edito - Cellie
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VigIE la lettre d’information du Master IECS de l’ICOMTEC VigIE est disponible sur http://ie-poitiers.net Contactez VigIE : [email protected] Novembre 2006 p.1 p.2 p.4 p.6 p.7 p.8 p.9 p.9 p.10 p.11 p.12 E Edito Dossier : Présentation des P11 et P12 Interview : Claude Delesse Billet d’humeur : L’intelligence économique française a besoin d’une recherche de haut niveau IE à l’international : La Chine Portrait d’ancien : Tiphaine Tatibouet Site du mois : intelligence-economique.gouv.fr A lire : “L’Intelligence Economique” (Christian Marcon-Nicolas Moinet) Actu : Quand les dames de luxe dévoilent leurs charmes Actu : Désinformation, Ségolène Royal, Rainbow Warrior Agenda d i t o Rentrée oblige, VigIE est de retour ! Certes, après des vacances un peu prolongées…juste le temps de composer notre nouvelle équipe de choc ! Douze étudiants ultra motivés et prêts à relever le défi pour la troisième année consécutive et vous offrir une fois encore une lettre de qualité. Une lettre qui, comme chacun l’aura remarqué, a subi un « relooking ». VigIE s’offre ainsi une nouvelle robe plus légère et plus fraîche aux dires de tous ceux qui ont eu la chance de découvrir la nouvelle mouture en avant-première. Gageons qu’elle vous séduira et vous permettra une lecture plus agréable ! Autre nouveauté : la rubrique IE à l’international. De la Chine au Maroc en passant par le Japon et l’Allemagne, VigIE a envoyé ses reporters « globe-trotters » sillonner les quatre coins du monde ! Vous pourrez ainsi découvrir ou redécouvrir comment nos voisins européens et le reste du monde appréhendent et pratiquent l’intelligence économique, la veille, le Knowledge Management, etc. Directeurs de la publication : Nicolas Moinet, Directeur du Master IECS Marie Tardieux,Responsable du projet VigIE Marie Hoffmann, responsable adjointe Mais pas d’inquiétudes, vous retrouverez comme toujours vos rubriques habituelles : des portraits, des interviews, des dossiers spéciaux, etc. Bref tout un programme ! Ce mois-ci, VigIE consacre son portrait à Tiphaine Tatibouet, issue de la fameuse P8 et désormais animatrice IE chez OTIMA, une PME implantée en Ille-et-Vilaine. Pour ce premier numéro, votre newsletter s’intéresse de plus près à un site dont la sortie, cet été, n’aura échappé à personne : www. intelligence-economique.gouv.fr, le site d’Alain Juillet, Haut Responsable à l’Intelligence Economique. Ce site marque un véritable tournant dans la politique publique d’intelligence économique en lui offrant désormais une réelle visibilité. VigIE ne Rédactrice en chef : Claire Léquipé Comité rédactionnel : Sébastien Aufort, Hatim Benjelloun, Smaël Bouhnaida, Grégoire Commeau, Marie pouvait donc se permettre de faire l’impasse. Un autre sujet sur lequel nous ne pouvions nous taire : la sortie, plus que remarquée, du troisième ouvrage de Christian Marcon et Nicolas Moinet, sobrement intitulé L’Intelligence Economique. Intelligence collective, stratégies d’influence, veille et bien sûr les réseaux…autant de thèmes que les auteurs abordent clairement en 128 pages. VigIE passe aussi au crible de l’intelligence économique les sujets qui traversent l’actualité nationale et internationale : Retour du Rainbow Warrior, Mondial de l’automobile, etc. Et enfin, comme la tradition l’impose depuis la création de cette lettre, dans le premier dossier du mois, vous pourrez découvrir les nouvelles promotions (P11 et P12) du Master IECS. Il ne nous reste donc maintenant plus qu’à vous souhaiter une excellente lecture ! Claire Léquipé (P11) Rédactrice en chef Marie Tardieux (P11) Responsable de projet Hoffmann, Claire Léqupé, Xavier Millet, Nicolas Ragot, Thibault Souchet, Marie Tardieux, Odile Vincent Conception graphique : Sébastien Aufort D Orientation souhaitée : Groupe international, lobbying, marketing stratégique o s s i e r Présentation des P11 et P12 Nous sommes heureux de vous présenter la nouvelle promotion 11 du Master 2 Intelligence Economique & Communication Stratégique (IECS). Cette promotion mêlant jeunesse et sagesse possède tous les atouts nécessaires pour relever de nouveaux défis et pour que chacun puisse devenir un futur acteur de l’intelligence économique. Nous leur souhaitons donc une bonne année, couronnée de joies et de réussites. 1-Monica MOLDOVAN Née le 28 juin 1959 à Montréal (Canada) [email protected] Formation précédente : Master Gestion Stratégique de l’Information Orientation souhaitée : Enseigner à l’Université l’ IE et le Knowledge Management 2-Hatim BENJELLOUN Né le 7 février 1982 à Madrid (Espagne) [email protected] Formation précédente : Master 2 Science Politique et Sécurité globale Orientation souhaitée : Diplomatie, consulting, lobbying 3-Diana HUIU Née le 23 décembre 1981 à Ramnicu Sarat (Roumanie) [email protected] Formation précédente : Licence Relations Economiques Internationales Orientation souhaitée : Marketing, stratégie 4-Eric PASQUATI Né le 13 octobre 1980 à Sao Paulo (Brésil) [email protected] Formation précédente : Diplôme d’ingénieur (Ecole Centrale de Lyon et Polytechnique à Sao Paulo) Orientation souhaitée : Aménagement du territoire et développement durable 5-Mahe DIOUF Née le 14 octobre 1981 à Dakar (Sénégal) [email protected] Formation précédente : Master 1 Administration et Gestion des Entreprises Orientation souhaitée : Communication de crise et gestion des risques dans le milieu public ou O.N.G. 6-Christophe UTTA Né le 25 août 1981 à Reims (51) [email protected] Formation précédente : Master 1 Management Industriel 7-Maud CIVEL Née le 25 juin 1982 à Nantes (44) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Communication et gestion de crise, organisation des entreprises (consulting) 8-Stéphanie BARBAN Née le 24 mai 1983 à Vendôme (41) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Gestion et communication de crise 9-Grégoire COMMEAU Né le 17 avril 1980 à Monaco (98) [email protected] Formation précédente : Master 2 Droit International Orientation souhaitée : Consultant (free-lance) 10-Marie TARDIEUX Née le 21 août 1984 à Saint Michel (16) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Veille stratégique et communication 11-Sophie MAUGENDRE Née le 29 janvier 1984 à Saint-Nazaire (44) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Responsable veille stratégique 12-Larissa ABOUATIER Née le 20 juin 1982 à Tours (37) [email protected] Formation précédente : Master 1 Information et Communication V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C Orientation souhaitée : Chargée de communication /Gestion et communication de crise 13-Franck LAGOUTTE Né le 18 février 1982 à Moulins (03) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Audit, conseil 14-Emilie AUBRY Née le 23 octobre 1984 à Jonzac (17) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Animer un réseau de P.M.E. sur l’I.E. 15-Smaël BOUHNAIDA Né