Formation de bavures
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Formation de bavures
OUTILS COUPANTS Formation de bavures: en connaître les causes pour tenter de les éviter - La formation de bavures a toujours été la bête noire de bien des usineurs soucieux d’éviter du travail de reprise, trop souvent manuel et, de ce fait, très coûteux. Il existe, cependant, des possibilités de prévenir la sortie de telles bavures, ce que l’on va tenter d’expliquer dans les pages qui suivent. D epuis que l’on usine les métaux on s’est heurté à la formation de bavures, effet indésirable s’il en est ! A moins d’un changement révolutionnaire impensable, les bavures resteront donc une difficulté majeure. Pourtant, on doit savoir qu’il existe diverses méthodes pour éviter ces bavures ou, tout au moins, en réduire la taille. Malheureusement certaines de ces méthodes pour en éliminer l’apparition ou en réduire la taille peuvent être considérées plutôt complexes alors que d’autres sont relativement simples et faciles à mettre en œuvre. Hormis quelques exceptions, on doit reconnaître que les techniques classiques d’usinage produisent toujours des bavures. Leur prévention exige à la fois des approches classiques et non classiques. Une sélection de ces dernières est récapitulée dans le tableau 1. Toutefois, même lorsqu’il ne se produit pas de bavure, les arêtes vives formées par le processus d’usinage ne peuvent pas, généralement, être acceptées tel quel et demandent à subir un traitement approprié. Techniques pour éviter les bavures Cet article est une adaptation originale inspirée d’un ouvrage très complet sur le thème de l’ébavurage intitulé “Deburring and Edge Finishing Handbook” dû à la plume de L.K. Gillespie, Ingénieur spécialisé de longue date dans cette technologie Plusieurs techniques existent pour éviter sur certaines pièces la formation de bavures lors de leur usinage. Parmi celles-ci, on peut en citer une demi-douzaine mais deux n’impliquent plus le passage par un brut ou une ébauche. Tout d’abord, au lieu de leur usinage on peut, en effet, obtenir les pièces par formage ou par extrusion. Dans ce dernier cas, la Fig. 1 - Lors d’une opération de décolletage de forme, l’outil étant toujours dans la passe il n’y a pas de place pour que se forment des bavures, excepté lors de l’attaque et de la sortie de la passe. 6 - Janvier-Février 2008 - TRAMETAL haute pression exercée par la technique d’extrusion empêche la formation de bavures. Mais, cela ne convient pas pour tous les genres de pièces, bien entendu. On peut, aussi, couler les pièces qui sortent, alors, sans bavures et évite les surcoûts d’ébavurage. Cependant, en fin de coulée, à l’ouverture du moule il s’échappe une pellicule de métal qu’il importe alors généralement de retirer. ✔ Pièces tournées de forme Lorsque les pièces s’y prêtent, on peut utiliser des outils de forme pour les usiner sur un tour (fig. 1). Comme un outil de forme se trouve engagé en permanence dans la passe, aucune place ne subsiste pour la formation de bavures, sauf sur les arêtes d’entrée et de sortie si l’on ne travaille pas sur des diamètres coniques. Un autre moyen d’éviter les bavures consiste à générer sur la pièce des arêtes chanfreinées ou arrondies plutôt que de simplement tourner et dresser en formant des arêtes vives. Au lieu de prévoir une avance de l’outil dans l’axe du tour et, de la sorte, à angle droit pour générer des épaulements, il suffit d’usiner en plongeant et reculant et, alors, de générer un parcours radial à la sortie de chaque épaulement pour arrondir l’arête. Cela demande une ou deux secondes mais évite de procéder à un ébavurage. ✔ Usinage dur et/ou à grande vitesse Prévoir une trempe sélective des pièces empêche une déformation plastique de se manifester macroscopiquement sur leurs arêtes. Tout moyen prévenant une déformation plastique empêchera également ou réduira à un minimum les bavures. Les techniques de durcissement comportent des traitements laser, mécanique localisé, chimiques et thermiques. Usiner dur passe aussi par une coupe à grande vitesse ou à très grande vitesse pouvant dépasser les 3 m/mn, technique ne produisant aucune bavure détectable sur certains métaux et alliages, bien qu’il soit possible que s’y cachent parfois des microbavures. ✔ Bavures en sortie d’opérations de perçage On peut éviter de grosses bavures en sortie de trou en utilisant un matériau sacrifié