: SPORTS : sports 3 (Hautes-Py
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RUGBY 100 ans du comité A.B. : élisez le XV du siècle XV DU SIÈCLE. Les ailiers. André Campaes : un talent sans faille L a carrière de joueur de l’actuel entraîneur du TPR nous ne semble pas être perçue à sa juste valeur dans le microcosme du rugby armagnaco-bigourdan. Mais c’est bien connu, nul n’est prophète en son pays. N’empêche, Philippe Bérot présente un palmarès attrayant. En club pour commencer, avec l’Agen flamboyant des années « 80 », celui de Sella et Berbizier. Après des débuts à l’aile, Philippe est passé à l’arrière, devenant un élément majeur de cette attaque lot-et-garonnaise qui faisait peur à toutes ses rivales. Deux finales perdues et puis le sacre en 1988 devant le Stado (9-3) dans une rencontre malheureusement cadenassée où il assura une partie de l’essentiel en passant deux pénalités. Fouroux l’appelle en sélection nationale en octobre 1986 contre la Roumanie pour évoluer en bout de ligne, malgré la vive concurrence de Lagisquet, Bonneval, Estève et Lafond. Mais maître Jacques ne prend pas un grand risque, Philippe, nourri au jeu agenais, possède les aptitudes, l’engagement, l’agressivité d’un joueur de ce niveau et une arme que les autres n’ont pas, il est un redoutable buteur. Ce pied fait pencher la balance de son côté. Il participe à l’inoubliable test de Nantes contre les Blacks, le jour où le pack français a virilement concassé son rival… Dans la foulée, il remporte le grand chelem 1987 en jouant les quatre rencontres. Malheureusement, il rate la marche de la première Coupe du Monde. Ce compétiteur né ravale sa déception de ce printemps maudit et revient en « bleu » pour le seul match international de l’automne face aux Roumains. Il y remet immédiatement les compteurs à l’heure en marquant 25 points (1 E, 3P et 6 T) et, en 1988, il dispute 8 rencontres sur 9 du XV tricolore (il ajoute, à l’essai de Dintrans, 4 pénalités et 1 transformation vitales pour une belle victoire, 1815, sur les Argentins à Buenos Aires). Il clôturera sa carrière internationale en Nouvelle-Zélande en 1989. Sur les tablettes, il est toujours le 16e réalisateur du rugby hexagonal avec 159 points, devant Jean-Michel Aguirre et Jean Prat. Elle n’est pas belle la carte de visite de Philippe Bérot ? VOUS POUVEZ AUSSI VOTER POUR - François Gourdon (PUC, Racing-Club de France, Bagnères ; 22 sélections de 1974 à 1980 ; 12 essais) ; - Guy Calvo (Lourdes ; 1 sélection en 1961) ; - Pierre Tarricq (Section paloise, Lourdes ; 2 sélections en 1961) ; - Ernest Vila (Stado ; 1 sélection en 1926) ; - Jacques Ballarin (Stado ; 3 sélections de 1924 à 1925) ; - Edmond Carrefourcq ; 1 sélection en 1921 ; Robert Lacoste (Stado ; 1 sélection en 1914). Repères ▼ Jean Dupuy : le phénomène Jean Dupuy, dit « Pipiou », né le 25 mai 1934 à Vic-en-Bigorre (décédé en 2010) ; a joué au Stado et à US Vic-en-Bigorre ; 40 sélections de 1956 à 1964 (39 à l’aile et 1 au centre) ; 57 points : 19 essais ; 1,74 m et 85 kg. « Il y avait à Tarbes un joueur phénoménal. Il courait le 100 m en moins de 11 secondes, possédait un corps d’Apollon sans avoir levé le moindre gramme de fonte et n’avait peur de rien. Il aurait laissé 3 mètres derrière lui Clerc, Heymans, Malzieu ou Rougerie à la course et tête baissée, lancé comme une bombe, il aurait secoué les lignes les plus compactes du rugby d’aujourd’hui. Il était aussi imprévisible et crocheteur que Nalaga ou Caucaunibuca. Il aurait de son plaquage dévastateur renversé Chabal ou Van Niekerk et marqué des essais fantastiques. En plus, il était d’une correction exemplaire et cet extraordinaire rugbyman était un homme formidable par sa modestie, son honnêteté, son goût de la vie et sa