ﺳﻴﺪ ﻗﻄﺐ ﻣﺎ ﻟَﻪ وﻣﺎ ﻋﻠﻴﻪ

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ﺳﻴﺪ ﻗﻄﺐ ﻣﺎ ﻟَﻪ وﻣﺎ ﻋﻠﻴﻪ
'ABD AL-MUN'IM MUSTAFÂ HALÎMA
« ABÛ BASÎR AL-TARTÛSÎ »
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SAYYID QUTB, CE QU'IL A EN SA FAVEUR ET
DÉFAVEUR
‫ﺳﻴﺪ ﻗﻄﺐ ﻣﺎ ﻟَﻪ وﻣﺎ ﻋﻠﻴﻪ‬
Traduction française par votre modeste frère
ABU IBRAHIM AL-KURDY
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Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux
Il me parvint une question où il fut demandé ce qui suit : — Les discussions autour de Sayyid
Qutb se sont dernièrement multipliées entre ceux qui l'offensent et ceux qui le louent. La question
fut confuse pour beaucoup de jeunes. Quelle est votre appréciation à ce sujet et quel est votre
opinion concernant Sayyid ? Qu'Allah vous récompense par le bien !
La réponse : — Louange à Allah Seigneur des mondes. Lorsque l'on parle des grands hommes
de science (kibâr ahl al-'ilm) et que l'on veut les évaluer et les juger de manière critique (jarh) ou
attester de leur honorabilité (ta'dîl), il est impératif d'observer plusieurs faits.
Parmi ces faits : observer l'ensemble des vertus du savant, ses positions, les conditions dans
lesquelles il fut (ahwâl) et, d'un autre côté, observer, le cas échéant, l'ensemble de ses péchés, de ses
erreurs, puis exercer un jugement critique entre ces deux mesures et mettre en évidence ce qui
prédomine et l'emporte sur l'autre.
Parmi ces faits : retourner ce qui est équivoque (mutashâbih) de ses paroles et de ses mots à ce
qui est explicite (muhkam). L'établissement des statuts, de ses avis et de ses doctrines (madhâhib)
doit se faire à travers ce qui proviendra de ce qui est explicite et non de ce qui est équivoque, étant
donné qu'il n'y a pas un seul savant qui n'ai des expressions, si on les prend seuls tels qu'ils sont, qui
portent plusieurs sens en soi ; sur base de ces expressions, on viendrait même à juger d'injuste le
savant et il sera mal compris et, peut-être même, qualifié d'égaré et de pervers. Cependant, lorsque
l'équivoque de ses paroles et de ses positions est retourné vers l'explicite, la forme devient plus
claire, et le jugement ainsi que la décision sont de cette manière plus proche de la droiture et de la
justice.
Parmi ces faits : observer l'ensemble des étapes de recherche et d'adhésion à l'Islam (iltizâm) qu'a
traversé le savant, et différencier, le cas échéant, entre les étapes qui furent avant l'adhésion et celles
qui furent après, puis se fier aux dernières étapes de sa vie, de ses efforts d'initiatives (ijtihâd) et à
ses propos tenus de manière absolue (itlâqât) durant cette dernière phase. La considération [d'une
personne] ne vaut que par les fins et ce sur quoi l'homme termine sa vie. C'est de l'injustice totale
que tu évalues un homme, le cas échéant, à travers sa vie déviante qu'il mena durant ses jours
d'ignorance/de paganisme (jâhiliyya), et que tu fermes les yeux sur l'étape — qui fut après cette
période — de repentir, de droiture, d'adhésion à l'Islam et de lutte (jihâd) par laquelle sa vie fut
achevée... !
Parmi ces faits : tenir compte des conditions, des milieux et des circonstances qui entouraient le
savant au moment où il est tombé dans l'erreur. C'est cela qui nous aidera à comprendre son but et
son objectif dans ce qu'il a fait erreur et la cause qui l'amena à se tromper. Par ailleurs, si toutes ces
circonstances n'empêchent pas de le tenir pour fautif et d'indiquer ses paroles et faits comme étant
erronés, ils empêchent, néanmoins, de le taxer de mécréant, d'égaré et de pervers !
