle d’analyse (Etats, provinces,
communes,…) et d’un indicateur (nombre absolu d’habitants ou densité de population) >
cartographie / points ou cartographie / plage ou reliefs statistiques ou anamorphose.
Si on choisit d’analyser la densité de population (nombre d’habitants/surface), on aura recours à une
carte par plage. Une telle carte est toutefois fort médiocre. On ne peut observer les pleins et vides
géographique à cause de l’échelle étatique. Par exemple, la Chine est fort peuplée à l’orient (85% de
la population) et dépeuplée à l’occident ; on ne retrouve pas cette répartition sur cette carte.
L’Egypte subit le même sort : 95% de la population se concentre autour du Nile mais cette
représentation donne l’impression d’une uniformité de la répartition spatiale de la population.
Le choix d’une échelle d’analyse est donc primordial pour la réalisation d’une carte de la densité de
population : la carte de gauche a subdivisé les grands Etats (Chine, Inde, USA) en des entités
territoriales étudiés séparément. On obtient une représentation plus réaliste mais pas encore
suffisante. En effet, la Chine est représentée de manière plus réaliste mais l’Egypte souffre toujours
du même problème qu’avec la carte précédente. La carte de droite a été réalisée en quadrillant toute
la surface terrestre sans prendre en compte les frontières étatiques. La représentation est donc fort
fidèle : la Chine et l’Egypte ont leur densité de population représentée de manière fidèle.
Si on choisit le nombre absolu de population comme indicateur, on peut utiliser trois types de
représentation :
1) Cartographie par anamorphose
La superficie de chaque État est modifiée pour représenter l’importance de son nombre d’habitant.
C’est un type de représentation aboutissant à une vision frappante de la situation.
• 1/3 de la population mondiale se concentre dans deux Etats (la Chine et l’Inde). Les
moyennes mondiales dépendent donc fortement de la situation dans ceux-ci.
• Les Philippines sont plus peuplées que n’importe quel pays d’Europe.
• Grande différence entre l’Indonésie (petite surface mais population nombreuse) et
l’Australie (grande surface mais population peu nombreuse).
• L’Afrique est modestement peuplée mis à part le Nigéria, l’Egypte et l’Ethiopie.
2) Cartographie par relief statistique
On réalise une carte en 3D pour montrer les pics de population sur chaque continent. Ce type de
représentation est ‘spectaculaire’ mais peu utile pour une véritable analyse.
3) Cartographie par points
Il s’agit d’une carte classique, chaque point représente un groupe de 500.000 habitants.
Il s’agit de la carte la plus simple et la plus claire à analyser.
L’oekumène
L’oekumène est l’ensemble des terres habitées à la surface de la planète (= définition objective). On
va maintenant essayer de savoir si l’oekumène correspond à l’ensemble de la surface du globe (estce que les hommes occupent l’ensemble de la surface terrestre).
L’humanité a pris possession de la Terre entière avec ses yeux (on a tout vu), ses pieds (on a été
partout), ses infrastructures (on retrouve des voies de communication partout) et ses règles (chaque
portion de territoire appartient à un Etat),… mais n’a pas étendu les zones peuplées à l’ensemble de
la planète. En effet, dans de vastes zones, les établissements humains sont séparés les uns des autres
par de très vastes surfaces inoccupées (par exemple des villages bordant des oasis en plein désert).
Ces zones non occupées sont les marges de l’oekumène, des zones ayant une densité de population
inférieure à 1 habitant/Km2 (en pointillé sur la carte).
Exemple : la cas du Groenland / à l'oekumène
= 56 000 habitants sur 2 millions – 2 150 000 km² (= 4x la France)
➔ densité moyenne inférieure à 3 habitants/100km² MS population se répartit en communauté
Chacune de ses agglomérations, de ses isolats, peuvent être considérée comme une miette
d'oekumène MS ds son ensemble, pas considéré co oekumène car la densité est trop faible > ses 2
solutions sont ni plus justes ni plus fausses que l'autre... --> chacune ok à une échelle donnée. Les
conclusions formées à un échelle ne sont pas nécessairement valables à une autre échelle.
Groenland = lieu mythique : Inuits + célèbre base d'une implantation américaine (à forcé le
déplacement des populations à proximité)
– Nuuk = capitale : seule agglomération significative à l'échelle du groenland (16 500
habitants)
– Thulé = base de l'USAF > installation provoqua le déplacement forcé de la communauté
inuit vers Qaanaaq.
Ces zones quasi inhabitées sont importantes :
➢ intérêt majeur pour ses ressources
➢ intérêt majeur pour les espaces d'extension agricoles
➢ intérêt majeur pour les contrôles militaires (base)
Ces zones représentent 30 à 40% des terres émergées (plus d'1/3 de la surface émergée) et
accueillent 1 à 2% de la population mondiale. Elles se concentrent majoritairement dans le nord
(Canada, Russie,…), dans les déserts, en Australie et en Amazonie.
Une étude fut lancée par la Wildlife Conservation Society (WCS) et le Center for International
Earth Science Information Network (Columbia University) pour mesurer et cartographier
l’influence des sociétés humaines contemporaines sur la surface de la terre (projet « Human
Footprint » > Notion anthropocène : dps les années 1850, nvlle ère géographique qui correspond au
moment où les sociétés humaines sont devenues une force tellurique = pas leurs activités, elles
transforment profondément l'espace qu'elles occupent). Le résultat de cette étude est cette carte :
Plus la couleur tire sur le rouge, plus l’une ou plusieurs des variables est forte à cette endroit. Les
variables sont :
• Densité de population (> 1 Hab / Km2)
• Distance à une route ou une rivière majeure (moins de 15 km)
• Surface urbanisée ou agricole
• Distance à une agglomération ou une voie ferrée (moins de 2 km)
• Lumière (suffisante pour être visible régulièrement par un satellite la nuit) Résultat : 83% de
la surface terrestre répond à au moins un de 5 critères. Les 17% restant sont donc les zones
de marge de l’oekumène, les endroits où l’homme n’est encore que très peu implanté.
Les contrastes de peuplement au sein de l'oekumène
Les foyers de concentration du peuplement sont l’opposé des marges de l’oekumène. Il s’agit de
zone possédant une forte densité de population (> 25 hab / Km2). Ces foyers représentent environ
20% des terres émergées et accueillent 75% de la population mondiale. Il y a trois foyers principaux
: l’Asie de l’est, le Monde Indien (Inde, Pakistan, Bengladesh) et l’Europe. Ces trois foyers
représentent 10% des terres émergés et accueillent 50 à 55% de la population mondiale. On retrouve
aussi une trentaine de foyers secondaires (USA, Mexique, Brésil, Asie du sud-est,…). Ils occupent
10% des terres émergées et accueillent 20 à 25% de la population mondiale.
Enfin, le fond banal du peuplement sont les zones ni particulièrement peuplées, ni particulièrement
vides (Afrique centrale, ouest des USA,…). Ces zones couvrent 35% des terres émergées et
accueillent 25% de la population mondiale.
Entre littoraux et montagnes
Répartition littoral de la population (20%) sur 3,5% de la surface terrestre = concentration
relative !!! pas éternel > existe par les sociétés anciennes MS – généralisé. MS av mondialisation, il
y a un processus d'augmentation croissante des échanges.
➔ s'est diriger vers un phénomène de peuplement des littoraux = fait majeur fort dvlpper /
l'accélération du processus de population... --> densités 5x supérieure à la densité moyenne :
220hab/km² alrs que moyenne est de 45habitants
Ceci-dit, foyers de peuplement en altitude :
Ex 1 : les Andes (Pérou, Colombie, Equateur) --> population + élevée
Ex 2 : l'Afrique de l'Est --> densité de population + élevée que ds les plaines.
Pourquoi ?
Deux modes dominants d’occupation spatiale
Deux types d’occupation de l’espace s’opposent : les continents humains et les archipels de
peuplement.
Les continents humains (globalement les trois foyers principaux) se caractérisent par :
• une forte densité d’ensemble (peu de contraste de densité)
• une forte dispersion des villes (on retrouve des villes de toutes tailles sur l’ensemble de ces
‘continents’)
• une structure urbaine oligarchique (plusieurs villes de grandes tailles)
• une décroissance progressive des densités en dehors des villes (la densité reste néanmoins
fortement élevée)
• un maillage territorial ancien et bien établi
• une forte connectivité des réseaux
Les archipels de peuplement (ilots fort peuplés séparé par des ‘mers’ peu peuplées, globalement en
Amérique du sud et en Afrique) se caractérisent par :
• une faible densité d’ensemble (fort contraste de densité)
• une concentration spatiale des villes
• une structure urbaine primatiale (une grande ville par zone)
• une décroissance brutale des densités en dehors des villes
• un maillage territorial récent et souvent contesté (car bien souvent issu de la colonisation)
• une faible connectivité des réseaux (réseau en entonnoir : chaque province est reliée à la
ville principale mais les provinces ne sont pas reliées entre-elles)
L'emprise croissante du fait urbain
Le monde est en voie d'urbanisation. Dps 1950, l'urbanisation et le nombre de citadins à fort
augmenté > croissance urbaine surtt forte ds les PVD.
➔ exode rural important
➔ taux d'accroissement naturel + élevé dans les villes que ds les campagnes
Ajd, /e/ 25 et 30 000 agglomérations de 10 000 habitants et +, dont
– 400 de plus d'1 millions d'habitants
– 20 de plus de 10 millions d'habitants
➔ mégapoles = agglomérations de très grandes tailles.
Les agglomérations des PD sont svt en croissance faible ou en décroissance ==> urbanisation forte
ds les PVD, surtt ds les + grandes agglomérations !
➔ DC le siècle des mégalopoles
➢ croissance du nbre d'agglomération millionnaires
➢ davantage de mégapoles ds les PVD
➢ croissance de la taille des plus grds agglomérations
20, 21e siècle = périodes d'augmentation des mégapoles (+ de 400 en 2010)
➔ agglomérations de grdes tailles = rares avt l'ère de la révolution industrielle (p-ê Rome >
antiquité, Bagdad > empire arabo-musulman, Pékin > 18e siècle, MS c'est tout!!)
1927 : mégapoles ttes situées ds les zones riches
2010 : + grdes agglomérations situées svt ds les PVD (seul NY et Tokyo ressortent ds les PD)
➔ leurs surfaces vont s'étendre considérablement
➔ taux d'accroissement spectaculaire > 4 à 5%
En 10 ou 15 ans, la population à quasi doublée > nécessité d'adopter la ville à cette rapide
croissance = construction d'écoles, de services, de distribution et de transports publics, etc... >
difficulté majeur = gérer une croissance très rapide
➔ expansion spectaculaire
➔ MS inadapatation du site initial...
➢ concurrence avec l'agriculture (zones arrides)
➢ dvlpmt de l'habitat ds l'espace :
= très éloigné du centre
= difficilement constructible
= sur-exposé aux aléas environnementaux : glissement de terrains, pluies abondantes, lits mineurs
des rivières, ...
Exemple : la vallée du Nil > expansion du Caire = réduction des espaces agricoles car seul le Nil
alimente les terres cultivables
➔ crise du logement : recettes fiscales ds les PVD svt faibles car PIB/hab est lui même faible
(pauvreté de la population). MS en +, svt les élites et classes moyennes vont partiellement
ou totalement échappées à l'impôt...
= patrimonialisation des pouvoirs. Exemple : Ben Ali > considérait que le pouvoir était un bien
privé (se transmet dc à ses proches) MS considère aussi que les ressources liées à leur fct politique
leurs reviennent de droit ==> s'approprie une partie des recettes fiscales !! De plus, les plan
d'ajustement structurel (P.A.S) du FMI et de la BM mettent des conditions : on vs prête de l'argent
MS vs réduisez l'action de l'état > privatisation (dont les logements).
Il y a ainsi 3 facteurs de la crise des logements (= déficit chronique de logement / aux besoins)
• production insuffisante de logements par le secteur public
• usurpation des logements publics (destinés à des classes pauvres) par des classes moyennes
• production insuffisante de logements par le secteur privé (car pouvoir d'achat trop faible)
Les principales conséquences en sont :
• croissance du nbre de sans-abri
• taudification des quartiers centraux
• dvlpmt des zones d'habitat informel : propriété, lotissement ou construction non
réglementaires
➔ Quelles sont donc les stratégies mises en place par les citoyens pauvres ?
= stratégies de survies fondées sur des choix difficiles :
• proximité ou pas avec le lieu potentiel de travail
• cmt garantir un minimum de sécurité ds la jouissance du bien
• le confort du logement
➢ vivre au centre, MS...
– dans la rue
– sur les toits des maisons existantes
– sur des terrains innocupés ms av un accès difficile au centre et aux infrastructures et
services urbains
– habitation informelle > les bidonvilles (très précaire) : s'affranchissent des règles
légales, dans des lieux à risque.
– croissance du nbre de sans-abri
[Autre forme d'habitat qui se dvlp dps 30aines d'années = habitat non réglementé en dur -->
quartiers squaté : pas de droit de propriété, pas de droit de construction, MS construit qd même
(conditions de conforts meilleur MS espaces relativements peu intégré au réseau urbain) --> à
terme, diversification (// bidonvilles)]
Ajd, 1 milliard de personnes vivent ds les bidonvilles (= 1/3 de la population urbaine). 3 attitudes :
(1) Laisser-faire = considère que c'est une manière de réduire la crise du logement
(2) Destruction = amène des buldozers, chassent les habitants et détruisent les bidonvilles
(3) Dursification = transformations en quartiers d'habitat permanents > sécurité, amélioration de
l'habitat, structures/infrastructures de base, ...
Ajoutons pour finir quelques autres enjeux principaux des mégapoles :
• la déficience des infrastructures (eau, nrj, transports en commun, ...) > forte inégalité
d'accès... qui renforcent les contrastes sociaux
• le secteur informel comme principal pourvoyeur d'emplois
• les multiples pollutions
Les espaces urbains génériques
La standardisation des agencements spatiaux est un autre trait majeur de l'urbanisation
contemporaine :
➔ multiplication d'espaces urbains génériques marqués par la domination de standards
répliqués partout
➔ ce qui conduit à une homogénéisation des espaces urbains : les villes se ressemblent de plus
en plus
Quelques espaces génériques emblématiques : les centres commerciaux, les aéroports, les gares, les
stades, ...
Modes de peuplement et d'organisation du territoire
La typologie = autre forme de synthèse : manière de trier, classer et mettre en ordre les observations
empiriques en réduisant la complexité des phénomènes étudiés et en dégageant une meilleur
intelligibilité.
Principe général = regrouper dans un(e) même "classe" ou "type" les unités étudiées (individus,
groupes d’individus, faits sociaux, unités administratives, …) qui se ressemblent … et forment donc
un ensemble homogène pour les critères retenus
ET placer dans des "classes" différentes les unités étudiés dissemblables
➔ démarche très classique en sciences naturelles (par exemple taxonomie des plantes ou des
animaux) et en sciences sociales (par exemple établissement des catégories socio
professionnelles)
DONC, distinction de 2 sous-ensembles sur base de l’intensité et du degré de continuité spatiale du
peuplement :
• Les 3 foyers principaux (Asie de l’est, sous-continent indien et Europe) : zones de densité
supérieure à 50 habitants par km² s’étendent sans discontinuité majeure sur plusieurs
centaines de milliers de km²
• La trentaine de foyers secondaires : noyaux de concentration s’étendent sur des superficies
restreintes et sont isolés les uns des autres par de vastes espaces faiblement occupés
• À ces deux sous-ensembles sont associés des modalités variables d’organisation du
territoire, au sens de structuration des aménagements humains déployés sur la surface
terrestre :
– Disposition des villes les unes par rapport aux autres (concentration ou dispersion)
– Hiérarchie urbaine (classement des villes les unes % aux autres en fonction du nombre
d'habitants, mais aussi des services et équipements offerts, des fonctions administrative,
économique, culturelle, universitaire, …)
– Transitions entre espaces urbains et ruraux
– Constitution des réseaux de communication
– Formes d’appropriation de l’espace
AINSI,
Continents humains
Archipels de peuplement
Forte densités d’ensemble
Faible densité d’ensemble
Faibles contrastes de densité
Forts contrastes de densité
Forte dispersion des villes
Concentration spatiale des villes
Structure urbaine oligarchique
Structure urbaine primatiale
Décroissance progressive des densités en-dehors Décroissance brutale des densités en-dehors des
des villes
villes
Maillage territorial ancien et bien établi
Maillage territorial récent et souvent contesté
Forte connectivité des réseaux
Faible connectivité des réseaux
Chapitre 3 : Les espaces économiques
3.1
Introduction
Les espaces économiques du système monde sont :
• des espaces de le production des biens et des services
• des espaces des flux que cette production nécessite et génère
• des espaces des facteurs de production (main d'oeuvre, ressources naturelles, moyens de
production,...)
• des espaces des conditions nécessaire à la mise en œuvre de ces facteurs de production > +
en + dépendante aux firmes transnationales (FTN)
Plusieurs logiques concomitantes...
• Persistance d'une forte concentration de la production des biens et services dans la Triade
(Etats-Unis, UE, Japon)
• Affirmation très rapide de nouvelles puissances économiques, en Asie (Chine, Inde) et en
Amérique Latine (Brésil)
• Rôle majeur des firmes transnationales dans le contrôle et la mise en œuvre des facteurs des
production
Dans ce cadre...
• logique de séparation, segmentation de la production en plusieurs lieux de production
Exemple : Iphone 4 > 20aines d'unités de production des composants de l'IPhone (en Eu, au Japon,
à Taiwan,etc...) !! entreprises sous traitante de Apple (= passent des contrats avec). Puis, amener en
Chine ds une firme spécialisée ds l'assemblage des composants électroniques --> cout de production
= 150 à 200e
➔ un bien est fabriqué aux 4 coins du monde
• spécialisation croissante des espaces de production (sur base d'une recherche sans fin des
'avantages comparatifs'
Exemple : Silicoon Valley > spécialisation ds la conception des plans d'ordinateurs portables et gsm.
Chine = espaces spécialisés dans l'assemblage de gsm
• croissance inexorable des flux de marchandise, avec de très forte polarisation
3.2
Une forte concentration spatiale de l'activité économique
La Triade et le reste du monde
Une grande partie de l’activité économique est concentrée au sein de la Triade. En 20 ans (19902009), on remarque relativement peu de changements dans la hiérarchie des puissances
économique, mise à part la montée en puissance de la Chine et de l’Inde qui ont quelque peu
modifié la Triade. On remarque aussi que 10 pays représentent plus de 60% du PIB mondial et ce
avant et après la montée en puissance de la Chine et de l’Inde.
3.3
L’affirmation économique de la Chine
Une comparaison éclairante et des rythmes de croissance inédits
Alors qu'il aura fallu 58 ans au Royaume-Uni (1780–1838), 47 ans aux Etats-Unis (1839-1886), 34
ans au Japon (1885-1919), 11 ans à la Corée du Sud (1966-1977) pour doubler le PIB/Hab, la Chine
a doublé son revenu par tête à 3 reprises entre 1973 et 2008!
Cette croissance est due à différents facteurs :
• Une forte accumulation de capital par l’investissement dans de nouvelles capacités de
production et l’achat de nouveaux équipements. Cette accumulation fut rendue possible par
une épargne très élevée et en augmentation (les ménages épargnent beaucoup, notamment
par précaution en l’absence d’un système de sécurité sociale efficace). Il s’agit d’une
croissance plus extensive qu'intensive.
