SAINTE-HELENE-SUR-ISERE dans l`Histoire des communes
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SAINTE-HELENE-SUR-ISERE dans l`Histoire des communes
SAINTE-HELENE-SUR-ISERE Les habitants de Sainte-Hélènesur-Isère sont appelés les San talénains. Altitude: 347 m. Les noms anciens sont SainteHélène-de-Molario (! 255) et aussi . Sainte-Hélène-des-Millières (! 363). Sainte-Hélène est la mère. de . Constantin, premier empereur chrétien (t vers 328). Le territoire (! 443 hectares, dont 457 ha de bois) est formé de la plaine de la rive gauche de l'Isère, depuis le pont de Frontenex jusqu 'à 1,500 km en amont du pont de Grésy - la limite étant /'Isère, sauf vers le pont de Frontenex où cette commune déborde sur la rive gauche - et d'une bande ayant environ 1,500 km de large entre le Nant Bruyant et la crête du versant droit du ruisseau de Sainte-Hélène, allant jusqu 'à la crête de la Dent du Corbeau (2 286 m) à La Tuile. La population (708 habitants en 1776) atteint un maximum pendant la première moitié du XIXe siècle (! 140 hab. en 186]), Puis elle diminua et s 'est ensuite stabilisée (62 0 hab en 1980). Actuellement les villages habités toute l'année se situent entre 300 m et 450 m: Le Villard et Sainte-Hélène en bordure du plat de la vallée; Le Villaret, La Palle, Le Châtelard, La Perrière, sont sur des replats. Audessus, l'habitat est dispersé et les bâtiments sont de plus en plus encerclés par les broussailles. Le château Le château, dont le mur ouest longe la route au-dessus d'un escarpement de rocher de 5 à 6 mètres, a un plan rectangulaire, flanqué de trois tours . Celle du sud-est est l'ancien donjon, autrefois plus élevé et crénelé, ayant un diamètre intérieur Le Château avant 1930 286 de 6 mètres et des m urs à la base de 2,20 m d'épaisseur. Rasée en 1794 jusqu'au niveau du toit, elle fut reconstruite sur 8 m de haut et couverte d'un toit en poivrière. Le donjon communiquait avec la tour sud-ouest, actuellement réduite et couverte d'une terrasse, par un passage couvert au-dessus de la porte d'entrée de la cour. Autour de la cour intérieure (28 m x 9 à II m) sont disposés en fer à cheval trois corps de logis. La partie orientale, face à la montagne, ne joint le donjon que par le mur de façade. Dans l'espace libre, un grand bassin de pierre, de forme ogivale, rappelle la fontaine qui , de tout temps, a fourni l'eau au château. Puis à gauche, une porte conduit dans une pièce (8,10 m x 5 m), voûtée par une double rangée de croisées d'ogives. L'arc doubleau central et deux arcs diagonaux viennent s'appuyer sur une colonne qui sépare la cheminée en deux. Cette pièce a servi soit de cuisine, soit de corps de garde. On pénètre dans le corps de bâtiment par deux portes ouvertes côte à côte au milieu de la façade donnant sur la cour. L'une en arc brisé, conduit à une immense cave à voûte en berceau (épaisseur des murs 2,80 m). L'autre, en arc en accolade, débouche sur un escalier à vis, dont les premières marches, sur deux mètres de haut, sont en tuf, tandis que les autres sont d'épais plateaux de noyer, comprenant la marche proprement dite et la partie formant un axe. Sur le côté gauche de l'escalier, on accède à chaque étage à une salle. Celle du premier 02 m x 8,10 m), avec plafond à la française, est éclairée par deux fenêtres , dont l'une était autrefois à meneaux. Au deuxième, la salle 00 m x 7,60 m x 5 m en hauteur), actuellement partagée en deux, éclairée par trois fenêtres à l'est, ayant des traces de meneaux cruciformes et bancs de pierre, est ornée, sur le plafond à la française, de motifs dans le goût du XVIIe siècie: oves et fleurs stylisées, guirlandes de fleurs et de fruits encadrant des médaillons représentant un personnage antique ou les écussons des Duyngt de la Val d'Isère et des familles alliées (Lescheraines, Foncet de Montailleur, Cornillon, Bonnivard, Cordon). La salle du dernier étage a sensiblement les mêmes dimensions que les deux autres 01 ,20 m x 7,75 m). Au niveau des trois étages s'ouvrent, côté est de la cage d'escalier, des salles voûtées en berceau. Celles du premier et troisième ont l'axe de la voûte nord-sud ; par contre, au second, il est est-ouest. De même au sud de l'escalier, audessus de la salle gothique, il y a une salle à chaque étage avec plafond à la française . Après le troisième étage, les combles donnent accès au chemin de ronde qui occupe le couronnement des murs des façades est et nord (large de 1,20 m et l,55 m) et est pourvu, en saillie, de consoles (0,60 m) pour supporter les hourds. Des départs de murs, visibles dans les combles, semblent indiquer qu'il y avait encore un autre étage. Vers le donjon, une échauguette contenait l'escalier, encore existant, qui réunit le donjon au chemin de ronde. Tout cet ensemble que nous venons de décrire, en mauvais état, n'est pas actuellement habitable. Le corps de bâtiment au nord a, au rez-de-chaussée, la chapelle actuellement désaffectée et vidée de son mobilier, et qui servit d'église paroissiale pendant la construction de l'église actuelle 0862 - 1865). Audessus, dans une salle qui a la même surface que la chapelle et a été transformée au XVIIe siècle, la tradition y fit mourir le Bienheureux Boniface de Savoie, archevêque de