le 26 août 1984 à Reims (51) [email protected] Formation précédente : Master 1 Innovation Technologique Orientation souhaitée : Intelligence économique et territoriale, Responsable de veille 16-Claire LEQUIPE Née le 13 juin 1984 à Saint-Benoîtla-forêt (37) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Intelligence territoriale, conseil aux collectivités Thibault CLAIR Né le 1 mars 1982 à Evreux (27) [email protected] Formation précédente : Master 1 Information et Communication Orientation souhaitée : Intelligence territoriale, audit et conseil Rodolphe COLLET Né le 14 février 1964 à Toulon (83) [email protected] Formation précédente : Ministère de la Défense Orientation souhaitée : Conseil D o s s i e r Orientation souhaitée : Ne sait pas encore (suite) Présentation5-Mathilde de la P12 DANQUECHIN DORVAL Voici les nouvelles recrues de l’option IECS pour cette année, promotion pour moitié issue de la Licence Information et Communication de l’ICOMTEC. Nous leur souhaitons une bonne année universitaire, jalonnée de réussite ! 2-Marianne BOISSINOT Née le 05 juillet 1985 [email protected] Formation précédente : Licence information communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Chargée de veille en entreprise 3-Thibault SOUCHET Né le 29 juillet 1984 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Responsable de cellule IE 4-Nicolas RAGOT Né le 25 février 1984 [email protected] Formation précédente : Licence droit Née le 06 août 1985 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à Nantes Orientation souhaitée : Communication externe en entreprise 6-Claudine BRAS Née le 18 avril 1984 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Consultante en communication / responsable de communication stratégique 7-Ludovic MARKARIAN Né le 06 juillet 1983 [email protected] Formation précédente : Licence professionnelle management de l’information à Tours Orientation souhaitée : Knowledge management, IE, veille 8-Marie HOFFMANN Née le 14 décembre 1983 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à Metz Orientation souhaitée : Chargée de veille 9-Audrey MONDY Né le 08 août 1985 [email protected] Formation précédente : Licence Véronique BERNARD GUYOT Née le 31 octobre 1961 à Niort (79) [email protected] Formation précédente : Maîtrise Information et Communication Orientation souhaitée : Déjà responsable commerciale Sébastien AUFORT Né le 24 juillet 1983 à Angoulême (16) [email protected] Formation précédente : Master 1 IECS Orientation souhaitée : Action publique ou politique, réseaux, veille, Knowledge Management, Communication, Rédaction, Conseil Les personnes absentes sur la photo sont : Thibault CLAIR, Rodolphe COLLET, Véronique BERNARD GUYOT, Sébastien AUFORT, Olivier GAYTE et Christian SCHULTZ. Smaël Bouhnaida (P11) V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C Interview Présentation de la P12 (suite...) Claude DELESSE, professeur et chercheur en IE Cette lettre est un moyen pour nous de pousser les frontières du Master IECS de l’ICOMTEC et de jeter un oeil aux formations en IE en France et en Europe. L’occasion de rencontrer d’autres enseignants. Claude Delesse est professeur et chercheur à Bordeaux. Elle nous présente son parcours, ses recherches puis sa vision de l’IE et son avenir. VigIE : Bonjour Mme Delesse. Pouvez-vous nous dire quel a été votre parcours ? Claude DELESSE : Après avoir exercé comme documentaliste dans une PME, leader de l’exportation j’ai créé et développé l’informathèque du Groupe ESC Bordeaux, aujourd’hui Bordeaux Ecole de Management. Gardant toujours un contact avec le milieu universitaire, j’ai soutenu une thèse en 1983 en Sciences de l’information et de la communication sous la direction de Robert Escarpit. Par ailleurs j’ai crée en 1992 un cours sur la veille stratégique à l’Université de Bordeaux III conçu déjà à l’époque dans une approche intelligence économique. En 2001 j’ai rejoint l’équipe du corps professoral de Bordeaux Ecole de Management et suis aujourd’hui Professeur faisant partie du pôle Organisation, ResponsabilitéGlobalité. Ancien auditeur de l’IHEDN 11e cycle Intelligence économique et 156e session régionale Défense, j’ai été invitée à intégrer l’équipe de recherche du CAPCGRI Centre d’Analyse de Politique Comparée, Géopolitique et Relations Internationales Université de Bordeaux IV en 2003. VigIE : Quelle est votre mission au sein de l’Ecole de Management de Bordeaux et du CAPC de l’université de bordeaux IV ? CD : En tant que professeur à Bordeaux Ecole de Management, j’ai des activités pédagogiques et de recherche. J’assure des cours spécifiques d’intelligence économique en particulier en troisième année ESC et dans les Masters Institut du Management des Risques IMR et Institut Supérieur de la logistique ISLI. Je participe aussi à des enseignements comme risque pays/risque projet et stratégies industrielles au niveau européen. J’ai pendant trois ans coordonné les activités du Laboratoire Risques et Systèmes dont les axes d’études focalisaient sur la maîtrise de l’information, le management de la rumeur, la guerre de l’information ainsi que sur les enjeux géoéconomiques et géopolitiques. Mes activités de recherche se concentrent sur l’intelligence économique et le management des risques avec des intérêts précis comme la «sécurisation de la supply chain», les manœuvres dans le secteur pharmaceutique, l’intelligence économique dans le monde de la glisse, la guerre de l’information et le monde du renseignement. Sur ces deux derniers points, je travaille en étroite collaboration avec l’équipe du CAPCGRI qui va d’ailleurs ouvrir le premier DU Renseignement en France en partenariat avec le CF2R Centre Français de Recherche sur le Renseignement. J’interviens également dans le Master Sécurité Globale étant chargée de la formation en intelligence économique, parallèlement aux formations en relations internationales, diplomatie, gestion de crise, gestion des risques et Défense. VigIE : A quel domaine de l’ IE faites-vous le plus appel dans vos recherches ? CD : Trois axes m’intéressent tout particulièrement. Tout d’abord considérant que l’intelligence économique ne se conçoit au départ que dans la compréhension du contexte, la détection des acteurs impliqués, l’analyse des interdépendances, des interactions et des rapports de forces, la recherche (suite de la page 3) information et communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Ne sait pas encore 10-Odile VINCENT Née le 07 septembre 1984 [email protected] Formation précédente : Licence professionnelle management de l’information à Tours Orientation souhaitée : Veille 11-Elodie GREGOIRE Née le 13 janvier 1984 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Communication stratégique 12-Xavier MILLET Né le 18 janvier 1984 [email protected] Formation précédente : Licence professionnelle management de l’information à Tours Orientation souhaitée : IE 