Colloque de La Chesnaie
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Colloque de La Chesnaie
Colloque de La Chesnaie : « Péter les plombs » Réunion du 23 mars 2002 à Paris. Préparation du colloque co-organisé entre les Cartels constituants et la Chesnaie. Étaient présents : De la Chesnaie : Jean-Jacques Martin, Anne-Marie Haas, Joëlle Hamon, Michèle Marchadier. Des Cartels : Pierre Eyguesier, Jacques Nassif, Claude Deutsch, Sean Wilder, Eric Didier, Albert Maitre, Thierry Perlès, Danièle Allier, Bernard Brutineau, Lucia Ibanez, Delphine Deroux et une dizaine d’autres membres du groupe dont je ne connais pas le nom. P.E. résume le contenu de la réunion précédente qui s’est tenue à la Chesnaie le 8 mars. Il est rappelé l’idée, pour la matinée du samedi, d’interventions à deux voix (un membre des Cartels et un soignant de la Chesnaie) Est posée la question de la participation éventuelle des pensionnaires. Oui mais quelle participation ? A. Maitre lance un débat sur le terme de soin, qui serait incompatible avec la position du psychanalyste. Différents avis sont formulés, notamment sur l’importance de ne pas limiter la notion de soin à celle d’intervention médicale ou à celle d’exigence d’adaptativité, mais de renvoyer ce terme à celui plus adéquat de prendre soin de, se soigner (à l’instar de l’anglais qui distingue cure et take care of). La question est posée de la place du psychanalyste dans une institution. JJM souligne qu’il est évident de s’interroger sur ce rapport possible ou impossible. Il n’est pas évident que la notion de psychiatrie se superpose avec celle de soin. On ne soigne pas les malades mentaux. Dans tous les cas c’est plutôt : « Nous allons vous appeler à vous aider à vous soigner. » Au lieu de définir le soin par rapport à la psychanalyse ou à la médecine, il est proposé plutôt de se référer aux pratiques agricoles. Il s’agit de faire attention à, d’écouter. S.W. : rendre possible ce qui est potentiellement là. Faciliter tout processus d’autoguérison. J.N. rappelle le paradoxe de Freud par rapport à la question du bénéfice secondaire de la maladie. Question posée par une cure qui s’éternise, quand abandonner les symptômes coûte trop cher. Dans certaines situations, il arrive de dire à l’analysant : « prenez soin de vous », quand on est au bout de certaines butées. C.D. : paradoxe du soignant ; différence entre psychothérapie institutionnelle et traitement moral : le patient se soigne. Être là, sans indifférence et sans ingérence. Question essentielle. E.D. voudrait savoir ce qui fait qu’un psychiatre choisit de travailler en institution avec des psychotiques : Est-ce la détresse, la musique du délire ? J.N. propose de réfléchir à la question de l’entourage familial d’un psychotique en institution, par rapport à ce qui se passe en analyse quand on a l’impression que les bénéfices de la cure sont pour la famille avant de servir l’analysant lui-même. P.E. nous rappelle à la nécessité pratique de constituer un comité de « patronage » (terme proposé avec humour par Sylvain Rappaport le 8 mars) pour les questions d’organisation. M.M. évoque une situation clinique à la Chesnaie, et propose de réfléchir à la possibilité d’animer un atelier avec des pensionnaires sous forme de saynètes. Commentaires de T.P. sur le « Est-ce que t’as quelqu’un à qui parler ? ». Rapide évocation de comment la parole circule dans l’institution et comment on travaille avec des fragments de parole déposés ici et là sur le vif d’une rencontre dans la vie quotidienne (un bord de fenêtre, par exemple), comment on aide quelqu’un à distinguer les scènes et les adresses, savoir à qui on parle. On reprend la question de la participation des patients : Attention de ne pas instrumentaliser les patients, de ne pas en faire les fous de service. Faut réfléchir à la forme à donner. M.M. : dans l’institution, faut y être psychiquement, corporellement, mais en même temps, c’est du théâtre. XX : celui qui est psychotique c’est celui qui nous fait sortir d’une place. Autre proposition de thème à travailler : est-ce que ça serait intéressant de d’échanger des points de vue sur la nosographie ? S.W. se propose d’intervenir lors du colloque pour parler d’une cure où se posait une problématique psychotique. La discussion revient sur la question des enjeux politiques (J.J. Martin), l’accréditation, les idéaux d’adéquation. De la nécessité de l’invention du quotidien (cf. Michel De Certeau). Dans le cadre de la subversion utile, le soignant n’est pas toujours là où on le situe. E.D. évoque la notion d’institution « la moins barbare possible ». Retour à des questions pratiques : constitution d’un comité de P… ou comité d’organisation constitué de P. Eyguesier, J. Nassif, C. Deutsch, L. Ibañez, et les quatre personnes de la Chesnaie ici présentes. Il y a plusieurs propositions d’interventions de la part de membres des Cartels, entre autres S. Wilder, C. Deutsch, J. Nassif, T. Perles, Ph. Clément, D. Deroux…Préciser si les gens qui veulent