Baselworld 2015 - Journal du Jura

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Baselworld 2015 - Journal du Jura
LE JOURNAL DU JURA VENDREDI 20 MARS 2015
6 BASELWORLD 2015
ARMIN STROM La petite société biennoise qui joue dans la cour des grands
«Une manufacture intégrale»
ton Pure Collection, qui rend
hommage à l’architecture du
mouvement mécanique en mettant en valeur la disposition en
couches des composants. Le calibre ARM09 est entièrement
squelettisé et sa profondeur est
mise en lumière par une coloration en PVD-3D qui varie fonction de la collection.
Et pour ne rien perdre de la
beauté et de la finesse du mouvement, cette pièce est pourvue
d’un cadran saphir sur lequel
sont apposés les index en applique. Aujourd’hui, précise Bettina Fleury, Armin Strom produit
environ 500 garde-temps par
an, mais «nous avons une capacité de production deux fois supérieure, si bien que nous manufacturons aussi des pièces pour d’autres
horlogers».
PHILIPPE OUDOT
La belle et noble horlogerie
n’est pas uniquement l’apanage
des grandes marques. Fondée en
2009 par le spécialiste du squelettage Armin Strom, la petite
manufacture biennoise qui porte
son nom en est la preuve éclatante. Etablie à la rue de Boujean
46, elle fabrique en effet tous les
composants de ses propres mouvements – platines, ponts, roues,
pignons et autres vis. Lancé en
2009, le calibre ARM09 est doté
d’un second barillet qui lui offre
une semaine de réserve de marche. Deux ans plus tard, la marque sortait un second calibre
plus simple, l’AMW11.
«Nous sommes en effet équipés
pour tout fabriquer à l’interne, à
part le spiral et les pierres, bien
sûr», explique le CEO et maître
horloger Claude Greisler. Ses
modèles, il commence par en esquisser une ébauche au crayon
puis, à l’aide d’un logiciel technique, crée virtuellement la pièce
en 3D. «A ce stade, je travaille à la
fois au crayon et par ordinateur.»
En quelques clics
Un second logiciel de design lui
permet ensuite de donner corps
au garde-temps en simulant en
quelques clics les états de surface, la couleur, etc. Lorsque le
résultat est satisfaisant, Claude
Geissler imprime toutes ces données sur son imprimante 3D, «ce
qui permet de voir concrètement à
quoi ressemble exactement la pièce
imaginée. Tous ces moyens technologiques permettent une très
grande réactivité, car on passe très
vite du stade de l’esquisse au prototypage, réalisant aussi du coup de
substantielles économies», souligne notre interlocuteur.
Une fois le nouveau produit validé, Claude Greisler envoie dessins techniques et données informatiques aux micro-mécaniciens pour lancer la production.
Ponts, platines, vis, pignons,
roues, et même une partie des
aiguilles et des cadrans: tout est
Distribution très sélective
Le cadran en saphir de la Skeleton Pure Water permet d’admirer la
construction du mouvement, des ponts et des deux barillets. LDD
produit dans les locaux d’Armin
Strom. Il en va de même pour les
composants de cette grande
complication horlogère qu’est le
tourbillon, qui équipe certains
modèles.
Les pièces une fois fabriquées
passent ensuite par l’atelier de
décoration pour les travaux de
polissage, anglage, gravage, perlage, et bien sûr squelettage –
spécialité d’Armin Strom. La manufacture dispose même de son
propre atelier de galvanoplastie
pour donner la touche finale aux
composants, avant de passer au
montage et à l’assemblage.
Quatre collections
Comme l’explique Bettina
Fleury, responsable de la communication, les collections d’Armin Strom se déclinent en qua-
tre familles de produits: Earth
(en acier PVD noir), Air (titane), Water (acier inox), et Fire
(or rose 18 carats). Cette année,
la maison biennoise introduit
une nouveauté, avec la ligne Racing, née d’un partenariat avec
le fameux rallye intercontinental Gumball 3000 «qui part de
Stockholm pour se terminer à Las
Vegas, et qui est un événement incontournable de la culture pop.
