Diagnostic des quartiers des Pyramides et des Aunettes
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Diagnostic des quartiers des Pyramides et des Aunettes
EVRY HISTOIRES URBAINES QUARTIERS DU MONDE Ce projet a été élaboré sous la direction de Miled ZRIDA Directeur de l’Action Territoriale, par Maryse LOIRAT FONTAINE, chef de service Intégration et Coopération décentralisée, responsable de la mise en œuvre de la démarche avec la collaboration de la directrice de l’équipement de quartier des Aunettes Michèle DE ROLLAND. Novembre 2003 MF/1 I. EVRY : CONCEPT DES “VILLES NOUVELLES” DES ANNEES 70 1.1. LES PREMIERS PAS : 1965 – 1975 Ce tableau a été réalisé par Elio COHEN BOULAKIA habitant et membre de l’Association Coup de soleil (quartier des Aunettes) participant au projet – Elio était un des urbanistes de l’EPEVRY (établissement public en charge de la construction de la ville nouvelle d’Evry – 1965 – 2001 25 février 1965 20 mai 1965 18 juillet 1966 Juillet 1966 1er mars 1967 Décembre 1967 Mars 1968 2ème semestre 1968 1969 12 avril 1969 Octobre 1969 Par décret le Conseil d'Etat fixe sur la commune d'Evry le chef-lieu du nouveau département de l'Essonne créé par la loi du 10 juillet 1964 Le gouvernement décide de la création d'Evry ville nouvelle Création de la mission d'étude et d'aménagement de la ville nouvelle d'Evry confiée à M André Lalande, Inspecteur général de la construction Mise en service de la SNECMA d'Evry-Corbeil (4500 emplois) La Mission d'aménagement s'installe dans des bâtiments provisoires (qui viennent seulement d'être démolis) entre la RN7 et le bourg d'Evry 940 hectares de terrain de la future zone centrale opérationnelle sont déclarés d'utilité publique Ouverture du chantier de la préfecture Réalisation des premières acquisitions foncières dans la zone opérationnelle (800ha) Décision de transfert sur la ville nouvelle de l'hippodrome du Tremblay Lancement des premiers grands travaux d'infrastructures dans le secteur opérationnel central Ouverture du chantier du Parc aux lièvres (1160 logements) Lancement des travaux: - Du parc industriel du Bois de l'Epine 1970 - Du nouveau "Courcouronnes"(1250 logements) - Du Champtier du Coq à Evry (1540 logements) 6 octobre 1970 Inauguration du Novotel d'Evry(Courcouronnes) 18 mai 1971 Lancement du concours d'Evry1 par Maurice Doublet, préfet de Région Inauguration de la préfecture (mise en service en juin 1971) par le chef 18 novembre 1971 de l'Etat (G Pompidou) Michel Aurillac étant préfet de l'Essonne - Ouverture des premiers établissements industriels du Bois de l'Epine(la fonderie de Gentilly- SOCEM-Mongin Balance – Legave-France économats) Eté 1971 - Mise en logements du "Parc aux lièvres" - Aménagements du port des matériaux d'Evry sur la Seine - Début des travaux de la nouvelle ligne SNCF - Inauguration de l'usine d'eau potable de Morsang sur Seine Fin 1971 Premières plantations du Parc de la préfecture et du parc de MF/2 Courcouronnes après le creusement du lac (70-71) - Mise en logement du Champtier du Coq et du nouveau Courcouronnes. L'école expérimentale à "aires ouvertes"du Champtier du Coq ouvre ses portes en septembre - Inauguration de l'hippodrome des arcades et de la base de loisirs de Saint Eutrope - Lancement de 3 parcs industriels (Saint-Guenault- La Marinièrela Petite Montagne) 1972 - Mise en chantier du nouveau "Bondoufle" - Ouverture du centre d’information de la Ville nouvelle au Bois Briard - Ouverture de 2 grands chantiers de la zone centrale : l'Agora et le centre commercial régional Evry 1 (l'équipe lauréate du concours ayant été désignée par le jury en juillet 1972) – futur quartier des Pyramides - Mise en service du premier central téléphonique - Mise sur le marché des premiers programmes de bureaux 1973 - Mise sur le marché des locaux préconstruits de la "Petite Montagne" par la SILIC - Mise en logement du quartier des pyramides au premier semestre 1975 - Conseil des Ministres à Evry 26 février 75 - Inauguration de l'Agora et du centre commercial en présence de 19 mars 10 000 invités - Inauguration du premier réseau de transport en commun sur 15 communes (géré par la RATP, la TICE s'y substituera ultérieurement) Décembre - Inauguration de la nouvelle ligne SNCF, (4 gares) - 2000 ha de terrains avaient été acquis par les pouvoirs publics (et en partie rétrocédés après aménagement) - 8000 logements avaient été réalisés dans le périmètre A la fin de l'année opérationnel, permettant l'accueil de 25 000 nouveaux habitants 1975 - 9 700 emplois nouveaux avaient été créés - 75 hectares de parcs ouverts au public. Cette présentation montre l’ampleur des travaux organisant cette ville du XXIème siècle sur l’Essonne ; quatre autres villes nouvelles sont construites dans la grande périphérie de Paris : Cergy Pontoise, Melun Sénart, Marne la Vallée, Saint Quentin en Yvelines, toutes conçues sur le même modèle. 1.2 LE QUARTIER DES PYRAMIDES 1.2.1 INNOVATION URBAINE Les années 70 ont connu une période de révolution architecturale lors de l’apparition des Villes nouvelles, destinées à désengorger la capitale. Ses contemporains ont littéralement transformé le paysage du paisible Evry petit Bourg en Ville préfecture. Des grues, des MF/3 chantiers, des camions ont dessiné les contours de la future Ville. C’est au nord-ouest de la ville qu’est apparue la plus grande des branches du X avec le quartier des Pyramides. Pour comprendre comment s’est construit le quartier des Pyramides, ce «moment passionnant de la Ville du futur » vécu par les architectes, il convient de remonter le temps et de le resituer dans son contexte. En effet, jusqu’en 1975 la France vivait une époque prospère, dénommée les « Trente Glorieuses » par l’économiste Jean Fourastié qui désignait ainsi la période de croissance économique que connut la France de 1945, à la fin de la seconde Guerre mondiale, jusqu’au premier choc pétrolier en 1973.Durant ces années donc, la France connaît un taux de croissance de son PIB de 5% par an et devient une société de consommation. La population croit rapidement, les enfants du baby boom se multiplient, la capitale risque d’être engorgée et il est donc indispensable de proposer de nombreux nouveaux logements… Un grand concours d’architecture et d’urbanisme fut lancé en mai 1971, sous le nom « d’EVRY 1 » et qui portait sur un programme de 7000 logements (qui seront réduits à 2500 suite à la rétraction du maître d’ouvrage). Le projet des Pyramides fut remporté par l’équipe GARP. Proche du centre ville et du centre commercial, le quartier a été conçu pour toutes les catégories sociales. Le calme y était garanti par son écart avec les grands axes routiers et les zones piétonnes privilégiées. Ce fut la période où l’on construisit des dalles en nombre, pour établir une vie piétonne, à l’abri de la circulation automobile. Les Pyramides se distinguèrent par l’intégration de services dans l’habitat et par la présence du site propre du bus. Les bâtiments pyramidaux et colorés affichaient un contraste étudié de paysages minéraux dans les rues piétonnes et de scènes végétales au parc des Loges (15 hectares) Innovation urbaine pour un nouveau mode de vie 2500 logements ont été construits entre 1974 et 1980 sur 300 000m2. Une des innovations fut la redistribution des bâtiments dans l’espace pour un retour à la rue, pour le plaisir de flâner. La structure des bâtiments s’est faite en cubes et en « poteaux dalles ». Cette technique permettait le remodelage des immeubles, durant cette période dite de structuralisme. Tous les logements possédaient leur terrasse et conjuguaient ainsi un véritable espace privé extérieur et un appartement en ville. Des architectes de renom L’équipe GARP, lauréate du concours était constituée de plusieurs architectes (Andrault et Parat, P. Sirvin, G ; Autran…) auxquels se sont joints des sculpteurs, des coloristes, bref des artistes à la recherche d’innovation urbaine et d’un mode de vie nouveau. Tout était fait pour répondre aux besoins des futurs habitants « le mieux vivre ensemble ». Ce quartier a une « histoire » dans la ville et il nous a semblé important de la raconter à travers ses habitants. Il a été le premier, devant les difficultés constatées, à bénéficier des différents dispositifs mis en place par l’Etat. Malgré des périodes extrêmement difficiles vécues par les habitants, la violence des jeunes et la disparition pour un temps des institutions, ce quartier a des potentialités énormes à travers ses habitants et en particulier les jeunes. Aller à leur rencontre, entendre leur parole, les faire participer aux transformations sociales de demain est d’une grande importance pour la ville et ses élus. MF/4 1.2.2. LA VIE SOCIALE CREEE ET PRISE EN CHARGE PAR LES HABITANTS Monsieur CHICHERY, Madame BOISRIVEAU, habitants participant au projet et membres aussi du Conseil de quartier des Pyramides racontent : « Nous sommes arrivés en août 1975, et notre première démarche de participation avait pour objectif de créer un collectif de défense des co-propriétaires pour dénoncer les malfaçons des bâtiments. La vie sociale donc sur le quartier du dragon démarrait sur un aspect revendicatif ; Il existait à l’époque sur ce quartier les pyramides, le dragon, le foyer Sonacotra où résidaient les ouvriers chargés de construire la ville, et le démarrage du site propre. Le Centre commercial était déjà réalisé ainsi que la Préfecture et les quartiers du Champtier du Coq, du Parc aux Lièvres et d’Aguado. Dans les mois qui suivent, on assiste à une montée en puissance du quartier (cinq autres bâtiments, l’école Jules Verne et la rue des Pyramides.) En 1978, les habitants remettent en cause le quartier des Pyramides et ses urbanistes pour qui les Pyramides étaient plutôt une opération de prestige. Déjà, les habitants ressentent une dérive du quartier. Les permis de construire délivrés n’ont plus les mêmes objectifs qu’au départ ; on est passé d’espaces co-propriétés à des espaces locatifs. A l’origine, la répartition devait être la suivante : 40% locatif, 60 % accession. La faillite de l’entreprise amène la Société France Habitation (société HLM) a acheté. On va dès lors pouvoir assister au déséquilibre social. En 1980, sur demande des habitants un sociologue rend une étude dans laquelle il dénonce les futures problématiques (sur 15 ans). En 1983, arrivée importante de population originaire de province employée dans les usines environnantes LU – COCA COLA. Ces femmes françaises souvent ne maîtrisent pas l’écriture et la lecture et une équipe d’habitantes animée par madame BOISRIVEAU anime un groupe de femmes et met en place les prémisses de l’équipement de quartier qui est une émanation associative d’habitants, puis une halte garderie, un centre de loisirs géré par des bénévoles du quartier. En 1977, construction du fameux bâtiment 14 comprenant 247 appartements. Il devient nécessaire pour le collectif d’habitants de mettre en place une structure plus organisée et il crée un équipement de quartier géré par une association l’AHE1. Dès lors, le groupe informel du début se voit avant tout chargé de la mise en place de dossiers, de projets, de demandes de subventions car une telle structure ne peut plus être gérée par des bénévoles. Ils constatent alors une perte des habitants du début. La vie sociale était encore à l’époque un véritable bouillon de culture structuré par les habitants. Ils voulaient prendre en charge la construction du quartier. L’association comprenait des habitants, des parents d’élèves. La gestion et l’animation étaient prises en charge par les habitants. Lors de l’ouverture du CLAE - centre de loisirs en milieu ouvert, il a fallu recruter un MF/5 directeur possédant les diplômes nécessaires pour encadre une telle structure mais les animateurs restaient encore tous des gens impliques dans le quartier. Pour répondre aux besoins des jeunes grandissant une nouvelle structure est mise en place l’ACAVE. Elle accueillait plutôt les jeunes autour de terrain d’aventure, ateliers de préformation (bois, fer..) atelier de tissage, préparation au BAFA, au permis de conduire. En 1985, l’ACAVE voit ses missions se transformer et l’arrêt des ateliers remplacés par un travail de rue et le recrutement d’éducateurs spécialisés qui vont remplacer petit à petit les habitants bénévoles (16 – 16 éducateurs) Les quartiers du Canal et des Epinettes sont terminés. Cependant, sur les différents équipements encore gérés par les équipements des habitantes du quartier sont recrutés et de bénévoles deviennent salariées. De puis plusieurs, les immeubles en locatif voient arrivés une population d’origine maghrébine, rue Bonaparte, rue des Pyramides. Le quartier cependant se trouve isolé par les passerelles N7 et centre commercial - peu de cheminements naturels. La Maison de quartier reste cependant un lieu de célébrations (mariages, baptêmes, fête de quartier …) Le collège aussi, particularité de ce quartier est un collège ouvert sur les habitations et où les jeunes peuvent en permanence se rendrent dans l’équipement situé à côté. En 1990, tout bascule. Le quartier se dégrade… C’est le début de la crise et les populations déjà fragilisées sont directement touchées par le chômage. On observe alors beaucoup de situations familiales où aucun des adultes n’a de vie sociale extérieure. Les hommes souvent dans le bâtiment et les mères élevant les enfants à la maison. L’Association d’habitants AHE1 se retrouve mise en cause ; ils pensent qu’ils étaient rester sur l’histoire et n’avaient peut-être pas pu accepter le changement ; de plus, beaucoup étaient partis sur d’autres villes. L’association aussi dérangeait les institutions car la gestion des différents équipements ressemblait à une gestion d’une véritable PME. De plus, les nouveaux habitants ne ressentaient pas le besoin de s’investir dans l’association. L’Association est dissoute. Pour les nouveaux habitants, le quartier et son aménagement étaient acquis et il n’existait plus réellement une démarche de création mais plutôt une démarche de consommation. En 1995, le quartier va mal… violences, racket, dégradations. En 1997, il n’ y a plus d’institutions sur le quartier. Une association initiée par la ville l’AGEVE est créée avec pour objectifs de municipalisation de l’ensemble des équipements de la ville sur l’ensemble des quartiers et de réfléchir à une nouvelle orientation de leurs missions. Un drame accentue encore la problématique violence du quartier : l’assassinat d’un jeune turc du quartier des Tarterets à Corbeil Essonnes par une jeune du quartier des Pyramides. L’état de siège est déclaré et le quartier fermé par les forces de police. MF/6 II. APPROCHE CONCEPTUELLE Dès lors, ce quartier fait l’objet de nombreux dispositifs et réflexions de réhabilitation et devient un quartier dit « sensible. » 2.1 NOTION DE CATEGORISATION Lorenza Mondela, urbaniste et chercheur