• Des exportations en forte hausse alors que la part de la consommation privée dans le PIB
diminuait. Il y a en effet une relative ‘faiblesse’ de la consommation chinoise. Entre 2000 et
2010, la consommation privée à augmentée de 8% par an mais cette augmentation reste
moins rapide que l’augmentation du PIB.
Cette croissance est appelée à se poursuivre au cours des prochaines années :
En dépit de l'affirmation de la Chine et de l'Inde, le commandement économique (là où se prennent
les décisions) reste localisé dans les grandes métropoles de la Triade, à savoir sur la côte est des
USA, en Europe occidentale et au Japon. Quelques grandes firmes installent néanmoins leur siège
social en Chine mais celles-ci restent encore minoritaires.Une observation similaire peut être faite
lorsqu’on regarde où se situent les principales bourses à l’échelle mondiale.
La plupart d’entre elles sont situées dans la Triade. La Chine, malgré son importante croissance
économique, ne compte en effet que quelques bourses de taille modeste sur son territoire (Shanghai,
Taiwan, Hong Kong,…).
3.4
Les mégalopoles
Les 3 foyers économiques du monde
Au sein de la Triade, trois sous-ensembles se dégagent nettement par l'importance de leur rôle
économique, par la concentration du commandement économique, par la présence de grandes
fortunes et par des formes de consommation ostentatoires.
Caractéristiques des mégalopoles
Définition : Ensemble d’agglomérations qui, sur une vaste surface (plusieurs dizaines de milliers de
km2) ont tendance à ce joindre et à constituer un ensemble urbanisé continu > J. Gottman.
Cette carte montre le Produit Urbain Brut (PUB), c’est-à-dire le PIB calculé non pas selon un Etat
mais bien selon une ville. On observe ainsi trois pôles au sein de la Triade :
Le nord-est des USA (de Washington à Boston, via NY) : 50 millions d’habitants
L’ouest de l’Europe (de Liverpool à Florence), aussi appelé dorsale européenne : 80 millions
d'habitants
Le centre du Japon (de Tokyo à Nagasaki), aussi appelé dorsale japonnaise : 60 millions d'habitants
Au sein de ces trois pôles se concentrent les plus grandes fortunes (la plupart des 500 milliardaires
du monde habitent dans l’un de ces pôles). C’est aussi au sein de ces pôles que s’installent les
grandes marques de produits de luxe. Ces pôles sont en réalité de vastes mégalopoles, c’est-à-dire
des ensembles d’agglomérations qui, sur une vaste surface (plusieurs dizaines de milliers de km2)
ont tendance à se joindre et à constituer un ensemble urbanisé continu (définition de J. Gottman).
On l’a vu, ces trois mégalopoles agissent comme des foyers du monde dans le sens où il concentre
une bonne part de l’économie mondiale (P.I.B. important en volume et par habitant, concentration
de centre de commandement économique,…) et de la politique (capitales des membres du G7,
sièges des principales organisations internationales,…).
Cette carte de la densité de population en Europe fait bien ressortir la dorsale européenne, la densité
de population étant élevée dans cette mégalopole. La seule interruption dans ce tissu urbain continu
est les Alpes. La France et l’Espagne ne sont pas comprises dans cette mégalopole car elles ont une
structure de peuplement inégale et ne forment donc pas un tissu urbain. Dans ces pays, on observe
un centre économique majeur (la capitale) et une périphérie d’importance moindre.
La notion de maillage
La notion de maillage est en effet importante, pour qu’il y ait une mégalopole, il faut que les
différentes agglomérations qui la composent soient reliées entre elles. Cette carte reprend les
agglomérations de plus de 10.000 habitants et, si elles sont distantes de moins de 25km, elles sont
reliées entre elles par un trait vert. On observe ainsi une véritable toile d’araignée dans la dorsale
européenne. La France et l’Espagne ont des villes forts distantes les unes des autres, elles ne font
donc pas partie de la mégalopole européenne mais ça ne veut pas dire que ces pays ne sont pas
économiquement importants. Ils font toujours parties de la Triade. Ce genre d’observation peut-être
fait également pour les mégalopoles étatsunienne et japonaise (cf. powerpoint chap.3, 21-26).
L'émergence d'un 4eme foyer économique du monde ?
À l’heure actuelle, on constate l’émergence d'un quatrième pôle de commandement mondial : le
littoral chinois et la Corée du Sud.
Le littoral chinois en quelques repères :
• 45 % de la population chinoise sur 15 % de la superficie du pays
• dynamisme des pôles urbains (Shanghai, Tianjin- Pékin, Guangdong, Hong Kong, Macao,
…)
• 60 % du PIB chinois (atelier du Monde)
• Plus de 90 % des exportations de la Chine
• 85 % des investissements étrangers en Chine
Un dynamisme sans précédents : l'exemple des grds immeubles :
– véhiculent une image de puissance et de modernité
– symbole de l'insertion dans une société mondialisée > chaque ville et chaque pays cherchent
à attirer l'attention
L'archipel megalopolitain mondial
Une autre manière de se rendre compte de l’importance des trois pôles est d’étudier les flux
aériens : la plupart des principaux aéroports du monde se trouvent au sein des trois pôles. Grâce à
ces grands aéroports, les trois pôles sont en interconnexion. On a donc une sorte d’archipel formé
par les trois mégalopoles ; Dollfus appelle celle-ci l’Archipel Mégalopolitain Mondial (AMM).
MS aussi par les flux maritimes... : la conteneurisation comme vecteur de la globalisation du
transport maritime = fludifie le transport des marchandises > format standard --> conception des
portes-conteneurs et emballage des produits en fct de = productivité extrêmement élevée
➔ 2 grandes routes
(1) circumterrestre : est-ouest = relie la Triade
(2) flux nord-sud : arrimés à la route circumterrestre > deservir en produits manufacturés ou en
matières premières les périphéries du système monde
3.5
La polarisation du Monde par les mégalopoles
Une logique centre-périphérie
Les trois (ou quatre si on prend en compte le littoral chinois) centres majeurs polarisent le monde à
leur profit. En effet, à chaque centre sa périphérie, à savoir des espaces sous-traitants fournissant :
Des matières premières
Des sources d'énergies
Des produits agricoles
Des biens industriels intermédiaires
Des migrants
Des lieux touristiques
Les relations entre la mégalopole et sa périphérie vont dépendre de la distance (plus la distance
augmente, moins les relations sont fortes), des héritages historiques (reliquat de la colonisation) et
des facteurs environnementaux.
Exemple 1 : matières premières > la production de thé et de café nécessite un climat particulier
(chaud et humide) que l’on ne retrouve pas dans les mégalopoles.
Ces dernières se reportent donc sur leur périphérie afin d’importer ces matières premières.
➔ fait en fonction des besoins du centre ! (svt par les élites)
Ces deux exemples permettent aussi de montrer que les périphéries des mégalopoles sont souvent
les restes de la colonisation. En effet, le thé était à l’origine uniquement produit en Chine au XIXe
mais la colonisation anglaise de l’Inde va déplacer cette production au sein de cette région qui est
maintenant le plus grand exportateur de thé (ou au Sri-Lanka ou au Kenya). Le café était quant à lui
cultivé en Afrique mais la colonisation de l’Amérique latine va aussi déplacer la production.
➔ déplacement du centre de gravité de production
Exemple2 : polarisation des matières énergétiques et des minéraux
Pour les diamants, ce sont des flux à longues distances : les productions sont éloignées
Pour le pétrole, on remarque que l’UE s’approvisionne dans trois grandes régions de sa périphérie :
• la Russie (périphérie proche)
• Le Proche Orient (périphérie relativement proche)
• L’Afrique (périphérie éloignée)
> les cie ont voulu très tôt chercher à prendre pied dans les pays ou se trouvaient les gisements (but
= sécurisé l'UE)
Plus on s’éloigne de de la mégalopole, plus le fournisseur fournit moins de matières premières.
Exemple 3 : polarisation de la drogue
Consommation principale ds la Triade, ms production des drogues issues de plantes ds la périphérie.
La production agricole ayant le + augmenté ces dernières décennies > très fortement mondialisé
(volume et plus valeur).
Odre de grandeur : (1) trafic des stups = 4% du PIB mondial = 8% du commerce international
(équivaut au poids du pétrole)
➔ constitue une des rares productions qui permet pr les paysans de produire un surplus 'idéal'
pour lui
Exemple : Afrique de l'Ouest : 1/2 ha de cannabis = 30ha de cacao... PQ ?
(1) marché important et solvable
(2) malgré les drogues de synthèse, peu de substituts
(3) paysans bénéficient d'une prime de risque
DC, production de plantes constituent une véritable stratégie de survie :
– cultures souvent ds des zones à l'écart, souvent ds des régions montagneuses où l'autorité de
l'État s'exerce peu ou pas du tout (ex : le Rhiff, les andes boliviennes,...)
– y sont svt installées de sminorités ou des gerillas qui s'appuient sur le trafic pr financer leurs
actions (ex : les Farcs en Colombie)
MS trafics demandent bcp de capitaux, contrôlés par des organisations criminelles, qui contribuent :
(1) au dvlpmt de la corruption de certains appareils d'états
(2) au dvlpmt du blanchissement d'argent
Exemple 4 : la polarisation inversée des déchets
les espaces sous-traitants peuvent servir de poubelles aux mégalopoles
– déchets toxiques : Afrique de l'Ouest, Monde Indien, Asie Centrale
– déchets électroniques : Asie du S-E et Chine
– navires en fin de vie : Inde
Les mégalopoles nécessitent une grande quantité de mains d’œuvre, elles vont drainer celle-ci
depuis leur périphérie (principalement depuis leurs anciennes colonies). En effet, on remarque que,
à l’échelle mondiale, il existe trois grands foyers d’immigration, à savoir les trois mégalopoles
(Japon, Europe, USA). Celles-ci reçoivent des migrants issus de leur périphérie qui à contribuée à la
croissance économique. On distingue aussi des foyers secondaires d’immigration (Australie,
Afrique du Sud, Argentine, Chili,… la « Petite Triade »). Ceux-ci reçoivent des migrants issus des
pays proches en quête d’une vie meilleure mais qui n’ont pas la capacité de se rendre dans les
grandes mégalopoles. Enfin, on remarque un cas particulier : le Golf arabo-persique qui attire une
foule de migrant depuis la crise du pétrole.
MS sous contrôle > + en + difficile d'accès aux foyers
– + en + restrictifs
– + de construction de murs
– surveillance des zones maritimes
Les liens entre la périphérie et la mégalopole ne se limitent pas à un simple drainage des richesses et
de la force de travail par cette dernière. On remarque par exemple que la périphérie d’une
mégalopole est le choix privilégié des vacanciers de celle-ci. Ainsi, les habitants de l’Europe partent
majoritairement en Méditerranée et en Afrique.
Ce genre de constatation peut aussi être dressée pour les lieux de débauches (prostitution, tourisme
sexuel,… ). Ainsi, les étatsuniens partent majoritairement en République Dominicaine ou en
Amérique Latine pour ce genre de chose ; les européens partent en Europe de l’Est et en Afrique du
nord et les japonais partent dans l’Asie du sud-est (Philippines, Indonésie,…). En contrepartie, on
observe aussi que les mégalopoles participent activement à l’aide humanitaire dans leur propre
périphérie. Par exemple, la dorsale européenne participe majoritairement à l’aide humanitaire en
Afrique ; la dorsale japonaise participe majoritairement à l’aide humanitaire en Asie du sud et la
mégalopole étatsunienne participe majoritairement à l’aide humanitaire en Amérique latine.
Synthèse
A chaque centre correspond une périphérie proche (Mexique + Caraïbes / Bassin méditerranéen /
Asie méridionale) souvent issue de la colonisation ou d’autres héritages historiques.
Au-delà, on remarque que les liens s'affaiblissent lorsque la distance augmente, sauf pour des
activités spécialisées (production de café ou de diamant).
Dépassées la périphérie lointaine, on retrouve une "Petite Triade" (Australie, Nouvelle- Zélande,
Cône sud latino- américain, Afrique du Sud), à savoir des états trop lointain pour être influencé par
la mégalopole et qui s’est donc développée seule mais de manière très modeste.
3.5
Un acteur clef : les firmes transnationales
Doivent gérer =/=étapes de la production d'un bien > par capacité d'organisation, par les capitaux
utiliser pr leurs activités et les liquidités reçues par la vente, les FTN sont des ACTEURS
MAJEURS ds le monde.
Elles vont se déployer en fonction des avantages comparatifs qu'offrent les territoires
• coût de la main d’œuvre
• niveau de qualification de celle-ci
• niveau variable d'équipements et infrastructures du territoire
• importance du marché solvable
•
avantages fiscaux offerts par certains états
➔ chercher à développer leurs activités là ou elles auront un intérêt
Un cas exemplaire : Nike > s'est internationalisé ds le cadre de contrats de sous-traitance
La société fut fondée en 1968, à Beaverton (Oregon), par un entraîneur d’athlétisme (Bill
Browerman) et un étudiant en comptabilité (Phil Knight). À l’origine, il s’agissait d’une PME
spécialisée dans l’importation et la vente de chaussures de sport. Très vite, la société se développa,
la chaussure de sport étant devenu un créneau porteur. En effet, une nouvelle demande apparut en
parallèle avec des mutations sociales et culturelles des États du Centre :
➢ La conquête du temps libre (réduction de la durée quotidienne de travail, généralisation des
week-ends, apparition des congés payés,…)
➢ Mai 68 et l’hédonisme (diffusion sociales des pratiques sportives, attention croissante portée
au corps et à l’équilibre individuel,…)
➢ Renouvellement de l’intérêt pour la nature
À partir de 1971, la société entreprend une consolidation et une diversification horizontale :
• Un nom (référence à la déesse grecque Athéna Niké : capable de se déplacer à grande vitesse
et symbole de la victoire) et un logo (Le « swoosh », une virgule posée à l’envers … qui
évoque l’aile de la déesse Niké comme on peut la voir sur la Victoire de Samothrace).
• Élaboration d’une première ligne de produit en 1971 (plus uniquement de l’importation de
chaussures). Cette ligne de produit nécessita la création d’une usine de production.
• Apparition de nombreuses innovations techniques (basket « Waffle » avec une semelle
capable d’amortir les chocs et de rebondir en 1973, Chaussures de courses et baskets « Air »
avec des poches remplies de gaz dans la semelle en 1978).
• Diversification de la gamme des produits (des chaussures et équipements pour tous les
sports, lignes de vêtements,…).
• Le lien produit – athlètes (des stars du sport sous contrat de fourniture : I. Nastase (1971), J.
McEnroe (1978), M. Jordan (1984), l’équipe brésilienne de football (1995), T. Woods
(1996),…).
• Des campagnes publicitaires qui marquent les esprits (avec utilisation de sportifs)
• Niketown : le concept révolutionnaire du grand magasin de marques (repris notamment par
Apple depuis). Le magasin agit comme lieu d’idéalisation du produit (ambiance associée à
la marque, mise en scène des objets, attractions variées,…) > ne vend que les produits de la
marque
Aujourd’hui, Nike est une firme mondiale dynamique. Son chiffre d’affaire est de l’ordre de 9
milliards USD et est en croissance régulière (augmentation de 50% entre 2001 et 2005). La firme a
un taux de rentabilité énorme, de l’ordre de 25%. Cette croissance n’est pas prête de s’arrêter, Nike
accroit chaque jour son emprise sur le secteur du vêtement de sport (rachat de la firme Converse en
2003,…).
Malgré cette croissance importante, la firme est toutefois assez modeste à première vue. Elle ne
compte que 3.400 salariés en 1986 et 18.000 en 2004 (pas grd chose pr une FTN). La structure
interne est légère, souple et hiérarchisée :
➔ Polarisation sur 3 sites étasuniens fonctionnellement spécialisés
• Beaverton : direction générale, gestion, design, recherche et direction Amérique latine
• Saint-Louis : laboratoires, assurance-qualité
• Memphis : commercialisation
➔ Internationalisation via des centres de gestion et de coordination (au Canada, aux Pays-Bas
et à Hong Kong) ainsi que des centres de distribution spécifique dans les grandes villes des
plus gros marchés nationaux (Bangkok, Bruxelles, Buenos Aires, Johannesburg, Kuala
Lumpur, Melbourne, …).
Cette structure interne simple et hiérarchisée ne doit pas faire illusion. La firme utilise en effet d’un
vaste réseau mondial de firmes sous-traitantes prenant en charge les productions matérielles :
• 350 sous-traitants principaux répartis dans 55 États.
• 653.000 salariés en 2004, soit 36x le nombre de personnes directement salariées par Nike.
Ces salariés sont une main d’œuvre ouvrière jeune, majoritairement féminine (80%), peu
qualifiée et rémunérée le plus faiblement possible.
• Ces travailleurs salariés sont concentrés dans 3 grands bassins productifs :
Amérique latine : 35.000 salariés dans usines maquilas (usines avec exonération des droits de
douane).
Bassin méditerranéen et Europe de l’est : 31.000 emplois.
Asie orientale : 466.000 salariés dont 30% des effectifs mondiaux en Chine et 19% en Indonésie.
Ce déploiement de la marque montre que l’industrie manufacturière n’a pas disparu, pas plus que la
classe ouvrière : l’une et l’autre se localisent loin de nous aujourd’hui. Ce déploiement spatial
s’appuie sur la mise en concurrence de plus en plus exacerbée des salariés des différents États … En
particulier dans les activités productives les moins qualifiées ou à faible valeur ajoutée. Cette mise
en concurrence s’appuie sur les variations des coûts salariaux horaires et les variations des coûts de
protection sociale (cotisations sociales et charges fiscales liées aux salaires) > diversité des états ds
lesquels les firmes sous-traitantes sont installées.
On retrouve en effet des écarts énormes dans les salaires pour une fonction et qualifications égales :
• Un Japonais touche 22,75 $ /heure
• Un Bengalis 0,25 $ /heure →Un salarié japonais coute dont l’équivalent de 91 emplois au
Bengladesh.
> délocalisé = aller chercher des salaires horaires les moins cher possible
Ces mêmes écarts se retrouvent en matière de protection sociale :
• La Suède consacre 35% de son PNB aux dépenses de sécurité sociale
• La Chine … moins de 4%.
Ces choix économiques permettent de produire une paire de chaussure pour environ 5 $ … avec
des salaires journaliers de 1 à 2 $ et de dégager une marge très élevée par rapport au prix de vente
…. et d’engager des sommes colossales pour la communication … au profit des stars du sport (M.
Jordan : 20 millions de $/an)
Nike est donc la première véritable firme-réseau sans usines. Ce modèle fut rendu possible grâce à 2
mutations majeures :
• La révolution des communications (télécommunications et informations, transports
maritimes et frets par porte-conteneurs) qui diminue fortement les coûts et augmente
grandement la rapidité et l’efficience. Les coûts de transport ne représentent en effet plus
que de 1 à 3% du prix de revient des produits Nike.
• L’hyper libéralisation du commerce mondial (se dvlp après les GM). L’ouverture des
marchés et la diminution systématique des droits de douane entre Etats (GATT et OMC)
Ces deux mutations ont créées une interconnexion concurrentielle des territoires et des relations
sociales et salariales à l’échelle mondiale, mais aussi une forte spécialisation des territoires en terme
de production et de services en fonction de leurs avantages comparatifs.