13-Alice RODRIGUE Née le 12 juillet 1985 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Directrice de communication en entreprise / gestion de crise 14-Julien SANAPO Né le 20 août 1985 [email protected] Formation précédente : Licence AES à Lille Orientation souhaitée : Consulting en IE 15-Aïda YASSINE Née le 28 avril 1984 [email protected] Formation précédente : Licence information et communication à l’ICOMTEC Orientation souhaitée : Création d’entreprise / Conseil en communication ou en IE 16-Damien BERTRAND Né le 01 mai 1984 [email protected] Formation précédente : Licence de marketing Orientation souhaitée : Consultant en communication Marie Hoffmann (P12) V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C I NT E RVI E W Claude DELESSE, professeur et chercheur en IE (suite) de compréhension des relations internationales, mais pas seulement diplomatiques et politiques, me semble primordiale. L’intelligence économique oblige à observer les manœuvres licites et illicites, légales et illégales, légitimes et illégitimes. La compréhension du rôle des services de renseignement est indissociable de cette volonté de comprendre l’évolution du monde actuel et des systèmes nationaux d’intelligence économique. Il est d’ailleurs regrettable qu’en France le renseignement ne soit pas reconnu comme l’ «Intelligence» chez les anglo-saxons, discipline largement enseignée, et faisant l’objet de nombreuses publications académiques. La découverte de ce champ permet également de mener une réflexion sur les stratégies de recherche d’information. Paradoxalement la collecte, mais encore la mise en perspective et l’analyse, s’avèrent de plus en plus des opérations délicates du fait de la surinformation, de la désinformation et des manipulations informationnelles en tout genre. Considérant également que l’intelligence économique est en général une démarche que divers métiers doivent intégrer, je porte une attention particulière à la logique professionnelle en m’appuyant sur des lectures académiques ou professionnelles et en assistant à divers congrès spécialisés, en particulier sur le management des risques et sur la logistique globale devant intervenir devant de futurs risk managers et logisticiens. VigIE : Comment définissez-vous l’IE ? CD : La définition de référence est pour moi celle d’Alain Juillet puisqu’il prend en compte les trois dimensions indissociables : maitrise de l’information dans un but de compétitivité, sécurité et influence. Sinon je la définirais comme «une démarche concertée de la maîtrise du renseignement dans une perspective de management stratégique et opérationnel, stimulant l’anticipation et élargissant la vision. En permettant des lectures à la fois globale et ciblée elle intègre tant les acteurs que les signaux, éclaire la prise de décision, oblige à prendre en compte les différentes facettes de la guerre de l’information, conduit à la mise en place d’une politique de sûreté s’appuyant sur la connaissance et la gestion de réseaux relationnels et à se préparer au management de rupture ou de crise» préparer à la surprise, à l’anormal. Plus globalement avoir une attitude positive favorisant la prise de risque et ne s’enfermant pas dans un esprit de précaution exacerbé. VigIE : Comment en êtes-vous arrivé à l’IE ? CD : Les étudiants sont porteurs d’optimisme pour l’intelligence économique. Une fois que les «has been» (comme se plait à les définir un ancien risk manager de ma connaissance) auront quitté les organisations françaises, disons ceux qui représentent un frein pour l’intelligence économique, car trop ancrés sur leurs prérogatives, leurs croyances et leurs pouvoirs, l’intelligence économique pourra se développer avec des esprits préparés qui une fois en entreprise ou en poste dans divers organismes pourront tout naturellement favoriser de nouveaux modes de pensée et de management. A condition toutefois que les enseignements aujourd’hui très nombreux en France mettent l’accent sur l’aspect transdisciplinaire de l’intelligence économique, que le monde académique favorise la diversité de pensée, le décloisonnement des idées et de la recherche appliquée. Je partage aussi le vœu pieu de trois mariages (décloisonnement des services publics, relations public/privé, liens secteur de l’IE et acteurs du renseignement) et d’un enterrement (celui des naïvetés françaises), développé dans le rapport de Bernard Carayon paru en 2003. Rajoutons celui d’une complicité des sphères académiques et des affaires. CD : Par curiosité naturelle. Travaillant dans le domaine de l’information j’étais très sensible à la veille et fus interpelée par le titre d’un article de Jan Herring paru dans Journal of Business Strategy de mars-avril 1992 critiquant les business schools en matière de Business Intelligence. Ce fut un déclic. Soutenue par la Direction du groupe ESC Bordeaux j’ai participé à de nombreux congrès en particulier les premiers organisés par l’association SCIP, ce qui m’a permis de découvrir un milieu dynamique, émergeant en France et de nouer de nombreux contacts avec les pionniers. Sur le terrain, les cours que j’ai initiés à l’Université de Bordeaux III m’ont obligé à creuser les idées dans les domaines de l’intelligence économique et les disciplines connexes, sciences du management et relations internationales. Il y avait au début peu de littérature spécifique en français. VigIE : Quels conseils donneriezvous aux jeunes diplômés ? CD : De faire preuve d’humilité, de prendre conscience de leur ignorance, malgré leur parcours antérieurs et cela tout au long de leur vie, car seule la prise de conscience de son ignorance facilite la connaissance. Se mettre en condition de réussite, être intellectuellement curieux et ouvert, développer l’intuition et l’astuce tout en étant pragmatique, s’entraîner à être proactifs et réflexifs, communicatifs et secrets. De s’intéresser à la pensée stratégique et aux approches culturelles, d’être prêts à partager des points de vue et d’expérience, à favoriser la pensée dissidente dans le but d’innover. En s’entrainant à sortir des schémas classiques, il est plus facile d’analyser des situations complexes, d’intégrer de fonctionner à l’idéal mais aussi au pire, de se VigIE : Quel avenir présagezvous pour l’IE en France ? VigIE : Le mot de la fin ? CD : L’intelligence économique doit s’affirmer comme un antidote au conformisme, au nombrilisme, et à une culture d’infaillibilité. C’est en sortant intelligemment du cadre que l’on peut construire un avenir favorable. Deux pensées à méditer « Le feu tue, les idées périmées aussi» (Foch) ; «L’humilité sert à agir avec puissance» (LaoTseu). Propos recueillis par Hatim Benjelloun (P11) V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C BI L L E T D ’ H U M E U R L’intelligence économique française a besoin d’une recherche de haut niveau Malgré de nombreuses réalisations (articles, ouvrages, colloques), l’intelligence