Des paroles à l`écriture

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Des paroles à l`écriture
Vosges / Culture
A l’affiche
7
Le rappeur Youssoupha
à Epinal
Gérardmer : soirée débat autour
de la dépression postnatale
Le rappeur d’origine congolaise Youssoupha sera à
Epinal en concert à la Souris verte ce jeudi. Celui qui
se vante d’être accessible : « J’fais pas du rap pour les
rappeurs, j’fais du rap pour les gens », a connu un
vrai succès dernièrement avec « Noir D***», son
dernier album vendu à 120 000 exemplaires, aux­
quels s’ajoutent 500 000 ventes des singles « Drain »
et « On se connaît ». Après une grande tournée de
plus de 300 dates, il revient avec un nouvel album,
dont la sortie est prévue en mai, sous son label
Bomayé Music. Après la sortie de deux premiers
singles, c’est comme si Youss n’était jamais parti : sa
plume reste affûtée et son sens de la formule ne s’est
pas émoussé. Cela fuse à chaque mesure et on se
régale ! A ne pas manquer.
 Jeudi 30 avril à la Souris verte à Epinal. Tarifs :
19 €/16 €/13 €. Rencontre avant son concert à 18 h.
Inscriptions au 03 29 65 98 58.
Une soirée débat est organisée à la MCL de Gérardmer, ce
jeudi 30 avril à 20 h 30, sur le thème des dépressions postnata­
les. « Hungry Hearts » (notre photo), film italien coécrit et
réalisé par Saverio Costanzo, sorti en 2014, en sélection officiel­
le au festival international du film de Venise en 2014 (prix
d’interprétation féminine et masculine pour Alba Rohrwacher
et Adam Driver) aborde ce sujet délicat au travers de l’histoire
de cette jeune mère de famille qui s’efforce de protéger son
nouveau­né du monde extérieur et qui s’enferme dans une
relation fusionnelle avec son bébé… Un débat suivra la projec­
tion de ce film en présence du gynécologue Didier Henry,
Martine Maurer, psychologue à la maternité de Remiremont,
Blandine Grégoire et Isabelle Richard, toutes deux sages­fem­
mes libérales à Gérardmer.
 Jeudi 30 avril, à la MCL de Gérardmer, à 20 h 30,
projection du film « Hungry hearts » qui sera suivie d’un débat.
Des paroles à l’écriture
Les auteurs Brigitte Kernel, originaire de Rambervillers et Sophie Loubière, la Nancéienne, font l’actualité littéraire avec deux romans, « Dis­moi oui »
pour la première et « A la mesure de nos silences » pour la deuxième. Interview de deux femmes de plume, passionnées à la fois de lettres et de radio.
L
a radio est un de vos
points communs avec
Brigitte Kernel, pourquoi
avoir choisi ce média oral ?
« La radio est venue à moi
comme une évidence. Je ne
l’ai pas choisie. A 16 ans, je me
partageais entre le lycée, le
théâtre, mon piano et le studio
d’une radio locale à Nancy.
C’était pour moi un fabuleux
champ d’improvisations, je
découvrais que j’avais « une
voix ».
Qu’est­ce qui vous a décidé à
passer à l’écriture un jour ?
« Bien que l’écriture ait été
dès l’adolescence un moyen
de m’exprimer, parfois d’une
manière romanesque, elle
relevait de l’intime. Enfant dys­
lexique, ma maîtresse d’école
disait que mon orthographe
n’était que fantaisie. Ce fut un
long cheminement pour oser
franchir le pas, m’affranchir
des zéros portés au stylo rouge
sur mes dictées et oser écrire
un premier manuscrit. Les
encouragements sont venus
de mes professeurs de fran­
çais.»
Que vous apportent les
livres ?
« La force de vivre, de croire
en l’Homme, envers et contre
tout. Etre romancière, c’est
endosser aussi une part de res­
ponsabilité. Ecrire un livre
n’est pas anodin. Il ne s’agit
pas de « devenir écrivain »,
mais d’entrer en écriture, et
chaque jour, de faire ses gam­
mes, son apprentissage. Et cet
enseignement passe par la lec­
ture.»
Vous traitez dans votre der­
nier ouvrage, de l’amour filial.
Pourquoi ce thème ?
