feuille rouge - Inac
Transcription
feuille rouge - Inac
FEUILLE ROUGE AVRIL 20/01/04 12:28 Page 1 FFEEUILLE UILLE RRO UGE OUGE Avril 2003 493 Département de Recherche Fondamentale sur la Matière Condensée B QUAND LE FERRO tion avec une résolution en énergie estimée à 1,5 eV et spatiale de l’ordre de 0,5 nm. Ces DEPHASE LA SUPRA structures fines sont caractéristiques de la liaison RÈVES ... LES LIAISONS NANOGRAPHIEES P. Bayle-Guillemaud - SP2M - [email protected] _______________________________ Nous avons réalisé une jonction su- chimique locale (site cristallographique, environnement chimique…). On a pu ainsi observer l’évolution de l’environnement de l’azote à praconductrice avec une barrière l’interface entre des couches d’AlN et de GaN ferromagnétique. Cette jonction Jo (voir figure). sephson d'un type nouveau possède Nous disposons d’un microscope électroni- une propriété très particulière qui que à transmission (Jeol 300kV) équipé d’un filtre en énergie (Gatan Image Filter). Ce filtre permet d’obtenir, soit des spectres de perte d’énergie des électrons, soit des images filtrées en sélectionnant une fenêtre d’énergie autour d’un seuil d’absorption d’un élément donné. Un positionnement minu- pourrait être mise à profit pour réali ser un objet quantique. Voir au verso En filigrane : Cartographie chimique de particules de Ni0.9Fe0.1 (¨E = 10 eV). Rouge : Fe, vert : O, bleu : Ni. tieux des fenêtres (largeur ∆ E = 10 à 20 eV) permet ainsi de réaliser la cartographie des différents éléments en présence, avec une résolution spatiale inférieure au nanomètre. Le filigrane LES MATERIAUX FONT DU YOGA S. Lyonnard - SI3M - [email protected] montre un exemple de reconstruction d’une image (traditionnellement le proton) avec la surface de la matière étudiée : on peut ainsi sonder la dynamique du proton dans des milieux confinés et obtenir des informations directes sur la géométrie du confinement, la tortuosité, les temps de résidence caractéristiques du proton à partir de trois cartographies de particules de La relaxométrie RMN permet de mesurer la dans une porosité, le temps de diffusion dans Ni0.9 Fe0.1. Cette image met en évidence la pré- dynamique atomique ou moléculaire à des des canaux de conduction, etc… sence d’une coquille d’oxyde d’une épaisseur de échelles de temps dites intermédiaires, assez Nous avons étudié la dynamique du pro- l’ordre de 2 à 3 nm. Une analyse de la structure difficiles d'accès (de l'ordre de la microse- ton dans deux membranes ionomères pour pile fine permet de déterminer la nature chimique de conde). Cette technique complète les méthodes à combustible : Nafion et polyimides. La re- cet oxyde. de diffusion de rayonnement qui permettent de laxométrie nous a permis de distinguer les sonder les dynamiques extrêmement rapides et différents mécanismes d'adsorption d'eau. les mesures macroscopiques. Dans le Nafion, la réponse de cette eau à Nous avons récemment optimisé ce mode d’imagerie en faisant l’acquisition et le traitement de série d’images avec des fenêtres en énergie Le principe de la relaxométrie est d'appli- l'excitation en fréquence est un plateau très étroites (1 à 3 eV). On peut ainsi obtenir des quer un champ magnétique constant et intense dans presque toute la gamme. Ceci est la images utilisant la structure fine des seuils d’ionisa- sur l'échantillon afin d'orienter les spins des signature d'un comportement de l'eau en noyaux, puis de mesurer la relaxation de ces volume ; les mouvements du proton sont spins dans un champ variable, d'intensité beau- peu gênés par le confinement. C'est tout le coup plus faible, dans la gamme de fréquence contraire dans les membranes polyimides. 