Parmi ces faits : se débarrasser de toute passion, favoritisme injuste et des préjugés lorsqu'une
personne veut en évaluer une autre, surtout si cette autre personne est un savant parmi ceux de la
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communauté qui a des antécédents dans dans la lutte et l'épreuve dans le sentier d'Allah. Et ô
combien ces hommes équitables qui se défont de leurs passions en faveur de la vérité sont peu
nombreux en notre temps !
Cet avant-propos est important et indispensable avant de répondre à la question spécifique à
Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — qui parvint plus haut. Je résume donc la réponse à
cette question sous les points suivants :
[Les trois étapes de la vie de Sayyid Qutb]
I- Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a traversé trois étapes durant sa vie : l'étape
précédent l'adhésion à l'Islam, de la conversion à l'Islam et de l'action islamique, et celle de la
maturité, de l'adhésion, du commencement sérieux de l'appel à cette religion et de la lutte (jihâd)
dans le sentier d'Allah. Et il y a dans ces dernières étapes ce qui abrogea celles précédentes.
[L'étape précédent l'adhésion]
L'étape précédent l'adhésion à l'appel à l'Islam et à l'action islamique s'étend à peu près jusqu'aux
années 1945. En cette période, Sayyid variait entre les deux partis politiques que sont hizb al-Wafd
et hizb al-Sa'diyyûn et le soutient à ['Abbâs Mahmûd] al-'Aqqâd, à ses œuvres littéraires et à ses
idées. Durant cette étape, Sayyid a écrit de multiples articles et dissertations dont la plupart sont en
sa défaveur... Si une personne voulait évaluer Sayyid à travers ses écrits et ses positions qu'il eu en
cette période, qu'il acheva par son livre connu sous le nom d'Al-taswîr al-fannî fî al-Qur`ân (La
figuration artistique dans le Coran), il en sortirait très certainement des désastres qu'il faudra
compter dans la balance du crédo ('aqîda) et de l'unicité divine (tawhîd)… Mais c'est une vie
abrogée en ce qui concerne Sayyid, en raison de ce qui parvint par la suite comme écrits et
positions adoptées.
Il ne fait pas parti de l'équité et de la justice qu'un homme s'arrête sur ce que Sayyid a écrit en
cette période, que Sayyid lui même nomme d'ailleurs à plus d'un endroit dans [son exégèse] AlDhilâl et dans d'autres écrits comme étant la période de la Perte, pour ensuite venir dire aux
hommes : « regardez ce que Sayyid dit ! est-ce cela les positions de Sayyid ?! »
[La seconde étape]
Quant à la seconde étape, c'est une étape de transition vers l'action islamique, et qui s'étend à peu
près jusqu'à la fin des années 1950. En cette période, Sayyid a eu l'audace d'écrire sur des questions
que personne n'a traité auparavant, et ce avant d'être en mesure d'accéder aux sciences de l'Islam,
notamment aux deux sciences que sont la science du hadîth et de la jurisprudence ; ce qui l'a
conduit à tomber dans certaines erreurs qui sont en sa défaveur, comme dans son livre Al-'adâla alijtimâ'iyya (La justice sociale) qui est considéré comme l'un de ses premiers livres islamiques qu'il
écrivit à peu près en l'an 1948, au moment de l'apogée du socialisme et sa propagation dans les
régions ; ce qui a poussé, à ce moment là, certains prêcheurs à parler et écrire sur le socialisme de
l'Islam afin de contrer ce courant dévastateur appelant au socialisme…
Les fautes que l'on reproche à Sayyid sont, entre autres, sa diffamation envers certains
compagnons, dont à leurs têtes : 'Uthmân ibn 'Affân — qu'Allah soit satisfait d'eux tous ! — ; fautes
commises en s'appuyant sur des versions de hadîth non vérifiées, dont la plupart sont inventées et
mensongers, fabriquées de toute pièce par les rafidites, qui ne sont ni juste du point de vu de la
chaîne de transmission ni du point de vu du sens !