Nous dévoilons ici à Bâle cette série
exclusive composée de trois modèles produits en édition numérotée», indique-t-elle, précisant
que Claude Greisler et Serge Michel, propriétaire de la marque,
participeront à l’édition 2015 du
Gumball 3000.
Dans la cité rhénane, Armin
Strom dévoile également une
pièce exceptionnelle. La Squele-
Pour ses garde-temps, Armin
Strom a une distribution très sélective. Cela dit, pour une marque de niche dont la production
est somme toute confidentielle,
il n’est pas toujours facile de
trouver les bons distributeurs,
souvent soumis aux pressions
les grandes marques qui les
poussent à réduire leur assortiment plutôt que d’accueillir de
nouveaux venus. «Nous privilégions les contacts, et nos distributeurs sont plus que ça, ce sont de
vrais partenaires, qui comprennent et partagent notre philosophie et sont convaincus par nos
produits.»
Les principaux marchés sont
les Etats-Unis et l’Europe centrale et du nord. «Nos prochains
objectifs, ce sont le Japon, ainsi que
la France et l’Italie. En revanche, la
Chine est un marché trop difficile
pour une petite marque comme la
nôtre.» Quant à savoir à quelle
clientèle s’adresse Armin Strom,
Bettina Fleury le définit comme
étant «un homme qui dispose d’un
bon pouvoir d’achat, qui aime la
technique et veut se distinguer en
portant autre chose qu’une grande
marque, bref, qui ose s’affirmer.» KAIROS WATCHES
La montre hybride séduit
surtout les marques US
Une smartwatch mécanique?
C’est en effet ce que présente la
start-up sud-coréenne Kairos
Mechanical Smart Watch Hybrid (Voir Le JdJ du 21 janvier
2015). Elle se présente comme
une montre mécanique normale, dotée d’un mouvement à
remontage automatique. Mais le
boîtier abrite également un concentré de haute technologie
électronique qui transforme ce
garde-temps en véritable montre connectée: «Notre montre hybride fait vraiment un tabac! Nous
enchaînons rendez-vous sur rendez-vous», se réjouit son CEO
Sam Yang, dont c’est la première
participation à Bâle.
Il assure que de nombreux distributeurs internationaux réputés ont fait part de leur vif intérêt.
«Nous avons déjà plusieurs lettres
d’intention de leur part, que j’espère bien finaliser après Bâle»,
souligne le CEO. Il précise que
les premières montres seront livrées à partir de mai aux clients
qui avaient passé commande en
souscription. «Pour les distributeurs qui passent commande à
Bâle, nous serons en mesure de les
livrer à partir du mois de juillet»,
assure-t-il.
Des partenaires
Mais Kairos ne débarque pas
uniquement à Bâle avec ses propres garde-temps. Il propose sa
technologie à toutes les marques
intéressées, ainsi que le bracelet
connecté T-Band qu’il a également développé. Avec quel succès? «Ces derniers temps, j’ai rencontré les responsables de
plusieurs grandes marques suisses,
qui se sont tous dit très surpris et
très impressionnés par notre technologie, notamment par notre
écran semi-transparent. Mais leur
intérêt se porte davantage sur le
bracelet connecté que sur la montre
hybride. Ils craignent en effet que
l’adjonction d’une technologie
électronique venue de Corée du
Sud, du Japon ou de Chine ne les
pénalise en termes de communication par rapport au Swiss made. Ce
qui n’est pas le cas avec notre
T-Band.»
Les Suisses plus réservés
Si les horlogers suisses sont
plutôt sur la réserve face à cette
innovation, tel n’est pas le cas de
leurs concurrents américains ou
japonais, très emballés par la
montre hybride. «Nous avons
déjà des rendez-vous après Bâle
pour discuter très concrètement
sur la façon d’intégrer au plus vite
notre technologie dans leurs
garde-temps.» Dans ce contexte,
il s’étonne de l’accueil plutôt timide des horlogers suisses pour
cette technologie de montre hybride, «car notre système n’est pas
une concurrence pour l’horlogerie
traditionnelle, mais peut au contraire contribuer à renforcer l’attrait pour la montre mécanique»,
estime Sam Yang. PHO
Lorsqu’il n’est pas activé, l’écran semi-transparent donne à la montre
Kairos l’aspect d’un garde-temps mécanique «normal». LDD
TAG HEUER L’horloger annonce le lancement d’une montre connectée
INAUGURATION OFFICIELLE
TAG Heuer a levé un coin du
voile sur sa montre connectée.
