Née sous X, l`histoire d`un terrible secret

Transcription

Née sous X, l`histoire d`un terrible secret
Bassin
La Dépêche
du Bassin
N°1063 du 6 au 12 octobre 2016
L’AUTEUR ET JOURNALISTE DU BASSIN, SABINE MENET, SORT UN LIVRE ÉVÉNEMENT
Née sous X, l’histoire d’un terrible secret
« Il faut que je te
dise quelque chose…
Je ne suis pas ta
vraie maman. »
Phrase ”coup de
poing” et mots
qui choquent que
Sabine Menet a pris
en pleine figure.
C’était en 2008 à
l’âge de 33 ans. Un
très lourd secret
de famille, point de
départ d’une quête
de ses origines qui
durera quatre ans.
Cette Gujanaise,
journaliste à SudOuest, la raconte
dans un livre
poignant.
E
t soudain, les fondations
d’une vie s’effondrent, les
bases familiales, que l’on
croyait solides, volent en éclat…
C’est ce qu’a vécu, de manière
extrêmement brutale, Sabine
Menet. Journaliste pour le quotidien Sud-Ouest à Arcachon et
habitante de Gujan-Mestras, cette
jeune femme vient de faire paraître
”Née sous X”, chez Lemieux Editeur. Un livre où elle raconte, par
le menu, la quête labyrinthique,
presque kafkaïenne, d’une femme
à la recherche d’une vérité qu’on
lui a cachée durant trois décennies. « Dès les premiers jours de
cette révélation, j’ai démarré un
journal de bord. Il me fallait figer
les choses de façon chirurgicale »,
témoigne-t-elle. « L’idée du livre
est venue plus tard mais c’était
important pour moi d’écrire ce que
je vivais afin de bien l’ancrer dans
la réalité. »
« Comme si j’étais leur fille »
Retour en 2007, dans une réalité
crue et brutale, avec les mots de
l’auteur : « À la fin du mois de
novembre, mon père s’est tiré une
balle dans la tête. Il a appuyé sur
Le témoignage de Sabine Menet a intéressé les médias nationaux, notamment le 13H de France 2 et ”C’est à vous” sur France 5.
la détente dans la cave attenante
au garage, en sous-sol, sur de la
terre battue, comme si sa tombe
était déjà creusée. » Malade
depuis de longs mois, son père
choisit le jour de sa mort, au lieu
de l’attendre, ne pouvant supporter sa déchéance… C’est dans ce
contexte, lourd et dramatique, que
sa mère lui avoue, en février 2008,
un secret de famille enfoui depuis
33 ans : « Je ne suis pas ta vraie
maman. »
« La vérité, c’est que je ne suis
pas sa fille », écrit Sabine Menet.
« Même si cela fait trente-trois ans
qu’elle me prétend le contraire.
La vérité, c’est que mes parents
m’ont adoptée à l’âge de neuf
mois. »
Autour d’elle, parmi le cercle familial, tout le monde savait et faisait
comme si… « Comme si j’étais sa
fille, comme si j’étais leur nièce ».
Un séisme que la jeune femme
encaisse avec d’autres terribles
répliques qui lui parviennent plus
tard au gré de ses recherches : sa
date de naissance est elle aussi
erronée, tout comme sa commune
de naissance et, évidemment, son
nom de famille.
Face au secret
de l’accouchement
Mais de ce choc initial, un besoin
irrépressible naît alors en elle.
« Celui de connaître mes origines,
d’en savoir plus », avoue-t-elle.
« D’être une archéologue de mon
passé. » C’est bien là le cœur du
livre : cette quête vertigineuse pour
arriver à mettre un nom sur une
mère, sur un père. « Je ne cherchais pas une maman, en tant que
personne physique. Je recherchais
à travers elle mon identité. »
De 2008 à 2012, Sabine Menet va
alors frapper à toutes les portes,
se heurter à des murs administratifs et des non-dits entourant
l’accouchement sous X tout en se
perdant elle-même dans un état
de rupture et de dépression. Avec
elle, le lecteur pénètre dans les
bureaux du Conseil National pour
l’Accès aux Origines Personnelles,
dans ceux de l’Aide sociale à l’enfance, du Département et même
des archives hospitalières.
