La tondeuse à autre pattes

Transcription

La tondeuse à autre pattes
Tout simplement
Choisir la race adaptée, gérer le troupeau…
Tondeuse
à quatre pattes
Sus aux herbes folles et aux taillis ! À la ville comme à la campagne,
on redécouvre les vertus des ânes, des chèvres et des moutons.
Des tondeuses écologiques et efficaces.
JUIN-JUILLET-AOÛT 2011
PAR CHRISTINE DURAND
© @nt - Fotolia.com
L’ESPRIT VILLAGE
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À tous ces avantages, s'ajoute l'intérêt
social ou pédagogique : des habitants
se rencontrent pour installer un enclos,
des écoles accompagnent l'arrivée
du troupeau… Voici un petit pense-bête
avant de vous lancer.
À chacun son menu
Complices mais pas trop
L'âne aime la compagnie, la chèvre est
audacieuse et indépendante… Quelles
que soient vos affinités, choisissez des
individus pacifiques et dociles s'ils sont
en contact avec des enfants mais évitez
d'en faire des « peluches » surtout si vous
les accueillez de façon temporaire.
© C. Durand
Louer ou acheter ?
Pour une formule sans souci, de mai à octobre,
louez les services d'un éleveur (attention aux petites
annonces de non professionnels). Il établira un
devis en fonction de divers critères : superficie,
durée et difficulté du débroussaillage, nécessité
ou non d'installer clôture et abreuvoirs,
nombre de visites pour s'occuper des animaux
(ce sera moins cher si vous participez).
L'achat est un engagement à long terme assez
contraignant. Les animaux devront être déclarés et assurés. Seuls, ils risquent de s'ennuyer,
braire ou bêler : prenez au moins deux femelles
ou une femelle et un mâle (castré ou pas).
À prévoir : tonte annuelle des moutons, soin
régulier des sabots et onglons, vermifugeage,
frais de vétérinaire, achat et stockage de foin pour
l'hiver, etc.
JUIN-JUILLET-AOÛT 2011
Le mouton adore l'herbe et les pousses
tendres. La chèvre mange de tout.
L'âne se régale d'orties,ronces,chardons,
écorces… On l'emploie souvent en
sous-bois notamment en région
méditerranéenne, de même que le lama
grand amateur de genévriers, chênes
kermès et autres épineux qu'il dévore
jusqu'à deux mètres de haut.
Elle est bêêêlle,
ma commune !
© Ville de Bayonne
© C. Durand
De tout temps, le pastoralisme a
contribué à entretenir landes, garrigues
et sous-bois. Mais c'est seulement à partir
des années 1990 que des spécialistes –
agronomes, bergers, agents forestiers
et gestionnaires de réserves naturelles –
ont commencé à démontrer le rôle
des troupeaux dans la prévention des
incendies et la richesse des écosystèmes.
Ainsi, aujourd'hui, les conservatoires
d'espaces naturels utilisent 45 000 têtes
de bétail pour entretenir 500 sites avec
l'aide de 70 bergers. L'éco-pâturage
fleurit désormais jusque dans les villes.
Finis les désherbants chimiques,
les engins bruyants,les gaz
d'échappement ! Au lieu de tout broyer,
chèvres et moutons font place nette en
douceur (merci pour les insectes).
Acrobates émérites, ils gambadent sur
les terrains pentus où l'intervention
humaine est trop risquée, piétinent la
végétation sans défoncer les sols et
fournissent gratuitement un engrais
de premier choix.
© C. Durand
À l'attention des services des espaces verts, voici
les conseils de Michel Meuret, directeur de recherches à l'Inra* :
1 - Le pâturage modifie peu à peu les dynamiques
du milieu naturel d'où l'importance de conclure
un contrat de 3 à 5 ans avec un éleveur qui adaptera son travail au fil du temps. Un employé
municipal s'occupera du troupeau au quotidien.
2 - Dans les zones très
fréquentées, éviter une
trop grande proximité des
animaux avec visiteurs,
chiens ou voitures. Mettre
des pancartes explicatives
et organiser des animations afin de faire comprendre la démarche et
prévenir le vandalisme.
* « Un savoir-faire de bergers », éditions Éducagri et Quae, 2010.
L’ESPRIT VILLAGE
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© Laura Bour
Tout simplement
Selon leurs besoins en lignine,
vos pensionnaires seront peut-être tentés
par vos arbres d'ornement : pensez à protéger
ceux-ci au même titre que rosiers, laitues et
autres gourmandises !
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À Saint-Dolay (Morbihan), Jean-Baptiste
Hérissé élève des « Landes de Bretagne »,
une race qui peut rester au champ à l'année.
Parmi ses clients, le port de plaisance de
La Roche-Bernard et la piscine de Guérande.
Il met dix moutons à l'hectare et s'occupe
de gérer le pâturage : « c'est idéal pour les
terrains difficiles et plus joli qu'un tracteur. »
Les écoles y voient matière à pédagogie et les
touristes adorent !
L'astuce de Jean-Baptiste : vermifuger les
moutons en leur donnant des branches
de pin ou de l'ail sauvage à la place des
médicaments. Tél. 02 99 90 77 73
Alain Divo, responsable de l'écopastoralisme à l’association
de sauvegarde de la chèvre des Fossés.