Cantorbéry, le 14 juillet 1270. Une plaque de 287 . marbre, sur le mur extérieur de la cour le rappelle. La partie occidentale du château, aujourd'hui logement du propriétaire, a été reconstruite au XVIIe siècle et transformée depuis. Au-dessous est une immense cave voûtée, appe lée « jardin d'hiver» ; au nord elle communique avec le souterrain de la tour nord-ouest et, au sud, le rocher la sépare de la tour sud-ouest. Le premier étage avait une grande salle (15 m x 8 m et 3,50 m de haut> avec plafond en caissons décorés de fleurs roses sur fond bleu et rinceaux; elle a servi naguère de mairie. Les deux tours au nord et au sud de ce bâtiment sont en mauvais état. A la base de la tour nord-ouest (2,80 m d'épaisseur), la partie souterraine est à 3 m en dessous du sol du jardin d'hiver. L'autre, au sud-ouest, a une épaisseur de mur de 3,30 m et il est traversé par un couloir conduisant vers l'extérieur. Au sud du château, exactement en face du donjon, existait avant 1940, servant d'entrée au jardin, un superbe portail en fer forgé, surmonté de trois fleurs de lys et de la date 1707. Il avait été placé là par le Comte de Sigismond de la Val d'Isère. Il est actuellement à Tresserve, servant d'entrée à la cour d'une demeure. Le château de Sainte-Hélène, ayant appartenu à Pierre de Salins, était au XIIIe siècle possédé par Pierre d'Aigueblanche, évêque d' Hereford et chancelier d'Angleterre. Le 7 septembre 1255, celui-ci déclare tenir en fief de Boniface de Savoie, la maison forte de Sainte-Hélène et ses dépendances ; il promet de lui en laisser la jouissance chaque fois que des raisons de force majeure l'exigeront : guerre, traité de paix ou autres. Ceci explique que Boniface vint mourir à Sainte-Hélène. Après la mort de Pierre d'Aigueblanche, la maison forte passa à son neveu, Pierre II d'Aigueblanche. Château de Sainte-Hélène: Plaque de cheminée avec les armoiries des Duyngt de la Val d 'Isère (Photo J .M . Ferley) 288 Mais au XIVe siècle, elle était en possession de la famille bressane de Varax, dont Gérard avait été le compagnon du comte Amédée V se rendant auprès de l'empereur Henri VII. Puis le château passa à la famille de La Chambre pendant environ un siècle 0358-1454). Par héritage il fut transmis à la famille de Seyssel et y resta pendant quatre générations. Mais n'étant pas habité, il n'était pas entretenu et, lorsque, en 1607, JeanBaptiste de Locatel l'acheta, en même temps que le fief, - 13 000 écus d'or et 200 ducatons d' « épingles» (cadeau) -, il était en ruine. Pour y habiter, Jean-Baptiste de Locatel le restaura et c'est probablement lui qui fit faire les plafonds à la française. Sa femme Marguerite, en secondes noces, le passa à son mari Pierre Maréchal de Duyng, Comte de la Val d'Isère. Cette famille le conserva jusqu'en 1772. Le dernier propriétaire, avant la Révolution, est le marquis Joachim Joseph Coudrée des Allinges qui, en 1787, passa avec les communiers de Sainte-Hélène le contrat d 'affranchissement relatif à ses droits féodaux. Il n'habita pas le château et lorsque Albitte (794) fit raser les tours au niveau des toits, il était désert. Vendu comme bien national, il revint cependant après à la famille d'Allinges, jusqu'au milieu du XIXe siècle. Paroisse et église L'église de Sainte-Hél ène a été construite entre 1862 et 1865, selon le style néo-gothique en vogue à cette époque. Ressemblant à celle de Notre-Dame-des-Millières, il est possible qu'elle ait eu le même architecte Théodore Fivel. La chaire est égaIement de même facture que celle de Notre-Dame-des-Millières qui a été sculptée par les frères Gilardi de Campertogno (Val Sesia). Le portail de la cure, avec niche accostée de volutes , est probablement le portail de l'ancienne église: inscription de la date 1710 et de la devise jésuite « Ad majorem Dei gloriam ». On a rétréci l'ouverture, ce qui se remarque sur le linteau: le A de Ad a disparu et le M de gloriam est très près du pieddroit. En 1770, Sainte-Hélène avait une école. Dans une convention avec le Conseil, le maître d'école François Aguet « s'oblige d'enseigner à la jeunesse du prëse nt lieu à lire et à écrire le français et le latin, le catéchisme, l'arithmétique, la prière du soir et du matin », du 1er décembre jusqu'au dimanche des Rameaux. Il aura 50 livres, le logement, et la fourniture des ustensiles de cuisine et d'un lit. Economie Actuellement, l'économie rurale de Sainte-Hélène se situe dans la plaine conquise grâce au diguement et sur le rebord immédiat (vergers et maïs). Avant 1850, les préoccupations des habitants étaient de se défendre le mieux qu'ils pouvaient des inondations de l' Isère, d'utiliser dans les meilleures conditions les îles et aussi d'exploiter l'alpage de La Tuile, dont la capacité de pâturage ne devait pas dépasser, à la fin du XVIIIe siècle, 80 vaches. En 1772, le Conseil passe un contrat avec un Piémontais habitant le canton de Fribourg, pour « faire le gruyère à la montagne ... de la même manière que tous Suisses ont coutume de faire en montagne ... » pour le gage de 52 livres, 10 sols et de son entretien. Au XVIIIe siècle, Sainte-Hélène avait un haut fourneau et un feu d'affinerie bergamasque. Vers 1794, on y produisait 200000 quintaux de fonte par an. 289