Le Cursus de l`élève en lycée des métiers Un parcours organisé de

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Le Cursus de l`élève en lycée des métiers Un parcours organisé de
Le Cursus de l’élève en lycée des métiers
Un parcours organisé de compétences en information documentation
Laurence Ermel, professeur documentaliste, Lycée professionnel A. Boismard, Brionne, Académie de Rouen
Angèle Stalder, professeur documentaliste, LDM Le Corbusier, St-Etienne-du-Rouvray, Académie de Rouen
Vous avez dit :
Cursus de l’élève, documentation, lycée professionnel, lycée des métiers, adulte, apprenant,
formation continue, formation initiale, formation tout au long de la vie, formation
professionnelle, prévention du décrochage, qualité, indicateurs pour une performance, besoins
sociétaux, lien école-entreprise, et, accueil dans un Centre de Formation et de Documentation
–CDI
… Comment pouvons-nous faire en sorte que ces termes s’articulent
efficacement ?
Les termes cités font partie d’une expérimentation conduite par quelques professeurs
documentalistes dans le cadre de leur activité. Celles-ci s’inscrivent volontairement dans des
recherches d’actions pour permettre aux élèves de lycées des métiers (LDM) de « Réussir dans la
voie professionnelle », priorité du projet de l’Académie de Rouen en 2007-2010. La démarche ellemême a été soutenue par l’institution et reconnue comme une innovation pédagogique par la cellule
d’appui à l’innovation et à l’expérimentation du Rectorat de Rouen.
Cette expérimentation est marquée par un rythme de terrain, mais depuis un an elle se conjugue
avec le travail sur le curriculum et la progression des apprentissages en information documentation
mené par un membre du Groupe de Recherche sur la Culture et la Didactique de l'Information.
Ces professeurs documentalistes qui exercent dans des établissements préparant à des filières du
bâtiment ont coordonné leur action d’abord par le biais d’un « stage sur site » puis sous la forme
d’un Groupe de Réflexion et de Production (GRP) car il leur a semblé primordial d’adapter leur
gestion et leur pédagogie aux besoins réels de formation des élèves des lycées professionnels et des
apprenants en lycée des métiers, pour prendre en compte des parcours différents : formation initiale,
formation continue, formation en apprentissage, VAE. Le seul point commun de ces publics variés
est la formation autour d’une même filière professionnelle, avec une documentation professionnelle
technique.
Au fil du temps, les travaux ont été approfondis et orientés, selon des hypothèses, des
expérimentations, des choix, vers l’évidence que le CDI d’un lycée professionnel et surtout d’un
lycée des métiers est un « centre » très particulier, différent de celui d’un collège ou d’un lycée
général, avec des caractéristiques qui lui sont propres et qu’il participe pleinement à la réussite des
apprenants. En cela nous avons privilégié l’axe professionnel.
Le recours aux ressources professionnelles papier ou en ligne (document technique, document
normatif, document réglementaire, organisme professionnel de référence, etc.) est un élément de la
formation des élèves ô combien mentionné dans les référentiels des diplômes sous la forme de deux
capacités : s’informer, informer. Après lecture de ces référentiels, nous affirmons que le CDI est
effectivement le lieu de la « respiration » collaborative avec les professeurs d’ateliers au service de
l’élève usager et qu’il participe fortement à la motivation de l’élève, répond à ses besoins
d’information et valorise sa formation professionnelle.
1
Une bonne part des élèves de ces filières sont de futurs entrepreneurs et nous proposons de placer
l’étude des ressources et documents professionnels, matériaux qui accompagnent et guident la
pratique de l’artisan et du technicien, au « cœur » du cursus qui aboutit à une culture
informationnelle professionnelle qui leur servira au long de leur vie.
Quelles compétences info-documentaires en voie professionnelle ?
