Le Land Art Analyse de Rivers and Tides

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Le Land Art Analyse de Rivers and Tides
Le Land Art
Analyse de Rivers and Tides
IDENTIFICATION
Rivers and Tides est un documentaire réalisé en 2004 sur l’artiste Andy Goldworthy. Il a été
réalisé par Thomas Riedelsheimer et dure environ 90 minutes.
Rivers and Tides, que l’on peut traduire par Rivières et marées, présente l’artiste dans son
travail de tous les jours. La caméra le suit dans ses succès comme dans ses déceptions.
Andy Goldsworthy est né en 1956 dans le Cheshire (Angleterre) puis a grandi à Leeds dans
le Yorkshire. Jeune adolescent, il effectue des travaux dans des fermes où il prend conscience de la
beauté de la nature façonnée par l’homme mais aussi de sa dureté et de la tâche répétitive
imposée aux paysans.
Cette expérience influencera son développement artistique au même titre que sa
formation aux Beaux-Arts qu’il intègre en 1974 (Bradford Art College). Il poursuivra ses études à la
Preston Polytechnic à Lancaster (1975-1978) dont il sortira « Bachelor of Arts ».
Depuis 1986, il réside dans le village de Penpont en Ecosse où il a installé son atelier dans
un ancien grenier en pierre. Artiste de renommée internationale, Goldsworthy travaille depuis les
années 70 dans de multiples pays et paysages.
Tous les jours, qu’il fasse grand soleil ou qu’il neige, Andy Goldsworthy retrouve son atelier
gigantesque dans lequel il manie ses outils qui sont variés et nombreux à l’infini. Son atelier peut
prendre la forme d’une plaine, d’une plage ou encore d’une forêt. Ses outils sont des feuilles, de la
glace, des cailloux ou encore des branchages. Il assemble, installe, juxtapose, tisse, empile, pose,
superpose, dispose, encercle, accroche, entoure, lance ….
Grâce à ses actions, il dessine (avec des feuilles), il sculpte (de la glace, de la pierre), il
construit même des murs (pierres), des fenêtres et des nids (branchages).
Ses œuvres sont donc in situ : expression latine qui signifie en place, sur le site, dans son
milieu naturel. En art contemporain « In situ » désigne une intervention qui prend en compte le
lieu dans lequel elle est installée. Le travail de Goldworthy évolue au gré des saisons, les œuvres
sont soumises aux aléas climatiques, au passage du temps : elles se défont, disparaissent,
pourrissent, s’usent. Il s’agit donc pour la plupart, d’œuvres éphémères (qui ne sont pas
éternelles). Par conséquent, pour garder une trace des œuvres et pour les faire connaître, les
artistes du Land Art comme Andy Goldworthy utilisent souvent la photographie, la vidéo, ou
encore les dessins préparatoires.
Ses œuvres existent à travers 3 étapes :
- La création : Andy Goldsworthy conçoit, réfléchit à son œuvre en réalisant sur papier des croquis
qu’il annote. Aidé parfois d’un assistant, il recherche les matériaux pendant de longues heures,
parfois même de longues journées. Il les récolte, les assemble, les empile, les tisse etc. Parfois, il
doit reprendre son travail dès le début. Un coup de vent ou une pierre trop lourde vient détruire
en quelques secondes le travail réalisé depuis des heures ou même des journées. L’artiste accepte
ainsi ces frustrations, ces déceptions et cette force que la nature a sur l’homme et sur ce qu’il
construit. Ces différents états, par lequel l’artiste passe, font partie de son processus de création.
- Le résultat : L’artiste doit en effet définir quand son œuvre est terminée (Ce qui est difficile, car
elle pourrait toujours évoluer ou être retouchée). Une fois l’oeuvre définie comme terminée,
l’artiste en garde une trace à l’aide de photos et même de vidéos (c’est ici le cas avec ce
documentaire). C’est ainsi que l’artiste est présent dans des galeries, des musées, sur Internet ou
dans des livres. Ceci lui permet de vivre et de financer ses prochaines œuvres (ses prochains
chantiers).
- La destruction : pas par l’artiste bien sûr mais par la nature ! Celle-ci est vécue par l’artiste
comme un moment un peu triste mais aussi comme un moment émouvant et fort. Encore une fois,
l’artiste (l’être humain) se sent faible par rapport aux forces de la nature.
DESCRIPTION
L’œuvre d’Andy Goldsworthy est par essence éphémère : elle naît de la nature et meurt
avec elle. Tout en sculptant, en travaillant le bois, la glace ou la pierre, devant la caméra de Thomas
Riedelsheimer, Andy Goldsworthy explique son travail. Ses commentaires donnent force aux
images et participent à la leçon de vie qui émane de ce documentaire. Une véritable collaboration
se fait sentir entre le sculpteur et le cameraman.
