Le Guide des Bacs Plantés

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Le Guide des Bacs Plantés
Le Guide des Bacs Plantés
Sommaire
Introduction
1 - Le matériel
1.1 - Le bac
● 1.2 - L’éclairage
● 1.3 - Filtration brassage
● 1.4 - Injection de CO2
2 - Facteurs environnementaux et maintenance des plantes
●
2.1 – Intensité lumineuse, qualité et durée d’éclairage
● 2.2 - Paramètres physico-chimiques de l'eau
● 2.3 - La température
● 2.4 - Le CO2
● 2.5 -La fertilisation
❍ - Généralités
❍ - Sol nutritif
❍ - Fertilisation liquide
❍ - Changements d’eau
3 - Les plantes, matériau de base
●
3.1 – Les différents types de plantes
● 3.2 – La reproduction
● 3.3 – La taille
● 3.4 – Le choix des plantes
4 - L’aquascaping
●
4.1 - Principes de base
● 4.2 - Les différents styles :
❍ - Bacs hollandais
❍ - Aquariums naturels (Amano-like)
❍ - Bacs plantés Aquariums naturels
❍ - Bacs low-tech
5 - Les algues
●
6 - Les habitants
●
- Poissons adaptés aux bacs plantés
●
- Crevettes et escargots
Trucs et astuces
FAQ
Liens utiles
Conclusion
Photo Mellonman
Introduction
Ce guide s’adresse à ceux qui, s’émerveillant devant les superbes bacs plantés qu’on peut voir,
notamment sur Internet, (Concours JAFA,AGA Aquascaping Contest) ont envie de se lancer dans la
création de leur propre jardin aquatique mais pensent la tâche insurmontable et/ou ne savent pas par
quel bout commencer…
Pas de panique, ce n’est pas si compliqué que ça. Ce petit guide et la fréquentation des forums
spécialisés (section "Bacs plantés" de ForumAqua) devraient vous suffire pour mettre sur pied votre
« œuvre végétale »…
Nous supposerons comme acquises par le lecteur, les bases de l’aquariophilie en général (nous ne
nous étendrons pas, par exemple, sur le cycle de l’azote ou l’entretien de l’aquarium) et nous nous
contenterons ici de développer les spécificités des bacs plantés.
Ce petit « Manuel du bac planté pour les nuls » présente les notions de base de la création et de la
gestion d’un bac planté mais ne prétend pas faire de vous de nouveaux Amano (du moins pas tout
de suite). Pour approfondir le sujet, rien ne remplacera votre expérience et vos recherches
personnelles.
Mais d’abord, qu’appelle-t-on un « bac planté » ?
Un bac planté est comme son nom l’indique : un bac avec des plantes ! Mais, bien entendu, cela ne
se limite pas à cette vision réductrice des choses.
On peut définir un bac planté comme étant un espace aquatique clos dans lequel le but sera de créer
un « ensemble végétal » le plus esthétique possible. La quantité de plantes y sera donc sensiblement
plus importante que dans un bac classique et les conditions y seront spécialement adaptées à la
maintenance des plantes. En dehors de cela, il existe autant de façons de parvenir à ce but que
d’aquariophiles, la seule limitation étant l’imagination de chacun.
A priori, un bac densément planté va représenter un lieu de vie très accueillant pour nombre
d’espèces animales, de par les impératifs qu’impose la maintenance d’un bac densément planté :
- Paramètres physico-chimiques souvent très bons (changements d’eau réguliers et importants, taux
de nitrates maintenu très faible…).
- Densité végétale à même de fournir nombre de cachettes et de territoires, sécurisant les habitants
du bac.
- Taux d’oxygénation du bac très haut de par la grande activité photosynthétique de la végétation
présente (facteur important pour le bon équilibre du bac).
Une dernière chose avant que vous ne fonciez tête baissée dans la mise en route de votre chef
d’œuvre : il vous faut être conscient que la création et la maintenance d’un bac planté nécessitent un
investissement en temps et en argent supérieur à ce que demande un aquarium « standard ».
En effet, outre les tâches habituelles dévolues à tout possesseur d’aquarium, la taille et le bouturage
des plantes, ainsi que des changements d’eau importants augmenteront le temps que vous aurez à
passer « les mains dans l’eau ».
