une passion - PetMarket Magazine
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ENTREPRISE la ferme tropicale Une passion communicative Multipliant ses activités sur la terrariophilie depuis 1993, Karim Daoues, directeur de la Ferme Tropicale, est guidé par sa passion pour les animaux. Cette passion, communicative, il la partage aujourd’hui avec une équipe jeune et motivée. Par Eric Leforestier Karim Daoues, directeur de la Ferme Tropicale, a ouvert son premier point de vente en 1993, à l’âge de 19 ans. M ême s’il préfère parler serpents, lézards ou tortues que chiffres, Karim Daoues doit bien admettre qu’il est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de 30 personnes, générant un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros et dégageant un résultat net de 35 000 euros en 2010. La Ferme Tropicale fonctionne à travers cinq entités, toutes dédiées à la terrariophilie : deux magasins, une activité de gros, une structure d’élevage (en attente d’autorisation administrative pour fonctionner) et un centre de formation. Ses deux magasins, l’un à Paris, l’autre tout nouveau à Lille, génèrent un peu plus de la moitié de son chiffre d’affaires. A 19 ans, en 1993, Karim Daoues ouvre son premier point de vente à Paris. Il est alors le premier capacitaire français pour la vente des reptiles et des amphibiens. Sept ans plus tard, en 2000, il déménage son magasin rue Jenner, dans le 13e arrondissement, bénéficiant d’une surface de vente plus grande : 700 m2. Ce magasin compte aujourd’hui un effectif d’une dizaine de vendeurs, jeunes et motivés, « sélectionnés d’abord pour leur capacité à apprendre », souligne Karim Daoues, précisant qu’ils ont tous des animaux chez eux et que « le reptile est avant tout une histoire de passion, d’observation ». Sur son unité parisienne, la Ferme Tropicale vend en moyenne sept animaux par jour. Le samedi, entre 500 et 700 personnes fréquentent le magasin générant entre 300 et 350 tickets de caisse. En jour de semaine, le nombre de tickets varie entre 100 et 150. « Nous ne cherchons pas le public de masse, cela nous empêcherait de travailler correctement. Nos clients ne viennent pas chez nous par hasard. Sur les dix questions qu’ils vont nous poser, neuf le sont dans le but d’un achat », explique le gérant de l’entreprise. « Nous souhaitons leur consacrer du temps, être aimable avec eux, cerner parfaitement leur profil, c’est important pour les reptiles », ajoute-t-il. 14 . PETMARKET N°206 206_Entreprise_BAT.indd 14 26/02/11 13:11:50 ENTREPRISE la ferme tropicale Le deuxième magasin de l’enseigne vient d’ouvrir à Lille, sur 200 m2. C’est un test, aux débuts un peu moins aisés que prévu. « L’emplacement est bon, mais la zone est concurrentielle. Nous avons les bonnes personnes et c’est le plus important. Sur notre univers, c’est le vendeur qui fait le rayon. Il est primordial de bien savoir s’entourer pour réussir. » Des activités complémentaires Créée en 2005 à Combs-la-Ville (77) sur des locaux de 600 m2, l’activité de gros génère un peu moins de 40 % de l’activité de l’entreprise. Six personnes y maintiennent entre 5 000 et 10 000 animaux. On les acclimate, on les déparasite, on les nourrit. Cette plate-forme logistique accueille en moyenne 35 000 animaux sur l’année. Sa gestion est entièrement informatisée, ce qui permet une traçabilité totale sur l’ensemble des animaux. « Je peux vous dire par exemple combien nous avons de couleuvres albinos », déclare le créateur de la Ferme Tropicale. Cette traçabilité est un gage de confiance pour l’administration, ce qui permet d’aborder des ventes d’animaux plus sensibles. A Combs-la-Ville, les animaux sont conditionnés pour partir soit en animaleries (200 points de vente clients environ), soit pour la vente au détail dans les deux magasins de l’entreprise. On y maintient principalement les « 20/80 » d’une offre terrariophile. En lézards, les animaux de référence sont le gecko léopard (Eublepharis macularius) et l’agame barbu (Pogona vitticeps). En serpents, le plus représentatif est la couleuvre américaine (Elaphe guttata). La structure compte également des pythons et des boas, les premiers se vendant beaucoup plus que les seconds. En tortues aquatiques, l’offre reste assez limitée