parler souhaitent le faire dans le cadre des plénières ou des ateliers. Chacun devra envoyer un argument au Secrétariat des Cartels, 37 bis, rue des Abbesses, 75018 Paris. Prochaine réunion le vendredi 21 juin à Paris de 20 heures à 22 heures (Hôtel de l’Industrie, salle Perret). Un séminaire de 1’EPIC à la Chesnaie sera consacré à la préparation du colloque, le lundi 24 juin de 21 heures à 23 heures. J. Nassif y parlera de « Le délire : une fiction qui ne peut plus se démentir ». Rappel des thèmes des quatre ateliers proposés : (cf. notes du 8 mars). La question des médicaments pourrait être incluse dans l’atelier consacré aux prises en charge de psychotiques nécessitant une association psychiatre/psychanalyste. Ce qui dégagerait la possibilité d’un autre atelier sur le thème : moments psychotiques dans la cure et cure des moments psychotiques. Lectures recommandées par PE (Patrick Salvain : Rêver sous le IIIe Reich), et S.W. (traduction récente de Benedetti et Sullivan chez Erès dans la collection « La maison jaune »). Forme concrète que prendrait le colloque : Samedi : • Plénière le matin avec interventions à 2 voix (prévoir 3 à 4 intervenants de chaque côté, Chesnaie et Cartels). • Ateliers l’après-midi • Le soir : proposition de spectacle théâtral au Boissier (en collaboration avec le club de la Chesnaie, sur le thème de l’œuvre de Brisset). Dimanche matin : • Plénière avec intervenants extérieurs. L’Epic s’occupe de calculer un prix d’inscription. Les Cartels et l’Épic ont un n° de formation permanente. Notes approximatives et non exhaustives rédigées par A.M. Haas C’est autour du thème « Péter les plombs » que les « Cartels Constituants de l’Analyse Freudienne en collaboration avec la clinique de La Chesnaie organiseront le Colloque qui se déroulera à Chailles Samedi 5 et dimanche 6 octobre 2002 « Péter les plombs » ? De façon répétitive, il nous a été donné d’assister à l’acte de sujets qui mettent en joue l’assemblée représentative de corps constitués cherchant à dénoncer la violence des passages à l’acte étatiques dont ils sont les victimes, et allant ainsi jusqu’à tirer sur la loi ou le sujet supposé savoir incarnés par ses représentants. De tels actes visent à démasquer un sujet sous la violence qui fait texte et passe, elle, impunément et silencieusement à l’acte, en administrant le facteur humain comme une marchandise. Car nous savons bien à quel point aujourd’hui ce sont des fantasmes qui se sont arrogé le pouvoir d’interpréter sans réplique la mémoire ou la folie, en éliminant le latent ou l’implicite et en généralisant un signifié totalitaire. Le propre sera ainsi assimilé au stérile, le rangé à l’ordonné par les normes d’un texte, le nombre, sous couvert de statistiques, servira au comptage et à la fixation des actes ou des corps, et l’ordinateur sera ainsi devenu l’instrument anonyme de la surveillance. Face à cet effacement bonasse de tout ce qui pourrait rétablir une différence qui serait, elle, porteuse de signifiants réfractaires à toute administration des symptômes en termes de prévisibilité quantifiable, et alors même que la différence, quand elle affleure, est la plupart du temps réduite à n’être qu’un instrument de plus pour la ségrégation, les sujets ainsi classés et étrillés par ces fantasmes qui passent à l’acte, n’ont plus d’autre alternative que la voie d’un acting-out qui s’adresse, indistinctement et par anticipation, au psychanalyste absent ou au lieu psychiatrique désormais défaillant, l’administration s’étant arrangée pour rendre impraticable le soin et la prise en compte de la durée. De tels actes, quand ils menacent le sujet par leur côté irréparable, visent à prendre en compte le fait qu’un seuil pourrait être franchi ; ou ils donnent à entendre, lorsqu’ils ont été commis, qu’une limite a été transgressée : j’ai « pété les plombs », dit alors couramment la personne, ou je suis sur le point de le faire. Il nous apparaît que cette expression, qui a toutes les allures d’un bloc indéchiffrable, n’est autre pourtant qu’une réplique, rendue impérieuse et indispensable, à la violence d’un collectif qui applique sans merci la norme de l’administrativement correct. La possibilité qu’offre alors la rencontre, si et quand elle a pu être fomentée, et avec qui se trouve le mieux placé pour endurer le récit de la hantise de cet acte, redouté ou advenu, est celle consistant à le faire passer dans les paroles d’un récit, qui aura une structure de fiction. La question sera alors d’engager le sujet à articuler son récit à cette autre fiction que lui offre la psychanalyse, mais aussi le parcours dans l’institution, grâce auxquels il lui sera donné la possibilité de rétablir, même si c’est seulement en paroles, la limite qui peut le constituer comme personne responsable. Des réactions que la lecture de ce projet d’argument pourrait entraîner il sera tiré la définition d’ateliers plus restreints, ateliers dont l’intitulé aura à être formulé, lors de la prochaine réunion prévue le 21 