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ENTRAÎNEMENT
Trois journées particulières
En février 2015, Steve Boumessata, enseignant à la JSA Tennis de Maisons-Alfort
(Val-de-Marne), a vécu trois jours pas comme les autres. Il a été capitaine
d’une équipe de jeunes Français face à l’Angleterre. Une expérience riche
d’enseignements pour cet entraîneur passionné de 28 ans.
par Jean Damien Lesay
a scène se passe un soir de février
2015, pendant une rencontre amicale
qui oppose des garçons français et
anglais nés en 2004. Les matchs de la journée sont
terminés quand les jeunes membres du camp tricolore se mettent dans un coin pour quelques étirements. Personne ne leur a rien demandé. Non
loin d’eux, Steve Boumessata, capitaine d’un jour,
savoure ce moment. « Les voir faire leur récupération tout seuls comme des grands, ça m’a touché »,
explique-t-il.
L
Cet enseignant de tennis est un passionné qui a
trouvé sa voie : la formation et le haut niveau chez
les jeunes. Venu à l’enseignement dès 16 ans, il
commence à dispenser son savoir aux tout-petits,
en mini-tennis, puis obtient son brevet d’État à 21
ans. Il décide alors de se lancer dans un projet destiné aux jeunes au sein de son club. Là, il croise un
joueur qui sort du lot : Pierre Ngijol. « Le travail que
je fais avec lui m’a ouvert beaucoup de portes, au
niveau de la ligue avec laquelle je travaille beaucoup, et depuis deux ans au niveau de la DTN,
car Pierre fait partie des meilleurs, se félicite Steve
Boumessata. J’ai eu l’occasion de me déplacer sur
de nombreux tournois régionaux et nationaux, et
même européens, cette année. J’ai ainsi découvert le haut niveau chez les jeunes. » Sa nomination comme capitaine pour encadrer quatre jeunes
– dont son protégé – en février dernier n’est donc
pas un hasard.
De cette expérience, Steve Boumessata a appris
beaucoup. Sur l’organisation du travail et la préparation en amont d’une rencontre, tout d’abord. Pour
« Chez les Anglais,
si des jeunes
ne gagnent pas,
ils ne sont pas
sélectionnés
la prochaine fois. »
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cela, il a bénéficié d’outils fournis par la DTN et
s’est mis en relation avec les entraîneurs des
autres joueurs. « Être missionné par la FFT m’a
mis un peu de pression, je ne vous le cache
pas. J’ai fait de mon mieux et les trois jours
ont été intéressants pour tout le monde », se
souvient-il.
Autre satisfaction : le répondant et l’écoute des
enfants, des notions importantes pour cet éducateur
qui aime faire passer des messages et voir les jeunes
s’autonomiser dans un sport qui, selon lui, exige de
la rigueur au quotidien. « À l’hôtel, se remémoret-il, on prenait 30 ou 40 minutes le soir pour débriefer et partager avec les joueurs. Mon discours a été
entendu, même si ce n’est pas facile de faire passer un message à des joueurs qui ne sont pas les
nôtres. Les gamins ne connaissent pas la personne
en face d’eux. C’est la difficulté d’être missionné sur
ce genre de rencontres. »
Une expérience bénéfique pour le club
Steve Boumessata a aussi pu comparer les
approches qui diffèrent d’un pays à l’autre. « Avec
le coach anglais, nous étions ensemble au bord du
terrain et on a échangé en anglais ; c’était aussi une
première pour moi. Il n’y a que du positif à échanger avec un coach étranger », se réjouit l’entraîneur.
Un échange qui lui a permis de noter des différences d’approche dans les sélections de jeunes.
« Chez les Anglais, la sélection est plus stricte. Si
des jeunes ne gagnent pas, ils ne sont pas sélectionnés la prochaine fois. C’est clair et net, on l’a
ressenti. », pointe Steve Boumessata, qui a également pu se rendre compte de la bonne image dont
bénéficie la formation à la française : « En général,
les étrangers mettent une note très haute au travail
effectué en France. Ils apprécient notre manière de
faire, notre technique. »
Cette expérience a également bénéficié à son club :
« C’est une fierté d’avoir un enseignant missionné
par la FFT. Cela montre qu’on fait du bon travail.
Cela nous aide aussi pour la communication avec
la ville ou la ligue. » Et d'ajouter :« Personnellement,
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Le capitaine Steve Boumessata et son équipe
« C’est une
fierté d’avoir
un enseignant
missionné
par la FFT. »
cela m’a aussi aidé à mieux m’organiser et mieux me
préparer pour mon travail au club. » Ce qu’il a appris
durant cette rencontre, le coach le met désormais
au service de tous ses joueurs. Oui, tous. Car la présence d’un joueur qui sort du lot, paradoxalement,
peut s’avérer compliquée à gérer. « À la base, le
club, c’est le loisir, l’école de tennis, les 300 gamins
qui jouent le mercredi et le samedi. Il faut tout équilibrer, ne pas donner l’impression que l’on n'est que
sur le haut niveau. Cela passe par l’information et la
communication », argumente l’enseignant.
On l’aura deviné, à l’entendre raconter son expérience, Steve Boumessata est tout à fait prêt à renfiler son costume de capitaine de l’équipe de France
si on le lui demandait. « Je n’attends que ça »,
lance-t-il. Et pas uniquement parce que son équipe
l’a emporté par 14 à 6…

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