économique c h e r c h e t o u j o u r s son statut académique. Cette « inter-discipline » bouscule des institutions où ce qui n’entre pas dans les cases pré formatées des grandes disciplines n’a pas de raison d’être. Hors de l’Eglise, point de salut ! Et dans le cas de l’intelligence économique, la situation n’en est que plus préoccupante quand on sait que privée d’Eglise, elle ne manque cependant pas de chapelles ! Passée l’heure des pionniers, souvent universitaires, la dynamique n’a pas suivi. Ainsi n’existe-t-il toujours pas de revue académique de haut niveau dans le domaine de l’intelligence économique, douze ans après le baptême du rapport Martre. Peu ou pas acceptés au sein de leurs propres disciplines (sciences de l’information et de la communication, gestion, économie, droit, sciences politiques, etc.), les chercheurs publient en général dans des revues « reconnues » par leurs pairs… au détriment d’un dialogue constructif avec les professionnels du secteur. la France se condamne à être éternellement « en retard » A l’inverse, trop de séminaires à destination des professionnels négligent la critique académique et réinventent la roue, ou plutôt le cycle du renseignement. Combien d’ouvrages ou d’articles sur le sujet qui ne sont que des redites à caractère commercial ! Il faut dire qu’affaiblis par leur double casquette de directeur de formations professionnelles, les enseignants-chercheurs ne poussent pas la critique aussi loin qu’ils le pourraient, conscients des effets négatifs possibles sur l’image de leur formation. Une autocensure préjudiciable au progrès de la science et qui laisse le champ libre à toutes les dérives possibles (publirédactionnel). Résultat : sans recherche de haut niveau, l’intelligence économique ne peut progresser aussi vite que le demandent les enjeux et la France se condamne à être éternellement « en retard ». Ne risque t-on pas d’ailleurs d’assister bientôt à une fuite des quelques cerveaux disponibles quand des pays comme le Canada, la Belgique ou la Suisse s’intéressent au sujet avec le pragmatisme qu’on leur connaît et des moyens qui ne sont aucunement comparables aux nôtres. A méditer sans trop tarder ! La situation est grave… mais pas désespérée. Pionnières, les sciences de l’information et de la communication reconnaissent aujourd’hui les travaux sur l’intelligence économique. Longtemps réticentes, les sciences de gestion leur offrent une tribune et les sciences économiques leur accordent une oreille attentive. Pour preuve, la prestigieuse revue Hermès du CNRS (organisme qui ne reconnaît toujours pas les sciences de l’information et de la communication) consacre son dernier numéro à l’économie et la communication et aborde la question de l’intelligence économique. Une reconnaissance limitée certes mais une reconnaissance tout de même. le tableau de la recherche en IE est bien sombre... Les Conventions Industrielles de Formation par la Recherche (CIFRE) devraient se multiplier. Elles consistent à co-financer la thèse d’un jeune professionnel (cadre en CDD de 3 ans ou en CDI) qui exerce un métier tout en formalisant sa pratique et en lui offrant une hauteur intellectuelle. Elles permettent donc non seulement à des entreprises ou des organismes publics qui n’en auraient pas eu les moyens d’embaucher un cadre en IE (subvention annuelle de l’ANRT de l’ordre de 15.000 € pour un salaire supérieur ou égal à 20.000€) mais également de faire avancer les entreprises françaises dans le sens de la mondialisation : la reconnaissance de la formation par la recherche. N’oublions pas que dans ce domaine la France est bien isolée. Aux Etats-Unis, en Asie et chez nos partenaires européens, le titre de « Docteur » a une grande valeur sur la carte de visite. ...les CIFRE, véritable dialogue entre les entreprises et le monde académique Ce dispositif qui permet de créer un véritable dialogue entre les entreprises et le monde académique est stratégique pour le développement de l’intelligence économique car il permet de diffuser les pratiques tout en les discutant. Encore faudrait-il qu’elles soient connues des entreprises et que l’intérêt de faire une thèse soit bien compris des jeunes professionnels. La FEdération des Professionnels de l’Intelligence Economique (FEPIE) a sans aucun doute un rôle important à jouer dans ce domaine. Quant au Ministère de l’Education Nationale, la récente réforme des études doctorales ainsi que les nouvelles possibilités offertes pour les Masters (mixité recherche et professionnel) vont dans le bon sens… dans l’attente de l’autonomie des universités, d’une modification du statut des enseignants-chercheurs ou de nouvelles possibilités de financement (chaires privées notamment). Finalement, si la France ne manque pas d’idées et de compétences, c’est encore et toujours la volonté et l’organisation qui lui font défaut… Nicolas Moinet Ce billet a fait l’objet d’une publication sur le blog de l’intelligence économique des Echos (réalisé en partenariat avec l’Académie de l’Intelligence Economique) : http://blogs.lesechos.fr/ rubrique.php?id_rubrique=11 V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C IE A L ’ INT E RN A TION A L L’IE EN CHINE Aujourd’hui, l’Empire du Milieu joue un rôle de plus en plus important sur la scène mondiale. Nous voici, Européens et Américains, confrontés à un pays immense, énigmatique, en plein essor économique et doté d’une pensée stratégique millénaire. Faisant l’objet d’inquiétudes, notamment pour le respect des droits de l’Homme, des inégalités sociales, des contrefaçons, etc, la Chine n’en reste pas moins un nouvel acteur incontournable. Jusqu’ici, quand nous parlions de guerre économique, nous opposions une lutte entre Europe et Etats-Unis, et dans laquelle, nos confrères d’Outre Atlantique avaient une certaine avance sur nous. Cependant, quand on commence à observer l’Asie et plus précisément la Chine, on constate une pratique de l’intelligence économique déjà existante et un potentiel de développement redoutable. Comment parler d’intelligence économique sans parler du général chinois du Vème siècle Sun Tzu, célèbre pour son livre de stratégie militaire «l’Art de la Guerre». L’idée principale de ce livre est de montrer que pendant la guerre, il faut contraindre l’ennemi à abandonner le combat, sans lutte, mais juste grâce à la stratégie, la ruse, et le renseignement. Ainsi, à cette époque lointaine, les chinois possédaient déjà une première approche de ce qu’on appellera bien plus tard «l’intelligence économique». Invité aux rencontres Innovation, Compétitivité, et Connaissance en 2005, le professeur Qihao Miao est l’un des pionniers de l’intelligence économique en Chine et a été le premier président de la S.C.I.C (Society of Competitive Intelligence China, http://www.scic.org.cn/). Elle a été fondée au milieu des années 90 par des membres de la China Association for Science and