parle du processus de catégorisation en ces termes qui semblent importants à citer dans le cadre de notre recherche : «En catégorisant un lieu, un quartier, une zone, une ville on n’en produit pas seulement une certaine image, mais plus radicalement on structure des raisonnements et des conduites rendues appropriées par cette image. Le fait de caractériser certains lieux par l’insécurité a des effets pervers sur leurs modes de fréquentation, sur les investissements immobiliers. Sur la désaffection des espaces publics qui s’incarnent dans des conduites d’évitement ou dans des réflexes sécuritaires et répressifs, générant mutuellement et circulairement toujours plus de violence. Les processus de catégorisation organisent les façons qu'ont les gens de s'approprier ou non un espace, de se l’approprier ensemble ou contre d’autres catégories - ce qui produit des effets sur la constitution de groupes qui peuvent dépasser les frontières nationales ou ethniques et qui peuvent être porteurs d’un projet collectif, ou sur la constitution d’une fragmentation sociale où priment le repli et l’évitement de l’autre. Il est donc nécessaire de tenir compte autant des processus de clivage et d’inscription territoriale des différences que des processus d’émergence de communautés locales et d’unification de collectifs engagés sur des objectifs communs… Ce qui est en jeu n’est pas uniquement la façon dont une version (d’autres diront une image, ou une représentation) est construite ou configurée mais aussi comment elle élabore l’identité des catégories sociales concernées, comment elle est exprimée ou non par elles, qui en sont les porte-parole autorisés/imposés, comment la participation de certaines catégories sociales y est garantie ou non. C’est tout le cœur de notre recherche de travail autour des appartenances, des stéréotypes, de non reconnaissance de certaines catégories qui se replient ou s’incarnent dans des conduites violentes. LE QUARTIER DES PYRAMIDES FAIT L’OBJET DE DISPOSITIFS DE REHABILITATION PERMETTANT DE LUI DONNER UNE NOUVELLE IMAGE Le quartier des Pyramides est inscrit dans le cadre des dispositifs « politique de la ville » permettant le financement d’un certain nombre d’actions visant à l’insertion des personnes les plus marginalisées et en particulier celles issues de l’immigration ; ainsi que des réhabilitations et du renouvellement urbain. Le classement du quartier par le Ministère de la Ville en « grand projet de ville » permettra le financement de ces réhabilitations et doit associer les habitants pour permettre d’aborder tous les enjeux du mieux vivre dont les thèmes les plus urgents sont la sécurité, la propreté, l’amélioration du cadre de vie. Par ailleurs, la ville a entrepris un travail de renouvellement urbain et de renforcement des services publics Cette définition de cette urbaniste chercheur cadre tout à fait dans le projet HISTOIRES URBAINES QUARTIERS DU MONDE. MF/7 2.2. NOTION DE L’IMAGINAIRE URBAIN L’imaginaire urbain, inscrit dans la longue durée, ou plus fugace, relève de multiples registres : savoirs scientifiques ou dires d’experts, discours politiques ou règles technocratiques, représentations artistiques et littéraires, mythes sociaux savoir commun. Les images que nous élaborons les uns et les autres au cours de nos pérégrinations en ville à partir de nos propres découvertes et expériences sensibles de l’espace urbain de nos engagements, de paroles échangées viennent d’impressions esthétiques, sonores, olfactives, de sentiments ressentis de confort ou d’inconfort, de liberté ou d’enferment, de sécurité ou de peur, ; d’étrangeté, d’anonymat ou d’appartenance à la « communauté urbain ». Multiplicité de signes et de sensations à interpréter, qui nous renvoient à notre imaginaire et à notre mémoire et sans lesquels la ville ne saurait être pour chacun d’entre nous un espace intelligent et familier, appropriable. On peut aussi s’interroger sur les façons de (ses) dire des différents acteurs sur les normes et les standards ou les écarts qui rendent non seulement certaines versions mais encore certaines façons de les produire acceptables ou inacceptables, recevables ou irrecevables. Le problème devient alors non seulement celui de la reconnaissance publique de certaines versions, mais aussi de certaines manières de les dire, c’est à dire de les manifester de les affirmer de les revendiquer en considérant que ces manières sont liées à la spécificité des positionnements, des identités, des catégories de leurs énonciateurs et partant de leurs versions ; Cette analyse des façons caractéristiques de communiquer des différents groupes souvent objet de malentendus, de stéréotypisations, de non-reconnaissance, est elle-même à articuler à des positionnements identitaires par lesquels se définissent dynamiquement des groupes et sub-cultures urbaines. Leur étude ainsi que leur prise en compte dans la manière d’organiser et d’évaluer les modalités de débats et de la communication entre habitants et gestionnaires de l’espace urbain permettraient d’envisager de nouvelles formes de gouvernance. 2.3 NOTION DE STIGMATISATION DE LA BANLIEUE Causeurs par Lorenza Mondala (chercheur) Aujourd’hui le terme de banlieue est souvent associé à une catégorisation négative, stigmatisante, dévalorisée. Cela n’a toutefois pas toujours été le cas : à l’origine banlieue renvoie à l’espace d’une lieue autour des confins de la ville soumis au « ban », c’est-à-dire sa juridiction. Si la banlieue a toujours été située aux limité de la ville, ces « marges » n’ont pas été des « zones »dotées d’une image péjorative (la première zone est un espace non constructible autour des fortifications de Paris élevées en 1845 qui se maintient entre la ville et la banlieue jusqu’aux années 1930, n’étant occupé que par des baraques provisoires.) On ne parlera pas de la même façon de la banlieue à l’occasion de l’inauguration d’un festival de jazz contemporain ou à l’occasion de l’incendie d’une voiture de police. Deux enjeux apparaissent ainsi : d’une part, il s’agit de réfléchir aux figures, aux procédés, aux processus par lesquels ces images de la ville se constituent et se transforment, dans les discours autant que dans les pratiques ; d’autre part, il s’agit de se pencher sur les scènes sociales dans lesquelles elles émergent, se diffusent et prennent leurs sens. Il apparaît donc que chaque banlieue ne se caractérise pas de la même façon ; alors comment des quartiers dits « nouveaux, réunissant l’ensemble des ingrédients pouvant vivre mieux ensemble » sont devenus des « banlieues » dites dangereuses regroupant pour certains l’ensemble des maux de la société MF/8 2.4 NOTION DE « JEUNES DE LA CITE » D’après un texte d’Hervé LE BRAS Chercheur« Les jeunes, la violence et le système des cités » Il n’est pas question en quelques lignes de dresser une sociologie des jeunes dans les cités. On peut, cependant, mettre en évidence trois constats : - violence gratuite des jeunes - forces de l’ordre bafouées - abîme entre les cultures du fait d’origines différentes. Il faut envisager les cités ou quartiers sous l’angle d’une société à sa manière autorégulée par l’élaboration de nouveaux codes, rites et langages .L’approche anthropologique et ethnographique est ici la plus prometteuse, par exemple le travail de David Lepoutre (chercheur). Le groupe de jeunes a pris une position centrale dans les cités pour des raisons factuelles tenant aux rapports entres les générations. Les parents sont, par définition des cités, des migrants de l’intérieur ou de l’extérieur. Assez pauvres, menacés du chômage, ou même déjà au chômage, ils sont en outre peu mobiles. Une fois installés dans la cité, ils ne peuvent souvent plus la quitter et ils ne se déplacent guère en dehors durant la journée. Leurs réseaux de sociabilité et d’entraide tendent donc à être plus fragiles et moins étoffés que dans le reste de la population. Cette faiblesse est accentuée souvent par un refus de leurs cultures d’origine, par conformisme. Dans ces conditions, les jeunes gens ont plus de latitude pour se constituer en groupe. Faute de modèles parentaux (et ceci est indépendant des questions d’autorité), on doit prêter une grande attention à leurs aspirations. Elles ne sont pas très différentes de celles des autres jeunes dans une société convertie au libéralisme économique. Les jeunes hommes ne veulent pas s’affirmer dans l’abstrait, mais par rapport à leurs proches et à leur voisinage immédiat. Pour cela, ils doivent accéder à l’un ou à plusieurs des trois signes tangibles dus au statut : - l’argent - un métier stable - les femmes Or, trois goulots d’étranglement se sont encore resserrés dans les années récentes : - perte de la confiance dans un progrès de la société, d’où la nécessité de se débrouiller tout de suite et au mieux ; - chômage et précarité de l’emploi des jeunes, plus importants que ceux des actifs plus âgés et d’autant plus élevés qu’on ne possède pas de qualification. De plus, par un effet de retour, la crainte des cités conduit à une ségrégation à l’embauche, écartant ceux qui en viennent - pénurie de filles pour les garçons de 12 à 20 ans du fait de la différence d’âge de deux ans et demi dans les couples. Ces conditions entraînent un surcroît de concurrence entre les jeunes pour accéder à un statut constatable par leurs proches. Comme les générations plus âgées ne peuvent pas réguler (au sens de donner des règles) cette compétition des jeunes, cette dernière s’organise elle-même et se donne ses propres rites. On peut noter les caractéristiques suivantes : - l’importance de la notion de « respect » sorte d’équivalent de l’honneur - l’importance des rapports de fratrie, encadrement des sœurs, entraide des frères MF/9 - la mobilisation rapide du groupe facilitée par une circulation intense des informations et surtout des rumeurs et une circulation aussi rapide des jeunes. Sans entrer dans le débat sur le rôle de l’environnement architectural et urbain, on peut noter cependant que sur ce point, la structure physique de la cité compte - l’importance des contacts agonistiques : provocation par des insultes, duels, cycles de vengeance, rôle des pacificateurs qui tous contribuent à structurer la société des jeunes - le développement de l’économie parallèle ou souterraine qui permet des enrichissements spectaculaires, rapides, et souvent éphémères, donc une certaine rotation des statuts ménageant des espoirs ; Ces éléments interagissent dans des directions imprévisibles. Par exemple, « le respect » qui est reporté sur les sœurs par les garçons dont le statut parmi les jeunes est le plus faible, accentue la pénurie de partenaires féminines potentielles et renforce le pouvoir masculin et la compétition entre les jeunes hommes. Les rites de duels, d’affrontements de bandes, de représailles, de prises de risque, de provocation sont à interpréter dans ce contexte. Le collège est un champ privilégié pour le développement de ces comportements car les rituels de l’administration scolaire permettent à leur tour le développement de rituels de compétition entre jeunes Paradoxalement, ceci peut se révéler inutile apprentissage pour les jeunes : savoir négocier des alliances, savoir se faire respecter, exercer un courage physique. Ceux qui s’en sortent sont mieux exercés et, il faut le dire mieux armés. On peut les retrouver quelques années, plus tard, engagés dans des secteurs très modernes de la communication, du spectacle, de la culture. Mais la casse humaine est aussi en proportion non négligeable. Elle est moins spectaculaire car ceux qui ont été rejetés à un statut inférieur perdent souvent espoir et agressivité, voire la retournent contre eux-mêmes, ce qui donne à la France, le triste record du plus fort taux mondial de suicide des jeunes de 15 à 25 ans. Le plus gros problème de la violence des jeunes n’est donc pas son effet sur l’extérieur du groupe d’âge et de la cité, mais sur les jeunes eux-mêmes, à l’intérieur de leur propre groupe. On en a une autre confirmation au cours de ces dernières années avec le développement des homicides de jeunes par des jeunes. La société des cités et particulièrement celle des jeunes est une construction récente et ad hoc qui tente de faire face au mieux aux contraintes qui lui sont imposées. L’ethnocide et les références à l’insécurité sont, pour l’essentiel, des représentations choisies et manipulées par les différents acteurs. On retrouve ainsi des problèmes analogues à ceux que posaient les bandes de jeunes dans les grands ensembles des années soixante. Mais en 1960, les jeunes n’avaient pas grande confiance dans le progrès social en général, leur frustration sexuelle était peut-être encore plus grande, mais ils pouvaient facilement trouver un travail stable. III. EVRY “CAPITALE DE L’ESSONNE” : la ville actuelle 3.1. LA POPULATION EVRY, en 2003, compte 49397 habitants. Un habitant sur 3 a moins de 19 ans, 74 % moins de 40 ans. Cinquante huit nationalités s’y côtoient. MF/10 32 % sont âgés de 0 à 19 ans, 18.3 de 20 à 29 ans, 26.1 de 30 à 44 ans, 15.4 de 45 à 59 ans et 8 % ont plus de 60 ans La répartition par genre : - Hommes : 34 sont célibataires, 56.8 sont mariés, 1.2 sont veufs, et 7 sont divorcés. - Femmes : 28.9 sont célibataires, 51.8 mariées, 6.7 veuves, 12.6 sont divorcées Nationalité : 77.1 sont français de naissance, 9.9 sont français par acquisition de la nationalité, 13 sont de nationalité étrangère. 3.2 L’HABITAT ET L’ENVIRONNEMENT 27 800 logements existent sur la ville 57 % en accession, 43 % en location, 68 % de collectif, 32 % d’individuel: Deux grands axes routiers la partage : de la Nationale 7 jusqu’à la Seine, nous avons les quartiers du Village, du Mousseau, du Champtier du Coq, Champs Elysées et le quartier du Parc aux Lièvres. Une coulée verte apportant à cette partie de la ville de nombreux espaces verts. Le chemin de halage le long de la Seine relie la ville à ses voisines Ris Orangis et Corbeil Essonne et le long des berges existent encore les châteaux du 17 et 18ème siècles donnant à la ville ancienne une place importante dans l’histoire de France. De l’autre côté de la Nationale 7 jusqu’à l’autoroute A6, dite l’autoroute du soleil puisque menant jusqu’à Marseille, se situent les autres quartiers : Pyramides, Bois Sauvage, Bois Guillaume, Les Epinettes et les Aunettes, et le Centre Ville plutôt représenté par son Centre Commercial Régional où se regroupent grands magasins, espaces culturels (Théâtre, Cinéma, Patinoire et clubs de sports, les Arènes, salle de spectacle, Médiathèque, Galerie Photos) Sur cette partie de la ville, autour de la Place des Droits de l’Homme et du Citoyen où se situent la Mairie, la Chambre de Commerce et la Cathédrale, débute un grand parc, le Parc des Coquibus menant aux quartiers des Epinettes et des Aunettes. L’entretien des espaces verts et du fleurissement est du ressort de la ville ; EVRY vient d’acquérir sa deuxième étoile pour la qualité de son fleurissement ; des campagnes anti-tag et de ramassages des encombrants où voitures abandonnées sont régulièrement menées permettant d’atténuer le sentiment de dégradation ou d’insécurité que ressentaient les habitants. Le ramassage des ordures et le nettoyage des espaces publics sont aussi du ressort de la ville. 