Notes sur la Conférence de Thomas d`Ansembourg Cessez d`être
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Notes sur la Conférence de Thomas d`Ansembourg Cessez d`être
Notes sur la Conférence de Thomas d’Ansembourg Cessez d’être gentil, soyez vrai ! Paris, 2013 Introduction Le conflit naît souvent d’un malentendu, mal entendu signifiant mal écouté ou bien mal exprimé. Dans les deux cas, un problème de communication. La violence naît d’un manque de discernement, d’un manque de vocabulaire, pour comprendre ce qui se passe en moi et exprimer mes émotions. La communication non violente permet d’éviter l’engrenage grâce au séquencement : Faits / Sentiment / Besoin / Demande. A mon enfant qui vient me solliciter au retour à la maison après une journée harassante, plutôt que de l’envoyer promener (« Laisse-moi tranquille, va jouer dans ta chambre ! »), je lui dis : 1. 2. 3. 4. Papa a eu une longue journée au travail aujourd’hui Je me sens fatigué, un peu énervé J’ai besoin de calme pour le moment Je te propose de me laisser me reposer 20 minutes ; ensuite je viendrai jouer un moment avec toi dans ta chambre. Ca te va ? Le « tu » qui tue (Jacques Salomé) Piège de « l’enfer-mement » ! Pour en sortir, il est nécessaire d’abord d’avoir conscience qu’on y est pris, ensuite de comprendre comment il s’est enclenché (ne pas se contenter de : « c’est comme ça, c’est ma nature ! »), enfin de le désenclencher. Le mécanisme de conditionnement-type renvoie à l’enfance : « Tu serais gentil de ranger ta chambre, m’aider à mettre la table ou mettre ton beau costume », compris comme : « dans ce cas, je t’aimerai ». L’amour serait conditionnel. Au fond, je l’achète par un comportement approprié, celui qu’attendent mes parents, mon entourage… 1. Le piège du « faire » Toujours plus de choses à faire, de projets à mener de front… Tel le hamster qui fait tourner sa roue. Et le temps de l’intériorité c’est pour quand ? Le temps de m’aligner sur mon élan de vie, de me pacifier pour trouver le rythme juste ? Quelle place pour la relation ? Où est le plaisir d’être ? Comment cela se traduit pour un papa sollicité par son fils pour un problème donné ? « Tu as un problème ? Je le résous ! » Tout de suite à la solution, avec les meilleures intentions du monde bien sûr ; mais l’attente de l’enfant est d’être écouté. Le papa est trop gentil. Une variante moins gentille serait de répondre : « si tu avais travaillé, tu n’en serais pas là ! » En CNV, on privilégie la relation ; l’intendance suivra ! Cette réponse trop empressée renvoie au scenario décrit plus haut : est-ce qu’on va m’aimer si je dis NON ? Si je fais moins ? Si j’ai d’autres priorités ? Ce n’est pas la joie de donner qui m’anime mais la peur de perdre l’autre. 2. Le piège de l’estime de soi L’estime de soi, ça se muscle, ça se jardine ! Si elle est assez forte, si elle ne dépend pas du regard de l’autre, alors je ne prends pas le propos de l’autre comme une attaque ; je cherche à comprendre ce qu’il y a derrière, son besoin. « Tu n’es qu’un égoïste ! » > « Qu’est-ce qui te manque ? » « Tu ne m’écoutes jamais ! » > « Vas-y je t’écoute, que veux-tu me dire ? » L’estime de soi est comme la quille qui stabilise le bateau : elle est indispensable pour gérer le conflit. Sur elle s’appuient l’écoute et la présence à l’autre. 