Concorde fait toujours rêver
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Concorde fait toujours rêver
La Dépêche du 7 février 2009. Article signé : Jean-Louis Dubois-Chabert Concorde fait toujours rêver ! Désigné à la vindicte, condamné au musée depuis qu’un jour de juillet 2000 il s’écrasa sur un hôtel de Tremblay les Gonesse, quelques secondes après avoir décollé de Roissy, Concorde n’en restera pas moins un avion mythique. A jamais. Mardi dernier, le procès du crash s’est ouvert à Pontoise. Cloué au sol depuis la fin de son exploitation commerciale par Air France et British Airways, il y a 7 ans, le supersonique Franco-Anglais se visite à Blagnac. Ou plutôt les deux. Car deux exemplaires ouvrent leurs portes. Dans le Concorde numéro 1 qui servit aux essais, le cuir beige des sièges du salon VIP où le président Giscard s’asseyait et la table en formica orange fleure bon les années soixante. S’installer dans un fauteuil du Concorde numéro 9 tord le coup avec l’idée fausse selon laquelle la place y manquait : l’étroit fuselage de cet oiseau effilé aux 14 000 heures de vol offre plus de place pour les jambes que bien des avions d’aujourd’hui. à 50 000 francs l’aller, notez, on s’attend à ce confort minimum que champagne et thé servi dans la porcelaine fine rehaussaient à la perfection. Concorde est une « œuvre d’art industriel du XXème siècle », commente la guide. Légendaire Concorde, fierté française. Sommet du prestige et de l’illusoire prétention de l’homme à abolir le temps, Concorde distille un inaltérable charme auprès du public. Ceux qui, enfants, ont vécu en voisins l’épopée, se souviennent des décollages assourdissants. Ceux qui, aisés et chanceux, l’emprutèrent pour rejoindre New York à la vitesse d’un avion de chasse, tutoyèrent l’irrationnelle expérience, décalage horaire aidant, d’arriver avant d’être parti en ayant assisté à deus levers de soleil… Derrière ce nez crochu – parce que cabré à l’extrême à l’atterrissage, sans cette mobilité nasale les pilotes à 11 mètres du sol n’auraient pu voir la piste – Concorde a permis bien d’autres bonds technologiques. L’ABS, l’amélioration du téflon, les verres imprégnés des vitres du TGV doivent tout à Concorde. Tout comme les commandes électriques, à l’origine de la standardisation des cockpits des avions de ligne, donc de substantielles économies de formation des pilotes. En révolutionnant l’aviation, elles ont contribué au décollage et aux succès futurs d’Airbus. ++++++ Pour visiter Concorde, la réservation est obligatoire au 05 34 39 42 00, ou sur le site wwwtaxiway.fr ++++++