Vendredi 18 Mars 2016 à 20h30

Transcription

Vendredi 18 Mars 2016 à 20h30
BIT
Conception Maguy Marin
Musique Charlie Aubry
Avec
Ulises Alvarez, Laura Frigato, Daphné Koutsafti,
Françoise Leick, Cathy Polo, Marcelo Sepulveda
Dispositif scénique - la compagnie Maguy Marin. / Merci à Louise Mariotte pour son aide
Direction Technique et lumières - Alexandre Béneteaud / Décors et accessoires - Louise Gros et Laura Pignon. / Réalisation des costumes Nelly Geyres, assisté de Raphaël Lo Bello / Son - Antoine Garry / Régie plateau - Albin Chavignon
Durée : 1h00
Vendredi 18 Mars 2016 à 20h30
Les coproducteurs - Théâtre Garonne de Toulouse. Théâtre de la ville / Festival d'automne à Paris. Monaco Dance Forum - Les ballets de
Monte-Carlo. Opéra de Lille. La Filature, Scène nationale de Mulhouse. Ballet du Nord - Centre Chorégraphique National de Roubaix NordPas de Calais. Charleroi Danses - Le Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie - Bruxelles. MC2: maison de la culture de Grenoble.
Théâtre de Nîmes - scène conventionnée pour la danse contemporaine. Compagnie Maguy Marin. / Avec le soutien de La Biennale de la
danse de Lyon et du Théâtre National Populaire. Aide à la création de L'Adami. / La Compagnie Maguy Marin est subventionnée par le
Ministère de la Culture et de la Communication, Lyon, la Région Rhône-Alpes et reçoit l’aide de l’Institut français pour ses projets à
l’étranger. / La Compagnie Maguy Marin est associée au théâtre Garonne de Toulouse.
1
Un bel adieu jeté à la face du public toulousain. BIT, la dernière création de la
compagnie Maguy-Marin est une jolie surprise dans une rentrée socialement morose.
Maguy tire sa révérence, certes, mais avec éclat. Et même avec panache. Et, comme pour
nous montrer qu’elle n’est jamais à l’endroit où on l’attend, la chorégraphe a choisi de
revenir à la danse. Une farandole plutôt festive : six interprètes, liés en une chaîne humaine,
se livrent à une sorte de madison. On pense un peu à Pina Bausch, dans Masurca fogo. Mais
ne nous y trompons pas…
Car, chez Maguy Marin, la liesse est surtout là pour souligner au mascara épais les noirceurs
de notre existence. Interrompue d’ailleurs par des scènes plus sombres, dans lesquelles les
envoûtements de la danse font place à la gravité d’une forme plus théâtrale, cette pièce
prend très vite la tournure d’un « bal des victimes ». Un bal tragique comme il en était
organisé après la Terreur par des aristocrates décadents, se réunissant sur les cadavres de
leurs proches guillotinés et sur les cendres chaudes d’un monde perdu.
Débordements en tout genre, flirt innocent qui vire au viol collectif, Éros et Thanatos, pas de
doute : ici encore, BIT a des airs de vanité contemporaine. Une œuvre dans le sillage de cette
danse-théâtre de l’absurde, initiée avec l’hommage à Beckett May B, et poursuivie depuis
sous des formes plus ou moins minimalistes. Une danse de vie dans toute sa mécanique
implacable et tragique. Et s’il ne devait en rester qu’une vision, ce serait celle de ces corps
nus sans visage, qui se déversent sur un plan incliné recouvert d’un voile rouge. Et rappellent
– instant grandiose ! – la Mort de Sardanapale, chef-d’œuvre parmi les chefs-d’œuvre
d’Eugène Delacroix.
Une pièce philosophique et politique.
Seulement, ce n’est pas tout. Conçue à partir d’une réflexion sur le rythme (et non plus sur le
seul déplacement en plateau), cette pièce n’interroge pas uniquement, avec son esthétisme,
la question intemporelle d’un absurde existentialiste. Politique, en prise avec notre époque
bipolaire, un coup dépressive, un coup hypernerveuse, BIT c’est à la fois Turba et Salves. La
philosophie stoïcienne intégrée par la conscience et la rébellion rageuse de la compañera
Maguy Marin, excédée par les outrances de son temps. Transcendée par la musique techno
du sound designer toulousain Charlie Aubry, c’est de la danse à l’estomac et de la pensée qui
circule.
Bref, un petit camée, parfaitement taillé pour émouvoir dans l’instant et imprimer les esprits
dans la durée. Et ça, qu’on se le dise, s’est créé à Toulouse, au Théâtre Garonne, compagnon
de la chorégraphe depuis toujours et particulièrement depuis deux ans. Donc, merci Maguy.
Et bon vent… même s’il n’est pas d’autan. ¶
Bénédicte Soula- les 3 coups.com
2
ENTRETIEN AVEC MAGUY MARIN
(Réalisé à quelques jours de la création - Propos recueillis par Bénédicte Namont et Stéphane
Boitel, Théâtre Garonne - Toulouse août 14)
(…).Le travail de rythme - taper dans les mains, les percussions, les subtilités du jeu d'un
batteur– tout ça, c'est du plaisir pour moi. Le rythme, c'est aussi ce qu'on voit tout le temps
dans la rue, comment une vie est aussi scandée par des événements très rapides à certains
moments, ou plus lents à d'autres... Comment le rythme de chacun s'articule avec celui des
autres. Le rythme des générations... Ça devient une question très politique pour moi, qui