D’un point de vue financier, il est indéniable que les plus beaux bacs plantés (sauf dans le cas de
bacs « Low-tech » que nous verrons par la suite) représentent un investissement légèrement
supérieur à la moyenne d’un bac d’eau douce classique. L’éclairage, l’injection de CO2, la
fertilisation, le sol nutritif, le « hardscape » nécessitent un effort supplémentaire… Mais grâce à
quelques astuces, ce surcoût pourra toutefois être limité.
Un superbe bac planté, réalisé à moindre frais (décantation interne, sol nutritif maison, CO2
artisanal...)
Le matériel
Pour offrir des conditions de vie optimales aux plantes, il vous faudra, autant que possible, adapter
les caractéristiques de votre bac à leurs besoins.
Un éclairage puissant, une injection de CO2 et un bon système de brassage, s'ils ne sont pas
totalement indispensables, seront toutefois d'une grande aide.
Nous insistons sur l'importance de l'éclairage, qui est le premier élément sur lequel se pencher
(d'autant plus que quasiment tous les bacs standards du commerce sont sous-équipés dans ce
domaine), en n'oubliant pas bien sûr, qu'un éclairage puissant nécessite une fertilisation en
conséquence (CO2, sol riche, fertilisation liquide).
1.1 - LE BAC
La seule particularité des cuves utilisées pour les bacs plantés est leur format.
Même s’il est bien évidemment possible de réaliser un bac planté dans n’importe quelle cuve, les
amateurs de jardins aquatiques préfèrent si possible des bacs :
- assez larges, ce qui augmente la surface de plantation et permet plus facilement de donner une
impression de profondeur
- relativement peu hauts afin que l’éclairage puisse être suffisamment puissant au niveau du sol (car
l’eau arrête en partie les rayons lumineux)
Ainsi, plutôt qu’un bac classique de 150x50x60 cm, on préférera par exemple une cuve de
150x60x50 cm.
Pour ces raisons également, les bacs cubiques sont particulièrement appréciés des "aquascapers".
La plantation sera avantageusement mise en valeur par un fond uni (éviter les miroirs ou les posters
de plantes), les couleurs les plus fréquemment utilisées étant le noir, le bleu, un blanc/gris très clair
ou encore bleu très clair.
Enfin une tendance récente, et donnant des résultats spectaculaires, consiste à utiliser un fond de
couleur claire, placé quelques centimètres derrière le bac, et éclairé par en-dessous ou par au-dessus
suivant l'effet recherché.
1.2 - L'ECLAIRAGE
La lumière est l'un des trois éléments primordiaux pour avoir un beau bac planté (pour rappel, les
autres éléments sont le CO2 et la fertilisation). Intéressons nous à ses différentes caractéristiques.
1.2.1 - La puissance
Pour simplifier le calcul, on parle souvent en nombre de watt par litre :
- 1W/l = éclairage puissant
- 1W/2l = éclairage moyen
- 1W/3l = éclairage faible
Cette notion est toutefois assez imprécise et un calcul basé sur le flux lumineux - mesuré en lumens
(lm) - sera plus adapté.
Pour la même puissance, le flux lumineux peut en effet varier suivant le type d'éclairage et de
fabricant. On arrive alors aux valeurs suivantes :
- 60-80 lm/l = éclairage puissant
- 30-60 lm/l = éclairage moyen
- moins de 20 lm/l = éclairage faible
A noter que cette unité de mesure peut être remplacée par le lux (un lux correspond à un flux
lumineux de 1 lumen couvrant une surface de 1 mètre carré).
1.2.2 - La température de couleur
La température de couleur s'exprime en degré Kelvin (°K).
Celle de la lumière du jour ("Daylight") est de 6 500 °K à midi.
Plus la température de couleur est basse, plus la lumière apparaîtra jaune (voire orange) pour l’œil
humain. A l’inverse, une température de couleur élevée apparaîtra plutôt bleue.
1.2.3 - Le rendu des couleurs
L'IRC est l'Indice de Rendu de Couleur : cette valeur va de 0 à 100.
Plus l'IRC d'un tube est élevé, plus les couleurs que l'on perçoit sous l'éclairage sont naturelles.
Pour s'y retrouver il existe une nomenclature sur les références des tubes : 965 signifie par exemple
"IRC supérieur à 90" (le 9) et "température de couleur = 6500°K" (le 65).