Juin au soir , en présence de notre Comité d’organisation, formé du côté des Cartels constituants de : Lucia Ibañez, Claude Deutsch, Pierre Eyguesier, Jean-Pierre Holzer et Jacques Nassif ; et du côté de La Chesnaie par : Anne-Marie Haas, Joelle Hamon, Michèle Marchadier et Jean-Jacques Martin. _______________ Du « Paradigme du tablier » au « Paradoxe du soignant » (argumentaire pour une intervention en plénière aux journées de la Chesnaie) Par Claude Deutsch Mon propos est de tenter d’éclaircir, à partir d’une pratique et d’une recherche de 30 ans, la question de la « fonction thérapeutique » de l’institution. Je m’étaye sur cette question pour définir la place de la psychanalyse dans une institution de soins. En quoi ce qui est mis en jeu avec le sujet en souffrance (en particulier lorsqu’il est inscrit dans une problématique psychotique) lui permet d’accéder à l’ordre symbolique ? Comment introduire la fonction structurante de l’Evénement, donner sa fonction structurante à l’Evènement ? Question essentielle pour la personne inscrite dans une problématique psychotique qui est à la recherche de ce qui a authentiquement du sens pour elle (et c’est pour ça qu’elle rejette le « sens des autres », le « sens commun » qu’elle vit comme lui étant imposé). Elle a besoin de trouver son ordre à elle pour sa survie. * Il s’agit d’abord de réunir les conditions nécessaires pour que l’Evénement advienne. En définissant l’institution comme « aire de jeu », « siège de l’illusion », « organisateur de réseau », nous introduisons la fonction historique au cœur même du fonctionnement institutionnel. Le sujet souffrant pourra vivre certaines expériences qui joueront le rôle de « greffes de transfert » au sens de Gisèle PANKOW. Nous soutenons que « c’est en élaborant l’institution que le pensionnaire s’élabore lui-même et que la présence du « momentorganisateur » est révélateur de la place de la psychanalyse en institution. * Il s’agit également de tenir une posture, « d’être là », entre l’écorce et le noyau. Pour rendre possible pour le sujet d’habiter son histoire, l’accompagnant doit tenir le paradoxe « refus d’ingérence - refus d’indifférence ». C’est à ce prix qu’il peut énoncer : « Bienvenue dans cet établissement, vous pourrez trouver ici tout ce que vous voudrez sauf de l’aide » (Comment s’articule fonction phorique/identification/identité/narcissisme ?) L’accompagnant peut alors se définir comme « référent-réticent », se comparer au pilote maritime qui va rejoindre le navire à l’entrée du port, aider à la manœuvre mais c’est le capitaine qui tient toujours la barre. « Le paradigme du tablier » (en référence au tablier de l’éducatrice technique en institution) est un authentique savoir (savoir-être/savoir-faire/art de faire) qui, s’appuyant sur le paradigme de l’indice (au sens Carlo Guinzbourg) allie la métis des Grecs et l’éthique du sujet. * L’accompagnant n’est pas un psychanalyste, cependant que c’est la place de la psychanalyse dans l’esprit même de la praxis institutionnelle qui fait la différence entre psychothérapie institutionnelle et traitement moral. Quelques remarques à propos du colloque à La Chesnaie Compte rendu de Frédéric Bieth (texte relu par Jacques Nassif) Etaient présents : J.Nassif, L. Ibañez, N. Collin, J.-J. Martin, A.-M. Haas, M. Didierlaurent, P. Eyguesier, F. Wilder, S. Wilder, Cl. Deutsch, Th. Perles, Hanon, F. Bieth. Les quelques lignes qui suivent ne sont que la transcription de quelques notes, entendues pardelà le groupe de musique brésilienne présent sur la place de Saint Germain en cette soirée du 21 juin 2002 … Jacques Nassif commence par rappeler la question du choix de la date du colloque. Le problème provient essentiellement du fait de l’impossibilité pour les partenaires de La Chesnaie de s’impliquer pleinement dans ce travail d’ici octobre, à cause des vacances et du fait que des groupes de travail conjoints où s’impliqueraient plusieurs membres des Cartels ne peuvent non plus être déjà constitués. Les dates du 5 et 6 octobre initialement retenues ne peuvent donc être retenues pour le colloque lui-même. En revanche, P.Eyguesier évoque une autre hypothèse qui a déjà commencé à faire son chemin et qui serait de réaliser ce projet en deux temps. Dans ce cas de figure, les dates retenues pour octobre seraient conservées, non pas pour la réalisation du colloque, mais pour une journée d’étude préparatoire au colloque qui aurait, lui, lieu au printemps 2003 et où se mettraient vraiment sur pied les ateliers projetés. Un large accord se manifeste sur ce point. Jacques Nassif revient alors sur les raisons et les circonstances d’écriture du nouvel argument. Il a été écrit cette fois conjointement et à l’issue d’une réunion de travail à la Chesnaie où étaient présents, outre Pierre Eyguesier et lui-même, Claude Jeangirard, JeanJacques Martin, Anne-Marie Haas, Michèle Marchadier et Joelle . La nouvelle mouture a tenu compte des critiques qui nous étaient faites de méconnaître une troisième