3.3. LES TRANSPORTS EVRY, lors de sa construction a pu bénéficier d’un réseau important de transport urbain (bus) desservant l’ensemble des villes environnantes ; deux gares desservent la ville (une gare en Bords de Seine, une autre au centre ville). La ville est reliée à Paris régulièrement en 35 mn. Est en cours de réflexion un tramway reliant l’Essonne dont EVRY à Melun Sénart (Seine et Marne) en direct. Le service autoroutier est très proche permettant de rejoindre les autres autoroutes. Sur la ville, qui est ville préfecture l’ensemble des institutions sont réunies ainsi que des services de l’Etat déconcentrés. MF/11 3.4 LA SANTE En matière de santé, il y a un hôpital permettant d’accueillir de nombreux patients mais construit dans les débuts de la ville, il est nécessaire que les bâtiments soient réhabilités. Deux cliniques équipées du matériel le plus performant pour les soins de cardiologie ou de greffe osseuse sont présentes sur la ville. Il existe aussi un Centre de santé municipal pratiquant une médecine communautaire – c’est-à-dire de prévention plus que de médecine curative, et d’éducation des malades à une autre prise en charge de leur santé-. Soixante dix huit généralistes ou spécialistes exercent dans des cabinets privés. Il existe sur la ville un important réseau de santé animé par une association EVRY Santé permettant d’organiser des journées de réflexion sur des politiques publiques de santé et de prévention : SIDA, MST , Soins bucco-dentaires, caries, dépression et suicides des jeunes, tabac, alcool…. Un Centre de planification géré par le Département accueille de nombreuses femmes et jeunes filles pour des modes de contraception, de prévention ou d’avortement. Il a été constaté (mais cela reste à vérifier- données de 2000) que de plus en plus d’adolescentes (de 13 à 18 ans) sont en demande, soit de pilules du lendemain, soit d’avortement. Une structure intéressante existe sur la ville émanant des médecins du Centre de santé : PAUSE. Ce lieu animé par des psychologues accueille gratuitement toute personne souhaitant parler de son malaise, des problèmes de couple, de sa difficulté en période de deuil. Ils interviennent beaucoup en milieu scolaire (collège) auprès de pré-adolescents pour parler de la puberté, de l’identité, de la drogue, du suicide. Cette structure est subventionnée par des Fonds publics 3.5 ENFANCE Huit crèches collectives accueillent 300 enfants de 3 mois à 3 ans ; deux halte garderies permettent aux parents de laisser pour un temps leurs enfants durant la journée. Un réseau de nourrices à domicile agrées par la Direction Départementale de l’action sociale accueillent 150 enfants. Des rencontres entre les nourrices à domicile pour des formations, des échanges sur l’éducation ont régulièrement lieu sur les différents quartiers – espace bout’chou – petit à petit. Le réseau d’accueil des moins de trois ans est le plus performant du département. Il existe aussi quatre PMI (Protection maternelle et infantile) sur la ville qui accueillent des mères et des nourrissons pour les suivis ; les soins y sont gratuits. De nombreuses mères les fréquentent et c’est l’occasion pour les médecins et puéricultrices les accueillant d’informer et d’éduquer. La ville compte 42 écoles maternelles et primaires, 5 collèges, deux lycées et deux lycées professionnels, une université1 IUT, 1 IUP, et un Institut des Matériaux en projet) 4 Ecoles d’Ingénieurs ; 1 Ecole de gestion, 8 Laboratoires de recherche 2 centres nationaux de formation (Institut de la Poste et institut National des télécommunications 1 éce projetcole d ’Educateurs spécialisés et des grandes écoles accueillant 15000 étudiants en particulier 40 % d’étudiants venant de l’étranger. De nombreux Centres de loisirs accueillent les enfants durant les temps pré scolaire (matin et soir) et les vacances. MF/12 3.6 SPORT ET ACTIVITES CULTURELLES Les activités sportives sont importantes sur la ville ; il existe gymnases, des terrains de foot, une patinoire, deux piscines, des clubs de sport l’ensemble accueillant plus de 6000 jeunes et adultes. Une école nationale de musique ainsi qu’un conservatoire de musique accueillent plus de 2000 élèves et préparent aux concours nationaux et internationaux de musique. Une école d’arts plastiques permet aux adultes et aux enfants de pratiquer toutes les approches artistiques. Plus de deux milles personnes y prennent des cours. 3.7. LA JEUNESSE Des structures dans chaque quartier « les clubs ado » accueillent les jeunes de 15 à 25 ans et proposent activités, sorties, vacances. Depuis un an, un service insertion a été mis en place en Mairie pour accompagner les 17 – 25 ans dans l’insertion professionnelle ; ce public souvent en échec scolaire trouve ici un lieu d’écoute et d’accompagnement. D’autres structures sur la ville se concentrent sur les jeunes : une Mission locale, un club de prévention. Depuis deux ans, une Direction de la Jeunesse a été mise en place au sein de la Municipalité regroupant différents services permettant à la jeunesse de la ville de disposer de lieux d’écoute, ainsi que de la mise en place d’une politique jeunesse peu visible jusqu’à ce jour. La création d’un Conseil local de la Jeunesse est en cours d’élaboration. En effet, le contexte social et économique renforce les difficultés d’insertion sociale et professionnelle particulièrement chez les jeunes. Le malaise sociétal accentue les problématiques liées à la jeunesse. Reconnu comme un véritable outil de dialogue entre les jeunes et les collectivités et un facteur de rémédiation efficace. Les conseils de jeunes offrent la possibilité aux jeunes d’exprimer collectivement leur vision de la cité, de son présent et de son avenir, de ses besoins et de ses manques. Il existe sur la ville une véritable volonté politique de développer la démocratie participative et à considérer l’avis des citoyens. Après la mise en place de 8 conseils de quartier où sont représentés les habitants, le monde associatif, le monde économique, le conseil de la jeunesse permettra aux jeunes de la ville de pouvoir s’exprimer. Un Conseil municipal d’enfants existe déjà sur la ville depuis plus de dix ans. Il concerne surtout des enfants d’âge primaire et du collège. Depuis peu, un journal édité par la ville est destiné aux 16/25 ans « le magazine des Jeunes de la ville d’Evry » et abordent de nombreux thèmes concernant les jeunes ainsi que des interviews, des temps forts, des conseils ;… La réussite de l’insertion des jeunes sur la ville est un des enjeux majeurs de l’équipe municipale. Les jeunes en Europe et en France : on parle de difficulté de la jeunesse à devenir autonome ? et de quels jeunes parle t-on ? Puisqu’il semble qu’à trente ans on fasse encore partie des jeunes. La société elle-même participe à cette non-prise d’autonomie (garanties demandées aux parents lors de la souscription de la location d’un appartement, discriminations à l’emploi même pour les plus diplômés….) MF/13 Les études récentes montrent aussi qu’en raison de difficultés financières bon nombre de jeunes restent au domicile de leurs parents jusque vers 28 – 32 ans ou même vivent en couple tout en se comportant en adolescents et non pas en adultes avec prises en charge du quotidien qui reste dévolu « à la mère ». Sur EVRY, on peut observer ce type de situation tant dans les familles françaises que chez les familles d’origine immigrée. Cette difficulté à s’autonomiser peut s’expliquer par la difficulté à trouver du travail, un appartement et ses nouvelles mesures draconniennes de garantie de solvabilité mais peut-être aussi par d’autres causes qui pourraient apparaître et être plus compréhensibles dans le cadre de QUARTIERS DU MONDE. Ce que l’on peut aussi noter sur EVRY c’est la diversité culturelle de la population pour lesquelles certaines valeurs restent très fortes (travail, la solidarité est très présente). Les adultes sont donc confrontés à des situations qu’ils ont du mal à comprendre devant la dépendance de leurs jeunes et leur peur de l’autonomie. Pour EVRY, la connaissance et les éléments venant de divers autres pays, en particulier de pays du Sud dont nombre de familles de la ville sont originaires peut nous apporter des connaissances des fonctionnements des familles, des habitants et de la solidarité dans le traitement de certaines situations mais aussi dans la prise d’autonomie de la population des jeunes. IV. HISTOIRES URBAINES : QUARTIERS DE MONDE 4.1 PROJET Le projet Quartiers du Monde a comme objectif principal de permettre au Sud et au Nord d’établir une relation et un partenariat basés sur la réciprocité permettant de s’enrichir mutuellement du travail collectif afin de construire un regard partagé sur le traitement des préoccupations majeures des villes et quartiers que sont l’exclusion sociale, les dynamiques populaires, la gouvernance locale et l’autonomie des jeunes. 4.2 LES OBJECTIFS Les objectifs spécifiques sont les suivants : - permettre aux professionnels des associations, des ONG et des municipalités du Nord et du Sud des différents quartiers du monde participant au projet, d’apprendre les uns des autres en croisant leurs regards et leurs positions et en comparant leurs réalités. - Construire des méthodologies communes quant à l’approche du changement social - Identifier les initiatives populaires de changement et les articuler aux pouvoirs publics des villes - Identifier les organisations sociales du Sud qui ont des partenariats au Nord sur le thème central du projet « initiation aux politiques de la ville et à la participation citoyenne - Proposer des axes de réflexion et d’action aux pouvoirs publics en matière de « politique de la ville » MF/14 - Sensibiliser les autorités publiques locales sur « l’art de vivre dans les quartiers » en valorisant les origines de chacun et la créativité des jeunes des quartiers ». 4.3 LES METHODES ET OUTILS La participation de la ville d’Evry à ce projet présente un intérêt quant aux méthodologies pratiquées par les pays du Sud autour de la participation des habitants au changement social, sur la valorisation des origines de chacun et sur le développement de la créativité des jeunes et leur place dans l’espace public en tant que porteurs de transformations. La méthodologie employée a tenu compte de celle discutée lors de l’atelier de rencontres et d’échanges Nord/sud qui a eu lieu à Paris en juin 2003. Les définitions des outils de la recherche action participative, de la cartographie sociale et du diagnostic de genre ont fixé les modes d’intervention auprès des publics repérés. La ville d’Evry a privilégié deux quartiers de la ville : celui des Pyramides pour son histoire « mythique » et sa situation actuelle et le quartier des Aunettes pour sa ressemblance avec certains quartiers du Sud. Nous présenterons chaque quartier séparément ; cette présentation a été faite soit par les habitants, soit par les associations ou les groupes ayant participé à cette première étape du projet « Histoires Urbaines » car c’est plus sous ce concept que les habitants se sont intéressés au projet. Pour Evry, il a été très difficile « d’approcher les jeunes » qui ici n’existent pas en groupes constitués. Ils se rassemblent surtout en cas d’affrontement avec d’autres quartiers ; nous n’avons pas encore repéré de groupes constitués avec des projets à mettre en forme. Il nous a semblé important de nous adresser à des publics, tant adultes que jeunes, peu impliqués dans les divers dispositifs existants sur les quartiers ; on retrouve souvent les mêmes personnes sur l’ensemble des projets ; d’où la difficulté. Nous rappelons aussi que la ville d’Evry ne favorisait pas que le public »jeunes » mais l’ensemble des habitants. V. QUARTIERS DU MONDE : APPLICATION A EVRY 5.1 LE QUARTIER DES PYRAMIDES 5.1.1. L’ETAT DES LIEUX 10 000 habitants, 3800 logements (64 % de locatif, 21 % d’accession sociale, 15 % d’accession libre) 1500 élèves de 2 à 12 ans, scolarisés dans 8 écoles, 850 jeunes dans le collège et 1200 dans le lycée La présence de 29 gestionnaires d’immeubles, bailleurs et copropriétés dont 11 bailleurs sociaux 2 gymnases, trois stades, des terrains de basket, un parc de hectares MF/15 Une halte garderie, une créche, une PMI Une maison des associations regroupant quatre associations et lieu du Conseil de quartier Un espace ado Un équipement socio culturel (l’Espace Jacques Prévert) – une Mairie Annexe Une bibliothèque Des Associations : - les Réseaux - Génération Femmes - le Collectif de parents - Europe Afrique - STSHOW - Espace Envol Formation - Des amicales de locataires et de propriétaires Des espaces économiques : - une zone industrielle regroupant PME - des commerces : Boulangeries Pharmacies Librairie Boucherie Halal Cafés turcs Magasin fruits et produits africains Magasin asiatique Laverie Caisse d’Epargne Supérette produits exclusivement halal Epicerie Coiffeurs 5.1.2. LES DISPOSITIFS PUBLICS Depuis 2001, le quartier des Pyramides fait partie d’un dispositif d’Etat : les GPV Le Grand Projet de Ville est un projet à long terme qui établit quatre grandes priorités : - mieux vivre ensemble - améliorer la vie quotidienne - favoriser l’emploi et le développement économique - favoriser la concertation et la participation des habitants Il doit privilégier avant tout l’amélioration rapide de la vie quotidienne et s’attache à lutter contre les problèmes d’insécurité, d’accès à l’emploi, de dégradations des espaces et des immeubles ou de stationnement. Un chef de projet est chargé de coordonner l’ensemble des actions menées sur ce territoire. MIEUX VIVRE ENSEMBLE ET AMELIORER LA VIE QUOTIDIENNE / LA GUP Dans le cadre du Grand Projet de Ville sur le quartier des Pyramides, les acteurs partenaires de la Politique de la ville (Services déconcentrés de l’Etat, de la Région, le Département et le Fasild (Fonds d’actions pour l’insertion des populations immigrées et la lutte contre les discriminations) et du renouvellement urbain ont souhaité mettre en place un dispositif de MF/16 mise en œuvre opérationnelle autour de la gestion urbaine de proximité. Les bailleurs et la ville dans le cadre du Grand Projet de Ville ont souhaité aussi mettre en place de nouveaux modes de travail territorialisés et partagé s sur le quartier des Pyramides, essentiels dans le travail de renouvellement urbain et dans la recherche de liaisons sociales renouvelées sur ce territoire. Les initiatives prises sur le quartier des Pyramides pourront