Des compétences disciplinaires aux compétences info-documentaires…
Notre démarche fut de s’approprier les référentiels des diplômes professionnels des filières du
bâtiment que nous avions dans nos établissements respectifs : métiers du bois seconde
transformation, ébénisterie métier d’art, ameublement décor et siège, installations sanitaires et
thermiques, travaux publics, travaux gros œuvres, techniques de l’architecture et de l’habitat,
aménagement et finition, etc. Après leur lecture attentive, nous y avons systématiquement repéré les
besoins exprimés en rapport avec les capacités "s’informer, informer" Par la confrontation entre
nos pratiques pédagogiques et une compétence technique, nous avons souligné ce qui relevait de la
compétence info-documentaire en lycée des métiers. Enfin, nous avons mis en valeur des savoirs
notionnels et, pour chaque compétence, nous avons décliné les savoirs, savoir-faire et savoir-être
afférents.
…intégrant fortement des savoir-être...
Pourquoi des savoir-être si présents ? Sans doute parce que ce public présente des aspérités à
prendre en compte dans un itinéraire scolaire et plus particulièrement dans la représentation du
savoir et de la lecture. C'est un public diversifié, souvent majeur, fréquemment non rompu au métier
d'élève, avec des projets et profils « grands écarts », motivés ou sans choix stable.
Par exemple, l’élève doit accepter de se projeter dans une tâche « longue et non immédiate »,
puisqu’il doit prendre conscience du contexte (temps estimé, recherche simple ou complexe,
information lacunaire ou à conforter) et commencer à circonscrire son sujet de recherche. Savoir
« analyser son besoin d’information professionnelle », compétence qui paraît anodine, est en fait
une compétence "fantôme" telle que la définit le psychocogniticien André Tricot : « la recherche en
psychologie montre que pour prendre conscience que je manque de connaissance, il me faut des
connaissances, notamment des méta-connaissances : des connaissances sur le thème et des savoirfaire »1.
… et repérées en tant que besoins spécifiques de formation info-documentaires…
Analyser ce qui relève d’une compétence info-documentaire oblige à la différencier de ce qui est
une compétence transversale.
Or, selon Pascal Duplessis, didacticien en information documentation, dès que l'on décline une
compétence liée à de la recherche documentaire, la démarche du professeur documentaliste est
différente de celle du professeur disciplinaire et aboutit à des notions différentes à construire.
Prenons l’exemple de la compétence "savoir citer des sources". Lors d’un exercice réalisé en classe
de seconde en début d'année, avec le professeur disciplinaire, le titre de l'ouvrage est repéré,
l'adresse du site est relevée, mais c’est "Google image" qui est retenu pour indiquer "la source de
l'image" (seul un élève a distingué le site d'origine). Si l'on souhaite retrouver l'auteur d’un ouvrage,
dans le cas le plus simple, nous l'aurons. Mais le plus souvent, pour citer une ressource en ligne,
l'élève ne prélève que le lien, sans le nom de l’auteur souvent difficile à trouver. Qu'en est-il, dès
lors, de la caution scientifique, de la notion d’autorité ? Qu'en est-il de la connaissance des codes,
de la compréhension d'une page de site qui associe textes, images, vidéo, commentaires de
1
André Tricot. La prise de conscience du besoin d’information : une compétence documentaire fantôme ? In Docs pour
Docs. (2004). En ligne. <http://docsdocs.free.fr/modules.php?name=Section&op=viearticle&artid=55>. Consulté le 8
juin 2010.
2
différents acteurs ? Seul le professeur documentaliste aborde cette compétence spécifique et forme
l'élève à déceler l'auteur d'une page web où, justement, l'auteur est difficilement détectable. En
LDM, cet apprentissage se pose avec d’autant plus d’acuité que les sources que rencontrent
ces élèves leur sont jusqu’alors inconnues et qu’ils manquent de pratique pour savoir leur
opposer un esprit critique jusque-là jamais exercé sur un terrain professionnel.
De même, lorsque l’on souhaite développer la compétence "comprendre l'intention de
communication d’un document". L'élève doit différencier, sur une page web, ce qui relève de la
citation, du commentaire, du publicitaire, etc. Or, pour l'élève "professionnel en devenir", ce
repérage est bien plus complexe, car il a à découvrir des stratégies de communication spécifiques à
un contexte professionnel précis. Ainsi, l’élève qui collecte une fiche de bricolage doit ici encore
exercer son esprit critique professionnel. Il est amené à différencier les codes du document produit
par le professionnel commercial pour le grand public de ceux du document produit par un
professionnel référent pour l’exercice d’une activité professionnelle.