n'apparaît pas forcément dans le spectacle. Aussi, je suis assez fascinée de voir comment des
masses se forment, comment des solitudes se forment, et le mystère de ce flux. Dans mon
travail je lutte plutôt pour la concordance de ces flux, en même temps la discordance
entretient une contradiction qui nourrit le collectif. (…)
La différence ici est que les interprètes sont parfois en net décalage entre eux ou par rapport
à la musique, ou par rapport à ce que le public attend ; ils sont à contretemps du plaisir du
public, de ce plaisir que le public éprouve à « être avec » les interprètes. Quand le public est
décalé par rapport aux danseurs, c'est vécu comme une forme de violence. Car le réflexe,
c'est toujours de se mettre au diapason des autres : être discordant demande du courage...
La tendance est de dire « je vais avec », il y a une résistance à dire « je ne vais pas avec » ; le
public a envie « d'aller avec ». (…)
La grande différence avec Salves et les dernières pièces, c'est que dans Bit il y a une
continuité. Salves est morcelé par des noirs, ce sont des moments pris sur le vif. Ici, c'est
comme une seule chose, qui se tord mais ne s'interrompt jamais.
C'est Charlie Aubry (musicien et sound designer) qui a composé la musique pour le
spectacle, elle a des éclats incroyables, avec des matières sonores qui combinent nappes et
rythmes. L'écriture de la musique se fait parallèlement à l’écriture chorégraphique, mais je
travaille sans musique préexistante, je travaille uniquement au métronome. Parfois pendant
les répétitions je demande à Charlie d'envoyer de la musique qui n'a pas de rapport avec ce
qui se passe au plateau, ou parfois oui. La musique et le plateau sont comme des choses qui
s'ignorent et se rejoignent à certains moments.
3
EXTRAITS DE PRESSE
Alors que nous sommes plongés dans une actualité violente qui vise à détruire des peuples et
des cultures, BIT, la dernière création de Maguy Marin nous renvoie à la figure l’urgence de
trouver le lien qui nous permettrait de faire acte de résistance collective. Un travail
vertigineux !
LyonCapitale.fr
Avec son nouveau spectacle, la chorégraphe signe une de ses pièces les plus folles et fortes.
Un choc. Tel est Bit, la création que Maguy Marin a livrée en quittant son implantation
toulousaine. La chorégraphe y met la grâce rageuse qu'on lui connaît et sa confiance dans le
théâtre. En constante de la pièce, une même structure: une farandole que l'on découvre
d'abord en ombres chinoises. Elle a la beauté de La Danse de Matisse et déploie ce tricot de
pas qui façonne les danses folkloriques et autres carnavals des fous depuis la nuit des temps.
Trois hommes et trois femmes la mènent ensemble à qui mieux mieux d'un pas gaillard et
l'entraînent dans un parcours autour d'un décor de six plans inclinés, entre lesquels ils jouent
à cache-cache.(…) Une heure, six danseurs, un décor simplissime et un sacré sens du propos:
avec Bit, Maguy Marin met dans le mille.
Ariane Bavelier – Le Figaro.fr
MAGUY MARIN
D'origine espagnole, née à Toulouse en 1951, elle étudie la danse classique au conservatoire de
Toulouse. Elle entre ensuite au ballet de Strasbourg.
En 1970, elle rejoint l'École Mudra à sa création par Maurice Béjart à Bruxelles. En 1974, elle
participe à un groupe de recherche théâtrale, Chandra. En 1978, elle rencontre Daniel Ambash et
crée avec lui une compagnie Le Ballet Théâtre de l’Arche ; son activité créatrice prend dès lors son
essor, elle obtient un prix au Concours chorégraphique international de Bagnolet.
Entre 1980 et 1990, elle s’installe à la Maison des arts de Créteil, sa compagnie devient Centre
Chorégraphique National en 1985. Dès lors Maguy Marin sera une des chorégraphes les plus
importante de la Nouvelle danse française. Avec le musicien et compositeur Denis Mariotte depuis
1987, Maguy Marin creuse une langue très personnelle, fouillant le geste et les sons du corps, la
danse et le texte, la musique live, en se cherchant des alliés du côté de la littérature. Elle tourne et
retourne les questions de l'identité, de l'individu dans la société, des formatages en tous genres. Les
œuvres de la décennie 90 questionnent la condition humaine et les phénomènes de consommation.
Le propos plutôt axé sur une critique sociale, revêt une forme très sobre et même abrupte, donnant
à ces pièces une puissance rare.
De 1998 à 2011, elle prend la tête du Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape.
En 2011, elle est redevenue compagnie indépendante, date à laquelle elle décide de quitter la
direction du Centre chorégraphique. En 2012, elle s'installe dans la ville de Toulouse pour se
consacrer entièrement à la recherche artistique. À ce jour, elle a réalisé une quarantaine de pièces.
La Compagnie Maguy Marin a présenté Salves (Théâtre couvert - 2012),
May B (Amphithéâtre - 2008) à Châteauvallon
4

Documents pareils