Technology (C.A.S.T.), dans le but d’organiser des comités de réflexion sur l’I.E en Chine et à l’étranger, et de donner des conseils aux entreprises et au gouvernement. Yangbin Marini fut également l’une des pionnières de l’intelligence économique en Chine au début des années 90. Elle a notamment travaillé pour le Marketing Intelligence Research Center de l’ISTIS (Institut d’Information Scientifique et Technique de Shanghai, http://www.istis.sh.cn/). C’est la première organisation gouvernementale à s’être ouverte aux multinationales désireuses de comprendre les marchés chinois. En 1995, elle a fusionné avec la bibliothèque de Shanghai pour servir le grand public, le milieu universitaire et le gouvernement avec ses équipements et ressources combinés. Cependant, malgré tous les moyens mis en place pour développer l’IE, la Chine doit faire face à la contrefaçon sur son propre territoire. C’est pourquoi de nombreuses mesures ont été mises en place, comme la formation de policiers chinois en France pour lutter contre la contrefaçon (le Quotidien du peuple, 19/10/2006). Si la plupart des cas d’espionnage industriel sont internes, la Chine est aussi renommée pour le pratiquer à l’échelle mondiale. Ainsi, le manque à gagner pour le Japon, les EtatsUnis et l’Europe a été, en 2005, de 60 milliards de dollars (source : Ambassade de France). L’UE, devenue une cible récurrente (avec par exemple le cas Valéo en 2004), a récemment mandaté une enquête sur la contrefaçon. D’après elle, si la Chine est le pays qui pratique le plus la contrefaçon, elle est aussi très active pour lutter contre ce phénomène, comme l’y oblige son adhésion à l’OMC. Cela peut laisser espérer, à l’instar du Ministre français du commerce extérieur, qu’il aura fortement baissé d’ici les JO de 2008. ...le lobbying chinois ne fait que s’accentuer Par ailleurs, le lobbying chinois dans les pays du Moyen Orient, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud ne fait que s’accentuer, avec pour objectif de renforcer les positions chinoises aux niveaux économiques, pétroliers, diplomatiques et militaires. Par exemple, le pays est membre de l’Organisation de Coopération de Shanghai, qui, outre des pays d’exURSS, regroupe depuis peu l’Inde et le Pakistan, afin de faire front à l’influence occidentale. En outre, le lobbying chinois est très important en Afrique, où il a représenté 900 milliards de dollars en 2005. La dernière action en date est le renforcement, le 20 octobre, de la coopération avec le Cameroun, pays clé d’Afrique centrale. Depuis le Vème siècle avant JC, la Chine possède un esprit de stratège, de renseignement qui fait d’elle une puissance redoutable. Elle étend désormais ses réseaux au niveau mondial, accroissant ainsi son importance stratégique, d’où l’apparition de sites concernant ce phénomène, comme www. vtaconseil.com ou www.objectifchine.com. Il y a fort à parier que, dans les années à venir, les modèles chinois et asiatiques d’intelligence économique deviendront des références et seront pratiqués. L’ICOMTEC les a déjà intégrés dans ses formations. Smaël Bouhnaida (P12) Marie Hoffmann (P11) V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C P ORTR A IT D ’ A N C I E N Tiphaine Tatibouet (P8), animatrice IE chez OTIMA changements, capacité d’approche qui m’a été fort utile par la suite. Même si certains d’entre nous ne travaillent pas à proprement parler dans l’IE, je suis sûre que des réflexes de gestion de l’information, de prise de recul et d’analyse sont restés, ou tout du moins quelques citations mythiques de certains cours. Je dirais que LE point fort de Poitiers est d’ouvrir l’IE à autre chose qu’à une approche de «guerre économique». J’avoue que dans mon travail, je suis plus dans la construction d’un système d’information. Tiphaine Tatibouet (P8) a obtenu son DESS Intelligence Economique et Développement des Entreprises en 2004. Elle revient sur son parcours, son année à l’ICOMTEC, ses activités… Aujourd’hui elle est animatrice IE chez OTIMA, entreprise industrielle d’Illeet-Vilaine. VigIE : Pourquoi avez-vous choisi la formation de l’ICOMTEC ? Tiphaine Tatibouet : A la suite d’un IUP Information-Communication sur Lille, j’ai souhaité étendre mes connaissances au niveau de l’information. Au cours de mes recherches sur ma poursuite d’études, j’ai découvert la notion d’Intelligence Economique, et le DESS de Poitiers, complément idéal de la communication. VigIE : Le DESS ou Master a-t-il répondu à vos attentes ? TT : La P8 était une promo très diversifiée, avec des cursus et des parcours de vie très différents. Cette diversité d’approche a répondu à mon attente de changement après 4 années à baigner dans un monde de communicants. VigIE : Quels sont les points forts de la formation IE à l’ICOMTEC ? Les travaux de groupes sont une réelle valeur ajoutée, la possibilité d’être acteur de sa formation ainsi que la gestion simultanée de plusieurs projets… Nous avons acquis les « bases essentielles » de l’IE, et surtout l’état d’esprit, une capacité d’adaptation aux VigIE : Avez-vous gardé des contacts avec vos anciens camarades ? Oui ! Je vois régulièrement plusieurs anciens de ma promo, notamment lors de nos sorties parisiennes… Sinon, le monde de l’IE étant relativement restreint et notamment sur Rennes, je retrouve régulièrement des anciens du DESS de précédentes promotions, qui m’ont d’ailleurs beaucoup aidé lors de ma prise de fonction chez OTIMA ! Pour moi, le coté « réseau d’anciens & promo » a bien fonctionné et je les remercie ! Je participe actuellement au groupe INTELECO, club IE de la CCI de Rennes, où j’ai retrouvé des anciens du DESS, une stagiaire du Master … VIgIE : Vous êtes actuellement animatrice IE au sein de l’entreprise OTIMA, pouvez-vous nous précisez vos missions ? Ma mission d’animatrice IE a été créée à la suite d’une réflexion de la Direction d’OTIMA sur sa stratégie, avec l’aide de CREATIV, où j’étais à cette époque en CDD. Cette réflexion nous a conduit à la réalisation d’un plan d’action d’un système d’IE. La mise en place et la construction de notre système a pour objectif principal l’aide à la prise de décision dans l’orientation stratégique de l’entreprise. En effet, OTIMA évolue de simple sous-traitant de tôlerie fine à un métier plus global intégrant des prestations d’études, d’intégration de composant,.., jusqu’à la fabrication de produits finis. L’évolution de l’environnement économique de l’entreprise (ex : l’augmentation des productions industrielles en pays de l’Est) a conduit la société à s’interroger sur son orientation stratégique, depuis son métier jusqu’à celui de ses clients. Nous avons construit notre réflexion autour de 3 grands axes : alimenter la réflexion marketing et commerciale (connaissance client et suivi de leur stratégie, connaissance des marchés, analyse et prospection de nouveaux marchés…), assurer les mutations sectorielles (les évolutions