catégorie de soignants, les « moniteurs » qui passent le plus clair de leur temps avec les « pensionnaires » et constituent la cheville ouvrière de la psychothérapie institutionnelle. Par ailleurs, cet argument était trop centré sur le premier rendez-vous. Enfin, il accentuait trop, à leurs yeux, la dichotomie entre des fonctions posées comme antithétiques et incompatibles, alors que dans la pratique elles se superposent et coopèrent, la distinction, si elle a lieu, étant subséquente à un premier parcours dans la structure des soins à apporter. Anticiper cette distinction dans le cadre des entretiens préliminaires ruine justement la possibilité de mettre en avant ce parcours. La discussion s’oriente dès lors vers les questions cliniques et Jacques Nassif présente l’hypothèse dont il lui est venu l’idée au cours de la réunion évoquée. Il a pu y soutenir, à partir d’un cas qui lui a été récemment rapporté, l’hypothèse d’un acting-out sans analyste, le passage à l’acte auquel répondrait cet acting-out, inaugural d’une cure possible et tacitement anticipée, n’étant pas lui-même à attribuer à un analyste, mais à l’administration, voire à l’Etat. Thierry Perles réagit vivement à cette idée qu’il juge carrément délirante, le psychanalyste absent finissant par être partout et par halluciner sa présence derrière des actes où il n’est pour rien. Ce n’est pas étonnant après cela que la psychanalyse ne soit plus dans les hôpitaux. Parler de passage à l’acte en dehors d’une cure et attribuer celui-ci à des instances administratives lui paraît être à côté de la plaque. À cela J.-J. Martin rétorque que le problème actuel de la psychiatrie est d’être en butte à une pression normative de plus en plus tatillonne et intrusive. Ne pas prendre en charge l’actualité de cette question ne nous empêcherait sans doute pas de faire un « bon » colloque, ou un colloque intéressant, mais cela ne concernerait plus autant les partenaires de La Chesnaie. Un véritable dialogue s’engage à partir de là, émaillé d’histoires cliniques et d’anecdotes très vivantes sur la vie quotidienne des pensionnaires et des soignants à la Chesnaie, autant que sur l’ordinaire d’un psychanalyste dans le tout venant des actes de sa pratique. De la discussion entre Thierry Perles et Jacques Nassif, une fois levés certains malentendus, se dégage la nécessité de pointer la question de l’adresse dont il faut se rendre à même d’identifier dans chaque cas d’espèce tous les tenants et aboutissants. Pierre Eyguesier précise que même si la fonction de l’acte est scandaleuse, cela ne l’empêche pas d’exister. Claude Deutsch quant à lui réaffirme qu’il s’agit de penser la prise en charge de ces actes, même si tout cela ne revient qu’à reposer des problèmes déjà souvent abordés. Selon J.-J. Martin, les psychotiques sont déplacés vers les prisons, tout comme les clochards et les psychopathes, si bien qu’il est aujourd’hui impossible que l’institution puisse prendre un sujet en charge hors d’une HDT. Dès lors l’institution reste trop présente, tout en étant démunie de sa fonction d’adresse. Cette pression administrative et ségrégative est recouverte par un discours néo-humaniste et confusionnant. Il souhaite donc que ces questions soient posées lors de la journée d’étude, tout en veillant à ce que le colloque ne se transforme pas en colloque politique. À ce sujet, un rappel est effectué concernant les problèmes d’accréditation auxquels la Chesnaie est confrontée, sans parler de l’étape suivante de la standardisation informatisée de toutes les interventions sous couvert de se rendre à même de calculer les risques (PMSI etc.). Françoise Wilder relève que la dimension du temps ne doit pas être perdue de vue, sous peine de rester dans une rhétorique vaine qui réaliserait la même chose que ce qu’elle dénonce. D’ailleurs, « péter les plombs », n’est-ce pas aboutir aux urgences ? Le sens que Sean Wilder donne au récit de J.-J. Martin concernant l’histoire de Fabrice (un pensionnaire qui, longtemps après sa sortie, appelle de loin en loin à la Chesnaie vers 1h du matin, pour reprendre langue avec le veilleur et s’assurer d’une certaine permanence du cadre) semble aller davantage dans le sens de la nécessité de penser la continuité que le temps lui-même. Claude Deutsch précisera qu’il nous faut interroger la présence du tiers, étant entendu que nous ne sommes pas seulement dans une relation de face à face. Pierre Eyguesier imagine que la question du temps touche également les travailleurs sociaux. En effet, cette ouverture nous permettrait d’interroger la nature du temps en psychanalyse ; qu’est-ce que le temps de la séance ? Le temps en psychanalyse est-il déjà instauré ? Selon Françoise Wilder, des absences à des séances ne sont-elles pas déjà une manière de péter les plombs ? J.