ﺳﻴﺪ ﻗﻄﺐ ﻣﺎ ﻟَﻪ وﻣﺎ ﻋﻠﻴﻪ
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ﺳﻴﺪ ﻗﻄﺐ ﻣﺎ ﻟَﻪ وﻣﺎ ﻋﻠﻴﻪ
'ABD AL-MUN'IM MUSTAFÂ HALÎMA « ABÛ BASÎR AL-TARTÛSÎ » )( ا$&" http://www.abubaseer.bizland.com/ http://www.altartosi.com/ http://www.en.altartosi.com/ mailto:[email protected] SAYYID QUTB, CE QU'IL A EN SA FAVEUR ET DÉFAVEUR ﺳﻴﺪ ﻗﻄﺐ ﻣﺎ ﻟَﻪ وﻣﺎ ﻋﻠﻴﻪ Traduction française par votre modeste frère ABU IBRAHIM AL-KURDY (' ) ا#&% 1 Au nom d'Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux Il me parvint une question où il fut demandé ce qui suit : — Les discussions autour de Sayyid Qutb se sont dernièrement multipliées entre ceux qui l'offensent et ceux qui le louent. La question fut confuse pour beaucoup de jeunes. Quelle est votre appréciation à ce sujet et quel est votre opinion concernant Sayyid ? Qu'Allah vous récompense par le bien ! La réponse : — Louange à Allah Seigneur des mondes. Lorsque l'on parle des grands hommes de science (kibâr ahl al-'ilm) et que l'on veut les évaluer et les juger de manière critique (jarh) ou attester de leur honorabilité (ta'dîl), il est impératif d'observer plusieurs faits. Parmi ces faits : observer l'ensemble des vertus du savant, ses positions, les conditions dans lesquelles il fut (ahwâl) et, d'un autre côté, observer, le cas échéant, l'ensemble de ses péchés, de ses erreurs, puis exercer un jugement critique entre ces deux mesures et mettre en évidence ce qui prédomine et l'emporte sur l'autre. Parmi ces faits : retourner ce qui est équivoque (mutashâbih) de ses paroles et de ses mots à ce qui est explicite (muhkam). L'établissement des statuts, de ses avis et de ses doctrines (madhâhib) doit se faire à travers ce qui proviendra de ce qui est explicite et non de ce qui est équivoque, étant donné qu'il n'y a pas un seul savant qui n'ai des expressions, si on les prend seuls tels qu'ils sont, qui portent plusieurs sens en soi ; sur base de ces expressions, on viendrait même à juger d'injuste le savant et il sera mal compris et, peut-être même, qualifié d'égaré et de pervers. Cependant, lorsque l'équivoque de ses paroles et de ses positions est retourné vers l'explicite, la forme devient plus claire, et le jugement ainsi que la décision sont de cette manière plus proche de la droiture et de la justice. Parmi ces faits : observer l'ensemble des étapes de recherche et d'adhésion à l'Islam (iltizâm) qu'a traversé le savant, et différencier, le cas échéant, entre les étapes qui furent avant l'adhésion et celles qui furent après, puis se fier aux dernières étapes de sa vie, de ses efforts d'initiatives (ijtihâd) et à ses propos tenus de manière absolue (itlâqât) durant cette dernière phase. La considération [d'une personne] ne vaut que par les fins et ce sur quoi l'homme termine sa vie. C'est de l'injustice totale que tu évalues un homme, le cas échéant, à travers sa vie déviante qu'il mena durant ses jours d'ignorance/de paganisme (jâhiliyya), et que tu fermes les yeux sur l'étape — qui fut après cette période — de repentir, de droiture, d'adhésion à l'Islam et de lutte (jihâd) par laquelle sa vie fut achevée... ! Parmi ces faits : tenir compte des conditions, des milieux et des circonstances qui entouraient le savant au moment où il est tombé dans l'erreur. C'est cela qui nous aidera à comprendre son but et son objectif dans ce qu'il a fait erreur et la cause qui l'amena à se tromper. Par ailleurs, si toutes ces circonstances n'empêchent pas de le tenir pour fautif et d'indiquer ses paroles et faits comme étant erronés, ils empêchent, néanmoins, de le taxer de mécréant, d'égaré et de pervers ! Parmi ces faits : se débarrasser de toute passion, favoritisme injuste et des préjugés lorsqu'une personne veut en évaluer une autre, surtout si cette autre personne est un savant parmi ceux