qu’OTIMA doit assurer en terme de compétences, de certifications, … qui sont bien sûr intimement liées aux évolutions des marchés que nous jugeons comme stratégiques) et partager l’information (de la revue de presse à la présentation des nouveaux clients au sein de l’atelier…). Aujourd’hui, mon rôle est de structurer, d’animer et d’alimenter les plans d’actions de ces 3 axes. Je travaille uniquement à partir de l’information ouverte et gratuite (sauf la presse économique) et je suis loin des logiciels de veille ou de surveillance ! Etant au sein d’une PME de 175 personnes, je dois sans cesse (enfin j’essaye au mieux) de jongler entre efficacité, rapidité et rentabilité. Mes principaux supports de travail sont Excel et Word… Mes sources : Internet, les ressources internes, les clients (de véritables mines d’or quand une réelle confiance est installée), la presse, les salons... Bref assurer quelques sources différentes pour pouvoir mieux les recouper. L’ensemble de mon travail contribue à la prise de décisions dans les orientations stratégiques de l’entreprise. Pour accéder à une fonction IE au sein d’une PME, il faut avoir une direction convaincue, une grande polyvalence (je suis également en charge du plan de communication, de la prospection, d’une partie du suivi commercial et je suis actuellement en formation sur une partie RH) et créer du lien entre toutes ces activités. Surtout il faut garder le moral (merci les amis) et être force de proposition ! Les projets 2007 : le plan de veille technologique et développer le partage de l’information au sein de l’entreprise. Marie Tardieux et Claire Léquipé (P11) V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C A L IR E Intelligence Economique (L’) - Nicolas Moinet et Christian Marcon Dans un livre intitulé sobrement «L’intelligence économique», paru chez Dunod à cette rentrée, Christian Marcon et Nicolas Moinet, deux des principaux enseignants de l’Icomtec, s’essayent en 128 pages à proposer une définition de l’intelligence économique à travers ses notions clés, son histoire, ses outils. Avec brio. On attendait le dernier MarconMoinet en supposant qu’il s’agirait d’un nouvel opus sur les réseaux aprés «La stratégie réseau» (Dunod, 2003) et «Développez et activez vos réseaux relationnels» (Dunod, 2004). On supposait mal. Les deux chercheurs de l’Université de Poitiers ont fait le pari ambitieux d’écrire pour la collection «Les topos» sous le titre «L’intelligence économique». Leur objectif ? une «vision synthétique et pratique de l’Intelligence économique». Quel professionel de l’IE n’a pas connu cent fois la redoutable question de son entourage «C’est quoi S IT E ce que tu fais, en fait?». Cet ouvrage est une réponse simple (et non pas simpliste) à la nécessité de présenter un domaine encore méconnu. Ce serait aussi sans doute une excellente base pour un «L’intelligence économique pour les nuls». La parution d’un tel numéro de la célèbre collection serait d’ailleurs une excellente chose. Voilà pour l’esprit. Pour le contenu, tout y est. Parfaits supports de cours, les chapitres balaient successivement l’ensemble des notions et outils abordés pendant le master. L’intelligence collective y trouve une place importante, comme en écho aux travaux sur les réseaux humains. L’analyse y est même poussée davantage. La théorie est toujours illustrée. Le style est maintenant connu. Le texte est surchargé d’exemples, d’anecdotes, de clins d’oeil. On prend plaisir à lire autant que les auteurs ont pris plaisir à écrire. Les spécialistes de l’un ou l’autre des concepts, des méthodologies présentés jugeront probablement ce livre comme trop léger dans leur partie D U spécifique. C’est évident. Ce n’est pas sa vocation. On notera t o u t e f o i s une dernière partie, plus inattendue, et fort pertinente tant le sujet est encore trop peu abordé dans la littérature e x i s t a n t e : l’Intelligence Territoriale. Les questions posées ici sont les bonnes. Les réponses se nourissent souvent d’expériences locales. Au milieu des nombreuses parutions ces derniers mois sur l’intelligence économique, ce dernier titre, sorti en septembre 2006, est un parfait «état de l’art», un guide de l’Intelligence Economique et donne sens à la formation et à la recherche dans le domaine. Sans autre prétention. Le pari est réussi. Sébastien AUFORT M OIS Un site gouvernemental à la fois « vitrine, carrefour et tremplin » http://intelligenceeconomique.gouv.fr Depuis maintenant plusieurs mois, l’ensemble des professionnels et universitaires travaillant dans le domaine de l’intelligence économique a pu découvrir le premier site gouvernemental sur l’IE. Mis en place et dirigé par le haut responsable chargé de l’intelligence économique, Alain Juillet, ce site se veut avant tout clair et pédagogique. Présenté le 7 juin dernier puis activé le 24, il est désormais opérationnel et accessible par tous. Le premier objectif du site est de présenter l’intelligence économique. Terme encore trop souvent mal interprété car rattaché à des connotations ambigües qui sèment le trouble, l’intelligence économique veut aujourd’hui apparaître comme une véritable displine structurée et régie par un code de bonne conduite, classiquement intitulé “les dix commandements de l’IE”. Les définitions sont multiples et l’on retrouve notamment plusieurs pages consacrées à la présentation des enjeux de l’intelligence économique ainsi qu’aux “pères fondateurs” . “Vitrine” de l’action gouvernementale, le site affiche clairement la position de l’Etat en matière d’intelligence économique. Désormais, l’Etat se veut “partenaire et stratège”* et grande nouveauté, souhaite se mettre véritablement au service des entreprises et de leur compétitivité. En témoigne la présence d’une rubrique qui leur est entièrement consacrée (soutien aux entreprises statégiques, veille et alerte, formation et recherche, l’IE hors de France, la protection des actifs immatériels, les partenaires). Mais, plus qu’un site vitrine, le Haut Responsable à l’Intelligence Economique (HRIE) et son équipe proposent ici un site ressource ou “carrefour” avec notamment la possibilité de télécharger de nombreux documents de référence : référentiel des formations en IE, rapport Carayon, article du Préfet Pautrat, etc. En outre, on notera la présence d’une revue de presse, d’un agenda et d’une newsletter facilement accessibles puisqu’il suffit de s’inscrire sur le site. Cela tend également à développer une logique “portail d’informations” dite “tremplin” puisqu’on y trouve de nombreux liens en direction des organismes professionnels tels que la FéPIE (Fédération des Professionnels de l’Intelligence Economique) ou des centres d’études tels que le centre d’analyse stratégique. Bilan final : Ce site est relativement bien fait et apparaît comme un outil indispensable. Un bémol cependant : la fraîcheur des informations notamment au niveau de la revue