Dernier exemple, la compétence "exploiter l’information". Comment traiter l’information et justifier
le choix de l’information sélectionnée ? La réussite d’une reformulation par l’élève, après extraction
de l’information, relève probablement de connaissances liées à la notion même de document :
structuration et organisation du document, mode de raisonnement et intention de communication de
l’auteur. Une séance pourrait être proposée pour que l’élève retrouve dans un texte (défini comme
"l’information organisée par un auteur") les types de raisonnement global et les outils de
raisonnement utilisés moins connus des élèves qui s’initient aux ressources professionnelles : notice
technique, fiche-produit, normes, procédés, process, etc.
… auxquels s'ajoute la découverte d’un langage professionnel
La difficulté d’une recherche réside principalement dans l’interrogation et l’utilisation du mot-clé
approprié. La requête ne peut donner de réponse satisfaisante sur « Google » si nous ne nous situons
pas dans un domaine d’exploration spécifique et non grand public. Chaque démarche de recherche
est particulière et l’élève de LDM doit être aidé pour mener sa quête en passant par des termes
progressivement spécialisés.
Un exemple : dans le domaine de l’ameublement et du siège en bois, c’est l’adulte ressource qui
« interroge l’élève » sur son besoin d’information pour l’aider à préciser sa demande qui va d'un
vocabulaire de novice à un langage maîtrisé2 : ainsi pour la fabrication d’un dossier de siège, on va
s’acheminer de l’expression « forme courbe » à « arrondi ou en rond », à « déformé » puis vers
« cintré » et « cintrage » et « technique de cintrage ».
Plus que jamais, la culture de l'écrit est présente.
Des compétences qui font sens en écho à des pratiques sociales de références
Un principe a guidé ce travail de réalisation de référentiels de compétences info-documentaires :
faire correspondre des savoirs scolaires avec des compétences professionnelles, impératif sociétal
selon Philippe Perrenoud quand il écrit qu’il faut « s’organiser de façon plus méthodique pour
mieux connecter les programmes de l’école obligatoire à l’évolution des pratiques sociales et des
compétences requises dans la vie »3.
2
Denecker, C. Les compétences documentaires : des processus mentaux à l'utilisation de l'information. Villeurbanne :
Enssib, 2002. 208 p.
3
Perrenoud, P. Ancrer le curriculum dans les pratiques sociales, in Résonances, n° 6, février 2003, pp. 18-20.
3
Mais qu’entendre exactement par la notion de pratiques sociales de références ? On peut dire que
c’est ce qui permet de « mettre en relation les activités dans la classe et les pratiques en
entreprise »4 ou encore « établir le lien entre les activités scolaires et le monde professionnel »5.
La notion même de compétence redéfinie à la lecture de Guy Le Boterf
Consultant en dispositifs de management, de transmission et de développement des compétences
auprès d’entreprises, Guy Le Boterf6, redéfinit la compétence comme un « processus et non comme
une addition » et conjugue avoir des compétences et être compétent. Avoir des compétences
consiste alors à savoir mobiliser des ressources personnelles et des ressources de support tels que
les réseaux de coopération, la veille externe (salons professionnels, etc.). Être compétent serait
savoir agir avec compétence, en situation contextualisée sur un lieu de travail.
Des situations d’apprentissage en lien avec des activités professionnelles
Comment alors concevoir notre enseignement pour créer un itinéraire pertinent qui permette à
l’apprenant d’être compétent, au sens d'avoir des compétences et d'agir de façon compétente7 ?
Nous sommes parties du postulat suivant : utiliser le plus souvent possible une démarche
pédagogique qui s’apparente à une pratique sociale de référence dans le domaine professionnel
ciblé, le cahier des charges. Ainsi, l’hypothèse est émise que faire appel à cette pratique sociale de
référence contribue à rendre l’apprenant compétent au sens où Guy Le Boterf l’entend (en situation
professionnelle simulée).
Or, qu’est-ce qu’un cahier des charges si ce n’est une situation problème ?
La démarche documentaire, véritable démarche d’investigation, peut alors faire écho chez
l’apprenant à une pratique sociale de référence à partir de laquelle l’enseignement technique et
professionnel est construit en France par ailleurs.