0,01-10 MHz. Il ne s'agit pas d'une technique Spectres à l'interface AlN/GaN reconstruits à partir d'une série d'images filtrées. Nous espérons pouvoir quantifier de RMN classique, pour laquelle une excellente prochainement les seuils de percolation résolution est requise afin de mesurer des raies éventuels des zones hydratées, paramètres caractéristiques de la chimie du matériau. Le essentiels pour évaluer les performances relaxomètre est en réalité une sorte de de conduction ionique d'une membrane. "magnétomètre". L'intérêt est de mesurer la Le DRFMC se dotera bientôt d'un re- réponse d'un échantillon à des sollicitations en laxomètre dont il n'existe pour l'instant fréquence sur une gamme très étendue. Les qu'un exemplaire en France. réponses obtenues traduisent directement l'inte- raction de la Direction des Sciences de la Matière sonde . employée CEA-GRENOBLE FEUILLE ROUGE AVRIL 20/01/04 12:28 Page 2 QUAND LE FERRO DEPHASE LA SUPRA C. Baraduc - SPSMS - [email protected] Actuellement à SPINTEC Une jonction Josephson classique est compo- nument quand la température diminue comme de π alors qu’elles ont la même phase dans sée de deux électrodes supraconductrices sépa- dans une jonction Josephson classique. Mais il une jonction Josephson standard. L’existence rées par une barrière non-supraconductrice. Il est augmente légèrement puis diminue et change de ce déphasage en l’absence de courant est possible de faire circuler un courant supra- de signe à basse température (voir Fig. 2). une propriété très originale de cette jonction : si conducteur à travers cette jonction sans générer L’état de courant critique négatif correspond à on connecte entre elles les deux électrodes de tension : les paires d’électrons, porteurs de une jonction Josephson d’un type nouveau : la pour former un anneau supraconducteur (voir charge de la supraconductivité, peuvent passer jonction π. Nous avons expliqué l’origine de ce Fig. 3) un courant circulera spontanément ! Ce d’une électrode à l’autre par effet tunnel ou via courant critique négatif par le fait que le ferro- courant peut circuler indifféremment dans un des états liés. Le courant supraconducteur maxi- magnétisme modifie la distribution des niveaux sens ou dans l’autre ; on peut aussi imaginer mal qui peut traverser la jonction est appelé d’énergie des porteurs supraconducteurs dans une superposition quantique des deux sens de courant critique. la barrière. circulation, réalisant ainsi un chat de Schroe- dinger… Ferro 0 À π Fig. 1 : Jonction Supra/FFerro/SSupra (à gauche,, vue de dessus, et à droite, vue en coupe). La jonction est un plot de 10 x 10 µm2 ; l’électrode supérieure (en jaune) prend le contact sur la jonction à travers une fenêtre d’isolant. ∆φ L’intérêt de notre travail a été de remplacer Quand une jonction de ce type est à l’équi- la barrière normale des jonctions Josephson libre (c’est à dire à courant nul), les électrodes habituelles par une couche métallique ferroma- supraconductrices ont une différence de phase Supra gnétique. L’association d’un supraconducteur 1400 tion délicate mais passionnante du point de vue 1200 1000 800 600 400 200 0 -200 -400 -600 -800 -1000 fondamental, car ces deux états sont antagonistes. Le ferromagnétisme génère spontanément un moment magnétique macroscopique ; or la supraconductivité est détruite par un champ magnétique suffisamment élevé. Pour réaliser un sandwich Supra/Ferro/Supra nous avons dû utiliser un alliage très faiblement ferromagnétique pour que la supraconductivité des électrodes ne soit pas détruite par la proximité de la couche ferromagnétique (voir Fig. 1). Ces jonctions Josephson à barrière ferromagnétique présentent une caractéristique très originale. Le courant critique n’augmente pas continû- Courantcritique(µA) avec un matériau ferromagnétique est une opéra- 0 Fig. 3 : Jonction π insérée dans un anneau supraconducteur. La différence de phase π qui apparaît aux bornes de la jonction crée un gradient de phase ∆φ dans le reste de l’anneau ; ce gradient provoque la circulation d’un courant spontané dans l’anneau. jonctionJosephson Ic>0 P ha se d u s up ra c on d u ct eu r Ic<0 Jonctionπ 2 4 6 L’ensemble des paires d’électrons est décrit par une fonction d’onde qui possède une phase donnée. Lorsqu’il y a un gradient de phase dans un matériau supraconducteur, il y a circulation d’un courant. 8 Temp rature(K) Température (K) Fig. 2 : Courant critique en fonction de la température dans une jonction Nb/Cu52Ni48(18 nm)/Nb (courbe bleue). La courbe noire donne l’allure du courant critique dans une jonction Josephson classique, pour comparaison. Comité de rédaction : J.P. Duraud, E. Molva, A. Pesnelle (DIR), C. Baraduc (SPINTEC), P. Dalmas de Réotier (SPSMS), Th. Douki (SCIB), D. Jalabert (SP2M), S. Lyonnard (SI3M), R. Vallcorba (SBT) - Secrétaire de rédaction : D. Bruel (DIR) tél. 04 38 78 38 04