Borgeaud, Marius Etienne François, Le fumoir, 1912, huile sur toile

Transcription

Borgeaud, Marius Etienne François, Le fumoir, 1912, huile sur toile
Borgeaud, Marius Etienne François,
Le fumoir, 1912, huile sur toile, 50 x
57,5 cm, Sotheby's Zürich
Bearbeitungstiefe
Name
Borgeaud, Marius Etienne François
Lebensdaten
* 21.9.1861 Lausanne, † 16.7.1924 Paris
Bürgerort
Lausanne, Paudex (VD), Pully (VD)
Staatszugehörigkeit CH
Vitazeile
Peintre spécialisé dans l'iconographie bretonne, connu pour son intérêt
pour l'imagerie populaire, apparent dans ses scènes d'intérieur et ses
natures mortes
Tätigkeitsbereiche
peinture, peinture à l'huile
Lexikonartikel
Marius Etienne François Borgeaud naît à Lausanne dans une famille de
la grande bourgeoisie locale. Son père, Charles Eugène Louis,
propriétaire immobilier, vit de ses rentes. Par son arrière-grand-oncle qui
a épousé Marguerite Vallotton, Borgeaud et Félix Vallotton appartiennent
à des familles alliées: des liens renforcés par la fréquentation l'Ecole
industrielle de Lausanne de Paul Vallotton, frère de Félix et futur
marchand d’art à Lausanne.
Après un apprentissage bancaire à Marseille, à la mort de son père en
1889, Marius hérite d’une fortune considérable et s’installe à Paris (sans
doute à Montmartre), où il dilapide son bien et se met
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vraisemblablement à peindre en amateur. Vers 1900, il est en cure au
bord du lac de Constance pour soigner sa santé et mis sous la tutelle de
son cousin, Auguste Regamey. Il s’oriente vers une carrière artistique et
fréquente les ateliers parisiens de Fernand Cormon et de Ferdinand
Humbert. Il fait notamment la connaissance de Francis Picabia et de
deux des fils de Camille Pissarro. C’est en leur compagnie qu’il va
travailler sur le motif dans la région de Seine-et-Marne, dans le Poitou et
en Bretagne. En 1904, 1905, 1907 et 1908, il est à Moret-sur-Loing près
de Fontainebleau. Il peint notamment en compagnie d’un compatriote et
ami, Edouard Morerod. En mars 1908, il découvre la Bretagne et se rend
à Quimperlé puis dans le port de Locquirec (Finistère). Durant ces
années, il participe à divers Salons parisiens (Salon d’automne, Salon
des indépendants). Il débute également en Suisse au Salon des
Cahiers vaudois, à Lausanne, en 1909. Dès 1910, Borgeaud séjourne
régulièrement en Bretagne, à Rochefort-en-Terre, dans le Morbihan. Il
loge à l'hôtel Lecadre, fréquenté par des artistes, et dépeint les mœurs
locales et leurs lieux emblématiques – cafés, mairies, pharmacies – tout
en refusant le pittoresque touristique breton.
Après un court séjour à Séville en automne 1913, Borgeaud rentre
temporairement en Suisse au début de la guerre. Il loue un atelier aux
galeries du Commerce à Lausanne, à côté de la galerie BernheimJeune, succursale dirigée par Paul Vallotton. Il prend part à une
exposition collective à la galerie Max Moos à Genève, ainsi qu’au Salon
des Cahiers vaudois, à Lausanne. En mars 1915, il est de retour à Paris,
puis se rend à Rochefort-en-Terre. En Bretagne, Borgeaud s’intègre de
plus en plus dans les cercles locaux. Il se tourne occasionnellement
vers des scènes d’extérieur. Le catalogue de son exposition à la galerie
Eugène Blot, à Paris, est introduit par l’important critique d’art André
Salmon. Les critiques Louis Vauxcelles, Adolphe Tabarant et André
Warnod le remarquent. Il se met à peindre des natures mortes.
En avril 1916, il s’installe rue Lamarck, sa dernière adresse parisienne.
Sa première exposition personnelle à la galerie Druet en 1919 lui vaut
son premier succès de vente, qui se répétera en 1922. En 1920, l'Etat
français acquiert deux de ses œuvres et les Musées royaux de Belgique
une toile (perdue). Borgeaud abandonne Rochefort-en-Terre pour Le
Faouët avant de s’établir à Audierne, un port de pêche du Finistère. En
1923, à Paris, il épouse Madeleine Aimée Céline Gascoin, de vingt-huit
ans sa cadette. En 1924, il prend part au Salon des Tuileries, puis
expose chez Jacques Rodrigues-Henriques (le beau-fils de Félix
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Vallotton). Ce sera la dernière exposition de son vivant. Au lendemain de
son décès, vingt-cinq peintures sont présentées au Salon d'automne,
dans le cadre de la rétrospective des sociétaires récemment disparus
(Borgeaud y figure en compagnie de son compatriote ThéophileAlexandre Steinlen, décédé en décembre 1923). En 1926, une exposition
posthume se tient à la galerie Druet, puis au Salon des indépendants.