Si l’on transpose cette pratique sociale de référence à notre pédagogie documentaire on peut
proposer un scénario qui s'appuie plus précisément sur des tâches qui font sens au niveau
professionnel :
‐ une situation concrète de départ : quelle tâche — mission de recherche ou de production
d’information professionnelle — pour mobiliser les concepts info-documentaires visés ?
‐
des objectifs à atteindre : notionnels et procéduraux, en information documentation mais
aussi en enseignement professionnel ;
‐
des ressources à disposition pour réaliser la tâche telles que décrites par Le Boterf :
personnelles à l’apprenant et extérieures pouvant être humaines, technologiques ou tout
autre ;
‐
et ceci bien sûr, avec les ingrédients pédagogiques de base : clarté des consignes, travail
différencié, individuel ou en groupe, en alternance, etc.
Toujours pour faire sens, non plus au niveau des pratiques sociales de références, mais au
niveau de l'implication de l'apprenant, il faut, avec la participation active de l'élève, identifier
les obstacles aux apprentissages, car une situation problème part d'un obstacle remarqué chez
l'élève. Cette identification est réalisée en amont de la séquence pédagogique, lors d’une phase de
diagnostic. Nous utilisons dans notre groupe de travail une technique de diagnostic des obstacles,
4
« Proposé au milieu des années 1970 par Jean-Louis Martinand lors des travaux de la commission Lagarrigue, le
concept de "référence à des pratiques sociales" est aujourd’hui utilisé par les didactiques des disciplines ancrées sur
des pratiques ». Extrait de : Parmentier, G. et Venem, S. In Académie de Lille. (2006). En ligne. <http://www2b.aclille.fr/techno2/memoires/0506/psr.pdf>. Consulté le 30 mai 2010.
5
Ibidem
6
Le Boterf, G. Repenser la compétence : Pour dépasser les idées reçues : 15 propositions. Paris : Editions
d’Organisation, 2008, 140 p.
7
Ibidem
4
mise en place par Pascal Duplessis, technique dite des « énoncés langagiers8 ». Un questionnaire de
positionnement documentaire facilite également ce repérage, tout comme des temps de
métacognition ou de dialogue banalisé entre ce qui est perçu par l'enseignant et ce qui est ressenti
par les élèves.
De même, des conditions s'avèrent primordiales : des temps de collaboration avec le professeur
d'atelier, parfois le chef des travaux, pour la participation aux réunions pédagogiques d'atelier, des
temps d'intervention, en classe ou au CDI, variables selon l'expertise du professeur documentaliste,
tout comme un dispositif d'évaluation de ces notions info-documentaires enseignées et corrélées
d'outils de régulation (des grilles de critères de réussite, de réalisation, mais aussi des écrits de type
carnet de bord, etc.) pour faciliter le feed back et amener l’apprenant à la prise de décision et à
l’action, compétence professionnelle qui, à l’école, revêt le nom d’autonomie.
Cette mise en œuvre de notre enseignement basé en priorité sur le matériau professionnel des
élèves et la pratique d'une collaboration expliquée aux élèves permet de donner du sens aux
apprentissages et de motiver l’apprenant. C’est une contribution à la lutte contre le décrochage
scolaire.
Proposer une transparence de diagnostic et d'évaluation active de chaque élève est également un
moyen d'établir des parcours individualisés de formation, chaque apprenant pouvant emprunter un
itinéraire d’apprentissage différent dépendant de ses besoins propres.
Autour d’un objet d’étude spécifique : le document technique
Pourquoi le "document technique" est-il apparu au fil du temps comme concept intégrateur9
de différentes notions ?
Très rapidement les apprenants de LP/LDM sont amenés à manipuler des normes, des notices de
fabricants, des prescriptions de mise en œuvre, de même qu’ils sont sollicités par des annonceurs de
toutes sortes.
