le cinéma des poètes
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le cinéma des poètes
Cinéma d’Avant-Garde / Contre-Culture Générale CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE 51 RUE DE BERCY 75012 PARIS LE CINÉMA DES POÈTES HOMMAGE À L’ANTHOLOGIE INTITULÉE « AUSSI HAUT QUE NOUS LE POURRONS. AVENTURES DANS LE COMMERCE DE LA POÉSIE » F.J. Ossang et Joe Strummer, tournage de Docteur Chance. Photo Christian Bamale. En juin 2005, apparut un livre qui nous a rappelé soudain ce qu’idéalement devrait être un livre : une proposition neuve, un geste radical, un volume splendide. Intitulé Aussi haut que nous le pourrons. Aventures dans le commerce de la poésie, il est publié par Monsieur Toussaint-Louverture. À l’initiative de Thierry Acot-Mirande, il s’agissait de constituer une anthologie de la poésie contemporaine. Mais une anthologie de la poésie « par elle-même », c’est-à-dire, en lançant une grande invitation ouverte, sans critères préétablis. Le filet peut paraître trop ample et hasardeux : au vu du résultat, on ne peut rêver rigueur plus totale. Comme le résume très bien l’éditeur, Dominique Bordes : « Thierry a réuni des forces. Qu’elles aient été reliées ou non, maintenant elles cohabitent, elles se présentent, se confondent, s'opposent et accaparent, les unes avec les autres. » Quelles sont ces énergies, attirées par la force gravitationnelle du projet ? Asia Argento, France Bourgeois, Michel Bulteau, Tina Brown Celona, Jean-Christophe Ferrari, Giovanni Fronte, Richard Hell, Alain Jugnon, Daniel Leuwers, Lydia Lunch, MBZ, Matthieu Messagier, Alexis Van Luys, F. J. Ossang, Jean-François Patricola, Claude Pélieu, Didier Rouge-Héron. On le constate à la simple lecture de ces noms : de nos jours et comme toujours (c’està-dire avant le XIXème siècle et la réduction éditoriale de la poésie au littéraire), les poètes chantent, dansent, font des concerts (punk, rock, beat), réalisent des films, traduisent, éditent d’autres poètes, défendent farouchement leurs idéaux avec tous les moyens expressifs dont ils disposent. Une figure secrète traverse beaucoup d’entre eux : celle de Burroughs, qui n’unifie rien mais irradie partout. Comme Burroughs, les auteurs publiés dans Aussi haut que nous le pourrons constituent autant de personnalités fascinantes, la distinction entre vie et œuvre n’ayant grâce à eux plus aucun sens. Super-star comme Asia Argento, anti-star comme Lydia Lunch ou Richard Hell, phares comme Michel Bulteau ou F.J. Ossang, hors du monde comme Giovanni Fronte, déjà mythiques comme Matthieu Messagier, Claude Pélieu ou France Bourgeois… « L'écrivain ou l'artiste est plus ou moins en porte-à-faux dans le monde ; qu'il le veuille ou non, son activité est asociale. Donc, ces individualités fortement campées sont des créateurs qui me paraissent de grands aventuriers de l'esprit et aussi du corps ; ils vont jusqu'au bout, ils paient de leur personne ; ce sont des destins. » (Thierry Acot-Mirande). Ainsi, lorsque l’on rencontre F.J. Ossang, on se trouve soudain confronté à un bloc de poésie vivante, dont non seulement les films, les textes, les disques, compagnons quotidiens, réclament d’être vus, lus et entendus sans cesse, mais dont chaque geste, chaque parole, chaque acte mériteraient d’être consignés pour leur beauté, leur énergie, leur drôlerie, une gentillezza digne des premiers compagnons de Francesco tels que