Elle a aidé son mari à sortir du piège de l`alcool
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Elle a aidé son mari à sortir du piège de l`alcool
Elle a aidé son mari à sortir du piège de l'alcool Cholet - 26 Novembre La dépendance s'était installée insidieusement, bouleversant leur quotidien et leur relation. Elle raconte comment, dans ce cas-là, le conjoint a aussi besoin d'aide pour lui-même pouvoir aider Témoignage Bien des années ont passé mais Évelyne (1) préfère témoigner anonymement. Comme si les gens dont elle s'apprête à raconter l'histoire étaient d'autres personnes qu'elle et son mari, Michel. Et d'une certaine façon, c'est le cas depuis que ce couple choletais, la soixantaine, a tourné la page de l'alcool. Nous sommes au milieu des années 80. Le couple est marié depuis une dizaine d'années. L'alcool, à la maison, est festif. « Il faisait beaucoup de sport, les troisièmes mi-temps étaient bien arrosées, se souvient Évelyne. Je n'ai pas identifié le problème tout de suite. » Marques sur les bouteilles Mais la consommation s'intensifie. « Le soir, je ne savais pas à quelle heure il allait rentrer. Certains jours, ça allait. D'autres fois, pas du tout. Et il ne reconnaissait pas qu'il avait bu. Comme tous les malades, il « n'avait pris qu'un verre ». Ça me rendait malade. » La peur de l'accident de voiture, surtout, l'obsède. Les conséquences si quelqu'un est blessé. Il lui faut près de cinq ans pour oser demander de l'aide. Elle se rend à l'espace de parole « entourage » de l'association Alcool assistance. « J'étais très mal à l'aise, la peur au ventre », peur de rencontrer des connaissances, de devoir parler... Mais cette première réunion fait office de révélateur. C’est en poussant la porte des groupes de parole d'Alcool assistance qu'Évelyne, par amour pour son mari, l'a aidé à surmonter sa dépendance à l'alcool. Elle écoute. Et découvre que d'autres vivent la même chose qu'elle : « Surveiller mon mari, faire des marques sur les bouteilles, écouter comme s'ouvre la porte le soir, tout contrôler en fait... » Surtout, elle apprend ce soir-là que « l'alcoolisme est une maladie. Je n'en croyais pas mes oreilles : mon mari était donc malade. Et pouvait donc être soigné ». Ce soir-là, elle a « beaucoup pleuré. Et en même temps c'était rassurant car je parlais à des personnes qui comprenaient ». « Retrouver la confiance » En quittant la réunion, elle prend la décision d'assister à toutes les suivantes. Elle les consigne soigneusement sur son agenda. Prête à « faire le maximum pour aider » Michel. Et se dit : «Dans deux ans, si rien ne bouge, je partirai avec les enfants, sans culpabilité. Ou plutôt avec moins de culpabilité car j'avais aussi compris que je ne pouvais pas tout faire et surtout pas faire à sa place. » Car Michel prétend pouvoir « gérer » sa consommation. « Il lui a fallu beaucoup de temps pour comprendre et admettre qu'il ne pouvait pas gérer et que l'abstinence était sa solution pour s'en sortir. » Petit à petit, le couple chemine, grâce à l'aide de l'association et de l'espace de paroles. Évelyne énumère ce qui se reconstruit : « Retrouver la confiance en moi. Lui refaire confiance, et il m'a fallu beaucoup de temps. Réapprendre à vivre à deux : il avait beaucoup changé car venant aux espaces de paroles des malades, lui aussi avançait. S'ouvrir vers les autres ; l'alcool nous avait un peu coupé du monde extérieur. » Aujourd'hui, l'alcool a totalement disparu de leur vie. Au point d'oublier parfois d'en proposer à leurs invités, sourit Évelyne, alors que Michel n'a aucun problème à voir ses convives boire un verre de vin. « C'est une autre vie, tellement plus agréable », conclut Évelyne. Emeric EVAIN. (1) Les prénoms ont été changés. Alcool Assistance aide les malades et l’entourage 137 adhérents La section choletaise Alcool Assistance compte 137 adhérents. Un chiffre auquel il faut rajouter une soixantaine de nomades qui fréquentent l’association de temps à autre. Sur ce nombre, une centaine de « victimes directes », c’est-àdire de personnes dépendantes de l’alcool. Ce sont des hommes à 70 %, la tranche des 36-48 ans étant fortement représentée L’importance de l’entourage C’est la pierre angulaire de l’édifice, estiment Auguste Charrier et Annie Maudet, président départemental et responsable entourage de l’association, 90 % des gens arrivent à l’association par un proche. « Ça peut être des parents de 80 ans qui viennent pour leur fils de 50 ans ou un fils de 18 ans pour un papa de 35 ans. » Groupes de parole Ils existent bien sûr pour les « victimes directes ». Mais aussi pour l’entourage : « On explique bien qu’un malade qui se soigne peut évoluer très vite. L’entourage peut alors se sentir perdu, voire sombrer dans la dépression s’il reste sans accompagnement ». À Cholet, il y a même un espace pour les enfants animé par une psychologue. Et c’est gratuit. Renseignement : pour les malades, tél. 02 41 62 67 12 ou 02 41 56 33 49. Pour l’entourage, tél. 02 41 65 54 01 ou 02 41 70 02 51.