1.2.4 - Le spectre lumineux
Les plantes utilisent tout le spectre lumineux, notamment le rouge.
Les algues utilisent le bleu pour se développer mais n'assimilent pas le rouge.
Une valeur basse de température de couleur correspond à une lumière à longueur d'onde élevée,
donc à dominante rouge. A l'inverse, une valeur élevée en Kelvin correspond à une lumière à onde
courte, donc à dominante bleue.
1.2.5 - Les réflecteurs
Ils permettent de rediriger le flux de lumière partant vers le haut (et qui donc, n’aurait jamais atteint
l’aquarium sans réflecteur) vers le coté opposé (le sol du bac) pour éviter la déperdition.
1.2.6 - Quel type d'éclairage utiliser pour mon aquarium ?
- En dessous de 30 litres :
Les lampes "fluocompactes" (ampoules à économie d'énergie), qui sont très difficiles à se procurer
avec une puissance supérieure à 23 W.
Deux types se distinguent :
- A alimentation électronique intégrée (culot E27) : se trouve facilement dans le commerce, prête à
utiliser.
- A alimentation séparée (culot G23, culot 2G27 ou culot 2G10) : à alimenter avec un ballast
électronique.
Avantages : Bon marché.
Inconvénient : Difficile de trouver avec une température de couleur de 6 500° K ; spectre lumineux
souvent inconnu.
Différents types d'ampoules "éco".
- Bac fermé, supérieur à 30 litres, avec une hauteur nette inférieure à 40 cm.
Tube fluorescent T8 (26 mm de diamètre) : c’est l’éclairage le plus couramment employé.
La longueur du tube est fonction de sa puissance. Un tube de 25 watts a une longueur de 75 cm
alors qu’un tube de 30 watts atteint 90 cm.
Il doit être alimenté par un ballast ferromagnétique ou électronique.
Avantage : bon marché et facile à trouver dans de nombreux modèles différents.
Inconvénient : peu efficace pour éclairer des bacs hauts.
- Bac ouvert ou fermé, supérieur à 30 litres, avec une hauteur nette supérieure à 40 cm :
Tube fluorescent T5 (16 mm de diamètre) : doit être alimenté par un ballast électronique.
Comme le T8 la dimension du tube est fonction de sa puissance, mais à longueur égale, cette
dernière est plus élevée pour un tube T5 que pour un T8.
Avantage : grande efficacité lumineuse.
Inconvénients : encore relativement peu de modèles disponibles dans le commerce.
- Bac ouvert, supérieur à 80 litres, avec une hauteur nette supérieure à 40 cm :
Lampe à vapeur de mercure haute pression (HQL) : doit être alimenté par un ballast
ferromagnétique de puissance identique à la lampe.
Avantage : bon marché.
Inconvénient : piètre rendu de couleurs.
Lampe à iodure métallique (HQI) : doit être alimenté par un ballast, un amorceur et un condensateur
de puissance identique à la lampe.
Avantage : très grande efficacité lumineuse, excellent rendu des couleurs.
Inconvénient : cher à l'achat.
Projecteur HQI
A noter qu'il est possible de mixer les types d'éclairage, notamment utiliser des projecteurs HQL ou
HQI couplés à des tubes fluorescents.
Rampe suspendue couplant projecteurs (HQI ou HQL) et tubes T8.
Liens utiles :
Un sujet sur les caractéristiques de l'éclairage.
Un article sur l'éclairage.
Liste des tubes fluorescents.
1.3 - FILTRATION / BRASSAGE
Avoir une eau claire qui facilite la pénétration de la lumière et qui met en valeur votre bac, un bon
équilibre du bac par son action biologique, des plantes qui reçoivent correctement les nutriments et
puissent éliminer leurs déchets, sont les rôles classiques de la filtration dans les bac plantés.
1.3.1 - Les différents type de filtre
- Décantation interne :
Elles sont souvent proposées comme équipement de base intégré à l'aquarium. Elles ont l'avantage
de leur simplicité (absence de tuyauteries, possibilité d'y intégrer certains équipements). Elles sont
en revanche difficile à dissimuler, et donc contraignantes à ce niveau pour votre futur "layout". De
par leur conception, avec une aspiration située à proximité du refoulement, et surtout si elles sont
dissimulées par la végétation, le brassage du bac est défavorisé avec ce type de filtre.