de la 2 communauté qui a des antécédents dans dans la lutte et l'épreuve dans le sentier d'Allah. Et ô combien ces hommes équitables qui se défont de leurs passions en faveur de la vérité sont peu nombreux en notre temps ! Cet avant-propos est important et indispensable avant de répondre à la question spécifique à Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — qui parvint plus haut. Je résume donc la réponse à cette question sous les points suivants : [Les trois étapes de la vie de Sayyid Qutb] I- Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a traversé trois étapes durant sa vie : l'étape précédent l'adhésion à l'Islam, de la conversion à l'Islam et de l'action islamique, et celle de la maturité, de l'adhésion, du commencement sérieux de l'appel à cette religion et de la lutte (jihâd) dans le sentier d'Allah. Et il y a dans ces dernières étapes ce qui abrogea celles précédentes. [L'étape précédent l'adhésion] L'étape précédent l'adhésion à l'appel à l'Islam et à l'action islamique s'étend à peu près jusqu'aux années 1945. En cette période, Sayyid variait entre les deux partis politiques que sont hizb al-Wafd et hizb al-Sa'diyyûn et le soutient à ['Abbâs Mahmûd] al-'Aqqâd, à ses œuvres littéraires et à ses idées. Durant cette étape, Sayyid a écrit de multiples articles et dissertations dont la plupart sont en sa défaveur... Si une personne voulait évaluer Sayyid à travers ses écrits et ses positions qu'il eu en cette période, qu'il acheva par son livre connu sous le nom d'Al-taswîr al-fannî fî al-Qur`ân (La figuration artistique dans le Coran), il en sortirait très certainement des désastres qu'il faudra compter dans la balance du crédo ('aqîda) et de l'unicité divine (tawhîd)… Mais c'est une vie abrogée en ce qui concerne Sayyid, en raison de ce qui parvint par la suite comme écrits et positions adoptées. Il ne fait pas parti de l'équité et de la justice qu'un homme s'arrête sur ce que Sayyid a écrit en cette période, que Sayyid lui même nomme d'ailleurs à plus d'un endroit dans [son exégèse] AlDhilâl et dans d'autres écrits comme étant la période de la Perte, pour ensuite venir dire aux hommes : « regardez ce que Sayyid dit ! est-ce cela les positions de Sayyid ?! » [La seconde étape] Quant à la seconde étape, c'est une étape de transition vers l'action islamique, et qui s'étend à peu près jusqu'à la fin des années 1950. En cette période, Sayyid a eu l'audace d'écrire sur des questions que personne n'a traité auparavant, et ce avant d'être en mesure d'accéder aux sciences de l'Islam, notamment aux deux sciences que sont la science du hadîth et de la jurisprudence ; ce qui l'a conduit à tomber dans certaines erreurs qui sont en sa défaveur, comme dans son livre Al-'adâla alijtimâ'iyya (La justice sociale) qui est considéré comme l'un de ses premiers livres islamiques qu'il écrivit à peu près en l'an 1948, au moment de l'apogée du socialisme et sa propagation dans les régions ; ce qui a poussé, à ce moment là, certains prêcheurs à parler et écrire sur le socialisme de l'Islam afin de contrer ce courant dévastateur appelant au socialisme… Les fautes que l'on reproche à Sayyid sont, entre autres, sa diffamation envers certains compagnons, dont à leurs têtes : 'Uthmân ibn 'Affân — qu'Allah soit satisfait d'eux tous ! — ; fautes commises en s'appuyant sur des versions de hadîth non vérifiées, dont la plupart sont inventées et mensongers, fabriquées de toute pièce par les rafidites, qui ne sont ni juste du point de vu de la chaîne de transmission ni du point de vu du sens ! 