En pleine guerre, il déclare à son ami Morerod son mépris de l’art
national suisse et de ceux restés au pays, ces «Armaillis si difficiles à
désuisser» (lettres du 14 juin 1916). Ce mépris a eu des conséquences
majeures sur la réception de son œuvre. Malgré le soutien de la galerie
Vallotton, il est longtemps resté un grand absent des rétrospectives et
des histoires de l’art suisses. S’il figure avec quatre toiles dans la
rétrospective Art suisse au XXe siècle initiée par René Berger en vue de
l’exposition nationale de 1964 à Lausanne, c’est à la suite de pressions
exercées sur le comité de sélection. Les choses ont changé, surtout
depuis la création, en 1993, de l’Association des amis de Marius
Borgeaud, qui a revalorisé l’œuvre à travers un bulletin en ligne, des
ouvrages collectifs, le catalogue de l’œuvre peint et une politique active
d’expositions.
Dans une lettre à son ami relieur A.-J. Gonon, le poète Paul Eluard
écrivait: «Borgeaud, ni ses bonshommes ne sont en bois. Regardez
dehors par ses fenêtres, toute la lumière est là. Et regardez les attitudes,
à dix mètres des tableaux. Elles ne sont pas celles de pantins».
L’essentiel de l’art du peintre réside en effet dans un va-et-vient, un
dialogue entre intérieur et extérieur, que traduisent la lumière et la
couleur. D’un point de vue chronologique, l’œuvre de Borgeaud repose
sur un basculement de même type, autour de 1908: sur l’abandon du
paysage impressionniste, inspiré par la campagne aux abords de Moretsur-Loing et d’Angles-sur-l’Anglin, au profit des intérieurs bretons qui
caractérisent son œuvre de maturité, et qui feront sa notoriété.
L’un des traits les plus singuliers de Marius Borgeaud est son entrée
très tardive dans la profession artistique, vers l’âge de quarante ans. Un
écart de génération le distingue de ses collègues d’atelier et de ses
amis les plus proches comme le peintre vaudois installé à Paris,
Edouard Morerod. Mais Borgeaud, comme ses coreligionnaires, subit de
plein fouet les révolutions esthétiques qui marquent les dernières
années du «long XIXe siècle»: une crise des codes visuels, des
modèles, une crise entre autres provoquée par l’irruption de références
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nouvelles, en rupture avec les canons de l’enseignement et de la
pratique de l’art en atelier. Au nombre de ces orientations modernes
figurent le retour à l’art populaire, la valorisation de l’art dit «naïf» ainsi
que la fascination pour les primitivismes. Borgeaud voit l’arrivée des
Fauves au Salon d’automne de 1905 et l’irruption, également très
médiatisée, des cubistes peu après. Comme Francis Picabia, il est de
cette génération artistique qui rejette les recettes de l’impressionnisme
et se cherche à l’aube de la guerre, dans un marché où se multiplient
les Salons et galeries d’art. Singulier, l’art de Borgeaud n’en reste pas
moins inspiré par divers modèles: d’abord l’œuvre de Camille Pissarro
et des impressionnistes; puis la peinture de son compatriote Félix
Vallotton, ainsi que les toiles surprenantes du Douanier Rousseau. En
cette période de crises artistiques, Borgeaud décide de se profiler en
jouant sur les références «populaires» et «naïves», présentes aux murs
de ses intérieurs à travers les gravures d’Epinal qui formaient sa
collection personnelle et qui résonnent avec l’actualité. En effet, avec la
guerre, Borgeaud – férocement antiallemand comme son compère Félix
Vallotton – achète nombre de gravures patriotiques qui viennent enrichir
le décor des intérieurs bretons qui vont faire sa renommée. Borgeaud
fait le choix d’un certain hiératisme, renforcé par l’usage d’aplats et par la
«naïveté» ou l’«incorrection» voulue, cultivée, des figures qui animent
ses toiles: comme s’il avait choisi d’ajuster sa manière à ses sujets
«populaires», à la représentation des petites gens de la province dans
leurs gestes ordinaires. Ce répertoire offre au peintre une solution
artistique à ses dilemmes. Il lui permet de combiner le réalisme social
et régional de ses sujets de prédilection à des choix formels ou
plastiques antinaturalistes. Sans faire allégeance ni aux fauves, ni aux
cézanniens, ce «juste milieu» esthétique lui permet d’afficher son savoirfaire de peintre, son «métier».
Œuvres: Kunstmuseum Basel; Genève, Musée d'art et d'histoire, Musée
du Petit Palais; Lausanne, Musée cantonal des beaux-arts; Laval, Musée
du Vieux-Château; Poitiers, Musée Sainte-Croix; Pont-de-Vaux, Musée
Chintreuil; Musée de Pully; Nantes, Musée des beaux-arts; Rochefort-enTerre, Musée départemental; Vannes, Musée de la Cohue; Vevey, Musée
Jenisch; Kunstmuseum Winterthur; Zurich, Kunsthaus Zurich, Werner
Coninx-Stiftung.