- Filtre extérieur :
C'est la meilleure solution pour un bac planté. Il est facile de camoufler, au moins en partie, les
cannes d'aspiration et de refoulement, de pouvoir changer leur emplacement pour optimiser le
brassage, d'intégrer dans la tuyauterie extérieure un système de diffusion du CO2. Il n'y a pas
vraiment de modèle-type pour un aquarium planté, les modèles les plus simples conviennent
parfaitement. Seuls les filtres semi-humides sont à éviter pour ne pas dégazer le CO2.
1.3.2 - Le dimensionnement du filtre, débit, volume
Pour un bac planté, on considère que le débit horaire de filtration doit être d'environ 3 ou 4 fois le
volume du bac, soit de 300 à 400 l/h théorique pour un bac de 100 litres bruts, afin d'assurer un
brassage suffisant. Le volume disponible pour les masses de filtration sera au minimum d'environ 3
litres pour un bac de 100 litres.
Les débits annoncés par les différents fabricants sont des débits à vide, sans masses filtrantes et sans
les pertes de charges dans les tuyauteries. Il est inévitable de perdre environ 30% du débit théorique
une fois le filtre installé et rempli de ses masses de filtration.
La meilleure place d'un filtre extérieur est sous l'aquarium, avec coupleurs à robinets sur le filtre et
les tuyauteries, afin de vous faciliter au maximum l'entretien.
L'utilisation de deux filtres à la place d'un équivalent plus gros a certains avantages :
- Plus grande souplesse de l'emplacement des aspirations et rejets afin d'optimiser le brassage.
- Plus grande constance de l'efficacité des masses filtrantes grâce au nettoyage alterné d'un filtre sur
deux.
1.3.3 - Les masses filtrantes
Comme dans tout aquarium, les masses filtrantes ont plusieurs rôles : mécanique, support bactérien
et chimique (adsorption). En bac planté, comme ailleurs, il existe presque autant de façons de
choisir ses masses filtrantes, et de les installer dans le filtre, que d'aquariophiles. On peut en déduire
qu'il n'y a pas de vraie spécificité du bac planté à ce niveau. Il en est de même pour la fréquence des
nettoyages : une fois par mois, ou tous les deux mois, est une bonne base pour commencer.
A noter qu'Amano et certains de ses disciples utilisent de façon systématique et permanente le
charbon actif dans leurs filtres, en le renouvelant partiellement ou totalement à chaque nettoyage.
Cette pratique est certainement justifiée par l'utilisation de sols riches et par une forte fertilisation.
Le charbon devient progressivement un excellent support bactérien, dont l'efficacité s'accroît avec le
temps. Si vous utilisez de façon permanente ou ponctuelle du charbon actif pour résoudre un
problème d'eau trouble, par exemple, choisissez-le de bonne qualité, c'est à dire sans phosphates qui
pourraient favoriser l'apparition d'algues.
Lors d'apparition d'algues, l'utilisation de résines anti-phosphates ou anti-nitrates peut être un
moyen de pallier à un déséquilibre passager du bac. En revanche il est inutile, voire néfaste,
d'utiliser ces résines de façon permanente (voir site de Véronique et GDBP chapitre sur les algues et
la chimie de l'eau).
1.3.4 - Le brassage, position et types de rejets
- Le brassage "en surface" :
Le rejet du filtre se fait au-dessus du niveau de l'eau par une classique canne percée.
Il s'agit là d'une pratique peu répandue en aquarium planté, parce qu'elle a comme inconvénient a
priori de favoriser le dégazage du CO2 par une mise en contact forcée de l'eau du bac avec l'air
environnant, qui en contient très peu. Elle a quand même l'avantage de favoriser la pénétration de la
lumière dans le bac, en empêchant la formation d'un voile bactérien en surface, et surtout de
"casser" l'effet miroir de la surface de l'eau.
- Le brassage "en profondeur" :
En permettant une bonne circulation de l'eau dans le bac, les particules en suspension sont plus
facilement entraînées vers le filtre au lieu de se déposer au sol, la propreté du bac est mieux assurée.
