Lire l`article complet
Transcription
Lire l`article complet
article L’essentiel Article extrait de jurisassociations n° 484 du 15 septembre 2013. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © éditions Dalloz – www.juriseditions.fr financement 46 financements privés Solidarité : une implication croissante des entreprises En 2012, 51 % du budget global des associations provenait de financements privés1. la part des entreprises n’ont pas pour seule vocation de construire leur image : elles révèlent une véritable volonté du secteur privé de contribuer à l’intérêt général dans ses différentes composantes. Le mécénat ou l’épargne solidaire sont désormais pour les entreprises tant des outils de cohésion interne que d’impact territorial. DéVELOPPEMENT DU MéCéNAT : DES ATTENTES RéCIPROQUES Le mécénat reste un des outils privilégiés de la politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE)4. Parallèlement, les attentes des associations sont en forte croissance vis-à-vis de ces partenaires privés. Les intérêts doivent réussir à converger. Les entreprises entendent jouer un rôle croissant dans le financement et l’accompagnement de l’intérêt général à travers le mécénat et l’épargne solidaire. Cette tendance offre de nouvelles perspectives aux associations face à la raréfaction des ressources publiques. AUTEUR TITRE Béatrice Bayo Responsable des ressources privées, France Active U n constat : alors que la crise perdure et affecte tous les pans de l’économie, les entreprises se sont rarement autant mobilisées auprès des acteurs de la solidarité. Les chiffres en attestent : si le budget global du mécénat reste stable à 1,9 milliard d’euros2, il est apporté par un nombre d’entreprises en croissance de 15 % (40 000 fin 2011). De son côté, l’épargne solidaire affiche une croissance de plus de 30 %3, atteignant 4,7 milliards d’euros d’encours fin 2012, dont plus de la moitié en provenance de l’épargne salariale solidaire. Ces différentes formes d’implication de 1. Le budget global de 2012 est de 70 milliards d’euros. Ces données sont issues de « Repères sur les associations en France », de V. Tchernonog et E. Archambault, 2012 et du « Rapport intermédiaire du HCVA sur le financement privé des associations », mars 2013 ; voir JA n° 477/2013, p. 6. 2. L’ensemble des données chiffrées relatives au mécénat proviennent de l’enquête Admical – CSA de 2012 : « Le mécénat d’entreprise en France ». 3. Les données relatives à l’épargne solidaire sont issues du « Baromètre de jurisassociations 484 - 15 septembre 2013 Si le mécénat reste la voie la plus développée des partenariats entre associations et entreprises, l’épargne solidaire apparaît comme un moyen complémentaire. Une démarche ciblée Au cours des dernières années, les entreprises mécènes ont affiché une volonté de cibler leurs actions en diversifiant peu leurs domaines d’intervention et en définissant avec davantage de précision leurs publics cibles. Ainsi, dans le contexte actuel, ce sont les problématiques sociales et les jeunes qui sont prioritairement ciblés par les entreprises. Face à ce constat, les associations se doivent de définir des programmes qui fassent écho aux problématiques sociétales actuelles et qui répondent aux critères définis par les entreprises. Il sera difficile pour une association de financer son fonctionnement global grâce au mécénat. En revanche, elle pourra mobiliser des entreprises partenaires sur un programme spécifique dont l’impact quantitatif et/ou qualitatif sera facilement mesurable. Prenons l’exemple de l’association France Active, historiquement peu tournée vers le mécénat privé. De par son caractère relativement institutionnel, elle n’arrive guère à mobiliser ce type de ressources sur son activité générique d’accompagnement et de financement des créateurs d’entreprise. Elle a donc décidé de la finance solidaire », Finansol / La Croix, édition 2013-2014 ; voir notamment JA n° 479/2013, p. 14 et JA n° 483/2013, p. 19. 