Récré des enfants
En région lilloise, Ecozoone s'occupe des friches
et parcs urbains. Sa spécialité : les animaux
miniatures habitués au public familial. Ânes
et poneys dégrossissent le travail fignolé
ensuite par les chèvres et alpagas.
Tél. : 06 13 65 22 98
Site : www.ecozoone.com
© ASCF
Brebis Causse du Lot ou Raïole des
Cévennes,chèvres Rove ou Pyrénéenne…
Résistantes et bien adaptées à leur
territoire, elles broutent par tous temps
les friches les plus ingrates, sont peu
exigeantes et peuvent selon les cas
vivre dehors toute l'année.
Adressez-vous aux éleveurs en extensif*
ou aux associations de passionnés de
votre région. Deux stars actuellement
très demandées :
Créateur de lien social
À Lyon, l'association Naturama gère le planning
bien rempli de cinq « Soay » : ces moutons
écossais ont nettoyé d'anciens forts militaires
dangereux d'accès, une friche qui a permis à
20 riverains participants de se rencontrer…
Location pour 3 semaines : 400 euros (sans
suivi) ou 800 euros (avec suivi) sur 2 000 m2
minimum. Tél. : 04 78 56 27 11
Site : www.naturama.fr
la ration d'un mouton commun).
Coût à l'achat : 150 euros.
Contact : Groupement des éleveurs
de moutons d'Ouessant
Tél. : 02 98 78 70 23
Site : http://moutons-ouessant.com
Complices mais pas trop
© GEMO
JUIN-JUILLET-AOÛT 2011
© C. Durand
Embellisseur de paysage
• Le mouton d'Ouessant
Léger (10 kg) et résistant au piétin.
Idéal pour les petits terrains et pour
une tonte d'herbe toute en finesse.
Compter un couple et son petit sur
1 000 m2 (quatre Ouessant mangent
• La chèvre des fossés
Légère (30 à 40 kg), efficace et peu
encline à sauter. Compter deux bêtes
pour 3 000 m2, 6 à 7 par hectare.
Coût à l'achat : 50 à 150 euros selon
l'âge. Location : 1,50 à 7 euros par jour.
Sept éleveurs proposent leurs services
sur le site : www.chevredesfosses.fr.
Tél. : 01 64 90 50 50
* Méthode d'élevage impliquant une faible densité
d'animaux à l'hectare.
© Boulz’ânes
Il mange 12 à 15 kg par jour, ouvre
facilement des chemins et se contente
d'un simple fil de clôture : l'âne est
très utilisé dans le Midi où le
débroussaillage mécanique coûte cher.
Tout dépend de leurs besoins
alimentaires, de la durée de leur séjour
et de l'abondance de végétaux. Le
terrain doit être assez grand pour
fournir à chacun de quoi se remplir la
panse. En cas de sécheresse, prévoyez
une prairie-relais à proximité ou
arrangez-vous entre voisins pour faire
« tourner » vos pensionnaires.
2 Si les broussailles sont trop denses, dégagez
un couloir pour que les animaux puissent commencer à travailler. Éliminez les plantes et racines
toxiques (buis, if, laurier-rose, thuya…) et ne
donnez pas vos coupes de jardinage à manger.
© C. Durand
Aux Adrets (83), contactez
l'association Anestérel créée par
un pompier.
Mobile : 06 09 62 32 38
Site : www.anesterel.com.
Prix indicatif : 350 à 390 euros
par mois pour 2 ânes.
1 Outre le risque d'incendie, un terrain étouffé
par les taillis n'est pas très vivant. Une fois dégagé,
il attirera une plus grande variété de flore et de
faune. Pensez à définir à l'avance les arbustes
que vous voulez conserver pour vous protéger
des regards et du vent…
JUIN-JUILLET-AOÛT 2011
Combien d'animaux ?
© elenarostunova - Fotolia.com
Anti-incendie
Autour de Prugnagnes (66), louez
les ânes d'Atuana Boumard.
Tél. : 04 68 59 27 05
Site : www.boul-zanes.fr.
© Marc Munari - Fotolia.com
Après
© C. Durand
Pendant
© C. Durand
Avant
À vos enclos…
Prêts… Broutez !
© C. Durand
3 Installez un abri bien isolé du vent et de
l'humidité, un point d'eau et une clôture fixe
solide (grillage à mouton, fils électrifiés…).
« Là où la chèvre est liée, il faut bien qu’elle y broute. »
Le Médecin malgré lui, Molière
4 Les ruminants aiment la diversité, mais ils ont
tendance à surpâturer leurs coins favoris. Offrezleur régulièrement du neuf en les faisant tourner
dans de petits enclos mobiles (clôture électrique
à un fil alimentée par panneau solaire).
Les chèvres peuvent se mettre au piquet avec
une chaîne spéciale anti-vrillage de 3-4 mètres :
déplacez-les chaque jour en les tenant éloignées
de tout obstacle autour duquel elles pourraient
s'emberlificoter. D'une façon générale, ne laissez
pas vos recrues trop longtemps sans surveillance !
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