-J. Martin se demandera à quel temps la séance se conjugue. Toutefois, interroger cette catégorie du temps revient, selon Lucia Ibanez, à faire retour à la notion d’espace. Le débat s’engage sur un réajustage entre théorie et pratique et Annie Sotty souhaite que la question du cadre administratif soit évoquée, l’organisation d’un service d’urgences prédéterminant la capacité ou non de faire apparaître une adresse, surtout si un deuxième entretien est systématiquement prévu dans un temps subséquent avec la même personne qui a accueilli l’urgence. Lucia Ibanez s’interroge sur : « qu’est-ce que cela fait à quelqu’un lorsque l’institution tombe ? ». Le débat s’oriente aussi bien du côté des effets d’une absence de repérage de l’adresse des actes que sur les enjeux de la santé mentale. En bref, ce ne sera que dans la mesure où seront prises en compte les différentes catégories évoquées pendant cette réunion que l’on pourra s’approcher au mieux de ce que « péter les plombs » signifie. Nous en restons au fait que dans « péter les plombs » quelque chose cherche adresse, quelqu’un cherche à adresser quelque chose à quelqu’un. Le thème de chacun des quatre ateliers paritaires qui seront proposés s’est donc ainsi petit à petit dégagé. Il s’agira du lieu, du temps, de l’adresse et de l’administration. ********* Arguments pour les ateliers du colloque de La Chesnaie Pierre Eyguesier Une précision importante : c’est à ma propre initiative, et aussi, il faut le dire, avec l’accord et le soutien de Jean-Jacques Martin (un de nos interlocuteurs de La Chesnaie) que je me suis lancé dans l’écriture de ce long texte. Il n’engage donc que moi, mais je ne pouvais guère éviter de prendre position, étant donné le rôle de fomentateur de ce colloque que j’ai joué (pour les lecteurs qui ne le sauraient pas, j’ai passé six ans à La Chesnaie, et l’expérience que j’y ai faite, de même que les personnes que j’y ai rencontrées, ont joué et jouent encore un rôle important dans mon boulot d’analyste). 1. Les arguments qui vont suivre sont esquissés à partir du bruit de fond des diverses rencontres que nous avons eues avec nos partenaires de La Chesnaie (six ou sept rencontres si j’ai bonne mémoire, à Paris et à Chailles). S’y sont greffées quelques pensées qui me sont venues ces derniers jours, alors que je tentais de nouer entre eux les fils de « l’institution de la cure analytique » avec ceux de « l’institution psychiatrique » – plus précisément : de ce que j’appellerai « la scène de la psychiatrie institutionnelle ». 2. Il me semble en effet, comme je l’ai avancé lors de notre dernière réunion du vendredi 21 juin en parlant de « passe institutionnelle à double sens » (les psychanalystes des CCAF témoignent de leur pratique analytique, face à des soignants en psychiatrie, et vice versa), que nous pouvons tenir cet enjeu, si nous nous donnons pour principe de dégager deux plans institutionnels, certes différents, mais au sein desquels peuvent être mis au jour un certain nombre d’éléments communs. 3. Il s’agirait donc, au travers de cette tentative, de répertorier et d’explorer en commun de tels éléments (je reste volontairement flou sur leur nature, qui fera plus loin l’objet d’un argument spécifique pour chaque atelier prévu). Il nous serait ainsi possible, non seulement de renouer le dialogue, menacé d’interruption, entre les psychanalystes et les soignants en psychiatrie, mais encore de soutenir – en établissant qu’il n’y a pas de « solution de continuité » (de rupture ou de hiérarchie) entre ces deux scènes – l’hypothèse suivante : la psychiatrie institutionnelle peut être la « poursuite de l’analyse, selon d’autres moyens », et la psychanalyse « la poursuite de la psychiatrie institutionnelle, selon d’autres moyens ». 4. On me dira que cette hypothèse est un entonnoir théorique ; qu’elle ne concerne qu’un groupe marginal de « cas » que rencontrent, tant les soignants en psychiatrie que les psychanalystes. Sans doute. Mais il me semble qu’au-delà des catégorisations présupposée par cette plate-forme commune (la délimitation d’un terrain commun incluant les psychoses, névroses graves et autre border line), ce qui entre en jeu, si cette plate-forme est acceptée, est propre à provoquer un double réveil : – réveil des psychanalystes qui, malgré les intentions qu’ils affichent volontiers, ne parviennent plus ou peu, ou mal, à dire clairement en quoi l’analyse (leur acte) reste un recours « irremplaçable » (Pontalis) pour ranimer l’esprit dans un monde aplati par les lois de l’efficacité, du marché, et du « Circulez il n’y a rien à voir ni à dire ». – réveil des soignants en psychiatrie institutionnelle, qui, bien qu’historiquement marqués par la prise en compte de l’inconscient dans l’espace et le temps institutionnels, se sont peu à peu faits à l’idée que l’analyse était l’apanage d’intellectuels de cabinet, passés maîtres dans l’art de manier des discours aussi savants que désincarnés. 