« On hérite à la naissance
d’un manteau trop lourd, tissé
de tous ces secrets de famille,
ces non­dits qui faussent nos
rapports aux autres, au monde
qui nous entoure. Si l’on
n’ouvre pas une parole, on
condamne l’enfant à reprodui­
re des schémas de vies à per­
pétuité. Dans « A la mesure de
nos silences », le personnage
François Valent comprend à
82 ans qu’il n’a jamais parlé du
drame qu’il a vécu durant la
guerre... Pas même à ses pro­
pres garçons. D’où l’urgence
de témoigner à son petit­fils.»
Vous évoquez aussi le men­
songe, la tromperie...
« Le mensonge est avant
tout l’expression d’un mal­
être. Une réponse à un senti­
ment de peur ou de jalousie.
Mais il peut aussi éviter bien
des souffrances. Ainsi, dans
« A la mesure de nos silen­
ces », François ment en pen­
sant protéger son ami Jean car
il craint de le perdre. Le men­
songe par omission – ne rien
dire d’un drame à ses enfants
pour ne pas les choquer, par
exemple – et celui qui fait le
plus de dégâts psychologique­
ment. Il m’intéresse infini­
ment.»
Comment pratiquez­vous
l’écriture ?
« Comme je peux ! Même si
depuis quatre ans, j’ai arrêté la
radio pour me consacrer à
l’écriture à temps plein, je suis
très prise par mes enfants et
mon travail d’administratrice
radio à la SACD.»
Quelles voix de radio vous
parlent aujourd’hui et ont
marqué votre parcours ?
« Celles de Pierre Bouteiller
et de Claude Villers que j’ai eu
le bonheur de côtoyer. Deux
grands hommes de radio
d’une culture inouïe. Mais aus­
si Jacques Chancel dont j’ai
pastiché une des radioscopies
lors d’un concours radio orga­
nisé sur France Inter en 1993...
L’inoubliable Jean­Christophe
Averty. »
Quels livres ont influencé
votre écriture ?
« La clé de verre, de Dashiell
Hammett, Salambô de Gusta­
ve Flaubert, Mauvaise journée
demain, de Dorothy Parker...»
La Lorraine et les Vosges, ça
représente quoi pour vous ?
« Cette maison de style 1900
que nous n’habiterons plus à
Nancy, où je suis née et que
j’aime profondément, ces
amis fidèles, de Saint­Dié à
Thionville, que je retrouve tou­
jours avec impatience, des
libraires passionnés et géné­
reux, un amour de jeunesse
jamais oublié éclos à Bussang
et dont je livre quelques
secrets dans mon roman.»
Donnez­nous un livre à
découvrir et une émission de
radio…
« Hammett détective » Col­
lectif (Syros). Et un feuilleton
écrit par le comédien François
Perache et diffusé sur France
Culture et qui a reçu le prix
Europa : http://www.france­
culture.fr/emission­ce­qui­
nous­arrive­avec­57­rue­de­
varenne­de­francois­perache­
prix­europa­2014­2014­10­29»
« Le mensonge
est avant tout
l’expression d’un
mal­être. Une
réponse à un
sentiment de peur
ou de jalousie. »
Sophie Loubière
« J’ai aimé l’an
passé, venir
écrire quelques
temps à Bouzey
qui m’a
littéralement
régénérée. »
Brigitte Kernel
Etre romancière,
c’est endosser
aussi une part de
responsabilité.
Ecrire un livre
n’est pas anodin. »
L
a radio est un de vos
points communs, pour­
quoi avoir choisi ce
média, vous, femme de
l’écrit ? « Par amour pour
l’écriture en général. Je ne
passe pas une journée sans
écrire. Et pas une journée sans
lire et sans m’étonner du
talent que l’on peut rencontrer
dans la littérature contempo­
raine. La radio, pour moi, est
une rampe de lancement
extraordinaire pour les écri­
vains que je reçois dans Lire
Avec. L’écriture m’a fait un
grand cadeau en se donnant à
moi et en me permettant
d’écrire des livres, il m’a tou­
jours semblé que c’était le
minimum de le rendre aux
autres auteurs en leur tendant
le micro. Qui plus est, entrer à
France Inter, c’est en tomber
immédiatement amoureux et
avoir envie d’épouser cette
station où souffle un vent de
liberté, de création, d’ouvertu­
re d’esprit extraordinaire. Et
de bienveillance. »
Qu’est­ce qui vous a décidée
à passer à l’écriture un jour ?
« J’ai toujours écrit, par la
volonté de ma mère qui, dès
l’âge de 7 ans, me faisait rédi­
ger sur un cahier des lignes ou
pages à propos de ce que
j’avais vécu dans la journée.