de OUTILS COUPANTS Technique de travail Bavures ou métal fondu Rayon Usinage par jet abrasif Non 0,08 mm Usinage chimique Non Non défini Usinage photo-chimique Non 0,03 mm Usinage par faisceau d’électrons Oui Non défini Usinage par décharge électrochimique Non défini Non défini Rectification électrochimique Non 0,08 mm Usinage électrochimique Non Non défini Rodage électrochimique Non 0,013 mm Usinage par électroérosion Oui Non défini Usinage par faisceau ionique Non 1,3 µm Usinage par faisceau laser Oui Non défini Usinage par arc plasma Oui Non défini Usinage ultrasonique Non 0,03 mm Usinage par jet d’eau Oui Non défini Tableau 1 Formation de bavures avec les techniques non traditionnelles ou de métal fondu dans le cas où cela est visible sous un grossissement de trente fois. Fig. 3 (Colonne de droite) Quand on se sert d’une fraise trois tailles pour usiner, de bout en bout d’une pièce, une rainure, on décompte huit arêtes dont chacune a une bavure différente. soutien plus dur que la pièce elle-même. Celui-ci, positionné au-dessous de la débouchure du trou, est serré sous la base de la pièce et empêche la formation d’une bavure. Il est essentiel de maintenir ce matériau très fermement serré contre la pièce. La pointe des arêtes de coupe du foret doit, en effet, continuer à percer parfaitement dedans en évitant ainsi toute bavure de se produire en sortie de la pièce. Il est bon de souligner que ce matériau doit présenter une dureté suffisante pour être efficace. A titre d’exemple, on indique, sur les courbes de la figure 2, dans quelle mesure varie la taille de la bavure repoussée en sortie lorsque l’on perce dans un acier inoxydable de nuance Z10CNF 1809. Avec des forets de moins de 3 mm de diamètre, il importe de bien s’assurer qu’ils percent au moins de 0,3 mm dans ce matériau de soutien. Une règle simple à ne pas négliger veut que plus le diamètre du foret est grand, plus profondément on doit percer dans le matériau de soutien. ✔ S’arranger pour limiter la taille des bavures Au cas où l’on ne peut éviter la formation de bavures, l’objectif devrait être d’en laisser que de minuscules pouvant être retirées par Fig. 2 - Sur ce diagramme, on a dressé l’effet de la dureté du matériau de soutien sur la taille de la bavure du trou percé dans la pièce. 8 - Janvier-Février 2008 - TRAMETAL un procédé de finition simple et rapide offrant l’avantage d’arrondir légèrement l’arête usinée. La majorité des procédés d’ébavurage retirera sans difficulté des bavures ne faisant que quelques dixièmes de micron. On doit rappeler que la taille des bavures varie en fonction des efforts de coupe, de la matière de pièce et de la géométrie aussi bien de cette pièce que de l’outil de coupe. Bien que la hauteur et l’épaisseur de la plupart des bavures se situe entre 25 et 50 µm, d’autres peuvent être très importantes. En adoptant une bonne manière de minimiser les bavures on parvient à éliminer jusqu’à quatre-vingt dix pour cent de celles dépassant 0,5 mm. Dans la plupart des cas, il se forme une bavure lorsqu’une arête de coupe franchit une arête de la pièce. Lorsque l’on perce un trou débouchant, une arête se produit à l’entrée et à la sortie. De même, lorsque l’on utilise une fraise trois tailles pour usiner de bout en bout une rainure, comme cela est illustré sur les figures 3 (et 7 page 13), on génère huit arêtes, portant une bavure différente. Il est donc important de savoir avec précision quel mécanisme forme quelle bavure et de reconnaître dans quelle mesure les différentes variantes d’usinage en affectent les propriétés. L’usineur peut maîtriser la taille de bavure en réduisant les efforts de coupe au moment où l’outil sort de la pièce. Une solution pour réduire les efforts de coupe consiste à utiliser des outils très acérés et des outils de géométrie appropriée comme ceux à angle de coupe positif évitant la formation d’arête rapportée. D’autres solutions peuvent être d’éviter la formation d’arête rapportée sur l’outil et de réduire les avances dans la zone de sortie de la coupe. Pour minimiser la taille des bavures, il suffit, en effet, de ne réduire l’avance qu’en sortie de pièce. En perçage débouchant, on prend de fortes avances jusqu’au moment où le foret est sur le point d’émerger. La courbe de la figure 4 montre l’impact sur la formation de bavure du ralentissement de l’avance par dent. Dans ce cas, on maintient l’avance constante