La distribution des nutriments, du CO2 et la température sont plus homogènes. Surtout, une légère
circulation d'eau, au niveau même des plantes, favorise l'apport direct du CO2 et des nutriments à la
surface des feuilles, et permet l'élimination par celles-ci des déchets de leur métabolisme.
Un bac densément planté est par nature un obstacle au brassage. Les massifs de plantes sont des
freins à la circulation de l'eau, et souvent, l'esthétique primant sur la technique, la dissimulation des
aspirations et des rejets de filtres derrière la végétation ne facilite pas le brassage.
A ce propos, il ne faut pas oublier que la plupart des photos de magnifiques bacs plantés sont prises
après démontage des installations techniques pour la circonstance.
Chaque bac étant un cas particulier, il est impossible de donner des règles et des chiffres selon les
dimensions du bac par exemple. Il est en revanche des symptômes qui peuvent être révélateurs
d'une insuffisance de brassage :
- cumuls localisés au sol de déchets ("mulm"),
- croissance non homogène d'une espèce de plante.
Malgré des paramètres apparemment identiques (sol, éclairage), une plante qui pousse mieux à un
endroit qu'à un autre peut révéler une insuffisance locale de brassage, comme dans l'exemple ci
dessous :
Voici deux photos du coin gauche d'un bac :
Photo prise le 09/07/06 :
La Glossostigma elatinoides plantée fin novembre 2005 peine à coloniser ce coin, alors qu'elle
pousse plutôt bien ailleurs.
Photo prise le 15/08/06 :
Installation à 6 cm du sol du rejet du filtre 300 l/h dans cette zone le 09/07/06, c'est à dire tout de
suite après la première photo. Ce rejet a été alimenté par une pompe de 600 l/h le 31/07/06, à la
place du filtre qui rejette désormais en haut à gauche.
Les autres paramètres du bac n'ont pas été modifiés entre les deux photos. L'effet local sur la
Glossostigma est vraiment spectaculaire, mais l'ensemble des plantes du bac en a profité. Ce bac de
321 litres bruts était certainement sous-équipé avec seulement 2 filtres de 300 l/h (débit réel).
L'ajout d'une pompe de brassage supplémentaire de 600 l/h a permis de pallier à l'insuffisance du
débit des filtres.
Pour ce brassage en profondeur, on utilise généralement une canne de gros diamètre, 2 cm environ,
percée tous les 2 à 3 cm de trous de 2 à 3 mm. Le but n'est pas de créer des jets puissants, mais de
générer un courant bien reparti. Cette canne peut être positionnée à quelques centimètres au-dessus
du sol, et positionnée derrière les massifs sur la vitre arrière du bac, là où la circulation est souvent
la plus mauvaise. Pour les moins bricoleurs, il est possible d'utiliser des éléments du commerce, tel
que celui-ci vendu par Eheim :
http://www.eheim.de
Pour les pompes de brassage, qu'il est toujours possible de rajouter en cas de brassage insuffisant, il
en existe plusieurs types disponibles :
Immergée type "récifal" TUNZE :
http://www.aquadream.fr
L'utilisation d'une petite pompe immergée de ce type est tentant. L'inconvénient de ce type de
pompe est qu'elles ne sont pas toujours connectables à des cannes d'aspiration et de refoulement. Il
est risqué de vouloir les camoufler dans un massif, car l'aspiration risque d'être colmatée par les
feuilles de nos plantes d'eau douce. Elles sont utilisées en eau douce dans les très grands volumes,
loin de la végétation et sous la surface.
Immergée connectable NEWJET :
http://www.promoacquari.com
Ce type convient bien à notre application. La pompe est camouflable assez facilement. Etant
immergée, il n'y a pas de tuyaux à faire sortir du bac. Elles peuvent être un peu bruyantes, les
vibrations étant transmises par les ventouses à la vitre contre laquelle elles sont posées.
Extérieure EHEIM :
http://www.eheim.de
Ce type de pompe "universelle" peut s'installer à l'extérieur du bac. Le bruit pourra être facilement
filtré. Si elles sont suffisamment puissantes (hauteur de colonne d'eau), elles pourront être un
auxiliaire utile pour remplir votre bac, moyennant quelques raccords et robinets. L'inconvénient est
qu'il faut deux tuyaux supplémentaires qui sortent du bac.