5. On le voit, il s’agit là, de mon point de vue, de répéter la « geste des commencements » ; de faire en sorte, aujourd’hui où les inventions d’Après-Guerre (en psychanalyse et psychiatrie institutionnelle) se sont standardisées par soumission progressive, pas à pas, à la marche en rouleau compresseur des sociétés hyper organisées, que soient reprises les formes nécessairement inventives issues d’une « éthique de l’événement ». Et cela, encore une fois, dans deux champs, dans deux plans d’effectuation de l’éthique du sujet qui partagent une histoire commune, et des éléments de « praxis » communs. 6. « Les psychanalystes, m’a dit un jour Claude Jeangirard – un jour où je n’en menais pas large avec une hystérique folle de rage –, auront toujours besoin des psychiatres ». Et vice versa, n’est-ce pas, Claude ? Et qu’on n’aille surtout pas me dire qu’un de ces deux métiers est plus mal en point que l’autre ! Je crois au contraire, et sans qu’il soit besoin ici de rappeler, même en quelques mots, l’état de la psychiatrie ou celui de la psychanalyse, que nous sommes à cet égard logés à la même enseigne. Or, les soignants en psychiatrie comme les psychanalystes, le savent bien : c’est quand « ça va mal » que les conditions sont réunies pour basculer sur l’Autre scène, celle de l’inconscient comme surprise. 7. Comme cela a été avancé dans un cartel du Dispositif sur la pratique auquel j’ai eu le plaisir de participer récemment, il importe alors de répéter les formes nécessairement inventives de l’éthique du sujet, en se démarquant des symptômes de l’institution en voie de standardisation, de sclérose : critiquer, donc, les limites (de l’analyse et de son analyste ; de l’institution psychiatrique institutionnelle et de ses fondateurs) dont la génération d’après a hérité, pour les faire reculer – quitte à en produire d’autres que la génération suivante aura à son tour à déplacer. Ceci impliquant, bien sûr, une prise en compte de l’époque, pour dire d’un mot qu’une telle critique ne peut se faire sans une juste appréciation des censures et des contraintes actuelles auxquelles chacune des deux scènes a affaire. Ce long préambule pour amener la présentation des quatre ateliers qui réuniront, samedi 5 octobre après-midi et dimanche 6 octobre matin, des analystes des CCAF et des soignants de La Chesnaie. Ceux-ci et ceux-là auront ainsi le temps, préalablement au colloque lui-même, de se raconter des histoires et d’envisager une collaboration régulière jusqu’au printemps 2003, moment retenu pour la tenue du colloque lui-même. La soirée du vendredi 21 a, en effet, permis de faire surgir une méthode : plutôt que de mettre en friction des théories, passer par le récit qui permet de mettre au jour des correspondances, des concepts communs, des pratiques relevant d’une même axiomatique, d’une éthique partagée, mais pourtant différentes à bien des égards. Atelier sur le lieu Question la moins débattue dans nos réunions préalables, mais question d’importance. La Chesnaie, se plaisait à dire C. Jeangirard, est le « dernier lieu où l’on va » (comme on dit « le dernier endroit où l’on cause »). Son adresse, c’est : « Au bout du bout du chemin », celle du seul lieu dans lequel on peut espérer trouver asile, lorsque les ressources des autres lieux ont été épuisées. Première idée, donc, celle d’un lieu ultime, voire d’un lieu hors lieu, échappant à la topographie ordinaire (relevant d’une topologie ? Une anecdote : les avions, paraît-il, ont élu comme point de repère la sorte de balise surréaliste que sont des wagons SNCF aménagés au début des années quatre-vingt en hôtel pour les soignants). Un lieu dont la position singulière, dans l’espace saturé, quadrillé des sociétés hyper modernes, suppose qu’il soit ipso facto hors temps, qu’il échappe au temps mondial. S’il n’y a plus guère, aujourd’hui, de lieux où l’on ne trouve pas de Mac Do, La Chesnaie en est un. C’est aussi un lieu qui associe l’immuable (il échappe à l’homogénéisation de l’espace habité), au changement, en réalisant des transformations qui ne sont pas toujours (même si la procédure d’accréditation y contraint parfois) liées à la merdialisation (pardon pour le néologisme !) : trouvailles esthétiques et architecturales, introduction de nouvelles formes, surprenantes, et de nouvelles perspectives, ouvrant l’horizon sur des « tiers spatiaux » qui ne sont pas de pur conformisme. Quant à l’espace de la cure, celui du cabinet de l’analyste, que peuvent en dire les analystes ? Au-delà de la frontière entre la salle d’attente et le cabinet lui-même, au-delà de la présence de fauteuils – pour une analyse en face à face ? Cela existe-t-il ? – et d’un divan – y recourronsnous aussi souvent et aussi systématiquement qu’au temps de Freud ?–, peut-on voir à l’œuvre dans le lieu de l’analyse une même dialectique de l’immuable et des transformations, du Même et de l’Autre ? L’immuabilité de principe du décor ne va pas, en effet, sans d’imperceptibles changements qui sont autant de messages potentiels, parfois intensément suggestifs, dans une cure qui prétend tenir son efficacité de l’abstention rigoureuse de toute suggestion directe. Dans ces lieux, coupés du monde bâti, lui, en façades de plus en plus transparentes, le lieu de l’analyse, comme celui de la crypte de la cure de Sakel naguère encore pratiquée à La Chesnaie, se reconstitue, pour le meilleur et pour le pire, en cette matrice, supposée indispensable – mais avec quels garde-fous ?