C’est devenu un rituel puis un
exercice, enfin une manière de
voir la vie et de la vivre. Je ne
me sens jamais aussi « com­
plète » et sereine que lorsque
j’écris ou fais de la radio. Com­
me en amour, finalement. Et
puis, comme souvent pour les
auteurs, des rencontres ont
été déterminantes, des per­
sonnes qui ayant lu mes petits
textes du départ, m’ont pous­
sée, Pierre Seghers, Andrée
Chedid, Françoise Sagan. »
Les livres sont aussi l’un de
vos points communs, qu’est­
ce qu’ils vous apportent et
qu’y puisez­vous ? « La littéra­
ture permet de s’exclure du
monde tout en l’embrassant
pleinement. Comme en amour
encore une fois. »
Vous traitez toutes les deux,
dans votre dernier ouvrage,
de l’amour et sa reconquête,
pour vous Brigitte Kernel, en
quoi ce thème vous inspire et
vous est cher ? « L’amour est
le plus beau des sentiments
humains, amour vers un ou
une autre mais aussi humanité
et empathie. Si c’est le sujet le
plus abordé en littérature,
c’est aussi le sujet le plus infi­
ni… »
Vous évoquez aussi le men­
songe, la tromperie… pour­
quoi ? « Parce que l’amour
peut être feint, truqué, men­
songé et que c’est un formida­
ble moteur romanesque. Évi­
demment tant que ces amours
manipulatoires sont de fiction,
c’est très agréable à traiter.
Mais dans la vie hors fiction,
« la vraie vie », ce n’est souhai­
table à personne. »
Comment pratiquez­vous
l’écriture ? « Comme un exer­
cice spontané quotidien, une
retraite monacale… Les deux
à la fois. J’ai pour chaque livre
des moments de brièveté dans
l’écriture et des périodes tota­
lement monacales consacrées
avec acharnement au livre en
cours. »
Quelles voix de radio vous
parlent aujourd’hui et ont
marqué votre parcours ? « Ève
Ruggieri, José Artur, Jacques
Chancel. Des maîtres et des
funambules ! »
Quels livres ont influencé
votre écriture ? « Tous… Ceux
que j’ai aimés comme ceux qui
m’ont déçue. Il y a toujours
quelque chose de bon dans un
livre finalement… Non ? »
Votre Lorraine à vous ? et
vos Vosges ? « Je suis née à
Rambervillers, ai grandi à
Nancy à partir de l’âge de deux
ans. Mes racines sont là. Ainsi,
j’ai aimé l’an passé venir écrire
quelques temps à Bouzey, ce
qui m’a littéralement régéné­
rée. Je reviendrai y écrire bien
sûr. Faire le tour du lac chaque
jour m’a beaucoup apporté et
donné l’idée d’un prochain
roman. D’ailleurs Bouzey figu­
re dans « Dis­moi oui » d’une
manière anecdotique, certes,
mais c’était important pour
moi que cet endroit soit entre
mes pages. »
Donnez­nous un livre à
découvrir (en dehors des
vôtres…) et une émission de
radio qui vous sont proches…
« Relire et relire Zweig. Et ne
pas passer à côté de
« Les Mémoires d’Adrien » de
Marguerite Yourcenar,
« Les Poésies » d’Andrée
Chedid et « Les Nourritures
terrestres » de Gide. En radio,
c’est sur France Inter que
j’aime écouter la radio, parti­
culièrement Pascale Clark,
femme de micro extra douée
et Mathieu Vidard, animateur
que j’ai découvert à Nancy sur
France Bleu. »
Sophie Loubière
Bio express
Bio express
1959
« L’écriture m’a fait
un grand cadeau
en se donnant à
moi et en me
permettant d’écrire
des livres. »
1966
Née le 10 décembre à
Nancy.
1993
Remporte le concours
« Les enfants d’Inter ».
1995
Naissance à Ramber­
villers.
1989
Anime « Noir sur blanc »
sur France Inter jusqu’en
1996.
1993
Brigitte Kernel
Remporte le prix SACD
Nouveau Talent Radio en
1995.
Son 1er roman « Une jour­
née dans la vie d’Annie
Moore » reçoit le prix Paul
Guth.
2006­2010
2006
Elle anime « Parking de
nuit » sur Inter.
Anime « Noctiluques »
sur France Inter (de 1 h à
5 h).