En ce qui concerne les aspirations de filtre, toutes celles d'usage courant conviennent pour un bac
planté. Les crépines d'aspiration peuvent être choisies parmi les plus grosses correspondant au
diamètre de votre tuyauterie, afin de minimiser un colmatage par la végétation qui se trouve à
proximité, ou par des feuilles mortes.
Si vous optez pour une sortie de filtre au niveau du sol, il y a avantage à installer votre aspiration
assez haut, à environ 20 cm de la surface. Ceci favorise une bonne circulation dans votre bac.
1.4 - L'INJECTION DE CO2
Comme vous pourrez le lire dans le chapitre sur les facteurs environnementaux, l'apport de CO2 est
favorable à la croissance des plantes. Il est en revanche inutile et dangereux de vouloir dépasser un
taux de 35 mg/l. Le CO2 dissout se dissocie partiellement sous forme d'acide carbonique H2CO3,
qui fait baisser le pH. Cela facilite l'assimilation de certain oligo-éléments. Le danger de surdosage
en CO2 est réel, reportez vous au tableau pH, KH, CO2 pour estimer le taux de CO2 dans votre bac.
1.4.1 - Les différentes sources de CO2
- CO2 biologique (dit aussi "artisanal") :
Cette technique exploite la propriété de certaines bactéries (levures) de transformer le sucre en
éthanol et en CO2, en milieu clos (anaérobie). Ce procédé a déjà fait l'objet de nombreux articles
dans la presse et sur différents sites. L'investissement de départ peut être très faible. On le réserve
en général à des bacs d'un volume maximal d'une centaine de litre.
Ce système présente quelques inconvénients :
- la production n'est pas régulière. Elle dépend du temps (pic de production après quelques jours) et
de la température
- il y a risque de pollution du bac en cas de surproduction temporaire. Une partie du contenu de la
bouteille peut être injectée accidentellement dans le bac, avec des conséquences catastrophiques.
Ceci peut être évité par un flacon laveur, installé après la bouteille
- la production est permanente, l'injection de CO2 se fera aussi la nuit. Moyennant l'utilisation d'un
récipient adapté, il est possible de coupler une électrovanne pour contrôler la diffusion, comme ici.
- CO2 industriel (sous pression) :
Les marques de matériel aquariophile proposent des kits complets avec bouteille sous pression. Il
est possible aussi de s'approvisionner directement auprès des fournisseurs pour brasserie, ou
d'utiliser un extincteur à CO2. Techniquement, même une bouteille de 500g à la capacité de fournir
assez de CO2 pour un bac de grand volume, le problème se pose plutôt sur le plan de la place
disponible, de l'autonomie, du budget et de la facilité d'approvisionnement.
Afin de vous donner une base approximative pour ce choix, il faut compter pour un bac de 100
litres, alimenté à 20 bulles par minute, une consommation de 3,6 g par jour, si le bac est alimenté en
permanence.
Ceci donnera une autonomie de :
- 138 jours pour 500 g
- 555 jours pour une bouteille de 2 kg
A savoir sur ce matériel :
- Il n'y a pas de norme pour l'embout fileté des bouteilles jetables. JBL et Dennerle, par exemple, ne
sont pas compatibles entre elles, donc leurs manomètres ne le sont pas non plus.
- Les embouts filetés de toutes les bouteilles rechargeables, y compris les extincteurs sont
normalisés (norme DIN 477). Ceci permet de monter tout mano-détendeur respectant cette norme,
sur toutes ces bouteilles.
- Le manomètre indiquant la pression du CO2 dans la bouteille, environ 55 bars, n'est pas un
indicateur de niveau. Quand la pression commence à chuter, cela veut dire qu'il ne reste plus de
CO2 liquide, et qu'il va falloir recharger. La seule façon de connaître la quantité de gaz restante
dans une bouteille affichant une pression de 55 bars est la pesée, la tare est généralement indiquée.
- Afin d'éviter tout risque d'explosion accidentelle, une bouteille doit être ré-éprouvée tout les 10
ans.
- Pour la recharge, certaines animaleries n'acceptent que les marques dont elles sont dépositaires,
d'autres non. Si la recharge n'est pas faite sur place, vous pouvez attendre plus d'une semaine avant
de récupérer votre bouteille. La recharge peut aussi se faire ailleurs qu'en animalerie, certaines
quincailleries le font, voir aussi du côté des boutiques ou clubs de "paintball".