3 Et si l'on dit que Sayyid Qutb n'a pas voulu diffamer pour juste diffamer à la manière des rafidites ignobles, mais uniquement pour montrer la grandeur du système économique en Islam et ce qui affecta ce système comme corruption et déséquilibre à la fin du règne du troisième calife, 'Uthmân, [que dites-vous] ? Je dis : quoi que l'on dise des raisons et des circonstances qui ont conduit Sayyid, durant cette période et cette étape, à la critique offensant certains compagnons, il est fautif et sa faute lui est rejetée, et on ne le suit pas dans cette erreur ! Mais, de la même manière, c'est une étape à travers laquelle il n'est pas autorisé d'évaluer Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —, surtout que l'on rapporte de Sayyid qu'il a renoncé à cette période et à ce qu'il y a écrit. De même que l'on rapporte la même chose de son frère Muhammad Qutb et d'autres chercheurs ! Voir [le livre] Sayyid Qutb min al-mîylâd ilâ al-istishhâd, p. 509. (Sayyid Qutb, de la naissance au martyre) 1 [La troisième étape] La troisième étape est une étape de maturité, de lutte et d'épreuve, qui est considérée comme abrogeant toutes les étapes précédentes de la vie de Sayyid, et qui commença dans les débuts des années 50 en se terminant par la fin de la vie de Sayyid pendu sur la potence des tawâghît après plusieurs années passées dans les prisons des injustes ! Durant cette étape abrogeant [celles qui précédèrent], Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — publia les livres suivants : Al-Dhilâl (Fî Dhilâl al-Qur`ân - À l'ombre du Coran) ; Hâdhâ-l-Dîn (Cette religion) ; Al-mustaqbal li hâdhâ-l-Dîn (L'avenir de cette religion) ; Khasâ`is al-tasawwur al-islâmî (Les particularités de la perception islamique) ; Muqawwimât al-tasawwur al-islâmî (Les éléments de la conception islamique) ; Al-Islâm wa al-mushkilât al-hadâra (L'Islam et les problèmes de la civilisation) ; et son livre grandiose Ma'âlim fî al-tarîq (Jalons sur la route)… Celui qui veut évaluer Sayyid Qutb et ses réalisations scientifiques, il lui incombe de s'arrêter sur cette étape de sa vie et les réalisations scientifiques qu'il accomplit durant cette phase sérieuse de son vivant. II- Lorsque l'on veut évaluer Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —, il convient de revoir tous les aspects de Sayyid, à savoir ceux qui relèvent de la créativité scientifique, en y ajoutant ses positions relatives à l'appel à la Religion (da'wa), à la lutte [sur cette voie] et ce dont il a souffert comme épreuve et torture dans le sentier de l'appel à Allah. De même qu'il convient de regarder le terme sur lequel Sayyid termina sa vie et qui supprime les étapes précédentes : une fin de Bien et de martyre in shâ Allah, et nous ne le purifions pas à Allah. Tout cela doit être pris en considération lors de l'évaluation et de l'appréciation de Sayyid. Beaucoup de prêcheurs écrivent de bons ouvrages sophistiqués, sans toutefois les accompagner dans leurs prêches de prises de position qui feraient qu'ils soient à la hauteur des mots qu'ils ont usé dans leurs livres. Si tu observes la plupart de ceux-là, tu les trouveras poser leurs têtes sur les marchepieds des tyrans, les suppliant de leur accorder une grâce et une faveur, alors qu'il savent pertinemment que le despote ne peut accepter au strict minimum, en contrepartie de tout cela, que la collaboration et la polémique complaisante en sa faveur dans ce qui est vain et faux… Comment de tels prêcheurs leurs livres et leurs écrits sophistiqués et subventionnés pourraient leur être bénéfique, alors qu'ils les démentent dans le même temps par des prises de position qui expriment plus sincèrement ceux qu'ils ont en eux comme maladies et vices ?! 1 [N.d.t] : Sayyid Qutb min al-mîylâd ilâ al-istishhâd, du Dr. Sâlih 'Abd al-Fattâh al-Khâlidî, éd. Al-Shâmiyya, 1994. 