MS rendu possible aussi par la multiplication des zones franches = portion de territoire d'un Etat qui
bénéficie d'un statut dérogatoire au regard des reglementations fiscales, sociales, urbanistiques,...
Le nbre de ces zones est en forte hausse dps les années 1970 :
• 10 à 80 états avec ZF
• + de 850 ZF industrielles > 30.106 salariés
Forte promotion par les grds organismes transnationaux comme le Banque Mondiale. Rajoutons
aussi les paradis fiscaux, qui permettent d'échapper au fisc ou à l'autorité de l'état.
Ce modèle fut adopté dans les années 80 et 90 par la plupart des firmes transnationales (FTN) du
textile et de l’habillement (Reebook, Levi Strauss, Benetton, …). Dans les années 90, ce fut les
centrales d’achat des FTN de la distribution de masse (Quelle, Carrefour, Wal Mart, …) qui
adoptèrent ce modèle. Celui-ci est néanmoins relativement fragile puisqu’il dépend :
• De l’instabilité des consommateurs.
• Des variations dans la qualité des produits.
• Du développement des sous-marques (entreprises de la grande distribution) et de la
contrefaçon.
• Des réactions salutaires d’ONG et de syndicats … pour condamner les abus et les violences
exercées à l’égard des salariés des firmes sous-traitantes.
Un autre cas exemplaire
Le tour du monde d'un jean
3.7
Des logiques qui reproduisent ou simplifie les inégalités sociales
Riches ou pauvres
Revenu d'un ménage : =/= entre
• revenus du travail = salaire, revenus des travailleurs indépendants, revenus de remplacement
(sécurité sociale)
• revenus du capital = tout ce qui est lié à la possession d'un patrimoine (ex : revenus fonciers,
immobilier, prêt d'argent, revenus des actions = dividendes, les plus-value)
➔ dualité des sources de revenus. !! revenus du capital varient fortement et rapidement ds
le tps > dépend de l'évolution des prix, des taux d'interêts et des valeurs boursières.
!! rpzt une part d'autant plus grande que les richesses sont élevées > ex : 70% des revenus pour les
10% les plus riches, 5% pour 50% des plus pauvres.
➔ pyramide de la richesse patrimoniale ds le monde
= hiérarchie sociale selon la valeur du patrimoine détenu par les adultes (échelle mondiale)
3 GRDES CATEGORIES :
(1) classe dominante : + que 100 000$ = 8%
➢ distinction entre ceux qui ont 1 millions$ et ceux qui ont entre 100 000 et 1 millions de $
= 1% qui détient 40%
(2) classe moyenne : /e/ 10 000 et 100 000$ = 1/4 de la population qui détient 14%
(3) classes populaires : inférieur à 10 000$ = 70% de le population qui détient 3 %
DC, système monde très inégalitaire, avec domination des plus riches (= oligarchie).
> Acteurs = dirigeants des grdes firmes industrielles + acteurs clefs du monde de la finance + stars
(sport ou show business)
> à la base = masse importantes des classes populaires > adultes tirant l'essentiel de leurs revenus
du travail (patrimoine inexistant ou faible)
➔ Deux dynamiques à l'oeuvre en //
• Des logiques économiques qui contribuent à la formation de classes moyennes dans les
Etats de la Périphérie
= Emergence de nouvelles puissances économiques spécialisées dans la production
agricole (par exemple le Brésil), l'industrie manufacturière (par exemple Chine,
Thaïlande, Turquie) ou l'exportation des hydrocarbures (par exemple pays du Golfe
arabo-persique)
• Des logiques économiques qui contribuent à la perpétuation ou l'amplification des
inégalités :
= Concentration du commandement économique dans les mégalopoles de la Triade
= Rôle majeur des firmes transnationales, dans une logique de compétition et de
profit
= Mise en concurrence des salariés à l'échelle mondiale
= Remise en question des régulations anciennement assurées par les Etats
➔ Au total : un système Monde marqué par un profond dualisme social et territorial
Des contrastes encore très accusés sont présents entre les riches et les pauvres. Ces contrastes ont de
multiples conséquences sur l’accès aux ressources de base, sur le plan de la santé,…
On remarque ainsi que les pays ayant le PIB/habitant le plus faible sont les pays ayant les taux
d’accès à l’eau salubre les plus bas (50% n'ont pas accès à un réseau de distribution d'eau)
Les pays ayant le PIB/habitant le plus faible sont aussi les pays ayant le plus haut taux de mortalité
infantile. Les pays ayant le PIB/habitant le plus faible sont les pays ayant le plus haut nombre
d’accident de travail, les pays où les conditions de travail sont donc les plus difficiles.
Passons à l'accès à la consommation rapide :
Cette carte montre l’implantation des McDonalds dans le monde. Selon le nombre d’implantation
dans un pays, on peut retracer l’ère de diffusion de la chaine.
Dans un premier temps, on observe une diffusion des USA vers l’Europe (principalement après la
chute du Mur de Berlin) et le Japon, à savoir deux zones fortement solvables.
Ensuite, McDonalds s’est implanté en Amérique Latine, pays moins solvables mais culturellement
proche des USA. Par après, la chaine s’est implantée en Chine et en Inde où seule une petite partie
de la population est solvable mais cette petite portion représente quand même une grande masse de
consommateurs.
Enfin, McDonalds s’implante actuellement au Moyen Orient où la population prise fortement le
mode de vie occidental (grandes surface, voitures importées,… principalement aux Emirats Arabes
Unis).
Seule l’Afrique est non-occupée, la solvabilité (PIB/hab) définit donc bien l’implantation
3.8
Des logiques coûteuses pour l'environnement
Un exemple : un repas de fête pour 8 personnes en décembre 2007. Les achats sont effectués dans
un hypermarché en Belgique, en profitant des promotions de fin d’année.
Au total, parcour une distance de 221 350km pour une émission de CO2 de 43,2kg !
Plus précisément, les pérégrinations des asperges péruviennes : 1kg d'asperges en magasin coùute
20e, ms les intermédiaires et les producteurs du Pérou ne touchent que...1e80 (= 15%), le reste est
répartit entre le transport (15%), l'importateur (25%) et le supermarche (45%). Illustre bien le
rapport de domination > l'essentiel bénéficie aux agents économiques.
Le cas de la salade de fruits frais exotiques est encore plus flagrant puisqu’elle nécessite
l’importation de fruits du monde entier.
Bilan total :
• Distance parcourue par les différents produits : 220 000 kilomètres.
• Emissions de 44,2 kg de CO2 uniquement pour le transport intercontinental (dont 97% pour
le seul transport aérien). 44,2 Kg de CO2 = émissions de CO2 d’un véhicule ordinaire
parcourant la distance de 276 kilomètres : soit approximativement 16 litres de carburant
pour quelques kilogrammes de nourriture.
Une alternative ? • Un joli bouquet de houx au centre de la table • Une délicieuse soupe au potiron
en entrée • Le même steak-frites-salade à base de produits locaux • Une salade de fruits sans fraises,
cerises ... venues par avion • Des vins français →Des émissions de C02 dues au transport diminuées
de 80% !
Cette tendance lourde de nos sociétés européennes (« vivez comme vous voulez) à l’importation de
produits étrangers entraîne une croissance soutenue du trafic de marchandises (et de passagers).
Cette croissance du trafic a des impacts environnementaux substantiels… surtout liés aux
déplacements routiers. Les transports sont :
• 5ème contributeur des émissions de GES
• 3ème contributeur des émissions de CO2
• La plus forte croissance des émissions CO2 depuis 35 ans avec les centrales électriques
3.9
Un dénominateur commun : le capitalisme
On constate qu’un dénominateur commun peut être dégagé entre le modèle de Nike et l’importation
de masse : la recherche du profit maximal inhérent au capitalisme. Système social historiquement
situé > émerge en EU au 16e siècle : se répand progressivement vers le XVIIIe puis se généralise
--> système social quasi exclusif, dont la caractéristique est l'utilisation du capital (K).
A souligner
(1) tous les acteurs économiques dépendent du marché > tendance à la généralisation de
l'échange marchand
(2) si bien ou service produit n'est pas acheté, le capitaliste est éliminer du marché
(3) capitalisation du profit = essentiel ! > rester concurrent, dc accroitre sans cesse sa
production... ce qui devient le moteur du capitalisme
Le capitalisme se caractéristique par une utilisation singulière du capital (K) par rapport aux
systèmes historiques antérieurs :
• K = stock existant de biens de consommation, de machines et de droits monétaires reconnus
sur les biens matériels
• K d'un particulier = ensemble des biens qu'il possède
• K d'une entreprise = ensemble de l'ensemble des moyens qu'elle possède, notamment le
K fixe
• K employé dans le but premier et délibéré de son auto-expansion (de sa croissance)
La réutilisation du K est donc faite en vue d'une accumulation supplémentaire de richesse. Le profit
peut donc être vu comme un vecteur d'enrichissement personnel ou comme un moyen d'élargir le
champ d'activité, de renforcer ou d'élargir le processus permettant de faire des gains.
Pour que le capitalisme fonctionne, il faut que le capital (K) circule. Pour ce faire, certaines
conditions de base doivent être remplies = acte de capitalisation du profit :
• Accumulation préalable de richesse monétaire.
• Recours à une force de travail (il doit exister des personnes attirées par un tel travail … ou
contraintes de l'effectuer).
• Ecouler les biens (il doit exister un réseau de distribution et des acheteurs disposant du
pouvoir d'achat nécessaire).
• Tirer un profit :
• Les produits doivent être vendus à un prix supérieur au total des coûts de production (y
compris frais de transport et de commercialisation).
• La marge ainsi dégagée doit dépasser la somme nécessaire à la subsistance du vendeur
pour qu'il puisse capitaliser son profit, et dc le réinjecter ds le circuit du K
Les systèmes pré-capitalistes n’ont pas fonctionnés car :
– Des maillons de la chaîne relevaient d'opérations considérées par les représentants de
l'autorité politique ou religieuse comme irrationnels ou amoraux.
– Des maillons de la chaîne faisaient simplement défaut (accumulation préalable de richesse,
force de travail, réseau de distribution ou consommateurs solvables).
L’accumulation de capitaux (base du système capitaliste) va de pair avec deux autres processus : la
marchandisation et l’innovation.
La marchandisation est l’extension des processus marchands dans l'échange, la production, la
distribution, l'investissement,… À partir du 19e siècle, on observe une intégration de pans de plus
en large de l'activité économique dans les logiques marchandes (marchandisation de la production
artisanale, de la production agricole, de l'eau, de l'air,…). En outre, cette extension des processus
marchands s’accompagne d’une extension spatiale dans le cadre de la colonisation et de la
mondialisation. Elle débouche sur la formation de nouveaux besoins solvables.
Exemple : la marchandisation des relations amoureuses : via site web de rencontres, la relation
devient marchande (on paye) > marchandisation sectorielle
L’innovation est la fabrication de biens nouveaux, le développement de nouvelles méthodes
production, de nouvelle organisation du travail, de nouvelles utilisation des matières premières. En
cas de réussite, l’innovation permet un pouvoir de monopole temporaire sur un marché (Apple et
son iPad, produit innovant sans concurrent sur le marché durant plusieurs années).
Lorsque les trois processus (accumulation de K, marchandisation et innovation) se sont rencontrés,
on a assisté à ce que Schumpeter appelle la « destruction créatrice », à savoir un mouvement
détruisant d’anciennes activités (agriculture autosuffisante), formes sociales (troc), ressources,… et
créant dans le même temps de nouvelles activités, de nouveaux marchés, de nouveaux besoins,…
Les conséquences sociales et environnementales du capitalisme
Vecteur de la croissance économique contemporaine …. et donc de l’amélioration des conditions
matérielles d'existence d'une partie de la population mondiale.
Facteur d'un accroissement des inégalités socio-économiques (entre détenteurs des moyens de
production et travailleurs, entre travailleurs et chômeurs, …).
Responsable d'une forte croissance de l'impact des sociétés humaines sur l'environnement,
notamment au niveau de la disponibilité des ressources naturelles.
➔ L’augmentation des impacts sur l’environnement est une conséquence d'une augmentation
de la consommation et de la production.
Il faut toutefois relativiser : la consommation est une construction sociale qui nous échappe : audelà de la satisfaction de certains besoins élémentaires (air, eau, ration alimentaire de base, abri,…)
« l'homme se distingue de tous les autres animaux par le caractère extensible et illimité de ses
besoins » (Marx, Le Capital). En effet, les besoins humains trouvent leur source dans la société : ils
sont d'origine sociale et varient d'une société à l'autre :
• Le système de besoins est issu des plus nantis (la "classe de loisir" définie par Veblen) : une
fois le confort matériel assuré, les choix en matière de consommation se réalisent en
fonction d'une norme conventionnelle définie les modes de consommation des plus riches.
• Les transformations des structures matérielles de la société génèrent de nouveaux besoins
(urbanisation, dégradation d'aménités, pollutions,… suscitent de nouveaux besoins).
• Les logiques mêmes du capitalisme (dynamique d'innovation, d'élargissement des aires de
marché, crédit, publicité, stratégies de communication, …) encouragent la prolifération des
besoins par la conception de nouveaux objets ou services … pour lesquels sont "inventés"
des besoins nouveaux (ex : le GSM).
Au final, la croissance des consommations est largement portée par les sollicitations de la sphère de
la production et de la distribution grâce à la multiplication des objets produits, l’accélération de
l'obsolescence des produits (obsolescence programmée), la diminution des coûts de production,
l’omniprésence de la publicité,…
L’augmentation de la consommation résulte donc belle et bien de l’augmentation de la production.
Dès lors, faut-il agir sur la consommation (culpabilisation du consommateur) ou sur la production et
la commercialisation (responsabilisation du producteur ou du distributeur) pour réduire l’impact du
capitalisme ?
2.4.
Les espaces de l’identité collective
Autour de la notion d’identité
La notion d’identité est un concept vague, avec de multiples définitions. Pour ce chapitre, on
parlera d’identité pour parler de ce qui fait qu’une société existe :
• L'identité s'incarne dans le sentiment partagé d'avoir des choses en commun.
• Ce sentiment collectif permet à chaque individu qui le fait sien de se situer, de se définir, au
sein de l'oekoumène (cf. Supra).
• L'identité produit donc lien social
L’identité apparaît donc comme une composante importante des sociétés. En tant que sentiment
partagé d'avoir quelque chose en commun, elle contribue à la reproduction sociale. Les
constructions sociales dont les participants ne partagent pas ce sentiment (p. ex. un réseau
économique, une structure purement administrative, …) peuvent disparaître … même si elles
forment par ailleurs chacune un système, avec sa propre logique de reproduction et de
transformation. En l’absence d'identité partagée, aucune volonté ne considère avec force que la
société doit perdurer à tout prix. L’identité permet donc à une société de croitre et d’exister.
L'identité permet aux individus de se situer dans le temps, de se placer dans une communauté de
destin. Par exemple, parler de la Chine pour désigner en même temps des groupes néolithiques
(dynastie légendaire des Hia), un empire agraire (époque Tang) et une société socialiste (époque de
Mao) est un coup de force intellectuel. Pourtant il existe une filiation entre ces sociétés. Cette
filiation est revendiquée et reproduite chaque jour par la transmission intergénérationnelle :
• Des langues
• Des réalisations culturelles
• Des multiples manières de vivre ensemble … que certains appellent civilisation.
En conclusion : aujourd'hui être Chinois ou Français, Inuit, …, mais aussi confucianiste, musulman,
hindouiste,… a un encore un sens, même à l’heure de la mondialisation.
Toutefois, la mondialisation a développé l’idée de multiplicité et d’hybridation de l'identité. Chaque
individu se reconnaît dans plusieurs identités : de genre, d'âge, de classe sociale, de langue, de
religion, nationale, …. Les identités individuelles et collectives deviennent donc de plus en plus
hybrides.
Un cas singulier : Le rap des steppes (le groupe mongol Lumino)
Le groupe présente cette hybridation de l’identité, la pochette de l'album Lamba guian Nulim en est
un parfait exemple puisqu’elle reprend à la fois :
➢ des aspects du hip hop américain (tag du nom du groupe, logo « parental advisory: Explicit
lyrics», attitude/apparence de bad boys).
➢ Des éléments tirés de la culture mongole (costumes de guerriers de l’époque de Genghis
Khan qui est vu comme le symbole de l’unité de la Nation mongole depuis la fin du
communisme).
Ce phénomène n’est pas marginal, on rencontre d'autres groupes de rap populaires en Mongolie
(Har Sarnai, Tatar,etc). Tous ces groupes présentent des traits communs :
➢ Participation des rappeurs à la redécouverte de l’histoire mongole.
➢ Hommage à Genghis Khan via les chorégraphie, les costumes et coiffures des guerriers
mongols, la dénomination (titres et groupes), les airs et textes musicaux (écrit en alphabet
traditionnel et plus en cyrillique qui était l’écriture officielle sous le régime communiste).
Ce phénomène marque une articulation entre le local et le global par le biais de différents réseaux :
➢ À l’échelle nationale via la diffusion depuis Oulan Bator vers les villes secondaires et le
monde rural
➢ Du global vers le local par les médias (Internet, MTV,… qui diffusent le hip-hop depuis ses
lieux d'émergence (aux Etats-Unis) vers les périphéries)
➢ Du local vers le global par le réseau du monde musical asiatique (concerts de groupes
mongols en Chine, au Japon, en Corée du Sud) et par la diaspora mongole qui diffusent ce
style musical vers l'extérieur.
Le Hip-hop devient ainsi une métaphore de la Mongolie actuelle :
➢ Hybridation culturelle : ancrage local tout en conservant des liens avec les formes originales
➢ Vecteur du renouveau nationaliste après le communisme.
➢ Vecteur de revendications de la jeunesse (pauvreté, alcoolisme, chômages, corruption, …)
Ainsi, dans un contexte de transition économique tumultueuse (paupérisation, croissance urbaine,
crise du nomadisme, …), le hip-hop permet dans un même mouvement :
➢ Une ouverture assumée sur le monde occidental
➢ Une réaffirmation de l'identité locale, par référence à Genghis Kan, symbole de la force, de
l'unité et de l'ordre.
On a donc affaire à un phénomène de glocalisation du hip-hop : un ancrage américain auquel vient
s’ajouter des formes d’autonomisations locales.
La représentation cartographique de l'identité collective
Représenter les identités collectives sur une carte est un exercice très délicat, notamment à cause du
jeu des migrations, des échanges économiques, des flux d'informations, … tous les habitants d'un
territoire donné partagent rarement une même identité (nationale, religieuse, linguistique, sociale,
….) L'attribution d'une identité à l'ensemble d'un territoire est donc une vue de l'esprit.
Par exemple, cette carte est supposée représenter les différentes religions dans le Monde :
On y voit : Les Etats-Unis protestants et L’Inde hindouiste. En réalité, les Etats-Unis et l’Inde
présentent une répartition spatiale religieuse beaucoup plus nuancée. Si les protestants sont
majoritaires aux USA et les hindouistes majoritaires en Inde, ce ne sont pas les seules religions de
ces Etats ! Les USA présentent de nombreux catholiques, ceux-ci dépassent même le nombre de
protestants dans certains états. L’Inde est composée de deux minorités importantes : les musulmans
et les chrétiens. La première carte est donc en partie fausse puisqu’elle ne représente que la religion
dominante dans chaque Etat, en occultant par la même les religions minoritaires qui représentent
néanmoins des millions de personnes (Par exemple, les musulmans en Inde sont plus nombreux
qu’en Egypte).