– à la répétition et au dénouement du drame incestueux. Des lieux, de la configuration spatiale de ces Autres Scènes, de ces « praticables » (Oury, Nassif) que plantent l’institution psychiatrique institutionnelle et l’institution de la cure analytique, il y a certainement beaucoup à dire, et qui peut mener loin. B. Atelier sur le temps Voilà une autre question importante. Un gros morceau. Lors de réunions préparatoires, elle est revenue sur le tapis à plusieurs reprises, poussée en avant par Françoise Wilder et Michèle Larnaud, notamment, et reprise par Jean-Jacques Martin, lecteur de Bernard Stiegler (La technique et le temps, aux Éditions Galilée). Une première coïncidence, parmi tant d’autres, entre nos deux scènes : l’absence de « Dead line ». Ici comme là, ou là comme ici, en psychanalyse comme en psychiatrie institutionnelle, aucun terme, aucune butée ne sont fixés a priori. Le temps de la cure est, par principe, hors comptage chronologique, et tend par là à échapper à Chronos mangeur d’hommes, au temps de l’échéance fatale (l’instance de la mort y étant présente à un tout autre titre), pour rejoindre l’Aïon des stoïciens (le « devenir fou des profondeurs », disait Gilles Deleuze). Est-ce à dire, suivant Freud, que « l’inconscient ignore le temps » ? Rien n’est moins sûr, puisque les multiples figurations du temps qui passe – être chers et lieux d’enfance, disparus à jamais – viennent planter, au plus profond de son sommeil – la flèche du temps (Kant) en plein cœur du rêveur. Alors, de quoi peut relever une approche commune du temps ? D’une appréciation plus fine des étranges temporalités qui caractérisent les différentes formes de la psychopathologie voire de la maladie mentale ? (L’abolition du temps de la mélancolie, l’impatience de la névrose obsessionnelle, l’extrême nostalgie des temps révolus de la folie hystérique, le présent éternel de la schizophrénie…) Et/ou d’une appréciation plus poussée du temps du transfert dans la cure, temps qui peut se définir, entre autres, comme une suspension du temps de l’affairement, du temps de l’urgence qui tendent à devenir la forme contemporaine du temps ? Pas seulement ; car, Lacan le soulignait après Hegel, « Le temps, c’est le concept » : c’est dans la constitution même de la parole analysante que se réalise le temps subjectif, celui qui naît du battement, de l’entrecroisement de l’expression et de sa réitération, par l’invention d’une expression nouvelle diffractée entre la précédente (le passé) et celle dont, à son tour, elle est grosse (l’avenir)… C’est la stase de ce procès qui donne la figure la plus générale de l’immobilisation du temps, aussi bien dans Le temps qui ne passe pas (titre d’un livre de Pontalis), que dans ce que j’ai nommé le temps éternel de la psychose (lorsque je suis pour la première fois revenu à La Chesnaie, après une dizaine d’années d’absence, certains pensionnaires que je connaissais bien m’ont salué comme si j’étais parti la veille), ou encore dans la saturation du temps de l’urgence (Quand c’est urgent, c’est trop tard, ai-je relevé dans un article récent de Libération). Sur toutes ces questions, des pistes ont été ouvertes çà et là, par André Green (Le temps éclaté, aux Éditions de Minuit), par J. Nassif (Le bon mariage, aux Édition Aubier), dans le chapitre premier de L’état des lieux de la psychanalyse (sous la direction de S. Leclaire, aux Éditions Albin-Michel), etc. Ici, comme à propos du lieu, nous pourrons nous raconter des histoires de temps : temps de l’hospitalisation/temps des cures ; clinique des activités (Daumézon) comme remède au temps asilaire/parole analysante comme constitution du temps, etc. ; et des histoires du temps (réduction drastique du temps d’hospitalisation/cures éclair), et de sa raréfaction dans le temps spatialisé du village global. C. L’adresse Clinique de Chailles, près de Blois… En donnant cette adresse, l’annonceur ne donne pas seulement les coordonnées d’un lieu, mais aussi celles d’un espace imaginaire – d’un tiers imaginaire qui va servir d’adresse au désir inconscient. De même, pour un analyste, dont le nom et l’adresse ne peuvent se réduire aux seules indications répertoriées dans les pages jaunes de l’annuaire. Plus profondément et différemment, selon le débat engagé vendredi 21 au soir : à défaut d’adresse à un psychanalyste, ou à un psychiatre susceptibles de permettre à un sujet d’accéder à l’implicite de son acte – pensons ici à un pétage de plombs –, un tel acte peut-il être qualifié d’« acting out » (cf. l’argument n° 2 pour le colloque, rédigé par J. Nassif) ? Une telle prétention, a dit Thierry Perlés, est folle : elle supposerait que tout acte de ce type s’adresse à un psychanalyste potentiel, et, donc, que la psychanalyse soit virtuellement partout, en position d’Adresse en quelque sorte. Quoi qu’il en soit, il est sûr que bien des actes, y compris émanant de sujets en cours d’analyse ou d’hospitalisation, en appellent à un déchiffrage, une traduction, une interprétation. Pour cela – on rejoint l’atelier n° 2 –, il faut non seulement se donner du temps (le temps de passer de l’insistance du souvenir à la mémoire involontaire, de la conscience vigile, à la pensée « sans but » de l’association libre, productrice d’une synesthésie nouvelle – de correspondances nouvelles entre les mots et les sensations), mais trouver à qui adresser cette parole étranglée, cette lettre en souffrance ou qui semble s’être tout simplement volatilisée. À ce sujet, J.