4 III- Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a assurément fait des erreurs dans lesquelles ni on le suit, ni on l'approuve, et sur lesquelles on met en garde toute personne qui voudrait lire ses livres. Parmi ces fautes : — son interprétation blâmable (al-ta`wîl al-madhmûm) et son approbation des doctrines des acharites concernant les attributs divins. — Également son affirmation que l'information transmise par un seul témoin (khabar al-âhâd) n'est pas un argument en soi dans les questions relatives au dogme, et cela est contraire à ce que professent les adeptes de la Sunna et de la communion ! Dans toutes ces erreurs, Sayyid ne doit pas être suivi, et il est impératif de reconnaître que ce sont des fautes, que Sayyid s'est assurément trompé dans ces questions et qu'il n'a pas été en conformité avec la vérité et ce qui est juste dans ces sujets… Mais l'erreur est humaine, la perfection est rare ; magnifié soit Celui qui ne se trompe pas ! IV- Sayyid ne fut ni le premier ni le dernier à s'être trompé dans les questions relatives aux attributs divins et, de même, dans celles relatives à l'information transmise par un seul témoin (khabar al-âhâd). Beaucoup d'éminents hommes de la communauté et de ses savants anciens sont tombés dans ce genre d'erreur, Sayyid s'est donc conformé à eux et à leurs paroles… Toutefois, cela n'a jamais empêché d'être équitable envers ces hommes de science, de faire leurs éloges pour ce qu'ils ont eu de jute, et de profiter de leurs sciences et de leurs livres bénéfiques. L'équité dans cette affaire exige qu'il soit dit : Sayyid a eu juste dans ceci et s'est trompé dans cela ; et non pas qu'il soit dit : il s'est trompé dans cela en fermant les yeux, en raison d'une passion suivie, sur ce qu'il a eu de juste et dans ce qu'il excella, et ô combien cet aspect-là est colossal chez Sayyid ! V- Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a des vertus qui se traduisent par sa lutte, ce qu'il déclara comme vérité et par les grandes souffrances qu'il subit sur le sentier de cet appel ; nous espérons, in shâ Allah, qu'elles soient une expiation de ses erreurs. Car assurément, les bonnes actions effacent les péchés, et il en est de même pour la souffrance qui purifie l'homme mis à l'épreuve des erreurs, des péchés, des fautes commises et des méfaits, au point de le faire marcher sur Terre purifié de toute faute. Aussi, la souffrance touchant les croyants et, plus particulièrement, les savants parmi eux qui font le Bien, est un indice clair montrant la force de la foi et de la religion de ces derniers. Comme dans le hadîth : « L'homme est éprouvé selon [ce qu'il met en pratique de] sa religion ('alâ hasb dînih) ; s'il y tient fermement, son épreuve sera plus difficile ; et s'il y fait preuve de laxisme, il sera éprouvé selon sa religion. Le serviteur ne cesse d'être soumis à l'épreuve jusqu'à ce qu'il marche sur Terre sans avoir plus aucun péché. » Et il dit — qu'Allah prie sur lui et le salue ! — : « Le croyant et la croyante ne cessent d'être mis à l'épreuve en leur personnes, en leurs enfants et en leurs biens, jusqu'à ce qu'ils rencontrent Allah sans avoir plus aucun péché. » Et il dit — qu'Allah prie sur lui et le salue ! — : « Ceux qui subissent les plus grandes épreuves sont les Prophètes, puis ceux qui ont le plus de mérite. » Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — a assurément été soumis à de rudes épreuves dans le sentier de l'appel à Allah, à Sa religion et du témoignage de l'unicité divine que nul n'est en droit d'être adoré qu'Allah (lâ ilâha illAllah), puisque sa détention dans les geôles des tyrans s'est étendue à plus de dix ans, jusqu'à ce que le despote le condamne à la pendaison par le cou. Et il était possible à Sayyid de se libérer de toutes ces histoires par un mot d'excuse qu'il aurait écrit au tâghût — conformément aux désirs de ce dernier ! — ; ce mot d'excuse, bien plus, ces mots de 5 respect, d'allégeance et de dévouement qu'écrivent