Aux difficultés habituellement rencontrées en matière de recherche et de traitement d’informations,
s’ajoute le caractère spécifique du genre « document technique » et de ses circuits de diffusion que
les élèves doivent appréhender, comprendre et maîtriser pour mettre en œuvre leur formation
professionnelle. Cette réflexion nous a menées à approfondir notre connaissance du concept de
document technique en lui-même car il est traditionnellement associé et assimilé au document
scientifique. Seul la linguistique a permis de définir le document technique sous l'angle des
"discours procéduraux" (comment faire pour ?) et de le distinguer de la documentation
professionnelle qui elle est plus indifférenciée.
A partir de là, nous avons élaboré la carte conceptuelle du document technique10 et structuré toutes
les notions dégagées selon l'approche de la définition du document par le groupe de recherche du
CNRS Roger T. Pédauque (Réseaux Thématiques Pluridisciplinaires), à savoir la forme, le signe (le
sens) et le médium (relation entre émetteur et récepteur).
Obstacles repérés chez l'élève lors de l'utilisation des documents techniques (en cours de
recherche-action dans notre groupe de travail)
8
Duplessis, P. et al. Banque d'énoncés langagiers d'élèves de la 6ème à la terminale. In Le blog des Trois Couronnes.
(2008). En ligne. <http://esmeree.fr/lestroiscouronnes/idoc/chantiers/banque-d-enonces-langagiers-d-eleves-de-la-6emea-la-terminale>. Consulté le 25 mai 2010.
9
Ermel, L., Montaigne, A. et Stalder, A. Un concept intégrateur pour les lycées des métiers : Le document technique. In
Académie de Rouen. (2009). En ligne. < http://documentaliste.ac-rouen.fr/spip/spip.php?article249 >. Consulté le 7 juin
2010.
10
< http://documentaliste.ac-rouen.fr/spip/spip.php?rubrique72>
5
‐
‐
‐
‐
‐
la lecture complexe des documents techniques : articulation texte/image, vocabulaire
univoque, utilisation de codes d’édition, formulation injonctive, etc.
le statut de l’image dans le document technique11 : l'unité d’information visuelle peut être
complexe et parfois constitue en elle-même un document informatif à part entière
la connaissance parcellaire de ces documents techniques, du fait d’un usage via un document
souvent secondaire, reconstruit en vue de l’étude en classe
la différenciation entre un écrit professionnel et un écrit "grand public"
la non projection de l’usage des documents techniques autre que dans une situation
d’exercice scolaire.
Elaboration de tâches pédagogiques proposées aux élèves pour lever ces obstacles (en cours de
recherche-action)
- Comment résumer des articles de revues professionnelles pour les insérer dans la base
documentaire et les retrouver ultérieurement ? Justifier le vocabulaire employé.
- Comment répertorier les revues professionnelles en ligne dans son domaine ? Les
différencier. Analyser leur mode d'accès.
- Comment trouver les organismes de référence dans son domaine ? Justifier son choix et sa
démarche.
- Comment repérer les ressources professionnelles essentielles de son domaine ? Les lister, les
organiser dans son espace de travail. Justifier son choix et sa démarche.
- Comment différencier un document "grand magasin" d’un document de référence ?
- Comment repérer la caution technique d’un auteur (élaboration de la cartographie des écrits
d’un auteur sur le web) ?
- Comment concevoir une stratégie de communication dans le compte rendu de Période de
Formation en Milieu Professionnel ?
Ce cursus ainsi ébauché avec ses pistes de tâches pédagogiques expérimentées ou en cours
d’expérimentation induit selon nous des mutations pour le CDI.
Un "Learning centre" : sa déclinaison au lycée des métiers
A ce stade de nos travaux et réflexions nous constatons que ce cursus implique des changements
structurels pour le CDI des lycées des métiers qui pourrait devenir un lieu ressources au sens du
Learning centre12. Il se déclinerait autour des missions du professeur documentaliste qui, audelà des images récurrentes du CDI comme « cœur » ou « poumon du lycée13 », s’impose comme
une personne médiateur documentaire et médiateur culturel au sens large (culture des arts,
culture informationnelle et culture professionnelle).
Cet espace CDI, multipolaire et/ou « Centre de Ressources » ou « Learning centre »14, serait
référent parmi des espaces d’accès aux ressources professionnelles avec des pratiques
11
Badjo-Monnet, B et Bertier, M. Indexation pour la recherche d'information dans des documents techniques structurés
multimédias. In Université Stendhal-Grenoble3. (2003). En ligne. <http://w3.u-grenoble3.fr/les_enjeux/2002/MonnetBertier/home.html>. Consulté le 9 juin 2010.