L’identité peut se représenter selon deux champs distincts :
➢ L’Etat-Nation
➢ La « civilisation » qui est une synthèse linguistique, culturelle et religieuse
Ces deux champs forment la mosaïque culturelle du monde, produisent le morcellement politique de
la planète et s’opposent à l’unification économique et technique du système monde. Ces deux
champs de l’identité sont souvent associés des conflits violents, qui reposent sur des enjeux
territoriaux ou sociaux à forte valeur symbolique. En effet, les sociétés humaines se battent avec
d'autant plus de conviction qu'elles croient le faire au nom d'un dieu ou d'une nation dont le destin,
le territoire, les frontières sont considérés comme sacrés.
L’Etat-Nation
État et nation sont deux notions distinctes rassemblées sous un même terme :
–
–
État (du latin status : se tenir debout) : une forme d’organisation politique et juridique d’un
territoire ou d’une société. Il est à la fois : une structure (ensemble d’institutions), une
autorité légitime (monopole de la violence légale exercée par ses institutions) et un territoire
(espace soumis à l’autorité des institutions)
Nation (du latin natio : la naissance) : un concept plus ambigu. Thèse objective (inspiration
allemande) : population partageant une langue, une religion, une histoire, un territoire, …
commun(e)s. Thèse subjective (inspiration française) : communauté d’individus unis par la
volonté commune de vivre ensemble. Synthèse : une population unie par une histoire et une
culture commune, qui vit sur un même territoire et aspire à être sous l’autorité d’un même
État (= L’État du coeur).
Etat-Nation apparait donc lorsque que la notion d’Etat coïncide avec celle de Nation Les EtatsNations sont des groupes sociaux de grande taille, géographiquement délimités, défini comme des
nations et juridiquement organisés en Etats.
Malgré les contestations dont il fait l'objet, l'Etat-Nation est le cadre le plus sûr (le plus simple
aussi) pour identifier des sociétés dans le système monde :
• Largement pertinent pour l'Europe (sauf la Belgique ou la Suisse à cause notamment des
différents langages officiels), l'Asie orientale et les Amériques.
• Moins pertinent pour l'Afrique subsaharienne, où les frontières ont été tracées dans
l'ignorance et le mépris des populations qu'elles découpaient (cf. Congrès de Berlin, 1885).
Le lien entre l’Etat-Nation et la Société fait néanmoins l'impasse sur les multiples contestations
séparatistes ou irrédentistes (qui souhaitent réunir à une nation les groupes ethniques de même
langue ou même culture vivant dans d'autres Etats, Rassemblement Wallonie-France par exemple).
Il fait également l’impasse sur les formes de société en réseaux : diasporas, religions instituées,
mouvements révolutionnaires, entreprises, courants intellectuels, … qui peuvent faire preuve d'une
forte solidarité transnationale Toutefois : l'Etat-Nation reste l'archétype de la société majeure et la
seule configuration assurant l'indépendance et la légitimité maximales.
La question du maillage étatique mondial : Une distinction doit être faite entre Etats de facto (de
fait, sur le terrain) et de jure (juridiquement, en tant qu'entité reconnue par la communauté
internationale). La plupart des Etats sont à la fois de facto et de jure. On retrouve néanmoins
certaines exceptions.
Certaines entités existent de facto comme des Etats et disposent d'un territoire, d'une capitale, d'un
gouvernement et d'une administration, d'une armée, d'un drapeau,… mais qui :
• Ne sont reconnues par aucun autre Etat : Somaliland (ex-Somalie Britannique, séparée de la
Somalie en 1991), Transnistrie (province autonome de la Moldavie), Abkhazie et Ossétie du
Sud (séparées unilatéralement de la Géorgie),…
• Ne sont reconnues que par un autre Etat : République turque de Chypre-Nord
(autoproclamée en 1983, peuplée de Turcs, reconnue uniquement par la Turquie),…
• Ne sont reconnues que par certains Etats : Gouvernement taliban (Afghanistan, 1996-2002)
reconnu uniquement par le Pakistan, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ; la Chine
nationaliste (Taïwan) reconnue comme gouvernement légitime de la Chine par une vingtaine
; le Kosovo reconnu par 75 Etats (22 membres de l'UE, Etats-Unis, Japon, mais pas Chine,
Russie, Inde) ; …
• Ne sont pas reconnues par certains Etats : Israël n’est pas reconnu par certains Etats arabes,
qui reconnaissent en lieu et place la Palestine
À l’inverse, certains Etats existent de jure (reconnaissance par la communauté internationale, siège
à l'ONU) mais qui n'existent pas ou à peine sur le terrain :
• Palestine : reconnue comme Etat par 98 autres (dont Russie, Inde, Chine, mais aussi
Autriche, Pologne, …), membre de la Ligue arabe,… mais non reconnue par les Etats
proche d’Israël.
•
•
République arabe sahraouie démocratique (Sahara occidental) : reconnue par au moins une
cinquantaine d'Etats et membre de l'UA (Union Africaine).
➔ En 2010, l’ONU compte 192 Etats reconnus et 2 Etats au statut particulier d’observateur
(Vatican et Palestine).
3 Etats ne sont pas reconnus par l’ONU : Taïwan, la République arabe sahraouie
démocratique et le Kosovo.
➔ Les 192 Etats de l’ONU sont d’importance diverses. On les classes selon leur superficie
et leur population.
➔ Ainsi, on compte 68 Micro-Etats, 95 Etats, 23 Grands Etats (représentants 30% des
terres émergées) et 6 Macro-Etats (représentants 45% des terres émergées).
La civilisation
Le concept de "civilisation" : Un terme apparu en France au XVIIIe siècle pour distinguer un état
supérieur de la société. On oppose ce qui est "civilisé" à ce qui est "barbare" (repose sur des
institutions, se développe dans des villes et s'appuie sur un degré +/- élevé d'éducation) Dans
l’optique où le terme apparaît, seule la société européenne (tout particulièrement la société
française) est digne d'être une "civilisation". Ainsi, la colonisation trouva une partie de sa
justification dans la volonté de "civiliser" – par la domination militaire, politique et économique –
des peuples jugés proches de l'état de "nature".
Par la suite, de nouvelles significations sont apparues :
➔ ensemble de caractères moraux, culturels, religieux, linguistiques et matériels communs à
une société ou à un groupe de sociétés.
➔ produit de l'histoire dans la longue durée Avec ces nouvelles significations, il est admis qu'il
existe d'autres civilisations que la civilisation occidentale, qu'il n'y a pas d'hiérarchie entre
civilisations.
La délicate délimitation des aires de "civilisation"
Délimiter une civilisation est une tâche rendue ardue par différents facteurs :
• Les aires de "civilisation" varient selon les critères retenus. Ex. : Une ou trois "civilisations"
occidentales ("européenne", "anglo-saxonne", "latine").
• Cohabitation possible de plusieurs "civilisations" sur un même territoire. Ex. : Indonésie –
mondes malais, chinois et indien.
• Une "civilisation" peut se développer en des lieux discontinus. Ex : la "civilisation" chinoise
sous forme de communautés hors de Chine, dans toute l'Asie du Sud et même en Amérique
du Nord, voire en Europe.
• Une "civilisation" peut être influencée par une autre, sans en adopter tous les traits Ex. : Les
Japonais à la fois influencés par les "civilisations" originaires de Chine et par les caractères
da la "civilisation occidentale" (cf. révolution Meiji, 1868) sans devenir pour autant des
Chinois ou des Occidentaux.
Pour délimiter les grandes aires de "civilisations", on s'appuie largement sur un fondement
religieux, éventuellement complété par un critère linguistique.
1) La dimension religieuse
Dans le monde, on retrouve 4 groupes religieux dominants et une part grandissante d'agnostiques et
d'athées. La répartition spatiale de ces groupes se fait par grandes masses, par grands ensembles
géographiques. En effet, si l'adhésion religieuse est théoriquement une affaire personnelle, les
diffusions des religions se sont faites de manière collective, en lien avec des événements politiques
et/ou économiques. Par exemple, l’expansion de l'Islam sur les rives sud de la Méditerranée en
liaison avec la conquête arabe du VIIe siècle, la christianisation de l'Amérique dans le cadre de la
colonisation européenne,…
Cette répartition spatiale présente des contrastes marqués selon les groupes :
➢ Aire chrétienne très vaste (Europe, Amérique, Océanie, parties de l'Afrique centrale et
australe, Philippines).
➢ Aire musulmane, plus regroupée (de l'Atlantique en Afrique jusqu'à l'Inde et l'Indonésie).
➢ Aire hindouiste limité à la péninsule indienne, à l'exception d'un foyer en Indonésie (Bali).
➢ Aire bouddhiste limitée à l'Extrême-Orient, avec extension récente mais modeste dans le
monde occidental (moins de 1% des bouddhistes).
De plus, ces aires de répartitions peuvent présenter des divisions internes qui peuvent être
importantes :
➢ 3 églises chrétiennes différemment organisées et concurrentes (catholicisme, protestantisme,
église orthodoxe)
➢ Divisions précoces de l'Islam en plusieurs branches, qui divergent notamment sur la
question de l'organisation du pouvoir (séparation ou pas entre pouvoir temporel et séculier)
Enfin, les religions sont également en évolution perpétuelles, ce qui se ressent sur leurs aires de
répartitions.
2) La dimension linguistique
La langue est une composante importante mais non déterminante d'une "civilisation". Il s’agit du
moyen d'expression d'une société et par conséquent d’un élément de définition identitaire, par
exemple de construction de projets nationaux.
Ex. : En France, le français était utilisé par moins de 50% de la population au début du XIXe siècle.
Sa généralisation fut un des moyens de la construction nationale.
Ex. : Dès sa création (1923), la Turquie a épuré sa langue de ses mots arabes ou persans pour
renforcer son identité nationale.
Quelques repères statistiques :
➔ Près de 6.000 langues dénombrées à la surface du globe …. Mais un tiers d'entre elles sont
aujourd'hui parlées par moins de 1.000 personnes et donc menacées de disparition.
➔ Une centaine de langues servent à l'expression de 95% de la population mondiale, les 5 plus
répandues sont parlées par la moitié de l'humanité.
➔ On observe une progression du plurilinguisme avec le développement des échanges, mais le
nombre de langues véhiculaires tend à diminuer au profit de l'anglo-américain, expression
de la "civilisation" dominante.
3) Synthèse
La plupart des chercheurs distinguent en général de 7 à 9 grandes "civilisations" … sur base
essentiellement du critère religieux. Ces grandes civilisations varient selon les chercheurs :
• Les civilisations selon G. Chaliand et P. Rageau (1983)
• Les civilisations selon S. Huntington (1996)
• Les civilisations selon Y. Lacoste (1997)
Quelques traits majeurs :
➢ Les "civilisations" chinoise et hindoue, les plus anciennes (3.500 ans) privilégient des
croyances (bouddhisme) et des philosophies (confucianisme) qui mettent en avant une
sagesse liée à la soumission de chacun dans le cadre d'une société hiérarchisée.
➢ La "civilisation" occidentale a hérité d'Athènes la raison et l'humanisme, de Rome le droit,
de Jérusalem le judaïsme et le christianisme et a établi progressivement une séparation entre
le religieux et le politique.
➢ La "civilisation" islamique, la plus récente, ne sépare pas les domaines spirituel et temporel,
la doctrine religieuse inspirant fortement le droit et la vie politique.
Choc ou dialogue des "civilisations" ?
La thèse de S. Huntington : alors qu’on observe un recul inéluctable des rivalités entre grandes
puissances, de la lutte des classes, … Les tensions entre groupes culturels sont de plus en plus
croissantes. Les nouveaux conflits internes et externes sont dus au choc des "civilisations".
Cette vision est quelque peu simpliste :
➔ Une analyse a-historique des "civilisations" (ne tenant pas compte de l’histoire des
civilisations).
➔ Qui vire parfois à la paranoïa : connexion prétendue entre "civilisations" confucéenne et
islamique en vue de détruire l'Occident … sur base des échanges de technologie militaire
(Chine et Corée du Nord sont en liaison avec l’Iran, l’Irak, la Libye,…), sans parler du rôle
des Etats-Unis et de la France dans le commerce des armes au Moyen-Orient.
➔ Nombre de conflits se trouvent à l'écart des zones du "choc des civilisations" (en Afrique
centrale ou Moyen-Orient par exemple).
➔ Les fractures (sociales, économiques, politiques) internes aux "civilisations" sont
nombreuses et potentiellement génératrices de conflits.
Cette vision est également fortement idéologique :
➔ Une thèse qui vise à défendre les valeurs de l'Occident (individualisme, libéralisme, libre
marché, …) et légitime les interventions étasuniennes dans le monde.
Néanmoins, on peut remarquer de fortes résistances à l'uniformisation culturelle :
➔ En Asie, par exemple, les valeurs occidentales pénètrent difficilement les cultures chinoises
ou hindouistes porteuses de valeurs distinctes (sens de la communauté, respect de l'autorité,
forte valorisation du travail, …).
➔ Résistance, parfois plus radicale, du monde musulman par la diffusion du fondamentalisme
islamique depuis les années '70, à partir de l'Arabie saoudite et de l'Iran. En son nom sont
menées des actions violentes contre des intérêts occidentaux.
On observe également une visibilité croissante du mode de vie islamique (vague hallal) en parallèle
à l'affirmation de classes moyennes et aisées dans les Etats musulmans et qui se marque notamment
dans différents champs de la consommation (hôtels et clubs de vacances islamiques ; Mecca-Cola,
le Coca-Cola musulman ;…).
49
Chapitre III : La carte comme principal instrument (manière de déchiffre le système monde)
4.1.
Introduction
Une carte est une représentation plane d’une portion ou de la totalité de l’espace terrestre, réalisée à
l’aide de signes conventionnels. Une carte n’est pas une représentation comme les autres :
≠ d’une descripion littéraire : moindre appel à l’imagination
≠ d’un tableau statistique : vue d’ensemble et vue de détail
Dans un tableau, les éléments ressortent moins. Grâce à la carte, on a à la fois une vue globale et
une vue spécifique, et une vue des cohérences spatiales. Dans ce cas-ci, on voit en un coup d’œil les
pays émettant beaucoup de CO2 mais on peut aussi voir les émissions de chaque pays.
MS Une carte est une interprétation du monde, elle ne représente pas la réalité. En effet, bien
qu’elle soit moins subjective qu’un texte descriptif, la carte est toujours une interprétation du réel.
Sa réalisation impose donc des choix, une carte est donc une vision subjective du monde qui dépend
de(s) :
– Contraintes techniques / méthodologiques
– Objectifs poursuivis par l’auteur
➔ « Ne prenez jamais rien pour acquis » - manuel de l'US Army
Une carte résulte toujours d’un processus de fabrication de données. Durant ce processus, de
nombreux problèmes peuvent subvenir.
Exemple A : les réserves de pétrole dans le monde
Cette carte se base sur des données erronées, il s’agit d’un problème au niveau de la production.
En effet, une hausse importante des réserves déclarées par 6 États membres de l’OPEP eut lieu au
cours des années ’80. Cette hausse résulte du fait que l’OPEP a institué en 1985 des quotas aux
différents Etats afin de contrôler l’offre et d’éviter ainsi une trop grande baisse des prix. Ces quotas
sont fixés selon les réserves de chaque pays (si les réserves sont élevées, les quotas sont élevés).
Dès lors, de nombreux états ont spéculé sur leurs réserves afin de bénéficier de quotas de
production importants. De plus, sans nouveaux gisements, les réserves devraient s’amenuiser
d’année en année, ce qui n’est pas le cas.
➔ On estime que 60% des réserves déclarées à l’OPEP sont spéculées.
Les différents états mentent donc bien au sujet de leurs réserves de pétrole, ce qui fait que la carte
n’est pas fiable. En dépit de l’écart entre les faits et les chiffres, les données fournies par l’OPEP sur
ses réserves
• Continuent à avoir force de loi
• Sont utilisées par les experts pour faire des prévisions sur l’évolution future de la production
de pétrole
• Prévisions qui sont utilisées par les gouvernements pour planifier leur politique énergétique
Au final, cette accumulation d’erreurs conduit à des politiques énergétiques dangereuses … parce
qu’elles reposent sur la foi en une ressource pétrolière abondante pour plusieurs décennies.
Le pic du pétrole, moment à partir duquel, pour des raisons géologiques, la production de pétrole ne
peut plus que diminuer, se rapproche plus vite que prévu (2005 – 2020) ce qui va entraîner de très
importantes conséquences.
En avril 2011, l’Arabie Saoudite fait savoir qu'elle a réduit brutalement et contre toute attente ses
extractions et veut accroître de presque 30 % le nombre de ses puits de forage pour maintenir sa
capacité de production à son niveau actuel, et non à l’augmenter (plus de puits pour compenser le
déclin des extractions des puits plus anciens). Deux surprises qui viennent relancer les suspicions
autour des capacités réelles de production de “la banque centrale du pétrole" (Arabie Saoudite =
12% de la production mondiale).
Exemple B : drogues douces et drogues dures : un lien fatal ?
Il s’agit ici d’un problème issu de la construction des indicateurs au niveau du traitement des
données. Argument classique : la consommation de drogues douces fait le lit de celle des drogues
dures (héroïne, cocaïne, …). Pour prouver cette hypothèse, certains calculent le rapport :
Ce qui ne prouve nullement qu’il existe une forte propension à devenir comme K. Cobain chez les
consommateurs de haschisch ou d’herbes. Pour le savoir, il faudrait calculer le rapport :
Un exemple qui rappelle une fameuse pub « Le Lotto : 100% des gagnants ont tenté leur chance ».
Ce qui est très différent de 0,0000001% de ceux qui ont tenté leur chance ont gagné.
Exemple C : la répartition spatiale des Musulmans dans le monde
Premier indicateur : le % des Musulmans dans la population totale dans chaque état.
Deuxième indicateur : le nombre absolu de Musulmans par états.
Ces deux cartes donnent des impressions différentes. Sur la première, on a une impression que
l’Europe est « cernée » par les musulmans alors que sur la deuxième carte on a l’impression que les
musulmans sont loin d’Europe (au Pakistan et en Inde). Le choix de l’indicateur permet donc de
faire dire ce que l’on veut aux cartes, ce qui peut être problématique.
Exemple D : La proportion des étrangers par commune en Belgique
Il s’agit ici d’un problème issu de la représentation des données. Ces deux cartes représentent la
même chose, la même année et sur base des mêmes données. Pourtant, sur la carte de gauche, on a
l’impression qu’il y a peu d’étrangers en Belgique alors que sur la carte de droite on a l’impression
qu’il y en a beaucoup. Comment expliquer ces deux représentations différentes et contradictoires ?
Par l’écart de classe dans la légende. La carte de gauche a une différence entre deux tranches
constante (progression arithmétique), chaque classe correspond à +/- 5%. La carte de droite a un
rapport entre deux tranches constant (progression géométrique), chaque classe représente le double
de la précédente. Sur la première carte, il faut 5 classes pour arriver à 25%, sur celle de droite il en
faut 9. Les teintes des différentes classes allant du claire au foncée, les 25% de la carte de gauche
sont une teinte relativement claire alors que les mêmes 25% sur la carte de droite donneront une
teinte très foncée.
4.2.