avoir une valeur exemplaire sur le territoire d’Evry. Plusieurs types de rencontres ont été mis en place : - des commissions hebdomadaires de suivi de d’évaluation de la gestion du quotidien du quartier (propreté, entretien, petits aménagements) tant sur les espaces publics que sur les espaces communs partagés entre la collectivité et des propriétaires privés, bailleurs ou copropriétaires. Les acteurs impliqués dans cette gestion de proximité sont : - gardiens d’immeubles de bailleurs sociaux et de copropriétés - les agents des services techniques de la ville - les représentants des sociétés chargées d’assurer le nettoyage du quartier ; Renforcer le traitement des ordures ménagères (tri sélectif), la lutte contre les tags et les encombrants en particulier, par la création d’une régie de quartier Dans un premier temps, il s’agira de reprendre le diagnostic et d’en assurer une appropriation par l’ensemble de ces acteurs, de clarifier les projets des bailleurs, d’organiser une collecte systématique de l’information émanant Des usagers du quartier, qu’ils soient habitants, commerçants, agents des services publics, de rationnaliser le travail avec le Conseil de quartier de mettre en place de nouveaux modes de travail partenariaux efficaces et reconnus et légitimés par les différents acteurs.. Pour le suivi de ce dispositif GUP. Pour le suivi de ce dispositif un chargé de mission est détaché. A ce jour, plusieurs propositions ont été faites par l’IAURIF (Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la région Ile de France) suite au diagnostic effectué : - manque de clarification du statut foncier et des responsabilités de gestion des acteurs (absence d’outils cartographiques - dysfonctionnements urbains et différences importantes dans la qualité urbaine des espaces - dysfonctionnements de gestion éparpillement des gestionnaires, inadéquation entre les moyens matériels humains et les choix organisationnels et enjeux du quartier, manque de coordination et de suivi des actions menées sur le territoire, absence d’un consensus minimal entre les différents gestionnaires sur la qualité de l’entretien dans le quartier, absence de responsabilité transversale sur la qualité de l’entretien dans le quartier - isolement et manque de coordination entre les acteurs de proximité susceptibles de jouer un rôle de régulation (proposition de mise en réseaux des gardiens des bailleurs, des copropriétés, des agents locaux de médiation sociale –personnels municipaux – ilôtiers, animateurs jeunesse, éducateurs - faiblesse de la représentation institutionnelle des locataires : l’implication des habitants dans la vie quotidienne du quartier reste à conforter. Il est nécessaire de travailler à l’appropriation de ces questions notamment par le conseil de quartier - impliquer les habitants. La ville a développé un dispositif d’écoute et de débat avec les habitants au travers des conseils de quartier et des commissions. Ce dernier constitue un point d’appui évident pour l’amélioration de la gestion urbaine de proximité. De MF/17 plus, la politique de communication concernant la gestion quotidienne à destination des habitants doit être renforcée L’écoute des habitants dans la phase de diagnostic de l’étude gestion urbaine de proximité s’est déroulée au travers du conseil de quartier. Pour des raisons d’organisation et de calendrier, la réalisation de l’ensemble des entretiens avec les habitants à travers le conseil de quartier n’a pu être menée à bien. Il sera nécessaire de ce fait d’organiser une exposition publique présentant aux habitants les principaux éléments du diagnostic et les engagements des partenaires en termes d’amélioration de la gestion quotidienne. Ceci permettrait de donner aux habitants des signes clairs et forts sur l’amélioration à court terme de la via quotidienne dans leur quartier. Du côté des bailleurs, le diagnostic souligne que les relations institutionnelles avec les locataires sont peu développées. Les différents services de la ville tendent chacun à travailler avec leur public de façon autonome. Dans ce contexte, il semble important d’élargir les dispositifs d’écoute et d’implication des habitants. Il serait souhaitable de ‘appuyer sur les bailleurs, les réseaux du centre social de l’espace Jacques Prévert, des animateurs jeunesse. Il serait aussi souhaitable que les services de la ville soutiennent des initiatives d’habitants jusqu’à présent épauler par des bailleurs – Antin Résidences, Trois Vallées. Le centre social est un lieu ressource important pour une partie des habitants du quartier. Afin de mieux lutter contre l’insécurité, il est prévu le développement de la Police Nationale de proximité, l’aide aux victimes, l’extension des actions dé médiation sociale et pénale, le développement des effectifs de la Police Municipale, la sécurisation des équipements publics, des cages d’escaliers. FAVORISER L’EMPLOI ET LA FORMATION ET LUTTER CONTRE LES EXCLUSIONS : LA ZONE FRANCHE Aider au maintien du commerce de proximité, et accompagner le développement du marché de la Place Jules Vallès Mettre en place une équipe emploi avec la ville, l’ANPE et la Mission Locale pour favoriser l’insertion des jeunes du quartier Développer les chantiers écoles FAVORISER LA CONCERTATION ET LA PARTICIPATION DES HABITANTS Le conseil de quartier doit jouer un rôle important en tant que comité consultatif les permanences des élus sur le quartier seront régulières et des groupes de travail associant très largement les habitants seront mis en place en particulier pour la définition des réaménagements des places Jules Vallès, Allende ou Miroirs. Il nous semble important de souligner que contrairement, peut-être, aux autres quartiers du monde, les quartiers choisis sur Evry dans le cadre du projet « quartiers du monde » sont certes des quartiers en difficulté, certains disent grande difficulté, « ghettoïsés », mais il existe depuis de nombreuses années des politiques publiques importantes de revalorisation et de réhabilitation, des études effectuées par bon nombre de chercheurs et de nombreuses actions mises en place. MF/18 Dans la suite de la présentation du projet sur Evry, vous pourrez constater que l’Etat en 1986 a crée un Ministère de la Ville avec des services travaillant sur cette question et a permis la mise en place de grands chantiers de rénovation urbaine, de dispositifs dits des discrimination positive : classes adaptées, soutien scolaire, accompagnement sportif, classes culturelles, nombreux financements permettant le développement des loisirs, des départs en vacances pour les jeunes. L’ensemble de ces dispositifs a sûrement empêché une dégradation plus importante des mise en place de grands chantiers de rénovation urbaine, de dispositifs dits des discrimination positive : classes adaptées, soutien scolaire, accompagnement sportif, classes culturelles, nombreux financements permettant le développement des loisirs, des départs en vacances pour les jeunes. L’ensemble de ces dispositifs a sûrement empêché une dégradation plus importante des quartiers dits défavorisés de banlieue, banlieue qui depuis plusieurs décennies a acquis un caractère connoté négatif mais qui n’avait pas ce sens antérieurement. 5.1.3 SPECIFICITES DES POPULATIONS ISSUES DE L’IMMIGRATION Ce qui caractérise aussi EVRY des autres quartiers du monde, mais cela reste à démontrer, c’est sa grande diversité culturelle (plus de 58 ethnies). Sont venus s’installer dès les années quatre vingt des populations résidant dans des quartiers de Paris, souvent dans des conditions de squatt ou dans des immeubles classés insalubres ; proposés au relogement dans la grande couronne sous un statut de copropriétaire. Ces populations issues pour certaines de l’Afrique de l’Ouest du milieu rural sont arrivées sur Evry sans connaître les codes leur permettant de s’insérer dans la société d’accueil et par souci de protection se sont regroupés et ont fait perdurer leur fonctionnement sociétal traditionnel de groupe géré par les plus anciens ou les chefs coutumiers. La ville s’est retrouvée ainsi avec une population de plus de 100 familles. De petite composition dans ces années là, au fil du temps et à l’heure actuelle, ces familles représentent un groupe identitaire important puisque pour beaucoup la polygamie a amené sur le territoire de la ville des deuxième, voire troisième épouses. On peut voir dans des appartements de 60 m2 plus de vingt personnes y résider. Manque de compréhension des codes de vie dans la société occidentale, non connaissance de la langue et ne sachant ni lire ni écrire, ces familles se sont vues de fait isolées dans leur communauté. D’autres communautés, moins en marge culturellement, elles ont été touchées par la crise économique et bon nombre de chefs de famille se sont retrouvés au chômage et donc sans statut social et ce depuis de longues années; un grand nombre de jeunes du quartier des Pyramides n’ont jamais vu leur père exister à travers une reconnaissance économique normative à travers un travail reconnu. D’autres personnes d’autres origines, Zaïre, Congo, Cameroun, Sri Lanka, Pakistan, Comores, etc.. ont rejoint EVRY, soit parce qu’ils avaient la possibilité de trouver un logement, soit parce qu’ils avaient de la famille où des amis pouvant les héberger. MF/19 L’importance de l’arrivée de cette population issue du monde entier avec chacune des valeurs et des codes différents n’a pas été prise en compte car l’on pouvait penser que la société française avait toujours cette capacité intégratrice qui faisait sa fierté. Les représentations, les croyances des uns et des autres sur les institutions et leur rôle, sur leur prise en charge et leurs droits, sur la non prise en compte de leur parole et de leur capacité à être des forces de proposition a contribué peut-être en partie à déteriorer les relations et le lien social dans les quartiers. Il était important pour ces populations de se retrouver dans une norme, celle du travail ou de la reconnaissance sociale quelle qu’elle soit : l’école, les études… N’ayant pas pu y accéder, certains se sont normalisés dans le système de l’assistanat et ont renvoyé à la société son incapacité à les accepter. Pour les deuxième, voire troisième génération qui sont représentées par les jeunes, on ressent bien quand on les interroge cette amertume ; » on nous manipule » mais à travers ces mots, inconsciemment c’est de leurs familles qu’ils parlent 5.1.4 STRATEGIE POLITIQUE ET PARTICIPATION CITOYENNE Contrairement aux autres quartiers du monde, Evry a souhaité travailler avec les groupes de jeunes mais aussi des groupes d’adultes. L’équipe municipale a, en effet, la volonté de développer sur le territoire, une démocratie participative forte. Elle s’est appliquée depuis deux ans à la favoriser en mettant en place des conseils de quartier, en délocalisant les conseils municipaux, en pratiquant une communication sur la ville importante. Les critères que nous avons retenus ont été les suivants : - membres de groupes déjà constitués - associations issues d’habitants et ayant un rôle de lien social sur le territoire défini et participant à une transformation sociale - des membres d’institutions travaillant sur la notion de citoyenneté, autonomie des jeunes - des jeunes ne participant pas forcément aux dispositifs proposés - des membres des Conseils de quartier L’ensemble des personnes étant libre d’adhérer au projet mais aussi prêtes à donner du temps à l’élaboration de l’analyse et de ses finalités. Pour cette première étape, nous nous sommes d’abord adressés à ceux qui « constituaient la mémoire de ce quartier » afin de réaliser la cartographie sociale du passé. Lors de notre recherche d’habitants, nous avons pu constater lors de chaque entretien, leur méfiance : « pourquoi me choisissez vous – nous allons encore servir de cobaye, nous n’avons pas confiance, comment vous allez nous utiliser. » 5.1.4.1 Conseil de Quartier Le co-président habitants du Conseil de quartier des Pyramides est lui aussi présent dans le projet, car très actif dans toutes les démarches de valorisation du quartier et de participation citoyenne. De plus, il a une grande connaissance du quartier et peut s’adresser à tous. MF/20 Les jeunes ont un rejet systématique des « étrangers au quartier » ; quelle image va-t-on donner d’eux, comment va-ton interpréter leurs paroles, comment va-t-on les juger. De toute façon, ils ne peuvent être que des délinquants. On ne les écoute pas, on n’a pas confiance en eux. Un tel projet est difficilement entendable pour eux ; le seul attrait c’est de pouvoir communiquer avec d’autres jeunes du monde. Les deux quartiers de la ville choisis ont donc une longue histoire avec leurs jeunes et il sera nécessaire de travailler beaucoup sur le sens du projet compris et nommé par l’ensemble des participants (adultes, jeunes, l’UNESCO, ENDA, la ville d’Evry et ses politiques) car la confiance n’est pas encore établie et c’est un élément très fragile pour la poursuite du projet La manipulation est le maître mot. 5.1.4.2 La mémoire du quartier Intervention de Monsieur CHICHERY et Madame BOISRIVEAU Le quartier des Pyramides riche de son histoire en tant que projet urbain pilote, utopie des années soixante dix et socle d’une participation auto-gestionnaire des habitants a été un modèle de participation de ses habitants. Il m’a donc semblé intéressant de pouvoir faire témoigner ces pionniers dont certains sont encore résidents sur le quartier et toujours impliqués sur le territoire des Pyramides. Quand je suis allée les trouver, ils ont eu du mal à comprendre pourquoi un tel quartier pouvait intéresser des partenaires tels que l’Unesco ou le Ministère des Affaires Etrangères. Mais, toujours décidés à redonner au quartier une image valorisante, ils ont accepté de se raconter » Ils faisaient partie comme tous ceux qui ont acheté sur le quartier des Pyramides de ces jeunes cadres soucieux d’une nouvelle façon de vivre : à la fois loin de la pollution, mais où l’on pouvait trouver retrouver sur un même territoire espaces, d’habitation, de vie commune, de loisirs, d’espaces culturels et d’échanges. EVRY proposait ce défi. Leur forte implication était, je dirais à l’image de cette époque (après soixante huit). Ayant vécu le début de la ville, puis sa lente dégradation et aussi les moments les plus violents du quartier (94 – 99), ils sont assez sceptiques sur l’amélioration du cadre de vie. La cause pour eux la plus importante est due au déséquilibre de l’habitat sur le territoire amenant une déstabilisation de la mixité sociale. En effet, les Pyramides devaient à l’origine accueillir 60 % de copropriétés et 40 % de locatif. Ce fut l’inverse en raison de la faillite des promoteurs. Attachés toujours aux Pyramides, ils sont critiques mais malgré tout n’ont pas perdu cette participation continuelle à la vie du