Compte rendu de la délégation Cgt 94 à Athènes Cédric QUINTIN
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Compte rendu de la délégation Cgt 94 à Athènes Cédric QUINTIN
Compte rendu de la délégation Cgt 94 à Athènes Cédric QUINTIN, secrétaire général Cher(e)s camarades, Quand nous avons programmé cette réception conviviale pour rendre compte de notre déplacement syndical récent en Grèce, nous n’avions pas imaginé qu’elle puisse se dérouler dans une telle actualité, dans un tel affrontement entre une large majorité du peuple grec et les rapaces de la finance, ceux qui la protègent que sont le FMI, la Commission européenne, la banque centrale européenne avec le concours d’à peu près tous les chefs d’état. Depuis ces dernières heures, les événements s’accélèrent, l’affrontement s’aiguise, les chantages et pressions à l’égard du peuple grec et son gouvernement s’intensifient, la désinformation et la manipulation idéologique s’accentuent. Ils nous annoncent presque l’apocalypse, ils tentent, à longueur d’antenne, de distiller en Grèce et en Europe un sentiment de chaos ! En plus de pratiquer l’asphyxie financière d’un peuple et d’un état, ils n’hésitent pas, à l’image des pires impérialistes américains, à tenter de déstabiliser un gouvernement et à préparer en secret un retour éventuel d’une coalition politique plus docile à leur logique austéritaire. Assurément cher(e)s camarades, ce qui se passe actuellement, ce qui se joue en ce moment même en Grèce, et par voie de ricochet dans toute l’Europe, est d’une extrême gravité ! Loin d’être technique, économique ou financier ce qui se joue en Grèce est avant tout politique ! en tentant de mettre à genou ce peuple, en l’obligeant à renoncer au programme sur lequel Alexis TSIPRAS a été élu, ils cherchent, ni plus ni moins, à imposer à tous les peuples d’Europe l’idée qu’il n’y aurait pas d’alternatives possibles aux politiques d’austérité budgétaire qu’ils ont autoritairement mises en œuvre. Dans ce contexte, hormis la restitution que nous allons pouvoir vous faire de notre séjour, je vous propose de placer résolument cette soirée au service de la vérité sur ce qui se dit et se joue réellement en Grèce et d’en faire un moment fort de notre soutien et de notre engagement auprès de ce peuple qui a décidé de ne plus courber l’échine devant les oligarques et puissances de l’argent. C’est avec grand plaisir et honneur que nous accueillons d’ailleurs ce soir Nestor Nestoridis, membre du secrétariat de Syriza Paris, qui a eu la gentillesse de répondre favorablement à notre invitation. Nestor interviendra à l’issue de cette restitution pour nous faire un point précis, détaillé des derniers événements et de l’état d’esprit qui règne en Grèce et dans Syriza après la décision courageuse du premier ministre, validé par le parlement, d’avoir recours au référendum populaire le 5 juillet prochain. Référendum auquel Alexis Tsipras et les progressistes ont déjà appelé à voter non au diktat de la troïka, mais je laisse à Nestor le soin de nous présenter tout cela. Pour faire vite, c’est donc dans ce pré contexte et dans cette après victoire législative de début d’année que notre union départementale a décidé d’envoyer une délégation de son Bureau à Athènes du 6 au 9 mai dernier. Cette délégation était composée d’Anita Masselier (que j’excuse ce soir), de Benjamin Amar, de Thierry Lagaye, de Julien Léger, de Philippe Leprat (également excusé) et de moi-même. Le but de ce voyage, après la participation de nos camarades Grecs lors de notre dernier congrès, était d’ouvrir et de concrétiser une nouvelle coopération syndicale entre la Cgt du Val-de-Marne et les syndicalistes grecs. Coopération syndicale nouvelle qui dorénavant s’ajoute à celles que nous avons déjà avec nos camarades de la CTC de Santiago de Cuba (dont une délégation vient de revenir), nos camarades de la FGTB de Liège et ceux de la CGIL des Abruzzes. Le syndicat avec lequel nous venons d’ouvrir cette coopération s’appelle, retenez ce nom, EKA, basé à Athènes. EKA est une organisation territoriale interprofessionnelle similaire à notre UD. Le mouvement syndical en Grèce s’articule exclusivement autour de deux grandes confédérations. Une première qui concentre tous les syndicats relevant de la fonction publique, une seconde intégrant tous les autres grands secteurs professionnels du pays. La pluralité syndicale s’exerce au sein même de ces deux confédérations contrairement en France où on compte autant de syndicats qu’il y a d’idées et de tendances. Le droit de tendance est autorisé et organisé par bloc politique qui y est directement représenté. Ainsi à Athènes par exemple, EKA est dominé par les communistes, par un des deux courants du PASOK (PS) et par META (branche Syriza). Au niveau confédéral, META n’arrive qu’en 4è position. A l’échelle d’autres territoires, Ce sont d’autres tendances qui se trouvent majoritaires. Bref, vous le devinez sans doute déjà, ça ne doit pas être facile tous les jours pour se mettre d’accord, pour engager l’action et fédérer tout ça. A noter cependant que cette représentativité syndicale est antérieure à la nouvelle configuration politique issue du début d’année. On peut