Brève histoire de la cartographie (pas matière d’examen)
La première carte apparait vers 6200BC en Anatolie. Il s’agit d’un plan de ville peint sur un mur.
Par après, les cartes vont prendre de l’importance puisqu’elles permettent de faciliter
l’appropriation des terres. Elle permet aussi de situer « ici » par rapport à « ailleurs » et présente des
avantages militaires non négligeables. Elles permettent aussi de fournir et conserver les descriptions
de surface terrestre, d’aider à l’aménagement du territoire et de fournir une représentation du monde
en accord avec un système de valeur.
Jusqu’au 19e siècle, les cartes sont des documents coûteux à établir, elles sont donc réservées aux
élites politiques, militaires ou économiques. Ainsi, en France, au 18e siècle, les différentes cartes
sont établies par ordre direct du Roi et ne sont accessibles que par les grands commis de l’Etat.
Explosion de la production et diversification des usages L’arrivée de nouvelles technologies et la
démocratisation de la société vont petit à petit amener l’apparition de cartes moins coûteuses à
réaliser et plus largement diffusées, notamment pour l’enseignement. Les usages se diversifient
alors. La carte devient un outil au service de la gestion / de l’action (aménagement du territoire,…),
un outil au service de la recherche, de l’enseignement et de la transmission des connaissances. Elle
se met également au service de la population (touriste, comité de quartier,…). Elle devient
également un outil de communication (propagande, publicité,…).
On peut voir ici une carte de 1870 représentant caricaturalement les ambitions des différents états
(l’Angleterre qui se détourne de l’Europe, la France s’opposant aux prusses, la Russie et la Prusse
cherchant à s’étendre,…).
Cette démocratisation des cartes entraina toutefois des dérives, des problèmes de réalisation rendant
les cartes peu lisibles.
Sur la carte de gauche, on a réalisé un graphique en camembert sous la forme d’une carte.
L’ensemble s’avère illisible et peu précis puisque les parts ne sont pas proportionnelles. De plus,
elle sous-entend une répartition géographique des différentes ethnies sur le sol américain. La carte
de droite puisque la taille des missiles n’est pas proportionnelle à leur nombre. Ainsi, les 1054
missiles américains sont plus petits que les 4 missiles chinois. Plus grave, cette carte démontre une
véritable dérive éthique. Sur celle- ci, les réserves d’Indiens et d’animaux aux USA sont mises sur
un même pied d’égalité.
4.3.
Les composantes fondamentales de la carte
Grammaire de la cartographie
Toute carte doit comporter au minimum trois composantes :
• l’échelle
L’échelle est la valeur de la réduction linéaire, le rapport entre les distances sur la carte et sur le
terrain. Par exemple, une échelle 1 : 25.000 signifie que 1cm sur la carte équivaut à 25.000cm
(250m) sur le terrain. Attention : 1 : 10.000 est une grande échelle alors que 1 : 100.000 est une
petite échelle (car ce sont des fractions et que 1/10.000 > 1/100.000). L’échelle peut aussi être
graphique (cf. échelle ci-contre).
• la légende
La légende est le dictionnaire des signes utilisés (signification des différents symboles sur la carte).
• L’orientation
Toute carte doit comporter une indication du nord afin de pouvoir orienter la carte. Elle peut
également comporter des coordonnées géographiques (latitude-longitude) afin de mieux se repérer.
Une carte, qu’elle soit topographique ou thématique, peut comporter de nombreuses autres
informations (titre, date,…) mais ces trois composantes sont obligatoires.
4.4.
Les cartes topographiques
Définitions
La topographie est la description du relief, la description des différentes facettes (physiques et
sociales) d’une portion de l’espace terrestre.
Une carte topographique est une carte représentant avec précision les différentes facettes visibles
(visibles d’en haut, visibles sur des photos aériennes) d’une portion de l’espace terrestre. Il s’agit de
carte officielle de d’un état (faite par l’Institut Géographique National ou tout autre organisme
officiel).
Quelques caractéristiques
La carte topographique est une carte destinée initialement aux militaires. Il s’agit du document de
base pour la préparation des opérations sur le terrain. Dès lors, un soin tout particulier est accordé à
la représentation de tout ce qui dépasse ou pourrait faire obstacle (relief, hydrographie, forêts,
marais,…). La carte topographique représente la morphologie du territoire vue d’en haut. Elle ne
donne aucune information sur les populations, leurs compositions, leurs comportements, leurs
activités,… Il est ainsi impossible de repérer un quartier commerçant sur une carte topographique.
La production cartographique
La production de telles cartes est un processus long réalisé par un organisme (civil ou militaire)
d’État. À l’origine, les informations étaient relevées sur le terrain. Depuis le début du 20e siècle, ces
informations sont issues de la photographie aérienne. Pour réaliser une carte sur base de photos
aériennes, on commence par faire une reconstitution du relief par stéréoscopie ; ensuite, on dispose
les éléments sur fond de carte par interprétation de la photo aérienne. Récemment, on a commencé
la numérisation des données topographiques. Les différentes informations extraites de la photo
aérienne sont stockées dans une base de données numérique puis exploitées automatiquement.
Le mensonge cartographique
Le mensonge cartographique est la déformation volontaire de cartes topographiques en déplaçant,
déformant ou supprimant des éléments pour des raisons stratégiques. Il s’agit d’une pratique
courante, tous les états ont recourt à cette technique.
Les exemples les plus flagrants nous ont été fournis durant la Guerre froide. À cette époque, en
URSS, la production de carte est strictement contrôlée par le NKVD (ancêtre du KGB) qui prend le
contrôle des services cartographiques. L’objectif prioritaire est d’éviter que les puissances adverses
puissent connaître les coordonnées des lieux stratégiques (sites industriels, ressources minières,
bases militaires, …), des richesses et des productions nationales. Ce contrôle permet aussi d’éviter
que les ennemis guident correctement leurs missiles longue distance. L’information cartographique
est donc bien un secret d’État. Ces mensonges cartographiques se font par modification des cartes
topographique et des cartes destinées au grand public. Ils se font par :
➔ Omission ou déplacement des villes interdites aux étrangers (Tomsk, Chelyabinsk, …). Par
exemple, Logashkino voit sa position géographique changée à de multiples reprises entre
1939 et 1962 et disparait même en 1954. En outre, le tracé des fleuves change d’année en
année.
➔ Omission des villes « secrètes ». l’URSS comptait 46 villes secrètes liées pour la plupart au
nucléaire (recherche, expérimentation, traitement, fabrication d’armes, bases de tirs, …). Par
exemple, Tomsk-7 est une ville de 120.000 habitants, spécialisée dans le nucléaire militaire
(5 réacteurs) et entourée d’une zone de sécurité à triple clôture.
➔ Suppression de certains éléments de l’espace aménagé (bâtiments officiels, usines, rues, ..)
Ainsi, le bâtiment du KGB à Moscou ne se retrouvait pas sur les cartes touristiques.
➔ Déformation de la position et de la forme de certains éléments représentés (lieux habités,
infrastructures de transport,…).
Paradoxalement, ces déformations se sont accentuées au moment même où les USA déployaient
leurs premiers satellites espions dans les années ’60.
4.5.
Les cartes thématiques
Introduction
Une carte thématique est une carte représentant une variable ou un ensemble limité de variables
comme le nombre d’habitants, la densité de population, le taux de chômage,…
Il existe deux grandes catégories :
Les cartes représentant les caractéristiques des lieux ou de leurs habitants.
Les cartes représentant les flux ou les réseaux entre les lieux (moins intéressantes).
Lieux et habitants : deux modes distincts de représentation
Il existe deux façons de représenter les caractéristiques de lieux ou de population. La première
d’entre elles est la représentation par des symboles de taille proportionnelle à l’importance du
phénomène étudié. On utilise cette technique lorsque la variable varie selon la taille des unités
territoriales. Elle concerne donc les nombres absolus (nombre d’habitant, PNB, nombre de
commerces,…). On la réalise en créant des cercles ou des carrés de surface proportionnelle à un
nombre absolu. On peut aussi utiliser des triangles si on veut marquer une croissance (orienté vers
le haut) ou une décroissance (orienté vers le bas).
Le choix de symboles proportionnels a des avantages par rapport à une variation de trames. Ils
rendent en effet mieux compte de l’importance d’un phénomène. Un nombre absolu augmente avec
la surface des unités territoriales. Avec les trames, notre perception visuelle se focalise sur les
grandes unités territoriales (UT).
Par exemple, cette carte a utilisé une trame de couleur au lieu de cercles de surface. On ne peut dès
lors pas se rendre compte de la différence de population entre les USA et la Chine, les deux ayant la
même trame de couleur. Ils se sont rendus compte de leur erreur et ont ajouté des cercles de surface
pour les pays les plus peuplés.
La seconde façon de représenter les caractéristiques de lieux ou de population est donc d’utiliser
une trame variable selon l’intensité du phénomène étudié.
On utilise ce type de représentation lorsque la variable est indépendante de la taille des unités
territoriales. Elle concerne donc des nombres relatifs (densité de population, PNB par habitant,
nombre de commerce par km²,…).
Pour la réaliser, on part du principe que chaque UT est homogène pour le phénomène étudié. Ici, la
carte représente le taux d’urbanisation par pays, ce taux est supposé constant à travers tout le pays.
Pour réaliser une bonne trame, on peut faire varier la texture (forme, orientation,…), la noirceur
(plus ou moins foncé selon l’importance du phénomène) ou la couleur. Idéalement, on fait varier
deux de ces composantes sur une même carte. Pour que la carte soit facilement lisible, on choisit
une progression logique dans les teintes. On évite par exemple de représenter les variables faibles
par des couleurs foncées et des variables fortes par des couleurs claires.
Cette carte est par exemple particulièrement mal pensée. Elle représente la répartition des chèvres
dans le Gard.
Il y a de nombreux problèmes :
➢ L’indicateur n’est pas bien choisi. Il ne s’agit pas du nombre de chèvre par unité de surface
mais d’unité de surface par chèvre.
➢ La légende n’est pas ordonnée (la première trame est ‘1 chèvre pour 100ha’, la seconde ‘1
chèvre pour 180ha’, la troisième ‘1 chèvre pour 6.5ha’,…).
➢ La variation des textures n’est pas logique (la teinte pour 100ha est plus foncée que celle de
180ha)
➢ Des valeurs numériques sont indiquées. Dès lors, pourquoi utiliser des trames ?
Cet exemple-ci est également illisible et ne donne pas une vision d’ensemble de la répartition du
gibier.
Il aurait mieux valu faire une carte différente pour chaque type de gibier afin de se faire une
meilleure idée de la répartition de chaque espèce. De plus, l’œil est attiré par les teintes foncées. Si
la teinte foncée représente une valeur faible, ce sont ces valeurs qui seront mises en évidence quitte
à biaiser la lecture de la carte. Sur cet exemple, des teintes foncées ont été attribuée aux zones
présentant un revenu national par habitant très faible. Si on n’analyse pas la légende, on a
l’impression que les zones les plus riches sont en Afrique, en Inde et en Asie.
Enfin, on peut choisir de combiner les symboles (nombres absolus) et les trames (nombres relatifs)
pour donner une lecture à deux niveaux sur une même carte.
Cette carte donne ainsi à la fois les recettes issues du tourisme international (nombres absolus) et la
part de ces recettes dans le PIB de chaque pays (nombres relatifs).
On peut ainsi voir que les Caraïbes ont des recettes touristiques assez modestes en comparaison
avec les autres pays mais que ces recettes sont très importantes pour l’économie du pays
puisqu’elles représentent 30% du PIB.
Le filtre de la discrétisation
Discrétiser signifie constituer des classes afin de simplifier la distribution d’une variable. En effet,
lorsqu’on a plus de 10 trames sur une même carte, ça devient difficile de s’y retrouver.
Il s’agit d’une opération indispensable qui impose de choisir un bon nombre de classe et de définir
logiquement les valeurs limites de ces classes. Définir ces limites est très important puisque le choix
de ces limites peut faire varier la carte (cf. progression arithmétique/géométrique de la proportion
d’étranger par commune p. 66).
L’allure de la carte et les conclusions que l’on peut en tirer varieront donc fortement selon la
méthode de discrétisation.
4.6.
De la carte au schéma cartographique
Introduction
Schématiser consiste à dégager les traits essentiels d’un phénomène, faire la part entre ce qui est
important et ce qui est secondaire, ce qui conduit fatalement à éliminer certains éléments.
Schématiser est donc une démarche proche de la synthèse. Dans les deux cas, il s’agit de mettre
l’essentiel en valeur, éventuellement après un regroupement préalable de l’information.
Le schéma cartographique est un mode de schématisation parmi d'autres. Il se fait sur un fond de
carte simplifié et propose une vision synthétique de faits ou de processus géographiques en classant,
hiérarchisant et mettant en relation les éléments majeurs de ces faits ou de ces processus.
La réalisation d’un schéma cartographique
La première étape de la réalisation d’un tel schéma est de tracer les contours de la zone étudiée. Ces
contours doivent être très grossiers !
Ici, le Groenland n’est pas représenté, l’Australie est un rectangle, l’Amérique du Nord un triangle,
… Une fois schématisé, on ajoute l’orientation et la légende (si possible).
Ensuite, on va réaliser la légende. Cette étape nécessite une réflexion, on va choisir quel phénomène
représenter et comment les représenter pour que ce soit lisible.
Enfin, on finalise le schéma en fonction de la légende établie en veillant à rester le plus clair
possible.
Exemple de schématisation
Le schéma montre la Triade et les différents flux qui l’unissent au reste du monde.
On a donc les flux entre les pays de la Triade, entre la Triade et les périphéries et entre la Triade et
les marges de peuplement. Il faut donc réaliser une bonne légende pour que la distinction entre les
flux majeurs et les flux secondaires soit bien marquée.
Chapitre IV : Une clef de lecture du système monde
3.1.
Cadre conceptuel
La trilogie de la dynamique des territoires
La trilogie fondamentale de la dynamique des territoires : production, reproduction, transformation.
Tout type de répartitions spatiales (peuplement d'une portion de la surface terrestre, semis de villes,
implantation spatiale d'une activité, divisions sociales de l'espace, …) suit une évolution en accord
avec cette trilogie fondamentale.
Chaque répartition a en effet une histoire, un processus en évolution :
➢ Elle se forme à un moment donné, éventuellement par le biais d'un processus de diffusion
depuis un foyer initial
➢ Elle se reproduit pendant une période, de durée variable : au cours de cette période, sa
configuration reste stable.
➢ Elle se transforme à un moment donné ( = transformation, bifurcation) : modification de son
aire (extension, rétraction), modification de sa composition (apparition de nouveaux
éléments en son sein), disparition.
➔ (1) FORMATION (2) REPRODUCTION (3) TRANSFROMATION, BIFURCATION
Par exemple, l’évolution de l’implantation du vote socialiste en Belgique (1900-2003) :
En 1900, 15 ans après la formation du POB (regroupement de +sieurs assoc' ouvrières et assoc' pr
plus de droits démocratiques), on se trouve dans la phase de production du socialisme. On observe
une forte implantation dans le sillon industriel wallon (zone de charbonnage et de sidérurgie),
principalement à Mons, La Louvière, Charleroi et Liège. On remarque également des zones
relativement importantes à Bruxelles, Gand et Anvers.
En 1900, la division territoriale se fait par arrondissements électoraux et le vote est encore un vote
plural censitaire. En 1949, on se trouve dans la phase de reproduction du socialisme. Les zones
fortes de 1900 sont toujours présentes (évolution stable) mais on observe une extension aux zones
rurales proches du sillon industriel wallon. En 1949, la division territoriale se fait par cantons
électoraux et le vote se fait par suffrage universel.
➔ réduction du temps de travail (14 à 8h), suffrage universel (!!masculin) + tempéré / vote
plural (= certains citoyens possèdent plus de voies que d'autres car font preuve d'une
certaine richesse)
En 2003, on se trouve dans la phase de transformation du socialisme. Les résultats sont globalement
plus faibles qu’auparavant mais les zones fortes restent fortes, hormis en Wallonie. Mis à part la
Campine qui connut une industrialisation tardive (post- WWII grâce aux investissements étrangers,
cf. Ford à Genk), le socialisme disparait en Flandre.
Autre exemple : évolution du réseau urbain de la Belgique sur le long terme (IVe siècle-XXe
siècle):
Au IVe siècle, on se trouve dans la phase de production. Globalement, la Belgique est délaissée, à
l’exception de deux villes issues de la colonisation romaine (Tongres et Tournai). Les villes
importantes des alentours se situent en Allemagne (Cologne, Trèves,…) ou en France (Arras,
Cambrai,…)
En 1150, on se trouve dans une phase de transformation due à la chute de l’Empire romain.
Tongres perd de son importance, Tournai reste une ville importante grâce à sa composante
religieuse. Trois nouvelles zones se développent : l’axe mosan (Liège,…), les villes de l’Escaut
(Courtrai, Gand, Anvers,…) et les villes côtières (Bruges, Furnes,…). Ces trois zones se trouvent à
proximité de voies navigables.
En 1784, on se trouve dans une phase de reproduction. Les villes de l’Escaut et les villes côtières
s’agrandissent, participant ainsi au développement économique de la Flandre. L’axe mosan se
développe également. On observe en outre que Bruxelles connait une évolution importante en
devenant le siège de la couronne espagnole en Belgique.
En 1910 (évolution plus détaillée dans les slides), on se trouve dans une phase de transformations
majeures.
L’axe industriel wallon se développe fortement à la suite de l’industrialisation. Bruges et Anvers ont
une croissance relativement modeste. Bruxelles ne cesse de gagner de l’importance depuis qu’elle
est devenue une capitale concentrant l’administration, la politique et l’économie.
L’analogie géologique
Les répartitions spatiales présentant une histoire, on peut lire ceux-ci comme un palimpseste. À
l’origine, un palimpseste est un manuscrit écrit sur un parchemin préalablement utilisé, dont on a
fait disparaître les inscriptions pour y écrire de nouveau. Par la suite, ce terme est utilisé pour
désigner un objet qui se construit par destruction et reconstruction successives, tout en gardant
l'historique des traces anciennes.
Le territoire peut donc être vu comme un palimpseste. Il est le résultat de multiples processus de
production / reproduction / transformation de répartitions spatiales. Il garde donc dans sa
physionomie des traces d'un passé plus ou moins lointain.
On peut également voir le territoire comme une coupe géologique. A un moment donné, le territoire
est le résultat de l'accumulation / transformation de différentes strates, plus ou moins anciennes > se
sont mises ds des conditions sociales et économiques d'une époque liée : Couche de la période
romaine + Couche du Haut Moyen Age + Couche du Bas Moyen Age + … = Territoire belge
L'exemple de la morphologie urbaine à Bruxelles :
➢ Une morphologie qui porte en elle, les traces, parfois profondes, des aménagements réalisés
au cours du temps (fortifications médiévales donnant le tracé de la petite ceinture, grands
axes et places royales des issus des aménagements à la française sous Charles de Lorraine,
…).
➢ Des aménagements qui se manifestent encore dans le tissu urbain actuel, soit parce qu'ils
existent encore, soit parce qu'ils ont influencé les aménagements ultérieurs, à l'image de la
deuxième enceinte à Bruxelles, sur les restes de laquelle a été ouverte d'abord un boulevard,
au XIXe siècle, puis une autoroute urbaine, à la fin des années 1950.