Propos recueillis
par Sabine LESUR
2011
2012
Elle sort au Fleuve noir,
son 1er roman « L’Enfant aux
cailloux », roman noir qui
obtient quatre prix.
Anime « Lire avec » sur
France Inter (mardi à
23 h 15.)
Sophie Loubière vient de sortir « A la mesure de nos silences ». DR
Brigitte Kernel vient de publier un roman : « Dis­moi oui ».
Sur votre agenda
Festival
Coup de théâtre sur la ville
MIRECOURT
Après une petite mise en
bouche à base de rencontres
et de petits­déjeuners copieux
composés de savoureuses
histoires et ateliers, le festival
Coup de théâtre prend de
l’étoffe et atteint sa forme ini­
tiale avec une semaine com­
Légum’sec, un conte dès 9
mois.
mercredi 29 avril 2015
plète de spectacles du diman­
che 3 au samedi 9 mai, sur le
secteur de Mirecourt. Et ce
avec une petite dizaine de
spectacles qui révéleront des
univers différents pour petits
et grands.
Parmi les nouveautés, on
peut noter la journée « Enfants
emmenez vos parents ! » qui
se dégustera en famille ven­
dredi 8 mai avec plusieurs ren­
dez­vous. A commencer par
« Fiers à cheval », un spectacle
déambulatoire qui sera propo­
sé à Mirecourt à plusieurs
horaires (11 h 30, 16 h 45 et
22 h) et à trois endroits diffé­
rents (petit parc, bords du
Madon et espace Flambeau).
Cette cavalerie poétique se
disputera les faveurs du public
avec d’autres shows tout aussi
attachants. A commencer par
« Venavi ou pourquoi ma
sœur ne va pas bien » (à la
Fabrique), un spectacle joyeux
qui évoquera le lourd sujet du
deuil et de la vérité, présenté
par le Théâtre du phare (15 h).
DR
Les frères Panini feront leur
cirque en soirée à l’espace
Flambeau (20 h 30) par le biais
de Bénito et Giovanni, afin
d’initier leur public à un super
numéro de dressage d’élé­
phant. Début de ce festival
dimanche 3 mai à l’école de
musique de Mirecourt, à
14 h 30, avec « D’elle à lui »,
qui sera également joué le len­
demain à Poussay et suivi d’un
repas rencontre avec les artis­
tes. Un spectacle à partir de
12 ans. Enfin, pour les ama­
teurs de cabaret, ne manquez
pas « Que d’espoir », par la
Cie Rêve général mercredi
6 mai à l’espace Flambeau.
Sans oublier un conte pour
tout­petits samedi 9 mai,
« Légum’sec », à la médiathè­
que, suivi à 20 h d’un grand
spectacle festif, « La Grande
Troupe » (espace Flambeau).
Chaque représentation est sui­
vie d’une rencontre avec les
artistes !
S.L.
 www.ot­mirecourt.fr
Hommage à Maurice Pottecher
à Bussang
Théâtre. – Le Théâtre du Peuple rendra hommage tout cet
été à Maurice Pottecher son fondateur avec une pièce « Un
d’eux nommé Jean ». Elle sera présentée les vendredi 1er,
samedi 2 à 19 h et dimanche 3 mai à 15 h.
 Formule dîner­spectacle : 18 € repas compris
Réservations : tél. 03 29 61 62 47 aux ATP d’Epinal les 20,
21 mai.
Concert de Soul
à La Grande­Fosse
Musique. – L’association Grande Fosse Café propose un
concert de Soul avec Mr Yaz. Ce dernier distille une musique
mêlée de funk, de rock et de soul.
 Samedi 2 mai, à 20 h 30, à La Grande­Fosse, salle du
musée. Entrée : 10 €.
L’histoire du hip­hop projetée à Epinal
Cinéma. – Aujourd’hui en collaboration avec la Souris verte,
le Cinés Palace d’Epinal vous propose un film sur la thémati­
que hip­hop en lien avec le concert de Youssoupha.
 A 18 h. Cinés Palace d’Epinal. Tarif : 4,50 €.
Contactez­nous !
Fiers à cheval, un magnifique et féérique spectacle
déambulatoire qui sera présenté trois fois.
DR
Vous souhaitez nous transmettre vos dates de concerts, spec­
tacles et autres manifestations culturelles ? Alors n’hésitez pas à
joindre [email protected], adeline.asper@vosges­
matin.fr, [email protected] ou par téléphone au
03 29 82 67 73. Contactez­nous !
La Liberté de l’Est ­ L’Est Républicain

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