en ce temps la plupart des prêcheurs qui blâment Sayyid pour son combat et sa patience face à l'épreuve, pour quelques petites miettes de pain que leur jette le tâghût, ou pour une place de ce bas-monde qu'ils cherchent auprès de lui, et non pas pour libérer leurs nuques de la condamnation à la pendaison par le cou. Néanmoins, Sayyid refusa que pour être véridique avec le mot qu'il écrivit et défendit il y a déjà longtemps, à savoir l'unicité divine : lâ ilâha illAllah (nul n'est en droit d'être adoré qu'Allah), même si cela devait le conduire à la pendaison sur la potence des tyrans injustes ! VI- Avant d'adhérer à l'Islam, Sayyid était un homme de lettre habile. Il s'est en effet préoccupé de la littérature écrite, orale, éducative et de ses genres, si bien qu'il a dépassé les plus éminents hommes de lettre et de la rhétorique de son temps et, sans aucun doute, cela eut un impact sur son style lorsqu'il écrit sur l'Islam durant la dernière étape… De ce fait, il se peut, parfois, que le lecteur trouve certains termes et propos tenus de manière absolue (itlâqât) qui posent des problèmes de compréhension, principalement d'ordre littéraire et du domaine de la rhétorique. Il ne fait donc pas partie de l'équité que de juger, par exemple, Al-Dhilâl (À l'ombre du Coran), cette œuvre bénéfique et colossale qui dépasse les quatre mille pages, comme étant Dâlâl wa Dhalâm (Égarement et Obscurité) ou par d'autres descriptions injustes et déloyales, dû à ces propos tenus de manière absolue ou à ces termes qui posent des problèmes de compréhension. Il ne fait pas partie de la justice et de l'équité que de condamner Al-Dhilâl, ce livre énorme qui dépassant les quatre mille pages, à la mise à feu et à la destruction, comme le soutiennent certains contemporains sujets à caution, pour quelques fautes qui se limitent à une page ou deux ! Si cette logique tordue et injuste serait vraie, il serait obligatoire pour chacun de brûler les livres et écrits des gens de science, et il ne restera certainement plus un seul livre d'un savant sauvé pour la communauté ! Il n'y a pas un savant que l'on ne puisse récuser dans un ou plusieurs sujets. Il n'y a pas non plus un livre auquel on ne puisse répliquer et être à même de réfuter, tant s'en faut le Livre d'Allah Le Très-Haut et ceux contenant la Sunna authentique et établie selon le Messager — qu'Allah prie sur lui et le salue ! —. VII- Ce dans quoi Sayyid est tombé comme erreurs qui furent précédemment indiquées n'a pas empêché le shaykh savant du hadîth (muhaddhith) Muhammad Nâsir al-Dîn al-Albânî — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — de faire l'éloge de Sayyid et d'arguer par ses paroles, comme dans la préface de son livre Mukhtasar al-'uluww 2, et ce lorsqu'il cita les paroles de Sayyid Qutb — sous forme d'éloge et de soutient — sur l'équivalent de trois pages. [Le shaykh Nâsir] débuta ainsi : « Voici le grand professeur Sayyid Qutb — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —... », puis il commença à retranscrire la parole de Sayyid... Question : Si donc le shaykh al-Albânî décrit Sayyid Qutb comme étant le grand professeur et invoque la miséricorde d'Allah sur lui tout en arguant de sa parole durant plus de trois pages consécutives dans la préface uniquement, qu'en est-il de Rabî' al-Madkhalî et ses suiveurs parmi les imitateurs ignorants qui insultent Sayyid, l'accusent d'égarement et d'autres blâmes inconditionnés et injustes, tout en mettant en garde contre lui et ses livres ?! Qui d'entre eux deux est sur la vérité et ce qui est juste, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Qui d'entre eux deux est plus savant des principes et des règles de la critique (jarh) et de l'attestation d'honorabilité (ta'dîl), le shaykh Nâsir 2 [N.d.t] : Voir pour la parole évoquée du shaykh al-Albânî : Mukhtasar al-'uluww al-'Alî al-Ghaffâr ([Le livre de] l'abrégé de la transcendance du Très-Haut et Pardonneur), de l'imam Muhammad b. Muhammad b. 