L'exemple des structures sociales de l'espace bruxellois :
La géographie de Bruxelles porte en elle, les traces, parfois profondes, des structurations anciennes
de la ville. Globalement, la partie sud-est est beaucoup plus riche que la partie nord-ouest
Cette distinction trouve son explication dans l’évolution de la ville au cours du temps.
Coupe de la vallée de la Senne :
À l’est, les sols présentent une couche perméable juste au-dessus d’une couche imperméable, ce qui
permet l’apparition de sources d’eau et de nappes phréatiques. C’est donc tout naturellement que le
pouvoir va s’implanter dans cette zone (cf. palais du Coudenberg). De plus, les versants de la partie
est sont raides et plus élevés, ce qui en fait une position symbolique de suprématie.
À l’inverse, les versants ouest sont moins élevés et moins raides, ce qui favorises les inondations et
rend la zone insalubre. Enfin, la partie est présente de nombreux parcs et lieux de divertissement
(hippodrome, bois de la Cambre,…), ce qui attire fortement les plus riches.
L’opposition entre est-riche et ouest-pauvre date donc du Moyen Age, époque où les nobles
s’installaient plus facilement à proximité du Parc Royal et du Sablon. On observe donc un
phénomène de reproduction d’un phénomène ancien. À partir de 1903, on observe une phase de
transformation, les nobles restent à l’est de la Senne mais vont sortir du centre historique de la ville
pour se diriger vers le nouveau quartier Léopold.
Actuellement, on observe un phénomène de gentrification (phénomène d'embourgeoisement
urbain). De plus en plus de jeunes actifs réinvestissent les quartiers centraux de Bruxelles.
Bien qu’il s’agisse de quartiers « pauvres », ceux-ci se situent toutefois sur le versant est (St-Gilles,
Ixelles, les Marolles,…).
En conclusion, lire le territoire comme un palimpseste est une démarche rétrospective, généalogique
qui consiste à :
➢ Repérer dans le territoire actuel les différentes strates qui s'y sont "déposées" (datation)
➢ Identifier les facteurs de la genèse de ces strates
➢ Comprendre comment et pourquoi ces strates se sont reproduites ou transformées
Par exemple, pour comprendre la répartition actuelle des votes socialistes en Belgique, il ne faut pas
se baser sur le pourcentage d’ouvrier. En effet, il y a de nombreux ouvriers en Flandre alors que
cette dernière ne compta pas beaucoup de votants socialistes. Il faut aller chercher une explication
plus ancienne, par exemple en étudiant la répartition des maisons du peuple au siècle passé. Ces
dernières ont en effet inculqué le vote socialiste à la population, et cette tradition à perduré jusqu’à
nos jours comme une trace du passé.
Une application au Système Monde
Comme dans tous les systèmes analysés en géographie, les "entrées" qui conditionnent le
fonctionnement du système monde sont des "mémoires" :
➢ L'histoire : mémoire du temps des hommes.
➢ L'environnement physique, avec ses enveloppes (litosphère, hydrosphère, atmosphère) et ses
populations vivantes (végétales et animales) : mémoire du temps de la nature.
Pour interpréter le système monde contemporain, il faut répondre à une question apparemment
simple : quels sont dans l'histoire de l'humanité les faits qui expliquent la mise en place et le
fonctionnement actuel du système monde? Pour répondre à cette question, il faut sélectionner dans
l'énorme masse des informations disponibles sur l'histoire de l'humanité celles qui paraissent utiles à
la compréhension du système monde actuel.
3.2.
Les balises temporelles de la formation du Système Monde
Les espaces des hommes
La toile de fond : la croissance progressive de la population mondiale :
➢ 0,5 millions vers -40.000
➢ 8 millions vers -10.000
➢ 250 millions vers 0
➢ 500 millions vers 1500
➢ 1 milliard vers 1800
➢ 1.5 milliard vers 1900
➢ 7 milliards aujourd'hui
On remarque trois périodes de transitions démographiques :
(1) De -40.000 à -35.000 : Apparition de progrès techniques importants.
(2) De -8.000 à -3.000 : Révolution néolithique : transition de communautés de chasseurscueilleurs vers l'agriculture et la sédentarisation.
(3) De 1800 à aujourd’hui : Révolution industrielle.
La première période de transition fera passer la population de 0,5 à 4 millions, la seconde fera
passer la population de 6 à 100 millions et la troisième fera passer la population de 1 à 7 milliards.
Malgré ces périodes de fortes augmentations de la population, on remarque que les espaces habités
restent relativement stables depuis le paléolithique. Une augmentation de la population provoque en
effet plus une densification des lieux peuplés qu’une extension des aires de peuplement, à
l’exception de quelques fronts pionniers (zones défrichées afin d’augmenter l’espace de
peuplement, comme sur l’île de Sumatra ou en Amazonie).
Ainsi, l’humanité n’aura connu que deux grandes vagues d’expansion de ses aires de peuplement.
La première fut réalisée par l’homo erectus (Afrique, Europe occidentale et du Proche Orient aux
côtes chinoises) ; la seconde fut réalisée par l’homo sapiens (Amérique, Asie du Nord, Australie) >
densification ?
La formation des trois principaux foyers de peuplement (Chine, Inde, Europe) est un processus
antérieur au début de l'ère chrétienne. On observe donc une stabilité dans la répartition spatiale de la
race humaine, peu importe le nombre d’habitants dans le monde. On remarque aussi l'existence
ancienne de deux foyers secondaires : les plateaux du Mexique central et l’Afrique occidentale.
Mais aussi le cas singulier des foyers antiques de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient qui se
dépeuplent alors que les autres zones augmentent fortement. Ces deux cas sont particuliers puisqu’il
s’agissait d’une civilisation importante. Les marchands arabes contrôlent en effet les échanges entre
l’Afrique, l’Europe et l’Asie (esclaves depuis le Soudan, commerce de l’or,…).
Pourquoi donc ce recul marqué ?
2 base économiques :
(1) agriculture intense (un des foyers de la révolution néolithique)
(2) le commerce et les échanges : de longue date, exploitent leurs positions intermédiaires entre
les autres foyers (asiatique et européens) --> assurent l'échange via notamment l'océan
indien
1 élément renforçant : les conquêtes arabes s'appuyant sur ces 2 ressources économiques --> rôle
dominant vers le 8e et 9è siècle > ''preuve'' = 1er ville la plus grande du monde à l'époque est
Bagdad. Alrs pourquoi ce recul apd 10e, 11e siècle (entre 1100 et 1500) ?
(1) les croisades (1095 – 1270) = destruction > système agricole détruit = culture irriguée
nécessite des cnns techniques, des infrastructures et des règles de distribution d'eau, 3
éléments complètement détruit, ce qui provoque d'ailleurs une famine + une baisse de la
démographie
(2) les invasions mongoles de l'est (1200 – ca 1400) = conséquences multiples, dont destruction
agriculture comme ci dessus !
(3) Le contrôle sur le commerce qui s'échappe par croissance progressive de l'europe (+ prise
contrôle du commerce des cités-états)
Entre 1600 et 1800, on assiste à la formation tardive de plusieurs foyers de peuplement secondaire :
Nord-Est des Etats-Unis, Californie, Sud-Est du Brésil, Indochine, Indonésie, …
On remarque qu’en 1600, la population de l’Amérique diminue fortement (de 39 millions en 1500 à
10 millions en 1600 pour l’Amérique du Sud) à cause des Grandes Découvertes. En 1800, on assiste
à une légère reprise, la débâcle démographique de l’Amérique est terminée > immigration
Européenne massive.
L’Asie, le Monde Indien et l’Europe sont toujours les trois grands foyers de peuplement >
profondeurs temporelles très variables donc... Comprendre la répartition actuelle du peuplement
nécessite donc de se plonger dans le passé.
La ville, une émergence ancienne
!!! Bien distinguer 2 choses :
(1) l'apparition des villes (-3000, -2500) au Moyen Orient et en Egypte > très étroitement lié à la
révolution néolithique (passage d'une économie fondé sur chasse-cueillette à une économie
fondée sur l'agriculture et l'élevage)
➔ à élevé la PRODUCTIVITÉ = production sur nbre travailleurs
(2) dès qu'il y a un surplus = voie d'un nvx chapitre : possibilité de nourrir une population de
non-agriculteurs --> DIVISION DU TRAVAIL
➔ MS ce surplus est resté faible jusque 18, 19e siècle ET varie fortement en fc des
conditions climatiques
➔ donc, possible de n'avoir qu'une part limité de la population qui ne vit pas de
l'agriculture > 80% de la population est agricole et vivra ds les campagnes (ville = 1/5 au
moins de la population totale)
Ceci dit, il y a rarement eu un taux d'urbanisation plus grand : Grèce au 5e = T.U à ~20% / Italie et
Flandres au 16e = T.U à ~20-25%
➔ dans ses sociétés, une partie de la production vient de l'extérieur
DC, en parallèle de l’accroissement de la population, les villes commencent à se former vers -3000
en Egypte et dans le croissant fertile ainsi qu’en Inde et en Chine vers -2000. L’apparition des villes
se fait en corrélation avec le développement de l’agriculture puisqu’il faut un surplus agricole pour
entretenir les populations urbaines.
Bien que les villes apparaissent il y a plusieurs millénaires, l’urbanisation (% de la population
mondiale habitant en ville) reste un phénomène très récent. Jusqu’au 19e siècle, 90% de la
population vit à la campagne car le surplus agricole est trop faible pour entretenir une grosse
population urbaine. On retrouve quelques exceptions, notamment la Flandre et l’Italie du 16e siècle
qui vivent toutes deux du commerce maritime et nécessitent donc moins d’agriculture. Ces régions
avaient un taux d’urbanisation de l’ordre de 20%. Vers l’an 2000, un cap symbolique a été passé :
environs 50% de la population mondiale habite en ville.
Ce graphique est très intéressant puisqu’il montre la population des 5 plus grandes villes au cours
du temps. On peut ainsi observer le déplacement du centre de gravité du système monde. Du
croissant fertile (Ur, Thèbes), le centre de gravité se déplace vers la Chine (Xian) et le monde
romain (Rome, Constantinople) avant de subir l’affirmation des arabo-musulmans dans l’économie
mondiale (Bagdad, Cordoue). Durant le Moyen Age, l’Europe perd de son importance au profit de
l’Asie (Hangzhou, Nankin, Pékin) et, vers le 18-19e siècles, l’Occident redevient le centre de
gravité du système monde (Londres, New York, Tokyo).
Croissance urbaine
L’urbanisation du monde suit une logique de diffusion allant du centre vers la périphérie.
L’Angleterre connaîtra une poussée d’urbanisation au 19e siècle, en parallèle avec le phénomène
d’industrialisation. En périphérie par contre, l’urbanisation survient plus tard, au 20e siècle.
Le Japon et les USA connaissent une croissance tardive mais spectaculaire à la suite de
l’industrialisation. L’Inde et le Kenya quant à eux connaissent une croissance tardive mais
relativement peu importante. Contrairement aux USA et au Japon, ces pays ne voient pas leur taux
d’urbanisation augmenter à la suite de l’industrialisation mais bien à cause d’un phénomène
d’attraction des villes (concentration des équipements en ville : eau, gaz, électricité,…) et de
répulsion des campagnes (détérioration des conditions de vie).
Les espaces économiques
Au niveau économique, on assiste à une augmentation des écarts entre les pays riches et les pays
pauvres avec le temps.
En 1500, on retrouve peu d’écart entre les PIB des pays du centre et la périphérie > pas de
contrastes spectaculaire (écart de 1 à 1,4) !! entre ensemble territoriaux et pas à l'intérieur de ceuxci. À partir du 19e siècle, les écarts commencent à se creuser. En 1820, le centre à un PIB
équivalent au double du PIB de la périphérie ; en 1998, le PIB du centre est 7x supérieur à celui de
la périphérie > inégalités se creusent petit à petit.
Attention toutefois, il s’agit ici du PIB par pays, ce tableau ne reflète donc pas les écarts subsistants
entre les riches et les pauvres au sein d’un état.
De 0 à 1600, 50% du PIB mondial se trouve en Chine et en Inde. L’Europe connait une déroute de
son économie après la chute de l’Empire romain et une reprise après l’an mil > à 3, ils détiennent
3/4 en 1600...
La situation connaît beaucoup de changements entre 1600 et 1750. L’Europe s’enrichit à la suite des
Grandes Découvertes et de l’industrialisation alors que l’économie asiatique chute drastiquement >
Inde et Chine (colonisation)
Depuis 1750, on assiste à la montée en puissance des USA, et du Japon (après la WWII). L’Europe
atteint des sommets puis connaît une forte chute, alors que l’Inde et la Chine redeviennent deux
économies majeures (''réveil'' de son économie). Intéressons-nous maintenant à la formation des
trois grandes mégalopoles économiques.
La mégalopole européenne
Prend forme vers la fin du MA. Vers 1300, on retrouve déjà des ensembles urbanisés en Italie
(Venise, Milan) et en Flandre (Bruges, Anvers), ensembles qui se sont développés grâce au
commerce. L’Espagne voit également différents espace urbanisé apparaître grâce à la forte présence
des arabo-musulmans dans le pays. On retrouve donc trois pôles majeurs : l’Andalousie, la Flandre
et l’Italie du nord > jouent le rôle de pôles électrique de l'Europe : échanges > autour se construit
petit à petit la mégalopole européenne.
Vers 1600, l’Espagne perd de son importance après la reconquista alors que l’Italie et la Flandre
gagnent en importance en s’accaparant les rennes du commerce en Méditerranée. Ces deux centres
vont également l’un avec l’autre par les terres, notamment par l’Allemagne le long du Rhin. On
assiste donc bel et bien à la mise en place de la mégalopole européenne vers 1600. Elle ne
deviendra toutefois une vraie mégalopole qu’après le phénomène d’industrialisation.
La mégalopole étasunienne
En 1870, aux USA, seul le nord-est est densément peuplé (anciennes 13 colonies). Un réseau urbain
fort développé se met en place entre New York, Philadelphie, Boston, Baltimore, Washington,… Le
sud reste quand à lui relativement peu développé car ce sont principalement des grandes plantations
(coton, tabac,…) qui ne laissent pas de place à la création d’un tissu urbain.
De 1870 à 1910, le nord, traditionnellement plus centré sur l’agriculture et l’artisanat, subit un
phénomène d’industrialisation qui va développer le réseau urbain.
De 1910 à 1930, le réseau s’étend aux Grands Lacs avec Pittsburg et Chicago qui deviennent des
centres industriels. Enfin, à partir de 1930, le sud-ouest commence à se développer afin de
commercer sur l’océan pacifique. La fondation de la mégalopole étatsunienne se fit donc de
manière très rapide, en un siècle environ.
La mégalopole japonaise
La mégalopole japonaise connaît quant à elle une évolution constante depuis le 8e siècle. Dès cette
époque, les villes de Tokyo, Kyoto et Osaka sont déjà développée. Une opposition entre les plaines
du sud et les montagnes du nord est déjà présente.
Les espaces de l’identité collective
Jusqu'au début du 18e siècle, l'empire est la forme privilégiée de contrôle étatique du territoire. La
notion d’empire est assez floue puisqu’elle ne renvoie à aucune organisation politique précise. On
retrouve néanmoins certains dénominateurs communs :
➢ Un pouvoir puissant … maintenu par la coercition
➢ Une organisation centralisée et très hiérarchisée
➢ Une volonté expansionniste
➢ Des populations diverses encadrées par une armature politique et fiscale
➢ La croyance en une supériorité d'essence (supériorité naturelle de l’empire sur les autres
formes étatiques)
Au 17e siècle, il reste encore 5 empires majeurs : Les empires Ottoman, Safavide (Iran), Moghol,
Mandchou (Qing) et le tsarat de Russie. Globalement, seule l’Europe n’est pas un empire, ce qui
explique pourquoi la notion d’État-nation naît dans nos contrées.
Ces empiresconstituent ce que Wallerstein appelle des empires-mondes. L’empire-monde présente
une structure double :
• D’une part il est une entité intégrée et hiérarchisée avec à sa tête un pouvoir central exerçant
son autorité au détriment des populations périphériques, organisant les relations avec cellesci sur le mode vertical et utilisant sa domination politique pour redistribuer les ressources de
l’ensemble en sa faveur.
• D’autre part, l’empire-monde est un morceau de l'oekoumène englobant plusieurs entités
politiques, économiques et culturelles, reliées entre elles par une auto-suffisance
économique fondée sur une division du travail et des échanges privilégiés.
Ces cinq empires-mondes s'ignorent encore largement les uns les autres. Il existe peu de relations
entre eux, sinon de façon sporadique aux marches des territoires qu’ils contrôlent respectivement ou
au moment de la conquête et de l’absorption de l’un d’entre eux par un autre. Si quelques empires
ont subsisté au-delà du 18e siècle (empires Russe, Ottoman, Mandchou, …), si des tentatives
impérialistes se sont produites (Napoléon, Hitler,…), si des empires coloniaux ont été créés,…
L’empire n’en est pas moins devenu l’exception, alors que l’État-nation est devenu la norme à partir
du 17e-18e siècle.
➔ L’État-nation : une invention européenne : L’État-nation se met progressivement en place en
Europe après la période de conflits religieux qui s'achève avec la Guerre de Trente Ans
(1618-1648).
La naissance de l’Etat-Nation est donc qualifiée de "westphalien" par les politologues, en référence
aux traités de Westphalie (1648) qui consacrent deux principes nouveaux :
• Principe de souveraineté externe : aucun État ne reconnaît d’autorité au-dessus de lui et tout
État reconnaît tout autre État comme son égal.
• Principe de souveraineté interne : tout État dispose de l’autorité exclusive sur son territoire
et la population qui s’y trouve et aucun État ne s’immisce dans les affaires internes d’un
autre État. L’État-nation est un État "exclusif", dont le territoire est borné par des frontières
linéaires (une nouveauté), qui séparent les populations : on est Français en deçà, Espagnol
au-delà.
La diffusion de ce système d’organisation étatique se fait par l’intermédiaire de la colonisation et de
la décolonisation (au 19e siècle). La fin de la Seconde Guerre Mondiale achèvera ce processus de
diffusion en fixant les dernières frontières en Europe. Il convient maintenant de s’intéresser aux «
civilisations », que l’on étudie au travers de leur religion principale.
Le christianisme apparaît au 1er siècle dans des communautés juives hellénisées du Moyen Orient.
Sa diffusion en Europe se fera à partir de Rome après l’Édit de Milan de l’empereur Constantin.
Cette diffusion sera facilitée par le réseau de l’administration romaine (zone orange) ainsi que par
les missionnaires (flèches oranges) qui vont voyager vers le nord et l’est. En outre, la diffusion dans
les milieux ruraux se fera grâce à l’important réseau de monastère que le christianisme construisit
petit à petit. Par la suite, à partir du 17e siècle, le christianisme se répandra dans le reste du monde
(malgré le grd schisme = séparation chrétiens – protestants). Cette diffusion à l’échelle planétaire se
fera grâce aux Grandes Découvertes et à la colonisation. Ainsi, les espagnols et portugais créés des
évêchés en Amérique latine, les français évangéliseront l’Afrique, les britanniques apporteront le
christianisme en Chine et en Inde.
L’Islam quant à elle connaît une diffusion en trois temps.
1) 632-750
En moins d'un siècle, la conquête arabe convertit à l'Islam une vaste zone des Pyrénées à l'Indus :
une configuration spatiale où se mêlent montagnes méditerranéennes et immenses espaces
désertiques ou steppiques, dans laquelle s'épanouira ce qu'il est convenu d'appeler la civilisation
arabo- musulmane. Cette première vague s’effectue sous les quatre premiers califes.