Face au secret de l’accouchement,
tous les moyens sont bons pour
parvenir à obtenir, même parfois,
des bribes d’infos : une date de
naissance, une confession reli-
gieuse, une infime description
pour, in fine, coucher sur le papier
le nom et le prénom de sa mère
biologique. Et dans cette quête,
Sabine Menet a pu compter sur
une vraie communauté des ”sous
X” qui, tour à tour, forment un
cercle d’amitié, d’entraide, de
réconfort et de militantisme…
Ce livre, la journaliste gujanaise l’a
écrit pour elle bien sûr mais aussi
pour les 500.000 personnes nées
sous X en France, pour les enfants
nés par insémination artificielle
avec donneur anonyme également
victimes du secret de naissance
et pour que les choses changent :
« On peut respecter le droit à la
connaissance des enfants et le
droit à la discrétion des mères.
Je me positionne contre l’accouchement sous X, pour un accouchement dans la discrétion et une
adoption ouverte. Cela existe dans
la plupart des pays, la France fait
hélas exception… »
« Aucune question, aucun
risque de s’impliquer »
Sans déflorer le corps de son récit,
on peut tout de même annoncer
que Sabine a retrouvé sa mère.
Extraits. « Le jour où j’ai rencon-
tré ma mère, j’ai découvert une
femme avec laquelle l’échange
était simple. Évident, naturel,
intellectuel et parfois même drôle.
Nous avons fait de l’humour, c’est
à peine croyable. En fait, je dois le
reconnaître : je l’ai bien aimée. Et
ce, même si elle a refusé de me
dire qui était mon père. Même si
elle n’a rien voulu savoir de moi.
Comme les autres. Aucune question, aucun risque de s’impliquer.
Aucune remise en cause de leur
système. »
Aujourd’hui, une poignée d’années
après ce premier rendez-vous,
Sabine et sa mère biologique
n’ont pas rompu les liens : « Oui,
nous nous voyons. Mais ma mère
a encore besoin de temps, nous
avançons à notre rythme toutes
les deux… »
[ J-B.L. ]
- Née sous X - L’enquête interdite,
de Sabine Menet, Lemieux Editeur,
septembre 2016.
- À noter que La France, l’Italie et
le Luxembourg sont les seuls pays
à pratiquer l’accouchement sous
X. Partout ailleurs, on reconnaît
aux enfants abandonnés le droit de
connaître leurs origines.
DE RETOUR À MARCHEPRIME
La commune en fête pour
accueillir Émilie Andéol
Toute la commune a rendez-vous le samedi 8 octobre pour
marquer le retour de la championne olympique de judo Émilie
Andéol !
Elle était très attendue, depuis son titre olympique décroché le
vendredi 12 août dernier à Rio de Janeiro, au Brésil. À l’occasion
de son retour, la commune et le club de judo organisent une fête
ouverte à l’ensemble de la population : rendez-vous le samedi
08 octobre dès 17 heures devant la gare de Marcheprime, pour
accueillir de manière festive la championne dès la descente du
train ! Elle sera ensuite accompagnée par un cortège au complexe sportif de la ville, où plusieurs surprises et récompenses
l’attendent. Après un buffet offert par la municipalité, la soirée
se poursuivra à partir de 20h30 à l’Espace Culturel La Caravelle,
avec un repas (payant) ouvert à tous sur le thème du Brésil, organisé par le Club de judo, en compagnie de la championne.
[ C.L. ]
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Repas dansant sur le thème du Brésil organisé par le club de judo, samedi
8 octobre à partir de 20h30, salle culturelle La Caravelle à Marcheprime.
Tarif adultes 30 euros, enfants 20 euros. Informations et réservations au
06.81.61.01.52.