Entrevue vidéo avec Monsieur Jérôme Proulx le 9 octobre 2009 lors

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Entrevue vidéo avec Monsieur Jérôme Proulx le 9 octobre 2009 lors
Entrevue vidéo avec Monsieur Jérôme Proulx le 9 octobre 2009 lors du lunch annuel du
Club Quart de Siècle.
Nous avons le bonheur aujourd’hui d’avoir avec nous Monsieur Jérôme Proulx. Monsieur
Proulx a été professeur ici au Collège militaire royal de Saint-Jean et il été aussi, après
avoir été professeur, il a aussi été député à l’Assemblée nationale et il a fait du travail pour
le Collège où il avait travaillé et nous allons le laisser nous parler de ce qu’il a fait afin que
le Collège devienne une université à part entière. C’est grâce à lui. Demandons-lui de nous
raconter un peu.
C’est peut-être le meilleur coup de ma vie comme homme public, homme politique. J’étais à
mon bureau un lundi matin et je reçois un téléphone du général Parent. Il dit « Je veux vous
rencontrer. ». Alors, on se rencontre. « Qu’est-ce que je peux faire pour vous ?
Il dit : « Je veux faire du Collège une université. » Alors, pour moi, j’étais un peu perdu. Faire
une université, je ne savais pas. Alors, dans la journée même, j’appelle René Lévesque :
« Monsieur Lévesque, est-ce que je peux vous parler ? » Le Commandant veut faire du Collège
militaire une université, auriez-vous une objection ? Monsieur Lévesque, comme Premier
Ministre, dit « Non, aucun problème. »
Alors, je retourne à Québec et j’en parle à Pierre-Marc Johnson qui est Ministre des Affaires
inter-gouvernementales. Pas de problème.
J’en parle à Monsieur Bérubé, Ministre de l’éducation. Pas de problème.
J’en parle aussi à deux trois. Puis, tout le monde est favorable. Donc, tout va bien. On
commence à préparer la loi.
La seule personne qui m’a causé des problèmes, c’est Monsieur Ryan qui était à ce moment-là
député de l’opposition et critique officiel dans l’éducation qui posait des problèmes. Il m’a
demandé d’apporter les dossiers.
Ce qui est intéressant de cette loi-là. Cela s’est passé à l’été de 1985
On étudie la loi en commission parlementaire. Et ce qui est intéressant, c’est qu’on repasse ça
dans l’après-midi. On l’étudie article par article, Le soir même, c’est passé en chambre. Le
lendemain soir, c’est signé par le lieutenant-gouverneur. Le lieutenant-gouverneur, c’était
Monsieur Lamontagne, un ancien militaire. Donc, on était un peu dans un milieu militaire.
Et la chambre est fermée le lendemain matin. La chambre est fermée. Alors, si jamais cette loilà n’avait pu être passée, cette loi 222, on aurait peut-être attendu 2-3 ans parce qu’on a eu
après ça des élections, changement de gouvernement.
Et puis la personne qui était le plus en mesure de passer cette loi, de monter les dossiers, puis
tout ça, c’était moi parce que j’avais été 10 ans ici comme professeur. Je connaissais tous les
professeurs, je connaissais les lieux, je connaissais l’histoire et surtout je connaissais les
personnes responsables.
Donc, moi, comme député, c’est la chose le plus importante dans ma vie comme homme public,
c’est d’avoir fait du Collège militaire une université. Et c’était la huitième université au Québec
avec l’université de Montréal, Concordia, Bishop. En fait, c’était la huitième.
Et, ma plus grande déception aussi, c’était en 1995 quand on ferme l’université de Saint-Jean et
pour moi, ça a été une profonde déception à cause des problèmes qu’on connaît. Mais,
maintenant, petit à petit, tout semble revenir.
Et les gens nous posent la question « Est-ce que la charte existe toujours? »
Bien oui, la loi 222 existe toujours, la loi est toujours là. Alors, si jamais le Collège veut
devenir une université, je ne pense pas que ça cause de problème. Il n’y a personne qui a
abrogé la loi 222 que nous avons passée en 1985.
« Alors, si le nouveau Collège militaire qui a ouvert ses portes l’an passé (2008), s’il voulait
obtenir l’assentiment du Ministère de la Défense nationale et agrandir les cours, aller
jusqu’au niveau du baccalauréat, on n’aurait pas toutes les démarches à faire auprès du
provincial.»
Non, je ne pense pas. Je pense qu’il n’y a pas de problèmes.
C’était la volonté du général Parent. Et celle du Chef d’état-major à Ottawa à ce moment-là, en
1985 (Général Gérard Thériault). C’était aussi son désir à lui; il avait été ici au Collège
comme vice-commandant et comme Commandant.
Moi, je voudrais faire du Collège militaire une université comme à Royal Roads qui était une
université, comme à Kingston qui était une université. Et ici, c’était inacceptable qu’au Collège
militaire, que les étudiants, les élèves-officiers soient gradués de l’université de Sherbrooke.
C’était le recteur, Monsieur Martin, qui venait ici et qui distribuait les diplômes. C’était un
non-sens au point de vue organisation.
Cela nous a convenu pour un bout de temps.
Au début, on était affilié à Kingston, après ça on s’affilie à l’université de Sherbrooke. SaintJean était mûr, avait le personnel, avait un nombre de doctorats, avait toutes les compétences
qu’il fallait pour devenir une université.
Et quand Marcel Benoît était venu défendre la loi en commission parlementaire, il avait dit
qu’on avait 100 docteurs à peu près à l’époque, une centaine de docteurs sur 125. C’est déjà
pas mal. Puis, on avait de la recherche, puis des gens compétents, des gens qui avaient 30-40
ans d’expérience dans l’enseignement.
Commentaire du professeur Fernand Bissonnette qui assiste à l’entrevue « Qui n’était pas
docteur faisait de la politique », commentaire qui a bien fait sourire Monsieur Proulx.
Je dois dire aussi, permettez-moi d’être un peu vaniteux. Le Collège militaire a accordé deux
doctorats honoris causa à deux anciens professeurs : c’est le docteur Roger Bernier qui était
professeur ici et moi-même. J’ai eu un doctorat honoris causa qui m’a été donné par le Docteur
Castonguay, dont j’en suis très fier.
Moi, je n’ai jamais pu obtenir un doctorat. La vie a fait en sorte que je n’ai pas pu avoir mon
doctorat. J’ai tout fait mais je n’ai pas pu l’obtenir à cause des circonstances.
On s’en est chargé et vous l’aviez bien mérité. Merci beaucoup Monsieur Proulx.