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Et si l'on dit que Sayyid Qutb n'a pas voulu diffamer pour juste diffamer à la manière des
rafidites ignobles, mais uniquement pour montrer la grandeur du système économique en Islam et
ce qui affecta ce système comme corruption et déséquilibre à la fin du règne du troisième calife,
'Uthmân, [que dites-vous] ?
Je dis : quoi que l'on dise des raisons et des circonstances qui ont conduit Sayyid, durant cette
période et cette étape, à la critique offensant certains compagnons, il est fautif et sa faute lui est
rejetée, et on ne le suit pas dans cette erreur ! Mais, de la même manière, c'est une étape à travers
laquelle il n'est pas autorisé d'évaluer Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —, surtout que l'on
rapporte de Sayyid qu'il a renoncé à cette période et à ce qu'il y a écrit. De même que l'on rapporte
la même chose de son frère Muhammad Qutb et d'autres chercheurs ! Voir [le livre] Sayyid Qutb
min al-mîylâd ilâ al-istishhâd, p. 509. (Sayyid Qutb, de la naissance au martyre) 1
[La troisième étape]
La troisième étape est une étape de maturité, de lutte et d'épreuve, qui est considérée comme
abrogeant toutes les étapes précédentes de la vie de Sayyid, et qui commença dans les débuts des
années 50 en se terminant par la fin de la vie de Sayyid pendu sur la potence des tawâghît après
plusieurs années passées dans les prisons des injustes !
Durant cette étape abrogeant [celles qui précédèrent], Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde !
— publia les livres suivants : Al-Dhilâl (Fî Dhilâl al-Qur`ân - À l'ombre du Coran) ; Hâdhâ-l-Dîn
(Cette religion) ; Al-mustaqbal li hâdhâ-l-Dîn (L'avenir de cette religion) ; Khasâ`is al-tasawwur
al-islâmî (Les particularités de la perception islamique) ; Muqawwimât al-tasawwur al-islâmî (Les
éléments de la conception islamique) ; Al-Islâm wa al-mushkilât al-hadâra (L'Islam et les
problèmes de la civilisation) ; et son livre grandiose Ma'âlim fî al-tarîq (Jalons sur la route)…
Celui qui veut évaluer Sayyid Qutb et ses réalisations scientifiques, il lui incombe de s'arrêter sur
cette étape de sa vie et les réalisations scientifiques qu'il accomplit durant cette phase sérieuse de
son vivant.
II- Lorsque l'on veut évaluer Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —, il convient de revoir
tous les aspects de Sayyid, à savoir ceux qui relèvent de la créativité scientifique, en y ajoutant ses
positions relatives à l'appel à la Religion (da'wa), à la lutte [sur cette voie] et ce dont il a souffert
comme épreuve et torture dans le sentier de l'appel à Allah. De même qu'il convient de regarder le
terme sur lequel Sayyid termina sa vie et qui supprime les étapes précédentes : une fin de Bien et de
martyre in shâ Allah, et nous ne le purifions pas à Allah. Tout cela doit être pris en considération
lors de l'évaluation et de l'appréciation de Sayyid.
Beaucoup de prêcheurs écrivent de bons ouvrages sophistiqués, sans toutefois les accompagner
dans leurs prêches de prises de position qui feraient qu'ils soient à la hauteur des mots qu'ils ont usé
dans leurs livres. Si tu observes la plupart de ceux-là, tu les trouveras poser leurs têtes sur les
marchepieds des tyrans, les suppliant de leur accorder une grâce et une faveur, alors qu'il savent
pertinemment que le despote ne peut accepter au strict minimum, en contrepartie de tout cela, que
la collaboration et la polémique complaisante en sa faveur dans ce qui est vain et faux… Comment
de tels prêcheurs leurs livres et leurs écrits sophistiqués et subventionnés pourraient leur être
bénéfique, alors qu'ils les démentent dans le même temps par des prises de position qui expriment
plus sincèrement ceux qu'ils ont en eux comme maladies et vices ?!
1 [N.d.t] : Sayyid Qutb min al-mîylâd ilâ al-istishhâd, du Dr. Sâlih 'Abd al-Fattâh al-Khâlidî, éd. Al-Shâmiyya, 1994.