La marque horlogère chaux-defonnière, détenue par le groupe
de luxe français LVMH, s’associe aux deux géants américains
Google et Intel pour créer son
modèle. Les partenaires ont
présenté leur projet hier sur le
stand de la marque horlogère,
face à une meute de journalistes.
La montre fonctionnera grâce
à la technologie Intel et au système d’exploitation Android
Wear, de Google. Le modèle n’a
pas été dévoilé, son prix et ses
fonctions non plus. La nouvelle
montre sera assemblée en
Suisse, a déclaré le président de
la division Montres de LVMH et
PDG de TAG Heuer JeanClaude Biver. Environ 80% de
sa valeur viendra de Suisse. Toutefois, en raison des exigences
de la législation helvétique, elle
ne pourra pas être labellisée
Baselworld 2015 a ouvert officiellement ses portes hier en
présence du conseiller fédéral
Johann Schneider-Ammann.
Sous le crépitement des flashes
et au rythme trépidant des tambours, le patron du Département fédéral de l’économie, de
la formation et de la recherche
(DEFR) a coupé le ruban symbolique en fin de matinée. Accompagné d’une imposante délégation, le conseiller fédéral a
ensuite entrepris une visite de
différents stands.
La tradition veut qu’un conseiller fédéral en fonction inaugure la manifestation, preuve de
l’importance du salon pour
l’horlogerie et pour l’économie
helvétique dans son ensemble.
Le ministre de l’Economie a vanté les mérites de l’art horloger,
«entraîné vers des sommets toujours plus élevés. Dans la précision, l’ingéniosité technologique et
En partenariat avec Google et Intel
Tag Heuer a créé l’événement hier en annonçant son partenariat avec
les deux géants de la Silicon Valley. LDD
Swiss made, a relevé JeanClaude Biver.
«Nous ne pouvions pas la fabriquer seuls. Ensemble, nous sommes plus forts», a estimé Jean-
Claude Biver, accompagné de
David Singleton, directeur de
l’ingénierie pour Android Wear,
et Michael Bell, vice-président
et directeur général du New De-
vices Group d’Intel. L’alliance
des trois groupes permettra de
«combiner les expertises respectives de chaque entreprise dans le
domaine des montres de luxe, du
software et du hardware».
TAG Heuer promet de créer la
première montre de luxe connectée à la vie de son utilisateur.
Elle sera la combinaison de l’innovation, de la créativité et du
design de la Silicon Valley, en
Californie, et de la Watch Valley
autour de La Chaux-de-Fonds.
Ce modèle n’aura rien à voir
avec l’Apple Watch, selon JeanClaude Biver. La collaboration
entre les trois entreprises a été
scellée au terme de la conférence de presse sur une meule
de fromage d’alpage venant de la
ferme de Jean-Claude Biver.
TAG Heuer ne sera pas la première marque à utiliser le système Android Wear. Celui-ci domine actuellement le marché
des montres connectées. ATS
Johann Schneider-Ammann
invité pour couper le ruban
dans des formes esthétiques toujours renouvelées».
Johann Schneider-Ammann a
toutefois reconnu que les risques avaient augmenté pour
l’économie, qu’il s’agisse de la
mise en œuvre de l’initiative
contre l’immigration de masse,
du franc fort, de l’environnement économique international
incertain ou de la crise ukrainienne.
«Le franc fort ne date pas d’aujourd’hui et nous a déjà contraint
par le passé à faire mieux que la
concurrence», a rappelé le conseiller fédéral. Johann Schneider-Ammann a relevé la nécessité d’améliorer les conditions-cadres de l’économie
suisse, vantant au passage le système de formation dual, un marché du travail libéral ainsi que le
partenariat social, qui permet de
régler les problèmes de façon
consensuelle. ATS

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