quartier. Présents au Conseil de quartier, aux groupes de réflexion de la GUP, de la zone franche… Ils s’emploieront lors de notre forum du 8 décembre à présenter des photos de la construction du quartier des Pyramides et de la mémoire des actions, fêtes du quartier. Il est à noter que sur le quartier des Pyramides résidait une très grande partie des futurs élus de la ville. MF/21 5.1.4.3 Les associations - GENERATION FEMMES Cette association, née il y a dix ans, est composée d’enseignants, des femmes du quartier de toutes origines sociales et ethniques. Devant les difficultés que rencontrent les femmes face à l’accès aux droits : santé, emploi, violences, reconnaissance, relations avec l’environnement, analphabétisme ou illéttrisme, plusieurs femmes se regroupent et créent « Génération Femmes ». Dans cette association, beaucoup de femmes issues de l’immigration se retrouvent et viennent y déposer leurs problèmes quotidiens, en particulier celui de la polygamie. L’association pour certains hommes devient un lieu à éviter pour leurs femmes. Cependant, la démarche d’autonomie pour beaucoup est enclenchée et depuis de longues années, les membres de Génération Femmes aident celles qui viennent les voir à s’autonomiser. Cette association aussi est à l’origine de la valorisation de certains savoir faire des femmes africaines, en particulier, celles du Mali et du Sénégal. En effet, dans ces ethnies, régies par le système des castes, la lignée de la famille des griots joue un rôle très important. Elle constitue la mémoire du groupe. De génération en génération, leur rôle est de connaître l’histoire des lignées, les hauts faits, et les transmettre et les rappeler à toutes les cérémonies (fêtes, naissances, deuils, mariages, alliances). Ils sont « passeurs » de la parole et souvent ont pour mission de porter d’un lieu à l’autre la parole. Au sein de cette association, ce sont donc retrouvées ces femmes, qui très vite, devant les difficultés de leur communauté face aux institutions et, en particulier, l’Education Nationale, se sont instaurées de fait comme porte parole de la parole des uns et des autres. De par leur rôle et leur savoir faire dans leur pays d’origine, elles sont devenues celles qu’on désigne maintenant « médiatrices » et sont devenues des personnes sur les quartiers incontournables pour la gestion des malentendus ou pour la mobilisation des familles. Il m’a donc semblé important d’associer cette association au projet « Quartiers du Monde » car la démarche est avant tout une démarche citoyenne et de mode de reproduction de rôle social au sein d’un pays du Sud qui a enrichi notre société et a participé à la compréhension des modes de fonctionnement de cette société vivant en France et particulièrement sur la ville mais aussi a valorisé cette communauté au sein de la société d’accueil. Elles ont donc été à l’origine d’un nouveau métier pour lequel il existe maintenant une formation et une véritable reconnaissance tant par les institutions françaises que par la population. De plus, bénévoles pour la plupart, elles démontrent au quotidien comment les habitants peuvent participer à la transformation des représentations et à la prise en compte de l’autre. Cette association a aussi sur le quartier un rôle de lien social important ; elle propose aux femmes qui la fréquentent des lieux d’écoute, d’apprentissage ; elles accompagnent ces femmes vers les diverses institutions ; elles leur permettent d’acquérir leurs droits. Cette association participe beaucoup à la réflexion menée par les pouvoirs publics sur la situation des deuxième et troisième épouses en cas de polygamie et de l’accès à leurs droits et à leur reconnaissance sociale sur le territoire français, celles-ci étant souvent sans papier. Un travail important est aussi accompli auprès des jeunes filles autour des mariages « dits forcés ou arrangés » et elles servent de médiatrices en cas de conflits entre les jeunes et les MF/22 parents. Cette association est, aussi sur la ville, à l’origine d’une réflexion sur la parentalité et mène depuis plusieurs années des actions avec les femmes qu’elles accueillent sur leur rôle de mère au sein de la société française. En effet, on tend à penser que le rôle attribué aux parents biologiques est universel et que le fait de mettre au monde un enfant va de fait développer les facultés nécessaires pour le protéger et lui permettra d’accéder à l’autonomie et à sa future vie d’adulte. Sur le territoire de la ville, se côtoient beaucoup de communautés pour qui être parent n’a pas le même sens et ne génèrent pas les mêmes responsabilités. Pour notre société judéochrétienne, l’éducation est gérée entièrement par les parents biologiques et l’enfant n’appartient qu’à son père ; depuis quelques décennies la mère a aussi acquis ce droit et cette reconnaissance en France (1980). La santé, l’éducation, la protection morale et juridique, l’accès aux droits est du ressort des deux parents. Dans certaines sociétés dites traditionnelles résidant sur la ville, l’enfant appartient au groupe. Ce sont les oncles et tantes maternels qui ont en charge l’éducation de l’enfant après le sevrage et le reste du groupe (grands parents, cousins, cousines, voisins) participe à l’éducation : apprentissage des règles de vie en collectivité, organisation des cérémonies rituelles qui marquent les étapes de la vie et permettent à l’enfant de se structurer et d’appartenir à une classe d’âge et donc de se repérer dans la hiérarchie des générations. En France, le groupe s’est vu réduit au père et à la mère pour qui traditionnellement le rôle éducatif n’était pas dévolu ; en l’absence des oncles ou tantes, très vite l’enfant, en particulier le garçon, s’est retrouvé dans l’espace public sans la régulation éducative qui s’effectuait au pays. Et l’école a été pour ces familles le lieu à qui était dévolu la prise en charge de l’ensemble de l’éducation. Devant ces malentendus, on s’aperçoit une génération plus tard, des conséquences liées à ces non-dits ou incompréhensions. Les enfants n’ayant pas eu pour beaucoup la mémoire de leurs familles et donc les transmissions nécessaires à une construction identitaire effectuée dans cet entre-deux, se retrouvent sans appartenance en dehors de celle qu’ils se sont construite, c’està-dire, bien souvent le quartier, voire la cage d’escalier. Cette association travaille beaucoup à expliquer ces fonctionnements aux institutions et à redonner aux parents un rôle adapté à la société d’accueil. LE COLLECTIF DE PARENTS Cette association est intéressante de par son origine. Devant les difficultés importantes des familles d’Afrique de l’Ouest, face à l’échec scolaire et l’incarcération de leurs fils, il nous avait semblé important (le Service Intégration et l’élu de référence) de travailler avec les chefs coutumiers et les pères de ces communautés. En effet, on avait pu constater un décalage entre le comportement des enfants entre l’intérieur et l’extérieur. Respectueux à l’intérieur, ils donnaient une image exemplaire à leur père. Celui-ci souvent absent (pour des raisons de travail mais aussi de présence importante au sein des foyers) souvent analphabète et très attaché au modèle traditionnel, faisait toute confiance à la mère et aux enfants les plus âgés sachant lire et écrire. Quand ils étaient convoqués devant les institutions scolaires, de police ou de justice, ils ignoraient tout de la situation car ce que l’on lui disait au sein de la famille n’était pas la vérité. Durant de longs mois, la parole de leurs MF/23 enfants prévalait sur celle des autorités. Ces hommes travailleurs n’ayant jamais eu d’ennuis avec les autorités ne pouvaient imaginer l’attitude de leurs enfants. Devant cette non reconnaissance des pères, il a été nécessaire de s’adresser aux chefs coutumiers ayant encore un rôle très important et régulant en dehors du système judiciaire français les difficultés de la communauté. L’importance des voies de fait et des actes de délinquance de leurs enfants sur le territoire de la ville a permis de constituer un groupe de référents et de travailler sur leur rôle de père et sur la responsabilité qu’ils avaient. Un collectif s’est constitué composé d’une quarantaine d’hommes tous de la même origine (Mali, Sénégal, Mauritanie). Ils ont réfléchi sur les nécessaires transformations à apporter aux modes éducatifs afin que leurs garçons puissent à nouveau se réinserer. Le collectif a donc un rôle important auprès des hommes. Une autre forme de médiation a été entreprise et ils accompagnent les pères devant les différentes instances (police, justice, école). De plus, ils ont organisé des cours d’alphabétisation et de nombreux hommes viennent régulièrement participer. Cette dynamique auprès de cette population a permis une participation intéressante sur la ville ; en effet, on a pu constater que sur les huit conseils de quartier de la ville, quatre quartiers ont comme co-président des hommes issus de ce collectif. Force de proposition, meilleure compréhension des fonctionnements des familles, régulation auprès des jeunes, cette association commence sur le quartier des Pyramides, en particulier, a avoir un rôle important. LES RESEAUX RECIPROQUES D’ECHANGES ET DE SAVOIR FAIRES Cette association est issue du concept même de la mise en réseau par les habitants. Crée, il y a vingt ans par une institutrice, la démarche permet à tout un chacun d’offrir un savoir faire contre un autre savoir faire. Je sais tricoter et je voudrais apprendre l’anglais ». L’association met en réseau les personnes concernées. De nombreux réseaux existent en France et regroupent des milliers de personnes. Le siège de cette association se trouve sur la ville. Sur le quartier des Pyramides, le groupe Réseaux s’est surtout spécialisé sur les techniques de valorisation des savoirs faire des personnes et ainsi leur permettre de s’insérer dans la vie professionnelle. Sous convention avec l’ANPE et le Plan Local d’insertion, ils accompagnent ainsi une centaine de personnes par an. Les animatrices de ce réseau ont une grande compétence dans les dynamiques de groupes et elles sont très reconnues sur le quartier surtout par le public féminin. EUROPE AFRIQUE Cette association a un rôle important auprès des jeunes du quartier. MF/24 Ses premières actions ont surtout été tournées auprès de la médiation ; mais une nouvelle forme de médiation. Les transports effectués par les bus de la Société TICE circulant sur l’ensemble du réseau urbain, faisaient l’objet d’agressions verbales et physiques de plus en plus violentes émanant de groupes de jeunes. Afin de faire cesser cet état de fait, le Directeur de cette association a proposé à des parents en recherche d’emploi de jouer un rôle de régulateur sur les lignes les plus difficiles. Accompagnant les chauffeurs, souvent connus par les jeunes, ils intervenaient lors des agressions ou disputes. Une quinzaine de parents employés par l’Association continuent à effectuer cette régulation. Cette Association a aussi mis en place sur le quartier un café internet et une aide à la recherche d’emploi (CV, recherche sur le net, aide à la présentation). Une centaine de jeunes fréquentent ce lieu ; beaucoup sont issus d’Afrique Noire et laissent peu de place aux autres jeunes. Le Directeur a un rôle important de régulation sur le quartier en particulier la place Jules Vallès. Apaisant les conflits entre jeunes, informant les parents, il désarmorçe au quotidien les risques du quartier et a acquis la confiance des jeunes africains. Cette association n’a pas encore été contactée dans le cadre du projet. 5.1.5 La place des institutions sur le quartier Il existe sur le territoire des Pyramides, un Centre social et culturel au sein duquel les habitants peuvent trouver un certain nombre de services : mairie annexe, accueil social à travers des permanences des assistantes sociales du Département (chargé de l’aide sociale à l’enfance, de l’octroi du RMI –revenu minimum d’insertion- de l’aide au logement, à l’alimentaire et toutes démarches d’accès aux droits et de la CAF (Caisse d’Allocations familiales) – institution accordant des droits aux familles –aide au logement – aide à l’éducation – allocation maternité…) Le Centre social propose un certain nombre d’activités qui s’adressent en priorité aux adultes et jeunes enfants ; les jeunes (12 – 25 ans) sont accueillis dans un autre espace. La séparation s’est effectuée lors de la réhabilitation de cet espace. En effet, la fermeture du précédent Centre était survenue en raison du comportement de certains jeunes au sein de l’espace (violences, rackets, incendies, irrespect). Le Centre accueille des groupes de femmes pour des ateliers d’apprentissage de la langue, des cours de couture et de cuisine, mais aussi un Club féminin qui propose des sorties culturelles, sportives, de courts séjours de vacances –week-ends-. Depuis, trois ans dans le cadre d’une activité nommée Images d’Elles, une formation à la vidéo permet à une dizaine de femmes et de jeunes filles de s’initier à la technique de l’image mais aussi au scénario Pour certaines, pour qui la parole est difficile, soit en raison de la langue, soit en raison des traditions auxquelles elles appartiennent ont trouvé dans cette activité, une possibilité d’oser dire, oser critiquer, oser montrer. Ce lieu permet aussi à toutes de se découvrir à travers leurs cultures et de se rendre compte de la condition de la femme à travers le monde et des constantes inhérentes. Elles ont participé en 2000 à la marche mondiale des femmes à Paris, puis à Bruxelles. MF/25 Ce lieu accueille des expositions, propose des soirées « cinéma » « cabaret » « débat ». 