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III- Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a assurément fait des erreurs dans
lesquelles ni on le suit, ni on l'approuve, et sur lesquelles on met en garde toute personne qui
voudrait lire ses livres.
Parmi ces fautes : — son interprétation blâmable (al-ta`wîl al-madhmûm) et son approbation des
doctrines des acharites concernant les attributs divins. — Également son affirmation que
l'information transmise par un seul témoin (khabar al-âhâd) n'est pas un argument en soi dans les
questions relatives au dogme, et cela est contraire à ce que professent les adeptes de la Sunna et de
la communion !
Dans toutes ces erreurs, Sayyid ne doit pas être suivi, et il est impératif de reconnaître que ce
sont des fautes, que Sayyid s'est assurément trompé dans ces questions et qu'il n'a pas été en
conformité avec la vérité et ce qui est juste dans ces sujets… Mais l'erreur est humaine, la
perfection est rare ; magnifié soit Celui qui ne se trompe pas !
IV- Sayyid ne fut ni le premier ni le dernier à s'être trompé dans les questions relatives aux
attributs divins et, de même, dans celles relatives à l'information transmise par un seul témoin
(khabar al-âhâd). Beaucoup d'éminents hommes de la communauté et de ses savants anciens sont
tombés dans ce genre d'erreur, Sayyid s'est donc conformé à eux et à leurs paroles… Toutefois, cela
n'a jamais empêché d'être équitable envers ces hommes de science, de faire leurs éloges pour ce
qu'ils ont eu de jute, et de profiter de leurs sciences et de leurs livres bénéfiques.
L'équité dans cette affaire exige qu'il soit dit : Sayyid a eu juste dans ceci et s'est trompé dans
cela ; et non pas qu'il soit dit : il s'est trompé dans cela en fermant les yeux, en raison d'une passion
suivie, sur ce qu'il a eu de juste et dans ce qu'il excella, et ô combien cet aspect-là est colossal chez
Sayyid !
V- Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a des vertus qui se traduisent par sa lutte,
ce qu'il déclara comme vérité et par les grandes souffrances qu'il subit sur le sentier de cet appel ;
nous espérons, in shâ Allah, qu'elles soient une expiation de ses erreurs. Car assurément, les bonnes
actions effacent les péchés, et il en est de même pour la souffrance qui purifie l'homme mis à
l'épreuve des erreurs, des péchés, des fautes commises et des méfaits, au point de le faire marcher
sur Terre purifié de toute faute. Aussi, la souffrance touchant les croyants et, plus particulièrement,
les savants parmi eux qui font le Bien, est un indice clair montrant la force de la foi et de la religion
de ces derniers. Comme dans le hadîth : « L'homme est éprouvé selon [ce qu'il met en pratique de]
sa religion ('alâ hasb dînih) ; s'il y tient fermement, son épreuve sera plus difficile ; et s'il y fait
preuve de laxisme, il sera éprouvé selon sa religion. Le serviteur ne cesse d'être soumis à l'épreuve
jusqu'à ce qu'il marche sur Terre sans avoir plus aucun péché. » Et il dit — qu'Allah prie sur lui et le
salue ! — : « Le croyant et la croyante ne cessent d'être mis à l'épreuve en leur personnes, en leurs
enfants et en leurs biens, jusqu'à ce qu'ils rencontrent Allah sans avoir plus aucun péché. » Et il dit
— qu'Allah prie sur lui et le salue ! — : « Ceux qui subissent les plus grandes épreuves sont les
Prophètes, puis ceux qui ont le plus de mérite. »
Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a assurément été soumis à de rudes épreuves
dans le sentier de l'appel à Allah, à Sa religion et du témoignage de l'unicité divine que nul n'est en
droit d'être adoré qu'Allah (lâ ilâha illAllah), puisque sa détention dans les geôles des tyrans s'est
étendue à plus de dix ans, jusqu'à ce que le despote le condamne à la pendaison par le cou. Et il
était possible à Sayyid de se libérer de toutes ces histoires par un mot d'excuse qu'il aurait écrit au
tâghût — conformément aux désirs de ce dernier ! — ; ce mot d'excuse, bien plus, ces mots de
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respect, d'allégeance et de dévouement qu'écrivent en ce temps la plupart des prêcheurs qui blâment
Sayyid pour son combat et sa patience face à l'épreuve, pour quelques petites miettes de pain que
leur jette le tâghût, ou pour une place de ce bas-monde qu'ils cherchent auprès de lui, et non pas
pour libérer leurs nuques de la condamnation à la pendaison par le cou. Néanmoins, Sayyid refusa
que pour être véridique avec le mot qu'il écrivit et défendit il y a déjà longtemps, à savoir l'unicité
divine : lâ ilâha illAllah (nul n'est en droit d'être adoré qu'Allah), même si cela devait le conduire à
la pendaison sur la potence des tyrans injustes !
