Des papiers peints au musée

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Des papiers peints au musée
Décoration et Architecture
Décoration et Architecture
Papier peint (dessus-de-porte)
à motif de perroquet et d’oiseaux.
Manufacture Hartmann Risler
& Cie, Rixheim.
Dessin de Joseph-Laurent Malaine,
1800-1801.
Impression à la planche et éléments
découpés, 73.3 x 126.6 cm.
Fragment de papier peint à motif
d’indienne provenant du Château de
Prangins. Manufacture inconnue
(Angleterre ?), vers 1910-1920.
Impression mécanique,
53.6 x 54.2 cm.
©Musée national suisse.
©Musée national suisse.
Des papiers peints
au musée
Il était ringard et regardé avec mépris par les décorateurs.
Aujourd’hui, le papier peint prend sa revanche, s’imposant comme
une des tendances déco incontournables. Jusqu’au 1er mai
prochain, le Château de Prangins lui consacre une exposition
intitulée «Papiers peints, poésie des murs», qui met en scène les
collections inédites du Musée national suisse.
P
endant longtemps, le nom
de papier peint évoquait les
pavillons de banlieue où des
grand-mères régnaient dans un décor
kitsch dont les murs étaient saturés
de motifs de fleurs. Pourtant, le papier peint avait connu des heures de
gloire. A partir de 1780, il est même à
son apogée en France où l’élégance
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N U M É R O
de ses motifs et la qualité de son impression incitent les classes aisées à
abandonner les soieries à son profit.
Nettement moins coûteux que ces
dernières, il permettait de changer
plus souvent de décor.
La diversité des décors posés témoigne d’une grande créativité,
allant des luxueuses impressions
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à la planche du XVIIIe siècle, dont
certaines sont signées de la manufacture royale de Réveillon, aux rouleaux industriels de la fin du XIXe
siècle, avec leurs motifs historicisants ou Art nouveau.
Pour preuve: la présentation, côte à
côte, de deux célèbres papiers panoramiques de la fabrique Zuber: la
Grande Helvétie et la Petite Helvétie. Imprimés à la planche de bois
gravée, ils traduisent le succès de
ces panoramiques qui déroulent
entre 1800 et 1860 des paysages
de rêve dans de nombreuses maisons. Etonnamment, si la Suisse
n’a presque pas produit de papier
peint, elle a cependant inspiré de
nombreux créateurs.
En Suisse, l’utilisation de papier
imprimé dans la décoration intérieure date de la seconde moitié
du XVIe siècle. L’intérieur du bâtiment du château de Prangins, par
exemple, avant qu’il soit restauré et
transformé en siège romand du Musée national suisse, était largement
recouvert de papiers peints dont les
fragments les plus anciens retrouvés remontent aux années 1760.
Quant aux plus récents, ils datent
des années 1930.
Au cours du XIXe siècle, les progrès techniques, dont l’apparition
du rouleau de papier en continu
et l’impression mécanique, contribuent à la démocratisation du papier peint, dont le prix baisse considérablement. Les papiers peints
bon marché, dont ceux qualifiés de
lavables, font leur apparition.
La messe semblait définitivement
dite pour le papier peint. Mais dès
le début du XXe siècle, la résistance
s’organise, avec quelques fabricants
qui renouent avec la tradition des
papiers imprimés manuellement à
la planche et collaborent avec des
artistes renommés. C’est le cas,
notamment, du fabricant genevois
Henri Grandchamp, qui travaille
avec les meilleurs dessinateurs de
son époque, parmi lesquels Cingria
et Bischoff.
On retrouve aujourd’hui cette
même démarche dans le papier
peint contemporain, et notamment
des collections signées des artistes
suisses Olivier Mosset ou Francis
Baudevin.
Pour mettre l’art aux murs! n
Johanna Perrin
Papier peint à motifs géométriques.
Firme Wallpapers by Artists, Dijon.
Dessin de Mai-Thu Perret, 2008.
Impression mécanique,
1000 x 53 cm.
©Musée national suisse.
Exposition
«Papiers peints, poésie des murs»
Jusqu’au 1er mai 2011
Musée national suisse
Château de Prangins
Tél.: + 41 (0)22 994 88 90
www.chateaudeprangins.ch
mardi - dimanche, de 10h à 17h
D É C E M B R E 2 0 10 – F É V R I E R 2 0 11
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