Philippe Kaenel, 2016
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Literaturauswahl
- Marius Borgeaud. Lausanne, Fondation de l'Hermitage, 2015. [Dir.:]
Philippe Kaenel. Lausanne: La Bibliothèque des Arts, 2015
- Marius Borgeaud. Une fantastique aventure et la suite du catalogue
raisonné. [Texte:] Jacques Dominique Rouiller [et al.]. Lausanne: L'Âge
d'Homme, 2015
- Stéphane Riethauser et Marie-Catherine Theiler: Le temps suspendu.
Sur les traces de Marius Borgeaud. [s.l.]: Association des Amis de Marius
Borgeaud; lambda prod, 2007, DVD, couleur, 52 min.
- Marius Borgeaud. Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 2001.
- Bernard Wyder: Marius Borgeaud. L'homme, l'oeuvre 1861-1924.
Catalogue raisonné. Lausanne: La bibliothèque des arts, 1999
- Edith Carey: «Un Suisse en Morbihan. Marius Borgeaud (1861-1924)».
In: ArMen, 1994, 60, pp. 64-75
- Edith Carey: Marius Borgeaud. Poète de la lumière et magicien de la
couleur. Avec une biographie, une bibliographie et une documentation
complète sur le peintre et son oeuvre. Vevey, Musée Jenisch, 1993;
Roubaix, Musée d'art et d'industrie, 1994; Le Faouët, Musée du Faouët,
1994. Ed. par Jacques Dominique Rouiller. Denges-Lausanne: Editions
du Verseau, 1993
- Marius Borgeaud. Musée de Pully, 1981. Lausanne: R. Marsens, 1981
- Georges Peillex: Marius Borgeaud. Genève: Pierre Cailler, 1962
- Victor Doiteau: «Les intérieurs de pharmacies et d'hôpitaux de Marius
Borgeaud». In: Aesculape, 3.3.1923, pp. 58-62
Nachschlagewerke
- Historisches Lexikon der Schweiz. Dictionnaire historique de la Suisse.
Dizionario storico della Svizzera, hrsg. von der Stiftung Historisches
Lexikon der Schweiz; Chefredaktor: Marco Jorio, Basel: Schwabe, 2002 ff.
- E. Bénézit: Dictionnaire critique et documentaire des peintres,
sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays
par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers. Nouvelle
édition entièrement refondue sous la direction de Jacques Busse. Paris:
Gründ, 1999, 14 vol.
- Biografisches Lexikon der Schweizer Kunst. Dictionnaire biographique
de l'art suisse. Dizionario biografico dell'arte svizzera. Hrsg.:
Schweizerisches Institut für Kunstwissenschaft, Zürich und Lausanne;
Leitung: Karl Jost. Zürich: Neue Zürcher Zeitung, 1998, 2 Bde.
- Allgemeines Künstler-Lexikon. Die bildenden Künstler aller Zeiten und
Völker, München, Leipzig: Saur, 1992 ff.
- Künstlerlexikon der Schweiz. XX. Jahrhundert, Hrsg.: Verein zur
Herausgabe des schweizerischen Künstler-Lexikons; Redaktion: Eduard
Plüss. Hans Christoph von Tavel, Frauenfeld: Huber, 1958-1967, 2 Bde.
Seite 5/6, http://www.sikart.ch
[unveränderter Neudruck 1983].
- Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler des XX. Jahrhunderts.
Unter Mitwirkung von Fachgelehrten des In- und Auslandes bearbeitet,
redigiert und herausgegeben von Hans Vollmer. 6 Bände. Leipzig:
Seemann, [1953-1962] [unveränderter Nachdruck: München: Deutscher
Taschenbuch Verlag, 1992]
- Schweizerisches Künstler-Lexikon, hrsg. vom Schweizerischen
Kunstverein, redigiert unter Mitwirkung von Fachgenossen von Carl Brun,
4 Bde., Frauenfeld: Huber, 1905-1917.
Website
www.marius-borgeaud.ch
Direktlink
http://www.sikart.ch/KuenstlerInnen.aspx?id=4022870&lng=de
Normdaten
GND 121968812 | Deutsche Biographie
Letzte Änderung
14.07.2016
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AutorIn: Titel [Datum der Publikation], Quellenangabe, <URL>, Datum
des Zugriffs. Beispiel: Oskar Bätschmann: Hodler, Ferdinand [2008,
2011], in: SIKART Lexikon zur Kunst in der Schweiz,
http://www.sikart.ch/kuenstlerinnen.aspx?id=4000055, Zugriff vom
13.9.2012.
Seite 6/6, http://www.sikart.ch