5.1.6 La dynamique populaire : la place des jeunes Ce quartier a une longue histoire avec les jeunes et les jeunes ont une difficile histoire avec les adultes. Nombreux, d’origine multiple, des familles précarisées et déstructurées, les jeunes ont depuis de nombreuses années (plus de 10 ans) mauvaise presse sur le quartier. Ils se retrouvent souvent à la une des médias et l’image que l’on renvoie sur eux ne peut que les renforcer dans ce qu’ils sont censés représenter « des sauvageons ». Un certain nombre a des parcours scolaires chaotiques pour de multiples raisons. Ceux qui sont arrivés lors de regroupements familiaux, souvent peu ou pas scolarisés dans leur pays d’origine, sont dès leur arrivée déjà retrouvés en décalage ; ne parlant pas la langue, accumulant des retards scolaires, dès leur treizième année, ils se retrouvaient déscolarisés. Les contacts difficiles de l’institution scolaire avec les parents en raison de la langue mais aussi des représentations des uns et des autres ont amplifié les situations. Stigmatisés par l’image du quartier, par l’échec scolaire, ne pratiquant pas d’activités pouvant les valoriser, ils se sont constitués en groupes souvent ethniques par bâtiment, par cage d’escalier. De multiples dispositifs ont été mis en place, souvent sans prendre en compte leur parole et n’assurant qu’une paix sociale de courte durée. Pour être entendus, ils avaient retenu que le moyen le plus efficace « était de mettre la pression ». Sur ce quartier, on peut constater peu de mélange entre les communautés : les noirs ne se mélangent pas aux arabes. On constate une violence verbale très forte et une forme de drague parlée très irrespectueuse : plus on est vulgaire plus on aime ! Les jeunes sont regroupés autour de lieux bien repérés : le café Ginsbarg, la Place Jules Vallès, chaque coin appartient à une communauté : la communauté turque, la communauté africaine, la communauté maghrébine; Le collège ayant vécu des phénomènes de très grandes violences il y a quatre ans, est arrivé à stabiliser les phénomènes de violence à travers de nombreuses actions éducatives et une charte élaborée par les adultes avec les enfants sur le règlement intérieur. Une réhabilitation des locaux est en cours. Le collège était un espace ouvert, conçu ainsi lors de la construction des Pyramides. Il a été fermé et les espaces redéfinis. L’équipe pédagogique est stable et l’on trouve dans ce collège des professionnels engagés. A la suite de la rencontre avec la Principale et son Adjoint, il a été convenu qu’ils pourraient être partenaires du projet dans le cadre d’actions définies par les jeunes. Les jeunes repérés pour le projet : Les jeunes comme nous l’avons précisé plus haut ne sont pas constitués en groupes comme apparemment dans les quartiers du Sud. Ils se rassemblent par lieu, appartenance à l’immeuble ou à un ensemble de bâtiments. Chaque résidence a ses codes et tous en connaissent le sens. Tout se sait sur le quartier, tout est observé et le regard des autres règle les comportements. Les grands trouvent que les petits (10 – 14 ans) sont plus violents et moins respectueux des codes. MF/26 Pour les jeunes repérés le quartier des Pyramides part du Parc des Loges jusqu’au Centre Commercial qui fait partie de leur quartier et un lieu d’appartenance Il est intéressant de comprendre les règles de circulation des uns et des autres et le respect des mini-groupes de bâtiments ou de place bien définis : Place Jules Vallès en particulier. 5.1.7 METHODOLOGIE ET OUTILS 5.1.7.1. La cartographie sociale Une exposition photos sera présentée par le groupe habitants et pionniers du quartier ; ils en commenteront l’évolution Le groupe Jeunes lui a décidé de présenter une vidéo et quelques photos représentant leur vision du quartier.Ce groupe, comportant une douzaine de jeunes de toutes origines de 17 à 25 ans, s’est constitué en association depuis six mois S.T.SHOW. Il nous a semblé intéressant de les associer au projet. Cet été, associés avec les animateurs de la ville, ils ont mis en place une animation « remake d’une émission télévisuelle Fort Boyard ». « Nous avons voulu organiser ce jeu afin d’occuper les jeunes de 12 à 17 ans du quartier qui n’ont pas pu aller en vacances et aussi leur faire découvrir de nouveaux jeux, différents de leurs distractions habituelles ». Fort Boyard made in Pyramides. Ce groupe, après de nombreuses rencontres, durant lesquelles il a été nécessaire d’acquérir leur confiance et qui restent encore très interrogateurs sur la manipulation dont ils pourraient faire l’objet, et du coup, les excluerait des autres jeunes, est très attachant et il sera important de ne pas les décevoir. Nous avons fait ensemble la dynamique de groupe : à partir de la première lettre de son prénom se définir : Luis est « logique » Billal « bonheur » Malik « mal aimé » Arnaud « amoureux » Abdel « autonome » Noï « nouvelle » D’autres jeunes sont adhérents à cette association ; mais, d’un accord commun, nous avons souhaité que l’on puisse déjà apprendre à se connaître, à faire confiance avant d’y associer d’autres jeunes encore plus « méfiants » Nous n’avons donc pour le moment aucun autre élément à envoyer ; ils se sont engagés pour le forum du 8 à présenter une vidéo sur le quartier et des photos. Ils ont souhaité déjà correspondre par mail avec la Colombie car Luis est colombien. 5.1.7.2 La perspective de genre des deux quartiers La notion de genre dans la Société française a profondément bouleversé la société au cours du XXème siècle, et le mouvement féministe a fait progressé les rôles, les droits et les relations MF/27 des hommes et des femmes. Cependant, il est nécessaire, par exemple, de faire une loi sur la parité pour que le nombre de femmes puisse être égal lors des diverses élections. Nombre de documents ont été publiés ces dernières années et analyser la progression de la place de la femme dans la société ; cependant, ils faisaient apparaître que les droits acquis étaient en cours de régression. Une étude du Haut Conseil à l’Intégration est assez parlante ; elle analyse la situation des femmes issues de l’immigration et constate que 80 % des femmes subissent des violences conjuguales. En matière d’emploi, elles sont souvent surexploitées et ne touchent pas les mêmes salaires que les hommes. De plus, elles assurent seules le quotidien en plus de leur travail. Sur le quartier des Pyramides, nous ne possédons pas suffisamment de données pour pouvoir présenter une analyse de genre exhaustive. On peut noter cependant que l’on avait pu observer durant les années 90 une émancipation et une prise d’autonomie des femmes (travail, participation à des activités, formation, divorces en cas de violences) Depuis, trois ans, on observe une régression quant à leur présence dans l’espace public autre que pour des tâches traditionnelles (courses, école). Démarche méthodologique Afin d’impliquer les habitantes du quartier dans la réflexion sur la perspective de genre dans le cadre du projet « Quartiers du Monde » un diagnostic partagé a été effectué au niveau du quartier à partir d’une association « les Réseaux » sur un groupe de 10 femmes. et le groupe de femmes des Aunettes pour quarante personnes Ce diagnostic ne représente pas la condition des femmes sur le quartier mais seulement le réseau des femmes participant à la démarche. Cette enquête concerne tous les aspects sociaux, économiques, environnementaux, gouvernance. Nous avons élaboré, en commun, le contenu de l’enquête et ce qui semblait important aux femmes présentes de connaître sur la condition des femmes sur le quartier des Pyramides. Les grandes catégories développées sont les suivantes : préciser pas de jeunes filles - la position et la condition actuelle de la femme au sein du quartier, les relations existant entre les femmes et les hommes dans l’espace privé (pouvoir de décision, niveau de participation..) Principaux constats : Les femmes interrogées sont âgées de 32 à 60 ans, d’origine française, sénégalaise, camerounaise, algérienne, sri lankaise. La majorité est mariée, deux vivent en union libre. Le nombre d’enfants par famille s’élève de 2 à 5 enfants. La mère assume à la fois l’entretien du logement, l’éducation des enfants. La prise en charge des courses et la gestion du budget sont assurés par le couple. 1/3 travaillent à l’extérieur ; les autres élèvent leurs enfants et n’ont pas de perspective de rentrer dans une vie professionnelle. Elles s’autorisent à sortir et participent à des activités de loisirs ; les vacances, quand elles en prennent, sont prises en famille, soit au pays, soit chez de la famille (montagne ou mer). 10% participent à une association, conseil de quartier ou autre lieu mais en général, elles s’investissent peu dans la vie locale. MF/28 En matière de santé, elles consultent en majorité un médecin traitant, se font suivre par un gynécologue le temps des grossesses mais ne se font pas suivre après les grossesses L’enquête a porté uniquement sur des femmes adultes ; nous ne connaissons pas la situation des adolescentes ou des femmes de 20 à 30 ans, à ce jour. L’ensemble des enfants va à l’école publique qui est mixte ; et l’on retrouve dans bon nombre d’activités extra- scolaires des jeunes filles. On peut indiquer que depuis quelques mois l’école rencontre certaines difficultés avec des parents issues de certaines régions du monde ; refus que leurs filles participent aux activités sportives au sein de l’école (piscine, sport) ou à l’apprentissage de certains enseignements (biologie – sciences naturelles) Cependant, il faudra lors des prochains mois pouvoir étayer ces informations par une enquête autour de cette tranche de population. Le petit groupe ayant participé à l’enquête n’est pas une représentation exhaustive du quartier ; on peut penser que certaines situations de femmes sur le quartier sont plus difficiles (violence conjugale, sorties accompagnées….) mais nous n’avons pas mesurer ce phénomène ; nous essaierons d’en apporter les éléments après. Il semble que la condition de la femme africaine est moins soumise à certaines contraintes (sorties, droit au travail) qu’il y a quelques années ; elles sont bien plus présentes dans l’espace public ou dans le milieu associatif que les femmes des autres pays. Elles organisent des fêtes régulières (mariages, fiançailles) ou des tontines (collecte d’argent permettant à certaines de faire face à des dépenses imprévues, décès, mariages, création de commerce). Elles sont fortement mobilisées dans l’espace associatif et beaucoup travaillent dans des petits boulots (ménages) dans des entreprises de nettoyage. On peut observer, depuis quelques mois, une demande de leur part en termes de formation (alphabétisation surtout) afin de progresser dans leur emploi. Les mariages : il existe un nombre important de mariages mixtes sur le quartier (français, maghrébin) pour les jeunes étant nés sur le territoire français ; pour les autres, on observe des mariages arrangés en particulier pour les communautés algérienne et surtout marocaine Les époux ou épouses viennent souvent du milieu rural et elles n’ont pas accès ou très peu à l’espace public, la formation ou l’emploi. Une forte communauté turque est arrivée sur le territoire des Pyramides et des Aunettes. Les femmes ne sont pas présentes dans l’espace public et nous avons une mauvaise connaissance de leurs conditions de vie. D’autres communautés résident sur le quartier nouvellement arrivées (Moyen Orient) en particulier ; on peut constater que certaines femmes anciennes sur le quartier et qui étaient dans un parcours d’autonomie, se sont retournées vers les valeurs traditionnelles (port du voile, refus de partage des plats cuisinés dans les différents ateliers, importance du dogme religieux). La position et l’évolution actuelle dans les quartiers Les jeunes filles ont de plus en plus de mal à trouver leur place au sein du quartier et se retrouvent confrontées au regard des garçons ; elles se retrouvent entre l’image qu’elle doit donner à l’extérieur à partir des représentations des sa famille et la règle de la laïcité qu’elles doivent observer à l’école. MF/29 La mobilité des femmes La mobilité est réduite et la plupart ne connaissent que le quartier et le Centre Commercial de l’Agora. (500 mères) Depuis de nombreuses années, les associations et professionnels du quartier ont développé des sorties en dehors du quartier, sur Paris, au cinéma, en forêt…. Lors de ces rencontres, l’on pouvait retrouver 100 à 150 femmes ravies de sortir du quartier et de découvrir autre chose. Depuis quelques mois, lors de ces activités on ne retrouve que les plus autonomes ; les autres ne viennent plus pour ce genre d’activités ; elles ne s’autorisent que les cours d’alphabétisation où des rencontres en présence de leurs enfants. Les femmes dans la vie politique du quartier Un certain nombre de jeunes filles participent à la vie locale (association, cours de danse et organisation de fêtes, ateliers vidéo, clubs sportifs) Conseil Municipal d’enfants. Nombreuses aussi sont celles qui arrivent dans des études universitaires car pour elles, ce statut leur permet de reculer l’âge du mariage. On retrouve, de plus en plus, des jeunes filles de la deuxième génération issues de l’immigration maghrébine dans des mouvements politiques ou militants. Pour certaines, il est difficile de s’engager dans cette démarche car souvent cela génère des ruptures familiales où elles peuvent être rejetées par les autres jeunes du quartier en particulier les garçons. La Société française est actuellement en plein questionnement quant à la place des jeunes issus de l’immigration et français dans le société. En quête d’identité, beaucoup de filles s’affirment à travers le port du voile et définissent cette attitude comme une prise d’autonomie, de liberté et de respect. Il sera important dans notre démarche, d’y associer des jeunes filles issues de toutes les communautés pour mieux comprendre ce phénomène nouveau. 5.2. LE QUARTIER DES AUNETTES 5.2.1 Etat des lieux Le quartier des Aunettes comprend la plus grande partie de la ZAC des Aunettes, celle qui est située au sud du Parc des Coquibus. Les Aunettes sont la dernière des quatre branches d’habitat qui viennent se joindre dans le centre Urbain. Comme les Epinettes et le secteur Aunettes Coquibus, le quartier bénéficie du parc des Coquibus situé en bordure. Le quartier se caractérise par une double mixité d’habitat de la parcelle (individuel/petit collectif et accession/locatif social). Les Aunettes disposent d’un Conseil de quartier ; elles se partagent en deux sous-quartiers a) le secteur Aunettes Essonne, le plus ancien et contingu aux Epinettes b) le secteur Aunettes orge, le plus récent et tourné vers la place des Aunettes (commerces, services) Il y a 8434 habitants. La population se distingue par sa jeunesse, les moins de 10 ans représentent un tiers des habitants et par un taux de population étrangère important de 16,3%, le taux le plus élevé de l’agglomération.. Ce phénomène s’explique par un parc de logements récents (1931 logements) permettant l’arrivée massive de nouvelles populations, suite aux mesures prises en faveur du regroupement familial pour les travailleurs immigrés ‘une part, et d’autre part l’arrivée d’une MF/30 population venant des Pays asiatiques. Il est intéressant de noter que les propriétaires représentent 43,7 %, le locatif privé 8,8 %, et le locatif social 42,4 %. Parmi les catégories socio-professionnelles présentes sur le quartier, celles d’employés de la fonction publique (34,4 %) et les ouvriers (23 %) sont les plus représentées. En revanche, la présence des cadres et des professions libérales est inférieure comparativement à la moyenne de la ville. Le taux de chômage est de 13,1%, les femmes y sont très représentées mais pour les jeunes, il représente un taux de 20,6 %. Les non diplômés sont 18,1 % La taille des ménages est la plus élevée de l’agglomération. Le quartier compte en effet la plus forte proportion de familles nombreuses parmi tous les quartiers de l’agglomération (23,4 % des ménages comptent au moins 5 personnes). Comme dans d’autres quartiers proches, on dénombre bien plus de familles nombreuses que de grands logements (16,8% des résidences principales) ; l’écart de 6,6 points est le signe de la sur occupation d’un certain nombre de logements. Structure par âge de la population La population des Aunettes est la plus jeune de toute l’agglomération. Les jeunes adultes, aussi bien les 19-24 ans que les 20-39 ans sont fortement représentés (12,9 % et 38,8 %). Les foyers pour les jeunes étudiants ont un impact sur ces ratios. Les âges élémentaire et collège sont aussi les plus élevés 10,7 % et 8,7% La population née hors métropole est importante (28,9 %) mais elle était en large majorité déjà installée en France en 1990 en particulier dans les autres départements franciliens. Les personnes de nationalité étrangère sont d’ailleurs nombreuses (15,2 %) et en augmentation depuis les cinq dernières années et représentent le taux le plus élevé de l’agglomération. 