les a représentés Rossellini. Ce n’est qu’un exemple prélevé sur le corpus des artistes réunis ici, pour indiquer comment la poésie contemporaine n’élabore pas un ailleurs du monde, elle enflamme celui-ci de ses intensités neuves. C’est pourquoi, pour cette fois, la Cinémathèque française ne se contentera pas de projections, elle leur associera la présence incomparable de certains des plus grands poètes de notre temps. « Fuck art, let's dance, disait un bombage punk sur les murs de Paris en 1978. Et c'est aussi l'une des meilleures raisons de publier un livre de poésie en 2005. » (Thierry Acot-Mirande). Vendredi 10 mars, 19h30. F. J. Ossang LECTURE PAR F.J. OSSANG Docteur Chance de F. J. Ossang, France-Chili, 1997, 97’, 35 mm avec Elvire, Pedro Hestnes, Joe Strummer, Marisa Paredes « JOE STRUMMER EST TOMBÉ DANS LE CIEL ce 23 Décembre. Eclats. London’s falling. Comment tuer les mots. Nous sommes seuls, murés dans une poche de France. En 96 nous étions au Chili – Joe Strummer était venu jouer le ghost pilot fatal. On s’était connu à Londres en 94. Il avait lu le script puis dit : « Acting is better for Actors, no… » Générosité finale, il avait lancé : - ok, Ossang, je le fais… et du même élan complice avait tracé le schéma de la naissance écossaise de sa mère, entre Bonar Bridge et Clashmore (sic !) – quand lui-même avait vu le jour en Turquie…Et puis les ans étaient passés, visite à Paris, fax et fax, mois vides, no french production, Dr Chance film impossible… En 96, quand j’avais enfin pu faire signe à Joe pour indiquer que nous partions tourner au Chili, sa réponse était tombée : - too late, trop rêvé « from the corpse of universe ».. Désespéré bien que je comprenne sa lassitude, j’avais adressé un dernier fax : la photo de Fitzgerald levant depuis les années du gin, soustitrée de la nouvelle « Cent faux Départs » pour signer juste : « So Long, Joe… » Dans la nuit même, vers 5 heures, le phone avait sonné : « You’re right, Ossang – Let’s Go… ». 3 mois plus tard, le film implosait en plein désert d’Atacama. Strummer avait débarqué, impérial via Santiago et Iquique, à 3000 mètres dans les Andes, précisément à Mamina… Le Dr Chance était en extrême péril – mais Joe était TOUJOURS là. Fast cars, Cédes et Pontiac, fast girls, et ce jet échoué dans le désert – playing Crude Rock’n’Roll & Nude Life – Angels luisant parmi l’acier solaire liquide et les morceaux de ténèbres. TOUT, soudainement, s‘était réuni, étoiles au bout des doigts pour décrire le mariage blakien du ciel et de l’enfer… Cette nuit Joe s’en est allé, gardé par les plus divins chevaliers d’Arthur – la Banshee veillant à la réincarnation du génie passé par l’Ecosse, le Caire, New-York et le Mexique… Terrible calcul de W.S.Burroughs, ce 23 Joe Strummer s’envole – voir si le ciel existe… Love Forever Joe … See You Soon… Your Brother F.J. OSSANG (23 Décembre 02) » Vendredi 10 mars, 21h30. Lydia Lunch LECTURE PAR LYDIA LUNCH Like Dawn to Dust de Vivienne Dick, 1981, EU, 6’, S8 Submit To Me de Richard Kern, 1985, EU, 12 min, 16 mm The Right Side of My Brain de Richard Kern, 1985, EU, 23 min, 16 mm Fingered de Richard Kern, 1986, EU, 25 min, 16 mm Vendredi 24 mars, 19h30. Asia Argento (I) La Scomparsa de Asia Argento, 2000, Italie, 8’, video (Vonst) Portrait de la poètesse et violoncelliste Roberta Castoldi Scarlet Diva de Asia Argento, 2000, Italie/EU, 91’, 35 mm Avec Asia Argento, Jean