Patrick Breuzé : biographie

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Patrick Breuzé : biographie
Patrick Breuzé : biographie
Mon enfance, je l’ai passée dans une maison en lisière de
forêt. C’est sans doute pourquoi, à l’époque, je ne me voyais
pas d’autres destinées que de devenir bûcheron ou forestier.
Des hommes avec qui j’avais déjà passé la majeure partie de
mes jeudis et de mes vacances scolaires. Après un bac
littéraire, je me suis inscrit en Droit sans trop savoir pourquoi.
Le droit ne me passionnait pas et moins encore la rigueur
nécessaire pour briller dans ces études. Ce fut donc avec
plaisir que je m’en suis échappé pour entreprendre des études
à l’Ecole Supérieure de Journalisme puis à l’Institut Pratique
de Journalisme à Paris. Une révélation pour moi qui accordais
déjà une immense importance aux mots et qui ai découvert
qu’ils représentaient une matière modelable à l’infini, sensible
et
vivante.
Tout naturellement, j’ai donc débuté dans la presse écrite :
hebdomadaire d’abord à Versailles où j’habitais à l’époque,
puis dans un quotidien à Orléans. Et puis le hasard des
rencontres m’a conduit dans la presse hebdomadaire
parisienne avec une prédilection pour le domaine scientifique
et médical. Moi qui n’avais jamais suivi un cours de sciences
naturelles, de chimie ou de physique sans m’ennuyer, je me
suis pris d’intérêt pour les sciences de la vie. Et aujourd’hui
encore,
j’écris
médicales.
pour
plusieurs
revues
scientifiques
et
En même temps, j’ai découvert l’intérêt et le plaisir de
l’enseignement. Un terme d’ailleurs inapproprié pour parler du
travail qui fut le mien à l’Institut Pratique de Journalisme et
jusqu'à récemment à Nantes. Mon rôle est plutôt celui d’un
passeur, d’un transmetteur de savoir.
Après une vingtaine d'années passées à Paris, j'ai décidé il y
a treize ans de rompre avec la vie parisienne pour venir avec
ma famille m'installer en Haute-Savoie, tout en poursuivant
mon métier de journaliste indépendant. Retour aux sources
ont dit certains. Pas du tout. Ou alors il ne s'agit pas des
mêmes
sources
puisque
je
suis
d'origine
bretonne,
morbihannaise très précisément. On m'avait prédit des débuts
laborieux sur les terres de Savoie : « Les Savoyards sont
secrets, renfermés, difficiles d'accès… ». C'est vrai mais pas
plus les Bretons. Nous avons en commun de défendre des
valeurs et n'entendons pas que l'on vienne nous expliquer
comment le faire. C'est sans doute pourquoi je me suis aussi
bien entendu avec les Hauts Savoyards, sans avoir à faire
d'efforts mais en respectant l'autre pour ce qu'il sait et ce qu'il
est ». Ces points communs : l'attachement à la terre, aux
silences, aux petites et aux grandes misères de la vie, c'est ce
qui nous a rapproché aussi vite, j'en suis aujourd'hui
intimement
convaincu.
Au fil des rencontres et des discussions, j'ai découvert que
beaucoup d'histoires, d'expressions et de gestes d'avant
étaient sur le point de disparaître. Au début, j'ai écouté, puis
j'ai noté et plus tard j'ai décidé de consacrer un peu de mon
temps à faire revivre ce patrimoine menacé. En parcourant les
vallées, et les villages, en m'arrêtant dans les fermes et les
bistrots, j'ai appris à écouter et à aimer ces histoires.
Pour aller plus loin encore, j'ai créé à Samoëns, le village où
je vis, un atelier d'écriture ouvert à tous ceux qui n'osaient
écrire par peur du jugement ou des difficultés. Tout cela s'est
fait sans ambition démesurée, seulement l'envie d'être bien
entre gens qui aiment les mots à la manière de Raymond
Queneau avec l'Oulipo… Cet atelier a rencontré un succès
immédiat, preuve que tout le monde peut trouver plaisir dans
l'écriture.
Ma première expérience littéraire est récente : un livre de
nouvelles publié en 2002, « La Vallée des Loups ». Onze
nouvelles, sur la vie dans les villages de montagne où les
pierres ont des vies antérieures, les mules, des états d'âme,
les médecins, des destinées qu'épargne enfin la terrible
logique de la science. Onze nouvelles dont l'une a remporté le
premier Prix de la Nouvelle de Bonneville en Haute-Savoie.
Ensuite les choses se sont très vite enchaînées. En moins
d'un an, j'ai écrit mon premier roman, « Le Silence des Glaces
» qui a pour thème l'histoire des premiers guides. Une histoire
qui se déroule à deux pas de chez moi, dans le Cirque du Fer
à
Cheval,
là
où
est
mort
Jacques
Balmat.
Dès sa sortie, ce roman a connu un succès populaire
important. Ce premier roman m'a valu d'être Lauréat du Prix
Carrefour Savoir du 1er roman. Aujourd'hui édité en format de
poche chez Pocket, « Le Silence des Glaces » continue de
figurer parmi les meilleures ventes des livres de montagne.
En octobre 2005, est sorti mon deuxième roman "La Grande
Avalanche", sur un thème peu abordé à ce jour : la disparition
en montagne en temps de guerre. En abordant des questions
liées à la valeur de la vie, l'amour filial, l'éloignement des siens
en temps de guerre et la trahison, j'ai trouvé chez de
nombreux lecteurs une résonance que je ne soupçonnais pas.
La publication de « La Grande Avalanche » en format club
dans la Sélection du livre du Reader Digest et l'édition en
poche chez Pocket sont aussi pour moi deux étapes
supplémentaires dans la découverte d'un public qui ne me
connaît pas. Les salons auxquels je participe et les
nombreuses dédicaces en librairies me permettent de
rencontrer certains d'entre vous mais cela reste insuffisant,
j'en conviens. C'est pourquoi, une plus large audience par
l'entremise de ces « formats » plus populaires me réjouit
beaucoup.
Puis vient ensuite, « la Malpeur », qui retrace une épidémie de
peste bovine dans les Alpes du nord avec en toile de fond
l’immense amour d’une femme pour son fils autiste. Et en
octobre dernier est sorti « La lumière des cimes ». Une
histoire poignante qui raconte le drame d’un père ayant perdu
son fils en montagne et dont le corps n’a jamais été retrouvé.
En quelques années, tous ces romans ont trouvé un immense
public épris de nature, de montagne, de vie simple mais aussi
à la recherche de sentiments vrais, de solidarité entre les
hommes, d’estime et d’amour pour les autres. Une libraire
écrira : « Patrick Breuzé a un talent de conteur indéniable
mais il sait avant tout, par sa sensibilité et son style
incomparable, faire parler les silences ».