facilement supposer qu’il y aura des rééquilibrages lors des prochains congrès syndicaux. Second aspect intéressant de ce séjour éclair, c’est la rencontre que nous avons tenue avec plusieurs responsables syndicaux de branches professionnelles et le meeting que nous avons tenu en commun avec nos camarades des Commissions ouvrières espagnoles devant 130 syndiqués grecs. Meeting centré sur la dénonciation de l’austérité en Europe, les solutions alternatives communes, l’enjeu de la lutte syndicale européenne et, bien sûr, notre soutien et notre solidarité sans faille à nos camarades grecs. Vous avez été destinataires, ou vous trouverez sur le site de l’UD, l’intervention que nous avons prononcée au nom de l’UD ainsi que d’autres documents et photos. Évidemment, nous avons vécu en direct ce que signifie être un pays laboratoire des politiques de rigueur, ce que signifie entrer dans une crise humanitaire due aux politiques meurtrières de la troïka et des eurocrates ! Des baisses de + de 30% des salaires et pensions en quatre ans, un Smic qui passe de 750 € à 500 €, un PIB qui diminue de 25% dans le même période et une dette, la fameuse dette illégitime et odieuse qui sert à justifier cette démolition sociale dans les hôpitaux, les écoles, le logement ou dans l’accès à l’énergie !!! Malgré tout cela chers camarades, ce que j’ai envie de vous raconter ce soir et de retenir pour les prochains jours, ce sont, sans aucun doute, la dignité, l’orgueil, la simplicité, la combativité et l’humanisme de tout un peuple qui a héroïquement résisté durant toutes ces années. (40 grèves générales en 5 ans), qui a évité le pire électoralement, je veux parler ici des néo nazis d’Aube dorée et qui a enfin décidé de donner une première traduction politique à son refus de voir se poursuivre ce massacre austéritaire et cette injonction, cette ingérence, cette colonisation de la troïka et du monde financier ! C’est cette souveraineté retrouvée, cette dénonciation de l’orthodoxie libérale, cette aspiration à s’émanciper des logiques des marchés, cette exigence à replacer au centre du pays l’humain d’abord que la troïka entend briser, comme elle entend briser dans l’œuf toute idée d’alternatives politiques et sociales possibles. Leur crainte principale, c’est bien celle de voir se propager dans d’autres pays européens, l’Espagne notamment, ce nouvel espoir de progrès social possible ! Au regard de la dimension énorme du combat dans lequel nous sommes, à bien des égards historiques, je ne désespère pas, personnellement, que la Cgt s’engage beaucoup plus massivement dans ce bras de fer capital. Les conclusions de la commission sur l’audit de la dette publique sont suffisamment précises pour amplifier et élargir la mobilisation de tous les progressistes en Europe qu’ils soient issus du monde associatif, syndical ou politique. Pour faire court, et on le savait déjà, il s’agit avant tout d’une transformation de la « crise des banques privées en une crise de la dette publique ». Rien d ‘autre, tout le reste n’est qu’enfumage, instrumentalisation, stratégie de la peur et dramatisation des chiffres. Je ne vais pas empiéter sur l’intervention de Nestor, ni sur celle des camarades qui composaient la délégation qui souhaiteraient dire quelques mots complémentaires sur ce séjour, mais, vous l’aurez compris, c’est un engagement franc, sincère, lucide et résolu qu’entend amplifier l’UD du Val-de-Marne auprès de nos camardes grecs. Le premier soutien que nous allons continuer à leur apporter c’est celui de mener ici même la lutte, le combat contre la politique d’austérité, du couple Hollande – Gattaz ! Juncker a osé déclarer récemment qu’il ne pouvait y avoir de choix démocratiques contre les traités européens. Avec nos camarades grecs et syndicalistes européens nous allons donc continuer la bataille pour éradiquer ces traités mortifères et refonder l’Europe sur des bases réellement démocratiques d’émancipation des peuples. C’est l’enjeu du prochain congrès de la CES comme c’est l’enjeu de notre 51 ème congrès de la Cgt. Enfin, nous allons examiner après avoir consulté nos camarades d’EKA, qui viendront dans notre département en octobre prochain, quel type de solidarité concrète nous pouvons mettre en place : jumelages d’unions locales, collectes de médicaments et d’appareils médicaux, récoltes financières, tourisme social par le biais de nos comités d’entreprise, l’heure, je crois, est arrivée pour franchir solidairement une nouvelle étape dans notre engagement. Quant à la bataille idéologique médiatique, il nous faut dès à présent l’accentuer, au moins, je dirais, pour informer les syndiqués et salariés sur lesquels nous rayonnons de la nature réelle des négociations, les contrepropositions qui sont faites à la troïka, les premières réalisations du gouvernement grec. C’est, me semble-t-il, fondamental dans cette période. Le peuple grec et son gouvernement ont enfoncé un coin dans le mur de l’austérité et du libéralisme comme seul modèle possible. C’est à nous de nous y engouffrer et c’est maintenant qu’il faut le faire. Je vous remercie de votre attention et je passe la parole à un de mes camarades avant que Nestor nous dise quelques mots.