Shepard, Daria Nicolodi, Schoolly-D « Rated R for strong sexuality, language and drug content » Vendredi 24 mars, 21h30. Asia Argento (II) Le livre de Jérémie (The Heart Is Deceitful Above All Things) de Asia Argento, 2004, EU, 98’, 35 mm Avec Asia Argento, Jimmy Bennett, Dylan Sprouse, Cole Sprouse, Lydia Lunch, Marilyn Manson, Peter Fonda « Rated R for intense depiction of child abuse/neglect, strong sex and drug content, pervasive language and some violence. » Vendredi 7 avril, 19h30. Richard Hell LECTURE PAR RICHARD HELL Final Reward de Rachid Kerdouche, 1979, EU, 70 minutes, 16 mm avec Richard Hell, Cookie Mueller, Terry Toye, John Sex Musique par Richard Sohl « This film is fascinating document of era. » Richard Hell Vendredi 7 avril, 21h30. France Bourgeois En présence de France Bourgeois France Bourgeois est écrivain et scénariste. Elle n’a pas écrit le film de Pierre Jallaud, mais y interprète un rôle (sous pseudonyme), et le considère comme un admirable exemple de style et de cinéma d’auteur. Une infinie tendresse de Pierre Jallaud, France, 1969, 92 min, 35 mm Deux petits garçons dans un centre pour enfants handicapés. Selon le critique Callisto Cosulich, l’un des plus beaux films d’amour de l’histoire du cinéma. Vendredi 21 avril, 19h30. Tav Falco En présence de Tav Falco Tav Falco, chanteur, compositeur, acteur, réalisateur et danseur, est le leader du groupe Panther Burns. Du chef d’œuvre de simplicité radicale et empathique que représente Honty Tonk à l’ambiance « magick » de Love’s Last Warning où l’on retrouve Kenneth Anger, de l’influence de Jean Rouch à celle de l’expressionnisme allemand, le parcours de Tav Falco manifeste une intégrité bien comprise, au sens d’une exploration ouvrant progressivement et résolument l’éventail des rituels dansés. Son œuvre de cinéaste traite la danse tantôt dans sa dimension d’activité pulsionnelle, libératoire et inappropriable, tantôt comme fête quotidienne collective, comme cérémonie de réglage, comme ensemble de techniques disciplinaires, comme émergence de fables et de mythes corporels ou comme hygiène pour une élégance vitale. Shade Tree Mechanic de Richard Pleuger, 1970, EU, 21 min 40, 16 mm Honky Tonk de Tav Falco, 1974, EU, 26 min, video Avec Rural Burnside. Sur le blues pris à sa source la plus intense, un chef d’œuvre d’une beauté simple, radicale, envoûtante. Memphis Beat de Robert Gordon, 1989, EU, 3 min, video Why Was I Born (Too Late)? de Rainer Kirberg, 1992, Autriche, 4 min 40, 35 mm Love's Last Warning de Rainer Kirberg, 1995, Autriche, 5 min 34, 35 mm Avec Tav Falco et Kenneth Anger Vendredi 21 avril, 21h30. Justine Malle/Jean-Christophe Ferrari LECTURE PAR JEAN-CHRISTOPHE FERRARI Carnets de Shanghai de Justine Malle, France, 2004, 15 min, video Lumière d'avril de Justine Malle, France, 2004, 25 min, video Description empathique des quartiers pauvres de la Nouvelle-Orléans juste avant les cyclones Night for Day de HC Gilje, Norvège, 2004, 28 min, video Rugissements de Shanghai, clameurs visuelles de toute mégalopole, l’état plastique actuel des Symphonies urbaines. Nous remercions tous les artistes, distributeurs et ayant-droits, Dominique Bordes et Monsieur Toussaint-Louverture. Les films de HC Gilje sont édités par Lowave. Manifestation co-produite avec Thierry Acot-Mirande. « Parce que la poésie est à notre époque une activité absolument dénuée d’importance ».