VI- Avant d'adhérer à l'Islam, Sayyid était un homme de lettre habile. Il s'est en effet préoccupé
de la littérature écrite, orale, éducative et de ses genres, si bien qu'il a dépassé les plus éminents
hommes de lettre et de la rhétorique de son temps et, sans aucun doute, cela eut un impact sur son
style lorsqu'il écrit sur l'Islam durant la dernière étape… De ce fait, il se peut, parfois, que le lecteur
trouve certains termes et propos tenus de manière absolue (itlâqât) qui posent des problèmes de
compréhension, principalement d'ordre littéraire et du domaine de la rhétorique. Il ne fait donc pas
partie de l'équité que de juger, par exemple, Al-Dhilâl (À l'ombre du Coran), cette œuvre bénéfique
et colossale qui dépasse les quatre mille pages, comme étant Dâlâl wa Dhalâm (Égarement et
Obscurité) ou par d'autres descriptions injustes et déloyales, dû à ces propos tenus de manière
absolue ou à ces termes qui posent des problèmes de compréhension.
Il ne fait pas partie de la justice et de l'équité que de condamner Al-Dhilâl, ce livre énorme qui
dépassant les quatre mille pages, à la mise à feu et à la destruction, comme le soutiennent certains
contemporains sujets à caution, pour quelques fautes qui se limitent à une page ou deux ! Si cette
logique tordue et injuste serait vraie, il serait obligatoire pour chacun de brûler les livres et écrits
des gens de science, et il ne restera certainement plus un seul livre d'un savant sauvé pour la
communauté !
Il n'y a pas un savant que l'on ne puisse récuser dans un ou plusieurs sujets. Il n'y a pas non plus
un livre auquel on ne puisse répliquer et être à même de réfuter, tant s'en faut le Livre d'Allah Le
Très-Haut et ceux contenant la Sunna authentique et établie selon le Messager — qu'Allah prie sur
lui et le salue ! —.
VII- Ce dans quoi Sayyid est tombé comme erreurs qui furent précédemment indiquées n'a pas
empêché le shaykh savant du hadîth (muhaddhith) Muhammad Nâsir al-Dîn al-Albânî — qu'Allah
lui fasse miséricorde ! — de faire l'éloge de Sayyid et d'arguer par ses paroles, comme dans la
préface de son livre Mukhtasar al-'uluww 2, et ce lorsqu'il cita les paroles de Sayyid Qutb — sous
forme d'éloge et de soutient — sur l'équivalent de trois pages.
[Le shaykh Nâsir] débuta ainsi : « Voici le grand professeur Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse
miséricorde ! —... », puis il commença à retranscrire la parole de Sayyid...
Question : Si donc le shaykh al-Albânî décrit Sayyid Qutb comme étant le grand professeur et
invoque la miséricorde d'Allah sur lui tout en arguant de sa parole durant plus de trois pages
consécutives dans la préface uniquement, qu'en est-il de Rabî' al-Madkhalî et ses suiveurs parmi les
imitateurs ignorants qui insultent Sayyid, l'accusent d'égarement et d'autres blâmes inconditionnés
et injustes, tout en mettant en garde contre lui et ses livres ?! Qui d'entre eux deux est sur la vérité
et ce qui est juste, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Qui d'entre eux deux est plus savant des
principes et des règles de la critique (jarh) et de l'attestation d'honorabilité (ta'dîl), le shaykh Nâsir
2 [N.d.t] : Voir pour la parole évoquée du shaykh al-Albânî : Mukhtasar al-'uluww al-'Alî al-Ghaffâr ([Le livre de]
l'abrégé de la transcendance du Très-Haut et Pardonneur), de l'imam Muhammad b. Muhammad b. 'Uthmân alDhahabî, tahqîq Muhammad Nâsir al-Dîn al-Albânî, éd. Al-Maktab al-islâmî, p.60.