2) 750-1700
(1) Entre 750 et 1700, l’Islam connait une expansion vers l’est, vers le Pakistan, l’Inde, la Malaisie,
l’Indonésie,… (2) Une autre expansion se fait via les marchands arabo- musulmans qui commercent
dans ces régions.--> processus de conversions de points de passage de ces échanges (ex : détroit de
Malaca) Cette diffusion est très lente et se fait par vagues progressives.
3) 1700-…
Le dernier temps de l’expansion de l’Islam prend place en Afrique. Comme pour l’Asie, elle se fait
grâce à des marchands commerçants dans les deux grandes zones commerciales africaines : la
Somalie-Kenya et l’Afrique occidentale. L’Islam se répand en Afrique durant la colonisation
européenne car les européens préféraient l’Islam aux religions animistes. De plus, les européens
s’appuyaient sur les élites locales pour gouverner et ces élites étaient islamiques.
Le Bouddhisme subit quant à lui une diffusion contrariée. Il naît au 6e siècle avant JC dans la vallée
du Gange en Inde. Dès le 4e siècle avant JC, il se divise en deux courants, la voie du Petit Véhicule
(rouge) qui s’étend vers le sud et la voie du Grand Véhicule (orange) qui s’étend vers le nord-est.
Cette diffusion se fait par des moines vagabonds, il s’agit donc d’une diffusion lente et qui
s’imprègne des autres cultes qu’elle croise sur sa route. Cette annexion de nouveaux cultes va pour
la voie du Grand Véhicule à se subdiviser à nouveau en créant la voie du Diamant (jaune).
Synthèse : la ligne du temps du système monde
Chapitre V : La formation de l’espace des hommes
5.1.
Introduction
Les espaces des hommes montrent une forte stabilité des contrastes de peuplement à petite échelle
sur le long terme. L'espace des hommes actuel trouve en effet son origine dans l'histoire ancienne,
antérieure au début de notre ère + pour une partie dans l'histoire postérieur aux Grdes découvertes.
Trois questions principales se dégagent de ce constat :
➢ Quelles sont les limites du peuplement humain ? Comment les expliquées ?
➢ Comment se sont formés les continents humains ?
➢ Comment se sont formés les archipels de peuplement ?
Pour qu’il y ait un peuplement, il faut certaines conditions fondamentales. De fait, le peuplement
d’une portion de surface terrestre se fait en fonction de la capacité des sociétés à prélever, produire,
et amener des aliments et de de l’eau (aussi bien pour l’homme et l’élevage que pour la culture) là
ou elles se sont déployées. Cette capacité dépend de deux variables :
• Les conditions de l’environnement physique (climat, composition du sol, relief,…).
• Les bases socio-économiques des populations (mode d’agriculture, commerce,…). Ces
bases socio-économiques dépendent elles-mêmes des systèmes techniques, des structures
sociales, des représentations,… qui dépendent elles-mêmesdes systèmes techniques, des
structures sociales, des représentations...
Il existe un débat de longue haleine sur le rôle des conditions environnementales dans l’explication
du peuplement. Ce débat découle de la géographie classique (fin 19e-début 20e) qui s’applique à
mettre en relation les faits sociaux et les faits physiques. La géographie va trouver sa raison d'être
ds ce débat : mise en relation des faits sociaux et physique > question rapport environnementsociété pas encore abordée > donne une position valorisante / aux autres disciplines. Deux courants
vont s’opposer dans ce débat :
• Le déterminisme naturaliste
Le déterminisme est l’idée que l'organisation politique des sociétés est le produit des conditions
climatiques. Il se retrouve déjà dans de nombreuses sociétés anciennes (prémisses). Il s’agit alors de
l’idée que le mouvement des étoiles, les caractéristiques climatiques, … ont un impact sur les
activités et les comportements humains. Ces idées se retrouvent chez d'anciens philosophes grecs
(Aristote : « Les habitants des régions froides sont pleins de courage et faits pour la liberté ») et de
penseurs de l'époque des Lumières (Montesquieu intitule un chapitre de son Esprit des Lois « Des
lois dans le rapport qu’elles ont avec la nature du terrain »).
L’influence darwiniste (l’adaptation ou la mort) joua un rôle prépondérant dans le déterminisme. En
effet, le développement d’une espèce se fait par la sélection naturelle de l’environnement. C’est
donc ce dernier qui modèle les différentes civilisations... Idée au coeur du darwinisme = (1)
concurrence entre les êtres vivants (2) mécanismes d'adaptation (comportement ou organes) aux
kk's de l'environnement --> réussite ou échec = fct de la pression sélective de l'environnement >
DC, // l'environnement naturel modèle bien les civilisations.
L’idée générale est donc que la nature forge la société. La répartition des activités et des
comportements sociaux se fait selon les possibilités ou les contraintes imposées par le milieu
naturel. C’est une logique de causalité linéaire (action-réaction) : l’environnement ‘cause’ la
civilisation.
• Le possibilisme environnemental
À l’opposé du déterminisme, on retrouve le possibilisme de Febvre et de l’École française de
géographie. L’idée principale du possibilisme est que « la nature propose, l’homme dispose ». Le
milieu naturel est alors vu comme un facteur explicatif parmi d’autres, la mobilité et l’esprit
d’initiative humain expliquent qu’il existe de multiples réponses possibles (d’où « possibilisme »)
aux données du milieu.
L’argumentaire de cette conception se base sur le contre-exemple. Par exemple, les déterministes
vont expliquer que le centre des USA est peu peuplé car occupé par des montagnes ; les
possibilistes vont alors utiliser le contre-exemple des Andes, chaîne de montagne fortement peuplée,
pour démontrer que le milieu n’influe pas sur le peuplement d’une région.
Un débat éculé
Ce débat n’aboutit à aucune certitude. Les faits physiques (climat, végétation, sols, …) sont des
facteurs influençant les activités économiques et les comportements sociaux mais sont également
des facteurs variables selon le contexte socio-économique et technique de chaque civilisation.
De plus, un caractère natural (ou fait physique) ne devient une ressource ou une contrainte que sous
certaines conditions et ces dernières évoluent dans le temps. Ainsi, jusqu’aux années 1930, le
minerai d’uranium n’était pas une ressource mais un simple caillou ; jusqu’à la seconde moitié du
XIXe siècle, la neige n’était pas une ressource économique mais une contrainte à l’aménagement de
la montagne (mtn, ski alpin). Une contrainte peut donc devenir une ressource, le milieu ne fixe donc
pas de manière immuable une civilisation.
Political ecology
On arrive dès lors à la notion de "political ecology". Les interactions entre la société et
l’environnement dépendent de l’organisation sociale de la société, l’exploitation des ressources ou
la réduction des contraintes dépendant des :
➢ Idéologies et représentations associées
➢ Rapports sociaux (accès aux ressources / exposition aux risques variables)
➢ Institutions
De plus, l’évolution socio-économique détermine, à un moment et à un endroit donné :
➢ Quelles ressources naturelles productives font l'objet de tentatives d'appropriation
➢ Par quels groupes sociaux ces ressources sont captées
➢ De quelle manière elles sont captées (conflictuelles ou non)
Par exemple : les relations contrastées entre densité de population et altitude
Sur les trois courbes, on remarque une forte diminution entre 0 et 400m d’altitude, ce qui tend à
rejoindre les idées déterministes (les sociétés s’installent dans les plaines pour ne pas avoir à
grimper sans cesse). En Afrique, on remarque tout de même une légère reprise sur les hautsplateaux (750-2000m). En Amérique latine, on observe un pic vers 1750m.
Comment expliquer ces reprises ? Pour l’Amérique latine, les plaines paraissent moins sûres, moins
salubres, moins fertiles ou plus difficiles à défricher (forêt amazonienne). Pour l’Afrique,
l’explication est plus compliquée.On remarque toutefois que les zones à forte densité de population
sont bel et bien situées en hauteur. Pour mieux comprendre les raisons de ce peuplement en altitude
en Afrique, il faut recourir à un nouvel instrument de synthèse : le schéma fléché. Les objectifs de
tels schéma est de dégager les traits essentiels d’un phénomène (faire la part entre ce qui est
important et ce qui est secondaire) et mettre en évidence les relations et interactions entre les
différents faits.Il s’agit d’un schéma systémique avec deux sous-schémas linéaires (relief et zone
refuge). L’explication du peuplement en altitude en Afrique s’explique par de nombreux facteurs
(environnementaux et socio- culturels) se renforçant les uns les autres.
5.2.
Les limites du peuplement : les marges de l’oekoumène
Introduction (rappel)
Les marges de l’oekumène sont les zones dont la densité est inférieure à 1 habitant/km². Ces zones
ne sont donc pas complètement vides (1 à 2% de la pop. mondiale) et elles représentent 30 à 40%
des terres émergées.
Les vides du peuplement
Il existe quatre différents types de vide :
➢ Les déserts blancs
Ils sont localisés dans le nord de l’Eurasie et de l’Amérique, en Scandinavie, en Sibérie et dans les
îles de l’Arctique. Ils sont caractérisés par une présence humaine des plus discrètes. Ces déserts
froids s’étendent sur 20 millions de km² (13% des terres émergées) et comptent moins de 10
millions d’habitants (densité moyenne : 0,5 hab/km² = 0,2% de la population mondiale). On y
retrouve deux formes dominantes d’occupation : de grandes agglomérations (en Russie :
Mourmansk (600.000 hab), Arkhangelsk (500.000 hab) ou de petits noyaux de 100 à 1.000
habitants séparés par de vastes étendues vides.
➢ Les déserts secs
Ils sont localisés dans la diagonale aride de l’Eurasie (du Sahara occidental au désert de Gobi), en
Afrique subsaharienne (le Kalahari, désert du Namib), en Amérique latine (désert d’Atacama) et en
Australie (grand désert de Victoria). Ils se caractérisent par une présence humaine plus affirmée. Ils
s’étendent sur 15 millions de km² (10% des terres émergées) et comptent près de 100 millions
d’habitants (densité moyenne : 5 hab /km²). Attention : sur les 100 millions d’habitants, 80 millions
sont concentré dans les vallées du Nil, du Tigre et de l’Euphrate = le long des fleuves allogènes
➢ Les déserts verts
Il s’agit des milieux forestiers tropicaux humides et équatoriaux. Ils s’étendent sur 18 millions de
km² (12 % des terres émergées) et ont une densité assez modeste (1 à 2 hab/km² en Amazonie, 1 à
10 dans la forêt équatoriale d’Afrique).
➢ Les déserts d’altitude
Il s’agit des parties moyennes à élevées des massifs montagneux à travers le monde.
Les contraintes environnementales
Au sein de ces vides de peuplement, on retrouve des conditions physiques difficiles qui empêchent
ou limitent fortement l’agriculture (et donc le développement humain).
Dans les déserts froids, il y a des conditions physiques extrêmes. Le froid est presque permanent
(moins de 150 jours sans gel par an). Le permafrost empêche les cultures ou le dégel périodique de
la couche superficielle du sol entraînent une production alimentaire endogène très limitée.
L’agriculture n’est pas possible partout, les ressources sont en outre limitées. Pour les parties les
plus au nord, les ressources proviennent de la biomasse de la mer et des grands lacs (poissons,
phoques, …). Pour les zones plus au sud, les lichens et herbes rases permettent la survie de grands
mammifères qui sont alors chassés ou élevés extensivement par l’homme.
Les déserts secs se caractérisent par l’aridité du sol (précipitations inférieures à 300mm/ an, seuil
nécessaire pour l’agriculture). Le sol a également une évapotranspiration potentielle (ETP) trop
faible. Une agriculture pluviale est dès lors trop aléatoire ou impossible. Dans de telles zones, la
formations de noyaux sédentaires est inconcevable sans un apport complémentaires d’eau (nappes
souterraines, cours d’eau allogènes (prenant source ailleurs)).
Dans les déserts verts, on trouve une double contrainte :
• La forêt dense complique la maîtrise du territoire lorsque les moyens techniques sont
rudimentaires.
• Médiocrité des conditions sanitaires : la chaleur humide favorise l’entretien d’éléments
pathogènes transmis notamment par les moustiques (paludisme, fièvre jaune, maladie du
sommeil, …).
La répartition des cas de fièvre jaune (30.000 décès/an), de paludisme (1.000.000 décès/an) et de
trypanosomiase africaine, couramment appelée maladie du sommeil (50.000 à 70.000 nouveaux cas
par an), montre bien que les déserts vert et secs sont les plus touchés.
Dans les déserts d’altitude, la principale contrainte est le froid qui ne permet pas la pratique de
l’agriculture. En effet, la température chute de 6° pour 1000m. Chaque région a sa propre limite audelà de laquelle l’agriculture n’est plus possible : 300 m en Islande 2.000 m dans les Alpes 4.000 m
dans l’Himalaya D’autres contraintes viennent s’ajouter au froid, notamment la pente (nécessite des
aménagements en terrasse pour les cultures) et l’isolement (pas d’apport de l’extérieur).
À l’origine, ces vides de peuplement étaient occupé par des populations éparses (se déplaçant pour
trouver des ressources), souvent mobiles, formées de chasseurs-cueilleurs / pêcheurs ou éleveurs.
On retrouve tout de même quelques noyaux sédentaires (oasis du Sahara, vallées des fleuves
allogènes,…).
Des espaces devenus « stratégiques »
Certains de ces déserts sont devenus des lieux stratégiques sous l’impulsion de différents facteurs :
• Pour l’importance des ressources énergétiques et minérales (puits de pétrole dans les
déserts) > agglomérations industrielles ou minières entièrement dépendantes (cf exemple 1)
• Pour leur potentiel d’extension des espaces agricoles, notamment en défrichant les déserts
verts ou en fertilisant le sol des déserts arides (comme le fait actuellement l’Arabie
Saoudite).
• Pour le potentiel touristique (excursions en traineau dans les déserts blancs, trekking dans
les déserts arides,…).
• Pour contrôler des portions de territoires (accès à la mer ou à d’autres pays pour le
commerce). Au Brésil par exemple, le gouvernement s’implante activement en Amazonie
pour affirmer cette portion de territoire comme étant la leur et éviter ainsi que les pays
voisins ne s’y installent. En Mauritanie, des portions de désert sont fortement gardée par les
autorités car on pourrait y construire un pipe-line.
Cette prise d’importance de certains territoires jusque-là laissé à l’abandon implique de nouvelles
formes de peuplement, notamment en Arctique.
Exemple 1 : Durant la Guerre Froide, le contrôle de l’océan arctique était primordial (situé entre les
USA et l’URSS) ce qui provoqua la construction de bases militaires. En outre, lorsque le prix du
pétrole augmenta, on y construisit des plateformes pétrolières offshores (avant ce n’était pas
rentable par rapport au prix du pétrole) mais aussi des complexes miniers et des agglomérations
industrielles. Ainsi, dans les années ’30, l’URSS construisit la ville de Norilsk pour l’extraction et le
traitement du nickel. La ville compte 230.000 habitants vivant à une température moyenne de -40°.
On remarque l’architecture ‘stalinienne’ visant à marquer l’empreinte russe sur ce territoire.
Cette ‘colonisation’ de l’Arctique dut faire face à une importante difficulté : assurer à le
renouvellement de la main-d’œuvre. En effet, la précarité des conditions de vie (plus d’homme que
de femme, pas de divertissement,…) et les difficultés physiologiques d’adaptation à ce milieu (peu
de clarté par jour, froid,…) limitent le nombre de volontaires.
Deux solutions ont été envisagées : l’incitation (primes, hauts salaires,…) et les recrutements forcés
(Goulag soviétique).
Autre difficulté, le réchauffement climatique est fort perceptible dans l’océan arctique. Or, la fonte
du permafrost (rose clair : années 2000 ; rose foncé : années 2100) risque d’endommager les
infrastructures, ce qui limite le peuplement à grande échelle de cette zone.
Toutefois, la fonte de la banquise (bleu clair : années 2000 ; bleu foncé : années 2090) va ouvrir
l’océan arctique et tracé de nouvelles voies maritimes (nouvelles opportunités de développement de
cette zone). Cette ouverture va complètement changer la géopolitique de l’Arctique....
5.3.
Aux sources des continents humains
Introduction (rappel)
La formation des trois principaux foyers de peuplement commence avant le début de l’ère
chrétienne.
La Révolution néolithique : un tournant dans l’histoire de l’humanité
La Révolution néolithique se caractérise par le passage d’une économie fondée sur la chasse, la
pêche et/ou la cueillette à une économie fondée sur l’agriculture et l’élevage. En résulte une forte
augmentation de la production alimentaire par unité de surface (rendement) qui a pour effet de :
(1) Faire une forte poussée démographique + Former des premières concentrations
significatives de population. Moyen-Orient : densités de 1 hab/20 à 40 km² chez les
chasseurs/cueilleurs ; de 2 à 5 hab/km² pour les premières formes d'agriculture pluviale. +
Mise en place des premiers contrastes du peuplement : économies pré-agricoles (densités < à
1 hab/km²) vs économies agricoles (densités > 1 hab/ km²).
(2) En outre, la Révolution néolithique amène à la formation d'un surplus alimentaire qui
permet une division du travail (chacun ne cultive plus pour soi uniquement), l’apparition des
premiers établissements urbains (lieu de concentration des commerçants, artisans,… vivant
sur le surplus) et des premières structures étatiques (la création de gouvernement est
nécessaire pour le partage du surplus) > forte augmentation de la production alimentaire par
unité de main d'oeuvre
Comment expliquer que l’humanité se soit tournée vers l’agriculture vers 8.000 BC ?
Remarques préalables :
• Cette transition sera « pénible » : par rapport aux chasseurs-cueilleurs, les premiers
agriculteurs avaient des journées de travail plus lourdes et étaient plus petits, moins bien
nourris, souffraient de maladies plus graves et mouraient plus jeunes.
• Ce fut une transition progressive (sur plusieurs centaines d’années). Longtemps, les
techniques de chasse –cueillette et d’agriculture ont coexistées pendant longtemps. La
première forme d’agriculture est en effet une forme de cueillette perfectionnée (prélèvement
et plantation de bouts de plantes en croissance) ou semis "accidentels" sur les lieux
d'égrenage et de préparation culinaire (une graine tombe à l’endroit où on prépare à manger
et quelques mois plus tard une plante pousse).
On retrouve trois foyers de la Révolution néolithique : le Croissant fertile (vers 8.000 BC = Basse
Mésopotamie), le Mexique central (vers 7.000 BC > très controversé) et la Chine du nord (vers
4.800 BC). Ces foyers vont rayonner, ils vont s’étendre petit à petit. C’est au sein de ceux-ci que
l’agriculture va naître et se diffuser.
On est le mieux documenté sur la Basse Mésopotamie.Vers 10.000 BC, dans le Croissant fertile, a
lieu un réchauffement climatique qui va augmenter les disponibilités en céréales sauvages (passage
d’une steppe froide à une plaine savanée) et diminuer le nombre de gros gibier ce qui provoque le
passage de la chasse à l’exploitation de céréales sauvages (cueillette, pas encore de culture). Ce
passage à la cueillette va augmenter la population et pousser à la sédentarisation.