5.2.2. Les Aunettes – identités de quartier – présentation par l’EPEVRY lors de la construction du quartier des Aunettes. Les lieux : les rues On découvre le quartier par les rues d’abord. Elles sont longues, droites, régulièrement disposées. Leurs façades revêtues de briques, de 3 ou 4 étages se signalent par l’importance des entrées. Les immeubles ont une capacité moyenne de 30 logements. A l’intervalle de ces bâtiments, des entrées de villas laissent entrevoir des maisons de ville ; celles-ci sont le souvent groupées en courée d’une quinzaine d’habitations. Squares et chemins Il existe au cœur de chaque îlot que limite le maillage des rues, un square public accessible à tous les habitants. Ces squares sont reliés entre eux par des chemins verdoyants qui croisent les rues Les terrains Les parcelles sont petites ; elles comportent un espace de jardin ou de cour, afférent aux habitations situées dessus. Il en résulte une fragmentation spatiale comportant de nombreux lieux discrets qui trouvent un complément naturel dans le square propice aux jeux collectifs. Cet échelonnement spatial s’exprime dans le paysage construit. Aux immeubles affirmés sur rue, jouxtent les maisons de villes. Des éléments boisés conservés annoncent et préfigurent la MF/31 dominante végétale qui avec le temps, enveloppera les constructions basses. Au cœur de l’îlot le square est tel u n pré offert aux rayons de soleil. Cours – jardins La fragmentation spatiale engendre une multiplicité de lieux de nature diverses, suivant les modes d’utilisation et de fréquentation. Ils peuvent servir de desserte, être propices aux jeux et au repos ; être ouverts aux trafics ou dénués de la rumeur automobile. La vie qui s’y déroule peut se faire sous les regards provenant de multiples fenêtres et être tributaire de nombreuses entrées. Espace public Le domaine public est limité. Il distribue et rassemble répondant ainsi à sa vocation initiale. Son espace est restreint : boulevard, rues et impasses, squares et chemins, la grande place. Limites Dans ce jeu urbain, les limites et les seuils sont des points forts autant que critiques. D’où l’importance qualitative donnée aux clôtures, aux entrées des immeubles, aux façades sur rue. Avoir pignon sur rue, c’est affirmer sa présence sociale. Plus qu’une desserte la rue devient lieu d’assemblement et préfigure la place. L’abondance de stationnement, le traitement de la chaussée et des larges trottoirs plantés d’arbres, le traitement en pied d’immeubles avec murets et plantations, la riche et naturelle texture de la brique, l’opulence des entrées sont là pour agrémenter ces convergences 5.2.3 La place des institutions sur le quartier EQUIPEMENTS NOMBRE Petite enfance : Crèches (collectives, familiales ou parentales) Haltes garderies Relais Assistantes Maternelles Enfance : Ecoles maternelles Ecoles élémentaires CLSH maternels CLSH primaires Equipements sportifs : Salle polyvalente « Scholcher » 2 1 1 6 6 2 1 1 Collèges 2 SERVICES PUBLICS DU QUARTIER EPINETTES/AUNETTES ECOLE MATERNELLE Malézieux Le Temps des Cerises La Lanterne La Communale Nicolas Jacques Conté Condorcet ADRESSE Place Malézieux Mail du Temps des Cerises 73 rue Henri Rochefort Place de la Commune Rue de l’école 2 rue de l’Orge MF/32 ECOLE PRIMAIRE Le Temps des Cerises La Lanterne La Communale Nicolas Jacques Conté Condorcet COLLEGE Paul Eluard Galilée ENSEIGNEMENT SUPERIEUR I.N.T CRECHE Halte de Garderie des Epinettes Crèche Parentale « les Bout’Chou » Crèche Parentale « lesPitchounes d’Evry» GENDARMERIE Brigade Territoriale CENTRE SOCIAL Maison de Quartier des Epinettes Maison de Quartier des Aunettes CENTRE DE LOISIRS La Lanterne (maternelle) La Communale (maternelle) Nicolas Jacques Conté (maternelle) Condorcet (maternelle) ADRESSE Mail du Temps des Cerises 73 rue Henri Rochefort Place de la Commune Rue de l’école 2 rue de l’Orge ADRESSE Rue Charles Fourier Place des Fédérés ADRESSE Rue Charles Fourier ADRESSE Place de la Commune 6 Square Paul Lafargue 21 impasse de la Chalouette ADRESSE 11 rue Jean Malézieux ADRESSE Place de la COmmune Rue de l’Ecole ADRESSE 73 rue Henri Rochefort Place de la Commune Rue de l’école 2 rue de l’Orge LES COMMERCANTS DE LA PLACE DES AUNETTES La Poste place des Aunettes Franprix 14 place des Aunettes Fournil de la Fontaine (changement de 36 place des Aunettes propriétaire en cours) Librairie Tabac M TRUONG 4 place des Aunettes Pharmacie 2 place des Aunettes Traiteur Asiatique 24 place des Aunettes Coiffeur 8 place des Aunettes Pressing 30 place des Aunettes La Broche dorée Place des Aunettes Soleil Haïti Place des Aunettes Fruits et Légumes Place des Aunettes Euro Communication Place des Aunettes Sandwich Grec Place des Aunettes Habillement Prêt à porter Place des Aunettes 5.2.4 Les partenaires : Afin de rencontrer régulièrement les partenaires du quartier et aussi de repérer leurs actions à destination du public, un comité de pilotage a été mis en place en septembre 2002 conviant - Les services municipaux (ALMS, Service Technique, DAT, Mission Ville, Cellule de Veille Educative, Secteur Jeunesse, Service Enfance, Service Petite Enfance) Les Associations (Valoriser le Parc des Coquibus, Génération II, Réagir, ACAVE,) MF/33 - Le Conseil de Quartier Les groupes scolaires (maternel, primaire, collège) Le CDAS-PMI La PJJ Les Centres de loisirs ARIES (chantier école) Les Elus dont principalement notre élue de quartier Ce comité de pilotage s’est orienté dans en premier temps dans la connaissance des missions et objectifs de chacun, Dans un second temps dans la transmission des informations et dans un troisième temps dans l’élaboration de projets communs. Il a mis en évidence combien les partenaires sont nombreux et forts de proposition à destination du public, a fait ressortir l’isolement de chacun dans les actions et le manque d’information. Les comptes rendus de réunion de comité de pilotage sont joints en annexe pour une plus grande lisibilité du contenu des réunions. 5.2.5 Les associations - ACAVE : Une équipe d’éducateurs de prévention organise des activités sportives, culturelles comme support à l’insertion des jeunes sur le quartier. - REAGIR : suivi personnalisé des jeunes du quartier par des discussions, des rencontres régulières et la réalisation de projets sportifs (football) ou culturelles (Gospel) - GENERATION II : médiation au sein des familles d’origine africaine dont les enfants issus de la 2eme génération sont en difficulté. - VALORISER LE PARC DES COQUIBUS : protéger l’environnement et ramener les familles du quartier à fréquenter le parc sans crainte à travers des temps forts (ex : pique nique en juin) - TAMOULS : promouvoir la culture Indienne (danse, écriture, langue) - LES AMIS DE LA PAGODE : promouvoir la culture Asiatique (danse, écriture, langue) - ETOILE D’AFRIQUE : promouvoir l’artisanat Africain - SANTE EVRY : accès sur les soins du tout public - ARCHE : soutien d’aide à la population Haïtienne 5.2.6 LE CONSEIL DE QUARTIER Leurs demandes : o élaborer, participer et mettre en place des projets sur le plan de l’urbanisme, de la communication et de la culture. MF/34 Leurs constats : o manque de communication entre les habitants o une maison de quartier trop restreinte pour accueillir le tout public o difficulté de communiquer avec le public 16/24 ans (situation de conflit en terme de voisinage) 5.2.7 Les habitants : les assistantes maternelles Leurs demandes o besoin d’un lien pour la petite enfance, du type halte garderie qui fait curieusement défaut compte tenu de l’importance de la petite enfance (0 à 3 ans 7,10%) ni la crèche des Pitchounes, ni la halte garderie des Epinettes ne peuvent satisfaire o réintégrer l’espace Bout’chou au sein de la maison de quartier dans un climat de sérénité o bénéficier d’une salle adaptée au sein de la maison de quartier avec ludothèque et bibliothèque Leurs constats o sentiment d’être laissé à l’écart de la vie du quartier o manque d’actions préventives pour les moins de 3 ans 5.2.8 Un partenaire important : la Circonscription d’action sociale sous l’égide du Département o mise en place de projets à l’intention des familles repérées en difficultés sur le plan financier, social o prévenir les difficultés par une action partenariale afin de rassembler les publics o coordonner une action à l’intention des moins de 3 ans : élaboration d’une halte garderie voire d’une PMI Leurs constats o surendettement des ménages en accession à la propriété o présence de familles mono parentales allocataire du RMI ou de l’APIE en accession à la propriété o isolement de certains publics avec des problèmes repérés : comportement déviant, (problème psychologique et alcoolisme) 5.2.9. Les groupes scolaires Leurs demandes o être informés régulièrement des actions mises en place sur le quartier o une maison de quartier qui centralise les informations et se charge de les diffuser aux partenaires MF/35 o travailler autour de la « parentalité » afin de permettre aux parents de s’associer aux actions et à la réflexion des enseignants et personnels éducatifs o optimiser les moyens par des actions partenariales plus soutenues Leurs constats o des jeunes en grosses difficultés sur le plan scolaire (illettrisme, analphabétisme, problème sur le plan psychologique et social, difficulté d’intégration) o des familles peu informées et peu intéressées quant à la scolarité de leurs enfants, adolescents au collège avec une problématique marquée d’absentéisme scolaire o des parents peu enclins à répondre aux propositions de rencontre des établissements scolaires o des lieux d’écoute insuffisants pour venir en relais aux parents en difficultés : (« PAUSE », CMP, CIDJ…..) délais de rendez-vous trop long qui font que les problèmes s’aggravent o le non retour des signalements transmis à la CDAS-PMI donc méconnaissance des actions menées quand un enfant est signalé 5.2.10 A PJJ (CAE d’Evry) Leurs demandes o qu’un lien soit fait avec le CAE lorsqu’un jeune est repéré afin de savoir s’il bénéficie d’une mesure judiciaire Leurs constats o des mesures en augmentation sur la ville o des délais d’attente dans la prise en charge des mesures 5.2.11 Des services municipaux déconcentrés o o o o o o o o o service enfance service petite enfance cellule de veille éducative secteur jeunesse ALMS mission ville (DAT) Service culture Service prévention – sécurité CCAS Service Education – Vie Scolaire Leurs demandes o optimiser les moyens logistiques et humains au travers de l’élaboration, la réflexion et la réalisation de projets communs (ex : halte garderie) MF/36 o développer la démocratie participative en associant les habitants dans la réflexion d’un mieux être au sein du quartier o favoriser la transversalité de communication en interne des services pour une meilleure diffusion d’information et d’orientation des habitants o reconnaissance des actions menées o demande d’un lieu d’accueil au sein de la maison de quartier pour recevoir le public (ALMS, publics 16/25 ans, secteur jeunesse) o développer des actions culturelles communes à tous les quartiers de la ville en y associant les équipements afin que les habitants de tous les quartiers se rencontrent (fête de la musique, Téléthon, fête de la ville…) o valoriser les actions culturelles par quartier avec une reconnaissance réelle des partenaires et une facilité de mise en appropriation des projets (délais de paiements des intervenants extérieurs, artistes moindre, procédure des conventions facilitée, délai de réservation du matériel logistique moindre….) Leurs constats o o o o o o des habitants peu enclins à sortir de leurs quartiers des actions communes difficiles à réaliser des jeunes en manque de repères et de cadre une adhésion aux dispositifs difficile de la part des partenaires des délais d’attente trop long pour les familles pour une prise en charge des réponses inadaptées aux familles 5.2.12 Les dispositifs publics Inscrit dans le contrat de ville 2000/2006 le quartier des Aunettes bénéficie pour 6 ans d’un soutien et d’une attention particulière de l’état, des collectivités territoriales et locales et enfin des partenaires institutionnels signataires du contrat de ville tels que le FASILD, la CCI… Ce quartier bénéficie dans le cadre de la politique de la ville des dispositifs contractuels tels que le contrat éducatif local, le réseau d’éducation prioritaire, le contrat local d’accompagnement scolaire, le contrat local de sécurité et de prévention. Les actions qui en découlent répondent aux objectifs déclinés dans les différents champs thématiques du contrat de ville et des dispositifs afférents. 