'Uthmân alDhahabî, tahqîq Muhammad Nâsir al-Dîn al-Albânî, éd. Al-Maktab al-islâmî, p.60. 6 ou bien al-Madkhalî ?! Qui d'entre eux deux est plus en droit d'être suivi et imité — supposé que l'imitation soit autorisée dans ces sujets —, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Lequel d'eux deux est salafî 3 et représente la salafiyya contemporaine, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Vous avez dit que le shaykh Bakr Abû Zayd a assurément fait erreur, qu'il est sorti de la salafiyya et qu'il a soutenu les gens de l'innovation lorsqu'il n'a pas été d'accord avec al-Madkhalî sur ses ignorances et blâmes injustes et inconditionnés envers Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — … Oseriez-vous donc dire au sujet du shaykh Nâsir ce que vous-avez dit sur le shaykh Bakr ?! VIII- Ce dont le shaykh Nâsir argua de la parole de Sayyid — sous forme d'estime et de soutient —, ce sont ces mêmes paroles qu'al-Madhkhalî reproche vivement à Sayyid. Il considère — à cause de son ignorance des règles de l'excommunication (qawâ'id al-takfîr) — que Sayyid a assurément taxé de mécréant [tous] les Hommes et groupes divers par ces mots ! Voici donc les paroles de Sayyid par lesquels argua le shaykh Nâsir — qu'Allah leur fasse miséricorde ! —. Le shaykh Nâsir dit : « Puis il rappela (c'est-à-dire Sayyid) — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — deux autres facteurs et dit : " Aujourd'hui, nous vivons un paganisme (jâhiliyya) identique à celui que l'Islam connu au début de son ère ou plus obscur encore. Tout ce qui nous entoure est jâhiliyya : les conceptions des individus et leurs convictions, leurs mœurs et leurs coutumes, leurs sources de culture, leurs arts et littératures, leurs lois et législations, si bien que la plupart de ce que nous pensons être de culture islamique, de référence islamique, de philosophie islamique et de pensé islamique est, de même, née de cette jâhiliyya… Il est donc obligatoire dans le programme du mouvement islamique que nous nous débarrassions, durant la période de l'incubation et de la formation, de tous les effets de la jâhiliyya dans laquelle nous vivons et dont nous dépendons. » Le shaykh al-Albânî argue de cette parole — sous forme d'éloge et de soutient —, comme on peut le voir dans sa préface de son livre Mukhtasar al-'uluww, tandis qu'al-Madkhalî considère ces paroles, à cause de son ignorance des normes et des règles du takfîr, comme une excommunication précise et individuelle des individus et de ceux qui composent les groupes divers (takfîr al-a'yân). Parmi ce qui a conduit al-Madkhalî à l'exaspération et à la haine contre Sayyid, il y a ces expressions [évoquées plus haut] et d'autres paroles similaires qui enragent les tawâghît injustes… Cependant, regarde, ô mon frère le questionneur, la différence entre la position et la compréhension qu'a le shaykh Nâsir vis-à-vis de ces mots et celles qu'a al-Madkhalî vis-à-vis de ces derniers ! Nous réitérons donc ici notre question précédemment posée : — Qui d'entre eux deux est salafî et représente la salafiyya contemporaine, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Qui d'entre eux deux comprend le plus la salafiyya, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! Lequel d'entre eux deux a plus de jalousie pour la salafiyya, le shaykh Nâsir ou bien al-Madkhalî ?! IX- Tout ce qui vient de précéder nous a poussé à mettre de nombreux points d'interrogations par rapport aux positions d'al-Madkhalî, celui qui se porte à l'extrême à l'égard de Sayyid et de ses livres. Qu'est-ce qui l'amena à cette exaspération, à cette haine et à cette propagande intense contre 3 [N.d.t] : En résumé, on entend par salafî celui qui se conforme dans sa pratique et sa compréhension religieuse aux Anciens (al-salaf) qui sont les trois premières générations de l'Islam dont le Prophète — qu'Allah prie sur lui et le salue ! — a fait leurs éloge, comme dans le hadîth qui se trouve dans les deux sahîh, le Prophète — qu'Allah prie sur lui et le salue ! — a dit : « Les meilleurs des hommes sont ceux de ma génération, puis ceux qui viendront après eux, puis ceux qui viendront après eux... ». 