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ou bien al-Madkhalî ?! Qui d'entre eux deux est plus en droit d'être suivi et imité — supposé que
l'imitation soit autorisée dans ces sujets —, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Lequel d'eux
deux est salafî 3 et représente la salafiyya contemporaine, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?!
Vous avez dit que le shaykh Bakr Abû Zayd a assurément fait erreur, qu'il est sorti de la salafiyya
et qu'il a soutenu les gens de l'innovation lorsqu'il n'a pas été d'accord avec al-Madkhalî sur ses
ignorances et blâmes injustes et inconditionnés envers Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —
… Oseriez-vous donc dire au sujet du shaykh Nâsir ce que vous-avez dit sur le shaykh Bakr ?!
VIII- Ce dont le shaykh Nâsir argua de la parole de Sayyid — sous forme d'estime et de soutient
—, ce sont ces mêmes paroles qu'al-Madhkhalî reproche vivement à Sayyid. Il considère — à cause
de son ignorance des règles de l'excommunication (qawâ'id al-takfîr) — que Sayyid a assurément
taxé de mécréant [tous] les Hommes et groupes divers par ces mots !
Voici donc les paroles de Sayyid par lesquels argua le shaykh Nâsir — qu'Allah leur fasse
miséricorde ! —. Le shaykh Nâsir dit : « Puis il rappela (c'est-à-dire Sayyid) — qu'Allah lui fasse
miséricorde ! — deux autres facteurs et dit : " Aujourd'hui, nous vivons un paganisme (jâhiliyya)
identique à celui que l'Islam connu au début de son ère ou plus obscur encore. Tout ce qui nous
entoure est jâhiliyya : les conceptions des individus et leurs convictions, leurs mœurs et leurs
coutumes, leurs sources de culture, leurs arts et littératures, leurs lois et législations, si bien que la
plupart de ce que nous pensons être de culture islamique, de référence islamique, de philosophie
islamique et de pensé islamique est, de même, née de cette jâhiliyya… Il est donc obligatoire dans
le programme du mouvement islamique que nous nous débarrassions, durant la période de
l'incubation et de la formation, de tous les effets de la jâhiliyya dans laquelle nous vivons et dont
nous dépendons. »
Le shaykh al-Albânî argue de cette parole — sous forme d'éloge et de soutient —, comme on
peut le voir dans sa préface de son livre Mukhtasar al-'uluww, tandis qu'al-Madkhalî considère ces
paroles, à cause de son ignorance des normes et des règles du takfîr, comme une excommunication
précise et individuelle des individus et de ceux qui composent les groupes divers (takfîr al-a'yân).
Parmi ce qui a conduit al-Madkhalî à l'exaspération et à la haine contre Sayyid, il y a ces
expressions [évoquées plus haut] et d'autres paroles similaires qui enragent les tawâghît injustes…
Cependant, regarde, ô mon frère le questionneur, la différence entre la position et la compréhension
qu'a le shaykh Nâsir vis-à-vis de ces mots et celles qu'a al-Madkhalî vis-à-vis de ces derniers !
Nous réitérons donc ici notre question précédemment posée : — Qui d'entre eux deux est
salafî et représente la salafiyya contemporaine, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Qui d'entre
eux deux comprend le plus la salafiyya, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Lequel d'entre eux
deux a plus de jalousie pour la salafiyya, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?!
IX- Tout ce qui vient de précéder nous a poussé à mettre de nombreux points d'interrogations par
rapport aux positions d'al-Madkhalî, celui qui se porte à l'extrême à l'égard de Sayyid et de ses
livres.