de presse et de l’agenda. * Rémy Pautrat, «La politique publique d’intelligence territoriale : vers l’Etat stratège et partenaire», disponible sur http://www.inhes.interieur.gouv.fr/ V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C A C T U Quand les dames de luxe dévoilent leurs charmes... Le salon mondial de l’automobile à Paris a fermé ses portes dimanche 15 octobre. Pendant deux semaines ont été présentés au million et demi de visiteurs venus pour l’occasion les nouveaux modèles de plus de 400 marques. Salon automobile le plus médiatisé de la planète, le mondial de l’auto est également l’occasion pour les professionnels du milieu de prendre le pouls de la concurrence… Au milieu de la foule massée pour admirer la petite dernière de chez Ferrari ou caresser rêveusement le tableau de bord du dernier rejeton de Lamborghini, les acteurs du secteur automobile ne sont pas là que pour le strass et les paillettes. Car si les concepts cars et autres petits bolides sont accessibles au public, ils le sont également pour les professionnels… Ainsi cette année, 70 modèles ont été présentés en première mondiale. L’occasion de voir ce qui se fait en face sur un marché hautement concurrentiel, qui connaît depuis un certain temps les affres de la stagnation. Le meilleur moyen de sortir du marasme : proposer une gamme de produits innovants, en accentuant l’effort sur l’aspect sécuritaire et écologique des véhicules présentés. L’intelligence économique, c’est d’abord prendre la mesure de ce que l’on ignore Véritable vitrine, le salon mondial est aussi un excellent révélateur des tendances du secteur. Cette édition 2006 a vu l’arrivée en masse des pays émergents (Inde, Chine, Iran, ASEAN…). S’ils représentent un marché pour les constructeurs « de longue date » (la Logan de Renault en Roumanie) ils sont aussi des lieux d’implantation stratégiques, avec pour conséquence une exacerbation de la concurrence et une offre de plus en plus segmentée. Autre enjeu stratégique du salon: l’information technologique. Avec l’importance croissante accordée aux questions de sécurité et d’environnement, les constructeurs ne peuvent se permettre de se faire distancer sur ces points par la concurrence. Toute acquisition de nouveaux savoir-faire dans ce secteur est une manne qu’il serait dangereux d’ignorer. Les déboires de la Mercedes Classe A il y a quelques années, restent encore le cas de figure typique à éviter pour les fabricants. A ce titre, les constructeurs japonais sont Le secteur automobile, un secteur à haut risque - En mai 2005, plusieurs PC et disques durs contenant des données sensibles pour l’entreprise Valeo sont retrouvés au domicile de Lili, stagiaire chinoise chez l’équipementier automobile. Plusieurs documents confidentiels seraient partis chez la concurrence. - En octobre 2005, Michelin déclare avoir été victime d’un vol sur le circuit du rallye du Japon. L’un de ses pneus équipant la voiture du double champion du monde Sébastien Loeb lui aurait été dérobé, soit un avantage de 5 ans de R&D sur ses concurrents. - En novembre 2005, des exposants mal intentionnés ont vendu des pièces contrefaites aux constructeurs automobiles venus au salon de l’Equip’ Auto. Avec comme conséquence des menaces de boycott de ces derniers pour le salon suivant… régulièrement montrés du doigt. Les employés des firmes nippones n’y vont pas par quatre chemins et photographient allégrement les voitures dans leurs moindres détails. Une technique efficace qui permet ensuite la reproduction des produits, certes avec un degré de qualité inférieur, mais surtout à moindre coût. Une attitude qui avait d’ailleurs amené le groupe germanoaméricain DaimlerChrysler à un conflit ouvert avec un constructeur chinois, accusé d’avoir lancé une copie de sa Smart, couplée avec un moteur électrique. Ou encore la General Motors d’attaquer en justice le constructeur asiatique Chéry, pour plagiat d’une de ses voitures (conçue par son unité coréenne Daewoo). Face à l’afflux de menaces qui pèsent sur le secteur automobile (et dont l’encadré cidessus ne donne que quelques exemples), la mise en place de cellules d’intelligence économique semble une évidence. Et quand bien même elles existeraient, 10 V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C leur organisation semble à revoir (pour preuve Michelin qui, malgré une structure de veille efficace, n’est pas à l’abri des coups bas). Une société comme la General Motors (par ailleurs numéro 1 mondial) constitue un excellent exemple dans ce domaine : grâce à une veille Internet constante, la société reste alertée de tout ce qui la touche de près ou de loin : technologie, produits, partenaires, concurrence, marchés… Et comme toujours, la meilleure défense reste encore l’attaque. Car visiter un salon, ça se prépare : analyse des congrès pertinents (en amont et en aval du secteur de l’entreprise), définition d’un budget (transport, hôtel…), répartition des rôles (pour ne pas se noyer dans la quantité d’informations récoltables), etc. Bref, un excellent moyen d’acquérir légalement une masse de renseignements plus ou moins utiles dans l’immédiat. Aussi anodine soit-elle, une information peut se révéler sur le tard vitale pour une firme. Car l’intelligence économique, c’est d’abord prendre la mesure de ce que l’on ignore. Thibault Souchet (P12) A c t u Désinformation, Ségolène Royal, Rainbow Warrior Plus de vingt années sont passées depuis que le Rainbow Warrior a coulé. Pourtant, dans les primaires socialistes, le navire vient encore de faire parler de lui. 1985 : le Rainbow Warrior, navire de Green Peace, est coulé en Nouvelle Zélande alors qu’il fait route vers Moruroa pour protester contre les essais nucléaires français. Une première explosion, de faible puissance, incite l’équipage à évacuer, la deuxième sera fatale pour le bateau. Tout a été prévu pour mener à bien cette opération de sabotage. Une première équipe est chargée des repérages et de la préparation matérielle (dont la location d’une camionnette pour le transport du matériel), leur couverture est celle des époux Turenge. La deuxième, composée de trois nageurs de combat, pose les charges. Mais Fernando Pereira, un photographe néo-zélandais parti récupérer son matériel sur le bateau, meurt dans la seconde explosion. La police néo-zélandaise arrête rapidement les époux Turenge, grâce au numéro de la camionnette relevé par un témoin lors de l’opération, et soupçonne les services secrets français. Laurent Fabius, alors Premier Ministre, admet que les services spéciaux sont effectivement responsables. Mais si l’identité des nageurs de combat n’a pas été connue à l’époque, Gérard Royal, membre de la DGSE, est désigné dès 1990 par l’Express comme étant le pilote du zodiac. 