Témoignage d`un jeune travailleur accidenté
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Témoignage d`un jeune travailleur accidenté
Témoignage d’un jeune travailleur accidenté Nom : Marc-André Chabot Âge : 23 ans au moment de l’accident Accident : A subi une réimplantation de la main à la suite d’un grave accident. Conséquences : En arrêt de travail depuis trois ans. Demeure en attente d’une greffe de tendons afin de retrouver de la préhension dans sa main. Reçoit toujours le soutien de sa mère et de ses proches. *Verbatim du témoignage vidéo Je m’appelle Marc-André, j’ai 27 ans. J’avais 23 ans au moment de l’accident. Je lavais des machines dans une compagnie qui fait la transformation de la viande. Au début, je ne voulais pas aller laver la machine parce que je n’avais pas la formation. Je n’avais pas de formation juste pour celle-là, puis éventuellement j’ai cédé; j’ai commencé à apprendre sur le tas comment les autres employés faisaient à tous les soirs en lavant la machine en marche. L’accident est arrivé, je lavais la machine comme je le faisais depuis des mois. Mon gant à vaisselle est resté pris après la vis sans fin, puis ma main a été entraînée dans la machine. Ce que je me souviens de l’accident, c’est ma main qui est restée prise dans la machine avec la vis qui Parce que le Québec a besoin de tous ses travailleurs www.csst.qc.ca tournait puis que tout d’un coup, cela a lâché. Je suis tombé à la renverse, puis je suis parti en courant vers le bureau de mes contremaîtres et il y avait des employés qui étaient là. C’est là qu’on m’a demandé : « Est où ta main, man ? » Puis là, ils ont pris un morceau de mon sarrau pour faire un garrot et ils ont appelé l’ambulance… « J’étais toute là. » Johanne Côté (mère de la victime) J’ai été informée de l’accident de Marc-André, en fait c’est mon conjoint qui m’a réveillée en début de nuit. Il venait de recevoir un appel téléphonique comme quoi Marc-André avait été blessé au travail. Au départ, on m’a dit que c’était un petit accident, mais ma réaction a été plutôt de dire : si on m’appelle, c’est que ce n’est pas quelque chose de petit. Marc-André (M.-A.) : Au moment de l’accident, j’ai été conscient jusque dans l’ambulance. Avec les calmants et la perte de sang, j’ai fini par m’endormir et je me suis réveillé plus de douze heures plus tard, peut-être quinze, seize heures plus tard, à l’hôpital. Je me suis réveillé, ma mère était là et elle m’a demandé : « Est-ce que tu sais ce qu’ils ont fait ? » Au début, les premières secondes, je ne me souvenais même pas de ce qui s’était passé, puis là elle m’a annoncé : « Ils ont réimplanté ta main. » Et là, je me suis évanoui. Johanne Côté (J.C.) : Un accident comme ça a bouleversé nos deux vies. En ce sens que Marc-André était autonome depuis cinq ans en appartement et du jour au lendemain, il est venu habiter chez nous et je m’occupais de lui à temps plein. M.-A. : La première année qui a suivi l’accident a été très dure au niveau psychologique. J’avais peur de la scie ronde, tout ce qui était gros et mécanique était insupportable. Les petits gestes quotidiens de la vie comme attacher mes souliers, conduire et cuisiner sont devenus des défis qui ont eu besoin d’être adaptés. Depuis l’accident, j’ai des conséquences sur mes passions. J’avais deux grosses passions avant qui étaient : la musique et les jeux vidéo. J’ai dû malheureusement laisser tomber la musique parce que je ne peux plus jouer de mes instruments et j’ai dû jeter ou donner la plupart de mes jeux vidéo. Je dirais que ma guérison se déroule lentement, mais sûrement. On est trois ans plus tard puis prochainement, j’attends une opération de douze heures qui consiste en une greffe de tendons. Si ça fonctionne, je vais retrouver de la préhension dans ma main droite. Je vois mon avenir aujourd’hui beaucoup plus positivement qu’il y a quelques mois. J’ai recommencé à avoir des projets : j’aménage dans ma première maison bientôt. Je fais du bénévolat et je me suis découvert une passion pour les animaux qui, je le souhaite, va entrer dans mon avenir professionnel. J.C. : Moi, travaillant déjà dans le milieu de la santé et de la sécurité du travail, Marc-André m’avait parlé du travail qu’il faisait. J’ai eu même un doute un certain moment donné et je n’ai pas réagi. En tant que parent, je dirais aux autres parents : si votre enfant a un nouvel emploi, questionnez-le et vérifiez s’il a eu une formation. C’est très important. M.-A. : Ma perception aujourd’hui sur la santé et la sécurité au travail, c’est que ça n’arrive pas juste aux autres. C’est très grave. Ce que je dirais aux jeunes travailleurs, c’est : n’hésitez pas à poser des questions, assurez-vous d’avoir la bonne formation et si vous avez des doutes sur une machine ou quoi que ce soit, dites-le. Ce que je dirais aux employeurs, vraiment, c’est : une vie ou un membre, ça n’a pas de prix, puis, faites attention à vos employés. Chaque jour, 240 accidents du travail se produisent n’importe où, n’importe quand. DC100-1650 (2012-04) Dans un premier temps, la seule information que l’on avait, c’est que Marc-André avait perdu une main et ils étaient pour l’a réimplanter. C’est tout ce que l’on savait quand on s’est rendus à l’hôpital.