7 Sayyid et, spécifiquement, contre ses livres ? Est-ce, comme il le prétend, sa défense de la vérité et de la voie des Anciens, ou bien son désir effréné d'être au service des gouverneurs contemporains tyranniques, enragés par les livres et les pensées de Sayyid, à travers l'éloignement des hommes des pensées et des livres de Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! — ?! À qui profite cette campagne brutale et absurde menée contre Sayyid, ses idées et ses livres ? Est-ce aux étudiants en science religieuse et à la voie des Anciens, ou bien aux gouverneurs tyranniques, mécréants et oppresseurs que Sayyid cibla dans beaucoup de ses écrits, de ses paroles et de ses positions ?! À défaut de parler comme il le fait sur Sayyid, amenez-moi un tyran de la terre, parmi ceux qui gouvernent les musulmans par les lois mécréantes, idolâtres et injustes, sur qui al-Madkhalî a dit un seul mot ; — ou bien, à défaut d'écrire des livres et des ouvrages comme il le fait sur Sayyid, amenez-moi un seul de ces tyrans sur qui al-Madkhalî a écrit un simple article ou une simple feuille ; — autrement, à défaut de mettre en garde comme il le fait contre Sayyid et ses idées, montrez-moi un de ces tyrans dont al-Madkhalî a mit en garde contre son mal, sa mécréance et son danger ! Ou bien avertir la communauté de la mécréance du tâghût, de son oppression et de sa fausseté ne servirait pas à l'appel à la salafiyya et aux jeunes salafî comme servirait la mise en garde contre Sayyid et ses livres ?! Tout cela nous a poussé à mettre des dizaines de points d'interrogation sur cette campagne suspecte et douteuse menée contre Sayyid — qu'Allah lui fasse miséricorde ! —, ses livres et ses idées, à la tête de laquelle se trouve Rabî' al-Madkhalî et ceux qui sont avec lui parmi ses suiveurs et imitateurs, à l'instar d'al-Halabî et al-Hilâlî ! Si l'affaire se tenait à critiquer Sayyid dans ce qu'il a fait erreur et à mettre en évidence la vérité dans cela, sans se porter vers un extrême ni un quelconque laxisme, de manière impartiale et équitable, il n'y aurait eu aucun problème avec Rabî' al-Madkhalî autour de la question de Sayyid, ni avec d'autres parmi ceux qui l'imitent. Car personne n'affirme l'infaillibilité/la préservation de l'erreur ('isma) de Sayyid ou bien qu'il est au-dessus de la critique. Au contraire ! il est de ceux qui se trompent et qui ont juste, de qui l'on peut prendre et rejeter. Toutefois, tout cela doit être dans les limites de l'équité et de la justice dont le chercheur musulman doit irrémédiablement se prémunir, ce que nous n'avons pas constaté chez al-Madkhalî lorsqu'il a écrit ou parlé au sujet de Sayyid, sa lutte et sa science. Puisse Allah faire miséricorde à Sayyid Qutb d'une large miséricorde, l'absoudre, lui pardonner ses fautes et ses erreurs. Puisse-t-il également le faire demeurer dans ses vastes Jardins avec les Prophètes, les véridiques et les martyrs, à la manière dont il déclara la Vérité, montra la Voie, sacrifia sa vie et écrivit de ses doigts À l'ombre du Coran et Jalons sur la Route. Et notre dernière invocation est louange à Allah Seigneur des mondes ! Le 19 Dhû al-Hijja 1421 Le 14 Mars 2001 'Abd al-Mun'im Mustafâ Halîma, Abû Basîr al-Tartûsî 8