2006 : Ségolène Royal, en tête des sondages au parti socialiste, annonce sa candidature à l’investiture au Parti Socialiste. Le lendemain, son frère Antoine révèle dans Le Parisien que Gérard a en fait posé la bombe qui a tué Fernando Pereira, et non piloté le zodiac. Vérifiée ou non, cette information, lancée peu de temps après la déclaration officielle de candidature de Ségolène Royal, en tout début de campagne, a fait immédiatement l’effet d’une tentative de déstabilisation. Petit tour d’horizon de ce qu’en pensent les personnalités politiques. La principale intéressée exprime son admiration pour son frère, « un grand soldat », qui a parfaitement suivi la tradition militaire familiale. Dominique Straus-Kahn juge ces révélations « malvenues » et souligne que la candidate ne peut être tenue pour responsable des actions de ses frères et soeurs. « Soyons déjà responsables de nos enfants, ce n’est pas si mal ! ». (Grand jury RTL-Le FigaroLCI, 1er octobre) Laurent Fabius y reconnaît une «politique nauséabonde» et ironise sur la probabilité d’être mis en cause lui aussi en tant que candidat socialiste, suivant la « logique » qu’une attaque sur un candidat à l’investiture vise tous les candidats. (France 2, 1er octobre) A droite, Bernard Accoyer, président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale déclare qu’il s’agit sans doute d’une « affaire de famille », sans lien avec la politique. Il ajoute que le PS serait « entré dans une campagne de couteaux entre présidentiables, dans laquelle tous les coups sont permis ». (France 2, 1er octobre) Cette affaire ne peut pas passer pour une coïncidence... Au moment où Ségolène Royal inscrit son avenir politique dans la lignée de François Mitterrand, une des affaires qui ait le plus secoué le premier septennat de ce dernier ressurgit. Dans ce contexte, l’attaque ne paraît plus autant personnelle mais bien sur la politique menée par l’ancien Président agissant comme un rappel et une mise en garde contre les mauvais côtés de l’héritage revendiqué par Ségolène Royal. Mais en établissant un lien trop direct entre la famille et la politique, c’est l’aspect le plus porteur d’émotions qui a été retenu, à tel point que l’on oublie le rappel. Rappel qui a le bénéfice de faire d’une pierre deux coups, Laurent Fabius se trouvant aussi impliqué. De fait, il reste deux attitudes possibles face au troisième candidat du PS, Dominique StraussKahn, soit considérer que tout le parti a quelque chose à se reprocher (deux sur trois impliqués dans une affaire…) ou estimer qu’il est le seul (suite page 12) Faites connaître VigIE autour de vous. Diffusez ce numéro. Adressez nous les adresses mels de vos collègues ou connaissances intéressés. 11 V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C A G E ND A Novembre 2006 Colloque « Intelligence Economique et Compétition Internationale » (IECI) Le jeudi 16 novembre 2006, dans les locaux parisiens de l’ESCE Salon de l’Internet et de l’Intelligence Economique Rencontre nationale : « L’intelligence économique et les petites entreprises ». Lundi 4 décembre 2006 au Palais du Luxembourg (Sénat) à Paris Vendredi 17 novembre 2006 au Millesium d’Epernay-Pierry Sujet : Experts, chercheurs, praticiens et institutionnels se réuniront autour de différents thèmes : l’intelligence économique, la sécurité économique, les pratiques de nos voisins étrangers… Le colloque sera ouvert par le Haut Responsable à l’Intelligence Economique Alain Juillet et fera intervenir de nombreuses personnalités. Thème du salon : l’importance de la maîtrise des nouvelles technologies pour les entreprises. Spécialiste de l’Internet, éditeurs de logiciels, prestataires de services… seront présents. Deux conférences, l’une sur le thème d’Internet et la seconde sur l’Intelligence Economique en Champagne-Ardenne, sont au programme Renseignements et inscriptions sur www.esce.fr (rubrique recherche / colloque) ou par mail à colloque_ie_ [email protected] ou par téléphone : Sophie Larivet au 01.41.16.74.53 Contact : Millesium’Evénements Tél. : 03 26 56 95 00 / Email : contact@ lemillesium.com Web : www.lemillesium.com Programme à télécharger sur http:// ism.infometiers.org/pub/edito/ Programme_4_decembre_2006.pdf Bulletin d’inscription disponible en ligne : http://ism.infometiers.org/ pub/edito/Bulletin_inscription.pdf A C T U Rainbow Warrior (suite) digne de confiance. Mais dans un cas comme dans l’autre, la participation des militants du Parti Socialiste risque de diminuer au moment du vote, argument que ne manquera pas de reprendre la droite pour remettre en question la légitimité du candidat. Alors, le retour brutal de cette affaire est-il une tentative de désinformation ? Prenons la définition encyclopédique de la désinformation comme « un processus utilisable à tous les niveaux dans toutes les sphères de la communication, et qui consiste à présenter : soit une information fausse comme vraie, soit une partie de l’information vraie comme une totalité indépendante et vraie pour elle-même, soit une information vraie comme fausse ». Aux termes de cette définition il n’y a pas eu désinformation, du moins si Gérard Royal a bien posé les bombes. En revanche si cette information n’est pas tombée dans le seul but de donner plus de détails sur l’affaire du Rainbow Warrior, mais bien pour gêner la campagne d’au 12 Programme : Le SGDN, le Haut Responsable à l’Intelligence Economique, le Ministère des PME et l’Institut Supérieur des Métiers organiseront trois tables rondes : «La veille stratégique, facteur de compétitivité de la petite entreprise», «L’IE au service du développement des territoires» et «IE et petites entreprises : quels enjeux ? quelles opportunités ?». VigIE - Novembre 2006 moins un(e) candidat(e), alors oui, on peut dire qu’il y a désinformation. En effet, le temps perdu à expliquer, démentir, admettre… est du temps que l’on ne passe pas à présenter son programme et ses arguments. Relancée intentionnellement, cette affaire empêche donc la population de voter en toute connaissance de cause, et de ne pas autant s’engager une fois le candidat choisi, car il présentera pour les présidentielles un programme qu’il n’a pas eu l’occasion de détailler… Mais au final, Ségolène Royal se positionne en victime, même sans trop en dire. Les soupçons d’une tentative de la part de ses adversaires de s’attaquer à elle à travers ses proches peuvent lui amener un courant de sympathie. Elle en a même profité pour rappeler que sa famille avait une grande tradition militaire. Et tout juste après sa déclaration de candidature, au moment où le retour de cette affaire ne peut pas vraiment passer pour une coïncidence… Xavier Millet (P12) Contact : Nicolas Moinet ICOMTEC - Université de Poitiers Master IECS Téléport 5, BP 30064 86 132 Jaunay-Clan cedex Tel : 05 49 49 46 50 Fax : 05 49 52 22 31 Mail : [email protected] Site de l’ICOMTEC http://icomtec.univ-poitiers.fr Site du Master http://www.ie-poitiers.net VigIE : [email protected] V i g I E - l a l e t tr e d ’ i n f or m a t i on d u M a s t e r I E C S d e l ’ I C O M T E C