12
Il se définit comme un centre de ressources, lieu d’apprentissage, d’information et de vie, lieu de culture tel Rouen
Business School qui veut ainsi « favoriser l’innovation pédagogique et mettre à disposition un lieu de travail et
d’échanges via une offre globale de services et de ressources», <http://www.rouenbs.fr/fr/campus/intelligence-learningcenter>.
13
France. Ministère de l’Education Nationale. Préconisations sur la réforme du lycée. In Ministère de l’Education
nationale. (2009). En ligne. <http://media.education.gouv.fr/file/06_juin/35/9/rapportconsultationlycee_60359.pdf>.
Rapporteur Richard Descoing, p. 25. Consulté le 8 juin 2010.
14
France. Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Les Learning centres : un modèle international de
bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche. In Enseignement supérieur et de la recherche. (2009). En
6
professionnelles spécifiques et engagées : dépouillement de revues professionnelles, partenariat
constant avec les organismes professionnels, collecte et mise à disposition efficiente de la
documentation technique et normative.
Un espace dynamique s'inspirant des Learning centres
Comme l'indique le site Educnet, on n'importe pas le modèle, « les Learning Centres devraient
trouver leur équivalent en France mais aussi dans la langue française »15, mais insistons sur cette
possibilité d’y développer un « travail de groupe et production de documents, souvent multimédia,
vivement encouragés ». Parmi ces documents, on pourrait concevoir des travaux collaboratifs
d'apprenants, tous statuts confondus, formation initiale et formation continue, ce qui constituerait
d’ailleurs une réalisation concrète et visible du caractère fédérateur des formations proposées dans
un même lycée des métiers : production de wikis sur un thème professionnel, listage de ressources
professionnelles accessibles et décryptées, puis mises à disposition sous forme de portails web, etc.
Ces productions collaboratives seraient le fruit de séquences de formation élaborées selon des
besoins sociétaux nouveaux — repérés lors de nos stages en entreprise du BTP et au sein
d’organismes de références comme le CSTB16, de visites de stage d’élèves en milieu
professionnel — et permettraient d’aborder un autre concept intégrateur en information
documentation pour le lycée des métiers : la veille technologique. Comment la construire, la
conduire et la diffuser au sein d’une entreprise ? Cette compétence de « savoir se tenir en éveil »
dans un champ professionnel, constitue selon nous un point clé d’un cursus en info-documentation
en lycée des métiers.
Un espace orienté centre de ressources professionnelles
On pourrait organiser des espaces identifiables sans se contenter d’un espace de revues ici
professionnelles. Seront clairement identifiables et déclinés l'espace professionnel, avec l'affichage
des manifestations et salons, les points annuaires pour recherche de stage, les espaces de
consultation en ligne de base de données, la documentation normative papier et en ligne, les
échantillons et catalogues des fournisseurs, la documentation technique.
La lecture en LDM est donc orientée surtout vers les revues professionnelles. En effet, l'appétence
pour ces sources d’information professionnelle est gigantesque et facilement quantifiable par un
pointage des consultations spontanées sur le temps de la pause méridienne. On constate que ces
revues professionnelles représentent parfois l’unique choix de lecture des élèves hormis les bandes
dessinées et les mangas. « Et pourtant ils lisent... »17 !
Cet espace, réorganisé, intégrerait des salles d'autonomie et d'autoformation pour faire le lien entre
les outils informatiques personnels et les outils déjà existants dans le lieu.
Nous sommes certaines que cette façon de concevoir l’Information ne peut se construire qu’à partir
de critères et d’indicateurs de qualité aussi bien pour la gestion et le fonctionnement du CDI que
pour la formation de l’élève. La politique de gestion se conçoit comme une strate d’appui à la
formation de l’usager.
Un espace ouvert sur la mutualisation de ressources pédagogiques
ligne.
<http://media.enseignementsup-recherche.gouv.fr/file/2009/33/6/Rapport_Learning_Centers_712_RV_131336.pdf>. Rapporteur Suzanne JOUGUELET. Consulté le 8 juin 2010.