-J. Martin a commencé à raconter des histoires. Il nous a parlé de quelqu’un qui, des années après sa sortie de La Chesnaie, continue à donner de temps en temps un coup de fil aux veilleurs, nous montrant par là que cette adresse persiste au long cours, au contraire de ce qui se passe dans la pratique aujourd’hui courante des « externements d’office » ; nous montrant aussi que le maintien d’une adresse pour la parole, serait-elle réduite à une parole « phatique », reconduit un pacte élémentaire : n’est-ce pas cela, la « moindre des choses » ? Gageons que les analystes ont, eux aussi, des choses à raconter sur l’adresse, dans les deux acceptions (mais il y en a sans doute d’autres) ici proposées. D. Le contexte administratif et financier La Chesnaie se débat actuellement avec la procédure d’accréditation mise en œuvre dans les établissements de soin, avec une inquiétude plus grande qu’ailleurs, car une part importante des « actes » qui font le tissu de la clinique des activités ne peut faire l’objet d’aucune « traçabilité », étant indécomposables en projet, en objectifs thérapeutiques (au moins deux, paraît-il), en moyens mis en œuvre, avec leur évaluation. De l’étau de l’État, qui se resserre, nous aurons à parler. Mais à ce propos, les analystes pourraient faire pour leur part le point sur le « privilège d’extra-territorrialité » (mais des contrôles de la profession existent ici et là en Europe, et s’annoncent en France) dont ils ont jusque-là bénéficié, tandis que les soignants en psychiatrie rapporteront les difficultés, les contradictions, voire les impasses dans lesquelles les plongent les « passages à l’acte » de l’administration. Il est loin le temps où les « pensionnaires » de la clinique payaient, comme le nom qui leur est resté l’indique toujours, les frais de leur hospitalisation. L’immixtion d’un tiers – la Sécurité sociale, l’agence régionale de la santé et ses grilles d’évaluation – dans l’espace-temps de la clinique réduit progressivement le cadre éthique à un squelette réglementaire. Ce processus ira-t-il jusqu’à la destruction du Tiers – tels que l’entendent les psychanalystes –, de cette Autre scène, toujours précaire, sans cesse renouvelée, qui constitue le fonds commun des deux institutions ? L’énigme du symptôme cessera-t-elle d’être redoublée et portée par l’énigme d’une action humaine inventive, voire transgressive – terme que j’ai volontairement biffé jusque-là, mais que laisse échapper en conclusion, me souvenant de cette parole d’O. Grignon lors d’un récent colloque intitulé « Y a-t-il une unité de la psychanalyse » : « Toute cure est une transgression de la cure type ». Ici et là ? Pierre Eyguesier Je reprends la main, pour faire remarquer au passage, et en guise de conclusion, que l’on débouche ainsi donc sur la nécessité de la transgression, et que chacun de ces quatre ateliers n’est autre qu’une modulation de la (nouvelle ?) théorie de l’acte, dans son articulation à la fiction, qui est attendue de ce travail avec nos partenaires, que ceux-ci se situent au bord d’un fleuve ou au bord d’un autre. (J.N.) Quelques précisons et informations utiles : Les deux journées de préparation du colloque du printemps 2003 auront lieu le 5 octobre, de 14 h 30 à 18 heures, et le dimanche matin de 9 heures à 13 heures. Un repas est prévu le samedi soir au Train Vert (100 F par personne). Adresse et tél. de La Chesnaie : La Chesnaie (également appelée « Clinique de Chailles »), 41120 Chailles. Tél. : 02 54 79 48 27 De Paris, prendre le train à la gare d’Austerlitz. Il existe des trains directs pour Blois (sans changement à Orléans). Compter une heure trente environ pour votre voyage (par exemple, un train part de Paris à 10 h 23 et arrive à Blois à 11 h 50, mais cet horaire est susceptible de varier à la rentrée). Un accueil sera assuré en gare de Blois pour conduire les participants jusqu’à la clinique. Pour se rendre à La Chesnaie en voiture : Chailles est sur la route Blois-Tours, rive gauche, à 180 km de Paris et à 9 km de Blois. À Blois, suivre la direction Montrichard ; – de Tours, tourner à droite à Villelouet ; – de Chateauroux, tourner à gauche à Cellettes ; à Seur, prendre à droite en direction de La Chesnaie. (L’emplacement de la clinique est bien indiqué par des panneaux, à Chailles, Seur, Villelouet).