5.2.13 Les caractéristiques spécifiques du quartier Le quartier des Aunettes bénéficie d’un emplacement privilégié sur la ville, proche du centre ville et d’un espace de verdure avec le parc des COQUIBUS. Très bien desservi par les transports en commun (société TICE, Gare Evry Courcouronnes) les habitants se déplacent sans difficulté, quartier proche des services de proximité : - Mairie Préfecture Hôtel de Police CDAS-PMI (assistante sociale) Gare routière (30 minutes de Paris) CAE (PJJ) Sécurité Sociale CAF MF/37 - Groupes scolaires (maternel, primaire, collège) La place des Aunettes regroupe un collectif de commerces utile et nécessaire aux habitants : Franprix, boulangerie, poste, Bureau de tabac et librairie, pharmacie…. Et depuis février 2003 a été installé un distributeur de billets à la demande du Conseil de Quartier. Cependant cette place a besoin d’être redynamisée : par des temps d’animations associant les commerçants. Dans ce cadre des propositions d’habitants ont été faites : - organisation d’un Vide Grenier remettre en place un marché fidéliser les habitants sur un rendez-vous annuel de quartier (déjà commencé le 14 09 02 et à priori renouvelé le 13 09 03) développer des actions culturelles sur la place (expositions, ateliers arts plastiques, contes et lectures, animations musicales) associer les commerçants à la décoration de Noël La richesse culturelle de la population (Europe, Asie, Inde, Amérique du Sud, Afrique) est favorable au développement de projets qui doivent permettre une meilleure cohabitation. La présence d’un Conseil de Quartier dynamique dont l’objectif principal est d’apporter des améliorations quotidiennes dans le cadre de vie (sur le plan urbanisme, communication et animations du quartier). La présence d’un tissu associatif sur lequel la maison de quartier peut s’appuyer Un service public présent et désireux d’élaborer des projets à destination des habitants 5.2.14 La dynamique populaire : les jeunes Le service jeunesse fonctionne indépendamment du service Vie des Quartiers. Cette nouvelle réorganisation nécessite la mise en place d’une méthodologie de travail commune aux deux équipes afin que les deux publics se fréquentent et échangent leurs pratiques. Les jeunes sur ce quartier n’ont pu, à ce jour, être constitués en un groupe permettant la mise en œuvre des outils demandés, c’est-à-dire, cartographie sociale et perspective de genre. Plusieurs réunions ont été mises en place et personne ne s’est présenté. Comme sur le quartier des Pyramides, les jeunes ont beaucoup de mal à communiquer avec les adultes. Ils se réunissent surtout autour d’événements touchant d’autres jeunes et « protègent leur quartier » des autres jeunes. Il a pourtant existé, il y a quelques années, une forte dynamique de jeunes autour du sport dans le cadre des activités de la Maison de quartier (plus de 500 adhérents). Le départ du Directeur a cassé la dynamique et les jeunes en ont rendu responsable l’institution. Les filles sont plus présentes dans les activités proposées. Un groupe de jeunes semblait intéressé par le projet mais se dévoiler, parler et construire leur fait apparemment peur. Personnel Secteur Jeunesse du quartier : MF/38 NOM FONCTION ADELALLOUI Halim JACQUES Marc BENAMARA Samir MASOUMI Gelareh Coordinateur Animateur Animateur 5.3 QUALIFICATION DATE D’ENTREE Animatrice METHODOLOGIE ET OUTILS 5.3.1 La cartographie sociale La démarche a été introduite par la Maison de quartier et les membres du Conseil de quartier. Plusieurs femmes du Conseil de quartier ont été intéressées par le projet et après plusieurs réunions nous avons pu aboutir sur l’élaboration d’une cartographie sociale à partir de photos prises par chacune des femmes et de leur représentation individuelle du quartier. Elles présenteront lors du forum du 8 décembre 2003, leur propre analyse des transformations du quartier des Aunettes. Parmi ce groupe d’habitants était présent Elio ; sa présence pour nous représente un atout majeur. En effet, il est à la fois un des urbanistes à l’origine de la ville nouvelle ayant travaillé trente ans sur l’agglomération. Il connaît l’ensemble de l’historique, et de la construction et nous pouvons grâce à lui nous pouvons comprendre la volonté de l’époque à la fois des politiques mais aussi des urbanistes. Il a participé à la présentation de la démarche de construction de la ville (premières pages du document) puis nous présentera quelques archives photos lors du 8 décembre afin que nous puissions établir la cartographie sociale du passé. 5.3.2 Les religions Depuis quelques mois, nous avons pu constater sur les quartiers l’importance de la religion chez les adultes mais encore plus chez les jeunes. Question identitaire, question spirituelle. De nombreux jeunes se retrouvent une nouvelle identité autour de la religion et du cadre qui y est mis et on peut constater dans les quartiers une recrudescence de nouveaux croyants (garçons et filles). La question du voile à l’école fait actuellement la une de nombre d’émissions, recherches, et peut-être texte de loi ! C’est pour la ville qui se veut à l’écoute de l’ensemble des religions puisque sur le territoire de la ville co-existent une mosquée, une cathédrale, une pagode (qui sont les bâtiments religieux les plus importants en taille de France), une synagogue, une église adventiste. Une question importante à résoudre. L’importance des associations dans la démarche : Elio est membre d’une association « Coup de soleil » Cette association a pour objectifs de : ♦ Rassembler ceux qui ont un lien de vie et d’amitié avec le Maghreb MF/39 ♦ Favoriser le dialogue interculturel, affirmer notre adhésion commune à des valeurs universelles : liberté de penser, fraternité, solidarité ♦ Mettre en lumière les apports multiples des différentes populations originaires du Maghreb à la culture et à la République françaises ♦ Mettre en lumière la réalité de l’histoire des rapports entre la France et le Maghreb afin de mieux comprendre le présent et le passé récent ♦ Mettre en œuvre des rencontres conviviales Cette association organise chaque année à l’Hôtel de ville de Paris, une grande manifestation « le moi du Maghreb » avec des conteurs, écrivains, philosophes, historiens… Nous comptons beaucoup sur eux pour pouvoir aborder la question des religions avec les jeunes. Car la question des religions est sur la ville une question prioritaire. 5.3.3 - Les jeunes Il a été particulièrement difficile sur ce quartier de pouvoir constituer un groupe de jeunes intéressés par le projet. Un seul jeune Abdel, déjà engagé dans un ensemble de réseaux, assurant l’accompagnement scolaire au sein de l’équipement est intéressé. Les jeunes, et ils sont nombreux sur ce quartier, se regroupent dans les lieux bien repérés mais lorsqu’ils ont été sollicités, ils n’ont pas voulu participer au projet… Le quartier des Aunettes n’a pas la même image auprès des médias que celui des Pyramides mais est cependant difficile. Les jeunes sont très souvent en rivalité avec ceux du Canal, quartier jouxtant les Aunettes, et il existe de nombreuses bagarres parfois réglées soit par des armes blanches, soit par des armes à feu. Il a semblé à Abdel qu’il était important que d’autres jeunes soient associés au projet et qu’il ne pouvait parler « des jeunes » en son nom. Abdel est un garçon très intéressant ; ayant perdu son père très jeune, il se doit d’assurer le maintien de la famille avec sa mère et il fait preuve d’une grande maturité. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est défini comme « autonome ». Depuis toujours il a résidé sur le quartier et se sent à l’aise partout. Pour lui le quartier des Aunettes englobe aussi celui des Epinettes. Il regrette le temps où tous les jeunes se retrouvaient sur les terrains de foot et pratiquaient ensemble tous les sports. De fait, les jeunes des Aunettes retrouvent les jeunes des Epinettes car sur le territoire des Aunettes, il n’y a ni collège, ni gymnase. Pour lui, il lui semble que les Aunettes ont « colonisé « les Epinettes. En ce qui concerne les lieux économiques, il trouve que le marché était auparavant un lieu animé ; à présent, il y a peu de chalands. Il est très intéressé par le projet car il voudrait prendre des idées sur les initiatives qu’ont les jeunes des autres pays. Il pense que pour les jeunes « le respect » est indispensable et qu’ils ont l’impression de ne pas être respectés. Abdel est sûr de lui et sûr de ses croyances qui lui permettent d’avancer et de faire face aux difficultés du quotidien. MF/40 Son père était chauffeur du bus de la ligne 402, célèbre ligne où tous les coups étaient permis. Lors du forum du 8 décembre, nous passerons le documentaire et il commentera ainsi que les autres jeunes leurs impressions et le regard porté sur eux par le réalisateur et les adultes. Quelques autres jeunes « veulent tenter l’expérience » mais aucun travail n’a été effectué avec eux ; ils seront présents le 8, à nous de les convaincre. D’autres jeunes du collège sont intéressés. L’an passé, un des projets pédagogiques du Collège Galilée portait sur la découverte du quartier des Aunettes de manière ethnographique et les enfants se sont transformés en « ETHNOKID’S » Dans le cadre des classes à PAC (projet artistique et culturel) lancées par Jack Lang, ancien Ministre de la culture des années Mitterrand, Delphine Pelletier Professeur de français au collège Galilée a eu envie de travailler avec les enfants sur un projet photo. Une rencontre avec des associations a permis de donner au projet une dimension ethnologique. Présentation « d’EPINETZO » nom donné par les enfants. Un projet aux mille facettes. Au cœur de ce projet qui a séduit et passionné les 22 élèves de la classe de 6ème quatre femmes : Delphine Pelletier, Professeur de français : Chantal Debruycker, Ethnologue et Chef de projet de l’Association « Ethnokid’s », Evelyne Coutass, Photographe et Céline Poisson de l’association Acte 91 ont permis aux enfants d’étudier leur quartier sous toutes ses facettes, de tenir un carnet de route selon des pistes données (chemin emprunté pour se rendre au collège, interview d’un habitant, dessins des commerçants…) et se lancer dans la photo couleur avec un appareil jetable puis dans le noir et blanc avec un appareil classique. Des rencontres importantes ont marqué l’avancement de ce projet, comme une interview sur RFI, avec des urbanistes ou élus. Les carnets réalisés par les enfants est un outil inestimable pour l’ethnologue. Les enfants ont appris à regarder le quotidien, à prendre des notes, faire des plans, et ils ont constaté des tas de choses à dire sur leur vie même si cela semblait banal au premier abord. Nous sommes allés rencontrer le Principal, et les enseignants du collège afin de présenter « Quartiers du Monde ». Le projet leur a semblé être une suite logique à ce qu’ils avaient déjà entamé avec les enfants. Un groupe de quatre enfants seront donc présents le 8 décembre pour présenter leur travail et l’exposition qui en a été faite puis ils souhaiteraient participer au projet « la cité des enfants ». Une dizaine d’autres des autres classes ainsi que des enseignants sont intéressés eux pour participer au projet « quartiers du monde » et à la réflexion sur l’autonomie, la prise en compte de la parole des jeunes et leur participation dans le monde de demain. Aucun travail n’a été effectué avec eux. Mais ils seront présents le 8 décembre avec les enseignants intéressés par la démarche. VI – LE POUVOIR 6.1 Les pouvoirs institutionnels Les relations avec les différents pouvoirs institutionnels (police, justice, municipal) sont souvent conflictuels et peu respectés par les jeunes et parfois par certains adultes. Depuis deux ans, l’équipe municipale a mis en place une politique de sécurité (ALMS, police MF/41 municipale renforcée, correspondants de nuit) , un service d’aide aux victimes assurant à la population la sécurité nécessaire au sein de la ville. Le renforcement des forces de police nationale et la construction d’une antenne au sein des locaux de la gare ont permis de sécuriser certains lieux où les jeunes imposaient leurs lois. Les quartiers sont plus sécurisants et l’ensemble des équipes joue un rôle important dans la diffusion de l’information ce qui empêche l’explosion. Cependant, les jeunes restent très attachés à leur quartier et répondent immédiatement quant un intrus y pénètre ou quand un des leurs est agressé par les forces de police. Ils sont particulièrement « à l’injustice » et possèdent leurs propres règles. Ils font souvent pression auprès des institutions qu’ils sollicitent et après discussion avec eux ont l’impression que les adultes ne veulent pas les entendre. Il est important d’aller plus loin dans la démarche de rapport de pouvoir avec les jeunes car il existe des malentendus importants et ils se sentent de « perpétuelles victimes ». La sanction de justice est pour certains synonyme de promotion au sein du groupe du quartier et n’a aucune valeur. Cette sanction ne représente rien pour eux. ! 6.2 – Les pouvoirs coutumiers Il existe au sein des communautés africaines, un pouvoir important des chefs coutumiers (mariages arrangés, voire forcés, excision, en cas de veuvage la veuve est donnée au frère du défunt..) De plus, lors des actes commis par des jeunes issus de la communauté malienne (vols, irrespect, voire meurtres) parfois la situation est réglée directement par le chef coutumier et l’enfant est renvoyé au pays sans avoir assister au jugement. 6.3 Le pouvoir de la religion La religion a pris une place très importante dans les quartiers au sein des familles musulmanes ; elle règle la vie quotidienne et empêche les filles et les femmes de se rendre dans certains lieux cours d’alphabétisation, courses, sorties seules, prises de décision – les jeunes filles de plus en plus, portent le hidjad (voile et robe noire) et se refusent à pratiquer les cours de gymnastique, aller à la piscine, assister aux cours de sciences naturelles, côtoyer des jeunes garçons dans l’espace public. Les lieux de restauration collective sont de plus en plus contestés par la communauté car la viande n’y est pas hallal. Quelques hommes refusent même de voir des médecins hommes soigner leurs femmes au sein des hôpitaux ce qui pose de réels problèmes en milieu hospitalier. Le pouvoir constitutionnel pose la question de la laïcité et ce fait religieux fait l’objet de nombreuses discussions. 6.4 Le pouvoir des jeunes Les jeunes posent souci à la collectivité car ils ont souvent l’occasion de faire pression dans différentes instances et génèrent une peur dans les quartiers. Ils ont alors de fait un réel pouvoir sur l’institution et sur les adultes. MF/42 VII – LES CONFLITS 7.1 Entre les habitants et les institutions Les institutions sont souvent violentes avec les populations reçues de part leur pratiques d’accueil ou de traitement des dossiers. Cependant, les conflits existant entre les uns et les autres proviennent souvent de malentendus et d’incompréhensions. La création de nombreuses associations sur la ville issues des communautés est une émanation de dynamiques populaires. Ce sont les habitants qui sont à l’initiative de la gestion des conflits à partir d’actions de médiations et de formations des institutions 7.2 Entre les adultes et les jeunes Les conflits de générations sont particulièrement difficiles sur les quartiers en raison de la difficulté des adultes issus de l’immigration à transmettre leurs valeurs et l’éducation à leurs enfants. Ceux-ci dans cet entre-deux ne les respectent plus. Les adultes restant sur le mode de fonctionnement qui reste le leur « que les enfants n’ont pas le droit à la parole » et qu’il n’est donc nullement question de ce fait de pouvoir mettre en place un dialogue entre adultes et jeunes . IL en résulte des jeunes en échec scolaire, résidant hors du contexte familial, emprisonnés ou renvoyés au village. On observe de l’incivisme dans les espaces publics, des jeunes avec une image négative d’eux-mêmes et des adultes en désarroi face à leurs représentations sur le respect des générations. MF/43