15
France. Ministère de l’Education nationale et Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche. « Learning
centres » : modèle international de bibliothèque intégrée à l’enseignement et à la recherche. In Educnet-enseigner avec
le numérique. (2010). En ligne. <http://www.educnet.education.fr/veille-education-numerique/fevrier-2010/rapportlearning-centres-modele-international-bibliotheque-integree-enseignement-et-recherche/>. Consulté le 9 juin 2010.
16
CSTB : Centre Scientifique et Technique du Bâtiment.
17
Baudelot, C., Cartier, M., Détrez, C. Et pourtant ils lisent... Paris : Le Seuil, 1999, 245 p.
7
Pour ne pas repenser et reconstruire sans cesse, il a semblé utile de produire quelques outils adaptés
aux besoins des usagers et mis à disposition d’autres professeurs documentalistes18, sur une plate
forme de travail numérique19 :
- des référentiels info-documentaires. Ils constituent des outils support de réflexion et de
dialogue avec les collègues disciplinaires pour nos collaborations. Ils sont aussi une
ressource extérieure pour l’apprenant qui peut se positionner en matière de compétences
info-documentaires à la lecture de ceux-ci.
- une carte conceptuelle du document technique qui permet de circonscrire un objet
d’enseignement
- un protocole de dépouillement des revues professionnelles qui tient compte des normes
en vigueur de catalogage et d’indexation
- une fiche descriptive des périodiques dépouillés
En conclusion
Penser un cursus de l’élève en lycée des métiers c’est contribuer à la culture informationnelle qui
intègre la culture professionnelle, c’est-à-dire :
- concevoir des tâches pédagogiques pour donner du sens et ancrer les apprentissages sur
l’action « concrète » ce qui signifie viser des compétences en cohérence avec les activités
professionnelles
- individualiser le parcours de chaque élève avec l’idée de « l’accompagnement
personnalisé » dans le champ de la didactique info-documentaire
- imbriquer, mise à disposition de ressources professionnelles, formation à la culture
informationnelle professionnelle, accompagnement individualisé au sein de l’équipe
éducative et entamer un lien avec le cycle supérieur.
Ce qui suppose aussi prendre en compte l’évolution des pratiques sociales informationnelles des
élèves dans un contexte sociétal où les environnements numériques se généralisent et prendre en
compte les nouvelles modalités de travail collaboratif.
Ce qui suppose encore d’établir une véritable politique documentaire au service de l’élève.
L’élève de LDM a besoin constamment d’une « politique d’excellence pédagogique » et
ponctuellement, d’une prise en charge par un accompagnement personnalisé réel et non parcellaire
« tout au long de son parcours d'élève » avec une formation pour développer des compétences
informationnelles. C’est une plus value dans son cursus.
En conséquence il nous semble que ce parcours organisé, si l’on veut que chaque élève du lycée des
métiers en soit bénéficiaire, doit s’inscrire dans un cursus info-documentaire obligatoire. Ce
cursus doit cibler les ressources professionnelles et les obstacles repérés dans la maîtrise de
l’utilisation de la documentation technique et professionnelle. Il doit être en interaction élargie,
sous forme d'un triptyque qui associe, l'équipe éducative (enseignants d'ateliers, chef des travaux,
professeur documentaliste,…), les entreprises et organismes professionnels et la recherche qu’elle
soit sur le terrain ou en sciences de l'information et de la communication.
18
Cette année, notre groupe s’est élargi à d’autres familles de métiers pour évaluer les outils qui pouvaient être
transférés et/ou transposés à d’autres secteurs d’activité professionnelle : les services à la personne, la micro-mécanique.
Nous retrouvons cette expression « familles des métiers » à la page 29 de ce rapport : France. Haut Conseil de
l'Éducation. L'enseignement professionnel : Bilan des résultats de l’École – 2009. In La Documentation française.
(2009). En ligne. <http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/094000545/index.shtml>. Consulté le 16
mai 2010.
19
http://documentaliste.ac-rouen.fr/spip/spip.php?rubrique67
http://formdoc.rouen.iufm.fr/spip.php?rubrique65
8
9

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