en raison d’une réglementation particulièrement stricte en France. Les tortues terrestres représentent, elles, un quart des ventes d’animaux. Elles se vendent bien auprès du grand public. « La rentabilité de notre activité de gros, seule, ne serait pas possible sans notre activité de détail et l’inverse est vrai aussi. Nos activités sont interdépendantes. C’est ce qui nous permet d’être rentables et de maintenir notre cap dans de bonnes conditions », explique Karim Daoues. Entre le gros et le détail, l’entreprise constate une vraie différence sur les animaux vendus. Ceux qui sont vendus massivement en gros ne le sont que très peu en magasins. C’est le cas de l’iguane vert (Iguana iguana). « Nous en vendons un par mois au détail, alors que nous en écoulons 150 en gros à destination des animaleries », souligne Karim Daoues. Les deux magasins, spécialistes, présentent une offre plus pointue que celle des animaleries traditionnelles, disposant souvent d’un choix d’espèces plus restreint en raison de limites administratives. « Il existe peu de capacitaires pouvant vendre des espèces pointues. C’est un vrai problème. Les titulaires d’un bac pro animalerie ne peuvent vendre qu’une liste d’espèces réduite. C’est un peu limitatif pour l’évolution d’un rayon. » Karim Daoues rappelle qu’un rayon reptiles ne fonctionne bien qu’avec une clientèle captive – « On ne peut pas se contenter d’avoir des reptiles qu’une fois de temps en temps pour la satisfaire » – qui assure le quotidien du point de vente en y revenant régulièrement. En particulier pour Une acclimatation type avec un décor simple, en PVC, facile à nettoyer, un substrat pour les excréments, une gamelle d’eau de taille variable suivant le taux d’hygrométrie souhaité, associée à une ventilation importante. son approvisionnement en alimentation vivante, un motif de visites récurrent. « L’approvisionnement en alimentation vivante est primordial pour la rentabilité d’un rayon. Il demeure problématique en raison d’une réglementation et des coûts de transport qui ne nous facilitent pas la vie. » Dans une démarche constructive, pour faire avancer son métier, le dirigeant de la Ferme Tropicale, qui est aussi l’interlocuteur auprès des ministères du syndicat Prodaf en ce qui concerne les espèces non domestiques, insiste sur les contraintes administratives « lourdes et pesantes », qui « freinent l’évolution vers une activité plus structurée et encadrée ». En raison de ces contraintes, la moitié des ventes de reptiles en France s’effectuent hors cadre administratif. De la main à la main, entre particuliers. « Ce ne sont pas des ventes illégales, mais elles échappent totalement à l’Etat. L’administration n’a pas la volonté d’intégrer l’économique dans la protection de l’environnement et dans la gestion de la faune sauvage captive », explique Karim Daoues. Sur son unité parisienne, la Ferme Tropicale vend en moyenne sept animaux par jour. Une ceratophrys hybride ou grenouille dite « pacman ». De passionnés à passionnés Précision faite, il revient sur son activité quotidienne qui a pour dénominateur commun la passion. « On ne fait pas l’acquisition d’un reptile par hasard », souligne-t-il. Ces relations de passionnés à passionnés le motivent, lui comme toute son équipe. « Nous voulons restituer une image saine de la terrariophilie. Si l’on aborde cet univers sous un simple aspect mercantile, le retour de bâton est inévitable. » Clients et animaux doivent être satisfaits, chacun dans un environnement qui leur convienne. « Nous devons cerner avec précision le besoin du client pour l’encourager, mais aussi parfois pour le décourager dans son acte d’achat. » Cet acte d’achat peut se faire deux ou trois visites plus tard. Il ne faut pas brusquer les choses. « Nous incitons toujours nos clients à réfléchir. » Outre le détail et le gros, la Ferme Tropicale dispose d’un centre de formation professionnelle, situé à Ormessonsur-Marne (91) et tenu par un formateur dédié. Autre corde à l’arc de l’entreprise, le prêt d’espèces spectaculaires pour des prestations audiovisuelles. C’est le cas notamment pour l’émission de télévision Fort Boyard. De quoi créer encore de nouvelles vocations… n Mars 2011 . 15 206_Entreprise_BAT.indd 15 26/02/11 13:11:53