Qu'est-ce qui l'amena à cette exaspération, à cette haine et à cette propagande intense contre
3 [N.d.t] : En résumé, on entend par salafî celui qui se conforme dans sa pratique et sa compréhension religieuse aux
Anciens (al-salaf) qui sont les trois premières générations de l'Islam dont le Prophète — qu'Allah prie sur lui et le
salue ! — a fait leurs éloge, comme dans le hadîth qui se trouve dans les deux sahîh, le Prophète — qu'Allah prie
sur lui et le salue ! — a dit : « Les meilleurs des hommes sont ceux de ma génération, puis ceux qui viendront après
eux, puis ceux qui viendront après eux... ».
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Sayyid et, spécifiquement, contre ses livres ? Est-ce, comme il le prétend, sa défense de la vérité et
de la voie des Anciens, ou bien son désir effréné d'être au service des gouverneurs contemporains
tyranniques, enragés par les livres et les pensées de Sayyid, à travers l'éloignement des hommes des
pensées et des livres de Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — ?! À qui profite cette
campagne brutale et absurde menée contre Sayyid, ses idées et ses livres ? Est-ce aux étudiants en
science religieuse et à la voie des Anciens, ou bien aux gouverneurs tyranniques, mécréants et
oppresseurs que Sayyid cibla dans beaucoup de ses écrits, de ses paroles et de ses positions ?!
À défaut de parler comme il le fait sur Sayyid, amenez-moi un tyran de la terre, parmi ceux qui
gouvernent les musulmans par les lois mécréantes, idolâtres et injustes, sur qui al-Madkhalî a dit un
seul mot ; — ou bien, à défaut d'écrire des livres et des ouvrages comme il le fait sur Sayyid,
amenez-moi un seul de ces tyrans sur qui al-Madkhalî a écrit un simple article ou une simple feuille
; — autrement, à défaut de mettre en garde comme il le fait contre Sayyid et ses idées, montrez-moi
un de ces tyrans dont al-Madkhalî a mit en garde contre son mal, sa mécréance et son danger ! Ou
bien avertir la communauté de la mécréance du tâghût, de son oppression et de sa fausseté ne
servirait pas à l'appel à la salafiyya et aux jeunes salafî comme servirait la mise en garde contre
Sayyid et ses livres ?!
Tout cela nous a poussé à mettre des dizaines de points d'interrogation sur cette campagne
suspecte et douteuse menée contre Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —, ses livres et ses
idées, à la tête de laquelle se trouve Rabî' al-Madkhalî et ceux qui sont avec lui parmi ses suiveurs
et imitateurs, à l'instar d'al-Halabî et al-Hilâlî !
Si l'affaire se tenait à critiquer Sayyid dans ce qu'il a fait erreur et à mettre en évidence la vérité
dans cela, sans se porter vers un extrême ni un quelconque laxisme, de manière impartiale et
équitable, il n'y aurait eu aucun problème avec Rabî' al-Madkhalî autour de la question de Sayyid,
ni avec d'autres parmi ceux qui l'imitent. Car personne n'affirme l'infaillibilité/la préservation de
l'erreur ('isma) de Sayyid ou bien qu'il est au-dessus de la critique. Au contraire ! il est de ceux qui
se trompent et qui ont juste, de qui l'on peut prendre et rejeter. Toutefois, tout cela doit être dans les
limites de l'équité et de la justice dont le chercheur musulman doit irrémédiablement se prémunir,
ce que nous n'avons pas constaté chez al-Madkhalî lorsqu'il a écrit ou parlé au sujet de Sayyid, sa
lutte et sa science.
Puisse Allah faire miséricorde à Sayyid Qutb d'une large miséricorde, l'absoudre, lui pardonner
ses fautes et ses erreurs. Puisse-t-il également le faire demeurer dans ses vastes Jardins avec les
Prophètes, les véridiques et les martyrs, à la manière dont il déclara la Vérité, montra la Voie,
sacrifia sa vie et écrivit de ses doigts À l'ombre du Coran et Jalons sur la Route.
Et notre dernière invocation est louange à Allah Seigneur des mondes !
Le 19 Dhû al-Hijja 1421
Le 14 Mars 2001
'Abd al-Mun'im Mustafâ Halîma, Abû Basîr al-Tartûsî
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