4. Ou responsabilité sociale des entreprises. Le reporting, clé du succès Le retour sur investissement est un maître mot du secteur privé. Il est souvent utilisé d’un point de vue financier mais doit aussi s’entendre en termes de communication et de plus-value sociale. L’association bénéficiaire de ressources issues du mécénat doit construire avec son partenaire une mesure d’impact simple et concrète, qui permette par la suite à l’entreprise de communiquer tant en interne qu’en externe. Par ailleurs, les entreprises recherchent en priorité à avoir un impact local. Ainsi, 83 % des entreprises mécènes mènent des actions au niveau local. De ce fait, les salariés et partenaires locaux de l’entreprise mécène sont les témoins et bénéficiaires directs des effets de la politique de mécénat. L’éPARGNE SOLIDAIRE : L’AUTRE SOURCE DE FINANCEMENT PRIVé Plus méconnue du grand public, l’épargne solidaire est de plus en plus répandue dans les entreprises. Une obligation légale en est à l’origine. En effet, la loi de modernisation de l’économie de 20085 a rendu obligatoire la présence d’un fonds solidaire dans tous les plans d’épargne d’entreprise (PEE). Aussi, la quasi-intégralité des entreprises de plus de 50 salariés contribue, de près ou de loin, au développement de l’épargne solidaire. Cette épargne solidaire a pour vocation de financer des projets à forte utilité sociale ou environnementale, majoritairement portés par le secteur associatif. Un financement remboursable Qui dit épargne dit liquidité à plus ou moins long terme. Il s’agit donc d’épargner en vue de financer les besoins structurels des associa5. Loi n° 2008-776 du 4 août 2008, JO du 5. 6. Voir notamment JA n° 483/2013, p. 28. dans le développement de l’épargne solidaire ” tions, tels que les immobilisations ou les besoins en fonds de roulement, financements que ces mêmes associations seront en mesure de rembourser à échéance. On sort ainsi de la logique de don ou de subvention pour entrer dans celle de l’investissement. Il s’agit de ressources complémentaires pour les associations, qui peuvent également faire effet de levier sur d’autres financements remboursables et notamment bancaires. Avec plus de 1 milliard d’euros issus de l’épargne solidaire investis dans les entreprises solidaires, ces ressources sont devenues indispensables au secteur. Ainsi, Habitat et Humanisme, par la levée de plus de 10 millions d’euros d’épargne solidaire et les financements de la Caisse des dépôts correspondants, a pu acquérir en 2011 plus de 160 nouveaux logements et accompagner et reloger près de 1 600 familles6. De son côté, la Société d’investissement France Active (SIFA) a mobilisé l’épargne solidaire pour l’investir après accompagnement et expertise dans plus de 260 entreprises solidaires, la majorité constituée sous forme associative. Des initiatives intéressantes Les entreprises entendent jouer un rôle croissant dans le développement de cette épargne solidaire. On peut, par exemple, souligner l’initiative de BNP Paribas qui, pour inciter ses salariés à choisir les fonds d’épargne salariale solidaire dans leur PEE, a mis en place un abondement spécifique sur ces fonds. Ainsi, la solidarité est portée tant par le salarié à travers le placement de sa participation ou de son intéressement que par l’entreprise à travers son abondement. Notons également que la recherche d’impact local est également croissante. Ainsi, certaines PME de la région Franche-Comté ont souhaité que leur épargne solidaire soit investie localement auprès de deux acteurs du territoire. Le développement de circuits courts de la finance solidaire est en marche. L’implication croissante du secteur privé dans le financement des associations a conduit ces dernières à mieux définir leurs besoins et à professionnaliser leur mesure d’impact. Désormais, les entreprises ne sont plus sensibles au seul rendement financier, mais également à celui social et sociétal. Une démarche à coconstruire dans les années à venir. n Cet article a été rédigé avec le concours de France Active et du CNAR Financement. 15 septembre 2013 - jurisassociations 484 Article extrait de jurisassociations n° 484 du 15 septembre 2013. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris éditions © éditions Dalloz – www.juriseditions.fr monter un programme en faveur des jeunes créateurs d’entreprise (versement d’une prime et accompagnement renforcé pour le montage du plan de financement) intégralement financé par le mécénat et les dons privés. En un an, ce sont 500 000 euros qui ont été mobilisés auprès d’une dizaine d’entreprises désireuses de financer l’insertion par l’emploi, souvent sur leur territoire ou leur secteur d’activité. Cela répond à la fois aux contraintes de l’association, à savoir la diversification de ses ressources, et à celles des entreprises qui ont fait de l’emploi des jeunes une priorité, thème sur lequel elles peuvent à la fois apporter financements et compétences. entreprises entendent “ Lesjouer un rôle croissant 47