Entre pose et posture, le geste - edu.augustins.org

Transcription

Entre pose et posture, le geste - edu.augustins.org
Intimité et Histoire
Une bouffée d’air traverse la peinture du XVIIIe siècle ! On assiste à une libération de
l’artiste qui s’explique en partie par la mort de Charles Lebrun, premier peintre du
Roi1 et directeur de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture et de la
Manufacture royale des Gobelins. Comme le souligne Louis Réau, les artistes, ne se
sentant plus tenus en main, n’en font qu’à leur tête. Un vent de liberté ou même de
rébellion souffle partout […] A la faveur de ce relâchement de l’autorité royale, les
peintres prennent contact avec le public2. Ils font appel à son jugement c’est-à-dire à
la critique. Cette situation entraîne une fragilisation de la hiérarchie des genres
d’alors. Le XVIIIè siècle opère peu à peu une transmutation des valeurs qui est un
évènement considérable dans l’histoire de la peinture.3 La peinture de genre ou de
mœurs gagne du terrain sur la peinture d’histoire qui ne disparait pas pour autant.
Collège, programme d’histoire des arts
Thématique : Arts, ruptures et continuités
Cette thématique permet d’aborder les effets de reprises, de ruptures ou de
continuité entre les différentes périodes artistiques.
L’œuvre d’art et la tradition : renaissances (l’influence d’une époque, d’un
mouvement, d’une période à l’autre).
Lycée, programme d’histoire des arts
Thématique : Arts, goût, esthétiques
L’art et ses classifications : catégories (mouvements, genres, types, etc.),
découpages, évolutions, relectures, etc.
Thématique : Arts, théories et pratiques
L’art et ses conventions : courants dominants (conventions, tendances, influences,
modes, mouvements, opinions, doxa, etc.), discussions et débats (controverses,
dialogues, polémiques, querelles, etc.).
Repères : Mutations artistiques,
Théories et débats
1
Louis XIV
Louis Réau, Le rayonnement de Paris au XVIIIè siècle. Editions Robert Laffont, 1946
3
Idem 2
2
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, Catherine Lemonnier, 2011
On observe l’intrusion de sujets empruntés à l’Histoire dans la peinture de genre.
L’Histoire est envisagée à travers le prisme du quotidien. Dans l’œuvre de PierreAntoine Révoil comme dans celle de Jean-Baptiste Mallet, les scènes peintes ont
pour sujet principal la famille. Cette représentation de moments intimes se superpose
à une vision historique voir politique.
Cette scène
nous plonge
directement dans l’intimité d’un
personnage
historiquement
illustre : Henri IV. Probablement
dans une chambre, le roi
accompagné de son épouse joue
avec ses deux garçons juchés sur
son dos. Par l’entremise du salut
de la main du personnage à
gauche, le spectateur rentre dans
l’œuvre et se retrouve face à ce
tableau familial quasiment en
position de voyeur.
Pierre-Henri Révoil, Henri IV jouant avec ses enfants.1813
Ce processus n’est pas sans rappeler celui des tableaux vivants pratiqués au début
du XIXe siècle mais dont les origines sont plus anciennes. Plus proche de nous, la
démarche de l’artiste Sophie Calle interroge la relation entre mimesis et
représentation, la capacité de l’art à véhiculer des affects et des idéaux ainsi que les
statuts d’auteur et de spectateur. Dans ce sens, ce sera une opportunité pour faire
porter à nos élèves un regard critique sur les émissions de téléréalité qui inondent
aujourd’hui nos écrans de télévision.
Collège : programme d’arts plastiques, niveau 4ème
Présentes à profusion, les images exercent une fascination sur les adolescents.
Face à la diversité des sources, des supports médiatiques et de la nature
matérielle des images, le programme de quatrième a pour objectif de développer
la capacité des élèves à analyser et à interpréter les images et plus
particulièrement celles qui entretiennent sous un abord direct, un rapport
complexe avec la réalité.
Les images dans la culture artistique.
Il s’agit d’aborder la question des supports et des lieux de diffusion des images
artistiques ; de comprendre la place de l’art, acteur et témoin de son temps ;
d’interroger les relations entre les images et les pouvoirs.
Page 2 sur 5
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, Catherine Lemonnier, 2011
L’espace en perspective à l’intérieur duquel se déroule la
scène permet de mettre en valeur le personnage à gauche.
Le peintre le place au 1er plan et utilise l’embrasure de la
porte pour le re-cadrer.
Henri IV à quatre pattes avec ses enfants juchés sur son dos prend
appui sur l’une des deux diagonales du tableau. Par cette posture,
il se trouve en position d’infériorité physique vis-à-vis de son
interlocuteur.
Pourtant cette posture n’entame en rien le pouvoir de ce roi de la fin du XVIe début du
XVIIe siècle. En valorisant l’image du roi comme père de famille protecteur et
attentionné, P.H.Revoil exploite le climat émotionnel et positif de la scène pour
prouver la grandeur du roi comme père de la nation. Le peintre témoigne ici de son
engagement politique. Quand l’intimité sert l’Histoire…
Alors que le personnage à
gauche est placé en contre
jour, la lumière provenant du
même côté (par la porte
ouverte) éclaire le roi. Ses
enfants et la jupe de la robe
de Marie de Médicis ne
semblent être qu’un prétexte
pour souligner la posture
d’Henri IV.
Page 3 sur 5
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, Catherine Lemonnier, 2011
Dans la petite peinture de J.B.Mallet, L’Education d’Henri IV, on retrouve la même
idée, à savoir une scène intimiste qui rend compte, par la représentation d’Henri IV
enfant, de la tendresse et de l’humanité du roi. La composition de l’œuvre renforce
cette idée. La robe rouge de la mère fait signe dans l’œuvre. Tout en enveloppant
l’enfant, elle contraste avec le fauteuil vert, s’apparentant à un trône, situé juste
derrière elle. Même si le père, Antoine de bourbon, semble prêter intérêt à son enfant,
il parait absent tant par la place qu’il occupe dans l’angle droit de la pièce que par sa
situation dans la pénombre.
Jean-Baptiste Mallet, L’Education d’Henri IV
La mise en scène triangulaire décrit
un espace peu profond. Elle est
soulignée par les éléments
architecturaux de la pièce : l’arc plein
cintre de la porte et de l’ouverture.
L’œuvre transposée en valeurs de noir
et de blanc témoigne de la disparition
du père situé dans l’ombre de la
fenêtre.
Page 4 sur 5
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, Catherine Lemonnier, 2011
D’autres thématiques :
_ L’engagement
_ Le pouvoir
_ L’enfant
Caractéristiques plastiques
_ Composition
_ Fiction
_ Narration
Vocabulaire
Hiérarchie, genre, embrasure, contraste, pénombre, arc plein cintre, valeur,…
au musée
Des fonds d’œuvre à utiliser lors de la visite de l’exposition comme :
_ support à la réalisation de schémas : tracer avec différents crayons de couleur
les lignes décrivant la composition.
Ils pourront ensuite être collés dans le carnet de dessin pour garder trace du
regard porté sur les œuvres.
Page 5 sur 5
© Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, Catherine Lemonnier, 2011