gentillesse », nous avions écrit ces quelques lignes au décès de « Pipiou » Dupuy pour que les jeunes joueurs sachent… Nous aurions pu leur parler de ce match contre l’Angleterre en 1962, ce jour-là, avec un bandeau taché de sang autour de sa tête ouverte par un crampon british et sa moustache gauloise tombant sur son menton en galoche lui donnant un saisissant visage de poilu au combat dans les tranchées, il stupéfia et con- quit à jamais le cœur du public de Colombes. Mais aussi leur conter ce fabuleux essai marqué à Wellington en 1961 après 60 mètres de course contre un vent d’apocalypse, le « terrific » Yates et la meute noire des All Blacks aux trousses. Ce sensationnel fait d’armes lui vaudra d’ailleurs d’être sacré par la presse meilleur ailier du monde. Nous aurions pu citer des centaines d’autres exploits sous le maillot tricolore et sous celui « blanc ou rouge » frappé de la tête d’ours du Stado tant il a fait lever les tribunes et enchanté les populaires de tous les stades de la planète, et encore plus celles de Jules-Soulé dont il était l’enfant chéri. « Pipiou » Dupuy est éternel. PAGE RÉALISÉE PAR J.-C. G. André Campaes, né le 30 mars 1944 à Lourdes ; a joué au FC Lourdes ; 14 sélections à l’aile de 1965 à 1973 ; 12 points : 4 essais ; vainqueur du grand chelem 1968 et champion de France avec Lourdes en 1968 ; 1,80 m et 80 kg. Il a commencé par jouer au football à l’Étoile Notre-Dame de Lourdes avec un certain bonheur tout en pratiquant l’athlétisme (le cross en particulier), le basket et le handball. Ce sportif complet vient par hasard au rugby pour rendre service aux juniors du FCL qui ne sont que 14. Dès cette première rencontre, il montre des dispositions naturelles étonnantes en bout d’aile et est remarqué par Maurice Prat. Ce dernier l’en- courage à poursuivre cette aventure. Il intègre rapidement l’équipe fanion et à 21 ans, il devient international face au pays de Galles. Doté d’un physique intéressant, rapide, technique, adroit, tapant des deux pieds, attiré par l’attaque tout en étant un excellent défenseur, il n’a aucune faille dans son jeu. Il tire la quintessence de son potentiel en 1968 en remportant le premier grand chelem du rugby français. Il est le seul avec Carrère, Cester et Spanghero à avoir joué les quatre matchs de ce Tournoi. Quelques semaines plus tard, il devient, avec la bande à Crauste et Gachassin, champion de France au Stadium de Toulouse au détriment de Toulon. Il aura l’honneur de faire partie des Barbarians britanniques et terminera en beauté sa carrière internationale par une victoire sur la Nouvelle-Zélande en 1973. Ce beau et efficace joueur quittera le stade Antoine-Béguère en 1975 alors que l’étoile du FCL a considérablement pâli et est bien loin du firmament des années « 50-60 », ce fameux grand Lourdes dans lequel il aurait incontestablement eu une place privilégiée. C’est dire le grand talent d’André Campaes. Jean Sillières : la grande classe Repères ▼ Repères ▼ Philippe Bérot, né le 29 juillet 1965 à Tarbes ; a joué au CAL, Agen et Auch ; 19 sélections à l’aile de 1986 à 1989 ; 159 points : 3 E, 24 T et 33 P ; grand chelem 1987, champion de France 1988 avec Agen ; 1,75 m et 78 kg. Jean Sillières, né le 15 novembre 1946 à Marciac ; a joué à Vicen-Bigorre et au Stado ; 8 sélections à l’aile de 1968 à 1972 ; 10 points : 3 essais ; champion de France avec le Stado en 1973 ; 1,80 m et 78 kg. En cherchant au plus profond de notre mémoire ou en visionnant des documents de l’Ina, nous n’avons pas trouvé un ailier aussi doué, possédant une telle allure de félin, une technique et une gestuelle aussi pures et faisant preuve d’une intelligence situationnelle aussi aiguë. En plus, il était armé d’une vitesse de vrai sprinter travaillée