Cette sédentarisation va aboutir à la création de village disposant d’un territoire de prélèvement des
ressources (un général à un jour de marche du village). Si la population augmente, les ressources
diminuent (limite environnementale au peuplement) ce qui pousse soit à une surexploitation de la
zone de prédation (au sens large, pas uniquement des animaux) soit à une augmentation de la zone
de prédation. Plusieurs solutions sont alors possibles pour retrouver un équilibre: une augmentation
de la mortalité (famine), une diminution de la fécondité (moins de naissance), une émigration vers
un territoire inoccupé ou le développement d’un nouveau mode d’exploitation du milieu. Entre ces
quatre solutions (3 démographiques, 1 technique), l’humanité va se porter vers l’innovation
technique, marquant ainsi l’apparition de l’agriculture.
Remarque : ce schéma peut être mis en relation avec la situation actuelle. Nous sommes aujourd’hui
confronté aux limites environnementales d’ la planète (et non plus du village). Les mêmes solutions
s’offrent donc à nous. Ex ; rapport /e/ population et nrj sur les ressources et consommation
Une coupure radicale se produisit entre les sociétés de chasseurs-cueilleurs et les sociétés
d'agriculteurs/éleveurs. La sédentarisation permettait une réduction de l’intervalle entre naissances
(pas nécessaire que les jeunes enfants sachent marcher pour avoir un nouvel enfant) et apportait la
possibilité de stocker des excédents alimentaires. La domestication de certains animaux apportait
quant à elle une disponibilité plus grande en protéines animales (lait), la production de fumier utilisé
pour reconstituer la fertilité des sols ou comme combustible, la mobilisation des plus gros animaux
domestiques (vaches, chevaux, buffles, ..) pour les travaux agricoles et les transports. En outre, les
sociétés agricoles avaient un avantages militaires sur les sociétés de chasseurs- cueilleurs. Leur
surplus agricole permettait de nourrir des soldats de métier, elles pouvaient utiliser des animaux aux
guerres (transport des troupes, du matériel) et étaient plus résistantes aux germes hérités des
animaux domestiques.
➔ Le passage de la chasse à l’agriculture, avec toutes les conséquences que cela implique, est
donc bien un tournant majeur dans l’histoire de l’humanité.
Différenciation des techniques agricoles
L’installation des cultures au néolithiques se fait d’abord sur des zones étroites, des espèces de
jardins proches des habitations (défrichés et fertilisés par les déchets domestiques) et sur des
terrains fraîchement alluvionnés par les crues des rivières. Lorsque les activités de culture et
d'élevage prirent de l'ampleur, on assiste à une extension des zones cultivées aux formations boisées
et herbeuses avoisinantes.
Les premiers agriculteurs disposaient soit de haches de pierre polie soit de bâtons fouisseurs. Les
haches sont assez efficaces pour couper arbres et arbustes. Dès lors, les populations qui en disposent
se sont répandues dans les régions boisées et développent les cultures sur abattis-brûlis. Les
populations disposant de bâtons fouisseurs, peu efficaces pour défricher le tapis herbacé dense d'une
prairie, d'une savane ou d'une steppe, ont développé surtout l'élevage (systèmes pastoraux)
Les systèmes de culture sur abattis-brulis
Ces systèmes se retrouvent dans des milieux boisés variés : haute futaie, taillis, fourré arbustif,
savane boisée,… Ils sont encore utilisés en Amazonie (Amérique du sud) et par les pygmées
(Amérique centrale). Les terrains sont préalablement défrichés par essartage : on abat les arbres et
on les brûle mais les souches ne sont pas déracinées. Les cendres amenées par le brulis fertilisent le
sol, qui peut alors être cultivé pendant une, deux ou trois années, puis abandonnés à la friche boisée
durant une ou plusieurs décennies (le temps que des arbres repoussent : plus la période est longue
plus la fois suivante la fertilité des sols sera importante) avant d'être à nouveau défrichées et
cultivées.
Entre 8.000 et 3.000 BC, une extension fait à la plupart des milieux boisés cultivables. Cette
extension part des principaux foyers de la révolution néolithique et est rythmée par la croissance
démographique > expansion spatiale. En effet, lorsque la population du village devient trop
importante par rapport à la capacité du milieu, la durée de rotation des cultures diminue et les
rendements décroissent alors. Une fraction de la population commence à défricher et mettre en
culture de nouvelles terres plus fertiles, dans la forêt vierge proche, au-delà du front pionnier
(progression de +/- 1km par an) = processus de subdivision (migration des villages). Ceci explique
le rayonnement de la Révolution néolithique.
De l'abattis-brulis au déboisement
A terme, le mouvement pionnier des cultures sur abattis-brûlis se heurte nécessairement à une
frontière infranchissable (naturelle = océan, forêt incultivable, formation herbeuse, barrière
montagneuse OU politique = autre population d'un autre état). Dès lors, si la population continue
d'augmenter, le surplus de la population ne peut plus être absorbé par le processus de migration vers
de nouvelles zones cultivables.
Cette augmentation de la densité de population provoque une augmentation de la superficie
défrichée chaque année (friches de plus en plus jeunes sont abattues) ce qui fait chuter le rendement
, et donc augmentation des superficies défrichées pour augmenter la surface ensemmée (= cercle
vicieux?). Finalement, on va pratiquer de plus en plus la "coupe à blanc", qui consiste à couper la
totalité des arbres d'une parcelle, à les dessoucher et à procéder au nettoyage systématique du sol, ce
qui aboutit à un déboisement.
Du déboisement aux systèmes agraires post- forestiers
A partir de 3.000 BC, le processus de déboisement touche peu à peu la plupart des milieux
anciennement boisés de la planète. Il s’agit du plus grand bouleversement écologique de l'histoire :
La destruction des mégatonnes de biomasse, de réserves d'eau et d'humus.
Du déboisement aux systèmes agraires post forestiers
Le déboisement créé des conditions écologiques inédites qui ouvrent la voie à toute une gamme de
systèmes agraires post-forestiers très différenciés. Cette différenciation qui s'exprime dans les outils
utilisés, les modes de défrichement et de renouvellement de la fertilité, les modes de conduite des
cultures et des élevages,… Elle résulte également des interactions complexes entre caractéristiques
de l'environnement physique (agriculture inondée en Asie, jachère en Europe,…) et de
l'organisation sociale.
Techniques agricoles et densités de population
La différenciation des techniques agricoles produit toute une gamme de densités de population
différentes. Du point de vue théorique, si la production est auto-consommée ou distribuée dans une
aire restreinte, alors le poucentage des terres mises en culture + la durée de rotation des cultures + le
rendement donne le volume de la production par unité de surface (Kcal / Km²) et donc, le nbre
d'habitants par Km².
On remarque de grandes différences de densité entre les cultures itinérantes sur brulis (4 hab/km²) et
les cultures semestrielles de riz (264 hab/km²).
Du point de vue pratique : Au 16e siècle, on rencontre dans le Monde les situations suivantes :
• Quelques hab/km² pour l’agriculture itinérante (savanes de l'Afrique occidentale, basses
terres d'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud).
• +/- 10 hab/km² pour l’agriculture à jachères courtes (hautes terres de l'Afrique de l'Ouest,
Andes, Mexique).
• De 10 à 50 hab/km² pour l’agriculture à rotation biennale ou triennale et culture attelée
(bassin méditerranéen et majeure partie de l'Europe).
• +/- 100 hab/km² pour l’agriculture pluviale permanente (Flandre, Toscane, Lombardie).
• De 200 à 300 hab/km² pour l’agriculture irriguée (plaine indo-gangétique, golfe du Bengale,
Chine du Sud, plaines du Japon, Java et deltas de l'Asie du Sud-Est).
Ces chiffres correspondent au chiffre obtenus par les calculs théoriques.
Explication du lien entre technique agricole et production
Ce lien entre technique agricole et densité de population tient au faite qu’il s’agisse d’une relation
systémique : l’amélioration des techniques agricoles autorise une augmentation de la population ; la
croissance de la population oblige ou favorise une amélioration des structures agraires. En outre, le
progrès agricole est stimulé par différents facteurs. De fait, lorsque les excédents productifs
(surplus) augmentent, on assiste une spécialisation croissante du travail, une multiplication des
échanges, un renforcement des structures d'encadrement politique et une augmentation du nombre
et de la taille des villes. En retour, ces transformations stimulent le progrès technique, notamment
en matière agricole.
La formation des continents humains : l’exemple de l’Inde (F. Durand-Dastès)
Les rendements très élevés et la productivité (rendement par travailleur) très faible des rizicultures
permettent de fortes densités de population qui vont ensuite contribuer au maintien, voire au
développement des rizicultures.
De plus, les rendements élevés de la riziculture apportent un surplus important. Celui-ci rend
possible l'urbanisation et la formation d‘États relativement centralisés. Or, dans un État centralisé,
on a une mobilisation de la force de travail et l’organisation d'aménagements lourds, ce qui favorise
le développement de la riziculture. Cerise sur le gâteau, un État organisé a la capacité de régler les
conflits à l'intérieur de ses frontières (paix favorables à la croissance de la population).
On a donc une double boucle de rétroaction dans ce schéma circulaire.
5.4.
Les archipels de peuplement : formes anciennes, formes nouvelles
Introduction (rappel)
Il existe un contraste marqué entre les quelques rares foyers secondaires actuels de peuplement qui
se dessinent déjà au début de notre ère (plateaux du Mexique central, Afrique occidentale,…) et les
archipels de peuplement nés à partir du 16e siècle (Amérique du Nord, en Amérique du Sud, en
Afrique subsaharienne et en Océanie).
Cette partie est une analyse de la formation des archipels de peuplement en relation avec le
déploiement de l'économie-monde européenne.
Le déploiement de l’économie monde européenne
L'économie-monde est un concept central dans les travaux de F. Braudel. Il la définit ainsi : "Un
morceau de la planète économiquement autonome, capable pour l'essentiel de se suffire à lui- même
et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité organique."
L’économie-monde est donc une formation socio-spatiale qui :
• Est économiquement autonome.
• Tire sa cohérence de ses échanges internes.
• Est constituée d'espaces politiques et culturels différents, qu'elle englobe.
• Est délimité dans sa taille par le temps de déplacement de ses occupants, des objets et des
communications.
• Dont les limites se trouvent là ou commence une autre économie du même type, limites qui
prennent souvent la forme de barrières naturelles, difficile à franchir.
Elle présente également une structure caractéristique :
• Autour d’un centre qui tend à accumuler richesse, pouvoir, savoir et culture s’échelonne une
hiérarchie de zones périphériques de moins en moins développées au fur et à mesure où l’on
s’éloigne du centre.
• Des relations asymétriques entre centre et périphérie : les espaces politiques et culturels de
la périphérie sont dominés (militairement, économiquement, juridiquement ou
politiquement) par le centre.
• Au cœur du centre de l'économie-monde : un pôle, représenté par une ville dominante (par
exemple Rome durant l’Empire romain ; actuellement la mégalopole européenne).
L’économie-monde se forge au 16e siècle à la suite de l’expansion commerciale et coloniale des
pays européens. L'Europe occidentale parvient alors à constituer autour d’elle et à son bénéfice une
économie-monde qui deviendra planétaire au 20e siècle.
Cette hégémonie européenne ne put se faire que parce que la Chine ne poursuivit pas cette
entreprise. En effet, entre 1405 et 1433 (avant même les Grandes découvertes), l’amiral chinois
Zheng He entrepris de multiples expéditions maritimes pour le compte de l’empereur Yongle. Ces
expéditions furent toutefois brutalement interrompue par le successeur de ce dernier, Hongxi. Celuici estimait que ces expéditions menaçaient la stabilité de la pyramide politique chinoise (émergence
d’une classe marchande). Cet arrêt brutal laissa le champ libre à l’Europe.
Moment majeur du déploiement de l’économie-monde européenne, la capture de l’Amérique permis
à l’Europe de devenir maître des océans.
Dès le 16e siècle, un afflux de métaux précieux en provenance d’Amérique va doper l’économie
européenne en augmenter considérablement la disponibilité des liquidités. On assiste alors à une
lente mais inéluctable monétarisation des rapports sociaux et à un renforcement compétitif des États
ouverts sur l’Atlantique (chacun veut sa part).
A partir du 18e siècle, les réserves de terres du Nouveau Monde, en particulier aux États-Unis,
permettent (avec les gisements de charbon) à l'Angleterre puis à l'Europe occidentale de faire sauter
les limites environnementales à la croissance. Ainsi, il n’est plus nécessaire d’allouer des centaines
de milliers d’hectares à la plantation de coton en Angleterre (sert à l'habillement de la population
britannique) puisque les USA en fournissent suffisamment pour la population. Ces terres peuvent
dès lors être utilisées pour autre chose.
Du 16e au 18e siècle (orange foncé), le déploiement européen se limite à l’Asie et à l’Afrique. Cette
vague se caractérise par des points d’appui sur les littoraux et une influence économique croissante.
Cette influence économique est due d’une part à l’implantation de plantations (souvent
esclavagistes) qui permettent de cultiver des aliments que l’on ne trouve pas en Europe (épices,
cacao, thé, café,…) et d’autre part par des échanges commerciaux accrus, notamment avec la Chine.
A partir de la fin du 18e siècle (orange clair), on assiste une expansion très rapide. Cette expansion
se fait d'abord par l'intermédiaire des compagnies commerciales de colonisation (Compagnies des
Indes hollandaises, britanniques ou françaises), ensuite par le biais des Etats- Nations, avec la mise
en place d'empires coloniaux.
L'organisation économique de la périphérie par le centre
Des logiques de prédation On distingue trois voies distinctes pour augmenter les revenus tirés des
colonies par les puissances coloniales :
• Organisation de l'exploitation des ressources les plus précieuses (diamants, or, argent) qui
répondent aux besoins de liquidité des Etats.
• Organisation et contrôle des commerces les plus lucratifs par l’établissement de comptoirs
où les ressortissants de la métropole disposent d'un monopole pour échanger tissus, armes et
alcool contre des produits à forte valeur ajoutée (épices, soie, fourrures).
• Organisation d'une colonisation agricole, par concession des terres aux ressortissants,
souvent peu nombreux, de la métropole. En résulte des cultures de plantation, reposant sur
l'exploitation sans merci d'une vaste main-d’œuvre réduite en esclavage.
Le déploiement européen se fait bien dans les zones disposant des matières premières ou des
avantages environnementaux les plus importants.
Le paradoxe territorial de la colonisation
Si les cartes officielles montrent parfois d'immenses territoires, la réalité coloniale est ponctuelle :
quelques mines, quelques comptoirs, quelques plantations, sauf dans les colonies de peuplement
rural et paysan (USA).
Conséquence sur le peuplement de la planète
Cette polarisation du monde par l’Europe selon une logique de prédation (de captation des
richesses) aura des conséquences importantes sur le peuplement de la planète.
La débâcle démographique des Amérindiens : Entre 1492 et 1650, les pertes au sein des
Amérindiens ont été de l'ordre de 80%. Sur une population initiale de 40 millions de personnes,
seule 8 millions on survécut. Au Mexique, la population est passée de 15–20 millions à 1,2 millions
entre 1500 et 1600.Elle ne retrouvera son niveau démographique de 1500 qu’au 20e siècle.
Cette débâcle démographique est sans précédent dans l’histoire de l’Humanité. Elle fut provoquée
par la conjonction de plusieurs facteurs :
➢ Supériorité dans l’armement des européens (les civilisations précolombiennes ne
connaissent pas le fer et donc par les armes à feu)
➢ Causes psychologiques et religieuses : l’irruption de l’inconnu est vécue comme un choc par
les indiens
➢ Ravages des maladies infectieuses européennes dans des populations qui, suite à leur
isolement, n’avaient pas de défenses immunitaires
Des migrations de grande ampleur
Du 16e à la fin du 18e siècle, à lieu la traite négrière. Il s’agit d’une migration forcée, violente et
massive. Selon la "Trans-Atlantic Slave Trade Database", entre 1500 et 1866 :
• 12,5 millions d’esclaves sont embarqués sur les côtes africaines
• 10,7 millions d’esclaves sont débarqués, quasi exclusivement sur le continent américain La
différence entre les deux chiffres sont ceux morts durant la traversée.
Cette migration forcée est nettement plus importante que la traite "arabe" ou "orientale", du moins à
l'époque.
Elle est également nettement plus importante que les migrations volontaires (en orange), du moins
entre 1500 et 1800.
L’impact de la traite négrière est toutefois controversé sur le volume et la répartition spatiale de la
population de l'Afrique sub-saharienne. À propos du volume de la population, les plus pessimistes
voient la traite comme le facteur déclencheur d'un effondrement de civilisation (chaos politique,
guerres, désorganisation sociale, famines, épidémies,…) comparable à celui qu'a entraîné chez les
peuples amérindiens la conquête des Amériques (la population africaine en 1850 serait la moitié de
ce qu’elle aurait été si sa croissance naturelle n’avait pas été amputée par la traite). Pour les moins
pessimistes, si l’exportation des esclaves a freiné la croissance de la population africaine, elle n'a
pas provoqué de régression démographique. À propose de la répartition spatiale de la population, on
constate une diminution des densités dans les zones intérieures (où se déroulait la majorité des
rapts) et un renforcement, du moins relatif, des densités dans les zones littorales.
Dans tous les cas, la traite négrière aura eu un impact manifeste sur le volume et la composition de
la population de l'Amérique. Elle a agi comme une contribution substantielle au peuplement de
l'Amérique coloniale : +/- 10 millions d'esclaves arrivés pour une population totale qui est passée de
13 à 21 millions entre 1600 et 1800 (la moitié de la population est donc issue de la traite). Cette
présence est encore marquée dans la population américaine. 84% de la population en République
Dominicaine descend d’esclaves, 62 % à Cuba, 46% au Brésil, 26% en Colombie, 14% au Panama,
12% aux États-Unis, 10% au Venezuela, ….
Au 19e siècle, commence une période de migrations massives des Européens vers les pays neufs et
les territoires coloniaux (cf. Titanic). Cette migration est due à la paupérisation d'une partie de la
population rurale, à une période de transition démographique (passage de taux de mortalité et de
natalité élevé à faible) et à la croissance urbaine (provoquant un exode rural).
Il s’agit majoritairement de migrations définitives, dites de peuplement. Elles sont massives et
définitives puisque l’offre de terres est illimitée, il y a une abondance d'emplois salariés bien
rémunérés et les transports longue distance lents et coûteux (difficile de revenir dans son pays
natal). En résulte des flux considérables : 55 millions d’européens quittent le Vieux continent entre
1846 et 1924 (20% de la population de l’Europe de 1850).
Logiques spatiales de l'économie coloniale
Cf. paradoxe territorial de la colonisation (p. 56) : faute d'hommes et de moyens, la métropole
n'arrive pas vraiment à tenir les territoires et à les organiser de manière cohérente. En résulte une
localisation ponctuelle des implantations européennes.
D’autre part, l’organisation économique (exploitation minière, traite coloniale, économie de
plantation) ne donne lieu qu'à des aménagements réduits (quelques routes, plus tard une étroite voie
de chemin de fer, de petits ports), conçus selon une logique prédatrice (pour pomper les richesses et
les envoyer à la métropole). Apparaissent alors des réseaux en entonnoir qui convergent vers les
villes portuaires (où se concentre dès lors la population), ce qui pose les bases du peuplement
littoral des archipels de peuplement. Une exception majeure : les États-Unis (répartition actuelle de
la population dans tout le pays, pas uniquement sur les côtes).