3. Le piège de l’altérité Est-ce qu’on s’aime si on n’est pas d’accord ? Dans la confusion entre désaccord et désamour, l’encodage est profond. Il renvoie à des rapports de pouvoir, au gourdin de l’argumentation de nos ancêtres cro-magnons. Faire bon accueil de la différence, c’est préférer la collaboration au rapport de forces, privilégier la rencontre vs la fuite ou l’agression (= modes survie) On peut a minima être d’accord qu’on n’est pas d’accord ! Clin d’œil sur le choix fondamental à faire à chaque instant : avoir raison ou être heureux !!! Pour l’enfant, la menace de la différence se joue à la maternelle, au contact des autres. Si je me montre différent, est-ce qu’on va m’aimer ? Il apprend à être gentil. Là encore, le mécanisme s’ancre tranquillement… Or s’accueillir soi-même dans sa différence est indispensable pour accueillir la différence de l’autre. 4. Le piège de ne pas savoir dire NON (à temps) Si je suis gentil trop longtemps, ça finit par exploser = conflit ! Tu es la goutte qui fait déborder MON vase ! « J’ai tout fait pour elle, j’étouffais pour elle ! » (Jacques Salomé) Je dois accepter de ne pas être Superman. Pour m’aider dans cette voie, une question est très éclairante : A quoi je dis OUI quand je dis NON ? Exemple de l’invitation à un barbecue par des voisins charmants, que j’apprécie, mais ce dimanche-là justement, j’avais envie de calme, besoin de ne rien faire. Que vaisje privilégier ? Mon envie de rencontres, d’amitié, de curiosité… ou bien mon envie de calme ? Je soupèse… A quoi je dis OUI si je leur réponds NON ? Surtout ne pas inventer une mauvaise excuse, leur expliquer de façon transparente mon dialogue intérieur : j’apprécie votre invitation, on a passé un bon moment en votre compagnie la dernière fois mais pour ce dimanche, je préfère rester tranquillement à la maison, j’ai besoin de calme et de repos, j’ai eu une grosse semaine et la suivante s’annonce encore chargée. Mais ce sera avec grand plaisir une prochaine fois. C’est recevable, non ? Halte au binaire ! Ce n’est pas forcément l’un OU l’autre. Le risque que j’accepte est que je n’apprécie pas le moment, que je sois de mauvaise humeur, que je regrette d’avoir accepté … et je perds sur tous les tableaux ! Je peux même me fâcher du genre « J’ai fait l’effort de venir…. etc » Même schéma avec ma fille qui veut jouer plutôt que d’aller se coucher. Comment concilier les deux ?! En jouant ensemble un petit moment. Aller au lit après avoir joué avec papa, ça a du sens. Sinon c’est vécu comme une sanction. Respecter le vivant en l’autre sans démissionner du vivant en moi, ajuster les besoins, collaborer… Même si on n’y arrive pas, tenter l’ajustement crée du respect et du lien. 5. Le piège de vouloir ignorer mes émotions Les émotions dont je ne m’occupe pas risquent de s’occuper de moi ! Variante : si je réprime ce qu’il serait bon que j’exprime, tôt ou tard je déprime ! Autre variante par Carl Jung : « Ce que je refoule tôt ou tard se défoule ». Nos sentiments, comme des clignotants, nous indiquent nos besoins, à partir desquels nous pouvons formuler nos demandes. Le tabou à dépasser est : « écouter ses besoins, c’est pas bien ! » On a encodé : « fais ce que les autres attendent de toi plutôt que ce que tu ressens ». C’est l’enfant en colère à qui on dit : « tu n’as aucune raison d’être en colère. File dans ta chambre, tu reviendras quand tu seras calmé » Et l’enfant de revenir pour racheter l’affection de ses parents : « je ne suis plus en colère »… Ben voyons ! Si je suis en colère (ou si je suis triste), je ne feins pas de l’ignorer ; je me mets à part pour la nommer. Je la laisse s’exprimer en moi sans polluer ma relation à l’autre. Je m’occupe d’elle en quelque sorte… Faire bon usage de ses émotions, c’est se relier à soi et c’est indispensable pour se lier à l’autre. Entrer en soi-même est la clé pour s’ouvrir à l’autre. Ce qui nécessite de nettoyer la relation avec soi-même (cf l’hygiène du coach) Conclusion Notre rapport au temps est devenu violent : notre société court trop vite car elle est déboussolée. Cf l’enfant qui répond à sa maman : « Maman, je ne m’appelle pas « Dépêche-toi ! »