sur les pistes d’athlétisme (10’’8 alors qu’il n’était que junior). Si le Montois Christian Darrouy et le Bayonnais Patrice Lagisquet, deux des plus grands finisseurs qu’ait connu le rugby français, présentent des profils similaires, ni l’un ni l’autre n’arrivent à la per- fection et à la magnifique impression de facilité laissées par le gaucher tarbais maître du cadrage-débordement (il offrit, par exemple en 1970, la victoire à la France en mystifiant de cette manière son vis-à-vis irlandais Alan Duggan). Et pourtant, « Jeannot » Sillières n’a que 8 sélections au compteur. Une flagrante injustice. Bien sûr, il n’était pas parfait, un célèbre entraîneur de football aurait dit de lui : « Il doit muscler son jeu ». Mais il avait l’amour fou de l’attaque en ADN et ne s’estimait pas assez puissant pour jouer physique ou asséner des plaqua- ges dévastateurs. Avait-il complètement tort ? A-t-on demandé à Mozart de jouer de la grosse caisse ? Et puis, Jean dégageait un fort caractère, plus on appuyait là où ça fait mal, plus il se sentait incompris et se réfugiait dans ses certitudes. Même à Tarbes, il a mis du temps à faire l’unanimité. Pourtant, il en fit gagner des matchs au Stado. Est alors arrivé 1973, Jean Sillières, 26 ans, est en pleine force de l’âge, son jeu s’est naturellement épaissi et il est un des éléments majeurs de la campagne qui amène les Tarbais au titre suprême. Le peuple bigourdan le hisse enfin sur un piédestal, il ne reste plus aux sélectionneurs qu’à le rappeler. En vain, les gros pardessus l’ignorent, partialité quand tu nous tiens… Jean Sillières n’aura pas droit à quelques capes supplémentaires, mais restera pour le poste d’ailier ce que sont André Boniface et Jo Maso pour celui de centre, c’est bien plus important. Henri Rancoule : gestes d’orfèvre Repères ▼ Philippe Bérot : le pied en plus Repères ▼ XV DU SIÈCLE. Les ailiers. Henri Rancoule, né le 6 février 1933 à Bram (Aude) ; joueur à Lourdes, Toulon et au Stado ; 27 sélections à l’aile de 1955 à 1962 ; 24 points : 8 essais ; champion de France avec Lourdes en 1956, 1957 et 1958 ; 1,72 m et 72 kg. Henri Rancoule est né à Bram, dans le village des Spanghero, et il débarque à 18 ans à Lourdes, où ses parents ont acquis un hôtel. L’attaquant de l’AS bramoise XV se retrouve dans un autre monde en franchissant les portes du stade de la route du Lac. Bien qu’il ne possède pas une grande vitesse de course pour un ailier, il reçoit rapidement l’absolution de Jean Prat. C’est qu’Henri à toutes les qualités techniques et d’intelligence que demande le jeu offensif, prôné par le grand prêtre du rugby de la cité mariale, où une passe est une offrande, un pas de trop un sacrilège, où l’ego s’efface devant le joueur le mieux placé et où le coup de pied de recentrage haut devant les poteaux est un véritable don à la troisième ligne. Jeudi 1 mars 2012. À ses gestes d’orfèvre et ses attitudes millimétrées, Henri, le sourire coquin et l’œil rieur, ajoute un atout qui ne s’apprend pas, il est d’un incroyable opportunisme, toujours dans les bons coups et malin comme quatre. Et comme il ne rechigne jamais à défendre, dès sa seconde saison, il devient titulaire. Il enchaîne trois titres de champion de France et marquera deux essais à la somptueuse finale de 1957 face au RacingClub de France. Juste avant, en 1955, il connaît sa première sélection nationale au côté de Maurice Prat, il y reviendra 27 fois en 8 ans (remarquable parcours) et marquera 8 essais dont 4 en 3 rencontres contre l’Italie. Il quittera Lourdes pour Toulon puis prendra la direction du Stado, mais il ne sera jamais aussi performant qu’avec le FCL. Le jeu lourdais était le sien. LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE DES PYRÉNÉES. 19