mais, quand la vitesse de broche est aug- OUTILS COUPANTS Fig. 4 - Effet de la dureté de la pièce et de la vitesse de broche sur l’épaisseur des bavures de perçage. Les données figurant sur ces courbes ont été relevées dans le perçage à sec d’un acier inoxydable Z10CNF 1809 à 150 m/mn avec un foret en acier super-rapide de 6 mm à hélice de 27° présentant un angle de pointe de 118°. Fig. 6 (Colonne de droite) - Ces schémas de coupes montrent que de grands angles d’arête verticale réduisent la bavure. De grosses bavures se forment lors d’un usinage sur des arêtes de 30° mais, quand on usine sur des arêtes d’un angle de plus de 150°, il ne se forme généralement plus de bavure. cours de manière à ce que, lorsque la fraise passe au-dessus d’une arête, ce soit sur une surface déjà usinée. Comme aucun copeau n’est généré à cet endroit, aucune bavure ne peut se produire. mentée, on réduit l’avance par dent, ce qui réduit l’effort de coupe. Cette stratégie, à son tour, réduit l’épaisseur de bavure. Si l’on produit des copeaux trop petits dans des matières sensibles à l’écrouissage, l’outil commence à frotter au lieu de couper, ce qui produit de larges bavures très difficiles en retirer. Difficultés rencontrées par la géométrie de la pièce On se heurte à des difficultés pour réduire à un minimum les bavures lorsque l’on usine avec des fraises en bout et des fraises à surfacer. A titre d’exemple, prenons le cas du dressage avec une fraise à surfacer de la face supérieure d’un bloc moteur. Afin de minimiser la taille des bavures, le programmeur doit créer des parcours d’outil réduisant au minimum l’échappement de la frai-se sur les arêtes. A la base, les usineurs doivent plonger dans une arête et programmer la fraise de manière à sortir de l’arête sur une surface préalablement usinée. Cette action dirige les efforts de coupe dans la pièce. Lorsque l’arête de coupe quitte la pièce sur une surface déjà usinée, aucun effort n’existe qui repousse une bavure depuis cette arête car l’arête de coupe n’effectue aucun usinage en cet endroit. Qui plus est, il faut toujours fraiser dans la surface et, au lieu de faire appel à une fraise couvrant la largeur totale de la pièce et prenant une passe unique sur toute cette largeur, il est préférable de choisir une fraise de plus petit diamètre. On établit alors un parcours d’outils d’essai pour voir les zones où la fraise usine sur une arête. On modifie ce par- L’exemple qui suit d’une fraise à surfacer démontre cette stratégie. Lorsqu’une telle fraise est avancée en ligne droite dans une arête rectiligne, une quelconque de ses dents fraise en quittant cette arête. Pour éviter cette usinage en sortie, il suffit de prévoir une avance de l’outil dans la pièce selon un arc de telle sorte que les dents n’usinent qu’en attaquant la pièce. L’outil peut suivre un parcours autour du périmètre de la pièce en continu après qu’il a attaqué sa passe de cette manière. Les dents n’usineront jamais en sortie de pièce, ce qui apporte la solution lors de l’usinage de la surface d’une pièce monobloc. La clé réside dans le choix d’un outil de plus petit diamètre que l’épaisseur de la pièce et de lui faire subir un décalage. Pour calculer la largeur de coupe l, il suffit d’utiliser l’équation simple l = r-d où r est le rayon de la fraise et d la valeur du décalage. Lorsque la fraise approche de l’extrémité d’une arête, elle doit subir un soulèvement et une sortie selon un arc évitant un usinage en sortie, puis revenir à sa hauteur de travail. Il est évident que les pièces de formes complexes telles que les blocs moteur exigent une étude soignées du diamètre et du parcours d’outil. L’usinage de certains profils peut être planifié manuellement mais la majorité demande une programmation par ordinateur pour obtenir le parcours d’outil précis nécessaire. Bien que la fraise puisse toujours être soulevée et redescendue pour éviter un usinage en sortie d’arête, il faut prendre en considération que cette action génère un état de surface nettement moins bon. Mesures pour limiter les bavures Fig. 5 - Le recours à une tige d’indentation pourvue d’une bille empêche la formation de bavure à la sortie du foret. 