Pour toutes vos installations de CO2, utilisez de préférence du tuyau "spécial CO2", car ce gaz
migre facilement à travers les tuyaux transparents pour pompes à air, et plus encore dans les tuyaux
en silicone. Selon les données fournies par Dennerle, les pertes en CO2 sur un tuyau de 2 m de
longueur, sous une pression de 0,03 bars, mesurées en grammes par an :
- tuyau spécial CO2 : quelques grammes
- tuyau PVC (transparent, modèle courant) : 100 grammes
- tuyau en silicone : 1000 grammes.
1.4.2 - La diffusion du CO2
Les systèmes de diffusion de CO2, présentés ci-dessous, sont dans un ordre approximatif croissant
de capacité de dissolution.
- Les systèmes de diffusion dans le bac
Les deux premiers sont particulièrement adaptés à la production biologique, avec une faible
pression. L'efficacité de la diffusion du CO2 dans l'ensemble du bac dépendant du brassage, il faut
les installer de préférence dans une zone proche du rejet d'un filtre. On peut leur reprocher d'être
visible dans le bac.
La cloche :
On met une partie déterminée de la surface du bac en contact direct avec le CO2, contenu dans une
boîte sans fond. L'avantage de ce système est qu'il laisse échapper le CO2 directement à l'extérieur
du bac en cas de surproduction (production biologique).
Flipper ou spirale :
En rallongeant par des chicanes, le parcours des bulles vers la surface, on facilite la dissolution du
CO2 :
http://www.auspreiser.de
http://www.tiernarr.ch
Microperler :
Diffuseur en verre poreux ou céramique, produisant des bulles extrêmement fines :
http://www.adaeuro.com
http://www.aquadiskont.com
- Les systèmes de diffusion associés à une pompe
Ces systèmes présentent l'avantage, par rapport aux précédents, d'obtenir une capacité de diffusion
supérieure, et surtout d'apporter une diffusion dynamique du CO2.
Tunze propose un système à pompe avec venturi, ce système peut être couplé à une production
biologique, et vous bénéficiez d'une pompe de brassage supplémentaire :
Un diffuseur placé en amont du filtre est proposé par plusieurs marques. Le CO2 est diffusé au
niveau de l'aspiration d'un filtre, donc facile à camoufler :
http://www.aquarium.lu
Réacteurs : placé sur la tuyauterie d'un filtre extérieur, ce système d'une grande efficacité, est
absolument invisible dans votre bac. En voici un exemple, mais il en existe d'autres variantes, dont
certaines à la portée des bricoleurs :
http://www.zoocenter-petshop.com
- Le contrôle de la diffusion
Comme il a été dit, le CO2 injecté en trop grande quantité, outre le gaspillage, représente un danger
réel pour votre population. Afin d'ajuster au mieux cette quantité, en plus des relations entre pH et
KH qui vous permettrons de jauger le CO2 dissout dans votre bac, il existe aussi des tests.
Test permanents colorimétrique :
Une petite quantité d'eau du bac, mélangée à un réactif, est mise en communication avec l'eau du
bac par l'intermédiaire d'une poche d'air. L'équilibre des pressions de CO2 entre le bac et le réactif
permet de définir (approximativement) le taux de CO2 dissout.
pH-mètre :
Sans être absolument nécessaire, c'est l'outil le plus précis pour évaluer le pH d'un aquarium, et
donc de gérer au mieux l'injection de CO2. C'est à la base une sonde (électrode) couplée à un
voltmètre dédié à cet usage. Dans notre contexte aquariophile, la précision de la mesure du pH est
de l'ordre de 0,1 à 0,2, même si les valeurs sont affichées à 0,01 près.
Il existe des modèles portables pour environ 70 Euros, tel que celui ci :
Les contrôleurs de pH proposés par les fabricants de matériel aquariophile, en plus de la mesure
comme le type précédent, permettent l'alimentation ou la coupure d'une électrovanne, à des seuils
que vous aurez définis. Il y a donc optimisation de l'injection du CO2 par la surveillance
permanente du pH.
L'investissement est plus lourd, comptez au moins 150 Euros. La sonde constamment immergée a
une durée de vie limitée à 2 ans maximum, et l'appareil doit être étalonné une fois par mois.

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