Il joue d’équilibres subtils, rend hommage à la couleur, empile, prolonge la nature en
harmonie avec l’heure du jour, la lumière, le climat ou la météo. La résine des arbres, le miel ou
même la salive de l’artiste font office de colle pour des assemblages périlleux. De ses œuvres
éphémères subsistent des traces : photographies, livres, vidéo.
On retrouve des motifs et thèmes récurrents : des arcs des pierres suspendues en équilibre
et des roches en équilibre, des cairns de pierres, des murs de pierres, des sculptures de glace, des
ombres de pluie, dialogue entre la pierre et le bois, entre la pierre et les feuilles.
INTERPRETATION
Le paysage comme support, : la démarche d’Andy Goldsworthy est en harmonie avec
l’environnement, et s’intègre parfaitement à la nature sans chercher à imposer sa marque.
Mais Andy Goldsworthy doit aussi compter avec le temps qui en s’écoulant détruit son
œuvre. La permanence de la nature s’oppose à l’éphémère de sa création, mais l’une et l’autre
s’unissent dans l’œuvre.
La destruction fait partie intégrante de l’œuvre d’Andy Goldsworthy car elle est preuve que
la matière vit, agit en fonction du rythme de la nature et non de celui de l’homme. La véritable
œuvre est le changement. En atteste la sculpture de glace commencée à l’aube et qui fondra
quand le soleil viendra l’éclairer. La caméra permet d’arrêter l’instant où la nature s’accorde avec
l’œuvre de l’homme.
La mise en scène cinématographique de Thomas Riedelsheimer illustre avec justesse
l’œuvre du temps sur l’œuvre de l’homme. Les images peuvent fixer ou au contraire accélérer
l’action du temps sur les éléments naturels. Un rocher de pierres assemblées que le sculpteur a
façonné juste au bord de la mer est progressivement recouvert par la marée montante. Le film
présente en accéléré cette évolution naturelle.
Suprême victoire pour le sculpteur, la sculpture a résisté à l’ensevelissement de l’eau.
Quelquefois, la nature reprend ses droits, comme le vent sur ces brindilles qu’Andy Goldsworthy a
patiemment fixées entre elles sur les branches d’un arbre à la manière d’une géante toile
d’araignée. Mais, un souffle d’air et les brindilles ont cassé. La vie ne tient qu’à un fil, semble dire la
déception sur le visage du créateur.
Liens possibles…
Les sources d’inspiration
Le land art s’inspire des grands sites mégalithiques (constructions préhistoriques édifiées
au moyen de grands blocs de pierre, par exemple des dolmens et des menhirs), qui sont
parfaitement intégrés dans leur environnement, comme le site de Stonehenge en Angleterre. Le
land art s’inspire également des jardins zen japonais où s’accordent le végétal, le minéral et l’eau
ainsi que des jardins européens.
Les artistes du Land Art effectuent des interventions sur ou dans le paysage, et le modifient
de manière provisoire ou durable. Ils veulent établir une communion intime avec la nature,
éloigner l'art des musées et des galeries. Cette démarche d’amener l’art hors des murs des musées
se retrouve également avec le Street Art (l’art dans la rue : graffitis, pochoirs, interventions
urbaines…)
Artistes du Land Art
Les artistes emblématiques de Land art sont :
Walter De Maria
L'artiste américain Walter De Maria naît le 1er octobre 1935 à Albany en Californie. En 1968,
Walter De Maria trace une ligne droite de un mile (1km et demi) dans le désert du Névada (Mile
Long Drawing). The Lightning Field (Le Champ d'éclair, 1977) est son œuvre la plus connue : 400
poteaux d'acier inoxydable, répartis sur une grille virtuelle d'un mile sur un kilomètre,
bouleversent la vision du paysage et sont illuminés par la foudre lors d'orages…
Richard Long
L'artiste anglais Richard Long naît à Bristol en 1945. Il participe à toutes les expositions 1 sur le Land
Art dont il devient une figure majeure, notamment pour ses nombreuses œuvres in-situ où il a
utilisé comme seul outil ses pieds A Line Made by Walking, 1967 (une ligne matérialisée dans
l'herbe à la suite d'une marche constituée de plusieurs aller-retour)
Robert Smithson
L'artiste américain Robert Smithson naît à Paissac dans le New Jersey le 2 janvier 1938. Il décède le
20 juillet 1973 dans un accident d'avion. "Spiral Jetty", une gigantesque courbe de galets cernée
d’eau rose et bleue, qu’il a réalisée en 1969 et 1970 au bord du Grand Lac salé, est le véritable
symbole du Land Art.
Nils Udo
L'artiste allemand Nils Udo naît en 1937 à Lauf. Il est peintre avant de découvrir, en 1972, la nature
comme espace pour son art. Il délaisse alors la peinture, estimant qu’elle traite de la nature de
façon artificielle et commence à travailler, selon ses propres termes, à la source même.