10 - Janvier-Février 2008 - TRAMETAL Diverses mesures simples découlant de l’ingéniosité des opérateurs contribuent à minimiser, dans les ateliers, la formation de bavures. Par exemple, un souci fréquent consiste à trouver comment enlever les bavures provoquées par le perçage. Un cas précis est celui où l’on doit procéder au perçage borgne d’une douille en laiton et empêcher que l’opération ne fasse naître au fond une collerette de bavure (fig. 5). La solution simple consiste à OUTILS COUPANTS pratiquer une sorte d’indentation en enfonçant à force dans la cavité avant le perçage une tige à l’extrémité de laquelle on a fixé une bille repoussant le métal. L’indenture produite sous forme d’une petite hémisphère réduit la ductilité du laiton en limitant la tendance à la formation de bavure. D’autre part, l’angle produit entre les côtés de l’indentation et le diamètre dans lequel le foret pénètre représente un chanfrein de quelque 150°. Or, les bavures ne se forment normalement jamais lorsqu’un outil franchit des arêtes qui présentent un tel angle (fig. 6). Quand des arêtes forment un angle inférieur à 90°, il est important que les outils les attaquent plutôt qu’il n’en sortent. 2 ci-dessous, une liste (non exhaustive) de fabricants et constructeurs de moyens d’ébavurage automatique, voire d’instruments manuels pour quelques marques. ❑ Fig. 7 - Voici l’aspect de la sortie d’une opération de fraisage dans la masse d’une rainure montrant la formation de bavures plus qu’indésirables. Tableau 2 - Liste non exhaustive de fournisseurs d’une variété A présent, la technologie permet aux usi- d’équipements d’ébavurage. neurs de faire disparaître les arêtes vives et de Ebavurage élecPolissage- Grenaillagenombreuses bavures au cours du même cycle Systèmesd’ébavurage tromécanique Ébavurage Décapage de fabrication. Un technique consiste à brosASSFALG AIR Turbine TOOLS Magafor EXTRUDE LASERBLAST ser toutes les surface usinées avec une brosse AUTOPULIT BIAX- Schmid & WEZEL OMIA MAPE HONE en nylon chargée d’un abrasif efficace, monDAMA DISKUS MICRO TECHNICA MARCHIO EXTRUDE HONE tée dans un des emplacements du magasin DORNER DOALL EUROPA POLIGRAT AZITECH TECHNOLOGIES EXTRUDE HONE DORNER MÖSSNER SONEL C.M. SURFACE porte-outils. Les extrémités de cette brosse KADIA EDM SERVICE PERFECT FINISH TREATMENT sont programmées de manière à se pré-senKOHLER EISENBLÄTTER PRECISION FINISHING GRESAS O.M.P. EWU SYSTEMS WHEELABRATO.R ter constamment positionnées 3 mm au-desPROFILATORI GROUP RAUSCH EXTRUDE HONE sous des surfaces usinées. Les bords de GEHRING RAUSCH cette brosse s’introduisent automatiquement GERBER REICHMANN – REMA G&N SOMEX dans les ouvertures venant d’être usinées et SUGINO GRAVOSTAR en ressortent à chaque rotation de la broche. I.T.E.. TECHPLUS Il n’est pas nécessaire de passer sur toutes TIMESAVERS KOHLER LISSMA TMUA les arêtes car une simple course de va et vient LÖWER WEBER couvrant toute la surface de la pièce brosse LUKAS ERZETT WOLTERS l’ensemble des arêtes bordant cette surface. Par cette technique on génère un petit rayon sur ces arêtes et on en enlève toutes les minces bavures, aussi bien celles courtes que celles longues. De cette manière, quantité de pièces n’ont plus besoin de subir un ébavurage ultérieur quelconque. Et pourtant on ne peut empêcher des bavures de se produire dans bien des opérations d’usinage www.trametal.com, code YKX44 Certes, cet article a permis de fournir quelques recommandations efficaces pour parvenir à des économies non négligeables en évitant de se trouver dans diverses situations indésirables génératrices de bavures. Dans certains cas, la solution proposée ressort, pour le professionnel, d’un simple bon sens. Dans d’autres, il s’agit du résultat de l’expérience ayant abouti à ce que l’on peut presque appeler une ou des “règles”. Mais on n’a pas omis, non plus, de citer aussi quelques “trucs”. Or, cela n’apporte pas la solution à tous les cas et, surtout lorsqu’il s’agit de travaux de série, on reste contraint de s’adresser à des moyens matériels de finition pour effectuer des ébavurages satisfaisants indispensables pour assurer la qualité de pièces sur lesquelles les techniques les plus avancées d’usinage par enlèvement de matière ne pallient pas les risques de formation de bavures inacceptables. Dans de telles situations, la solution ne passe plus que par un recours aux technologies d’ébavurage faisant appel à des moyens, installations et équipements impliquant une opérationbien appropriée. Pour aider, éventuellement, à la recherche de ce type de moyens, on a essayé de regrouper, dans le tableau TRAMETAL - Janvier-Février 2008 - 11