Éditorial « Le point de vue crée-t-il l`objet ? »1

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Éditorial « Le point de vue crée-t-il l`objet ? »1
Revue Politiques et Management Public 29/1 Janvier-Mars 2012/5-6
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur pmp.revuesonline.com
Éditorial
« Le point de vue crée-t-il l’objet ? »1
La revue PMP a souhaité revisiter pour son 1er numéro de l’année 2012 le rapport des consultants
et de la politique. À travers cette relation ambiguë, c’est le marché de l’expertise publique qui constitue
le thème de ce numéro. Jamais les consultants n’ont paru en effet si près de la (des) politique(s), et
jamais leur rôle n’a semblé si confus. Qui sont-ils, ces spécialistes proclamés de l’action publique ? Des
experts techniques agissant en parfaite neutralité méthodologique, les visiteurs d’un soir manœuvrant
sous le masque d’une complaisance tarifée, ou encore les passeurs d’une décision que les responsables
politiques ne peuvent plus assumer seuls ?
Aussi ancien que les relations mêlées entre consultants et politiques, il y a toujours un miroir tendu au
lien de confiance qui se noue entre eux. D’où parlent-ils, ces consultants d’un New Public Management
qui a désormais dépassé ses quarante ans ? Du dedans ou du dehors de l’Institution ? Leur objet d’étude
préexiste-t-il à leur science ou en est-il le résultat ? Quelle est la portée et la limite de leurs conclusions
quand des décisions politiques sont en jeu ? Offrent-ils tout simplement les réponses techniques qu’appellent des projets publics de plus en plus complexes, ou proposent-ils plus généralement une forme de
normalisation libérale de la pensée administrative et une manière unique d’imaginer l’État aujourd’hui ?
Le problème est bien ici celui des distances : trop ou pas assez de distance entre l’objet et le point
de vue. C’est l’injonction paradoxale d’une scientificité et d’une expertise équivoque : celle qui cherche
à faire marcher l’organisation en l’embrassant de trop près, ou celle qui donne à comprendre l’Institution en l’observant de trop loin. La fracture épistémologique passe ici entre les exigences de la science
sociale et les techniques du commandement, comme une malédiction irréductible et constitutive du
management public. La lutte entre le marché académique et le marché des cabinets de conseil pour la
maîtrise des savoirs managériaux en est le symbole depuis les années 1970.
La revue PMP revient, dans le présent numéro, sur les relations entre consultants et politique(s),
sur les champs nouveaux de cette relation complexe et incertaine, sur les évolutions contemporaines
du marché de l’expertise technique, sur ce colloque singulier entre le décideur et son consultant. Sept
articles constituent le ferment de cette réflexion autour des trois clés de lecture qui y sont explorées : la
légitimation du régalien, la technicité de l’action publique, et la médiation institutionnelle.
Ces articles ne prétendent naturellement pas apporter de conclusions définitives à un débat déjà
exploré dans nos colonnes, mais proposent un nouvel état des lieux quant aux liens de l’expertise et de la
décision. Souhaitons que ce nouvel angle sur les savoirs managériaux nourrisse le débat entre praticiens
et chercheurs auquel la revue PMP s’est toujours attachée à contribuer.
Pierre-éric Verrier
Rédacteur en chef associé
1
Cf. SAUSSURE F. (1972) : Cours de linguistique générale, Edition critique préparée par T. de Mauro,
Paris : Payot (1ère éd. : 1916).
Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur pmp.revuesonline.com
Naturalité des eaux
et des forêts
DANIEL VALLAURI, CHRISTOPHE CHAUVIN, JEAN-JACQUES BRUN,
MARC FUHR, NICOLE SARDAT, JEAN ANDRÉ, RICHARD EYNARD-MACHET,
MAGALI ROSSI, JEAN-PIERRE DE PALMA (COORDONNATEURS)
NOUVEAUTÉ
Coordonnés par Daniel Vallauri, Christophe Chauvin,
Jean-Jacques Brun, Marc Fuhr, Nicole Sardat, Jean André,
Richard Eynard-Machet, Magali Rossi et Jean-Pierre De
Palma, près de soixante auteurs contribuent à livrer en
langue française un ouvrage sur un sujet d’actualité : l’intégration de la notion de naturalité à la gestion des eaux
et des forêts.
Ce sujet est riche de répercussions pratiques et fondamentales, et les chercheurs et les gestionnaires des forêts
et des rivières contribuent ici à un état des connaissances.
Comment et pourquoi s’inspirer de la nature ? Quelles qualités écologiques faut-il conserver pour maintenir une riche
nature et la capacité des forêts et des rivières à fournir les
multiples produits et services attendus par la société ? Pour
répondre à ces questions clés, les chapitres qui composent
cet ouvrage s’articulent autour des grands thèmes suivants :
• Ancienneté : une histoire de legs, de temps et de sols
• Spontanéité : « la nature sera toujours à naître »
• Microhabitats et maturité, clé de la biodiversité
• Évaluer et inventorier
• Trames verte, bleue et autres couleurs
244 pages · 15,5 x 24 cm · 06-2016
ISBN : 978-2-7430-2180-1
•
• La nature sauvage comme un usage des terres
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• Produire avec plus de naturalité, pour plus de profits
Le projet « Naturalité des eaux et des forêts »
(colloque, tournées pratiques, expositions, tables
rondes, publication) a été initié dans le cadre d’un
partenariat associant les 30 organismes publics,
privés et associatifs.
et de services
Concis et doté d’une iconographie abondante, cet ouvrage
dévoile la richesse des synthèses thématiques, des résultats
des recherches et des expériences de terrain en la matière.
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www.lavoisier.fr